- faustine62Érudit
Bonjour,
Tout est dans le titre. Je me pose la question d'un retour à l'enseignement dans des conditions différentes ou d'un départ qui serait définitif pour moi. Une amie m'a confié que ce n'était "pas le même métier " et qu'elle n'était plus "en souffrance". Je suis un peu dubitative malgré tout, mais serais intéressée par des témoignages.
Merci d'avance.
Tout est dans le titre. Je me pose la question d'un retour à l'enseignement dans des conditions différentes ou d'un départ qui serait définitif pour moi. Une amie m'a confié que ce n'était "pas le même métier " et qu'elle n'était plus "en souffrance". Je suis un peu dubitative malgré tout, mais serais intéressée par des témoignages.
Merci d'avance.
- MoyenCrocoNiveau 10
Une collègue, en lettres modernes s'est retrouvée à co-enseigner, puis à enseigner, totalement en upe2a. (Suite à la mutation de la professeur en question).
C'est une professeur qui était déjà très investie en tant que professeur de français, mais qui après son passage en UPE2A ne se voit pas revenir sur un enseignement classique.
Elle a eu une mutation sur un poste a profil (upe2a) cette année et je sais que c'est un autre métier, et donc une autre vie pour elle.
P.S. : nous enseignons en REP+, et son futur établissement ne l'est pas. De plus, elle était a la limite de l'harcèlement par le CDE, donc une libération complète pour elle.
Édit : les élèves arrivant UPE2A sont complètement différents des élèves du système classique, dans le cas de notre REP+...
C'est une professeur qui était déjà très investie en tant que professeur de français, mais qui après son passage en UPE2A ne se voit pas revenir sur un enseignement classique.
Elle a eu une mutation sur un poste a profil (upe2a) cette année et je sais que c'est un autre métier, et donc une autre vie pour elle.
P.S. : nous enseignons en REP+, et son futur établissement ne l'est pas. De plus, elle était a la limite de l'harcèlement par le CDE, donc une libération complète pour elle.
Édit : les élèves arrivant UPE2A sont complètement différents des élèves du système classique, dans le cas de notre REP+...
- AnguaGrand sage
Je dirais "oui", et "non" à la fois.
J'enseigne en UPE2A depuis une dizaine d'années, la majeure partie en NSA (Non Scolarisé Antérieurement : l’alphabétisation et l'apprentissage de l'école s'ajoutent), et je suis "coordonnatrice allophones" depuis 3 ans. Concrètement, avant j'y enseignais 4h par semaine, maintenant, cela représente la moitié de mon service, j'en suis PP et je gère plein de choses à côté.
Oui, pour un métier différent : la relation avec les élèves n'a pas grand-chose à voir (et a changé ma façon de faire et d'être en classe ordinaire aussi), le FLE/FLS, l'enseignement de la lecture et de l'écriture sont très différents d'un cours de lettres. Le travail à côté aussi change : pas de programme clairement établi (si ce n'est le cadre européen des langues), vu que TOUT est à faire et à apprendre, et qu'on doit rattraper 10 ans de langue et de scolarité en un an ou deux (nous sommes des thaumaturges). D'une année à l'autre, les groupes peuvent être différents selon leurs origines, leurs niveaux scolaires, les connaissances en français...
Aveu même pas honteux : pour moi c'est le kif ultime, surtout en fin d'année, parce qu'on vit des moments fous. Voir arriver des élèves mutiques qui ne comprennent pas un mot, non lecteurs, non scripteurs, et au bout de quelques mois échanger avec eux, les voir lire, et comprendre (certes, pas Hugo tout de suite), et rédiger des phrases... c'est quelque chose.
"Ne plus être souffrance", je dirais que ça dépend. Derrière les aspects réjouissants des UPE2A, il y a les coulisses... et les suites. Il faut avoir les nerfs accrochés face à la situation de certains élèves (tiens, le traitement des MNA, par exemple. Ou les conditions de certains réfugiés, au hasard), certains vivent des choses révoltantes qui sont une norme pour eux. Nous sommes l'interlocuteur quotidien avec la France, on se trouve à gérer des problèmes de toute sorte, pas forcément de notre ressort, dans la catégorie "si je ne le fais pas, personne ne le fait".
