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LolVstein8
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Affectation néo-profs agrégés, mobilités, conditions d'enseignement... Empty Affectation néo-profs agrégés, mobilités, conditions d'enseignement...

par LolVstein8 Sam 29 Jan - 17:25
Bonjour à tous,

Avant tout pardonnez-moi pour l'intitulé très large de mon sujet. Cela condense en quelque sorte les questions que je me pose actuellement... Pour vous expliquer, en quelques mots: Je suis actuellement en master de Lettres modernes à l'ENS et la tradition veut que l'an prochain je passe l'agrégation. C'est ce que j'ai toujours voulu et je n'avais jamais jusque-là remis en question ma vocation. Néanmoins, depuis la rentrée, je suis très inquiète et mal à l'aise à l'idée de passer l'agrégation et je pense que c'est en partie dû à la prise de conscience de la réalité de l'enseignement qui m'effraie et que j'avais sans doute idéalisée jusque-là. En effet, mes cours de pré-agreg ainsi que quelques journées dites de "développement professionnel" m'ont permis d'être exposée plus concrètement aux enjeux du métier et ceux-ci me font fuir. J'aimerais donc avoir quelques précisions et éclaircissements afin que ma décision finale soit le moins possible biaisée par des impressions:

-tout d'abord au sujet des affectations: j'ai vraiment peur d'être envoyée loin de mon académie d'origine et ne me vois pas du tout vivre loin de Paris. Je pensais, très bêtement, j'en conviens, qu'en tant que normalienne agrégée j'aurais eu plus de chances d'avoir mes premiers choix mais je vois bien que ce n'est pas tout à fait vrai... Je me demande donc : en tant que nouveau prof, peut-on vraiment pour l'année de titularisation être envoyé n'importe où en France sans possibilité ensuite de mutation avant plusieurs années d'ancienneté? Est-ce que le discours selon lequel on est d'emblée affecté dans un établissement difficile pour un poste que personne ne veut (je caricature mais c'est l'idée) est une idée reçue ou ressemble quand même à ce qu'il en est?

-mes autres inquiétudes portent essentiellement sur les conditions d'enseignement: mes journées de formation m'ont permis de constater que ce n'est peut-être pas en enseignant que je continuerais de nourrir ma passion pour les lettres (ce qui est au fond ma plus forte envie), tant le métier semble troublé par les problèmes de discipline, problèmes avec l'administration et les parents d'élèves souvent peu intéressés et peu disposés à respecter la classe et le cours. Est-ce que cette situation se généralise aujourd'hui ou il s'agit là d'un tableau sombre que les médias dépeignent à tout va et à peu près tous les jours?

Désolée pour ce long message dont j'ignore même s'il a sa place ici. J'espère en tout cas que certains pourront et voudront bien m'éclairer. Cela m'aiderait à faire mon choix et à ne pas avoir à le regretter si le moment venu je me rends compte que je n'ai pas les épaules et pas l'envie de m'investir dans ce métier difficile aujourd'hui...

Merci à tous et hauts les cœurs par les temps qui courent!
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Malavita
Érudit

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par Malavita Sam 29 Jan - 17:37
Pour les mutations, si tu es déjà à Paris, tu pourras rester sans aucun problème en région parisienne, peut-être pas dans l'académie de Paris, mais les académies de Créteil et de Versailles seront accessibles sans problème à un néo-titulaire, car se sont les académies que personne ne veut ou presque. Les établissements sont nombreux, avec des profils très variés, de l'établissement très difficile, mais où les collègues sont sympas et se serrent les coudes à l'établissement facile, mais où l'ambiance est pourrie. Ensuite pour les mutations suivantes, cela dépend du nombre de points : ancienneté de poste, rapprochement de conjoints...

Pour le reste, effectivement, il faut faire attention à "l'amour de sa matière", à titre personnel, j'ai toujours voulu enseigner et transmettre et la matière a donc été plus secondaire (j'ai changé d'avis au fil de mes études). Je pense qu'il est essentiel d'aimer le contact avec les élèves, même si parfois, ils nous sortent par les trous de nez. Par ailleurs, effectivement la gestion de classe (essentielle) et les relations avec les parents, avec l’administration peuvent être chronophages et compliquées, mais tout dépend de l'établissement.
eliam
eliam
Esprit éclairé

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par eliam Sam 29 Jan - 17:43
Bonjour,
Pour ton affectation, je ne pense pas que tu seras affectée loin de Paris sauf si tu refuses la banlieue. Créteil ou Versailles t'accueilleront sans doute car elles sont déficitaires. Après, tous les établissements ne sont pas horribles, ni toutes les classes d'un même établissement.
Zetitcheur
Zetitcheur
Habitué du forum

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par Zetitcheur Sam 29 Jan - 17:55
Je ne sais pas si cela a encore cours, mais quand j'ai passé l'agrégation, l'affectation en stage dépendait aussi de notre classement au concours. Ainsi les candidats très bien classés avaient beaucoup plus de chance d'obtenir leur premier choix.
Bon, cela a peut-être bien changé depuis !
Lefteris
Lefteris
Esprit sacré

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par Lefteris Sam 29 Jan - 18:05
LolVstein8 a écrit:
tout d'abord au sujet des affectations: j'ai vraiment peur d'être envoyée loin de mon académie d'origine et ne me vois pas du tout vivre loin de Paris. Je pensais, très bêtement, j'en conviens, qu'en tant que normalienne agrégée j'aurais eu plus de chances d'avoir mes premiers choix mais je vois bien que ce n'est pas tout à fait vrai...
C'est même tout à fait faux hormis postes à profil. Tu passeras au mouvement sinon, comme tous les enseignants. Ceci dit, les académies de Créteil et Versailles ne t'éloigneront pas de Paris.


Je me demande donc : en tant que nouveau prof, peut-on vraiment pour l'année de titularisation être envoyé n'importe où en France sans possibilité ensuite de mutation avant plusieurs années d'ancienneté? Est-ce que le discours selon lequel on est d'emblée affecté dans un établissement difficile pour un poste que personne ne veut (je caricature mais c'est l'idée) est une idée reçue ou ressemble quand même à ce qu'il en est?
C'est la loterie. L'affectation se fait là où il faut le moins de points, très logiquement. Il arrive que ce soit des établissements en effet peu demandés pour diverses raisons.

mes journées de formation m'ont permis de constater que ce n'est peut-être pas en enseignant que je continuerais de nourrir ma passion pour les lettres (ce qui est au fond ma plus forte envie).
Belle litote... Very Happy
Non, le ravissement, il faudra le trouver en dehors.

tant le métier semble troublé par les problèmes de discipline, problèmes avec l'administration et les parents d'élèves souvent peu intéressés et peu disposés à respecter la classe et le cours.
On n'est pas dans une société où les matières "inutiles" sont valorisées. Donc tout le reste est à l'avenant. Même au sein de l'institution, tu verras dès l'Inspé que les disciplines ne sont pas en odeur de sainteté. "C'est pas le plus important"... Dans ces lieux de transmission, mais de la parole institutionnelle, les agrégés sont parfois mal vus, et les normaliens encore plus. On leur fait parfois bien sentir qu'en réalité, ils ont tout à apprendre, et qu'ils sont déformés par leur idée que les contenus discpilinaires sont essentiels. La dernière que j'ai vue (à titre syndical) était en larmes en raison des réflexions récurrentes dans ce registre.


Désolée pour ce long message dont j'ignore même s'il a sa place ici. J'espère en tout cas que certains pourront et voudront bien m'éclairer. Cela m'aiderait à faire mon choix et à ne pas avoir à le regretter si le moment venu je me rends compte que je n'ai pas les épaules et pas l'envie de m'investir dans ce métier difficile aujourd'hui...
Normalienne, il y a sans doute des possibilités de s'en sortir : le carnet d'adresse, le prestige.

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
Caspar
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Prophète

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par Caspar Sam 29 Jan - 18:07
Comme le dit Lefteris, être normalienne est quand même un bel atout sur un CV, j'imagine que ça ouvre encore des portes.
Adri
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Grand Maître

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par Adri Sam 29 Jan - 18:16
Je crains que cela ne suffise pas, si on n'a pas cultivé un réseau...

Pour l'affectation en fonction du rang au concours pour les agrégés, il me semble que cela avait cours effectivement... pour l'année de stage. 😉Mais ce n'était pas le seul critère.
Marxou
Marxou
Habitué du forum

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par Marxou Sam 29 Jan - 23:15
Je ne suis ni agrégé ni normalien, mais mon conseil serait de fuir l'EN, de ne surtout pas tenter d'y entrer; c'est tellement douloureux et ingrat!
Pendant un certain temps, j'y ai cru, (naïf que j'étais) sacerdoce, foi dans le service public, etc etc.

