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- henrietteMédiateur
https://www.aefinfo.fr/depeche/711460
Monique de Marco, vice-présidente de la commission éducation du Sénat, annonce le 24 avril 2024 avoir saisi le Conseil d’État pour faire annuler les textes du "choc des savoirs". Aux côtés d’autres élus et d’enseignants, elle attaque le décret sur les stages de réussite, qui "modifie substantiellement les conditions d’exercice des enseignants", et l’arrêté organisant les groupes. En cause : "L’absence de nouvelle saisine du CSE après modification des textes", "la fin du collège unique", le "risque d’une moindre mixité" et le fait que les groupes puissent être des "décisions d’orientation".
La dépêche est en édition abonnés comme toujours mais voici les grandes lignes de l'argumentaire de leur avocat.
Concernant les stages de réussite : "ce décret, en intégrant le volontariat des professeurs, modifie substantiellement les conditions d’exercice des enseignants". "Les stages de réussite sont, selon le décret, assurés sur la base du volontariat, en dehors des heures d’enseignement rémunérées, normalement attribuées aux enseignants. Or, ce décret ne fixe aucune condition de rémunération en compensation du volontariat". Il "introduit une dérogation à la rémunération du service fait", "dispositions légales qui ne peuvent être contredites par des dispositions réglementaires". "Il est entaché d’illégalité et doit être censuré".
Concernant les groupes de niveau :
- Il reprend l'argument déjà cité de la hiérarchie des textes et le fait que l'arrêté empiète sur l'autonomie des EPLE garantie par la loi. À ce sujet, il indique qu'il y a une jurisprudence de 2016.
- il met en avant un vice de procédure car le CSE aurait dû à nouveau être consulté : "en cas de modification substantielle du projet depuis l’avis émis par le conseil, la nouvelle consultation du CSE est obligatoire".
- un autre argument repose sur les notions de collège unique et de tronc commun. Les groupes de niveau entraînent de fait des "progressions différentes : l’enseignement serait donc différencié". "Cette personnalisation, incompatible avec un enseignement général pour tous les élèves, relève donc du soutien personnalisé. Pourtant, les matières visées, mathématiques et français, font partie des enseignements communs et obligatoires, qui ne peuvent donc relever du soutien scolaire et de ses modalités d’instruction".
- il revient sur la perte de mixité sociale induite par ce tri à l'entrée en 6e : "à l’entrée du collège, les enfants issus de milieux défavorisés seront rassemblés dans des groupes de niveaux, alors que les enfants issus de milieux favorisés seront regroupés dans les groupes les plus élevés". Cela "aura donc pour conséquence la répartition des élèves en fonction de leurs milieux sociaux. Or, aucune disposition de l’arrêté ne permet d’assurer la mixité sociale dans la répartition par besoins".
- enfin un point dont on n'a guère parlé mais qui me semble pertinent : le tri dans ces groupes peut être considéré comme une décision d'orientation précoce. "Les élèves des groupes au plus bas niveau ne pourront accéder aux filières générales et scientifiques alors que les élèves des groupes de haut niveau seront orientés majoritairement vers des études générales. Dès lors, et ce dès l’entrée en sixième, une pré-orientation déterminant le parcours de l’élève sera mis en place", et cela sans le cadre normal des décisions d'orientation que forment la concertation avec les familles et la possibilité d'appel.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- BaldredSage
Merci,
En effet le dernier point est important surtout dans la perspective de la poursuite du dispositif en 4e et 3e l'année prochaine.
La question de la sélection scolaire se pose dès que se pose celle du collège unique. Et sur ce point nous sommes je pense très divisés.
En effet le dernier point est important surtout dans la perspective de la poursuite du dispositif en 4e et 3e l'année prochaine.
La question de la sélection scolaire se pose dès que se pose celle du collège unique. Et sur ce point nous sommes je pense très divisés.
- Vincent83Niveau 6
Baldred a écrit:Merci,
En effet le dernier point est important surtout dans la perspective de la poursuite du dispositif en 4e et 3e l'année prochaine.
