- NoukaExpert
Bonsoir à tous,
Je ne sais pas si le sujet a déjà été évoqué, en tout cas je n'ai pas trouvé.
Je suis vacataire dans une université depuis 4 ans et dans une semaine pour la 1ere fois je vais avoir un CM en amphi avec 60 étudiants environ. Jusque-là je n'ai eu que des petits groupes de 20 maximum c'était donc un enseignement "classique". Mais là c'est peut-être bête mais ça me stresse beaucoup. Je ne sais pas comment aborder ce cours. Il est évident que dans une telle configuration il faut oublier les questions-réponses (non ?) mais il m'est impossible faire 1h30 de cours magistral unilatéral, je vais en perdre la moitié sans compter qu'à ce niveau-là ils ne se gênent pas pour parler, s'occuper derriere leur ordi ou pianoter sur leur telephone... Je précise qu'il s'agit d'étudiants en DUT dont le français n'est pas la matiere favorite...
Auriez-vous des petits conseils ?
Je ne sais pas si le sujet a déjà été évoqué, en tout cas je n'ai pas trouvé.
Je suis vacataire dans une université depuis 4 ans et dans une semaine pour la 1ere fois je vais avoir un CM en amphi avec 60 étudiants environ. Jusque-là je n'ai eu que des petits groupes de 20 maximum c'était donc un enseignement "classique". Mais là c'est peut-être bête mais ça me stresse beaucoup. Je ne sais pas comment aborder ce cours. Il est évident que dans une telle configuration il faut oublier les questions-réponses (non ?) mais il m'est impossible faire 1h30 de cours magistral unilatéral, je vais en perdre la moitié sans compter qu'à ce niveau-là ils ne se gênent pas pour parler, s'occuper derriere leur ordi ou pianoter sur leur telephone... Je précise qu'il s'agit d'étudiants en DUT dont le français n'est pas la matiere favorite...
Auriez-vous des petits conseils ?
_________________
En disponibilité
- egometDoyen
Tout d'abord, un jeu de questions-réponses peut facilement perdre la majorité de la classe aussi. Et pas besoin d'avoir 60 élèves. En général, une discussion de classe se joue avec 4 ou 5 élèves motivés, tandis que les autres font semblant d'écouter (ou ne font même pas semblant). On le voit tout le temps dans les classes de langue à 25 élèves. Je ne dis pas qu'un cours socratique est impossible, mais il faut bien savoir où l'on va et avoir une vraie stratégie pour questionner les élèves. Par exemple, ne pas se reposer uniquement sur les volontaires et choisir soi-même ceux qui vont répondre, donner un temps de réflexion pour les questions délicates ou annoncer le sujet du cours pour que les élèves aient le temps de préparer.
Même à 60, les questions restent utiles et il est bon d'interpeler la classe régulièrement. L'attention ne dure qu'entre 5 et 10 minutes de toute façon. Il faut donc la relancer à peu près à ce rythme-là. Des questions bien ciblées peuvent aider. Dans l'autre sens, l'appel aux questions peut toujours se faire, même devant 200 personnes. Il faut juste savoir interrompre la session.
Au niveau universitaire, on attend de vous un cours avec une certaine densité, quelle que soit la stratégie employée. Le cours magistral s'y prête assez bien. Ca s'optimise par exemple en structurant bien le cours, voire en le rédigeant. L'avantage, c'est que vous gagnez en profondeur. C'est une bonne occasion d'aller au fond des problèmes. L'inconvénient, c'est que vous perdez en interaction. Mais ne perdez pas espoir et n'oubliez pas que les gens paient, parfois très cher, pour écouter une bonne conférence. On nous dit souvent qu'il ne faut pas lire. J'ai fait des cours rédigés. Ca ne m'a jamais empêché de modifier mon discours au dernier moment, ou de m'interrompre pour une digression bien sentie. Mais on ne peut le faire que sur un texte qu'on a soi-même rédigé. Bien sûr, c'est encore mieux quand le conférencier n'a pas besoin de ses notes. Mais attention à ne pas se perdre dans ses pensées. N'improvisent que les orateurs très entraînés.
