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ilfaitbeau
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par ilfaitbeau Dim 15 Mai - 10:00
Bonjour
Le tercet 2 de ce poème semble poser problème :
"Qu'eussions leurs écrits, pour voir de notre temps
Ce qui aux anciens servait de passe-temps
Et quels étaient les vers d'un docte Mévie"

Sachant que Mévie est désigné comme un mauvais poète, que comprendre ?
 Doit-on donner l'interprétation suivante? : -Du Bellay dit que la poésie de son époque est moins bonne que celle de Mévie, la poésie de son époque est bien moins bonne que celle des passe-temps des Romains

Merci

L'éclairage m'aide, mais la structure de la phrase est complexe : "Qu'eussions-nous" est bien un subjonctif imparfait à valeur conditionnelle (si+imparfait),mais quel est le sens de "passe-temps", le DMF donne le sens de "divertissement" et à quoi la subordonnée "quels étaient les vers d'un docte Mévie" est-elle rattachée ?
La phrase est incomplète ?


Dernière édition par ilfaitbeau le Dim 15 Mai - 11:11, édité 1 fois
liliepingouin
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sonnet 147de Du Bellay Empty Re: sonnet 147de Du Bellay

par liliepingouin Dim 15 Mai - 10:18
Je comprends le sonnet de cette façon :

Dans le 1er quatrain, du Bellay dit à Ronsard de ne pas s'affliger de la mauvaise poésie qui circule : le temps fera le tri et les bons auteurs connaîtront la gloire même s'ils sont pour l'instant un peu noyés dans la masse.

2e quatrain: règle générale : les bons écrits auront forcément une gloire immortelle, les autres tomberont dans l'oubli.
Cette règle est illustrée dans les tercets qui évoquent le cas des Anciens:

1er tercet: les bons auteurs sont restés 
2e tercet : si nous avions encore les oeuvres des médiocres, on se rendrait compte que les (mauvais) écrits fourmillaient aussi du temps des Romains, mais justement le temps a fait le tri et ces oeuvres ont disparu.

Conclusion : le temps fera son oeuvre et les grands (Ronsard, du Bellay) seront conservés alors que les mauvais sombreront dans l'oubli. Il ne faut donc pas s'inquiéter de la publication des œuvres médiocres.

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Spheniscida qui se prend pour une Alcida.

"Laissons glouglouter les égouts." (J.Ferrat)
"Est-ce qu'on convainc jamais personne?" (R.Badinter)
Même si c'est un combat perdu d'avance, crier est important.
ilfaitbeau
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par ilfaitbeau Dim 15 Mai - 11:18
Merci de l'éclairage, mais la structure du tercet reste complexe. Comment comprendre "passe-temps" d'autant plus que le dictionnaire de Moyen Français donne le sens de "divertissement" et que faire du vers 14? Est-ce une exclamative indépendante ou une subordonnée indirecte qui se rattache au verbe voir ?

Merci
Iphigénie
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par Iphigénie Dim 15 Mai - 11:32
A l’évidence une interrogative indirecte, et c’est bien un passe-temps( et rien qu’un passe-temps) que ces mauvais vers tombés dans l’oubli.
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par ilfaitbeau Dim 15 Mai - 11:38
Merci beaucoup
liliepingouin
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par liliepingouin Dim 15 Mai - 11:40
Je comprends bien passe-temps comme divertissement: il s'agissait de poésie divertissant le vulgaire, mais loin du sublime de Virgile ou Horace.
Le vers 14 est bien une subordonnée complétant le verbe "voir".

C'est plus ou moins, me semble-t-il, le sens de Si seulement nous avions leurs écrits pour voir aujourd'hui encore ce qui passait le temps (de la ménagère romaine moyenne) et ce que pondait Mévie-Hanouna!"

Avec le sous-entendu: Mévie faisait sans doute des bouses aussi mauvaises qu'on peut en trouver aujourd'hui, seulement on a perdu les textes alors on croit que tous les auteurs anciens étaient géniaux mais ce n'est pas le cas.
Cela sert le projet d'illustration de la langue française : imiter les Anciens n'est pas un objectif inaccessible: ils ont eu eux aussi leurs mauvais poètes, à charge des poètes français de faire de nouveaux Virgile et de nouveaux Horace.
Je m'éloigne peut-être un peu de la lettre mais il me semble que c'est l'esprit: une poésie française aussi brillante que la poésie romaine peut naître et sera immortalisée par le temps: quand les Mévie modernes auront été oubliés resteront les Ronsard-Virgile et le français sera reconnu comme une langue littéraire et non juste bonne à des divertissements.

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User9525
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sonnet 147de Du Bellay Empty Re: sonnet 147de Du Bellay

par User9525 Dim 15 Mai - 11:54
Si ça peut aider (c'est la troisième fois que j'interviens sur Du Bellay, je l'adore!), je comprends "passe-temps" comme la poésie qui s'écrit comme une forme de divertissement et par conséquent n'est pas prise au sérieux par ses auteurs mêmes donc ne mérite pas de passer à la postérité.
Pour la construction syntaxique, si la proposition "Qu'eussions-nous " est une hypothétique donc une protase, "pour voir" introduit l'apodose mais sans verbe conjugué à un mode personnel et "ce qui"/"quels" introduisent eux les interrogatives indirectes dépendant de "voir".
Iphigénie
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par Iphigénie Dim 15 Mai - 12:01
Qu’en termes galants ces choses là sont mises! Wink
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