L'orientation... l'enfer absolu, surtout quand on voit le peu de soutien dont ils bénéficient par la suite. Laquelle orientation se finalise entre deux épreuves de DELF (A1 et A2), les ASSR, pas PIX dans mon collège mais parfois ailleurs, et la préparation du CFG. Les inclusions, les relations aux autres élèves (récemment, j'ai pilé sur place un élève qui les a traités en ricanant de "classe de sans papiers". Oui, c'est vrai, mais non, ce n'est pas drôle...).
En termes de classe, la diversité des niveaux oblige à beaucoup d'adaptation. Mes élèves sont peu autonomes, en faire travailler seuls pour m'occuper d'autres est toute une organisation. Et comme les arrivées se font toute l'année, le groupe est cesse reconstitué, l'ambiance évolue, il faut faire cohabiter des personnalités, des cultures très différentes.
Je vais être honnête : ce n'est pas facile tous les jours, j'ai frôlé le burn out l'an dernier. Mais c'est le second souffle de ma carrière, et j'adore ça.
J'enseigne en UPE2A depuis une dizaine d'années, la majeure partie en NSA (Non Scolarisé Antérieurement : l’alphabétisation et l'apprentissage de l'école s'ajoutent), et je suis "coordonnatrice allophones" depuis 3 ans. Concrètement, avant j'y enseignais 4h par semaine, maintenant, cela représente la moitié de mon service, j'en suis PP et je gère plein de choses à côté.
Oui, pour un métier différent : la relation avec les élèves n'a pas grand-chose à voir (et a changé ma façon de faire et d'être en classe ordinaire aussi), le FLE/FLS, l'enseignement de la lecture et de l'écriture sont très différents d'un cours de lettres. Le travail à côté aussi change : pas de programme clairement établi (si ce n'est le cadre européen des langues), vu que TOUT est à faire et à apprendre, et qu'on doit rattraper 10 ans de langue et de scolarité en un an ou deux (nous sommes des thaumaturges). D'une année à l'autre, les groupes peuvent être différents selon leurs origines, leurs niveaux scolaires, les connaissances en français...
Aveu même pas honteux : pour moi c'est le kif ultime, surtout en fin d'année, parce qu'on vit des moments fous. Voir arriver des élèves mutiques qui ne comprennent pas un mot, non lecteurs, non scripteurs, et au bout de quelques mois échanger avec eux, les voir lire, et comprendre (certes, pas Hugo tout de suite), et rédiger des phrases... c'est quelque chose.
"Ne plus être souffrance", je dirais que ça dépend. Derrière les aspects réjouissants des UPE2A, il y a les coulisses... et les suites. Il faut avoir les nerfs accrochés face à la situation de certains élèves (tiens, le traitement des MNA, par exemple. Ou les conditions de certains réfugiés, au hasard), certains vivent des choses révoltantes qui sont une norme pour eux. Nous sommes l'interlocuteur quotidien avec la France, on se trouve à gérer des problèmes de toute sorte, pas forcément de notre ressort, dans la catégorie "si je ne le fais pas, personne ne le fait".
L'orientation... l'enfer absolu, surtout quand on voit le peu de soutien dont ils bénéficient par la suite. Laquelle orientation se finalise entre deux épreuves de DELF (A1 et A2), les ASSR, pas PIX dans mon collège mais parfois ailleurs, et la préparation du CFG. Les inclusions, les relations aux autres élèves (récemment, j'ai pilé sur place un élève qui les a traités en ricanant de "classe de sans papiers". Oui, c'est vrai, mais non, ce n'est pas drôle...).
En termes de classe, la diversité des niveaux oblige à beaucoup d'adaptation. Mes élèves sont peu autonomes, en faire travailler seuls pour m'occuper d'autres est toute une organisation. Et comme les arrivées se font toute l'année, le groupe est cesse reconstitué, l'ambiance évolue, il faut faire cohabiter des personnalités, des cultures très différentes.
Je vais être honnête : ce n'est pas facile tous les jours, j'ai frôlé le burn out l'an dernier. Mais c'est le second souffle de ma carrière, et j'adore ça.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum