- SessiExpert
A la demande de certains d'entre vous, voici mes notes prises au cours d'une conférence sur l'autorité, le 30/09/2009, normalement dispo ici: [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Les conférenciers: Philippe JEAMMET, psycho-pédagogue de l'institut Montsouris, spécialiste de l'adolescence, l'acteur Robin RENUCCI, et Philippe MEIRIEU de l'IUFM de Lyon, pédagogue.
C'est Philippe Jeammet qui ouvre la conférence en parlant de deux des caractéristiques principales de l'adolescence: être dans l'opposition et chercher son indépendance.
Les jeunes savent que l'éducation est une aide. Il définit d'abord certaines conduites pathogènes (tout ce qui concerne la sociabilité, la nourriture, bref tout ce qui est essentiel pour vivre) peuvent devenir pathologiques s'il n'y a pas d'éducation.
Pour être lui, l'humain a besoin d'être différent. Mais ce dont j'ai besoin, c'est aussi ce qui me menace. Si j'ai besoin de l'autre, je l'autorise à exercer une influence sur moi, il devient donc une menace potentielle, donc on se défend. On se défend parce qu'on se sent attaqué. Voilà ce dont les jeunes se rendent compte à l'adolescence, au moment de vouloir prendre leur indépendance.
Ils se retrouvent aussi confrontés à un héritage personnel. Celui qui est méfiant attire la méfiance . Dire non, c'est se réapproprier son territoire. La liberté est un facteur d'anxiété, car on s'interroge sur nos ressources personnelles. Cette anxiété se manifeste actuellement dans le fait que les adultes sont toujours confrontés par les ados à la légitimité de leur parole. Comme si ces derniers posaient sans cesse la question "Pourquoi, de quel droit tu te prononces?" Le malaise de ces dernières années est que, sous prétexte que l'enfant est une personne, on l'a parentisé.
Constat: on n'échappe pas à l'autorité.
C'est plus facile (pour les jeunes mais aussi d'une façon générale) d'aller mal que d'aller bien. En effet, quand je vais mal, je fais faire tout ce que je peux pour lutter contre la peur, c'est se concentrer uniquement sur soi. Bref, l'ado cherche ses ressources alors que l'adulte les a trouvées et sait comment les gérer. L'ado n'a que sa peur, l'adulte sait ce que sait mais en plus de ça, il fait confiance alors que l'ado est dans la méfiance. L'autorité est fondée sur la confiance qui aide à vaincre la peur: "oui tu as peur; moi aussi j'ai peur pourtant j'ai confiance..."
Il termine en disant que les jeunes ont beaucoup de chance à notre époque mais qu'ils courent des risques en proportion.
Face à des jeunes qui se plaignent d'avoir trop à apprendre, il faut leur faire remarquer quelle chance ils ont de faire en 15 ans ce que l'humanité à mis des milliers d'années à acquérir!
Robin RENUCCI prend la parole à son tour. Il se prononce en fervent défenseur d'une éducation populaire. Cela fait plusieurs années qu'il travaille avec des élèves et des profs sur la théâtralisation de textes, et il accorde une énorme importance à la parole. Celui qui détient la parole détient l'autorité. Mais le foyer de l'autorité est chez celui qui la confère à l'autre, chez celui qui donne à l'autre l'autorité de la parole. Le terme "autorité" vient du latin "auctoritas", et le préfixe indo-européen "auc-"/"aug-" désigne tout ce qui contribue à faire croître. L'autorité c'est donc "élever quelqu'un". Dominer ses pulsions pour crée en soi le "surmoi" , parce qu'on sait que la parole de l'autre va faire du bien.
Celui qui détient la parole doit aussi inviter les élèves à créer du silence. La tété est le 3° parent. Les élèves sont habitués à regarder mais ne sont pas habitués à être interrompus. Il faut également accorder de l'importance à la lecture orale, qui permet justement cette concentration, ce silence pour celui qui écoute. Mais lire à voix haute devant des élèves demande au professeur de s'interroger d'abord personnellement sur sa pratique de lecture à lui.
Il termine en soulignant l'un des traits importants de la laïcité de l'école, l'éducation populaire; en disant que toute les réformes et tous les modes de pensées sont passés par les instituteurs ("celui qui institut" comme il dit)et les professeurs, et de prendre l'exemple de la Résistance pour inviter les enseignants à engager leur mini-révolution pour enseigner aux élèves ce qui est juste et bien. Ca avait un côté un peu naïf, mais je dois dire que pendant un moment, ça m'a fait du bien de me sentir réinvestie de cette fonction, et pas d'être vue comme quelqu'un à abattre.
Vient ensuite Philippe MEIRIEU.
Selon lui, l'enseignant doit apprivoiser sa parole car elle nous garantit contre la tyrannie. L'apprivoiser et toujours la garder. Mais éviter qu'elle soit totalisante. Après avoir évoqué une situation d'apprentissage en classe, il demande "comment se faire entendre? Ce n'est pas la discipline qu'il faut organiser mais le travail. Il définit l'autorité comme étant la capacité d'obtenir de quelqu'un un comportement sans utiliser la force ni la manipulation; comme la capacité de mobiliser sa liberté de s'engager sur son comportement. Il conseille de lire/relire l'EMILE. Quand on s'interdit la force et la manipulation que reste-t-il? La promesse! Or que leur promettre, à nos élèves? Avant, on pouvait leur promettre un avenir ("travaille pour un métier"), aujourd'hui ce n'est plus crédible. On pouvait aussi leur promettre de bien gagner leur vie ("Oui mais, Kévin, qui a arrêté l'école à 16 ans, depuis qu'il vend de la drogue, il gagne plus que mon père"). Bref, que nous reste-t-il à promettre? Du PLAISIR. Du plaisir dans le partage de la connaissance et des savoirs. Nous avons encore des problèmes parce que nous-mêmes nous n'avons plus pour eux d'ambition culturelle et intellectuelle.
Au quotidien, il nous faut donc avoir en tant que profs des outils-silex:
- Se donner un objet de travail calir et identifié
- Avoir un rythme
- A voir un système de contraintes et de ressources.
Il donne alors l'exemple des poèmes de l'Oulipo pour dire à quel point la contrainte est féconde quand elle permet de dépasser sa difficulté et si on donne des ressources à nos élèves. Ex.: donner un devoir où la lettre A ne devra pas apparaître, mais autoriser l'utilisation du dictionnaire des synonymes. Il insiste encore sur le fait que le professeur doive se fixer un idéal pour chacun. Un idéal abordable: "bon allez, celui-là, avant la fin de l'année, il sait faire ça ou ça..."
Tout système humain n'est pas clos. Il rappelle la définition de l'autorité selon Platon dans la République 3c'est faire entende raison à quelqu'un qui n'est pas dans la raison"[i]. Plutôt que de crier après un élève sans avoir pris de recul, il faut trouver un lieu et un moment où le "pétage de plomb" peut être verbalisé. Il faut le faire à distance, ex: le lendemain dans un autre lieu que la salle de classe.
Pour conclure il précise que l'autorité n'a qu'une seule chose à autoriser: la pensée.
A vos commentaires!
Les conférenciers: Philippe JEAMMET, psycho-pédagogue de l'institut Montsouris, spécialiste de l'adolescence, l'acteur Robin RENUCCI, et Philippe MEIRIEU de l'IUFM de Lyon, pédagogue.
C'est Philippe Jeammet qui ouvre la conférence en parlant de deux des caractéristiques principales de l'adolescence: être dans l'opposition et chercher son indépendance.
Les jeunes savent que l'éducation est une aide. Il définit d'abord certaines conduites pathogènes (tout ce qui concerne la sociabilité, la nourriture, bref tout ce qui est essentiel pour vivre) peuvent devenir pathologiques s'il n'y a pas d'éducation.
Pour être lui, l'humain a besoin d'être différent. Mais ce dont j'ai besoin, c'est aussi ce qui me menace. Si j'ai besoin de l'autre, je l'autorise à exercer une influence sur moi, il devient donc une menace potentielle, donc on se défend. On se défend parce qu'on se sent attaqué. Voilà ce dont les jeunes se rendent compte à l'adolescence, au moment de vouloir prendre leur indépendance.
Ils se retrouvent aussi confrontés à un héritage personnel. Celui qui est méfiant attire la méfiance . Dire non, c'est se réapproprier son territoire. La liberté est un facteur d'anxiété, car on s'interroge sur nos ressources personnelles. Cette anxiété se manifeste actuellement dans le fait que les adultes sont toujours confrontés par les ados à la légitimité de leur parole. Comme si ces derniers posaient sans cesse la question "Pourquoi, de quel droit tu te prononces?" Le malaise de ces dernières années est que, sous prétexte que l'enfant est une personne, on l'a parentisé.
Constat: on n'échappe pas à l'autorité.
C'est plus facile (pour les jeunes mais aussi d'une façon générale) d'aller mal que d'aller bien. En effet, quand je vais mal, je fais faire tout ce que je peux pour lutter contre la peur, c'est se concentrer uniquement sur soi. Bref, l'ado cherche ses ressources alors que l'adulte les a trouvées et sait comment les gérer. L'ado n'a que sa peur, l'adulte sait ce que sait mais en plus de ça, il fait confiance alors que l'ado est dans la méfiance. L'autorité est fondée sur la confiance qui aide à vaincre la peur: "oui tu as peur; moi aussi j'ai peur pourtant j'ai confiance..."
