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- ElyasEsprit sacré
Dalva a écrit:Je vous remercie tous pour ces réactions et réponses. Sincèrement, je craignais un peu les retours.En fait, un témoignage ne vaudra jamais statistique ni généralité, mais il est à peu près certain que nous avons tous des collègues et amis survivants (beaucoup préfèrent ne pas être appelés victimes, personnellement j'ai du mal avec le terme de survivant, mais je respecte ce que les premiers concernés disent préférer). Rien qu'autour de moi, je peux citer deux de mes cousines, ma sœur, ma belle-sœur, et une ancienne camarade de mon mari. Ma sœur est devenue prof-doc (pour peu de temps), ma belle-sœur a enseigné trente ans avant de devenir psy (spécialisée dans la pédo-criminalité d'ailleurs), une cousine travaille dans la mode (nombreux collègues), l'autre à la télé (nombreux collègues). Nous avons tous forcément des collègues et amis, des camarades et anciens camarades, concernés.montjoie-saintdenis a écrit:Un ami m'avait parlé de ces statistiques il y a quelques années. C'est dingue, et je ne peux m'empêcher de penser à posteriori au moment où on était nous même élève, que certains de nos camarades avaient peut-être ce genre de problèmes..
Est-ce qu'il y a des chiffres sur le nombre de cas que l'école permet de signaler ?
Et on en parlait en salle des profs, en pensant aussi qu'il y avait peut-être donc 1 ou 2 collègues qui ont été victimes.
En élargissant un tout petit peu le cadre de l'inceste, mon neveu de quatre ans et la nièce d'une amie d'environ 9 ans (mais ça a commencé en maternelle) ont subi des agressions sexuelles par le mari de leur assistante maternelle (pas dans le même département, donc pas par les mêmes personnes).
Et en revenant en arrière, nous pouvons tous penser aux comportements qui pouvaient nous sembler étranges de la part de camarades de classe.
Par exemple, comment se fait-il qu'à l'âge où j'embrassais pour la première fois un garçon sur les lèvres (et pour y arriver, ne sachant comment faire, nous avons dansé un slow dans le silence), donc vers 12 ou 13 ans, ma cousine de seulement un mois mon aînée me laissait comprendre qu'elle avait déjà couché ? Pourquoi elle et sa sœur, plus tard, une fois leurs parents divorcés, fuguaient-elles de chez leur père ? Pourquoi ma sœur est-elle subitement devenue mutique ?
Pourquoi cet(te) élève s'endort sur sa table ? Quelle quantité d'énergie lui faut-il chaque nuit pour se maintenir éveillé(e) dans la crainte ?
Pourquoi tel élève se scarifie ? A la nausée tout le temps ?
Pourquoi à l'école primaire une élève a-t-elle déjà des problèmes gynécologiques de type mycoses ?
Pourquoi cet enfant de 8 ans parle-t-il de choses relatives au sexe complètement hors de propos vu son âge ?
Etc.
Je crois que des indices peuvent nous alerter. Même s'il ne s'agit pas d'inceste, il s'agit toujours de choses graves.
Le problème ensuite, c'est que faire ? L'ASE est débordée, il n'y a même plus assez de places d'accueil pour les enfants censés être placés, les foyers ne sont pas forcément plus sûrs que les familles, et quand on fait un signalement, les services manquent tellement de moyens qu'il ne se passe rien pendant des mois - voire jamais. Alors quoi faire et vers qui se tourner ?
Le problème est que beaucoup de victimes n'ont pas ce type de comportements. Elles intériorisent et deviennent introverties. J'ai eu l'an dernier une élève régulièrement violée par son grand-père. Cela a été découvert en 6e. Je n'ai jamais entendu le son de sa voix. Je n'ai pas cherché à la bousculer. Je connais très bien d'autres victimes qui n'ont aucune réaction étrange à l'école. C'est à la maison que les comportements étranges (se faire du mal, mal dormir etc) se produisent.
C'est très difficile d'intervenir pour nous, enseignants, dans ce genre d'affaires. Je n'ai pas spécialement rencontré d'enseignants très malins dans ce genre de choses. En fait, comme dans les familles, même si ça semble en train de changer, beaucoup de gens ont une réaction hostile face aux victimes de pédo-criminalité. Le corps enseignant n'échappe pas à cette réalité. Peut-être que cela va changer.
- Cléopatra2Guide spirituel
Mais ces milieux ne diffusent pas des discours expliquant en quoi c'est "normal" de faire ça, je crois que c'est ce que voulait dire Elaïna. Et en réalité, ces parents doivent être plus dénoncés car le milieu social est associé à la délinquance dans l'esprit collectif. Des instits de REP+ sinistrée dans laquelle certains parents sont alcooliques et violents verbalement avec leurs enfants (je caricature à dessein vous l'aurez compris) vont être plus attentifs aux signes que l'instit du XVIe avec les parents qui fréquentent les hautes sphères et mangent au Rotary Club le mercredi.Honchamp a écrit:Ne vous focalisez pas sur les milieux chics.Hocam a écrit:Oui, mais ce n'est pas contradictoire avec ce que je dis. Les milieux où il était « de bon ton de trouver cela normal », comme tu dis, ont commencé à faire sérieusement profil bas sur ce sujet, publiquement parlant, plus ou moins dans les années 1990. Dans le discours médiatique et l'opinion publique générale, c'est quand même là que le tournant se situe. En 1991, Jack Lang pouvait encore déclarer tranquillement à un magazine que « la sexualité puérile est encore un continent interdit, aux découvreurs du XXIe siècle d’en aborder les rivages » (ce qui fait plus que froid dans le dos au passage, voir ici), il n'aurait probablement pas pu le dire comme cela publiquement dix ans plus tard.Elaïna a écrit:Oui et non. Disons que dans un certain milieu il était de bon ton de trouver cela "normal". Et quand on était choqué, on était un petit bourgeois réac coincé... Mes parents m'ont raconté avoir vu l'émission avec Matzneff, ils étaient choqués. Ils en ont fait part à des connaissances qui leur ont dit "oui mais bon, vous êtes cathos aussi"...(genre vous êtes bien coincés du luc, vous pouvez pas comprendre).Hocam a écrit:Exactement, ça m'a fait repenser aux discussions sur l'affaire Matzneff. On a beaucoup réentendu parler, ces derniers temps, de cette fameuse pétition de 1977 en soutien à trois hommes accusés de pédophilie, signée par Kouchner, Lang et bien d'autres personnalités très en vue, mais les 10-15 années suivantes ont aussi leur lot de déclarations et d'attitudes complaisantes envers l'inceste et plus généralement la pédophilie. Les mentalités avaient déjà beaucoup évolué à partir des années 1980, mais en France le curseur a bougé encore d'un cran à partir de 1995-96 avec l'affaire Dutroux et des émissions comme celle de Dumas sur le sujet.