La question de la sélection scolaire se pose dès que se pose celle du collège unique. Et sur ce point nous sommes je pense très divisés.
En tout cas il faudrait au moins évoquer la question du collège unique clairement et officiellement plutôt que cette histoire fumeuse de groupes de ''besoins''.
Les parents ne saisissent pas les enjeux, ou alors s'en fichent.
- EdithWGrand sage
Vincent83 a écrit:Baldred a écrit:Merci,
En effet le dernier point est important surtout dans la perspective de la poursuite du dispositif en 4e et 3e l'année prochaine.
La question de la sélection scolaire se pose dès que se pose celle du collège unique. Et sur ce point nous sommes je pense très divisés.
En tout cas il faudrait au moins évoquer la question du collège unique clairement et officiellement plutôt que cette histoire fumeuse de groupes de ''besoins''.
Les parents ne saisissent pas les enjeux, ou alors s'en fichent.
Il faudrait un sondage sur le sujet, avec deux questions :
1- êtes vous pour ou contre les groupes de niveau/besoin ? m'est avis qu'on arrivera à une large majorité pour...
2- êtes vous pour ou contre les groupes de niveau/besoin si votre enfant est ciblé comme "à besoin" et placé dans le groupe des plus en difficulté? La proportion devrait s'inverser. C'est bien sur ce point là, la perspective d'avoir des enfants handicapés, relevant d'une classe ULIS ou non, des enfants allophones et des enfants qui devraient être en ITEP ou autre structure spécialisée, plus ceux qui ne bossent pas et/ou ont de grosses lacunes sans handicap, du fait de leur contexte familial pas très riche culturellement, tout ça dans le même groupe "à besoin", qui a provoqué une partie au moins de la révolte des parents à Nantes par exemple.
Mettre ensemble les enfants avec un faible score aux évaluations sans individualiser selon les profils risque d'être assez acrobatique et ça, les parents (dont certains sont concernés) le comprennent très bien.
Les instituts de sondage regorgent d'exemples du même type : 80% pour les logements sociaux, 80% contre les logements sociaux dans leur commune, "je regarde les documentaires, les informations et ARTE" alors que les plus grosses audiences sont les jeux type Koh Lanta, le foot, les soirées du style Les Enfoirés ou Miss France (pas de jugement de valeur de ma part), etc, etc...
Ce qui reste le point aveugle, c'est la possibilité pour les plus forts d'aller plus vite, plus loin. Personne n'en parle vraiment. On a l'impression que ça reste un tabou, sauf dans certains établissements, souvent privés malheureusement. L'école devrait s'occuper d'eux aussi. L'argument "ils sont bons, ils se débrouilleront toujours" est un peu court. Les rares personnes autour de moi qui sont pour cette réforme avancent cet argument-là (on va enfin pouvoir s'occuper des plus forts), sans réaliser que, faute de moyens, ça reste un peu illusoire de penser qu'on va enfin pouvoir pousser les "bons" de façon généralisée partout. Même si la question mériterait d'être posée sérieusement (ce qu'on propose aux meilleurs de nos classes). La sur-valorisation des compétences autres que scolaires fait des ravages chez ces élèves à haut potentiel
- Spoiler:
- On a dû se battre pour que notre fille saute une classe, les arguments de l'équipe pédagogique étant qu'elle manquait de sociabilité, alors que les compétences scolaires ont été soulignées comme très au-delà de son âge, et que, en tant que TSA, elle ne sera jamais une personne hyper-sociable, et qu'au contraire, l'anonymat relatif au collège sera plus confortable pour elle qu'une classe de 20, la prof référente autisme et les professionnels du soin qui la suivent au CMP depuis des années, sont allés totalement dans notre sens mais la maîtresse ne voulait pas en démordre. En même temps, comment lui dire que notre fille a adoré travailler une heure sur Molière en français pendant sa journée d'immersion, alors qu'elle-même ne propose que des textes nettement moins intéressants... cf les 10 poésies assez médiocres qu'elle leur a fait apprendre depuis septembre, que 5 demi-journées de jeux de société à l'EHPAD, c'est très sympa mais ça ne remplace pas les cours, que "quelques uns" n'est PAS un adverbe, que faire colorier les carrés en rouge, les rectangles en jaune et les quadrilatères en bleu, ça n'est pas tout à fait scientifique...
