PES dans une classe très difficile

Bonjour,

Je suis professeure des écoles stagiaire dans une classe de 28 CM2. Mon binôme est une PES aussi. C'est une classe dans un quartier très difficile, les enfants ont une situations familiale très compliquée et le niveau est très bas concernant les apprentissages.

J'ai fait mes deux premiers jours et cela ne s'est pas du tout passé comme prévu. Je n'ai pas fait ce que je devais faire, j'ai passé une heure à faire ranger les classeurs.

Nous avons mis en place une échelle de comportement dans la classe, ils remplissent un petit carnet avec la couleur du comportement de la journée mais même ça je n'ai pas pu le faire.

J'ai l'impression d'être l'enseignante que je n'aurais jamais pensé être. Hier j'ai pris un cahier de liaison car un élève embêtait vraiment le monde. Dès que je lui ai pris son carnet, il s'est mis à pleurer hyper fort et à faire du bruit avec ses pieds et sa table. Je lui ai dit gentiment de se calmer mais dès que je m'adressais à lui, il faisait encore plus de bruit. Je l'ai laissé se calmer pendant 5 minutes et puis le temps passait, plus il faisait du bruit. Je lui ai donc crié dessus et je l'ai envoyé au fond de la classe. Maintenant je culpabilise car je ne suis pas comme ça mais qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre?

Je suis bien entourée, mes collègues me donnent beaucoup de conseils. Ma tutrice est venue me voir et a dit que j'avais une bonne posture et que je ne devais pas me décourager mais j'appréhende énormément cette année scolaire...

En plus de la discipline, j'ai 6 élèves qui ne savent quasiment pas lire, 3 élèves en ULIS et d'un autre côté des élèves très bons....

Je suis preneuse de tous vos conseils.
Je vous remercie par avance.

Mais comment peut-on avoir des élèves qui ne savent quasiment pas lire en CM2?

Ne répondez pas, c'est une question rhétorique..;

Tu commences le métier et tu découvres dès le départ ses réalités les plus dures: une école située dans un quartier difficile, avec des élèves qui cumulent problèmes sociaux et échec scolaire. Tu commences donc à voir que tu ne pourras sans doute pas faire tout ce que tu avais prévu avec eux, et tu t'adaptes. Les conseils donnés et l'avis positif de ta tutrice te montrent que tu fais ce qu'il faut. Tu commences par le plus dur: si tu tiens, tu pourras enseigner n'importe où après, tu pourras quitter cet endroit quand tu auras assez de points et travailler dans de meilleurs conditions.

Dans ce genre de classe, il est vital de faire le deuil du cours idéal tel qu'on l'image. C'est normal d'appréhender l'année mais tu es bien entourée, tu as envie de bien faire et tu te remets en question. Tu as, il me semble, tous les atouts nécessaires pour enseigner dans ces conditions. Essaie de surtout voir ce que tu as fait de bien pour ne pas déprimer.  Et beaucoup de ces élèves fonctionnent à l'affectif, ils vont finir par comprendre qu'ils sont importants pour toi et cela ira mieux.

L’élève sur qui tu as crié s’est-il calmé après cela? Dans notre métier, il faut parfois hausser la voix. Ça ne fait pas de toi un être malveillant… La priorité, vu ce que tu racontes, me semble être d’établir un cadre de travail correct. Ton tuteur est-il accessible et de bon conseil ?

Merci à tous pour vos réponses et vos conseils
Pour répondre à Provence : Oui, il s'est calmé dans le fond. On a commencé à retravailler la poésie et lorsqu'il s'est calmé, je lui ai proposé de venir la réciter car il la connaissait très bien. Je l'ai félicité pour la poésie en disant que c'était dommage car il m'avait déçu en début de matinée mais qu'il pouvait se montrer très sérieux. Cet élève a un trouble du comportement oppositionel avec provocation.
Ma tutrice est très présente, elle me donne des conseils que je peux appliquer. Elle a travaillé plusieurs années dans cette école donc elle connait la réalité du terrain. D'ailleurs elle ne comprend pas pourquoi deux PES se retrouvent ici...

aijinnorac a écrit:Merci à tous pour vos réponses et vos conseils
Pour répondre à Provence : Oui, il s'est calmé dans le fond. On a commencé à retravailler la poésie et lorsqu'il s'est calmé, je lui ai proposé de venir la réciter car il la connaissait très bien. Je l'ai félicité pour la poésie en disant que c'était dommage car il m'avait déçu en début de matinée mais qu'il pouvait se montrer très sérieux. Cet élève a un trouble du comportement oppositionel avec provocation.

Alors, mission accomplie, bien ouej.

Recadrer et poser des limites fait partie du boulot. Il n'y a aucune recette miracle, et parfois c'est assez difficile ; tu as réagi d'une façon donnée à une situation donnée, ça a payé, rien à dire. Petit à petit, en engrangeant l'expérience, tu auras un catalogue de réactions dans lequel piocher ; tu apprendras aussi à moins crier, parce que ça fatigue, et à réagir autrement, mais tu as su recadrer cet élève et le remettre au travail : tu as donc fait le tien, de travail.

