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MoyenCroco
Niveau 10

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par MoyenCroco Sam 2 Oct - 8:30
nc33 a écrit:
A l'écouter, on croirait presque que la gestion de classe dépend uniquement du cours produit et des punitions données.

Non mais un cours sans queue ni tête et inintéressant au possible a plus de chance de voir la classe partir en live qu'un cours intéressant pour l'élève et construit
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JayKew
Niveau 9

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par JayKew Sam 2 Oct - 9:32
Je rejoins les propos de ton formateur : il faut en effet 5 ans pour intégrer le métier. Et par la suite, on n'arrête pas de progresser. J'apprends encore des choses alors que je viens d'effectuer ma 32ème rentrée, c'est dire... Et il m'arrive encore de temps en temps de faire des cours pas terribles, sauf que ce n'est plus la fin du monde, je rattrape au cours suivant, etc.

Donc ne remets pas en question la qualité de ton travail : tu passes beaucoup de temps à faire tes séquences, peut-être même trop, au détriment de tout le reste. Accorde-toi plus de crédit, valorise-toi, tu fais déjà beaucoup !

La priorité, pour toi, ce n'est pas de produire le cours parfait, c'est de mettre les élèves en condition de pouvoir travailler. Si nécessaire, aie une discussion franche avec les élèves (pas "d'égal à égal", hein, c'est toi le prof, c'est toi qui prends les décisions qui s'imposent) et explique-leur que ce n'est pas possible que ça continue ainsi : tu es là pour les faire progresser, et ils sont là pour apprendre. Point barre. Donc mets en place avec eux une grille de sanctions en cas de mauvais comportements qui interfèrent avec le bon déroulement du cours; s'ils proposent d'eux-mêmes des sanctions, il y a plus de chances qu'ils adhèrent. Les sanctions doivent être graduées, et être justes / fondées. Ensuite, une fois le système mis en place, il faut absolument s'y tenir.

Mais c'est par là qu'il faut commencer, le reste (qualité des cours, etc.) est parfaitement secondaire.

Tâte aussi un peu le terrain avec le PP (peut-être qu'il y a des soucis dans les autres matières aussi, auquel cas rien de mieux qu'un vrai travail d'équipe autour de ces questions de discipline).

Tu verras que quand tu auras pris ces problèmes à bras-le-corps, ça ira beaucoup mieux, tu reprendras confiance, et tu percevras enfin que tes cours sont de qualité.

Courage !

J.
Pontorson50
Pontorson50
Fidèle du forum

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Pontorson50 Sam 2 Oct - 10:11
nc33 a écrit:
Manu7 a écrit:J'ai eu pendant de nombreuses années des problèmes de gestion de classe, même pendant mon inspection de validation j'ai du sanctionner 3 élèves, mon IPR était très constructif, il m'a dit que j'avais produit un cours très correct et il ne comprenait pas la réaction des élèves et j'étais très fort pour choper les fautifs car je n'avais rien laissé passer alors que cela se passait dans mon dos.
A l'écouter, on croirait presque que la gestion de classe dépend uniquement du cours produit et des punitions données.

C'est drôle, j'ai déduit exactement l'inverse de la remarque de cet inspecteur : pour moi, en voilà enfin un qui admet qu'on peut avoir bien construit son cours et affronter quand même des perturbateurs ; et surtout que tout n'est pas rationalisable dans les réactions des élèves. Dans un fil où il y a de quoi désespérer des inspecteurs, il me semble avoir lu ici quelque chose de réconfortant.

Car je crois que le risque professionnel de tout évaluateur est d'attendre des réponses systématiquement rationnelles, ou du moins immédiatement explicables, à des aberrations dans les comportements et ou les motivations des élèves. Il m'est arrivé comme à beaucoup d'avoir construit des cours dont je n'étais pas très fier, mais qui ont suscité une forte motivation de la classe, et aussi l'inverse (bien évidemment beaucoup plus vexant!).

