Méthode heuristique Mathématiques

Bonjour,

Nouvelle sur ce forum et enseignante au CE1 l'année prochaine, je souhaitais avoir votre avis sur la Méthode Heuristique des mathématiques de Nicolas Pinel.

En me promenant sur les différents forums j'ai l'impression qu'elle attire de plus en plus d'enseignants. Que pensez-vous de son efficacité ?

Beurk!
Vala.
C'était mon avis.

Sinon, il y a un énorme effet de mode, mais personne ne connait les résultats de cette méthode, elle est trop récente.

Rovoi a écrit:Bonjour,

Nouvelle sur ce forum et enseignante au CE1 l'année prochaine, je souhaitais avoir votre avis sur la Méthode Heuristique des mathématiques de Nicolas Pinel.

Je découvre.

Le site web de l'inventeur n'est pas très explicite, peut-être parce qu'il ne souhaite pas trop dévoiler le contenu de son guide.

Quelqu'un peut-il résumer les grands principes de la méthode ?

(Quelques points me font tiquer, mais difficile de juger sur si peu d'information.)

http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2018/01/10012018Article636511688284551032.aspx

"Le point principal c'ets de redonner envie de faire des maths aux élèves et aux enseignants en créant des situations motivantes". La méthode enchaine des séquences ludiques . Rallyes mathématiques, promenades, exercices où les élèves se mesurent ou calculent la dimension de la cour, tout est bon pour ancrer les maths dans un réel plus accessible.

[...]

Les séances sont toutes construites de la même façon : une activité orale , par exemple redéfinir un concept, encadrer deux nombres pour revoir des compétences acquises et mettre les élèves en confiance. Puis un temps de calcul mental. Puis un apprentissage en atelier ou en classe entière avec des exercices traditionnels ou un travail sur fichier ou encore des jeux.

J'ai l'impression que le succès de cette méthode chez les PE tient plus de l'envie de ceux ci de s'affranchir d'un fichier que d'une analyse critique et d'une adhésion pédagogique.
Je me suis promis de m'y pencher ces vacances je ne peux en dire ni du bien ni du mal.

Elle est aussi gratuite et clé en main (chaque séance est détaillée à l'extrême et quasiment minutée, il y a une méthode pour les doubles niveaux...)

ycombe a écrit:http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2018/01/10012018Article636511688284551032.aspx

J'ai lu l'article du café, et parcouru le site de l'auteur.

J'ai déjà trouvé les mots différentiation, méthode active, manipulation, Singapour, progression spiralaire, John Hattie, compétence, atelier, et pas mal de revendication d'une méthode concrète et ludique.

Mais pas grand chose de concret sur les fondements de la méthode ou la progression adoptée. Bon, il y a le modèle de séance-type.

Dis comme ça, ça sent l'attrape-tout. Mais il faudrait je suppose lire le bouquin pour juger.

Il existe un site où on trouve toute la méthode :
Méthode heuristique Mathématiques
On y trouve tout le déroulé minuté des séances pour tous les niveaux, et même pour les doubles niveaux (les modules) et les documents/outils qu'il n'y a plus qu'à imprimer, plastifier, photocopier... ne manque que le fondement théorique mais pour l'avoir il faut acheter le livre. (Je doute que la majorité des PE qui se jettent sur cette méthode s'intéresse à la théorie et ait lu le livre. Ce qui les intéresse c'est le clef en main gratuit et qui plaise aux IEN...)

Et qu'est-ce qui fait que tu sembles avoir un fort a priori négatif ?

C'est une usine à gaz et du brassage d'air pour peu de connaissance... beaucoup de faussement ludique et de bouts de papier, un temps de malade à passer pour préparer le matériel (imprimer, plastifier, découper...)
Le fait aussi qu'on ne nous parle jamais du résultat en fin d'année, du niveau des élèves, car c'est bien joli de vouloir faire aimer les maths, mais ce serait encore mieux que les élèves aient appris les maths...

Volubilys a écrit:C'est une usine à gaz et du brassage d'air pour peu de connaissance... beaucoup de faussement ludique et de bouts de papier, un temps de malade à passer pour préparer le matériel (imprimer, plastifier, découper...)
Le fait aussi qu'on ne nous parle jamais du résultat en fin d'année, du niveau des élèves, car c'est bien joli de vouloir faire aimer les maths, mais ce serait encore mieux que les élèves aient appris les maths...

A vrai dire, c'est un peu ce que je crains.

Mais je ne suis pas PE, et je n'ai pas vu tourner.

Disons que la présentation faite par l'auteur fait allumer des signaux d'alerte.

Le pipeaumètre sonne à pleine puissance.

Volubilys a écrit:Il existe un site où on trouve toute la méthode :
Méthode heuristique Mathématiques
On y trouve tout le déroulé minuté des séances pour tous les niveaux, et même pour les doubles niveaux (les modules) et les documents/outils qu'il n'y a plus qu'à imprimer, plastifier, photocopier... ne manque que le fondement théorique mais pour l'avoir il faut acheter le livre. (Je doute que la majorité des PE qui se jettent sur cette méthode s'intéresse à la théorie et ait lu le livre. Ce qui les intéresse c'est le clef en main gratuit et qui plaise aux IEN...)

Je suis assez d'accord. L'emballage semble séduisant avec jeux et manipulations pour faire aimer les mathématiques mais le contenu me paraît plutôt pauvre.

Je n'ai pas réussi à trouver sur le site un document décrivant de manière claire et détaillée la progression des notions travaillées sur tout le primaire.

Personnellement j'ai du mal à comprendre cet engouement soudain. Peut être suis-je passée à côté de quelque chose ...

elsie a écrit:Le principe de la méthode? un peu du gribouillage..........

On part d'un mot et on fait des flèches qui mènent à de petits dessins qui sont des synonymes de ce mot.

C'est sensé permettre de mieux mémoriser une leçon..Moi, je n'y comprends pas grand chose.
Rien que le mot "heuristique" me fait fuir (parce que ce mot ne fait pas partie de mon dictionnaire).

C'est encore une invention de certains pédagogues pour faire vendre des livres?

heuristique, c'est une méthode de résolution de problème qui marche pas trop mal quand on a de la chance mais qui ne donne pas la meilleure solution (sauf si on a vraiment beaucoup de chance).

(je résume mon cours d'IA d'il y a 25 ans).

Je suis allée voir le site, beaucoup de bla bla qui ne m'a pas convaincue.

Je donne un exemple de problème de CM2. (Heureusement, il y a le corrigé pour ces pauvres PE qui sont nuls en maths, c'est bien connu.).
Le train Le Havre Paris est parti du Havre avec 1 474 personnes. 119 personnes sont montées à l’arrêt de Rouen.
Combien de personnes compte le train en arrivant à Paris ?
Déjà, je peux vous dire qu'avec des élèves en délicatesse avec le français, l'énoncé est ... problématique ! Les personnes comptent le train, que compte le train ?

"Combien de passagers sont à bord du train"  "Quel est le nombre de passagers à l'arrivée à Paris" ...

D'une manière générale, je trouve que les questions sont de plus en plus tordues (et ça vaut aussi pour les questions des lycéens dans des tas de matières.)
"Ce qui conçoit bien s'énonce clairement", c'est la devise que j'aimerais graver en lettres d'or sur la cheminée de ma classe.

Il y a aussi une belle critique de la méthode de Singapour, confortée par un article de Brissiaud qui tire sur Laurent Lafforgue à boulets rouges.

Rémi Brissiaud a écrit:Divisez quinze pommes en trois groupes égaux » et, d’autre part, « Divisez quinze pommes par groupes de trois », une formulation à la syntaxe problématique.

Rien que le fait qu'on avertisse que les premières éditions sont bonnes pour l'autodafe , les nouvelles étant heureusement  plus conformes aux programmes 2016 (pour moi, la nouvelle édition est tout bonnement une trahison) n'est pas bon signe.

Pour moi, ça repose sur l'argument fallacieux qu'on ne peut "faire aimer" qu'en amusant, alors que je reste convaincue qu'aider à surmonter une difficulté avec beaucoup d'entrainement et de rigueur est bien plus porteur. Mais bon, je date ...

Verdurette a écrit:Je suis allée voir le site, beaucoup de bla bla qui ne m'a pas convaincue.

Je donne un exemple de problème de CM2. (Heureusement, il y a le corrigé pour ces pauvres PE qui sont nuls en maths, c'est bien connu.).
Le train Le Havre Paris est parti du Havre avec 1 474 personnes. 119 personnes sont montées à l’arrêt de Rouen.
Combien de personnes compte le train en arrivant à Paris ?
Déjà, je peux vous dire qu'avec des élèves en délicatesse avec le français, l'énoncé est ... problématique ! Les personnes comptent le train, que compte le train ?

"Combien de passagers sont à bord du train"  "Quel est le nombre de passagers à l'arrivée à Paris" ...

Pour moi, ça repose sur l'argument fallacieux qu'on ne peut "faire aimer" qu'en amusant, alors que je reste convaincue qu'aider à surmonter une difficulté avec beaucoup d'entrainement et de rigueur est bien plus porteur. Mais bon, je date ...

Il s'agit d'un problème à données insuffisantes !    quels sont les arrêts entre Le Havre et Paris ? Combien de passagers sont descendus à Rouen ? ....

Absolument d'accord avec le dernier paragraphe .  

Rovoi a écrit:
Personnellement j'ai du mal à comprendre cet engouement soudain. Peut être suis-je passée à côté de quelque chose ...

Quand 80 à 90% des PE recrutés depuis des années sont issus de filières littéraires, ayant au pire abandonné les maths après la seconde, on peut comprendre l'intérêt porté à une méthode entièrement scriptée.

Cela peut-être rassurant.

Verdurette a écrit:
Je donne un exemple de problème de CM2. (Heureusement, il y a le corrigé pour ces pauvres PE qui sont nuls en maths, c'est bien connu.).
Le train Le Havre Paris est parti du Havre avec 1 474 personnes. 119 personnes sont montées à l’arrêt de Rouen.
Combien de personnes compte le train en arrivant à Paris ?

Il n'y a pas le corrigé. Il y a la solution du problème. Mais la solution du problème n'apporte pas grand chose: «Le train compte 119+1474 = 1593 personnes en arrivant à Paris.»

Ce qui m'ennuie ici, c'est que rien n'indique dans la solution comment résoudre le problème. Dans la méthode de Singapour, il y a une représentation graphique qui permet de visualiser que c'est une addition à faire par exemple. Ici, on balance l'opération à faire sans explication sur comment la trouver.

Si on remonte un peu, le fichier d'exercice indique une démarche pour résoudre les problèmes:
1/ Je lis d’abord la question (en noir) Je lis le texte du problème. Le texte c’est comme une histoire.
2/ Je me raconte l’histoire et j’essaie de comprendre ce qui se passe. Je peux m’aider du matériel de la boite à problèmes.
3/ Quand j’ai bien compris ce qui se passe, je peux faire un dessin, écrire…pour trouver la réponse à la question
4/ Je peux alors écrire l’opération qui correspond à mon dessin puis répondre à la question en faisant une phrase. Je vérifie que mon résultat est possible.

Et si toute la méthode de résolution de problème se résume à ça, pour moi c'est clairement insuffisant.

Verdurette a écrit:Je suis allée voir le site, beaucoup de bla bla qui ne m'a pas convaincue.

Je donne un exemple de problème de CM2. (Heureusement, il y a le corrigé pour ces pauvres PE qui sont nuls en maths, c'est bien connu.).
Le train Le Havre Paris est parti du Havre avec 1 474 personnes. 119 personnes sont montées à l’arrêt de Rouen.
Combien de personnes compte le train en arrivant à Paris ?
Déjà, je peux vous dire qu'avec des élèves en délicatesse avec le français, l'énoncé est ... problématique ! Les personnes comptent le train, que compte le train ?

"Combien de passagers sont à bord du train"  "Quel est le nombre de passagers à l'arrivée à Paris" ...

D'une manière générale, je trouve que les questions sont de plus en plus tordues (et ça vaut aussi pour les questions des lycéens dans des tas de matières.)
"Ce qui conçoit bien s'énonce clairement", c'est la devise que j'aimerais graver en lettres d'or sur la cheminée de ma classe.

Il y a aussi une belle critique de la méthode de Singapour, confortée par un article de Brissiaud qui tire sur Laurent Lafforgue à boulets rouges.

Rémi Brissiaud a écrit:Divisez quinze pommes en trois groupes égaux » et, d’autre part, « Divisez quinze pommes par groupes de trois », une formulation à la syntaxe problématique.

Rien que le fait qu'on avertisse que les premières éditions sont bonnes pour l'autodafe , les nouvelles étant heureusement  plus conformes aux programmes 2016 (pour moi, la nouvelle édition est tout bonnement une trahison) n'est pas bon signe.

Pour moi, ça repose sur l'argument fallacieux qu'on ne peut "faire aimer" qu'en amusant, alors que je reste convaincue qu'aider à surmonter une difficulté avec beaucoup d'entrainement et de rigueur est bien plus porteur. Mais bon, je date ...

B

Pólya doit faire le ventilateur dans sa tombe.

La méthode heuristique mathématiques n'a rien à voir avec l'heuristique en fait, c'est une nom racoleur/***-à-clic pour faire innovant.
C'est une méthode mathématiques créée par un IEN (et sans doute plus ou moins imposée dans sa circonscription) basée sur du brassage d'air jeu (jeu de société à fabriquer soi-même...) où le but n'est pas d'apprendre les maths mais de faire aimer les maths...

Ou comment profiter du passé attaché à un mot pour nommer le dernier prêt-à-penser à prétention pédagogique.

Volubilys a écrit:C'est une usine à gaz et du brassage d'air pour peu de connaissance... beaucoup de faussement ludique et de bouts de papier, un temps de malade à passer pour préparer le matériel (imprimer, plastifier, découper...)
Le fait aussi qu'on ne nous parle jamais du résultat en fin d'année, du niveau des élèves, car c'est bien joli de vouloir faire aimer les maths, mais ce serait encore mieux que les élèves aient appris les maths...

Ce me semble être une excellente synthèse !  

Anaxagore a écrit:Pólya doit faire le ventilateur dans sa tombe.

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