- NLM76Grand Maître
[Rappel : une chrestomathie est un recueil de textes utiles (en grec, χρηστός) pour apprendre (en grec, μαθεῖν)]
Alors que je continue de travailler sur les Cahiers d'Orthographe Grammaticale, je me rends compte que je manque d'efficacité parce que je procède peut-être un peu à l'envers. Pour entraîner les élèves sur un point de grammaire, d'orthographe, de conjugaison, de vocabulaire, je repasse dans ma mémoire ou sous mes yeux des textes majeurs, et j'y cherche des passages qui pourraient convenir. Ainsi suis-je en train de chercher des passages pour faire travailler le subjonctif présent. C'est long et difficile ! Il faut en effet trouver des subjonctifs présents à des personnes variées, avec des verbes divers, dans des phrases ou courts passages qui demeurent intéressants et stimulants à lire bien qu'ils soient sortis de leur contexte.
Une des solutions est de tirer les phrases d'une même œuvre pour une même leçon, de sorte que le contexte est tout de même suffisamment restitué, malgré l'optique grammaticale du choix des passages; mais chercher ces passages est long et relativement fastidieux.
Or les anciens, pour constituer des chrestomathies, procédaient, semble-t-il, souvent dans l'autre sens. Quand ils lisaient, relisaient, ou éditaient un texte, les professeurs marquaient d'un χ les passages qu'ils voulaient retenir pour l'enseignement grammatical (pléonasme ! la grammaire est, par nature, un enseignement).
C'est pourquoi je voudrais essayer de reprendre la constitution de chrestomathies (pour le français, le latin, le grec... mais un jour aussi pour les langues vivantes) à partir des textes. Je lis un texte (un texte majeur!) et je me dis, tiens, il pourrait être utile pour l'enseignement de tel point. Dès lors, je le rentre dans le dossier qui porte sur ce point.
Ainsi, ce matin, j'ai repensé rapidement à "Ô rage ! ô désespoir !..." Je me suis dit qu'il pourrait être utile pour travailler le passé composé et l'accord du verbe avec le pronom relatif sujet. Donc je l'ajouterais bien dans ma banque de données, avec les étiquettes "passé composé, participe passé, accord du verbe avec «qui». Je me dis que je reprendrais bien de façon ordonnée les textes que je voudrais utiliser (textes majeurs depuis le XVIIe siècle, plus proverbes et paroles de chansons).
Peut-être pourrais-je engager des collègues à participer à la construction de telles chrestomathies. Je me dis que je pourrais créer un blog où j'accumulerais les textes ainsi labellisés, un fil sur Néoprofs où nous pourrions noter ce que nous avons relevé au cours de nos lectures.
Voyez-vous une méthode plus efficace ?
Alors que je continue de travailler sur les Cahiers d'Orthographe Grammaticale, je me rends compte que je manque d'efficacité parce que je procède peut-être un peu à l'envers. Pour entraîner les élèves sur un point de grammaire, d'orthographe, de conjugaison, de vocabulaire, je repasse dans ma mémoire ou sous mes yeux des textes majeurs, et j'y cherche des passages qui pourraient convenir. Ainsi suis-je en train de chercher des passages pour faire travailler le subjonctif présent. C'est long et difficile ! Il faut en effet trouver des subjonctifs présents à des personnes variées, avec des verbes divers, dans des phrases ou courts passages qui demeurent intéressants et stimulants à lire bien qu'ils soient sortis de leur contexte.
Une des solutions est de tirer les phrases d'une même œuvre pour une même leçon, de sorte que le contexte est tout de même suffisamment restitué, malgré l'optique grammaticale du choix des passages; mais chercher ces passages est long et relativement fastidieux.
Or les anciens, pour constituer des chrestomathies, procédaient, semble-t-il, souvent dans l'autre sens. Quand ils lisaient, relisaient, ou éditaient un texte, les professeurs marquaient d'un χ les passages qu'ils voulaient retenir pour l'enseignement grammatical (pléonasme ! la grammaire est, par nature, un enseignement).
C'est pourquoi je voudrais essayer de reprendre la constitution de chrestomathies (pour le français, le latin, le grec... mais un jour aussi pour les langues vivantes) à partir des textes. Je lis un texte (un texte majeur!) et je me dis, tiens, il pourrait être utile pour l'enseignement de tel point. Dès lors, je le rentre dans le dossier qui porte sur ce point.
Ainsi, ce matin, j'ai repensé rapidement à "Ô rage ! ô désespoir !..." Je me suis dit qu'il pourrait être utile pour travailler le passé composé et l'accord du verbe avec le pronom relatif sujet. Donc je l'ajouterais bien dans ma banque de données, avec les étiquettes "passé composé, participe passé, accord du verbe avec «qui». Je me dis que je reprendrais bien de façon ordonnée les textes que je voudrais utiliser (textes majeurs depuis le XVIIe siècle, plus proverbes et paroles de chansons).
Peut-être pourrais-je engager des collègues à participer à la construction de telles chrestomathies. Je me dis que je pourrais créer un blog où j'accumulerais les textes ainsi labellisés, un fil sur Néoprofs où nous pourrions noter ce que nous avons relevé au cours de nos lectures.
Voyez-vous une méthode plus efficace ?
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- SisypheHabitué du forum
Bonjour,
Je trouve que c'est une excellente idée ! J'ai remarqué cette année seulement, que la mémorisation de phrases ou de vers extraits de grands textes permettait d'ancrer le point de grammaire dans l'esprit de mes élèves. ("Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage" m'a permis de travailler le pronom relatif en place de sujet et les élèves reprennent ce vers régulièrement) Je ne suis pas très forte en grammaire. J'ai commencé à m'y intéresser pour préparer l'agrégation. Mais j'ai très envie de progresser et de réfléchir à son enseignement. Bref, si je trouve quelque chose, je te fais signe.
Je trouve que c'est une excellente idée ! J'ai remarqué cette année seulement, que la mémorisation de phrases ou de vers extraits de grands textes permettait d'ancrer le point de grammaire dans l'esprit de mes élèves. ("Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage" m'a permis de travailler le pronom relatif en place de sujet et les élèves reprennent ce vers régulièrement) Je ne suis pas très forte en grammaire. J'ai commencé à m'y intéresser pour préparer l'agrégation. Mais j'ai très envie de progresser et de réfléchir à son enseignement. Bref, si je trouve quelque chose, je te fais signe.
- HocamSage
À une échelle et dans des proportions bien différentes (anglais, collège), je réalise une sorte de chrestomathie musicale à partir de courts extraits mp3 tirés d'un corpus de chansons. Que les exemples soient tirés d'une même œuvre ou pas, que ce soit au collège ou à un niveau plus avancé, en grec ou en vietnamien, je trouve que c'est un support très efficace de toute façon, cela contribue à montrer que la langue est une grosse machine qui a ses propres logiques, dont on saisit bien l'esprit en collectionnant des exemples mémorables. La mise en musique facilite la mémorisation également.
Concernant les fameux verbes irréguliers par exemple, je ne les aborde guère de manière systématique que via la chrestomathie musicale (un livret format A3 que j'appelle de manière plus plébéienne mon Grammar Jukebox), du I met your children des Buggles à We found love in a hopeless place de Rihanna. Je travaille à un projet similaire pour la phonétique, et j'aide des amis qui apprennent le FLE principalement par des banques d'extraits de chansons françaises qui présentent un intérêt lexical ou grammatical.
Concernant les fameux verbes irréguliers par exemple, je ne les aborde guère de manière systématique que via la chrestomathie musicale (un livret format A3 que j'appelle de manière plus plébéienne mon Grammar Jukebox), du I met your children des Buggles à We found love in a hopeless place de Rihanna. Je travaille à un projet similaire pour la phonétique, et j'aide des amis qui apprennent le FLE principalement par des banques d'extraits de chansons françaises qui présentent un intérêt lexical ou grammatical.
- sinanNiveau 9
Très bonne idée !
Dom Juan : I, 1 : très pratique pour étudier les temps et l'emploi du subjonctif.
Dom Juan : I, 1 : très pratique pour étudier les temps et l'emploi du subjonctif.
- AsarteLilithEsprit sacré
Molière, Le Malade imaginaire, I, 5 : présent et passé composé indicatif
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- NLM76Grand Maître
Tu ne fais pas une version écrite de ta chresto anglaise ? J'aime beaucoup cette idée pour l'anglais. Il faut en faire quelque chose de diffusable !Hocam a écrit:À une échelle et dans des proportions bien différentes (anglais, collège), je réalise une sorte de chrestomathie musicale à partir de courts extraits mp3 tirés d'un corpus de chansons. Que les exemples soient tirés d'une même œuvre ou pas, que ce soit au collège ou à un niveau plus avancé, en grec ou en vietnamien, je trouve que c'est un support très efficace de toute façon, cela contribue à montrer que la langue est une grosse machine qui a ses propres logiques, dont on saisit bien l'esprit en collectionnant des exemples mémorables. La mise en musique facilite la mémorisation également.
Concernant les fameux verbes irréguliers par exemple, je ne les aborde guère de manière systématique que via la chrestomathie musicale (un livret format A3 que j'appelle de manière plus plébéienne mon Grammar Jukebox), du I met your children des Buggles à We found love in a hopeless place de Rihanna. Je travaille à un projet similaire pour la phonétique, et j'aide des amis qui apprennent le FLE principalement par des banques d'extraits de chansons françaises qui présentent un intérêt lexical ou grammatical.
Et ta chrestomathie française, tu voudrais la diffuser ?
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- HocamSage
Ma « chrestomathie » française (je n'y ai jamais pensé en ces termes je l'avoue) est un peu comme la constitution britannique pour l'instant, faite d'extraits collectés au fil des années et éparpillés en différentes listes dans mes dossiers. :lecteur: Mais mon goût des anthologies me pousse à rassembler tout cela à terme en effet, quand j'aurai le temps...
Mon Grammar Jukebox a bien sa version papier, avec des cases vides à compléter à partir des 50 chansons du corpus. Je suis en train de retaper la mise en page car j'attaque ma séquence musicale en 3e, quand ça commencera à ressembler à peu près à ce que je voulais je pourrai te l'envoyer. Mes PDF des années précédentes ont mon nom en filigrane un peu partout donc bof. Mais disons que ça ne vole pas bien haut, on est loin de Virgile et de Properce avec mes Boney M, George Michael et autre Bruno Mars ; j'ai même rajouté du Drake et du The Weeknd cette année. Je fais du très basique au fin fond de ma REP. Le corpus va des années 1960 à il y a quelques mois.
Ton fil me donne envie de m'y remettre encore plus, cela dit. Je sous-titrerais presque le Grammar Jukebox : « chrestomathie chantante à l'usage des millennials en mal de repères syntaxiques dans la langue deShakespeare Rihanna ».
Mon Grammar Jukebox a bien sa version papier, avec des cases vides à compléter à partir des 50 chansons du corpus. Je suis en train de retaper la mise en page car j'attaque ma séquence musicale en 3e, quand ça commencera à ressembler à peu près à ce que je voulais je pourrai te l'envoyer. Mes PDF des années précédentes ont mon nom en filigrane un peu partout donc bof. Mais disons que ça ne vole pas bien haut, on est loin de Virgile et de Properce avec mes Boney M, George Michael et autre Bruno Mars ; j'ai même rajouté du Drake et du The Weeknd cette année. Je fais du très basique au fin fond de ma REP. Le corpus va des années 1960 à il y a quelques mois.
Ton fil me donne envie de m'y remettre encore plus, cela dit. Je sous-titrerais presque le Grammar Jukebox : « chrestomathie chantante à l'usage des millennials en mal de repères syntaxiques dans la langue de
- NLM76Grand Maître
Tu as quand même des Beatles, des Rolling Stones, des Doors, du Beach Boys, de l'Elvis, du Fats Domino, U2, UB40, du "Singin' in the rain", etc. Non ?
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- HocamSage
Je fais tourner un peu tous les ans, cette année j'ai du Beach Boys ("Then I Kissed Her" + l'original version féminine des Crystals "Then He Kissed Me", pas mal pour travailler les pronoms de base) et du Beatles. J'ai honteusement évacué les Stones pour mettre du Tony Christie à la place (son "I Did What I Did for Maria" est intéressant syntaxiquement). Sinon, du Ben E. King, du Simon & Garfunkel, The Clash, Tom Jones, The Supremes... J'ai mis du UB40 par le passé, j'aime beaucoup. Mon jukebox est un mélange bien à moi de classiques, de vieux morceaux kitschissimes, de succès récents que les élèves connaissent, de « trucs qu'ils ont entendu dans des pubs ou dans GTA »... J'étais tenté cette année de passer à un corpus encore plus large (j'ai des centaines de chansons avec des passages qui m'intéressent) pour inclure un maximum d'airs mémorables, mais le temps m'a manqué. Il faudrait que je m'y mette sérieusement un été et que je réorganise les points de grammaire, mais je fais à peu près tout à flux tendu depuis des mois donc ce n'est pas pour tout de suite.
- NLM76Grand Maître
The Animals qui chantent "I am just a soul whose intentions are good..." pour le relatif au génitif ? Cette vidéo me remonte très souvent le moral !
P.S. Ça y est, j'ai commencé : www.chrestomathies.lettresclassiques.fr
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- HocamSage
Oui, bravo pour la chanson des Animals, c'est même l'un des vers qui m'ont donné l'idée de faire cette anthologie musicale ! La première année, j'avais mis "House of the Rising Sun" du même groupe pour réviser tout simplement there is/there are, c'est te dire le niveau La chanson a en outre l'avantage d'être une des rares que je sache à peu près chanter sans trop écorcher les oreilles de mes pauvres collégiens.
Je vais aller voir ton site avec grand intérêt.
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- NLM76Grand Maître
Attends, pour l'instant c'est quasiment vide.
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- NLM76Grand Maître
Un peu long !AsarteLilith a écrit:Molière, Le Malade imaginaire, I, 5 : présent et passé composé indicatif
Tu pourrais préciser le passage auquel tu penses ?
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- pseudo-intelloSage
NLM, je suis toujours épatée par ta créativité et ton ambition. Bravo à toi, sincèrement.
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- NLM76Grand Maître
Merci pseudo-intello, c'est gentil.
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- HocamSage
Je viens d'écouter du Adamo et ça m'a fait repenser à ce fil. Une terminaison du subjonctif 3e groupe qui rime avec un indicatif 1er groupe :
« Et bien qu'il me sourIE
Je sens bien qu'il se méfIE »
Adamo insiste beaucoup sur les -e finaux pour rimer avec « fille », c'est assez marquant. À 42 secondes :
« Et bien qu'il me sourIE
Je sens bien qu'il se méfIE »
Adamo insiste beaucoup sur les -e finaux pour rimer avec « fille », c'est assez marquant. À 42 secondes :
- NLM76Grand Maître
Très bon.
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