- BaldredSage
Les parents saisissent très bien les enjeux de la sélection, du moins ceux qui choisissent le privé "d'evitement", qui choisissent les classes bilingues, Cham, ou les options pour " bons élèves", qui paient un coach parcoursup. Ils comprendront très bien les enjeux des classes de niveaux quand leurs enfants seront classés.
Le gouvernement parlera clairement du collège unique quand il pensera en tirer un bénéfice électoral. Mais quel gouvernement parlera clairement quand il est si facile de dire une chose tout en faisant le contraire ?
" Les classes de niveaux n'entraineront pas de tri social" par exemple.
Le gouvernement parlera clairement du collège unique quand il pensera en tirer un bénéfice électoral. Mais quel gouvernement parlera clairement quand il est si facile de dire une chose tout en faisant le contraire ?
" Les classes de niveaux n'entraineront pas de tri social" par exemple.
- Vincent83Niveau 6
Baldred a écrit:Les parents saisissent très bien les enjeux de la sélection, du moins ceux qui choisissent le privé "d'evitement", qui choisissent les classes bilingues, Cham, ou les options pour " bons élèves", qui paient un coach parcoursup. Ils comprendront très bien les enjeux des classes de niveaux quand leurs enfants seront classés.
Le gouvernement parlera clairement du collège unique quand il pensera en tirer un bénéfice électoral. Mais quel gouvernement parlera clairement quand il est si facile de dire une chose tout en faisant le contraire ?
" Les classes de niveaux n'entraineront pas de tri social" par exemple.
Dans mon gros bourg péri urbain franchement aucun murmure sur le sujet, alors qu’il concerne directement les amis de ma fille qui vont tous entrer en sixième. Confiance absolue dans le système EN. Je suis désolé mais en tout cas ici personne ne se pose de question (famille de la classe « moyenne » si tant est que cela signifie encore quelque chose…)
- Vincent83Niveau 6
Baldred a écrit:Les parents saisissent très bien les enjeux de la sélection, du moins ceux qui choisissent le privé "d'evitement", qui choisissent les classes bilingues, Cham, ou les options pour " bons élèves", qui paient un coach parcoursup. Ils comprendront très bien les enjeux des classes de niveaux quand leurs enfants seront classés.
Le gouvernement parlera clairement du collège unique quand il pensera en tirer un bénéfice électoral. Mais quel gouvernement parlera clairement quand il est si facile de dire une chose tout en faisant le contraire ?
" Les classes de niveaux n'entraineront pas de tri social" par exemple.
Dans mon gros bourg péri urbain franchement aucun murmure sur le sujet, alors qu’il concerne directement les amis de ma fille qui vont tous entrer en sixième. Confiance absolue dans le système EN. Je suis désolé mais en tout cas ici personne ne se pose de question (famille de la classe « moyenne » si tant est que cela signifie encore quelque chose…)
- BaldredSage
Vincent83 a écrit:Baldred a écrit:Les parents saisissent très bien les enjeux de la sélection, du moins ceux qui choisissent le privé "d'evitement", qui choisissent les classes bilingues, Cham, ou les options pour " bons élèves", qui paient un coach parcoursup. Ils comprendront très bien les enjeux des classes de niveaux quand leurs enfants seront classés.
Le gouvernement parlera clairement du collège unique quand il pensera en tirer un bénéfice électoral. Mais quel gouvernement parlera clairement quand il est si facile de dire une chose tout en faisant le contraire ?
" Les classes de niveaux n'entraineront pas de tri social" par exemple.
Dans mon gros bourg péri urbain franchement aucun murmure sur le sujet, alors qu’il concerne directement les amis de ma fille qui vont tous entrer en sixième. Confiance absolue dans le système EN. Je suis désolé mais en tout cas ici personne ne se pose de question (famille de la classe « moyenne » si tant est que cela signifie encore quelque chose…)
Peut-être assez moyenne pour ne pas être concernée par le groupe faible ? Ce n'est qu'une hypothèse. On caricature sans doute trop les parents en consommateurs scolaires, là où ils se considèrent comme des usagers.
Dans mon village de la zone 30km, ce sont des usagers avertis pourtant qui savent exactement où passe la ligne de démarcation sociale public/ privé, et ils connaissent les options qui favorisent des classes " fortes".
- Reine MargotDemi-dieu
Ca me rappelle le début des années 1990 et les "6e-5e en 3 ans". Dès la 6e, certains élèves étaient envoyés dans des classes pour faire le programme 6e et 5e en 3 ans. L'objectif, louable au départ, était de leur donner le temps d'accéder à la 4e. Dans les faits, c'étaient très majoritairement des enfants de milieux populaires et ils allaient rarement en 4e générale, plutôt en 4e techno, avec un BEP à la clé, finalement écrit dès la fin du CM2.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- BaldredSage
En fait ce dispositif a peu fonctionné dans l'académie où j'étais dans la mesure où les 4e et 3e techno ont ensuite disparu et que la massification sans moyens a lentement mis en place les procédures de passage automatique, toujours au détriment des moins favorisés avec l'affaiblissement parallèle des LP.
- DeliaEsprit éclairé
Coucou, les revoilà ! Les filières, supprimées en 1975 par la loi Haby.
Comme quoi, faire et défaire, c'est toujours travailler.
Comme quoi, faire et défaire, c'est toujours travailler.
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- EdithWGrand sage
Reine Margot a écrit:Ca me rappelle le début des années 1990 et les "6e-5e en 3 ans". Dès la 6e, certains élèves étaient envoyés dans des classes pour faire le programme 6e et 5e en 3 ans. L'objectif, louable au départ, était de leur donner le temps d'accéder à la 4e. Dans les faits, c'étaient très majoritairement des enfants de milieux populaires et ils allaient rarement en 4e générale, plutôt en 4e techno, avec un BEP à la clé, finalement écrit dès la fin du CM2.
S'il y avait assez de places en Ulis/SEGPA (selon le profil et les besoins), la question des 4 pro ne se poserait pas ou nettement moins. On en est réduits à conseiller aux parents dont le gamin est en souffrance / perturbateur grave et/ou de toute évidence pas fait pour rester assis derrière un bureau (je caricature, pas taper!), d'aller le mettre dans l'agricole, souvent en internat, seul endroit où on fait encore officiellement la 4e pro. Dans notre coin hyper rural, où beaucoup d'élèves veulent avant tout travailler comme leurs parents à la ferme, certains sont totalement intenables en cours mais capables en même temps de se lever à 5h pour la traite ou de bosser toute la journée pendant les foins ou pendant les vacances, sans y être contraints (dans certaines fratries, l'un fait ça... et l'autre passe ses vacances et week ends sur sa playstation ou à jouer au foot). Pareil dans les familles d'artisans. Il s'agit de remplacer un effort (école) par un autre (apprentissage dont un peu d'école encore), pas de dire au gamin de rester sur son canapé non plus. Autant je refuse la présélection précoce et systématique (qui aura comme finalité de trier les enfants de riches/professions intellectuelles susceptibles de continuer et les autres, vu le monde économique tel qu'il est), autant cette option devrait être possible par choix. C'est toujours la même question : il faudrait du cas par cas, de la personnalisation et de la dentelle. Et ce n'est vraiment pas notre administration qui est capable de ça, avec ses gros sabots et ses fourches caudines...
Quand je vois l'évolution quasi nulle de certains élèves, arrivés en 6e avec 7 de moyenne, dont les parents refusent qu'ils aillent en SEGPA ou ULIS et qui se retrouvent avec un brevet ric-rac, voire pas de brevet, pour de toute façon aller en CAP agricole ou métiers de bouche parce que ce qui les motive depuis qu'ils ont 5 ans c'est boulanger ou éleveur, je trouve que c'est un peu une perte d'énergie pour tout le monde, à commencer par eux. Mais bien sûr, une sélection systématique et sociale est insupportable. Là je parle d'un territoire spécifique, avec plein emploi, entreprises familiales, attachement local. On n'imagine pas du tout que ce soit possible en REP ne serait-ce que parce que les modèles des élèves ont parfois dans des métiers peu valorisants, voire sont au chômage, et que systématiser l'envoi en pro (encore plus que ça n'est déjà le cas), ou recréer des filières comme avant 1975, dans ces coins là, sera une violence extrême faite à ces jeunes et une perte de chances supplémentaire (en plus du nombre d'heures de cours perdues sur la scolarité, etc) pour les plus méritants/bosseurs.
- PonocratesExpert spécialisé
C'est quand l'histoire se termine bien, cela. Sinon, moi j'ai vu quelques gamins dont les CAP des métiers de bouche n'ont pas voulu (merci l'effet TOP Chef) parce qu'ils pouvaient se permettre de choisir les gamins et que celui qui avait été enfermé 4 ans en collège n'avait pas un bon dossier. Quand, dès la sixième, untel veut devenir boulanger, une telle attend de devenir pâtissière et qu'in fine c'est niet, c'est triste.EdithW a écrit:
Quand je vois l'évolution quasi nulle de certains élèves, arrivés en 6e avec 7 de moyenne, dont les parents refusent qu'ils aillent en SEGPA ou ULIS et qui se retrouvent avec un brevet ric-rac, voire pas de brevet, pour de toute façon aller en CAP agricole ou métiers de bouche parce que ce qui les motive depuis qu'ils ont 5 ans c'est boulanger ou éleveur, je trouve que c'est un peu une perte d'énergie pour tout le monde, à commencer par eux.
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"If you think education is too expensive, try ignorance ! "
"As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? "
- MathadorEmpereur
Les plus méritants/bosseurs… qui se retrouveraient dans un groupe de faibles de leur collège REP malgré cela ? Mais alors, qui se retrouverait dans les groupes de bons du collège en question ?EdithW a écrit:On n'imagine pas du tout que ce soit possible en REP ne serait-ce que parce que les modèles des élèves ont parfois dans des métiers peu valorisants, voire sont au chômage, et que systématiser l'envoi en pro (encore plus que ça n'est déjà le cas), ou recréer des filières comme avant 1975, dans ces coins là, sera une violence extrême faite à ces jeunes et une perte de chances supplémentaire (en plus du nombre d'heures de cours perdues sur la scolarité, etc) pour les plus méritants/bosseurs.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- EdithWGrand sage
Ponocrates a écrit:C'est quand l'histoire se termine bien, cela. Sinon, moi j'ai vu quelques gamins dont les CAP des métiers de bouche n'ont pas voulu (merci l'effet TOP Chef) parce qu'ils pouvaient se permettre de choisir les gamins et que celui qui avait été enfermé 4 ans en collège n'avait pas un bon dossier. Quand, dès la sixième, untel veut devenir boulanger, une telle attend de devenir pâtissière et qu'in fine c'est niet, c'est triste.EdithW a écrit:
Quand je vois l'évolution quasi nulle de certains élèves, arrivés en 6e avec 7 de moyenne, dont les parents refusent qu'ils aillent en SEGPA ou ULIS et qui se retrouvent avec un brevet ric-rac, voire pas de brevet, pour de toute façon aller en CAP agricole ou métiers de bouche parce que ce qui les motive depuis qu'ils ont 5 ans c'est boulanger ou éleveur, je trouve que c'est un peu une perte d'énergie pour tout le monde, à commencer par eux.