Il termine en disant que les jeunes ont beaucoup de chance à notre époque mais qu'ils courent des risques en proportion.
Face à des jeunes qui se plaignent d'avoir trop à apprendre, il faut leur faire remarquer quelle chance ils ont de faire en 15 ans ce que l'humanité à mis des milliers d'années à acquérir!
Robin RENUCCI prend la parole à son tour. Il se prononce en fervent défenseur d'une éducation populaire. Cela fait plusieurs années qu'il travaille avec des élèves et des profs sur la théâtralisation de textes, et il accorde une énorme importance à la parole. Celui qui détient la parole détient l'autorité. Mais le foyer de l'autorité est chez celui qui la confère à l'autre, chez celui qui donne à l'autre l'autorité de la parole. Le terme "autorité" vient du latin "auctoritas", et le préfixe indo-européen "auc-"/"aug-" désigne tout ce qui contribue à faire croître. L'autorité c'est donc "élever quelqu'un". Dominer ses pulsions pour crée en soi le "surmoi" , parce qu'on sait que la parole de l'autre va faire du bien.
Celui qui détient la parole doit aussi inviter les élèves à créer du silence. La tété est le 3° parent. Les élèves sont habitués à regarder mais ne sont pas habitués à être interrompus. Il faut également accorder de l'importance à la lecture orale, qui permet justement cette concentration, ce silence pour celui qui écoute. Mais lire à voix haute devant des élèves demande au professeur de s'interroger d'abord personnellement sur sa pratique de lecture à lui.
Il termine en soulignant l'un des traits importants de la laïcité de l'école, l'éducation populaire; en disant que toute les réformes et tous les modes de pensées sont passés par les instituteurs ("celui qui institut" comme il dit)et les professeurs, et de prendre l'exemple de la Résistance pour inviter les enseignants à engager leur mini-révolution pour enseigner aux élèves ce qui est juste et bien. Ca avait un côté un peu naïf, mais je dois dire que pendant un moment, ça m'a fait du bien de me sentir réinvestie de cette fonction, et pas d'être vue comme quelqu'un à abattre.
Vient ensuite Philippe MEIRIEU.
Selon lui, l'enseignant doit apprivoiser sa parole car elle nous garantit contre la tyrannie. L'apprivoiser et toujours la garder. Mais éviter qu'elle soit totalisante. Après avoir évoqué une situation d'apprentissage en classe, il demande "comment se faire entendre? Ce n'est pas la discipline qu'il faut organiser mais le travail. Il définit l'autorité comme étant la capacité d'obtenir de quelqu'un un comportement sans utiliser la force ni la manipulation; comme la capacité de mobiliser sa liberté de s'engager sur son comportement. Il conseille de lire/relire l'EMILE. Quand on s'interdit la force et la manipulation que reste-t-il? La promesse! Or que leur promettre, à nos élèves? Avant, on pouvait leur promettre un avenir ("travaille pour un métier"), aujourd'hui ce n'est plus crédible. On pouvait aussi leur promettre de bien gagner leur vie ("Oui mais, Kévin, qui a arrêté l'école à 16 ans, depuis qu'il vend de la drogue, il gagne plus que mon père"). Bref, que nous reste-t-il à promettre? Du PLAISIR. Du plaisir dans le partage de la connaissance et des savoirs. Nous avons encore des problèmes parce que nous-mêmes nous n'avons plus pour eux d'ambition culturelle et intellectuelle.
Au quotidien, il nous faut donc avoir en tant que profs des outils-silex:
- Se donner un objet de travail calir et identifié
- Avoir un rythme
- A voir un système de contraintes et de ressources.
Il donne alors l'exemple des poèmes de l'Oulipo pour dire à quel point la contrainte est féconde quand elle permet de dépasser sa difficulté et si on donne des ressources à nos élèves. Ex.: donner un devoir où la lettre A ne devra pas apparaître, mais autoriser l'utilisation du dictionnaire des synonymes. Il insiste encore sur le fait que le professeur doive se fixer un idéal pour chacun. Un idéal abordable: "bon allez, celui-là, avant la fin de l'année, il sait faire ça ou ça..."
Tout système humain n'est pas clos. Il rappelle la définition de l'autorité selon Platon dans la République 3c'est faire entende raison à quelqu'un qui n'est pas dans la raison"[i]. Plutôt que de crier après un élève sans avoir pris de recul, il faut trouver un lieu et un moment où le "pétage de plomb" peut être verbalisé. Il faut le faire à distance, ex: le lendemain dans un autre lieu que la salle de classe.
Pour conclure il précise que l'autorité n'a qu'une seule chose à autoriser: la pensée.
A vos commentaires!
- SessiExpert
- SessiExpert
Encore quelques petits livres des intervenants:
Philippe JEAMMET:
La Souffrance des adolescents
Adolescences
Sur R. RENUCCI: L'Ardent insoumis
Philippe MEIRIEU:
Lettre aux grandes personnes sur les enfants d'aujourd'hui.
Philippe JEAMMET:
La Souffrance des adolescents
Adolescences
Sur R. RENUCCI: L'Ardent insoumis
Philippe MEIRIEU:
Lettre aux grandes personnes sur les enfants d'aujourd'hui.
- RaphFidèle du forum
Merci d'avoir pris le temps de taper tes notes et de nous faire partager ce que tu as tiré de cette conférence!
- AnguaGrand sage
Merci beaucoup!
Même si aucune idée n'est franchement révolutionnaire, ça avait bien intéressant... Renucci m'intrigue particulièrement avec cette idée d'"éducation populaire". je suppose qu'il sait ça existe déjà et que c'est justement un système différent de l'éducation nationale, mais j'aurais aimé en savoir plus sur le sujet.
merci en tous cas!
Même si aucune idée n'est franchement révolutionnaire, ça avait bien intéressant... Renucci m'intrigue particulièrement avec cette idée d'"éducation populaire". je suppose qu'il sait ça existe déjà et que c'est justement un système différent de l'éducation nationale, mais j'aurais aimé en savoir plus sur le sujet.
merci en tous cas!
- SessiExpert
Oui il le sait, et il souhaiterait revenir à ce type d'enseignement. La vidéo devrait être mise en ligne sur l'adresse que j'ai donnée avant. Cela dit, je vous invite à jeter un coup d'oeil sur le site, il y a des petits trucs bien intéressants.
- elea84Niveau 10
Merieu fait une conférence près de chez moi la semaine prochaine, je pense que je vais aller l'écouter. On verra bien!
- elea84Niveau 10
Et merci Sessi de partager tes notes!
- DarjeelingNiveau 7
Merci Sessi.
- SessiExpert
Pas de quoi!
- ChocolatGuide spirituel
- JohnMédiateur
Bref, que nous reste-t-il à promettre? Du PLAISIR. Du plaisir dans le partage de la connaissance et des savoirs.
Je ne suis pas d'accord avec lui : les cours qui m'ont le plus apporté au lycée sont des cours qui, sur le moment, m'ont profondément ennuyé.
C'est un peu gros qu'il dise ça... Si on n'a pas d'ambition pour les élèves, on enseigne dans quel but ?Nous avons encore des problèmes parce que nous-mêmes nous n'avons plus pour eux d'ambition culturelle et intellectuelle.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- SessiExpert
Oui Chocolat, j'ai aussi trouvé très intéressant d'avoir le point de vue d'un pédopsychiatre comme Jeammet, parce qu'il me semble pour ma part que ce qui me fait défaut au quotidien, c'est la connaissance d'une psychologie poussée de l'adolescent. A moins de nous y intéresser par nous-mêmes, notre formation en terme de psy à nous autres professeurs est faible voire inexistante. Si nous en avions une toute petite, je pense que notre regard et notre façon de faire avec nos élèves s'en trouverait bien changée. Bon, évidemment, vers la fin de la conférence, Jeammet manifestait nettement son désaccord avec Meirieu.
John, je ne suis pas non plus d'accord avec l'idée que n'ayons que du plaisir à promettre. Pas tout à fait pour les mêmes raisons que toi. Ce qui me gêne dans ce discours, c'est l'amalgame plaisir / travail. C'est très important pour moi de les amener à la passion de la langue et de la lecture, mais ça ne fait pas tout. Et je me dis que si on a que ça à leur transmettre, c'est cacher une partie de la valeur "travail" qui n'est pas que fondée sur du plaisir, mais aussi sur le devoir.
John, je ne suis pas non plus d'accord avec l'idée que n'ayons que du plaisir à promettre. Pas tout à fait pour les mêmes raisons que toi. Ce qui me gêne dans ce discours, c'est l'amalgame plaisir / travail. C'est très important pour moi de les amener à la passion de la langue et de la lecture, mais ça ne fait pas tout. Et je me dis que si on a que ça à leur transmettre, c'est cacher une partie de la valeur "travail" qui n'est pas que fondée sur du plaisir, mais aussi sur le devoir.
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- Tout ce que nous pouvons faire est d'ajouter à la création, le plus que nous le pouvons, pendant que d'autres travaillent à la destruction. C'est ce long, patient et secret effort qui a fait avancer réellement les hommes depuis qu'ils ont une histoire.-
Albert Camus
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