- BaldredSage
Bonjour,
Ce qui n'était pas envisageable quand j'ai commencé ce métier va se passer en octobre : j'aurai 60 ans devant mon tableau et mes élèves de collège pour encore sans doute 4 ans, et c'est devenu assez banal.
Dans la mesure où notre ministère ne prévoit à ma connaissance aucun accompagnement du vieillissement attendu des profs et du recul de l'âge de départ (mieux, il a supprimé la CPA en 2011) comment faites-vous ? Il n'y a rien de prévu, je crois, en ce qui concerne le métier, la pénibilité, l'aménagement ; et si peu comme reconnaissance valorisée d'une expérience plutôt considérée comme un handicap. Il n'y a aucune réflexion sur les "vieux profs" et leur place dans l'institution alors que des revendications syndicales existent. Il serait pourtant intéressant d'aborder ces questions. D'où ce fil : comment faites vous/avez-vous fait ?
Pour ceux qui ont ou vont passer ce cap, comment vivez-vous cette dernière étape professionnelle ? Comment l'avez-vous préparée, si vous l'avez préparée ? Qu'est-ce qui est le plus difficile à votre avis ? Qu'est-ce qui ne l'est pas tant que ça ? Qu'avez-vous dû changer, adapter ? Qu'est-ce qui vous coûte le plus ? Quelles sont vos stratégies en dehors de : survivre (je me réveille tard, je suppose que beaucoup n'attendent pas 60 ans et ont adapté progressivement leur manière de fonctionner.). En bref quelle est votre expérience pour anticiper/ réduire cette pénibilité attendue ?
Je n'ai pas trouvé grand-chose comme études sur ce sujet. Celle-ci est intéressante : Les difficultés des enseignants en fin de carrière : des révélateurs des formes de pénibilité du travail Dominique Cau-Bareille.( https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2014-7-page-149.htm ). Elle cite 2 scénarios opposés : le "désengagement serein au cours des dernières années" et le "développement négatif qui mène à un retrait amer, voire anticipé". Le premier me tenterait assez...
Merci.
( je n'ai pas trouvé d'autres fils sur ce thème, pardon si c'est le cas)
Ce qui n'était pas envisageable quand j'ai commencé ce métier va se passer en octobre : j'aurai 60 ans devant mon tableau et mes élèves de collège pour encore sans doute 4 ans, et c'est devenu assez banal.
Dans la mesure où notre ministère ne prévoit à ma connaissance aucun accompagnement du vieillissement attendu des profs et du recul de l'âge de départ (mieux, il a supprimé la CPA en 2011) comment faites-vous ? Il n'y a rien de prévu, je crois, en ce qui concerne le métier, la pénibilité, l'aménagement ; et si peu comme reconnaissance valorisée d'une expérience plutôt considérée comme un handicap. Il n'y a aucune réflexion sur les "vieux profs" et leur place dans l'institution alors que des revendications syndicales existent. Il serait pourtant intéressant d'aborder ces questions. D'où ce fil : comment faites vous/avez-vous fait ?
Pour ceux qui ont ou vont passer ce cap, comment vivez-vous cette dernière étape professionnelle ? Comment l'avez-vous préparée, si vous l'avez préparée ? Qu'est-ce qui est le plus difficile à votre avis ? Qu'est-ce qui ne l'est pas tant que ça ? Qu'avez-vous dû changer, adapter ? Qu'est-ce qui vous coûte le plus ? Quelles sont vos stratégies en dehors de : survivre (je me réveille tard, je suppose que beaucoup n'attendent pas 60 ans et ont adapté progressivement leur manière de fonctionner.). En bref quelle est votre expérience pour anticiper/ réduire cette pénibilité attendue ?
Je n'ai pas trouvé grand-chose comme études sur ce sujet. Celle-ci est intéressante : Les difficultés des enseignants en fin de carrière : des révélateurs des formes de pénibilité du travail Dominique Cau-Bareille.( https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2014-7-page-149.htm ). Elle cite 2 scénarios opposés : le "désengagement serein au cours des dernières années" et le "développement négatif qui mène à un retrait amer, voire anticipé". Le premier me tenterait assez...
Merci.
( je n'ai pas trouvé d'autres fils sur ce thème, pardon si c'est le cas)
- Flo44Érudit
J'espère que tu auras des réponses. Ayant choisi le métier en 2ème partie de carrière, cela me parle.
Je ne pensais pas que le métier était aussi pénible physiquement (je ne parle même pas de la partie nerveuse et psychologique). Mais passer tant d'heures debout, trimballer son cartable, etc... je trouve déjà ça dur.
Là avec le covid, c'est à la limite de ma résistance physique. J'ai râlé car le lundi matin j'ai 4 heures d'affilée. Ma jeune collègue ne comprenait pas. Je lui ai dit : mais je fais comment pour aller aux toilettes ET boire (sortir au grand air, gel, enlever le masque, boire, remettre le masque, re-gel) ET aller chercher les affaires dans mon casier en 10 minutes de récré? Ben oui, car mon autonomie se réduit, dans tous les domaines je ne tiens plus 3 heures sans boire, ni sans pause pipi et je me déplace plus lentement (et là à cause du protocole on se trimballe dans les couloirs chargés comme des mules)
Je ne pensais pas que le métier était aussi pénible physiquement (je ne parle même pas de la partie nerveuse et psychologique). Mais passer tant d'heures debout, trimballer son cartable, etc... je trouve déjà ça dur.
Là avec le covid, c'est à la limite de ma résistance physique. J'ai râlé car le lundi matin j'ai 4 heures d'affilée. Ma jeune collègue ne comprenait pas. Je lui ai dit : mais je fais comment pour aller aux toilettes ET boire (sortir au grand air, gel, enlever le masque, boire, remettre le masque, re-gel) ET aller chercher les affaires dans mon casier en 10 minutes de récré? Ben oui, car mon autonomie se réduit, dans tous les domaines je ne tiens plus 3 heures sans boire, ni sans pause pipi et je me déplace plus lentement (et là à cause du protocole on se trimballe dans les couloirs chargés comme des mules)
- IrulanHabitué du forum
Oh, ce sujet m'intéresse beaucoup, car même si je suis loin des 60 ans je serai loin d'une retraite à temps plein lorsque je les aurai... Perso, j'ai prévu d'économiser petit à petit pour mes vieux jours, et ce dès à présent (enfin là, je suis à temps partiel donc l’objectif est plutôt de ne pas piocher dans les économies déjà constituées).
J'ai déjà essayé (en fin d'année, quand la gestion de classe était - plus ou moins -maîtrisée) de faire cours "au tableau" et de rester assise une partie de l'heure (les élèves rapides venaient à mon bureau pour que je corrige leurs exercices), et ça ne pose pas de souci, je me suis même aperçue que je circulais beaucoup trop dans la classe. Bon, je me déplaçais quand même une partie de la séance. Je sais, ça fait mammy .
Autrement, à part se mettre à temps partiel et refuser la charge de PP ainsi que les projets divers et variés, je n'ai pas trop d'idées...
Bon courage à toi !
J'ai déjà essayé (en fin d'année, quand la gestion de classe était - plus ou moins -maîtrisée) de faire cours "au tableau" et de rester assise une partie de l'heure (les élèves rapides venaient à mon bureau pour que je corrige leurs exercices), et ça ne pose pas de souci, je me suis même aperçue que je circulais beaucoup trop dans la classe. Bon, je me déplaçais quand même une partie de la séance. Je sais, ça fait mammy .
Autrement, à part se mettre à temps partiel et refuser la charge de PP ainsi que les projets divers et variés, je n'ai pas trop d'idées...
Bon courage à toi !
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Ad augusta per angusta.
- Ajonc35Sage
Voilà, j'ai la chance de ne pas faire cette rentrée. J'ai un peu anticipé mais bon. Les deux dernières années ont été difficiles tant sur le plan nerveux que physique et à cela s'est ajouté le covid. J'ai craqué en partant un peu plus tôt.
Il est difficile de se "desinvestir" quand, pendant toute sa carrière on s'est donné ( il y en a qui ont fait plus que moi voire bien plus) Difficile car les collègues qu'on aime bien continuent leur chemin et on ne peut charger leur mule, déjà bien lourde et difficile aussi car le retrait est vu par la Direction comme un travail mal fait, pas fait et elle ne comprend pas que tu te retires. On te fait culpabiliser ( ça ne marche pas quand on est déjà bien décidé)
Cela fait des années que j'attendais mais si enseigner me plaisait encore, tout le reste était devenu presqu'insurmontable ces deux dernières années comme des copies indigestes ( mais il faut quand même de bons resultats), des élèves aux nombreuses absences et pour lesquels j'ai essayé de rattraper et en particulier les dst, des élèves qui ne font pas leur travail ( qui n'essaient même pas) et qui viennent ensuite de dire qu'ils ne réussissent pas aux devoirs ( depuis le covid encore pire, car les parents s'y mettent aussi), le manque d'appui de ma Direction qui nous renvoie à notre responsabilité, une cpe qui reste dans son bureau ( l'an passé, j'ai dû la croiser 4 ou 5 fois), des collègues qui t'expliquent comment faire ( comme si les autres allaient les écouter ) , mais ne le font pas eux-mêmes ( par exemple remplir les bulletins en temps et en heure : sur ce point perso, aucune leçon, ni à me donner ni moi à en donner), ...