L'essentiel dépend de la qualité de votre problématique. Il faut très bien soigner ses accroches pour faire ressentir très vite les enjeux du sujet traité. La bonne méthode est de faire naître le doute. Vous pensez que l'humour a une vertu morale et corrige le vice? Mais n'avez-vous jamais moqué un de vos camarades injustement? Dans quelle catégorie placeriez-vous les blagues que vous échangez avec vos potes? Sexe, blasphème ou racisme?
Ensuite, une bonne vieille rhétorique fera le reste du travail. Disposition, élocution, révisez vos classiques. L'attitude corporelle et le travail de la voix maintiendront le public éveillé. Soyez juste dans votre voix, ferme, mesuré et docte la plupart du temps. Sachez insinuer quand il faut introduire une remarque étonnante. Soyez tonitruant si vous citez Hugo.
Comme je l'ai dit plus haut, il faut récupérer l'attention toutes les 5 minutes. Tous les moyens sont bons: une blagues salace, c'est souverain. Une image bien percutante fera l'affaire. Pousser la chansonnette, si le sujet s'y prête. Déclamer quelques vers par surprise vous forgera une réputation. Pour rester dans un registre raisonnable, une question un peu déstabilisante suffira. Je me rappelle encore quand notre professeur de philosophie nous demandait ce que nous ferions pour occuper nos journées en prison. A la limite, un silence bien pesé fera ressortir un moment important dans la réflexion. "Bon, maintenant, je dois clarifier quelque chose. [silence] Du point de vue français, la Chine n'est une démocratie."
Amusez-vous bien!
Même à 60, les questions restent utiles et il est bon d'interpeler la classe régulièrement. L'attention ne dure qu'entre 5 et 10 minutes de toute façon. Il faut donc la relancer à peu près à ce rythme-là. Des questions bien ciblées peuvent aider. Dans l'autre sens, l'appel aux questions peut toujours se faire, même devant 200 personnes. Il faut juste savoir interrompre la session.
Au niveau universitaire, on attend de vous un cours avec une certaine densité, quelle que soit la stratégie employée. Le cours magistral s'y prête assez bien. Ca s'optimise par exemple en structurant bien le cours, voire en le rédigeant. L'avantage, c'est que vous gagnez en profondeur. C'est une bonne occasion d'aller au fond des problèmes. L'inconvénient, c'est que vous perdez en interaction. Mais ne perdez pas espoir et n'oubliez pas que les gens paient, parfois très cher, pour écouter une bonne conférence. On nous dit souvent qu'il ne faut pas lire. J'ai fait des cours rédigés. Ca ne m'a jamais empêché de modifier mon discours au dernier moment, ou de m'interrompre pour une digression bien sentie. Mais on ne peut le faire que sur un texte qu'on a soi-même rédigé. Bien sûr, c'est encore mieux quand le conférencier n'a pas besoin de ses notes. Mais attention à ne pas se perdre dans ses pensées. N'improvisent que les orateurs très entraînés.
L'essentiel dépend de la qualité de votre problématique. Il faut très bien soigner ses accroches pour faire ressentir très vite les enjeux du sujet traité. La bonne méthode est de faire naître le doute. Vous pensez que l'humour a une vertu morale et corrige le vice? Mais n'avez-vous jamais moqué un de vos camarades injustement? Dans quelle catégorie placeriez-vous les blagues que vous échangez avec vos potes? Sexe, blasphème ou racisme?
Ensuite, une bonne vieille rhétorique fera le reste du travail. Disposition, élocution, révisez vos classiques. L'attitude corporelle et le travail de la voix maintiendront le public éveillé. Soyez juste dans votre voix, ferme, mesuré et docte la plupart du temps. Sachez insinuer quand il faut introduire une remarque étonnante. Soyez tonitruant si vous citez Hugo.