J'en suis revenu, complètement dépité, déçu, anéanti face au cynisme patent de notre ministère. Tout est fake, tout est faux, par exemple, les évaluations ne veulent plus rien dire, bref, ce boulot n'a plus de sens.
Tu dis être passionnée par les lettres, ta discipline. Tu risques de tomber de très très haut en devant l'enseigner à des collégiens et/ou lycéens qui n'en auront rien à foutre ou presque.  Excuse-moi d'être aussi noir et pessimiste, mais pour moi, ce boulot a perdu tout son sens, ce qui accroît considérablement la difficulté du métier tant de ce dernier exige une énergie dantesque, presque inhumaine au quotidien pour du néant ou presque en terme de résultats.
Pour résumer; l"EN  est dévastée, et cela va aller en s'empirant.
Tu ne mérites pas ça au regard de ta qualification, surtout pas.

Mon conseil:ne rentre surtout pas dans l"EN et va voir ailleurs: tu as de multiples atouts pour ça.
Jenny
Jenny
Médiateur

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par Jenny Dim 30 Jan - 7:28
Aucun souci pour rester en région parisienne. Paris est plus difficile à obtenir, mais se tente pour l’affectation en stage.
Par la suite, il faudra accumuler des points pour y revenir (affectation en REP ou rapprochement de conjoint peuvent y aider. En étant agrégée, tu auras un bonus de points pour les lycées.

Pour le reste, il faut apprécier le contact avec les élèves. Tous les établissements ne se ressemblent pas. Il y a des années où je ne fais quasiment pas de gestion de classe et des années où j’en fais énormément même en lycée… cafe D’une classe à une autre, cela varie beaucoup aussi.
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Sisyphe
Habitué du forum

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par Sisyphe Dim 30 Jan - 7:58
Je ne te conseillerai ni d'entrer ni de renoncer à l'EN. C'est à toi de voir. Moi, j'aime enseigner malgré tout. Mais il faut prendre conscience que c'est un énorme "malgré tout". Il faut avoir envie de transmettre ta passion pour les Lettres comme un prêcheur dans le désert et avec des crachats en guise de reconnaissance.
Par ailleurs, je te mets en garde contre une année de stage qui risque d'être particulièrement pénible pour toi, puisque tu es normalienne. Il y a dans l'EN des personnes malfaisantes et jalouses auprès desquelles ils ne fait pas bon d'avoir un niveau intellectuel supérieur. Tes erreurs de débutantes dans la gestion de classe seront lues à l'aune de cette réussite : avec la satisfaction du médiocre qui peut trouver à redire chez l'autre qui lui est reconnu comme supérieur intellectuellement. Il va falloir avaler des couleuvres, écouter des conseils ineptes, écrire un mémoire à la gloire de l'EN dans lequel tu remercieras l'institution de t'avoir ouvert les yeux sur ce qui te manquait et même acheter, lire et citer du Philippe Meirieu.
Pour moi le désintérêt des élèves est supportable. C'est mon travail de professeur de les faire travailler quand même. Le mépris de la population et des parents me fatigue mais m'atteint peu. Je suis blessée par celui de l'institution, révoltée contre le mensonge permanent, ulcérée quand je suis empêchée d'enseigner et que l'on fait de moi la complice d'une éducation au rabais pour les enfants de France.
Hélips
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Prophète

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par Hélips Dim 30 Jan - 8:10
Sisyphe a écrit:
Par ailleurs, je te mets en garde contre une année de stage qui risque d'être particulièrement pénible pour toi, puisque tu es normalienne. Il y a dans l'EN des personnes malfaisantes et jalouses auprès desquelles ils ne fait pas bon d'avoir un niveau intellectuel supérieur. Tes erreurs de débutantes dans la gestion de classe seront lues à l'aune de cette réussite : avec la satisfaction du médiocre qui peut trouver à redire chez l'autre qui lui est reconnu comme supérieur intellectuellement.
Il y en a, je ne le nie pas, mais j'ai rencontré davantage de gens indifférents ou positifs face à l'information "normalien" accolé à "stagiaire". Dans mon cas, cela m'a permis d'avoir une paix royale avec l'un des tuteurs avec qui les relations s'annonçaient pourtant délicates.

_________________
Un jour, je serai prof, comme ça je serai toujours en vacances.
Maju
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par Maju Dim 30 Jan - 8:16
Les réponses sur les conditions d'affectation t'ont été données, je n'y reviens pas.
J'ai toujours pensé que la littérature était un apport essentiel à la construction des individus. Je le pense toujours, cela a fait partie de mes raisons de choisir ce métier, mais j'avais avant tout envie de travailler avec des adolescents et de transmettre.
Je pense que c'est primordial: ta passion de la littérature ne trouvera pas forcément à s'exprimer dans chacun de tes cours, face à chacun de tes élèves, et cela peut être source de frustration, voire de souffrance si c'est ce que tu considérés comme le plus important. Mais la transmission est au cœur de chaque situation de cours et de preparation, et franchement, c'est ce qui fait que je prends du plaisir dans mon travail.
Comme beaucoup ici, le rapport à l'institution et à ce qu'elle devient est plus difficile à vivre, mais dans mon cas (et chaque situation est très personnelle selon ce qu'on enseigne, où et à quel public), le plaisir du travail avec les élèves l'emporte pour l'instant.
Maju
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Fidèle du forum

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par Maju Dim 30 Jan - 8:22
Sisyphe a écrit:.Par ailleurs, je te mets en garde contre une année de stage qui risque d'être particulièrement pénible pour toi, puisque tu es normalienne. Il y a dans l'EN des personnes malfaisantes et jalouses auprès desquelles ils ne fait pas bon d'avoir un niveau intellectuel supérieur.
Cela arrive sûrement, mais j'ai eu aussi l'occasion de voir l'inverse dans mon entourage, avec un stagiaire normalien mais aussi avec un stagiaire surdiplomé, qui ont été bien accueillis. Le fait que tous les deux aient fait le choix de l'enseignement parmi les autres possibilités qui leur étaient offertes avait joué, je pense, ainsi que l'admiration pour leur parcours.
Bartlebooth
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par Bartlebooth Dim 30 Jan - 9:20
Bon, en tant que normalienne tu coches une case intéressante pour une future candidature en classe préparatoire ou dans le supérieur comme prag... Je trouve que  ce n’est  pas négligeable comme possibilité.
LolVstein8
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par LolVstein8 Dim 30 Jan - 9:41
Bonjour à tous,

Merci infiniment de vos réponses, nombreuses et toutes éclairantes à leur façon!

Au sujet du système d'affectation, cela confirme plus ou moins ce que je pensais. Je réponds au dernier message concernant la possibilité d'obtenir un poste en prepa ou dans l'enseignement supérieur (je suis désolée, je ne sais pas comment faire pour répondre individuellement) : je ne l'ignore pas. Néanmoins l'expérience de mes camarades de l'ENS montre que c'est devenu très compliqué d'obtenir un poste à la sortie de l'école et cela reste également compliqué après plusieurs années d'enseignement dans le secondaire si on n'a pas choisi de faire une thèse. J'ai pourtant gardé contact avec mes profs de prepa, ce qui pourrait aider, mais je ne compte pas beaucoup sur cet éventuel appui car cela reste incertain et d'une certaine manière aléatoire. Par ailleurs je n'ai pas du tout envie de m'engager 4 voire 5 années de plus dans une thèse. Pour tout vous dire je sature un peu et aimerais vraiment voir la fin de mon parcours (3 ans de prepa, + 4 ans d'ENS)...

Concernant la difficulté d'enseigner aujourd'hui, il est rassurant de constater qu'elle n'est pas présente partout de manière égale et à tous les égards. Mais j'ai quand même l'impression, encore une fois, qu'il y a une part de hasard et qu'il est impossible de généraliser (ce qui en soi est une bonne nouvelle).

Du reste je vous remercie car vos messages vont me permettre de réfléchir, dans le temps qu'il me reste, à mes motivations réelles: je comprends bien que désirer par-dessus tout faire de la littérature toute ma vie ne suffit pas et ne veut rien dire en soi si l'on considère la réalité du métier d'enseignant qui implique bien d'autres choses: le plaisir de transmettre sa passion, avant tout, mais peut-être pas toujours suffisant non plus ...J'éprouve l'envie de transmettre mon savoir, mais ne suis pas sûre que celle-ci reste inentamée face aux difficultés que je pourrais rencontrer : le manque de respect, l'ingratitude (qui est peut-être une difficulté moindre), le désintéressement total...

Quant aux autres possibilités qui s'offrent à moi, elles ne sont pas si nombreuses contrairement à ce que l'on pourrait penser! En tant que fonctionnaire-stagiaire je fais déjà partie de l'éducation nationale et peux très bien choisir de ne pas en devenir titulaire, mais je reste quoi qu'il en soit dans l'obligation de travailler pour l'Etat jusqu'au terme de mon engagement décennal. Or, je peine à trouver un métier qui puisse remplir ces conditions, tout en satisfaisant mon désir de rester au contact des textes. Les débouchés d'un master de lettres me semblent assez limités, même si on sort de l'ENS...

Je vais prendre le temps de relire tous vos messages et même si je n'ai sans doute pas répondu à tout, merci, sincèrement, et bon courage à vous qui faites (et ça, je le penserai toujours) le plus beau métier du monde.
Ruthven
Ruthven
Guide spirituel

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par Ruthven Dim 30 Jan - 9:41
Il est très rare que les Prag en LM soient à profil littérature au sens strict (beaucoup de langue, ou de didactique) ; pour les postes en prépa, il y aura aussi la concurrence des normaliens avec une thèse.

Tu n'envisages pas de faire une thèse après l'agrégation ? Tu validerais ton stage avec ta charge d'enseignement (tous les CDSN ne sont pas en région parisienne, mais tu peux être aisément turbo-prof avec le peu d'heures à assurer) et cela rentrerait dans le décompte de l'engagement décennal.
Cela ne garantit certes pas un poste ensuite à l'université ou même en prépa ; mais pour la prépa, cela reste une possibilité non négligeable (pour l'université, l'effondrement des effectifs des départements de lettres et la faiblesse du nombre de postes rend la prévision très aléatoire).

Un stage d'un mois dans un collège devrait aussi t'éclairer sur le métier (on peut trouver une réelle satisfaction à enseigner malgré l'institution).
LolVstein8
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par LolVstein8 Dim 30 Jan - 9:46
Pour le moment je n'envisage pas du tout la thèse: cela me semble fastidieux, un travail solitaire derrière son ordinateur et entouré de livres: j'adorais ça à 20 ans et j'aime toujours réfléchir avec des textes littéraires, mais j'ai désormais envie de vivre d'autres choses. Je me trompe peut-être mais en tout cas l'idée de poursuivre mes études pendant 4 ans avec un statut mi-fonctionnaire mi-étudiant et des engagements universitaires ne me réjouit guère...

Pour le stage j'y ai pensé mais n'ai pas eu le temps de le placer dans ma scolarité pour le moment..! Il est vrai que je ne devrais pas y renoncer totalement mais j'ai peur que cela m'influence dans mon choix, d'autant plus que les situations ont l'air sensiblement différentes d'un établissement à l'autre, d'une classe à l'autre etc...
Zetitcheur
Zetitcheur
Habitué du forum

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par Zetitcheur Dim 30 Jan - 9:59
Ruthven a écrit:Il est très rare que les Prag en LM soient à profil littérature au sens strict (beaucoup de langue, ou de didactique) ; pour les postes en prépa, il y aura aussi la concurrence des normaliens avec une thèse.

Tu n'envisages pas de faire une thèse après l'agrégation ? Tu validerais ton stage avec ta charge d'enseignement (tous les CDSN ne sont pas en région parisienne, mais tu peux être aisément turbo-prof avec le peu d'heures à assurer) et cela rentrerait dans le décompte de l'engagement décennal.
Cela ne garantit certes pas un poste ensuite à l'université ou même en prépa ; mais pour la prépa, cela reste une possibilité non négligeable (pour l'université, l'effondrement des effectifs des départements de lettres et la faiblesse du nombre de postes rend la prévision très aléatoire).

Un stage d'un mois dans un collège devrait aussi t'éclairer sur le métier (on peut trouver une réelle satisfaction à enseigner malgré l'institution).
Il n’y a pas très longtemps, j’ai connu une normalienne qui avait obtenu un poste en CPGE dès sa sortie de stage ; elle avait cependant posé des candidatures comme Prag “au cas où” ce poste lui aurait échappé. À terme il est clair que son objectif était de toute façon d’être en prépa et qu’elle aurait quitté son poste de Prag dès qu’elle aurait obtenu satisfaction.
Tout cela peut te fournir des pistes, je l’espère.
Pour la thèse je comprends totalement, j’ai ressenti la même chose après le DEA, et ce malgré ma passion pour la recherche. J’avais envie de sortir ma tête des bouquins, je ne savais pas m’arrêter !
Concernant le regard sur les normaliens et/ou agrégés, il y a toujours eu des personnes mal à l’aise, mais j’ose croire que c’est une minorité. Pendant l’année de stage certains agrégés s’étaient fait snober (“si j’avais su avant, je ne t’aurais pas parlé”) ; pas sympa, pourtant je pense que ce n’est pas exclusif à notre métier et qu’il y a des personnes comme cela un peu partout (malheureusement).


Dernière édition par Zetitcheur le Dim 30 Jan - 10:09, édité 1 fois
Ruthven
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Guide spirituel

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par Ruthven Dim 30 Jan - 10:08
Zetitcheur a écrit:
Il n’y a pas très longtemps, j’ai connu une normalienne qui avait obtenu un poste en CPGE dès sa sortie de stage.

En lettres modernes ?
LolVstein8
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par LolVstein8 Dim 30 Jan - 10:09
Merci de votre réponse! Est-ce que la normalienne dont vous me parlez a fait une thèse en plus de son agrégation? Ou bien vous faites référence au stage qui suit directement l'admission au concours? C'est une piste intéressante en effet et cela m'étonne car j'entends autour de moi que certains ont dû enseigner une ou plusieurs dizaines d'années dans le secondaire avant d'obtenir un poste en prepa! (à moins d'arriver 1er à l'agrégation peut-être mais ce n'est pas un objectif)

Et oui c'est exactement mon sentiment: j'ai envie de sortir la tête des bouquins et de vivre autre chose! Je ressens déjà ça en rédigeant mon mémoire: je prends plaisir à le faire, ce travail de recherche sur un sujet que j'ai choisi et que j'adore me plaît mais pas assez pour m'y consacrer pleinement et surtout pas durablement: il y a toujours un moment où j'ai le sentiment de brasser du vent, si je puis dire... (et pourtant, croyez-bien que ce sont les lettres qui m'animent en grande partie mais je cherche un autre moyen de nourrir et d'exprimer cette passion disons )
Zetitcheur
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par Zetitcheur Dim 30 Jan - 10:14
Cette jeune normalienne venait de faire son stage suite au concours en effet. Et c’était en Anglais, la situation n’est donc pas forcément la même. Mais c’est un parcours intéressant.
Adri
Adri
Grand Maître

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par Adri Dim 30 Jan - 10:14
LolVstein8, je me retrouve dans ton propos d'envie de faire autre chose, de ne pas prolonger les études par une thèse encore.
Après mon DEA - à l'époque Rolling Eyes - et l'agrégation, j'ai donc commencé à enseigner (autre temps, autre matière).

J'adore mon boulot (mais pas les conditions dans lesquelles on nous le fait exercer, pas le salaire qui ne correspond pas...).
Avec le recul, je me suis dit un certain nombre de fois, qu'en ne faisant pas une thèse dans la continuité, j'avais opté pour une voie différente. Et que ce choix, je l'assumais aujourd'hui.
Evidemment, on peut toujours faire une thèse après, sauf que les circonstances de la vie rendent cela beaucoup plus compliqué (ce n'est que mon avis).
C'est donc un choix à bien peser.
Ce qu'il est possible de faire juste après l'agreg, dans la continuité de l'ENS, cela ne se représentera plus jamais dans la même configuration.

Aujourd'hui, je suis prof en collège, et je me sens utile et compétente. (Les premières années de collège, je l'ai mal vécu, en tout début de carrière : l'impression d'un appauvrissement intellectuel sévère... Mon point de vue a changé avec l'expérience, et l'adaptation nécessaire à la réalité.)
Matteo
Matteo
Niveau 10

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par Matteo Dim 30 Jan - 10:23
Vous êtes tenue à l'engagement décennal mais ce n'est pas du tout un absolu, nombreux sont ceux qui se le font racheter. Mais aussi, c'est un engagement à servir l'Etat, pas du tout un engagement à aller dans l'EN. Vous pouvez tout à fait passer un autre concours. Je sais que les diplomates adorent les normaliens littéraires. Ce sont eux qui ont monté le réseau culturel français à l'étranger et ils continuent de le tenir.

Ulm a maintenant une prep'ENA avec Paris I qui marche très très bien et il me semble qu'en tant que normalienne l'entrée est de droit.
sinan
sinan
Niveau 9

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par sinan Dim 30 Jan - 10:37
C'est tout de même assez difficile de vous répondre vraiment. Personnellement j'apprécie vraiment d'enseigner la littérature à mes lycéens remuants de banlieue, et les conditions déplorables relevées moult fois ici concernant la situation générale de l'EN ne m'affectent pas outre mesure. J'aime m'adresser à leur intelligence, les faire réfléchir aux enjeux des textes, décortiquer des problèmes grammaticaux. Mais j'aurais dû mal à cerner les raisons pour lesquelles je parviens, malgré tout, à trouver du plaisir et de l'intérêt à mon métier. Cela doit être un mélange de naïveté, d'optimisme, de conviction morale...
Ascagne
Ascagne
Grand sage

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par Ascagne Dim 30 Jan - 10:55
Bonjour,
Même si certaines évolutions récentes font douter et même si cela dépend de l'école doctorale et de l'équipe de recherche en question, le rôle de doctorant est tout de même différent de celui d'étudiant. Bien entendu, il faut vouloir faire une thèse (même pour la "gloire"...), aimer la recherche et se sentir bien dans le monde universitaire (là encore, ça dépend de facteurs divers). En revanche, si tu sens déjà de la saturation, c'est peut-être en effet une mauvaise idée. Mais je me dis aussi que c'est plus compliqué de se lancer en thèse plus tard si l'envie vient tardivement.

Être parisienne représente un avantage certain si tu es nommée dans les académies franciliennes* : pas de déracinement complet, mais il y a bel et bien des établissements plus éloignés de Paris dans ces académies.

Concernant le métier d'enseignant du secondaire, je vais parler de ce que je connais pour le lycée : c'est strictement ma propre expérience (j'en suis au milieu de ma troisième année en lycée) :
- c'est un métier qui demande des compétences relationnelles particulières (on est face à des jeunes, on doit contacter des parents) et je trouve mon tempérament (introverti tête dans la lune) vraiment très peu adapté à l'affaire (alors qu'à l'université, ça va). Cette année, comme je suis professeur principal, c'est encore pire, pour ainsi dire.
- on peut tomber sur de grandes variations selon les établissements et les classes. Je ne suis passé que par deux lycées et je n'ai vu que quelques classes, mais j'en tire l'idée qu'il y a quand même un problème général du côté de la maturité (enfin, de l'immaturité) de pas mal d'élèves et du comportement. On peut tomber sur le pire, aussi, ce n'est pas impossible et c'est très déstabilisant, surtout quand on a un profil très axé sur l'amour des Lettres**.
- il faut aimer la pédagogie... qui n'est pas juste de la vulgarisation appliquée aux jeunes.
- bon, "le français", ce n'est pas la même chose que les Lettres ou que les disciplines universitaires, évidemment - et puis le français au lycée, surtout en première, c'est plutôt l'usine.
- on peut tirer du métier la satisfaction de faire quelque chose de concret et d'utile, socialement parlant (c'est plus sensible qu'à la fac ou que quand on fait de la recherche "non appliquée', haha), mais c'est compensé par le manque de reconnaissance et par les contrariétés de ce même travail de terrain.
- c'est aussi parfois déprimant pour pas mal de raisons : les contradictions de l'institution/des programmes (8 œuvres/an pour des élèves qui font 45 fautes de grammaire/syntaxe en moins d'une copie double ?), certains rapports avec des élèves et leurs parents, le sentiment d'être dans la roue d'Ixion et de se retrouver sans cesse face aux mêmes problèmes...

À titre encore plus personnel, j'ai fait une très grosse dépression lors de ma première affectation - c'était mission impossible, en fait, même si j'ai "survécu". Cela va mieux dans mon nouvel établissement... Mais au fond, si je n'avais pas d'aspirations universitaires, j'aurais déjà bifurqué.
Je trouve que le métier peut être particulièrement difficile selon le tempérament/le profil. Il est possible de le vivre très mal, là où ailleurs il y a des échappatoires.

* J'ai d'ailleurs remarqué que les collègues parisiens/franciliens avaient un peu de mal, parfois, à comprendre cet aspect (j'écris cela en tant que célibataire sans enfant, avec comme terres d'attache Bordeaux et le 17).

** Je ne suis peut-être pas le seul à entrer dans des colères noires quand des élèves font les *** pendant qu'on fait la lecture des joyaux de la littérature. Rolling Eyes
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