Prof et dépression : comment s'en sortir?

MC311 a écrit:

Nemaki123 a écrit:Bonjour,

En ce moment je ne suis plus assez forte mentalement pour arriver à faire cours devant une classe d'ados pas forcément très bienveillants.
J'ai des pensée suicidaires, je fais des insomnies, ma balance fait le yoyo... Bref je suis tombée en dépression à cause du boulot.
Je suis pour l'instant en arrêt maladie pour un mois... Mais après?
Ma dépression a été favorisée par le fait que j'ai essentiellement des 3e cette année (6 classes)... Un niveau avec lequel je n'arrive pas. Il est différent des autres niveaux, j'ai l'impression qu'ils sont dans un autre monde que le mien. Je n'arrive pas à bien travailler avec eux.

Y a t'il des personnes qui sont dans le même cas que le mien? Comment vous en êtes-vous sortie? Etes-vous arrivé à revenir faire cours devant les élèves?

J'ai peur aussi pour mon salaire si je suis en congé longue maladie...

Ton arrêt étant lié aux conditions de travail, tu peux prendre un CITIS (lien d'info sur le CITIS : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F33252#:~:text=Le%20fonctionnaire%20en%20incapacit%C3%A9%20temporaire,accord%C3%A9%20sur%20demande%20du%20fonctionnaire). C'est un arrêt maladie mais comme il est imputable au service le décompte des jours "maladie" n'est pas le même (pas de 1/2 traitement après 3 mois). La difficulté est que certains médecins sont réticents à le fournir. Ils jugent que, par exemple, une dépression n'est pas uniquement due au travail. C'est au patient de réclamer le CITIS au médecin. C'est à notre administration de prouver que l'arrêt n'est pas imputable au service.

Bon courage.

Le CITIS est soumis à l'évaluation d'un expert médical. Autant dire que si cela vient des conditions structurelles d'exercice, aucune chance que cela soit reconnu.

Spoiler:

Bonjour Nemaki
tu poses la question de 1 mois et après?
eh bien si au bout d'un mois tu ne te sens pas de retrouver les élèves, tu expliqueras ça à ton médecin et tu te reposeras un autre mois.
C'est un droit, tu cotises pour ça, il n'y a pas à culpabiliser ou quoi.
Tu as droit à 3 mois à taux plein, si tu as besoin de 3 mois, tu te reposes 3 mois.
Je suis passée par là, je pense que c'est normal que le médecin te prescrive un arrêt d'un mois et pas plus. ( si c'était aussi ça ta question!) il ne va pas t'arrêter 3 mois d'emblée, et ce n'est pas fait pour te mettre la pression ( genre cocotte, faudrait pas que t'abuses, sois déjà bien contente d'avoir un mois pour te poser)
Donc n'hésite pas à retourner le voir quand tu arrives au bout de ce mois, si tu te sens encore fragile. Il n'y a aucune raison qu'il te refuse cette prolongation s'il voit bien que tu n'es pas bien. Tu y auras droit et ça te fera du bien.

Mets toi déjà sereinement dans cette disposition d'esprit: tu peux encore te reposer plus longtemps sans perdre de salaire.

Maintenant, je parle là de mon expérience perso: quand j'en suis arrivée à prendre cet arrêt, je suis restée 40
jours sans sortir de chez moi. ( sportive et avec la bougeotte en règle générale)
Ça m'a permis de retrouver du calme à l'intérieur. J'avais juste besoin de ça: plus un bruit.
Au bout de ces 40 jours, j'ai rencontré une psychologue ( possibilité de plusiuers rv gratuits av la mgen) et cette rencontre m'a fait un bien fou: déculpabilisante , motivante, intéressante.
A partir de là seulement j'ai commencé à réfléchir à la suite.
( j'ai fini par quitter l'E.N)

Donc: même si on a chacun notre façon perso de réagir, je pense qu'il faut prendre le temps avant de commencer à s'angoisser sur le "et après?"

Bien sûr, à un moment, il faudra que tu passes par un peu ( ou beaucoup) d'introspection sur tes choix, est ce que c'est le bon métier? comment tu peux adapter tout ça, Comment ton poste peut évoluer? quelles formations faire pour mieux appréhender les grand ados, etc, enfin il y a plein de portes à ouvrir.

Mais je pense que c'est important de faire chaque chose en son temps.
C'est pas forcément en temps de crise qu'on trouve les bonnes solutions. Donc fais passer la crise, et après tu t'atteleras à la tâche du "et après"
Tu peux demander un rv carrière au rectorat. Personnellement, j'ai rencontré vraiment une super personne ressource quand j'ai demandé ce rv.
Ça ouvre des perspectives que l'on ne connait pas forcément, ça aide à avancer dans sa reflexion.