Merci en tout cas pour les divers liens.
J'ai un copain qui est greffier dans l'Aisne.
Selon lui, la moitié au moins des affaires au pénal est liée à des viols et des attouchements sur mineurs.
Dans mon département, il suffit de suivre dans la presse les CR d'assises et de correctionnelle.
A force d'entendre des horreurs, mon copain est parti au civil . Il avait 2 petites filles, et ne supportait plus.
Et les enfants, comme raconté par Camille Kouchner savent qu'ils vont ruiner la vie de leurs parents, et ces derniers sont peut-être, d'ailleurs, le reste du temps, des parents aimants, attentifs, jouant parfaitement le rôle de parents cadrants. C'est souvent ce qui empêche les enfants de parler. Ils aiment leurs parents.
D'ailleurs c'est pour ça que dans l'esprit collectif la pédophilie c'est Marc Dutroux, soit un monstre, et l'inceste c'est chez les pauvres, les déviants. Alors que pas du tout, mais il est possible qu'on en parle moins dans les milieux plus intégrés socialement, et que les enfants camouflent plus.
Même en essayant d'être attentive, je n'ai jamais rien vu. Les enfants le cachent très bien.
Edit : en revanche, j'ai appris à une fête familiale qu'un cousin de mes cousins était connu pour "bien aimer les enfants" et du coup j'ai observé que les gens au courant faisait en sorte qu'il ne joue avec les petits qu'à la vue de tout le monde. Flippant. Mais il n'a jamais été condamné ou accusé publiquement à ma connaissance et n'a pas d'enfants.
- nicole 86Expert spécialisé
Je me souviens avoir dit en salle des professeurs à des collègues que j'appréciais particulièrement, comment le jour de la rentrée je regardais attentivement le visage de chaque élève en me demandant : "es-tu concerné-e ?" Une seule, prof de philo, a répondu que depuis quelques années, suite à des remarques lors d'un débat en classe, elle aussi se posait parfois la question, tous les autres m'ont regardée comme si j'arrivais de Mars. Cela devait être autour de 2010.
Mais je regrette que le projecteur ne se focalise que sur les violences à caractère sexuel alors que des parents dans la toute puissance enferment durablement leurs enfants sur le plan psychique, actuellement ces victimes-là n'existent pas pour les médias.
Edit après avoir lu le message de Cleopatra : les enfants sont effectivement pris dans le piège d'un conflit de loyauté.
Mais je regrette que le projecteur ne se focalise que sur les violences à caractère sexuel alors que des parents dans la toute puissance enferment durablement leurs enfants sur le plan psychique, actuellement ces victimes-là n'existent pas pour les médias.
Edit après avoir lu le message de Cleopatra : les enfants sont effectivement pris dans le piège d'un conflit de loyauté.
- Clecle78Bon génie
Une de mes jeunes collègues lorsque j'étais dans l'académie de Lille s'est retrouvée jurée en 1997. Elle a ete absente plusieurs semaines. A son retour elle était traumatisée par le nombre de cas d'incestes jugés. C'était la majorité. Mais elle en avait retiré l'impression que c'était surtout un phénomène de classes populaires et c'était le sentiment assez répandu à l'époque. J'ai été surprise et effrayée quand deux ans plus tard une maman prof de fac, issue d'une famille de la grande bourgeoisie de Picardie, m'a révélé que sa fille avait été violée par ses cousins et qu'elle avait vécu la même chose lors de son adolescence. C'était une " tradition" familiale.Elle avait brisé l'omerta au prix d'une explosion de la famille et d'une mise au ban terrible. C'etait une femme brisée et mon élève frère de la jeune fille était gravement perturbé.
- ElyasEsprit sacré
Clecle78 a écrit:Une de mes jeunes collègues lorsque j'étais dans l'académie de Lille s'est retrouvée jurée en 1997. Elle a ete absente plusieurs semaines. A son retour elle était traumatisée par le nombre de cas d'incestes jugés. C'était la majorité. Mais elle en avait retiré l'impression que c'était surtout un phénomène de classes populaires et c'était le sentiment assez répandu à l'époque. J'ai été surprise et effrayée quand deux ans plus tard une maman prof de fac, issue d'une famille de la grande bourgeoisie de Picardie, m'a révélé que sa fille avait été violée par ses cousins et qu'elle avait vécu la même chose lors de son adolescence. C'était une " tradition" familiale.Elle avait brisé l'omerta au prix d'une explosion de la famille et d'une mise au ban terrible. C'etait une femme brisée et mon élève frère de la jeune fille était gravement perturbé.
L'idée que c'est réservé aux classes populaires est bien pratique pour protéger ce qui se déroule dans les classes moyennes et aisées. Cela a lieu partout, dans tous les milieux comme les témoignages que tu relaies en attestent. Le truc est que dans les milieux aisés, c'est plus facile d'empêcher les procès.