Certes, là je parle plutôt de ceux qui connaissent déjà par leur environnement un métier et donc seront à même d’être pris en apprentissage par exemple. Mais c’est vrai que les gens autour de moi ouvrent de grands yeux quand je leur explique que le CDE de LP du bâtiment ou des métiers de bouche peut davantage sélectionner ses élèves que celui de LGT, et qu’en seconde générale se retrouvent les « exclus » du LP qui n’ont pas été pris au vu de leurs résultats / dossiers ou simplement faute de places. La première fois que j’ai entendu le terme « classe poubelle », c’était un principal de collège déplorant que tel ou tel élève de 3e n’ait pas été pris dans le CAP de son choix « pas étonnant vu son dossier » et qu’il finisse en 2GT au lycée du coin…Ça m’a marquée…
- VerduretteModérateur
Reine Margot a écrit:Ca me rappelle le début des années 1990 et les "6e-5e en 3 ans". Dès la 6e, certains élèves étaient envoyés dans des classes pour faire le programme 6e et 5e en 3 ans. L'objectif, louable au départ, était de leur donner le temps d'accéder à la 4e. Dans les faits, c'étaient très majoritairement des enfants de milieux populaires et ils allaient rarement en 4e générale, plutôt en 4e techno, avec un BEP à la clé, finalement écrit dès la fin du CM2.
Ce dispositif n'a manifestement pas été efficace, le collège unique non plus.
Quel dispositif, même s'il est idéal ou irréalisable, permettrait réellement d'inverser ce qui est écrit dès le CM2 (et même sans doute avant) ?
C'est une vraie question, je ne polémique pas. Il y a déjà un tri social, cela fait des décennies qu'on répète sur tous les tons que l'école renforce les inégalités, et nous le savons très bien, mais pour utiliser une expression locale, "il ne faut pas que ce soit dit". Est-ce que ce qui gêne, en l'occurrence, n'est pas que cela va se voir? Ce qui est finalement assez hypocrite.
- BaldredSage
Verdurette a écrit:Reine Margot a écrit:Ca me rappelle le début des années 1990 et les "6e-5e en 3 ans". Dès la 6e, certains élèves étaient envoyés dans des classes pour faire le programme 6e et 5e en 3 ans. L'objectif, louable au départ, était de leur donner le temps d'accéder à la 4e. Dans les faits, c'étaient très majoritairement des enfants de milieux populaires et ils allaient rarement en 4e générale, plutôt en 4e techno, avec un BEP à la clé, finalement écrit dès la fin du CM2.
Ce dispositif n'a manifestement pas été efficace, le collège unique non plus.
Quel dispositif, même s'il est idéal ou irréalisable, permettrait réellement d'inverser ce qui est écrit dès le CM2 (et même sans doute avant) ?
C'est une vraie question, je ne polémique pas. Il y a déjà un tri social, cela fait des décennies qu'on répète sur tous les tons que l'école renforce les inégalités, et nous le savons très bien, mais pour utiliser une expression locale, "il ne faut pas que ce soit dit". Est-ce que ce qui gêne, en l'occurrence, n'est pas que cela va se voir? Ce qui est finalement assez hypocrite.
Dans mon village, la Poste a voulu fermer la poste, on a râlé, ils ont cédé. Ils ont changé les horaires, diminué le personnel, délocalisé les conseillers. Le bilan l'année d'après démontre l'inutilité d'un bureau si peu fréquenté, la poste va fermer.
Comme pour ma poste, il est difficile de juger aussi rapidement l'efficacité du collège unique, seulement de ce collège unique, ce que la pensée libérale en a fait.
- egometDoyen
Reine Margot a écrit:Ca me rappelle le début des années 1990 et les "6e-5e en 3 ans". Dès la 6e, certains élèves étaient envoyés dans des classes pour faire le programme 6e et 5e en 3 ans. L'objectif, louable au départ, était de leur donner le temps d'accéder à la 4e. Dans les faits, c'étaient très majoritairement des enfants de milieux populaires et ils allaient rarement en 4e générale, plutôt en 4e techno, avec un BEP à la clé, finalement écrit dès la fin du CM2.