Bon courage.

aijinnorac a écrit:... j'ai passé une heure à faire ranger les classeurs.
(...)
Nous avons mis en place une échelle de comportement dans la classe, ils remplissent un petit carnet avec la couleur du comportement de la journée mais même ça je n'ai pas pu le faire.

Sachant que vous partagez la classe à deux, il est difficile de mettre en place une organisation commune. Je vais tout de même te faire part de quelques modalités d'organisation, qui ne sont pas la panacée mais qui m'ont quand même aidé à tenir...

* Je te conseille de ne pas utiliser de classeur, et privilégier un cahier du jour ainsi que des cahiers pour l'histoire, la géographie et les sciences. Le principe est d'utiliser le moins possible de photocopies et de feuilles volantes.
* Un ou deux porte-vues suffisent pour ranger certaines fiches.
* Sois exigeante sur la tenue du cahier : respecter la mise en page (mettre la date toujours à la même distance de la marge, souligner à la ligne demandée, tirer un trait pour séparer les exercices, changer de page chaque jour...).
* Dispose les tables face au tableau et non en "îlots", de façon à avoir les élèves tournés vers toi et le tableau.
* Évite les travaux de groupe.
* Évite les débats.
* Fais-les beaucoup écrire.
* Fais des leçons courtes, en énonçant l'objectif au début.
* Fais-les participer à la leçon en posant des questions précises et en les faisant passer au tableau, tout ça de manière disciplinée, en levant le doigt et non en réclamant à haute voix.
* Qu'as-tu comme manuels (si tu en as, parce que maintenant on voit de tout...) ?

L'échelle de comportements c'est bien, mais ce n'est pas un but en soi ; il faut leur rappeler fréquemment qu'ils doivent faire l'effort de s'instruire, d'améliorer leurs résultats.

aijinnorac a écrit:un élève embêtait vraiment le monde. Dès que je lui ai pris son carnet, il s'est mis à pleurer hyper fort et à faire du bruit avec ses pieds et sa table. Je lui ai dit gentiment de se calmer mais dès que je m'adressais à lui, il faisait encore plus de bruit. Je l'ai laissé se calmer pendant 5 minutes et puis le temps passait, plus il faisait du bruit. Je lui ai donc crié dessus et je l'ai envoyé au fond de la classe. Maintenant je culpabilise.

Tu as bien fait de l'isoler, tu n'as pas à culpabiliser, la situation pouvait dégénérer et tu es responsable de la classe.

aijinnorac a écrit:En plus de la discipline, j'ai 6 élèves qui ne savent quasiment pas lire, 3 élèves en ULIS et d'un autre côté des élèves très bons....

Essaie de savoir avec quelle méthode ils ont appris. Les enfants qui vivent des situations psychologique ou sociale difficiles, qui ne sont pas aidés à la maison, ont davantage de difficultés à apprendre avec des méthodes "pourries". Il leur faudrait un soutien orthophonique.
Tu peux de suite agir avec certaines méthodes qu'on trouve facilement en grande surface comme Sami et Julie (avec le cahier d'exercices). Le fait que ce soit une méthode de CP ne pose pas de problèmes ; quand il constatent leurs progrès, ils sont contents de travailler avec. Ils peuvent acquérir une bonne lecture en une seule année.

LouisBarthas a écrit:

aijinnorac a écrit:... j'ai passé une heure à faire ranger les classeurs.
(...)
Nous avons mis en place une échelle de comportement dans la classe, ils remplissent un petit carnet avec la couleur du comportement de la journée mais même ça je n'ai pas pu le faire.

Sachant que vous partagez la classe à deux, il est difficile de mettre en place une organisation commune. Je vais tout de même te faire part de quelques modalités d'organisation, qui ne sont pas la panacée mais qui m'ont quand même aidé à tenir...

* Je te conseille de ne pas utiliser de classeur, et privilégier un cahier du jour ainsi que des cahiers pour l'histoire, la géographie et les sciences. Le principe est d'utiliser le moins possible de photocopies et de feuilles volantes.
* Un ou deux porte-vues suffisent pour ranger certaines fiches.
* Sois exigeante sur la tenue du cahier : respecter la mise en page (mettre la date toujours à la même distance de la marge, souligner à la ligne demandée, tirer un trait pour séparer les exercices, changer de page chaque jour...).
* Dispose les tables face au tableau et non en "îlots", de façon à avoir les élèves tournés vers toi et le tableau.
* Évite les travaux de groupe.
* Évite les débats.
* Fais-les beaucoup écrire.
* Fais des leçons courtes, en énonçant l'objectif au début.
* Fais-les participer à la leçon en posant des questions précises et en les faisant passer au tableau, tout ça de manière disciplinée, en levant le doigt et non en réclamant à haute voix.
* Qu'as-tu comme manuels (si tu en as, parce que maintenant on voit de tout...) ?

L'échelle de comportements c'est bien, mais ce n'est pas un but en soi ; il faut leur rappeler fréquemment qu'ils doivent faire l'effort de s'instruire, d'améliorer leurs résultats.

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En les cadrant rigoureusement, tes élèves vont être rassurés, comprendre que tu les considères et se mettre au travail. Cela va te demander une énergie folle au début (ils te remercieront ensuite, tu verras). Courage!