Dans mon etbt les enseignants se déplacent et sur différents bâtiments et étages. Avec le poids des années, oui, on fatigue plus vite, on met plus de temps à récupérer quand la distance est conséquente.
Mon etbt est vieux, mal équipé et quand on demandait une amélioration, la réponse a le plus souvent été : "allez voir ailleurs" ou sa petite sœur : " c'est pire ailleurs". Ma réponse a toujours été de dire que je voyais des plus belles choses ailleurs. Je n'oublie pas des classes trop petites et pas adaptée au nombre, la où on aurait été à l'aise à 22-24 , les élèves étaient 30, et tout est ainsi. Donc au début du cours, l'installation était parfois sportive.
Avec le covid, on a vu le pire. Avec des classes dont les fenêtres n'ouvrent pas, pour d'autres ouvraient peu.
Et je ne parle pas pas des examens ( BIENVEILLANCE) ou des programmes. Celui d'hg en bac pro au MAAF doit bientôt changer et vous savez déjà que c'est moins bien pour l'histoire, pour la géo c'est insipide et l'inspection rajoute de l'EMC à laquelle j'avais échappé pour ce niveau.
De nombreux collègues ont choisi un temps partiel les deux dernières années. Je n'ai pas fait ce choix, car je savais que même si je réduisais mon temps j'aurais travaillé à 100 % voire plus. Ces collègues me disent que c'est confortable car une ou deux classes en moins voire plus pour ceux qui ont choisi d'être à 50 %.
Il est difficile de se "desinvestir" quand, pendant toute sa carrière on s'est donné ( il y en a qui ont fait plus que moi voire bien plus) Difficile car les collègues qu'on aime bien continuent leur chemin et on ne peut charger leur mule, déjà bien lourde et difficile aussi car le retrait est vu par la Direction comme un travail mal fait, pas fait et elle ne comprend pas que tu te retires. On te fait culpabiliser ( ça ne marche pas quand on est déjà bien décidé)
Cela fait des années que j'attendais mais si enseigner me plaisait encore, tout le reste était devenu presqu'insurmontable ces deux dernières années comme des copies indigestes ( mais il faut quand même de bons resultats), des élèves aux nombreuses absences et pour lesquels j'ai essayé de rattraper et en particulier les dst, des élèves qui ne font pas leur travail ( qui n'essaient même pas) et qui viennent ensuite de dire qu'ils ne réussissent pas aux devoirs ( depuis le covid encore pire, car les parents s'y mettent aussi), le manque d'appui de ma Direction qui nous renvoie à notre responsabilité, une cpe qui reste dans son bureau ( l'an passé, j'ai dû la croiser 4 ou 5 fois), des collègues qui t'expliquent comment faire ( comme si les autres allaient les écouter ) , mais ne le font pas eux-mêmes ( par exemple remplir les bulletins en temps et en heure : sur ce point perso, aucune leçon, ni à me donner ni moi à en donner), ...
Dans mon etbt les enseignants se déplacent et sur différents bâtiments et étages. Avec le poids des années, oui, on fatigue plus vite, on met plus de temps à récupérer quand la distance est conséquente.
Mon etbt est vieux, mal équipé et quand on demandait une amélioration, la réponse a le plus souvent été : "allez voir ailleurs" ou sa petite sœur : " c'est pire ailleurs". Ma réponse a toujours été de dire que je voyais des plus belles choses ailleurs. Je n'oublie pas des classes trop petites et pas adaptée au nombre, la où on aurait été à l'aise à 22-24 , les élèves étaient 30, et tout est ainsi. Donc au début du cours, l'installation était parfois sportive.
Avec le covid, on a vu le pire. Avec des classes dont les fenêtres n'ouvrent pas, pour d'autres ouvraient peu.
Et je ne parle pas pas des examens ( BIENVEILLANCE) ou des programmes. Celui d'hg en bac pro au MAAF doit bientôt changer et vous savez déjà que c'est moins bien pour l'histoire, pour la géo c'est insipide et l'inspection rajoute de l'EMC à laquelle j'avais échappé pour ce niveau.
De nombreux collègues ont choisi un temps partiel les deux dernières années. Je n'ai pas fait ce choix, car je savais que même si je réduisais mon temps j'aurais travaillé à 100 % voire plus. Ces collègues me disent que c'est confortable car une ou deux classes en moins voire plus pour ceux qui ont choisi d'être à 50 %.
- Isis39Enchanteur
Le sujet m'intéresse aussi. Je me rapproche doucement des 60 ans aussi et le métier devient de plus en plus fatigant. Surtout l'année dernière où il a fallu courir d'une salle à l'autre avec du matériel. J'ai fini difficilement l'année avec une tendinite à l'épaule et une grosse fatigue. J'ai retrouvé ma salle (sauf pour deux classes avec élève handicapé) et j'espère que ça va durer.
Quand les élèves travaillent seuls en autonomie, je ne vais pas corriger leur travail, c'est eux qui viennent au bureau. Cela soulage un peu. Mais c'est vrai que un dispositif comme la CPA serait plus que bienvenu avec le recul de l'âge de la retraite. A un moment je refuserai aussi d'être prof principal, et je laisserai aussi ma mission de référent numérique. Et quand le médecin veut m'arrêter, désormais je dis oui.
Quand les élèves travaillent seuls en autonomie, je ne vais pas corriger leur travail, c'est eux qui viennent au bureau. Cela soulage un peu. Mais c'est vrai que un dispositif comme la CPA serait plus que bienvenu avec le recul de l'âge de la retraite. A un moment je refuserai aussi d'être prof principal, et je laisserai aussi ma mission de référent numérique. Et quand le médecin veut m'arrêter, désormais je dis oui.
- BaldredSage
Merci pour vos premières réponses.
Rien ne fait mammy, la fatigue et les contraires physiologiques ne doivent pas être minimisées puisqu'elles font partie de ce que le travail nous "coûte". Salles éloignées, multiples, étages, service sur plusieurs établissements, emplois du temps inadaptés devraient être épargnés aux "seniors" (euphémisme navrant je sais). Il y a une pénibilité occultée du métier d'enseignant au prétexte que nous avons "tant d'avantages". Si l'institution, et la prochaine réforme des retraites reculent encore l'âge moyen des départs, il faudrait bien que nos arrangements personnels avec les contraintes de l'âge (qui n'est pas une maladie) deviennent de vraies questions de métier.
Je ne me suis pas encore penché sur le temps partiel qui est certainement une possibilité, l'âge ne fait pas partie je crois des TP de droit. Il serait intéressant de savoir si on peut le demander sur ce seul critère ? Est-il toujours accordé ?
Le désengagement ne devrait pas être vécu comme un renoncement, ( je viens de glisser sans regret de PP de 3e à PP de 5e, j'appréciais pourtant ce niveau et la responsabilité malgré la lourdeur de la tâche) mais sans doute comme un juste recentrage sur un essentiel qui peut se déplacer en dehors du champ professionnel sans être vécu comme une trahison ou un renoncement.
Vos remarques sur les déplacements en cours sont aussi très intéressants car en général peu envisagés dans "l'économie générale" du métier, et pourtant une bonne partie de nos gestes professionnels dépendent aussi de cette recherche du juste effort.
Rien ne fait mammy, la fatigue et les contraires physiologiques ne doivent pas être minimisées puisqu'elles font partie de ce que le travail nous "coûte". Salles éloignées, multiples, étages, service sur plusieurs établissements, emplois du temps inadaptés devraient être épargnés aux "seniors" (euphémisme navrant je sais). Il y a une pénibilité occultée du métier d'enseignant au prétexte que nous avons "tant d'avantages". Si l'institution, et la prochaine réforme des retraites reculent encore l'âge moyen des départs, il faudrait bien que nos arrangements personnels avec les contraintes de l'âge (qui n'est pas une maladie) deviennent de vraies questions de métier.
Je ne me suis pas encore penché sur le temps partiel qui est certainement une possibilité, l'âge ne fait pas partie je crois des TP de droit. Il serait intéressant de savoir si on peut le demander sur ce seul critère ? Est-il toujours accordé ?
Le désengagement ne devrait pas être vécu comme un renoncement, ( je viens de glisser sans regret de PP de 3e à PP de 5e, j'appréciais pourtant ce niveau et la responsabilité malgré la lourdeur de la tâche) mais sans doute comme un juste recentrage sur un essentiel qui peut se déplacer en dehors du champ professionnel sans être vécu comme une trahison ou un renoncement.
Vos remarques sur les déplacements en cours sont aussi très intéressants car en général peu envisagés dans "l'économie générale" du métier, et pourtant une bonne partie de nos gestes professionnels dépendent aussi de cette recherche du juste effort.
- JayKewNiveau 9
Merci d'avoir soulevé cette question !
J'ai 55 ans, c'est ma 32ème rentrée, et je sens en effet que je commence à fatiguer. Même si le métier continue de me plaire énormément, je sens bien que je n'ai pas la même énergie, et qu'il faut que je dose davantage les efforts.
Quand je pense qu'il me reste 8 années à effectuer pour bénéficier d'une retraite complète (avant la réforme), je me demande parfois où je vais pouvoir puiser cette énergie pour tenir ces 8 années.
Cet été, j'ai commencé par prendre de vraies vacances - reposantes et apaisantes - chose que j'avais pas faite depuis peut-être 15 ans... Je me dis qu'il va falloir que je me ménage davantage : je ne suis plus ce prof jeune et dynamique d'autrefois. Mais j'ai d'autres atouts : un certain recul sur le métier, de l'expérience, etc.
Moi aussi, ça me parle bien, cette histoire de "désengagement serein au cours des dernières années".
J'ai 55 ans, c'est ma 32ème rentrée, et je sens en effet que je commence à fatiguer. Même si le métier continue de me plaire énormément, je sens bien que je n'ai pas la même énergie, et qu'il faut que je dose davantage les efforts.
Quand je pense qu'il me reste 8 années à effectuer pour bénéficier d'une retraite complète (avant la réforme), je me demande parfois où je vais pouvoir puiser cette énergie pour tenir ces 8 années.
Cet été, j'ai commencé par prendre de vraies vacances - reposantes et apaisantes - chose que j'avais pas faite depuis peut-être 15 ans... Je me dis qu'il va falloir que je me ménage davantage : je ne suis plus ce prof jeune et dynamique d'autrefois. Mais j'ai d'autres atouts : un certain recul sur le métier, de l'expérience, etc.
Moi aussi, ça me parle bien, cette histoire de "désengagement serein au cours des dernières années".
- SisypheHabitué du forum
Mais je crois vraiment que rien n'est pensé pour les collègues les plus âgés dans le but de ne pas payer des retraites complètes. Si je travaille 42 ans, j'aurais 66 ans au moment de partir à la retraite (j'ai pris un an de CP). Je sais déjà que je partirai avant.
C'est un peu comme les nombreux profs de lettres que je croise et qui sont en TP pour pouvoir faire correctement leur travail. Quand je vois leur investissement je pense qu'ils travaillent suffisamment pour que l'on puisse considérer qu'ils travaillent à temps plein mais ils ont un salaire moindre. Ils montent des projets, rencontrent les parents et travaillent finalement beaucoup. Beaucoup trop au regard de leur TP officiel. Mais c'est pour eux le seul moyen de survivre.
Je crois que pour la retraite, c'est pareil. Certains partiront d'eux-mêmes, d'autres seront arrêtés d'office. Peu iront au bout.
C'est un peu comme les nombreux profs de lettres que je croise et qui sont en TP pour pouvoir faire correctement leur travail. Quand je vois leur investissement je pense qu'ils travaillent suffisamment pour que l'on puisse considérer qu'ils travaillent à temps plein mais ils ont un salaire moindre. Ils montent des projets, rencontrent les parents et travaillent finalement beaucoup. Beaucoup trop au regard de leur TP officiel. Mais c'est pour eux le seul moyen de survivre.
Je crois que pour la retraite, c'est pareil. Certains partiront d'eux-mêmes, d'autres seront arrêtés d'office. Peu iront au bout.
- elisa18Neoprof expérimenté
Ah si la CPA revenait.....
Quand j'aurai 60 ans, j'espère que mon fils aura fini ses études, et si je suis à l'aise financièrement, je prendrai un temps partiel, mais en surcotisant pour la retraite afin de ne pas y perdre.
Quand j'aurai 60 ans, j'espère que mon fils aura fini ses études, et si je suis à l'aise financièrement, je prendrai un temps partiel, mais en surcotisant pour la retraite afin de ne pas y perdre.
- BaldredSage
@jaykew, @sysiphe
C'est sans doute vrai là comme ailleurs, ce qui passait "à l'énergie" demande une approche plus réfléchie, ce qui n'est sans doute pas un renoncement tant qu'il ne s'agit que de cela (et que la maladie ne s'en mêle pas, mais ce serait un autre thème et un autre fil ).
Nous avons bien sûr le recul, l'expérience, du "métier" comme atouts, mais sans reconnaissance de l'institution on voit comment ils ne parviennent pas à compenser la désillusion du métier ( surtout quand elle se superpose à la crainte de vieillir) chez beaucoup de profs.
Je n'aurais jamais, comme beaucoup, une retraite complète ( ou alors il faudra que j'ouvre un nouveau fil : enseigner après 65ans...) donc l'équation est assez complexe : Quel âge ? Quelle pension acceptable ? Quel exercice du métier pour garder ma sérénité et mon plaisir encore vivace d'enseigner ? Quel posture/marge de manoeuvre face à l'institution pour ne pas transformer une colère légitime en rancoeur dont je serais la première victime.
Il y a donc pas mal de questions à évoquer pour construire ces dernières années.
Prof de Lettres, je n'ai par exemple plus aucune énergie pour les corrections sans fin....
C'est sans doute vrai là comme ailleurs, ce qui passait "à l'énergie" demande une approche plus réfléchie, ce qui n'est sans doute pas un renoncement tant qu'il ne s'agit que de cela (et que la maladie ne s'en mêle pas, mais ce serait un autre thème et un autre fil ).
Nous avons bien sûr le recul, l'expérience, du "métier" comme atouts, mais sans reconnaissance de l'institution on voit comment ils ne parviennent pas à compenser la désillusion du métier ( surtout quand elle se superpose à la crainte de vieillir) chez beaucoup de profs.
Je n'aurais jamais, comme beaucoup, une retraite complète ( ou alors il faudra que j'ouvre un nouveau fil : enseigner après 65ans...) donc l'équation est assez complexe : Quel âge ? Quelle pension acceptable ? Quel exercice du métier pour garder ma sérénité et mon plaisir encore vivace d'enseigner ? Quel posture/marge de manoeuvre face à l'institution pour ne pas transformer une colère légitime en rancoeur dont je serais la première victime.
Il y a donc pas mal de questions à évoquer pour construire ces dernières années.
Prof de Lettres, je n'ai par exemple plus aucune énergie pour les corrections sans fin....
- courage_fuyonsNiveau 5
J’ai 56 ans et je viens de basculer en TP. Je ne surcotise pas car c’est très cher et pas forcément rentable .
En TP on ne peut nous imposer des heures sup.
J’ai informé l’équipe que je participerai à la moitié des réunions car sinon on fait trop d’heures…
Mon objectif est de continuer à aimer mon métier, enseigner, la relation avec eleves etcollegues sympas et ne plus accepter de trop travailler…
Ma petite paye me rappele chaque mois de ne pas trop en faire
En TP on ne peut nous imposer des heures sup.
J’ai informé l’équipe que je participerai à la moitié des réunions car sinon on fait trop d’heures…
Mon objectif est de continuer à aimer mon métier, enseigner, la relation avec eleves etcollegues sympas et ne plus accepter de trop travailler…
Ma petite paye me rappele chaque mois de ne pas trop en faire
- che35Niveau 7
Ce que j'ai fait pour "tenir" les dernières années, et encore tenir est un grand mot, c'est que je me suis fixé un objectif de départ très tôt.
C'était 62 ans ou 63 si je voulais terminer en même temps que mon épouse.
A partir de là je me suis mis en mode futur retraité. Légèrement au début mais de plus en plus au fil du temps.
J'avais annoncé la couleur au Lycée (pas aux élèves) dès ce moment.
En gros ça voulait aussi dire que celui ou celle qui chercherait à m'emm... pourrait toujours y dépenser son énergie, je n'en aurai plus rien à faire...
Entre temps Jean Michel Blanquer et sa réforme du Bac sont passés par là.
A partir de là c'était clair je partais à 62 ans soit le 1er octobre dernier.
En 2nde et en terminale j'étais à fond jusqu'au bout, les classes étant bonnes. PP en terminale. Préparation au Supérieur pour eux puisqu'il n'y avait pas de Bac à passer. En 1ère ça a été tout autre chose. Les heures étant concentrées sur le vendredi, une partie de cette journée était dure, le reste non. Mais moi j'étais en mode futur retraité. Ils ont compris à la rentrée suivante pourquoi j'étais ostensiblement insensible à certaines choses.
Le 28 décembre 2019 j'ai déposé ma demande et le 6 janvier 2020 à la reprise ma demande de radiation de cadres.
On ne parlait pas encore du Covid.
Puis en mars on a fermé.
J'ai juste regretté de ne pouvoir faire mon dernier cours à mes Terminales. J'avais prévu de bien m'amuser avec eux ce jour-là.
C'était 62 ans ou 63 si je voulais terminer en même temps que mon épouse.
A partir de là je me suis mis en mode futur retraité. Légèrement au début mais de plus en plus au fil du temps.
J'avais annoncé la couleur au Lycée (pas aux élèves) dès ce moment.
En gros ça voulait aussi dire que celui ou celle qui chercherait à m'emm... pourrait toujours y dépenser son énergie, je n'en aurai plus rien à faire...
Entre temps Jean Michel Blanquer et sa réforme du Bac sont passés par là.
A partir de là c'était clair je partais à 62 ans soit le 1er octobre dernier.
En 2nde et en terminale j'étais à fond jusqu'au bout, les classes étant bonnes. PP en terminale. Préparation au Supérieur pour eux puisqu'il n'y avait pas de Bac à passer. En 1ère ça a été tout autre chose. Les heures étant concentrées sur le vendredi, une partie de cette journée était dure, le reste non. Mais moi j'étais en mode futur retraité. Ils ont compris à la rentrée suivante pourquoi j'étais ostensiblement insensible à certaines choses.
Le 28 décembre 2019 j'ai déposé ma demande et le 6 janvier 2020 à la reprise ma demande de radiation de cadres.
On ne parlait pas encore du Covid.
Puis en mars on a fermé.
J'ai juste regretté de ne pouvoir faire mon dernier cours à mes Terminales. J'avais prévu de bien m'amuser avec eux ce jour-là.
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"Dans l'art de la guerre la destruction de l'ennemi n'est qu'un pis-aller, le raffinement suprême c'est la destruction de ses plans" Sun-Tzu l'Art de la Guerre
"La connerie c'est comme le judo, il faut se servir de la force de l'autre" Jean Yanne
- AnankéNiveau 9
C'est une très bonne question, je suis le fil même si je n'ai qu'une petite trentaine. En effet, j'ai déjà des extinctions de voix en cours d'année (il faut que j'apprenne à mieux user de ma voix), une sorte de tendinite qui court sur l'ensemble d'un bras, du poignet à l'épaule à force d'écrire au tableau, aggravée d'ailleurs à par les corrections infinies faites sur ordi depuis un an (un genre de TMS, "faut bien s'équiper" qu'on me dit...). Bref, quand je vois un de mes collègues qui a fini sa carrière au CNED - c'est peut-être une solution? - pour problème auditif dû au métier (on sous estime les décibels dans lesquels on baigne dans les couloirs, récré etc...), je me dis qu'il faut anticiper.
- PHLANiveau 9
J'ai 53 ans et j'entame ma 31ème rentrée depuis la première en 1991. C'est la première fois que l'envie a disparu, l'impression depuis hier d'un éternel recommencement, de revivre indéfiniment le même film chaque 1er septembre, une perte de sens. Si je veux une retraite complète, je dois partir en mars 2034 à presque 66 ans ! Je me disais justement ce matin tandis que j'accompagnais la prise en charge d'une classe de 6ème " comment vais-je pouvoir tenir encore 12 ans et demi ?". Sans compter tous ces politiques qui ne parlent que d'allonger encore la durée de cotisation, comme si 42,5 ans n'était déjà pas suffisant. Les gens comme moi de 1968 sont constamment menacés d'un passage à 43 ans de cotisation voire plus. Marre de cette indifférence, de cette inhumanité.
- menerveOracle
J'ai 51 ans et je suis dans le même cas.. Pour avoir une retraite complète 66ans.
- MaroussiaHabitué du forum
De même pour moi.
Retraite complète à 64 ans seulement.
Mais je vois quelques collègues qui prolongent ..l'une a 66 l'autre 64 et a annoncé son départ dans 3 ans..
Je me demande ce qui les anime..la passion du métier? Le vide de leur vie perso?
Moi si je pouvais partir maintenant je le ferais.
Retraite complète à 64 ans seulement.
Mais je vois quelques collègues qui prolongent ..l'une a 66 l'autre 64 et a annoncé son départ dans 3 ans..
Je me demande ce qui les anime..la passion du métier? Le vide de leur vie perso?
Moi si je pouvais partir maintenant je le ferais.
- IrulanHabitué du forum
Ils n'ont peut-être pas tout simplement pas tous leurs trimestres de cotisation. Perso, je n'aurai jamais les miens.
_________________
Ad augusta per angusta.
- menerveOracle
Pour avoir tous mes trimestres je dois aller jusque 66.
Après le cas de chacun est différent... Quand on est célibataire, la perspective de se retrouver seule entre 4 murs n'est pas réjouissante sans compter l'aspect financier.
Après le cas de chacun est différent... Quand on est célibataire, la perspective de se retrouver seule entre 4 murs n'est pas réjouissante sans compter l'aspect financier.
- gentilcatNiveau 8
Maroussia a écrit:De même pour moi.
Retraite complète à 64 ans seulement.
Mais je vois quelques collègues qui prolongent ..l'une a 66 l'autre 64 et a annoncé son départ dans 3 ans..
Je me demande ce qui les anime..la passion du métier? Le vide de leur vie perso?
Moi si je pouvais partir maintenant je le ferais.
Moi je vais sans doute partir à 67 ans et cela me fais bien suer d'autant que je n'aurai pas de retraite complète. Ce n'est pas la passion du métier qui m'anime ni une vie vide, bien au contraire. Mais j'ai travaillé 11 ans à temps partiel pour être davantage avec mes enfants, et je ne le regrette pas du tout et surtout je suis devenue brusquement veuve à Noel dernier (à 55 ans), mes revenus sont plus que divisés par deux et j'ai du revoir mon plan de retraite et je gagne trop pour une pension de réversion. . Nous envisagions avec mon mari de partir le plus tôt possible et de profiter un max. Les circonstances de la vie sont ainsi, on ne fait pas toujours comme on aimerait. Je ne me plains pas , je serai bien au dessus du minimum vieillesse. Mais juste pour dire qu'il ne faut juger trop vite, moi tous mes collègues ne savent pas pour mon veuvage, je n'en parle pas, je reste discrète.
- Clecle78Bon génie
La pension de réversion d'un fonctionnaire n'est pas soumise à un plafond contrairement au privé
- gentilcatNiveau 8
Clecle78 a écrit:La pension de réversion d'un fonctionnaire n'est pas soumise à un plafond contrairement au privé
Je sais mais mon mari n'était pas fonctionnaire
- arcencielGrand Maître
Je suis en retraite depuis hier. J'ai décidé de partir au mois de mai. Fatiguée (bruit, insomnies, plus de patience, covid qui se prolonge, élèves de plus en plus zappeurs, violence larvée dans la société etc....), j'ai dit stop. Il me manque des trimestres, certes, mais tant pis! Je veux profiter de ce que la vieillesse voudra bien me laisser.
- Fesseur ProGuide spirituel
+ 1elisa18 a écrit:Ah si la CPA revenait.....
Mais c'était trop beau...
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Pourvu que ça dure...
- Clecle78Bon génie
Mais toi tu l'es. Ça ne fonctionne pas ?gentilcat a écrit:Clecle78 a écrit:La pension de réversion d'un fonctionnaire n'est pas soumise à un plafond contrairement au privé
Je sais mais mon mari n'était pas fonctionnaire
- issoireNiveau 9
58,6 mois j’ai la chance d’être en BTS service moins lourd mais classe très chargées ( 37 élèves première année) je reste plus souvent derrière le bureau, n’arrive plus à surveiller épreuve de 4 Heures, m’énerve moins cela me passe. au-dessus de la tête. Souhaiterais m’arrêter a 62 ans ( il me semble qu’un salarié sur 2 ne travaille pas après 60 ans) mais j’ai très peur d’une réforme des retraites en 2022. Mais en tout cas je remarque que rien n’ai fait pour adoucir la fin de carrière. Les hommes partent plus tard ( un collègue de 66 ans).
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