Il nous est très difficile comme profs d'accepter une réaction de défiance ou de paresse d'un élève dans certaines situations où nous avons vraiment donné de nous mêmes, tout comme il devrait être le b-a-ba pour les corps d'inspection d'admettre que le niveau didactique général d'un enseignant (que dire alors des modes!) ne peut pas  toujours expliquer le succès ou non d'un enseignement à un moment donné dans un groupe donné. En particulier, l'évaluation bute sur le temps long : j'ai compris, parfois dix ou vingt ans après les avoir eus, que j'avais estimé des profs finalement plutôt démagos et qu'à l'inverse, des profs dont j'aurais (voire avais...) dit pis que pendre, avaient finalement eu raison sur tel ou tel point au moins. Je me souviens en particulier avoir suivi des séquences de maths en seconde sur le raisonnement logique (si A implique non A...) et m'être alors dit
1) c'est pas des maths,
2) c'est totalement schématique donc sans aucun intérêt,
3) l'enthousiasme du prof pour la chose achevait de le déconsidérer à mes yeux.
Hé bien je crois (j'exagère peut-être aussi dans l'autre sens) que sans ce cours animé par ce prof, je serais resté extrêmement limité dans mes capacités argumentatives par la suite. Mais j'y ai mis le temps pour l'admettre!

Le scientisme que nous pouvons manifester dans un métier de contacts est sans doute le trait le plus blessant dans les remarques que nous pouvons être amenés à formuler envers des élèves, tout comme dans celles d'inspecteurs à notre égard. L'absence de doute est peu explicable, pour moi,  dans les jugements sur l'efficacité de telle ou telle pratique. Or la bienveillance dont on nous rebat les oreilles commence par cela : car si les didacticiens ont raison d'attirer notre attention sur la capacité à offrir des pédagogies variées pour adapter nos exigences au fonctionnement particulier de l'élève, il serait bon qu'ils en déduisent qu'un enseignant auquel on impose une pratique pédagogique x ou y alors qu'elle ne lui correspond pas ne pourra pas donner le meilleur de lui-même.
Manu7
Manu7
Expert spécialisé

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Manu7 Sam 2 Oct - 11:04
nc33 a écrit:
Manu7 a écrit:J'ai eu pendant de nombreuses années des problèmes de gestion de classe, même pendant mon inspection de validation j'ai du sanctionner 3 élèves, mon IPR était très constructif, il m'a dit que j'avais produit un cours très correct et il ne comprenait pas la réaction des élèves et j'étais très fort pour choper les fautifs car je n'avais rien laissé passer alors que cela se passait dans mon dos.
A l'écouter, on croirait presque que la gestion de classe dépend uniquement du cours produit et des punitions données.

Pour être plus clair à la fin de ce cours où l'IPR devait valider ou non mon concours, je pensais que c'était foutu. Il a commencé l'entretien en disant que j'étais validé, et il a tenu à m'expliquer que mon cours était correct malgré le comportement inadmissible de certains élèves. Bref il m'a remonté le moral car je me demandais vraiment à l'époque si je pourrai poursuivre ce métier. Et je pense que déjà dire à un prof que sa préparation de cours est bonne est très rassurant car sinon on recommence sans cesse et on est perdu. Ensuite dire à un prof qu'en avril si on arrive pas à tenir correctement sa classe alors c'est très compliqué de remonter la pente, c'est finalement sortir d'une remise en question sans issue. Il m'avait aussi dit que l'an prochain cela se passerait beaucoup mieux, que je ne reproduirai pas les mêmes erreurs. Et il avait raison, même si je pense que j'ai surtout profité du changement d'établissement. Et j'ai mieux dormi, j'étais moins fatigué et je tenais mieux ma classe pour la fin d'année. Quand j'ai annoncé aux élèves que sur les conseils de l'inspecteur je cessais tout mon système conseillé par mon CDE pour obtenir le respect des règles et bien les plus terribles étaient presque déçus car ils avaient mis en place un contre-système. Je donnais une punition après 3 croix, et les meneurs poussaient les élèves respectueux à avoir une ou deux croix...

J'ai aussi compris cette année-là que les conseils donnés par les anciens qui ont eu très bonne gestion de classe n'étaient pas toujours les meilleurs car ils oublient de nombreux facteurs. Aller voir le cours d'un collègue où on voit que tout se joue au moment où il franchit le seuil de la porte n'apporte pas grand chose. Les conseils de ceux qui en bavent aussi mais moins que nous sont souvent plus utiles.