En début de carrière, j'avais suivi une formation intitulée "psychologie de l'adolescent". Etalée sur 2 ans. Passionnant! c'est complètement incroyable que ce ne soit pas systématiquement proposé dans ce métier.
C'était pas mal basé sur l'analyse transactionnelle, comment déjouer des situations de violence, ça nous avait permis d'avoir énormément d'outils.

Profiter du repos pour te renseigner là dessus si jamais tu ne connais pas!
De même, j'ai suivi un autre parcours, un dispositif qui s'appelle Apprenance et se fait dans l'académie de Grenoble, ça te permet d'envisager les cours d'une autre façon, en changeant le contact avec les élèves, enfin il y a plein de ressources qui existent et permettent de sortir de pas mal d'impasses quand on a l'impression qu'on ne sait absolument pas comment gérer.
Tu tapes " Apprenance Grenoble" tu trouveras des tas de trucs.

( malgré tout ça je suis partie mais ce n'était pas exactement les élèves, mon problème. plus la hiérarchie, l'institution, et les incohérences qui me rendaient gaga)

Voilà, perso je pense que repos, plus perspective ensuite d'avoir des nouveaux outils pour faire son métier dsns des bonnes conditions en se formant, ça permet de sortir de l'impasse et de s'aérer le cerveau et aussi du coup éventuellement de passer à autre chose!

Ah oui: j'ai aussi rencontré un osthéo taoïste. J' y suis allée 2 fois: la première fois, il m'a expliqué que mon crâne était mal'emboîté ( je passe les détails, j'ai eu un accident ya longtemps) il m'a donc manipulé la tête waaaaah le truc de malade, j'étais en totale confiance car recommandé par une amie kiné, mais c'était intense le truc d'avoir l'impression que ses mains me déboitaient le crâne, le cuir chevelu et le cerveau!! bref tout ça pour dire qu'en sortant de ce rv, je me suis retrouvée dans la rue, avec une sorte de lucidité phénoménale ( enfin que j'ai resentie comme telle) et là je me suis dit: il faut que je change de métier. Ça m'est apparu comme une illunmination, une évidence, un truc que mon cerveau gardait en stock sans vouloir le lâcher.

Quand on a le cerveau en vrac dedans, se faire masser la tête: ça peut être une idée aussi

Voilà, je te souhaite un bon repos déjà, la joie de vivre revient quand on trouve des solutions et il en existe plein, il faut y croire

Parniska a écrit:

C'est un droit, tu cotises pour ça, il n'y a pas à culpabiliser ou quoi.
Tu as droit à 3 mois à taux plein, si tu as besoin de 3 mois, tu te reposes 3 mois.

Bonjour

Je te souhaite bon courage Nemaki.

Je souhaite juste revoir avec Parniska la notion de droit et de cotisation. Si on suit ton raisonnement, tu peux aussi avoir un accident du travail car tu cotises pour cela. Tu peux même te faire cambrioler car tu paies une assurance...

Bref, naïvement, je veux croire  que quand on est en arrêt c'est parce qu'un médecin, qui a fait les études pour, le juge nécessaire, pas parce que tel ou tel vient réclamer ses jours de repos parce qu'il a cotisé. Ce qui est un droit c'est de recevoir un salaire quand on est malade, pas de décider que l'on est malade ou pas. Ca, c'est la médecine qui le décide.

je vais partir du principe que je me suis mal exprimée et non que tu as une compréhension limitée par ta naïveté.

ton analogie n'a aucun sens pour moi.
mon propos se voulait juste déculpabilisant: oui, on a des droit puisque par chance on est dsns un état de droit. , et quand on a des besoins comme celui de se reposer, état qui sera validé par le constat qu'en fait un médecin, eh bien obtenir cet arrêt maladie n'est pas juste profiter de quelque chose sur le dos des autres. On cotise tous pour ça.
Est ce plus clair?

" je souhaite revoir avec Parniska la notion de droit"
toi tu n'as pas quitté le métier de prof, hein : D

Parniska et que fais tu maintenant comme métier ?

Ayant obtenu une rupture conventionnelle, je me suis înscrite à Pôle Emploi et suis en train de finaliser mon projet: j'écris et j'illustre des textes dont je fais des petits spectacles à visée pédagogique ( en résumé)
c'est le début, je touche du bois

Et bien j'espère que tu vas réussir dans ton projet.

merci bien!
premiers retours positifs, ça booste!

Bonjour,

Il y a une phrase clé dans ce que tu as dit : "ils sont dans un autre monde que le mien"

Le problème vient d'un manque de liens avec eux. Le lien est indissociable de la croissance (=apprentissage) de l'élève.

Je te conseille un livre qui développe cela : "Tous les enfants sont doués" de Huther.