Comme je l'ai dit plus haut, il faut récupérer l'attention toutes les 5 minutes. Tous les moyens sont bons: une blagues salace, c'est souverain. Une image bien percutante fera l'affaire. Pousser la chansonnette, si le sujet s'y prête. Déclamer quelques vers par surprise vous forgera une réputation. Pour rester dans un registre raisonnable, une question un peu déstabilisante suffira. Je me rappelle encore quand notre professeur de philosophie nous demandait ce que nous ferions pour occuper nos journées en prison. A la limite, un silence bien pesé fera ressortir un moment important dans la réflexion. "Bon, maintenant, je dois clarifier quelque chose. [silence] Du point de vue français, la Chine n'est une démocratie."
Amusez-vous bien!
- egometDoyen
Sinon, pour faire la surprise, bien soigner sa chute.
Je veux dire, bien soigner sa chute... physiquement. A plusieurs reprises, j'ai fait semblant de tomber en classe, pour illustrer certains aspects de l'humour. Il ne s'agit au fond que d'illustrer son propos dans une situation concrète.
Des années après, mes élèves m'ont demandé si c'était pour de vrai ou pas.
Je veux dire, bien soigner sa chute... physiquement. A plusieurs reprises, j'ai fait semblant de tomber en classe, pour illustrer certains aspects de l'humour. Il ne s'agit au fond que d'illustrer son propos dans une situation concrète.
Des années après, mes élèves m'ont demandé si c'était pour de vrai ou pas.
- MiniloupiotteNiveau 7
Et puis, Nouka, tu ne seras pas "sans filet", ni tes étudiants. Peut-être leur distribueras-tu au début un exemplier, avec des extraits numérotés, auxquels tu les renverras au fur et à mesure de ton cours. Là, ce sera toi qui liras toi-même les extraits, j'imagine. (Mais je n'ai fait des vacations que pour des TD, pas pour des CM). Tu vas sûrement projeter aussi ton plan, des documents. Ils pourront ainsi se raccrocher aux titres s'ils sont perdus. Peut-être peux-tu faire des petites synthèses avant d'aborder chaque nouvelle partie. Pour l'humour, je suis d'accord avec egomet, ça raccroche bien ceux qui relâchent l'attention, ça montre qu'il ne faut pas en perdre une miette si tout le monde rit et qu'on n'a pas suivi ! Tu peux peut-être trouver une iconographie stimulante en lien avec ton thème (exemple : petit extrait de Kaameloot ou des Monty Python si tu traites de la littérature médiévale). Verifie bien l'aspect technique pour ce que tu dois projeter ! Dis-toi que ça doit rester un plaisir pour toi, tu as bien ta place devant cet amphi, et tu vas communiquer ce plaisir aux étudiants face à toi !
- PonocratesExpert spécialisé
Certaines universités ont des mallettes contenant le matériel nécessaire - télécommandes individuels- pour faire "voter" les étudiants, et projettent immédiatement les résultats. Mais cela suppose de la part de l'enseignant un gros travail en amont de préparation des questions -pour projeter les quatre réponses possibles à chaque fois que l'on pose les questions.
Cela permet, entre autres, de s'assurer que les étudiants ont compris un point que l'on vient d'expliquer - en posant une question plus ou moins piège. Ceux qui choisissent le dispositif n'en disent que du bien - on s'en doute...Mais je doute qu'à une semaine vous ayez le temps de mettre cela au point.
Cela permet, entre autres, de s'assurer que les étudiants ont compris un point que l'on vient d'expliquer - en posant une question plus ou moins piège. Ceux qui choisissent le dispositif n'en disent que du bien - on s'en doute...Mais je doute qu'à une semaine vous ayez le temps de mettre cela au point.