Il y a aussi un phénomène classique, quand un élève s'attaque à un prof qui a la réputation de bien tenir sa classe, alors très souvent la réaction est très rapide à tous les niveaux, alors que si le même élève s'attaque de la même manière au jeune prof alors on a tendance à penser que le prof à une part de responsablité et même si l'élève est sanctionné de la même manière, car il y aura toujours une part de non-verbal, des sourires, des regards en coin, le ton du CDE ne sera pas le même, etc...



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Flo44
Érudit

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Flo44 Sam 2 Oct - 11:34
Manu7 a écrit:Quand j'ai annoncé aux élèves que sur les conseils de l'inspecteur je cessais tout mon système conseillé par mon CDE pour obtenir le respect des règles et bien les plus terribles étaient presque déçus car ils avaient mis en place un contre-système. Je donnais une punition après 3 croix, et les meneurs poussaient les élèves respectueux à avoir une ou deux croix...
Et justement, tu as mis quoi en place pour remplacer? J'ai aussi dans une classe ce problème de pénibles (nombreux en proportion) qui poussent à la faute les sérieux...
Baldred
Baldred
Sage

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Baldred Sam 2 Oct - 14:28
Pontorson50 a écrit:
C'est drôle, j'ai déduit exactement l'inverse de la remarque de cet inspecteur : pour moi, en voilà enfin un qui admet qu'on peut avoir bien construit son cours et affronter quand même des perturbateurs ; et surtout que tout n'est pas rationalisable dans les réactions des élèves. Dans un fil où il y a de quoi désespérer des inspecteurs, il me semble avoir lu ici quelque chose de réconfortant.

Car je crois que le risque professionnel de tout évaluateur est d'attendre des réponses systématiquement rationnelles, ou du moins immédiatement explicables, à des aberrations dans les comportements et ou les motivations des élèves. Il m'est arrivé comme à beaucoup d'avoir construit des cours dont je n'étais pas très fier, mais qui ont suscité une forte motivation de la classe, et aussi l'inverse (bien évidemment beaucoup plus vexant!).

Il nous est très difficile comme profs d'accepter une réaction de défiance ou de paresse d'un élève dans certaines situations où nous avons vraiment donné de nous mêmes, tout comme il devrait être le b-a-ba pour les corps d'inspection d'admettre que le niveau didactique général d'un enseignant (que dire alors des modes!) ne peut pas  toujours expliquer le succès ou non d'un enseignement à un moment donné dans un groupe donné. En particulier, l'évaluation bute sur le temps long : j'ai compris, parfois dix ou vingt ans après les avoir eus, que j'avais estimé des profs finalement plutôt démagos et qu'à l'inverse, des profs dont j'aurais (voire avais...) dit pis que pendre, avaient finalement eu raison sur tel ou tel point au moins.

Le scientisme que nous pouvons manifester dans un métier de contacts est sans doute le trait le plus blessant dans les remarques que nous pouvons être amenés à formuler envers des élèves, tout comme dans celles d'inspecteurs à notre égard. L'absence de doute est peu explicable, pour moi,  dans les jugements sur l'efficacité de telle ou telle pratique. Or la bienveillance dont on nous rebat les oreilles commence par cela : car si les didacticiens ont raison d'attirer notre attention sur la capacité à offrir des pédagogies variées pour adapter nos exigences au fonctionnement particulier de l'élève, il serait bon qu'ils en déduisent qu'un enseignant auquel on impose une pratique pédagogique x ou y alors qu'elle ne lui correspond pas ne pourra pas donner le meilleur de lui-même.

veneration  c'est très juste et très clairement dit. En particulier sur l'absence de doute qui fait transforme des positions idéologiques en vérités pédagogiques ( souvenir d'une inspectrice de Versailles qui avait assené que si notre séquence pédagogique était bien faite, il ne pouvait y avoir de problèmes de gestion de classe...)
Il y a en effet deux types d'inspecteurs : les  "regardons ce que vous avez fait"  et les "regardez ce que j'aurais fait, moi"
scot69
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Modérateur

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par scot69 Sam 2 Oct - 14:35
C'est évident que la qualité et la solidité du cours va fortement influer sur le comportement des élèves. Mais ça ne fait pas tout. Une formatrice nous avait un jour soutenu qu'un élève a forcément bon fond mais je ne suis pas d'accord, même avec le cours le plus bêton qui soit, un élève mal intentionné trouvera le moyen de saboter ton cours.

Pour répondre à la question initiale: tu passes beaucoup de temps à préparer et tu te remets beaucoup en question donc non tu n'es pas un mauvais prof.
Ajonc35
Ajonc35
Sage

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Ajonc35 Sam 2 Oct - 14:54
scot69 a écrit:C'est évident que la qualité et la solidité du cours va fortement influer sur le comportement des élèves. Mais ça ne fait pas tout. Une formatrice nous avait un jour soutenu qu'un élève a forcément bon fond mais je ne suis pas d'accord, même avec le cours le plus bêton qui soit, un élève mal intentionné trouvera le moyen de saboter ton cours.

Pour répondre à la question initiale: tu passes beaucoup de temps à préparer et tu te remets beaucoup en question donc non tu n'es pas un mauvais prof.
Scott 69, tout à fait d'accord. Malheureusement pour les nouveaux, les nuisibles sont de plus en plus nombreux pour différentes raisons. A mes débuts le nuisible était tour seul, ( parfois avec sa Cour, mais on pouvait gérer), maintenant il a aussi le soutien de sa famille sans que l'enseignant ait lui, le soutien de sa hiérarchie ni même du cpe ( pour ma part, le cpe dans mon etbt ne sort pas de son bureau et, pour avoir la paix, se met vite et le plus souvent du côté des familles surtout quand l'enseignant débute)
Vieux_Mongol
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"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Vieux_Mongol Sam 2 Oct - 15:16
La "qualité" d'un cours c'est quand même très vague. Je préfèrerais parler d'un cours adapté et bien construit. Aujourd'hui pour venir à bout d'une classe pénible un cours magistral/dialogué même "de qualité" c'est bien souvent peine perdu. Ce qui va souvent aider à reprendre le contrôle d'une classe c'est un cours  varié où les moments d'activité permettront d'impliquer l'ensemble des élèves (questionnement clair, déroulement logique, documents accessibles...). Cela permet en particulier en mettant la plupart du temps la majorité des élèves au travail d'isoler les perturbateurs et de pouvoir plus facilement passer en mode sanction sur les autres. Cela permet aussi pour le professeur des moments de respiration où la classe reprend de la sérénité. C'est donc un levier parmi d'autres mais un levier indispensable. Si on peut parfois être déçu du résultat d'un cours qu'on avait bien travaillé, pour ma part il n'y a pas statistiquement photo quand je travaille un cours à fond et que je le fais à l'arrache. 
Après bien sûr il faut travailler sur l'image qu'on renvoie aux gremlins (confiance en soi en particulier), sur le système de sanction possible dans l'établissement, le dialogue avec les familles... Tous les leviers qu'on peut tirer. Ce n'est vraiment pas un métier facile.
Philomène87
Philomène87
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"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Philomène87 Sam 2 Oct - 15:17
Tous les élèves ont bon fond. Forcément. Donc si un élève sabote ton cours, c'est parce que le problème vient du prof (ne sait pas intéresser l'élève).
Entendu en formation.
scot69
scot69
Modérateur

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par scot69 Sam 2 Oct - 15:22
Philomène87 a écrit:Tous les élèves ont bon fond. Forcément. Donc si un élève sabote ton cours, c'est parce que le problème vient du prof (ne sait pas intéresser l'élève).
Entendu en formation.

Ah c'était toi la blonde juste devant moi????
Pontorson50
Pontorson50
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"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Pontorson50 Sam 2 Oct - 21:14
Manu7 a écrit:
J'ai aussi compris cette année-là que les conseils donnés par les anciens qui ont eu très bonne gestion de classe n'étaient pas toujours les meilleurs car ils oublient de nombreux facteurs. Aller voir le cours d'un collègue où on voit que tout se joue au moment où il franchit le seuil de la porte n'apporte pas grand chose. Les conseils de ceux qui en bavent aussi mais moins que nous sont souvent plus utiles.

Le transfert de ce qui est vu et marche dans la classe de tel ou tel se heurte parfois à deux écueils :
-la confiance en soi naît souvent d'avoir conçu soi-même : il faut paradoxalement une très forte estime de soi pour accepter de s'inspirer des autres. Certains élèves perçoivent très bien quand nous engageons de nous-mêmes dans la construction du cours ou quand nous tentons de nous approprier une pédagogie qui ne nous est pas familière.
-des collègues sont impressionnants d'efficacité, mais c'est souvent au prix d'un investissement personnel dont nous ne sommes pas tous capables.

Pour résumer le tout, je me souviens de la délicieuse naïveté de Bayrou arrivant au ministère de l'EN et qui, comme si personne n'avait jamais pensé avant lui, prétendait avoir trouvé le graal pédagogique : il suffisait de généraliser les expériences qui avaient été validées par les formateurs.
Or
-les expériences sont pratiquées par des "militants", c'est à dire des collègues qui ont eu une idée perso, et ce qui fait que ça marche est souvent d'abord dû au fait que la motivation perso a renforcé l'efficacité. Le transfert à tous les collègues ne garantit nullement cette motivation.
-Les expériences sont souvent le fait de collègues s'investissant totalement non pas pour les 44 heures hebdomadaires moyennes du prof, mais souvent 60 à 70 heures (j'ai connu plus). Généraliser des trouvailles didactiques reposant sur un boulot hebdomadaire nettement et systématiquement supérieur à l'investissement moyen explique pour une bonne part les échecs de cette massification.

De surcroît, il se trouve que les inspecteurs sont souvent eux-mêmes dans ces deux niches : passionnés au delà de la moyenne,  et travaillant bien au delà de la moyenne, beaucoup ne comprennent pas que toute la profession n'envisage pas, qui pis est sur 40 ans d'exercice, d'assumer un référentiel souvent issu de l'empilage de découvertes didactiques dont chacune demande plus de travail que ce que en moyenne nous pouvons envisager. Très souvent, je dois le reconnaître, je renonce à telle ou telle réforme parce qu'elle impliquerait de ma part une renonciation à tout autre temps que l'exercice de mon métier hors congés. Sans doute à peine 5 à 10% d'entre nous sont aptes à consacrer le temps nécessaire au respect de ne serait-ce que 50% du référentiel métier. Ceux des inspecteurs qui en sont conscients me semblent moins portés à des remarques lapidaires et définitives. Mais nombre d'entre eux ont accepté en étant inspecteurs de se trouver pas loin du burn-out eux-mêmes, et je ne doute pas qu'il est rare d'être IPR et de travailler seulement 44 heures par semaine, mais c'est bien là une partie de ce qui rend des évaluateurs durs dans leurs exigences.

Nous savons très bien que si chacun d'entre nous demande à des élèves, et en particulier à ceux en difficulté réelle (= ils bossent un temps convenable, mais ne réussissent pas les évaluations) de passer par des procédures d'apprentissage qui vont commencer par leur prendre plus de temps de travail, ce sera compliqué pour eux. Il serait bon que les inspecteurs fassent preuve d'autant d'empathie pour leurs collègues que pour les élèves. Ceux-ci n'auront de bons profs que si ces profs ont confiance en eux et ont assez d'énergie pour le cours, quelle que soit la pédagogie qu'ils pratiqueront.
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Sandylully
Niveau 1

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Mauvais prof

par Sandylully Sam 2 Oct - 21:37
Qu'est ce qui fait la différence entre un bon et un mauvais prof ?
C'est très subjectif. Je pense que personne ne se qualifie de mauvais prof. Ce sont toujours les autres profs qui peuvent l'être, parfois. 😁
Je crois en tout cas que c'est très difficile à déterminer et qu'on a tous été un jour un "mauvais prof"... C'est à dire qu'on n'a pas réussi à transmettre grand chose aux élèves pour des raisons diverses.
Clecle78
Clecle78
Bon génie

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Clecle78 Dim 3 Oct - 2:54
C'est comme reconnaître le bon chasseur et le mauvais chasseur en fait ...
Celadon
Celadon
Demi-dieu

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Celadon Dim 3 Oct - 6:05
Sandylully a écrit:Qu'est ce qui fait la différence entre un bon et un mauvais prof ?
C'est très subjectif. Je pense que personne ne se qualifie de mauvais prof. Ce sont toujours les autres profs qui peuvent l'être, parfois. 😁
Je crois en tout cas que c'est très difficile à déterminer et qu'on a tous été un jour un "mauvais prof"... C'est à dire qu'on n'a pas réussi à transmettre grand chose aux élèves pour des raisons diverses.
Tout dépend si la transmission est le critère essentiel de jugement... A l'heure actuelle, pas que je sache. J'ai connu un "excellent prof", pieds sur le bureau, qui enfilait les fôtd'ortografe comme des perles et qui rendait les enfants heureux. Très très bien noté sur ce seul et unique critère.
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Flo44
Érudit

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Flo44 Dim 3 Oct - 6:13
@Pontorson50 : totalement d'accord avec toi.
Je me souviens qu'à l'Espe, un prof nous avait dit qu'on ne pouvait jamais évoquer la fatigue ou la trop grande quantité de travail devant l'inspecteur, ni même devant certains enseignants de l'Espe. Ce qui avait offusqué la majorité des personnes en reconversion. On était plusieurs à déjà avoir fait un burn-out ou un quasi burn-out, et on en avait tous vu chez nos collègues...
Certains s'investissent plus ou moins, et travailler 45h par semaine c'est déjà beaucoup vu ce qu'on est payé, et la fatigue de chaque heure devant élève par rapport à une heure de travail de bureau...
J'ai plein d'idées super, mais je sais que je ne les mettrai en oeuvre que quand j'aurai vu au moins une fois chaque niveau au collège, sinon je vais dans le mur. Et si cette année-là je suis sur 2 établissements, ou très loin de chez moi, eh bien tant pis.
Totalement d'accord aussi sur l'idée de s'approprier le travail d'un autre : c'est difficile.
Vieux_Mongol
Vieux_Mongol
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"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Vieux_Mongol Dim 3 Oct - 6:25
Clecle78 a écrit:C'est comme reconnaître le bon chasseur et le mauvais chasseur en fait ...

Et pourtant il semble que dans les salles des profs on pense assez fréquemment le reconnaître. Y compris quand ou pour qu'il n'ait pas nos propres enfants.
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Sandylully
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"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Mauvais prof

par Sandylully Dim 3 Oct - 6:46
C'est ce que je disais.. On le reconnaît chez les autres.. J'ai jamais entendu quelqu'un dire "je suis un mauvais prof" 😁
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Sandylully
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"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Sandylully Dim 3 Oct - 6:48
Clecle.. J'adore la référence du chasseur.. Les inconnus, toute mon adolescence.
cit6
cit6
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"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par cit6 Dim 3 Oct - 9:10
Sandylully a écrit:J'ai jamais entendu quelqu'un dire "je suis un mauvais prof" 😁

Ben moi, je l'ai déjà dit (comme l'auteur de ce post d'ailleurs), et pire encore, je l'ai pensé pendant longtemps humhum , ce qui m'a valu pas mal de déboires lors d'inspection. Et ça ne fait que 3 ou 4 ans, après de nombreuses années d'enseignement, que je suis arrivée à peu près à me défaire de ce genre de "complexe de l'imposteur". Comme quoi, tout le monde n'est pas pareil Wink .

Cit6.
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Sandylully
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"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Mauvais prof

par Sandylully Dim 3 Oct - 9:20
cit6 a écrit:
Sandylully a écrit:J'ai jamais entendu quelqu'un dire "je suis un mauvais prof" 😁

Ben moi, je l'ai déjà dit (comme l'auteur de ce post d'ailleurs), et pire encore, je l'ai pensé pendant longtemps humhum , ce qui m'a valu pas mal de déboires lors d'inspection. Et ça ne fait que 3 ou 4 ans, après de nombreuses années d'enseignement, que je suis arrivée à peu près à me défaire de ce genre de "complexe de l'imposteur". Comme quoi, tout le monde n'est pas pareil Wink .

Cit6.

Je pense surtout que cette personne veut être rassurée. Ce que vous pensez de vous-même est loin d'être la majorité, je dirais même que vous constituez une minorité. Je m'interroge quand même.. Penser être un mauvais prof et continuer à enseigner, c'est super malhonnête
cit6
cit6
Niveau 7

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par cit6 Dim 3 Oct - 9:28
Sandylully a écrit: Penser être un mauvais prof et continuer à enseigner, c'est super malhonnête

Ben, j'avais été validée et jugée apte à enseigner, et surtout, je pensais pouvoir m'améliorer Wink .
Vieux_Mongol
Vieux_Mongol
Fidèle du forum

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Vieux_Mongol Dim 3 Oct - 9:47
Le complexe de l'imposteur ce n'est pas forcément se croire absolument mauvais ou totalement illégitime mais moins bon que ce que les autres pensent de vous. Moi ça fait trente ans que je pratique Razz
Jenny
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Médiateur