Je ne sais pas si les élèves concernés partagent mon opinion, je n'ai pas fait de sondage pour vérifier, mais quand je vois un dispositif comme ça, je me dis que c'est perdu d'avance. Si on me dit d'entrée de jeu que je dois prendre trois ans pour passer deux classes, c'est que je suis déjà un loser. C'est pire que de redoubler. Si je redouble, je peux encore me dire que j'ai une chance. Mon échec est au passé. Mais si je suis relégué à une classe poubelle, ça va mal se passer.
Et si l'objectif, c'est seulement la 4e, franchement, ce n'est pas excitant.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- egometDoyen
Baldred a écrit:
" Les classes de niveaux n'entraineront pas de tri social" par exemple.
Il y a vraiment des gens qui pensent ça?
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Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- Dame JouanneÉrudit
Le collège vraiment unique on ne l'a en réalité que depuis le début des années 2000, quand toutes les classes à effectifs allégés type "3ème techno" ou "découverte des métiers " ont été supprimées pour raison budgétaire. C'était moins cher d'avoir tous les élèves dans des classes de 30.Baldred a écrit:Verdurette a écrit:Reine Margot a écrit:Ca me rappelle le début des années 1990 et les "6e-5e en 3 ans". Dès la 6e, certains élèves étaient envoyés dans des classes pour faire le programme 6e et 5e en 3 ans. L'objectif, louable au départ, était de leur donner le temps d'accéder à la 4e. Dans les faits, c'étaient très majoritairement des enfants de milieux populaires et ils allaient rarement en 4e générale, plutôt en 4e techno, avec un BEP à la clé, finalement écrit dès la fin du CM2.
Ce dispositif n'a manifestement pas été efficace, le collège unique non plus.
Quel dispositif, même s'il est idéal ou irréalisable, permettrait réellement d'inverser ce qui est écrit dès le CM2 (et même sans doute avant) ?
C'est une vraie question, je ne polémique pas. Il y a déjà un tri social, cela fait des décennies qu'on répète sur tous les tons que l'école renforce les inégalités, et nous le savons très bien, mais pour utiliser une expression locale, "il ne faut pas que ce soit dit". Est-ce que ce qui gêne, en l'occurrence, n'est pas que cela va se voir? Ce qui est finalement assez hypocrite.
Dans mon village, la Poste a voulu fermer la poste, on a râlé, ils ont cédé. Ils ont changé les horaires, diminué le personnel, délocalisé les conseillers. Le bilan l'année d'après démontre l'inutilité d'un bureau si peu fréquenté, la poste va fermer.
Comme pour ma poste, il est difficile de juger aussi rapidement l'efficacité du collège unique, seulement de ce collège unique, ce que la pensée libérale en a fait.
- EdithWGrand sage
Mathador a écrit:Les plus méritants/bosseurs… qui se retrouveraient dans un groupe de faibles de leur collège REP malgré cela ? Mais alors, qui se retrouverait dans les groupes de bons du collège en question ?EdithW a écrit:On n'imagine pas du tout que ce soit possible en REP ne serait-ce que parce que les modèles des élèves ont parfois dans des métiers peu valorisants, voire sont au chômage, et que systématiser l'envoi en pro (encore plus que ça n'est déjà le cas), ou recréer des filières comme avant 1975, dans ces coins là, sera une violence extrême faite à ces jeunes et une perte de chances supplémentaire (en plus du nombre d'heures de cours perdues sur la scolarité, etc) pour les plus méritants/bosseurs.
Je préciserai ma pensée (un peu confuse dans le post) : il y a eu une possibilité d’émancipation et de sortie par le haut pendant quelque temps pour les bosseurs/méritants des « quartiers » (je reste persuadée que l’ambition et les objectifs sont assez différents en zone rurale), mais ça devient de plus en plus difficile au vu du fossé/gouffre qui se creuse entre les élèves de REP et les autres. Les chiffres sont là : une année entière de différence de temps de cours entre les zones dites difficiles et les autres, ça ne se rattrape pas ou vraiment à la marge, quel que soit l’investissement des familles et des équipes. Donc, un tri social (tes parents sont issus de telle origine/avec tel niveau d’études, tu vas aller en bac pro pour t’insérer dans la vie professionnelle), augmentera la perte de chances de continuer des études plus poussées pour les (malheureusement de plus en plus) rares élèves qui auraient pu le faire. Si un seul élève d’un collège de zone prioritaire veut (et peut) devenir médecin/avocat/journaliste/chercheur, etc, c’est dramatique de ne pas lui en donner la possibilité selon moi. Et quelques collègues, d’accord avec ça, pensent (à tort selon moi), que le choc des savoirs va permettre de repérer et pousser cet élève précisément…
C’est d’ailleurs curieux de constater encore une fois l’hétérogénéité des opinions : certains sont contre le tri/la sélection (hétérogénéité, partage, émulation, toussa) et d’autres pour un plus grand tri (je veux bien prendre la classe poubelle si il y en a une où les bons peuvent avancer plus vite). Dans la même équipe pédagogique.
Je ne sais pas si je suis plus claire…
- MathadorEmpereur
Je pense que le choc des savoirs n'apportera rien de bon vu qu'il est fait à moyens insuffisants constants et qu'il dérange un système déjà à bout de souffle. En revanche, je considère qu'une réforme de groupes de niveaux mieux fichue (et qu'on peut attendre longtemps) pourrait avoir ce type d'effet positif, notamment dans des collèges où la combinaison d'un milieu défavorisé et des classes hétérogènes conduisent à du 100% classes poubelles (ce qui ne semble heureusement pas être systématique, même dans les zones les plus difficiles).EdithW a écrit:Si un seul élève d’un collège de zone prioritaire veut (et peut) devenir médecin/avocat/journaliste/chercheur, etc, c’est dramatique de ne pas lui en donner la possibilité selon moi. Et quelques collègues, d’accord avec ça, pensent (à tort selon moi), que le choc des savoirs va permettre de repérer et pousser cet élève précisément…
Mais on en aurait peut-être moins besoin si on cherchait sérieusement à résoudre les dysfonctionnements du primaire qui sont à l'origine d'une partie de l'hétérogénéité constatée au collège…
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- fanetteFidèle du forum
Mathador a écrit:
Je pense que le choc des savoirs n'apportera rien de bon vu qu'il est fait à moyens insuffisants constants et qu'il dérange un système déjà à bout de souffle. En revanche, je considère qu'une réforme de groupes de niveaux mieux fichue (et qu'on peut attendre longtemps) pourrait avoir ce type d'effet positif, notamment dans des collèges où la combinaison d'un milieu défavorisé et des classes hétérogènes conduisent à du 100% classes poubelles (ce qui ne semble heureusement pas être systématiquement, même dans les zones les plus difficiles).
Mais on en aurait peut-être moins besoin si on cherchait sérieusement à résoudre les dysfonctionnements du primaire qui sont à l'origine d'une partie de l'hétérogénéité constatée au collège…
Voilà.
Chez nous, des conseillers pédagogiques du primaire ont décidé (sans concertation avec les enseignants du collège) de venir faire du soutien en français et math pour des élèves de 5e. A croire qu'il n'y a rien à faire dans les écoles primaires du coin...
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L'école nuit gravement à l'obscurantisme !
- VerduretteModérateur
egomet a écrit:Baldred a écrit:
" Les classes de niveaux n'entraineront pas de tri social" par exemple.
Il y a vraiment des gens qui pensent ça?
Parce qu'avant les projets de classes de niveaux il n'y avait pas de tri social ?
Normalement les classes de niveaux ne devraient pas faire de tri social, mais du tri scolaire.
Il est exact qu'elles vont mettre au grand jour ce tri social jusqu'ici dissimulé.
Mais si le tri scolaire se calque sur le tri social , n'a-t-on pas raté quelque chose ?
Et n'est-ce pas cet échec qu'on ne veut surtout pas étaler au grand jour ?
- BaldredSage
egomet a écrit:Baldred a écrit:
" Les classes de niveaux n'entraineront pas de tri social" par exemple.
Il y a vraiment des gens qui pensent ça?
Merci de ne pas trop tronquer les messages et de garder un contexte minimum, on pourrait croire que c'est ce que je dis.
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