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EdithW
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Grand sage

Accidents du travail qui explosent chez les jeunes de -25 ans  Empty Accidents du travail qui explosent chez les jeunes de -25 ans

par EdithW Sam 10 Fév 2024 - 6:19
J’espère poster au bon endroit… Il y a une série d’articles de fond sur les accidents du travail et les morts au travail en ce moment dans Le Monde, je poste le lien vers celui qui concerne plus les jeunes donc potentiellement nos élèves de LP/CFA voire supérieur. Malheureusement réservé aux abonnés. La série est passionnante et effrayante et quand on voit ce qui se profile (de plus en plus de PFMP, apprentissage qui explose…) on peut se faire du souci.

https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/07/manque-de-securite-sur-les-chantiers-notre-fils-est-mort-pour-6-000-euros_6215163_3234.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=ios&lmd_source=default
Ergo
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Accidents du travail qui explosent chez les jeunes de -25 ans  Empty Re: Accidents du travail qui explosent chez les jeunes de -25 ans

par Ergo Sam 10 Fév 2024 - 8:48
L’enquête, étoffée dans ce dossier, a mis en évidence une effarante liste de dysfonctionnements et d’infractions au code du travail de la PME qui l’employait, dont l’activité officiellement enregistrée (son code NAF ou APE) était « commerce de détail en quincaillerie, peintures ». Le seul technicien dûment diplômé avait quitté la société deux mois avant l’embauche d’Alban. Sur les vingt-cinq salariés, une dizaine de commerciaux et seulement trois équipes de deux poseurs, lesquels étaient en conséquence soumis à un rythme intense pour honorer les commandes.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/07/manque-de-securite-sur-les-chantiers-notre-fils-est-mort-pour-6-000-euros_6215163_3234.html

Le secteur de la construction est celui où la fréquence des accidents mortels est la plus importante (le triple de la moyenne). Arrivent ensuite l’agriculture, la sylviculture et la pêche, le travail du bois et les transports-entreposage. Quatre-vingt-dix pour cent des victimes sont des hommes, et les ouvriers ont cinq fois plus de risques de perdre la vie que les cadres.

Les accidents mortels sont deux fois plus fréquents chez les intérimaires. En octobre 2023, un jeune de 25 ans est ainsi mort lors de son premier jour au Decathlon de la Madeleine, à Paris, écrasé par un chariot élévateur lors du déchargement d’un camion approvisionnant le magasin. Les intérimaires sont plus en danger dans la mesure où, passant d’un métier à l’autre, d’une entreprise à une autre, ils sont moins bien formés. Ils sont également sous pression, car, pour eux, dénoncer un manquement à la sécurité, c’est le risque de ne plus être rappelés pour une prochaine mission.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/06/cadences-sous-traitance-pression-quand-le-travail-tue_6214988_3234.html

L'article explique que le chiffre est aussi plus élevé en France parce que la France reconnaît les décès consécutifs à un malaise sur lieu de travail comme un accident du travail, ce qui n'est pas le cas dans les autres pays européens.

Stagiaires, élèves de lycées professionnels en période de formation en milieu professionnel, apprentis… Les jeunes paient un lourd tribut parmi les morts au travail : trente-six travailleurs de moins de 25 ans n’ont pas survécu à un accident du travail en 2022, selon le dernier bilan de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM). C’est 29 % de plus qu’en 2019. Et encore cela ne porte que sur les salariés du régime général. La CNAM souligne aussi que, par rapport aux autres accidents du travail, il s’agit davantage d’accidents « classiques, c’est-à-dire hors malaises et suicides », et d’accidents routiers.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/09/accidents-du-travail-les-jeunes-paient-un-lourd-tribut_6215566_3234.html


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Accidents du travail qui explosent chez les jeunes de -25 ans  Empty Re: Accidents du travail qui explosent chez les jeunes de -25 ans

par Jacq Sam 10 Fév 2024 - 9:52
L’enquête, étoffée dans ce dossier, a mis en évidence une effarante liste de dysfonctionnements et d’infractions au code du travail de la PME qui l’employait, dont l’activité officiellement enregistrée (son code NAF ou APE) était « commerce de détail en quincaillerie, peintures ». Le seul technicien dûment diplômé avait quitté la société deux mois avant l’embauche d’Alban. Sur les vingt-cinq salariés, une dizaine de commerciaux et seulement trois équipes de deux poseurs, lesquels étaient en conséquence soumis à un rythme intense pour honorer les commandes.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/07/manque-de-securite-sur-les-chantiers-notre-fils-est-mort-pour-6-000-euros_6215163_3234.html

Je reprends un peu le même extrait qu'Ergo mais recomposé à ma façon :
" [...] une effarante liste de dysfonctionnements et d’infractions au code du travail de la PME qui l’employait, dont l’activité officiellement enregistrée (son code NAF ou APE) était « commerce de détail en quincaillerie, peintures ». Le seul technicien dûment diplômé avait quitté la société deux mois avant l’embauche d’Alban. [...] seulement trois équipes de deux poseurs, lesquels étaient en conséquence soumis à un rythme intense pour honorer les commandes.

Avant sa mort, Alban et son collègue de 20 ans, et trois mois d’ancienneté seulement, étaient partis le lundi de Narbonne (Aude) pour un premier chantier en Charente, puis un autre [...], avant un troisième, le lendemain, [...], et un ultime, le mercredi, en Ille-et-Villaine, où a eu lieu l’accident. Alban, seul à avoir le permis, avait conduit toute la route.

Inexpérimentés, les deux hommes n’avaient reçu qu’une formation sommaire à la sécurité. Et, surtout, ne disposaient pas de harnais complets [...] .
"

L'autre lien posté par Ergo indique la hausse des accidents mortels entre 2019 et 2022 (+29%). Sans minimiser ces tragédies, une évidence aussi : si le nombre d'apprentis augmente, le nombre des accidents augmente : il y en a toujours eu, il y en aura toujours, mais +29% ! On ne peut se satisfaire de cela, c'est certain. Les syndicats l'ont d'ailleurs souligné depuis longtemps, notamment en alertant à propos de la réforme de la "voie pro" que ce soit l'augmentation des PFMP ou l'aubaine financière macroniste pour favoriser l'apprentissage. Même si c'est bien pour mes élèves (c'est du tertiaire dans mon LP) j'ai clairement constaté une forte hausse des offres d'alternances en BTS avec la classe de terminale dont j'étais PP l'année dernière (forte hausse par rapport à la précédente classe - identique - dont j'étais PP trois ans avant). Mais vendeur chez SFR, vous ne mourrez pas en faisant tomber un portable sur votre pied droit. C'est un petit peu différent dans l'industrie, le BTP, la logistique, surtout dans des secteurs d'emploi sous tension (que veut favoriser la Macronie, à tort ou raison).

Une équipe composée d'un jeune avec trois mois d'ancienneté et un autre sans aucune formation dans le domaine, donc une équipe de salariés inexpérimentée et non encadrée. Dans le BTP on constate aussi un débauchage des jeunes avant même la fin de leur cursus parce qu'en fait certains entrepreneurs se moquent parfois totalement que le jeune ait son diplôme complet et donc formation complète. En plus certains débauchent des jeunes parfois allophones qui ne cherchent qu'une chose, un boulot le plus rapidement possible (le contrat de travail permet parfois d'assurer aussi de rester sur le territoire).  Dans certaines entreprises où le besoin de main-d’œuvre est aussi important que le turn-over (je pense à la logistique), combien de salariés sont employés sans formation (ou alors un peu de formation interne) et se retrouvent ensuite à avoir en responsabilité des stagiaires ou alternants ? Les cadeaux financiers offerts par la Macronie poussent plus encore à se baser en partie sur un nombre croissant d'inexpérimentés. On est loin du patron artisan qui souhaite transmettre un savoir et un savoir-faire pendant trois ans (ou plus si post-bac ensuite), voire trouver un repreneur pour son entreprise !
Les syndicats avaient prévenu dès le début.

Le niveau de qualification des diplômes pourrait interroger aussi, quand on voit parfois la différence des exigences entre un bac pro X et un bac pro Y (et la capacité d'écoute et d'assimilation du contenu de nos élèves).

Pourtant des normes à respecter il y en a. Je me souviens d'une visite de stage chez un discounter. La tutrice m'expliquait que lorsqu'une palette de produits était à déballer et mette en rayon elle ne pouvait confier un cutter au stagiaire (formation initiale) pour trancher le plastique d'emballage de la palette (je ne sais pas si c'était un cadre national de l'Etat ou un cadre fixé au national par l'entreprise elle-même). Il reste à savoir qui respecte les normes (dont beaucoup se plaignent).

Par contre, il y a bientôt trois ans, un élève qui avait trouvé un stage de commerce totalement foireux (quand on ne cherche pas on trouve de la m....) se retrouvait dans une supérette pourrie de quartier avec seulement quelques employés, des jeunes du quartier le plus souvent sans qualification. Il n'a presque jamais vu le patron car celui-ci avait des supérettes pourries un peu partout et n'était jamais présent réellement. Le professeur responsable du stage n'a jamais pu rencontrer le patron.

Cette année encore, un de mes élèves : trois semaines dans une parfumerie. Il n'a jamais vu la patronne qui avait une deuxième parfumerie (où il avait signé sa convention). La boutique en question était uniquement tenue par un alternant, en bac professionnel lui aussi (quel tuteur expérimenté !).  Et en plus les collègues chargés du suivi ont constaté que si la patronne avait bien coché la petite case de la convention pour indiquant que l'entreprise avait je ne sais quelle assurance, en réalité elle ne l'avait pas ! Bon, c'est une parfumerie, pas une entreprise du BTP, le risque moindre mais... .
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