_________________
"If you think education is too expensive, try ignorance ! "
"As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? "
- RuthvenGuide spirituel
Je n'ai pas vraiment vu de différence entre petit CM pour des non-spécialites (effectif autour de 100) et cours habituel ; la possibilité de l'interaction avec les étudiants m'avait d'ailleurs surpris. S'ils ne sont pas spontanément impliqués, tu peux prévoir un rythme - 25 minutes de cours / 5-10 minutes de question ; faute de matériel, tu peux aussi faire voter à main levée pour des questionnaires de synthèse (ou des cartons colorés !). Ne pas oublier le tableau : je préfère écrire le plan au fur et à mesure de l'avancée plutôt que le powerpoint (j'avais tenté la projection, et ils recopiaient alors sans écouter).
- issoireNiveau 9
J’ai fait cours en amphi aussi en DUT ( fin de journée) 200 élèves. Point positif on fait moins d’heures ( pondération 1 H amphi= 1H30 en classe il me semble). Sinon la veille je n’ai pas dormi. face aux élèves, ils attendent que vous parliez alors il faut se lancer: projection du cours, quelques exercices ( je suis en compta), cela passe. Par contre manque d’interactivité, et des moments de solitude ( des élèves qui rentrent ou qui sortent, pas de bruit certains dorment ?). Avec le temps j’ai projeté des polys a trou, cela plaisait, utilisation de quelques video youtube aussi pour alléger . Dans tout les cas bien connaître son cours pour ne pas lire devant eux. Et a la fin un partiel avec 200 copies à corriger ( mais j’étais libre de la forme du devoir, j’ai fait un QCM). Peut- être pourriez- vous assister aux cours de certains de vos collègues pour voir quelles sont leurs méthodes, je n’ai pas eu « connaissance de mallette « dans cet IUT dommage.
- RogerMartinBon génie
Regarde si tu peux avoir un visualiseur (ou épiscope : en gros c'est une webcam dirigée vers le bas, qui filme ce que tu poses dessous) -- avec un tel effectif ça te permet à la fois de montrer des passages de ton exemplier et aussi d'utiliser une feuille comme tableau pour indiquer les parties du cours, ou noter des mots difficiles. Tous les avantages du pwp sans l'effet pervers que pointe Ruthven.
Je te conseillerais bien une ou deux pages d'exemples/textes pour 1h de cours.
Si tu ne l'as jamais fait, une semaine c'est un peu court pour te lancer dans une préparation de sondages, activités en ligne, etc.
Ce qui marche bien -- mais il faut qu'ils aient à peu près suivi... -- c'est aussi d'arrêter le cours en plein milieu pour 5 minutes de questions, de reprises de leurs notes. Et toi ça te permet de reprendre tes esprits si tu en a besoin ;-)
Je te conseillerais bien une ou deux pages d'exemples/textes pour 1h de cours.
Si tu ne l'as jamais fait, une semaine c'est un peu court pour te lancer dans une préparation de sondages, activités en ligne, etc.
Ce qui marche bien -- mais il faut qu'ils aient à peu près suivi... -- c'est aussi d'arrêter le cours en plein milieu pour 5 minutes de questions, de reprises de leurs notes. Et toi ça te permet de reprendre tes esprits si tu en a besoin ;-)
- NoukaExpert
Merci pour vos réponses et idées. J'avoue que ça me terrifie encore plus car j'ai peu de temps (une semaine) pour me préparer et je n'ai aucun matériel à part des photocops, mon ordi et une videoprojecteur. Du coup je procrastine, je fais tout le reste sauf ce cours...
_________________
En disponibilité
- Cours magistraux : Dictée ou polycopiés ?
- Même les élèves réclament...des cours magistraux... (eh oui ) !
- L'école du futur sans cours magistraux ...
- Seconde: activités ou cours magistraux en histoire littéraire?
- Les technologies numériques et les TD sont-ils voués à remplacer les cours magistraux en université ?
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum