Thèse en sciences humaines : peut-on y intégrer des articles que nous avons déjà publiés ?

Bonjour,

Je suis en thèse depuis... longtemps, très longtemps... Et je voudrais vraiment tourner cette page du doctorat.
J'ai publié plus d'une vingtaine d'articles autour de mon sujet de thèse !... Mais j'ai beaucoup de mal désormais à rédiger car j'enseigne à plus-que-plein temps et j'ai de tous petits enfants.

Mon directeur de thèse affirme qu'il faut qu'une thèse soit à 70 % inédite. Ce sera très difficile pour moi de tenir ce chiffre, car je dois en plus finir assez vite - j'approche de ma dernière année de report de soutenance. Je me demande bien pourquoi je ne pourrais pas inclure dans ma thèse des textes dont je suis l'auteur qui ont été validés par des comités de lecture !
Je ne suis pas dans le cursus d'une thèse par article (car, si j'ai bien compris, il s'agit d'un cursus particulier : aucune information là-dessus sur le site de mon ED)...

Je n'arrive pas à trouver d'où provient cette règle des 70 % inédits, et n'ose pas trop en parler à mon directeur car je sais que de toute manière j'aurai beaucoup de mal à la respecter. Est-elle légale ? est-ce "seulement" une règle implicite, qui vise à ce que le candidat puisse ensuite espérer pouvoir publier sa thèse auprès d'un éditeur qui, si le pourcentage de texte déjà publié est trop important, risque de refuser ?

Merci infiniment à ceux qui liront ce message et pourront peut-être m'aiguiller, je ne sais pas du tout où je pourrais avoir une information, la fac est quand même bien opaque !...

E

À ma connaissance, une thèse “traditionnelle” est une recherche doctorale qui prend la forme d’une monographie originale et exhaustive. La thèse sur travaux peut comprendre des chapitres inédits et des articles, dont le thésard est l'auteur principal, qui ont été rédigés pendant le travail de thèse, elle ne peut pas être un compilation mais doit former un ensemble cohérent. Cf. Code de l'éducation, art. L612-7:

[…]
Le diplôme de doctorat est délivré après la soutenance d'une thèse ou la présentation d'un ensemble de travaux scientifiques originaux. Cette thèse ou ces travaux peuvent être individuels ou, si la discipline le justifie, collectifs, déjà publiés ou inédits. Dans le cas où la thèse ou les travaux résultent d'une contribution collective, le candidat doit rédiger et soutenir un mémoire permettant d'apprécier sa part personnelle.
[…]

En dehors de cela, je ne connais pas de règle formelle — ce qui ne veut pas dire qu'il n'en existe pas dans les usages…

Dans mon université, on doit préciser dès l'inscription en thèse s'il s'agit de l'un ou l'autre cas (monographie ou ensemble de travaux scientifiques) - tout simplement en cochant une case dans le formulaire de soumission du projet.
Mais les 70%, jamais entendu.

Merci de vos réponses ! Le code de l'éducation précise "inédits ou publiés", adjectifs qui se rapportent, d'après la syntaxe de la phrase, bel et bien à la "thèse" (ainsi qu'aux "travaux" qui peuvent constituer une thèse sur travaux). Donc je garde espoir, je vais essayer de boucler cela...

Par ailleurs (je suis vraiment désespéré donc je fais des recherches internet tous azimuts), je vois dans le compte rendu d'un conseil d'école doctorale (discipline : Droit) qu'on évoque la possibilité de faire soutenir une "petite thèse", pour une doctorante qui dit vouloir renoncer à la carrière universitaire tout en souhaitant boucler son doctorat. Précisément, cette doctorante proposait de passer une thèse sur travaux mais l'Ecole Doctorale refuse et l'oriente donc vers cette possibilité de "petite thèse".

Est-ce que vous avez entendu parler de cette possibilité dans d'autres disciplines ?

Merci encore à vous.

Bonsoir,
Alors, pour situer d’où je parle, je suis docteure en littérature française et je n’ai jamais entendu parler de cette règle des 70%. Pour ma part, et comme je pense 100% des gens que je connais et qui ont fait une thèse, les articles écrits pendant la thèse (et plus ou moins sur le sujet de la thèse) ont bien pour but (entre autres) de faire progresser la réflexion et de contribuer au travail final qui est précisément la thèse. Pour ma part, trois des articles que j’ai écrits pendant le doctorat sont devenus des chapitres (ou sous parties) de la thèse, simplement je ne les ai pas refourgués tels quels, mais réécrits en partie et surtout approfondis, en précisant toujours en note « ce chapitre est un développement de mon article machin chouette + référence », de façon à ce que cela ne passe pas pour de l’autoplagiat. Personne ne m’a jamais rien reproché à ce sujet et mon directeur de thèse comme mon jury ont eu l’air de trouver la chose tout à fait normale. En revanche, là où il faut faire attention, c’est au moment de la publication de la thèse : les éditeurs sont souvent attentifs à ce ne publier que de l’inédit, donc il faut vraiment faire en sorte de refondre / reformuler les choses de sorte que ça n’apparaissent pas comme un plagiat d’articles déjà publiés ailleurs. Mais enfin c’est assez simple (quoi qu’assez ennuyeux sur le moment), il suffit de couper certaines choses et d’en reformuler d’autres, ce qu’un ou deux ans de recul entre la soutenance et la publication permettent, sans trop de difficulté.

Super ton retour d'expérience, Iridiane. Merci !

Docteur en maths, donc un domaine assez éloigné des sciences humaines, je n'ai jamais entendu parler d'une quelconque règle à ce sujet.

Pour ma part, mon manuscrit de thèse a donné naissance à 3 articles publiés dans des journaux : 1 article publiés lors de la 1ère année de thèse, 2 articles publiés peu après la soutenance. Bien entendu, toute la quintessence de mes travaux sont dans les 3 articles. Le complémentaire, à savoir le reste de la thèse, n'étant que des préliminaires et de la présentation générale : tout cela étant fait dans un objectif pédagogique en somme, alors que les articles courts et concis s'adressent à des experts du sujet et où seul le nécessaire est rappelé.