- Thalia de GMédiateur
Comme ce fut le cas dans l'affaire De Villiers : https://www.20minutes.fr/societe/640899-20101217-societe-inceste-renvoi-assises-viols-fils-villiers#:~:text=Les%20faits%20ont%20commenc%C3%A9%20au,a%C3%AEn%C3%A9%20huit%20ans%20de%20plus.Elyas a écrit:L'idée que c'est réservé aux classes populaires est bien pratique pour protéger ce qui se déroule dans les classes moyennes et aisées. Cela a lieu partout, dans tous les milieux comme les témoignages que tu relaies en attestent. Le truc est que dans les milieux aisés, c'est plus facile d'empêcher les procès.Clecle78 a écrit:Une de mes jeunes collègues lorsque j'étais dans l'académie de Lille s'est retrouvée jurée en 1997. Elle a ete absente plusieurs semaines. A son retour elle était traumatisée par le nombre de cas d'incestes jugés. C'était la majorité. Mais elle en avait retiré l'impression que c'était surtout un phénomène de classes populaires et c'était le sentiment assez répandu à l'époque. J'ai été surprise et effrayée quand deux ans plus tard une maman prof de fac, issue d'une famille de la grande bourgeoisie de Picardie, m'a révélé que sa fille avait été violée par ses cousins et qu'elle avait vécu la même chose lors de son adolescence. C'était une " tradition" familiale.Elle avait brisé l'omerta au prix d'une explosion de la famille et d'une mise au ban terrible. C'etait une femme brisée et mon élève frère de la jeune fille était gravement perturbé.
Quant aux victimes des classes dites populaires, savent-elles mêmes qu'elles ont droit à la parole ?
Pour en revenir au message initial, information et formation des enseignants sur ce sujet douloureux, peut-être est-il nécessaire de briser une certaine omerta, une loi du silence. Je n'ai appris qu'entre deux portes que certaines de mes élèves étaient victimes d'inceste. Je sais, secret médical, mais j'aurais mieux compris des comportements étranges voire inquiétants.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- DaphnéDemi-dieu
C'était exactement ça ! On était coincé, réac voire facho, cul serré et j'en passe...Elaïna a écrit:Oui et non. Disons que dans un certain milieu il était de bon ton de trouver cela "normal". Et quand on était choqué, on était un petit bourgeois réac coincé... Mes parents m'ont raconté avoir vu l'émission avec Matzneff, ils étaient choqués. Ils en ont fait part à des connaissances qui leur ont dit "oui mais bon, vous êtes cathos aussi"...(genre vous êtes bien coincés du luc, vous pouvez pas comprendre).Hocam a écrit:Exactement, ça m'a fait repenser aux discussions sur l'affaire Matzneff. On a beaucoup réentendu parler, ces derniers temps, de cette fameuse pétition de 1977 en soutien à trois hommes accusés de pédophilie, signée par Kouchner, Lang et bien d'autres personnalités très en vue, mais les 10-15 années suivantes ont aussi leur lot de déclarations et d'attitudes complaisantes envers l'inceste et plus généralement la pédophilie. Les mentalités avaient déjà beaucoup évolué à partir des années 1980, mais en France le curseur a bougé encore d'un cran à partir de 1995-96 avec l'affaire Dutroux et des émissions comme celle de Dumas sur le sujet.Thalia de G a écrit:C'est l'époque de Matzneff à Apostrophes. J'ai regardé la vidéo et j'ai la nausée.
Merci en tout cas pour les divers liens.
- CeladonDemi-dieu
Je me rappelle devant l'émission de Pivot et son oeil égrillard m'être dit "eh bien, la France a bien changé si tout le monde adhère à ce type de comportement" qui en fait concernait de façon franche et décomplexée des intellectuels en vue qui pouvaient entraîner dans leur sillage quelques soixante-huitards à la DCB mais pas davantage.
En fait beaucoup plus...
Si je n'aime pas du tout la période que nous traversons, je ne peux qu' au fait que l'on remette les pendules à l'heure, les parents dans leur rôle, et les enfants à leur place. Qui n'est pas le lit des adultes.
En fait beaucoup plus...
Si je n'aime pas du tout la période que nous traversons, je ne peux qu' au fait que l'on remette les pendules à l'heure, les parents dans leur rôle, et les enfants à leur place. Qui n'est pas le lit des adultes.
- Pat BÉrudit
J'ai hésité à poster hier... Mais je peux oser un témoignage qui peut illustrer pourquoi les enfants ne parlent pas... voire n'ont pas conscience de ce qui se passe.
Mon grand-père était un homme timide, discret, très doux, qui bégayait un peu et n'aurait jamais fait de mal à une mouche, dans l'image que j'ai de lui. Mais c'était un pédophile, à mon avis sans avoir conscience des dégâts qu'il causait. C'était un autre temps, où le sujet était totalement tabou et incompris... mais tout de même, ma grand-mère veillait à ne pas trop le laisser seul avec nous.
Bref. Toutes les filles de la famille (ma génération et la précédente) ont subi des attouchements dans leur petite enfance. On est trois à n'en garder aucun souvenir (du moins rien de précis), on a totalement refoulé. L'affaire a été rendue "publique" au niveau familial quand ma cousine a refusé d'aller à son enterrement en expliquant pourquoi (elle avait 19 ans mais elle se souvenait...). Cela a été un choc pour nos parents, mais la parole ne s'est pas vraiment libérée. Puis, des années plus tard, la plus jeune de mes cousines a fait une anorexie. Là, on s'est toutes retrouvées pour tenter une sorte de débriefing, en espérant l'aider (elle devait avoir 4 ans au moment des faits et n'en a aucun souvenir).
La plupart d'entre nous n'avons pas eu de symptômes forts du type de ceux décrits dans ce genre de cas (pour la plupart, juste quelques blocages physiologiques / psychologiques, une crise d'adolescence carabinée, quelques difficultés dans nos vies amoureuses, rien de bien spécifique ; tout de même une anorexie pour l'une, une adolescence avec drogue pour une autre). La plupart des victimes étaient persuadées d'être "la seule victime" donc se sentaient en faute ; il n'y a que mes soeurs et moi qui avions conscience d'être dans le même sac, et on en parlait parfois entre nous, sans vraiment réussir à mettre des mots dessus, juste l'idée qu'il valait mieux éviter (mais le bilan familial a montré qu'on en avait moins souffert, justement parce qu'on se savait plusieurs).
Mais donc, un jour, à l'école, on a eu une sensibilisation en sujet. Je devais être en CM1 ou CM2, ma soeur en CP ou CE1. On a vu un petit film ou documentaire, je ne sais plus, un peu trop flou ou trop vague. En rentrant le soir à la maison, ma soeur, songeuse, me dit : "mais... pépé, c'est pas un peu pareil ?". Et ma réponse, je m'en souviens clairement : "Oh non, les pédophiles c'est gens qui obligent les enfants à faire des choses, qui leur font mal... mais pépé, il nous oblige pas; si on dit non, il arrête tout de suite, il est gentil et il ne veut pas nous faire du mal..." "Oui, je l'aime bien, mais quand même... c'est bizarre... " "Bah, de toute façon, il suffit de rester avec mamie...".
Je ne sais absolument pas pourquoi on n'en a jamais parlé à nos parents, on ne voulait sans doute pas faire de peine à notre mère (c'est son père).
C'est un type d'inceste très light en l'occurrence, très ponctuel, et sans conséquence forte. Il est passé totalement inaperçu, mais il doit compter dans le genre de statistiques citées. Dans la famille, on est plusieurs à garder une certaine affection pour mon grand-père (qui avait d'autres qualités !), la plupart en gardent de la colère (et aussi contre ma grand-mère qui se doutait et n'a rien fait), mais le sentiment dominant est plutôt "Pourquoi ? Qu'est-ce qui l'a rendu comme ça ?" On a fait plein d'hypothèses... mais on ne le saura jamais... (edit : on en a conclu qu'il était malheureux dans sa vie, dans son couple, d'ailleurs il avait des tendances alcooliques... mais rien de plus précis)
Voilà, c'est juste un témoignage... pour éclairer pourquoi si peu d'incestes sont connus.
Mon grand-père était un homme timide, discret, très doux, qui bégayait un peu et n'aurait jamais fait de mal à une mouche, dans l'image que j'ai de lui. Mais c'était un pédophile, à mon avis sans avoir conscience des dégâts qu'il causait. C'était un autre temps, où le sujet était totalement tabou et incompris... mais tout de même, ma grand-mère veillait à ne pas trop le laisser seul avec nous.
Bref. Toutes les filles de la famille (ma génération et la précédente) ont subi des attouchements dans leur petite enfance. On est trois à n'en garder aucun souvenir (du moins rien de précis), on a totalement refoulé. L'affaire a été rendue "publique" au niveau familial quand ma cousine a refusé d'aller à son enterrement en expliquant pourquoi (elle avait 19 ans mais elle se souvenait...). Cela a été un choc pour nos parents, mais la parole ne s'est pas vraiment libérée. Puis, des années plus tard, la plus jeune de mes cousines a fait une anorexie. Là, on s'est toutes retrouvées pour tenter une sorte de débriefing, en espérant l'aider (elle devait avoir 4 ans au moment des faits et n'en a aucun souvenir).
La plupart d'entre nous n'avons pas eu de symptômes forts du type de ceux décrits dans ce genre de cas (pour la plupart, juste quelques blocages physiologiques / psychologiques, une crise d'adolescence carabinée, quelques difficultés dans nos vies amoureuses, rien de bien spécifique ; tout de même une anorexie pour l'une, une adolescence avec drogue pour une autre). La plupart des victimes étaient persuadées d'être "la seule victime" donc se sentaient en faute ; il n'y a que mes soeurs et moi qui avions conscience d'être dans le même sac, et on en parlait parfois entre nous, sans vraiment réussir à mettre des mots dessus, juste l'idée qu'il valait mieux éviter (mais le bilan familial a montré qu'on en avait moins souffert, justement parce qu'on se savait plusieurs).
Mais donc, un jour, à l'école, on a eu une sensibilisation en sujet. Je devais être en CM1 ou CM2, ma soeur en CP ou CE1. On a vu un petit film ou documentaire, je ne sais plus, un peu trop flou ou trop vague. En rentrant le soir à la maison, ma soeur, songeuse, me dit : "mais... pépé, c'est pas un peu pareil ?". Et ma réponse, je m'en souviens clairement : "Oh non, les pédophiles c'est gens qui obligent les enfants à faire des choses, qui leur font mal... mais pépé, il nous oblige pas; si on dit non, il arrête tout de suite, il est gentil et il ne veut pas nous faire du mal..." "Oui, je l'aime bien, mais quand même... c'est bizarre... " "Bah, de toute façon, il suffit de rester avec mamie...".
Je ne sais absolument pas pourquoi on n'en a jamais parlé à nos parents, on ne voulait sans doute pas faire de peine à notre mère (c'est son père).
C'est un type d'inceste très light en l'occurrence, très ponctuel, et sans conséquence forte. Il est passé totalement inaperçu, mais il doit compter dans le genre de statistiques citées. Dans la famille, on est plusieurs à garder une certaine affection pour mon grand-père (qui avait d'autres qualités !), la plupart en gardent de la colère (et aussi contre ma grand-mère qui se doutait et n'a rien fait), mais le sentiment dominant est plutôt "Pourquoi ? Qu'est-ce qui l'a rendu comme ça ?" On a fait plein d'hypothèses... mais on ne le saura jamais... (edit : on en a conclu qu'il était malheureux dans sa vie, dans son couple, d'ailleurs il avait des tendances alcooliques... mais rien de plus précis)
Voilà, c'est juste un témoignage... pour éclairer pourquoi si peu d'incestes sont connus.
- Mélusine2Niveau 10
Merci Dalva pour le fil et les documents, merci Pat B pour le témoignage... ça fait froid dans le dos, mais même s'il est bien difficile dans nos classes de détecter les enfants ou ados qui auraient besoin d'aide, tout progrès dans la lucidité est bon à prendre.
- JennyMédiateur
Merci effectivement pour le fil.
On devrait être formés à ces questions.
On devrait être formés à ces questions.
- uneodysséeNeoprof expérimenté
Merci Dalva d'initier ce fil avec ces liens, et aux personnes qui manifestent leur sensibilité à ces questions.
Ce sujet touche de près des personnes autour de moi, qui découvrent à l'âge adulte que des femmes de leur famille sont concernées. On n'imagine pas forcément les conséquences en cascade sur les générations suivantes.
Ce sujet touche de près des personnes autour de moi, qui découvrent à l'âge adulte que des femmes de leur famille sont concernées. On n'imagine pas forcément les conséquences en cascade sur les générations suivantes.
- X.Y.U.Niveau 7
J'arrive comme un cheveu sur la soupe car je n'ai pas pu suivre tout le fil (mais lu quelques posts quand même) : il m'arrive certaines années d'avoir une élève ou une autre qui semble vouloir se dissimuler dans des vêtements trop grands et/ou sombres, tirant sur ses manches pour couvrir ses mains, fuyant le regard.... J'ai toujours pensé que ça pouvait être un signe (et j'en ai toujours parlé à la CPE ou au PP pour transmettre le problème), or généralement j'ai l'impression d'être la seule à y voir un problème... Encore récemment, il m'a semblé que tout ce qui embêtait les collègues (lors du conseil de classe), c'était le manque de travail : la possibilité d'un mal-être général ne les a pas effleurés (malgré mes questionnements ouvertement exprimés) et personne n'a cherché à relever ce que je disais, ça m'a fait bouillir intérieurement. Mais peut-être qu'en fait je me mets le doigt dans l’œil...?
- zigmag17Guide spirituel
X.Y.U. a écrit:J'arrive comme un cheveu sur la soupe car je n'ai pas pu suivre tout le fil (mais lu quelques posts quand même) : il m'arrive certaines années d'avoir une élève ou une autre qui semble vouloir se dissimuler dans des vêtements trop grands et/ou sombres, tirant sur ses manches pour couvrir ses mains, fuyant le regard.... J'ai toujours pensé que ça pouvait être un signe (et j'en ai toujours parlé à la CPE ou au PP pour transmettre le problème), or généralement j'ai l'impression d'être la seule à y voir un problème... Encore récemment, il m'a semblé que tout ce qui embêtait les collègues (lors du conseil de classe), c'était le manque de travail : la possibilité d'un mal-être général ne les a pas effleurés (malgré mes questionnements ouvertement exprimés) et personne n'a cherché à relever ce que je disais, ça m'a fait bouillir intérieurement. Mais peut-être qu'en fait je me mets le doigt dans l’œil...?
Est-ce différent en LP? Nous avons affaire dans plus de 50% des cas à des élèves au mal-être avéré, rendu aigu par un environnement familial parfois dangereux. Dans les matières littéraires nous recevons parfois des témoignages -ou des appels à l'aide à peine déguisés- qui nous permettent d'en référer à des gens compétents dans l'établissement pour (tenter de) régler le problème (rédactions par exemple qui laissent peu de place à l'interprétation)
Cette année vous sommes très vigilants car l'une de nos élèves manifeste exactement les mêmes symptômes que ceux que tu décris (mains dissimulées, et bras aussi; on sait qu'elle se scarifie, et toute l'équipe éducative est en vigilance renforcée. Que cachent ces symptômes? Quelque chose de grave assurément mais pour l'instant nous ne pouvons rien affirmer).
La posture aussi est parlante: l'une de mes élèves est toujours assise en position quasi foetale, recroquevillée; son écriture est minuscule, comme si elle voulait s'empêcher d'écrire, et m'empêcher moi, de la lire; nous sommes très vigilants aussi.
Je pense qu'être attentif puis alerter si besoin, c'est déjà faire un pas vers l'aide dont ces élèves ont besoin. Il n'empêche que nous sommes tout de même assez démunis.
- Lowpow29Fidèle du forum
Je trouve toutes les interventions super intéressantes.
Moi je regrette de n'avoir eu autre réaction que faire comme si on ne m'avait rien dit quand une élève au collège, qui était ma binôme en cours de langues mais sinon on ne se fréquentait pas plus que ça, je me disais qu'elle et son cousin qui était aussi dans la classe avaient été violés par leurs beaux-pères respectifs. Sur le moment je me disais non ce n'est pas possible. Elle avait déjà une situation familiale compliquée (vivait chez ses grands-parents, ses parents avaient perdu sa garde) donc maintenant je sais qu'elle ne me répétait pas ça pour rien mais ce n'était pas des appels à l'aide, c'était dit comme ça tout bas comme un secret dont je ne savais pas quoi faire.
Bref je n'en ai jamais parlé à personne et je sais que je ne suis pas la seule à avoir eu ces confidences, mais personne n'a pensé à en parler à un adulte ou autre... On ne veut pas se mêler de ce qui ne nous regarde pas, jeter l'opprobre, je me disais aussi que le cousin n'aimerait pas que je le sache (il était très en difficulté déjà) et je ne comprenais pas du coup pourquoi cette élève m'en faisait part. Je regrette de ne pas avoir réagi à ces propos. On avait 12-13 ans.
Moi je regrette de n'avoir eu autre réaction que faire comme si on ne m'avait rien dit quand une élève au collège, qui était ma binôme en cours de langues mais sinon on ne se fréquentait pas plus que ça, je me disais qu'elle et son cousin qui était aussi dans la classe avaient été violés par leurs beaux-pères respectifs. Sur le moment je me disais non ce n'est pas possible. Elle avait déjà une situation familiale compliquée (vivait chez ses grands-parents, ses parents avaient perdu sa garde) donc maintenant je sais qu'elle ne me répétait pas ça pour rien mais ce n'était pas des appels à l'aide, c'était dit comme ça tout bas comme un secret dont je ne savais pas quoi faire.
Bref je n'en ai jamais parlé à personne et je sais que je ne suis pas la seule à avoir eu ces confidences, mais personne n'a pensé à en parler à un adulte ou autre... On ne veut pas se mêler de ce qui ne nous regarde pas, jeter l'opprobre, je me disais aussi que le cousin n'aimerait pas que je le sache (il était très en difficulté déjà) et je ne comprenais pas du coup pourquoi cette élève m'en faisait part. Je regrette de ne pas avoir réagi à ces propos. On avait 12-13 ans.
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La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Hippocrate
- Clecle78Bon génie
Inversement une de nos élèves avait révélé à des camarades que son père la violait de façon atroce( je vous passe le détail). Une de ses amies se confie à un collègue homme qui vient me consulter en tant que pp. C'etait un samedi, 12 h30. Ni une ni deux on appelle le proviseur qui prévient la police. Après enquête il s'est révélé que l'élève était délirante et elle a été internée en hôpital psychiatrique. Ce fut terrible pour le père et le reste de la famille dont sa jumelle qui lui en a beaucoup voulu. Dans ce cas précis, datant de 2006, la réaction de tous a été rapide et il me semble assez exemplaire mais attention à la présomption d'innocence tout de même. C'est aussi ce qui rend ces affaires si délicates.
- SeiGrand Maître
Clecle, ce n'est pas à celui qui rapporte à la justice une confession de se soucier de la présomption d'innocence. Vous avez eu la réaction adéquate.
Ces données statistiques font frémir, y compris quand on est parents... elles donnent l'impression que le danger est invisible et partout.
Ces données statistiques font frémir, y compris quand on est parents... elles donnent l'impression que le danger est invisible et partout.
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- DalvaVénérable
La présomption d'innocence a été respectée puisqu'une enquête a été menée et a permis d'établir que l'élève était délirante.Clecle78 a écrit:Inversement une de nos élèves avait révélé à des camarades que son père la violait de façon atroce( je vous passe le détail). Une de ses amies se confie à un collègue homme qui vient me consulter en tant que pp. C'etait un samedi, 12 h30. Ni une ni deux on appelle le proviseur qui prévient la police. Après enquête il s'est révélé que l'élève était délirante et elle a été internée en hôpital psychiatrique. Ce fut terrible pour le père et le reste de la famille dont sa jumelle qui lui en a beaucoup voulu. Dans ce cas précis, datant de 2006, la réaction de tous a été rapide et il me semble assez exemplaire mais attention à la présomption d'innocence tout de même. C'est aussi ce qui rend ces affaires si délicates.
Ces affaires ne sont pas plus délicates que celles concernant tous les autres crimes et délits : quand on accuse quelqu'un, sa culpabilité doit ensuite être prouvée. Ce n'est pas pour autant qu'on s'empêche de porter plainte quand on a été volé, ou qu'on hésite à intervenir quand on pense que la voisine se fait massacrer par son mari.
Toutefois, sans vouloir dire que le père est coupable, il n'y a pas de fumée sans feu, comme on dit : pourquoi cette bouffée délirante s'est-elle exprimée dans ce domaine ? Si ça se trouve, cette jeune fille avait effectivement été victime d'une agression sexuelle ou d'un viol, peut-être répété, d'où l'atteinte psychique, le délire et le besoin d'internement psychiatrique - même si le coupable n'était pas le père.
- MalavitaÉrudit
Une année, au milieu de mon cours, une élève d'un petit groupe de filles, vient me voir, pour me dire qu'une de ses camarades, en pleurs, avait eu un problème avec un des membres de sa famille. J'ai tiqué tout de suite car l'élève qui m'a alerté avait elle même été victime pendant des vacances. Elles sont donc parties toutes les deux à la vie scolaire, pendant que j'essayais tant bien que mal de poursuivre le cours. A la fin du cours, j'ai interrogé ses camarades pour savoir ce qu'il s'était passé, la réponse a été : "vous pensez à quoi Madame ?" "A votre avis". On s'est compris à demis-mots. La direction prévenue par l'AED qui a récupéré les deux élèves a averti la police qui est venue récupérer la gamine. Elle est revenue quelques jours plus tard et je n'ai jamais osé lui en reparler.
C'est le genre de situation que je ne sais pas, je ne veux gérer, ça ne veut pas dire que je ne signale pas lorsque j'ai un doute, mais je passe très vite à autre chose au point d'oublier : une année, lors du dernier cours avec mes terminales, je repère une élève enceinte, le signale et à la remise des diplômes, tombe des nues en la voyant avec un nourrisson en disant à la CPE, mais comment j'ai pu de ne rien voir. Elle a éclaté de rire en me rappelant que je leur avais signalé...
Bref, je ne vois que les élèves et pas leurs problèmes et ils le sentent car c'est rare quand un élève vient se confier à moi. Je crois que c'est une manière de se protéger, surtout en LP où on en vient à se demander si on a des élèves qui vont bien et ont une vie normale.
C'est le genre de situation que je ne sais pas, je ne veux gérer, ça ne veut pas dire que je ne signale pas lorsque j'ai un doute, mais je passe très vite à autre chose au point d'oublier : une année, lors du dernier cours avec mes terminales, je repère une élève enceinte, le signale et à la remise des diplômes, tombe des nues en la voyant avec un nourrisson en disant à la CPE, mais comment j'ai pu de ne rien voir. Elle a éclaté de rire en me rappelant que je leur avais signalé...
Bref, je ne vois que les élèves et pas leurs problèmes et ils le sentent car c'est rare quand un élève vient se confier à moi. Je crois que c'est une manière de se protéger, surtout en LP où on en vient à se demander si on a des élèves qui vont bien et ont une vie normale.
- ElyasEsprit sacré
Clecle78 a écrit:Inversement une de nos élèves avait révélé à des camarades que son père la violait de façon atroce( je vous passe le détail). Une de ses amies se confie à un collègue homme qui vient me consulter en tant que pp. C'etait un samedi, 12 h30. Ni une ni deux on appelle le proviseur qui prévient la police. Après enquête il s'est révélé que l'élève était délirante et elle a été internée en hôpital psychiatrique. Ce fut terrible pour le père et le reste de la famille dont sa jumelle qui lui en a beaucoup voulu. Dans ce cas précis, datant de 2006, la réaction de tous a été rapide et il me semble assez exemplaire mais attention à la présomption d'innocence tout de même. C'est aussi ce qui rend ces affaires si délicates.
Les histoires d'accusations infondées font souvent le buzz/ la une des journaux. Le souci est qu'elles ont une médiatisation inversement proportionnelle à leur pourcentage dans les affaire. Elles sont très rares. Les statistiques sont imparables sur ce coup-là.
Le souci est que notre société a un souci avec la réalité de la pédocriminalité. C'est normal : tout adulte devient un suspect potentiel.
Ce type de violeurs sont souvent considérés comme aimables, bien de leur personne, gentil et très sociables voire ayant du succès avec les femmes. Ce sont de parfaits prédateurs. Ils savent se camoufler pour ne pas paraître dangereux. Trop de monde tombe dans le panneau. Bref...
- OlympiasProphète
Merci Dalva.Dalva a écrit:Je vous remercie tous pour ces réactions et réponses. Sincèrement, je craignais un peu les retours.En fait, un témoignage ne vaudra jamais statistique ni généralité, mais il est à peu près certain que nous avons tous des collègues et amis survivants (beaucoup préfèrent ne pas être appelés victimes, personnellement j'ai du mal avec le terme de survivant, mais je respecte ce que les premiers concernés disent préférer). Rien qu'autour de moi, je peux citer deux de mes cousines, ma sœur, ma belle-sœur, et une ancienne camarade de mon mari. Ma sœur est devenue prof-doc (pour peu de temps), ma belle-sœur a enseigné trente ans avant de devenir psy (spécialisée dans la pédo-criminalité d'ailleurs), une cousine travaille dans la mode (nombreux collègues), l'autre à la télé (nombreux collègues). Nous avons tous forcément des collègues et amis, des camarades et anciens camarades, concernés.montjoie-saintdenis a écrit:Un ami m'avait parlé de ces statistiques il y a quelques années. C'est dingue, et je ne peux m'empêcher de penser à posteriori au moment où on était nous même élève, que certains de nos camarades avaient peut-être ce genre de problèmes..
Est-ce qu'il y a des chiffres sur le nombre de cas que l'école permet de signaler ?
Et on en parlait en salle des profs, en pensant aussi qu'il y avait peut-être donc 1 ou 2 collègues qui ont été victimes.
En élargissant un tout petit peu le cadre de l'inceste, mon neveu de quatre ans et la nièce d'une amie d'environ 9 ans (mais ça a commencé en maternelle) ont subi des agressions sexuelles par le mari de leur assistante maternelle (pas dans le même département, donc pas par les mêmes personnes).
Et en revenant en arrière, nous pouvons tous penser aux comportements qui pouvaient nous sembler étranges de la part de camarades de classe.
Par exemple, comment se fait-il qu'à l'âge où j'embrassais pour la première fois un garçon sur les lèvres (et pour y arriver, ne sachant comment faire, nous avons dansé un slow dans le silence), donc vers 12 ou 13 ans, ma cousine de seulement un mois mon aînée me laissait comprendre qu'elle avait déjà couché ? Pourquoi elle et sa sœur, plus tard, une fois leurs parents divorcés, fuguaient-elles de chez leur père ? Pourquoi ma sœur est-elle subitement devenue mutique ?
Pourquoi cet(te) élève s'endort sur sa table ? Quelle quantité d'énergie lui faut-il chaque nuit pour se maintenir éveillé(e) dans la crainte ?
Pourquoi tel élève se scarifie ? A la nausée tout le temps ?
Pourquoi à l'école primaire une élève a-t-elle déjà des problèmes gynécologiques de type mycoses ?
Pourquoi cet enfant de 8 ans parle-t-il de choses relatives au sexe complètement hors de propos vu son âge ?
Etc.
Je crois que des indices peuvent nous alerter. Même s'il ne s'agit pas d'inceste, il s'agit toujours de choses graves.
Le problème ensuite, c'est que faire ? L'ASE est débordée, il n'y a même plus assez de places d'accueil pour les enfants censés être placés, les foyers ne sont pas forcément plus sûrs que les familles, et quand on fait un signalement, les services manquent tellement de moyens qu'il ne se passe rien pendant des mois - voire jamais. Alors quoi faire et vers qui se tourner ?
Je suis très vigilante ayant déjà eu des confidences d'élèves il y a plusieurs années.
Les enfants ne sont pas une priorité. Sinon il y aurait les investissements nécessaires pour les protéger quand on doit les retirer des familles.
Ce sujet me met très en colère après les situations sordides que j'ai pu voir dans mon ancien département.
- bénouNiveau 10
Dalva a écrit:Toutefois, sans vouloir dire que le père est coupable, il n'y a pas de fumée sans feu, comme on dit : pourquoi cette bouffée délirante s'est-elle exprimée dans ce domaine ? Si ça se trouve, cette jeune fille avait effectivement été victime d'une agression sexuelle ou d'un viol, peut-être répété, d'où l'atteinte psychique, le délire et le besoin d'internement psychiatrique - même si le coupable n'était pas le père.
Peut-être, mais ce n'est pas forcément le cas non plus : dans l'affaire Iacono, un petit-fils a faussement accusé son grand-père d'inceste (il s'est rétracté plus tard) pour d'autres raisons (se faire entendre, exister, sur fond de séparation des parents, se rapprocher de son père qui détestait le sien, se "venger" de son grand-père dans la maison duquel il aurait aimé prolonger ses vacances...) puis il s'est enferré dans son mensonge jusqu'à ne plus vraiment se rendre compte qu'il mentait.
- ElaïnaDevin
Dalva a écrit:[
Toutefois, sans vouloir dire que le père est coupable, il n'y a pas de fumée sans feu, comme on dit : pourquoi cette bouffée délirante s'est-elle exprimée dans ce domaine ? Si ça se trouve, cette jeune fille avait effectivement été victime d'une agression sexuelle ou d'un viol, peut-être répété, d'où l'atteinte psychique, le délire et le besoin d'internement psychiatrique - même si le coupable n'était pas le père.
Pour le coup, je trouve très grave le "il n'y a pas de fumée sans feu". Cette phrase m'a toujours semblé épouvantable. Tu as un problème avec une classe : "il n'y a pas de fumée sans feu". Tu es agressée dans la rue ? "il n'y a pas de fumée sans feu" (phrase qu'on a sortie à une amie qui s'était fait agresser...). Elle tourne très vite au victim blaming.
Maintenant, une fois qu'on a dit ça, Elyas a raison, les affaires de fausses accusations ont un retentissement médiatique inversement proportionnel à leur fréquence...
_________________
It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- DalvaVénérable
Elaina je ne vais pas développer mais tu mélanges tout. Compare tes exemples à ce dont on parle et ce à propos de quoi je dis qu'il n'y a pas de fumée sans feu, s'il te plaît, avant d'inventer des parallèles inopérants.
Je t'en propose un qui fonctionnera mieux : si tes fils se mettent à débiter des horreurs vulgaires, on pourra se dire qu'ils entendent ces grossièretés chez leurs parents. Et s'il s'avère que ça ne vient pas de leurs parents, on se dira quand même que ça leur vient de quelque part, parce qu'ils ne les auront pas inventées tout seuls. Lecture, télé, cours de récré, autre adulte de l'entourage, peu importe : il faudra bien s'inquiéter de savoir pourquoi des enfants jusqu'à présent polis et réservés se mettent à sortir des insanités.
Je t'en propose un qui fonctionnera mieux : si tes fils se mettent à débiter des horreurs vulgaires, on pourra se dire qu'ils entendent ces grossièretés chez leurs parents. Et s'il s'avère que ça ne vient pas de leurs parents, on se dira quand même que ça leur vient de quelque part, parce qu'ils ne les auront pas inventées tout seuls. Lecture, télé, cours de récré, autre adulte de l'entourage, peu importe : il faudra bien s'inquiéter de savoir pourquoi des enfants jusqu'à présent polis et réservés se mettent à sortir des insanités.
- User20401Vénérable
Je suis d'accord avec Dalva. Ce n'est pas "il l'a bien cherché", qu'elle mentionnait.
C'est l'idée qu'un enfant peut difficilement imaginer ça, s'il ne l'a pas vécu ou vu quelque part. Et il me semble que, en effet, quand il y a "fausses accusations" (très rares), c'est par fois une accusation de la mauvaise personne.
Sinon, je suis ce fil avec intérêt. Je n'ai jamais eu connaissance de tels cas, que ce soit dans ma vie privée ou professionnelle. Mais je me doute que j'ai dû en côtoyer. Et quand je regarde mes classes, j'y pense toujours. C'est glaçant…
Et pour mon fils, j'ai une tendance à la paranoïa dans ce domaine. Elle vient probablement d'un film qu'on nous avait montré à l'école primaire, et qui m'avait traumatisée. Par la suite, je ne voulais plus que mon père s'approche de moi (alors qu'il n'a absolument jamais eu le moindre comportement déplacé).
C'est l'idée qu'un enfant peut difficilement imaginer ça, s'il ne l'a pas vécu ou vu quelque part. Et il me semble que, en effet, quand il y a "fausses accusations" (très rares), c'est par fois une accusation de la mauvaise personne.
Sinon, je suis ce fil avec intérêt. Je n'ai jamais eu connaissance de tels cas, que ce soit dans ma vie privée ou professionnelle. Mais je me doute que j'ai dû en côtoyer. Et quand je regarde mes classes, j'y pense toujours. C'est glaçant…
Et pour mon fils, j'ai une tendance à la paranoïa dans ce domaine. Elle vient probablement d'un film qu'on nous avait montré à l'école primaire, et qui m'avait traumatisée. Par la suite, je ne voulais plus que mon père s'approche de moi (alors qu'il n'a absolument jamais eu le moindre comportement déplacé).
- X.Y.U.Niveau 7
Quel était ce film ?
Je n'ai encore jamais parlé de ces dangers à mes enfants, juste insisté sur le consentement pour des choses plus banales (le bisou qu'on peut refuser pour dire bonjour, etc...), et je ne trouve pas la bonne manière de l'aborder sans provoquer d'éventuelles angoisses en prenant conscience de ce que certains adultes sont capables de faire...
Si vous avez des conseils je suis preneuse.
Je n'ai encore jamais parlé de ces dangers à mes enfants, juste insisté sur le consentement pour des choses plus banales (le bisou qu'on peut refuser pour dire bonjour, etc...), et je ne trouve pas la bonne manière de l'aborder sans provoquer d'éventuelles angoisses en prenant conscience de ce que certains adultes sont capables de faire...
Si vous avez des conseils je suis preneuse.
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