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Jenny Dim 3 Oct - 9:47
En début de carrière, on peut beaucoup s'améliorer. Et finalement, reconnaître que des choses ne vont pas et chercher des solutions permet de s'améliorer. Ca m'arrive de finir une semaine en me disant que je suis nulle (et au tout début, ça m'arrivait vraiment souvent).
zigmag17
zigmag17
Guide spirituel

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par zigmag17 Dim 3 Oct - 9:56
Sandylully a écrit:
cit6 a écrit:
Sandylully a écrit:J'ai jamais entendu quelqu'un dire "je suis un mauvais prof" 😁

Ben moi, je l'ai déjà dit (comme l'auteur de ce post d'ailleurs), et pire encore, je l'ai pensé pendant longtemps humhum , ce qui m'a valu pas mal de déboires lors d'inspection. Et ça ne fait que 3 ou 4 ans, après de nombreuses années d'enseignement, que je suis arrivée à peu près à me défaire de ce genre de "complexe de l'imposteur". Comme quoi, tout le monde n'est pas pareil Wink .

Cit6.
Je pense surtout que cette personne veut être rassurée. Ce que vous pensez de vous-même est loin d'être la majorité, je dirais même que vous constituez une minorité. Je m'interroge quand même.. Penser être un mauvais prof et continuer à enseigner, c'est super malhonnête

Eh bien au contraire je pense que se croire ou se dire ( très ) bon prof est super prétentieux. Je connais des gens qui se pensent Sauveurs de l'Humanité, Sauveurs de l'Éducation, qui estiment que leurs cours sont super et qu'avec eux les élèves " apprennent", "se tiennent correctement" et "progressent" C'est parfois vrai, parfois non. Et hélas ce sont souvent les mêmes qui se retrouvent à donner des leçons de pédagogie,  qui croient détenir la Vérité.  Un peu de modestie  ne nuit pas, et penser que l'on n'est pas si bon ( parc qu'on ne travaille pas ses cours H24, parce que dans les classes on n'arrive pas a intéresser tous les élèves.... toutes choses normales somme toute) permet aussi de maintenir sa pensée éveillée et de se dire perfectible. Se présenter comme un "bon prof", c'est prétendre connaitre toutes les ficelles du métier,  ce qui n'est jamais possible le a 100% car l'humain par définition est imprévisible.  Rien de plus subjectif que "bon" ou "pas bon" dans ce métier.
Baldred
Baldred
Sage

"Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?  - Page 2 Empty Re: "Mauvais prof" en début de carrière : que faire ?

par Baldred Dim 3 Oct - 10:16
Pour les élèves comme pour les profs, je ne suis pas sûr que les catégories "bon", "mauvais"/"nul" aident beaucoup à comprendre vraiment ce qui est en jeu. Ces étiquettes attribuées ou revendiquées sont au choix des tombeaux ou des boucliers.
Sauf à dire que "mauvais" signifie : joue mal son rôle de prof ou d'élève, comme un constat qui appelle un diagnostique, le terme est en général beaucoup plus moral et ne concerne plus le  rôle mais l'identité réduite à ce " mauvais".
Comme élève, parent d'élève et prof, j'ai rencontré pas mal de profs qui jouaient mal leurs rôles ( Ils sont assez facile à reconnaitre, ils ne doutent jamais ) j'en ai heureusement peu connu de mauvais au sens où ils étaient sciemment destructeurs, mais c'était déjà trop. Le syndrome de l'imposteur est le signe du prof qui essaie de jouer au mieux ses rôles, et dont il faudrait sans doute aussi arriver à se débarrasser pour être enfin des profs sereins.
Mais le système nous empêche de devenir sereins. Dans ma matière, le doute sur la "bonne méthode" a touché tous les domaines, au point qu'en formation les stagiaires ( professeurs aguerris) arrivent en avouant qu'ils ne savent plus enseigner la grammaire, l'orthographe et expliquer un texte selon le dogme à la mode, ce n'est plus un sentiment d'imposture mais un auto-dénigrement. Le même que celui de l'élève qui se déclare "nul" pour que surtout on lui foute la paix.
je suggère donc à nouveau de laisser tomber le  "bon" et le "mauvais", pour voir ce que ça cache.
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