Assassinat de notre collègue Samuel Paty

Ponocrates a écrit:Les journalistes mettent la formation sur le tapis parce que c'est rassurant: " si l'on forme bien les enseignants, ils pourront faire leur métier sans risquer de se faire agresser/tuer"." C'est "juste" une question de formation"
Parce que l'alternative : "Un enseignant bien formé à ces questions, qui faisait ce cours depuis des années, a été tué parce qu'aujourd'hui, en France, l'enseignement de la laïcité face à certains publics peut constituer une mise en danger de celui qui s'efforce de bien le faire" est beaucoup trop terrifiante pour qu'ils puissent l'envisager. C'est pour cela qu'aux yeux de certains il faut que notre collègue soit responsable. Parce que sinon cela signifie bien que notre société a basculé et les conséquences sont bien trop graves pour qu'il y ait le début du commencement d'une prise de conscience.

+10000. Pas mieux.

gauvain31 a écrit:

Ponocrates a écrit:Les journalistes mettent la formation sur le tapis parce que c'est rassurant: " si l'on forme bien les enseignants, ils pourront faire leur métier sans risquer de se faire agresser/tuer"." C'est "juste" une question de formation"
Parce que l'alternative : "Un enseignant bien formé à ces questions, qui faisait ce cours depuis des années, a été tué parce qu'aujourd'hui, en France, l'enseignement de la laïcité face à certains publics peut constituer une mise en danger de celui qui s'efforce de bien le faire" est beaucoup trop terrifiante pour qu'ils puissent l'envisager. C'est pour cela qu'aux yeux de certains il faut que notre collègue soit responsable. Parce que sinon cela signifie bien que notre société a basculé et les conséquences sont bien trop graves pour qu'il y ait le début du commencement d'une prise de conscience.

+10000. Pas mieux.

Même chose.

Jacq a écrit:

Shajar a écrit:Ce matin, j'ai comme certains eu des élèves. C'était presque irréel.
Tous n'avaient pas entendu parler de l'attentat, mais il me semblait important qu'ils puissent s'exprimer dans le cadre d'un cours plutôt que de découvrir et de commenter cela entre eux.
Mes élèves sont en large partie musulmans. Évidemment, ils m'ont sorti, sans méchanceté mais avec conviction, les choses habituelles : "Charlie, ils l'avaient cherché quand même", "la liberté d'expression s'arrête quand on offense quelqu'un", etc. Évidemment, on a réfléchi, déconstruit, remis en perspective.
Mais ce qui m'a frappée, c'est que ces élèves ont fait tous et immédiatement une différence très nette entre les caricaturistes et Samuel Paty. Un professeur qui fait son cours, pour eux, c'est un personnage intouchable. Aucun n'a cautionné de la moindre manière cet acte affreux, qui les a beaucoup choqués.
Et bêtement, je me dis qu'il y a quand même beaucoup d'espoir pour ces jeunes qui, mine de rien, croient en nous, en l'école et en la République (la vraie). On leur donne un monde pas facile, mais ils en feront peut-être quelque chose de bien.

Cléopatra, j'ai été tout aussi outrée de ce message minimaliste et de pure forme.

Elyas, toutes mes condoléances à toi. Franchement, déconnecte-toi de ces fichus réseaux quelques temps, ce n'est pas la peine de lire des choses qui te font mal.

Je ne vois pas beaucoup d'espoir en des gens qui disent que les uns l'ont cherché et que pour l'autre ce n'est pas juste.
L'espoir, peut-être... dire que de simples dessinateurs l'ont cherché.
Et dire qu'un prof, parce qu'il est prof, a le droit de défendre des dessinateurs qui eux, pour la liberté d'expression "l'ont cherché"....
Il faut qu'on se déconnecte de ce monde de merde, mais ces gamins il faut aussi qu'ils se déconnectent de leur monde sectaire.

Bon, j'aurais dû tourner sept fois mes doigts sur mon clavier avant de poster cela.
Ce que je voulais dire, très maladroitement, c'est que nos élèves ne croient pas seulement en un obscurantisme religieux, même quand ils en véhiculent des idées ; ils croient en l'école, c'est à dire en une institution laïque et d'émancipation, et cela me paraît plutôt positif. La figure du prof, c'est la figure avant tout de celui qui les aide à grandir et à réfléchir, et ils la respectent pour cela.
Maintenant, pour développer le reste, ils ont aussi été capables de débattre, calmement, d'être ouverts à des arguments, et d'aboutir à l'idée générale que non, on ne tue pas pour un dessin. Ce qu'ils ne comprennent souvent pas, c'est la démarche de Charlie Hebdo, le côté poil à gratter, le fait que les caricaturistes "cherchent les problèmes". Ils sont aussi obnubilés par la notion de "respect". Mais ils ont été capables de réfléchir, en s'écoutant (et en m'écoutant) sur l'idée de liberté d'expression et ses limites. Certes, il y a des préjugés, et je ne dis pas qu'ils sont devenus en vingt minutes des adorateurs de Charlie. Mais ce matin, j'ai vu des élèves rationnels, qui ne se contentaient pas, justement, de ressasser un discours tout fait, et qui étaient capables de se poser des questions et de réfléchir à une forme de hiérarchie des actes. J'ai bon espoir que ça infuse chez certains.
Et la haine et la cruauté, ils n'en sont pas les auteurs, mais les récipiendaires. C'est le monde dans lequel ils sont nés. Et qu'avec un peu de chance et d'éducation, ils pourront peut-être changer.

(Si la modération veut supprimer cet échange, avec plaisir. Mon premier message était trop mal fichu et déplacé, et celui-là n'est pas bien mieux. Sorry les modos ).

Ponocrates a écrit:Les journalistes mettent la formation sur le tapis parce que c'est rassurant: " si l'on forme bien les enseignants, ils pourront faire leur métier sans risquer de se faire agresser/tuer"." C'est "juste" une question de formation"
Parce que l'alternative : "Un enseignant bien formé à ces questions, qui faisait ce cours depuis des années, a été tué parce qu'aujourd'hui, en France, l'enseignement de la laïcité face à certains publics peut constituer une mise en danger de celui qui s'efforce de bien le faire" est beaucoup trop terrifiante pour qu'ils puissent l'envisager. C'est pour cela qu'aux yeux de certains il faut que notre collègue soit responsable. Parce que sinon cela signifie bien que notre société a basculé et les conséquences sont bien trop graves pour qu'il y ait le début du commencement d'une prise de conscience.

Je trouve ce message profondément stigmatisant pour nos élèves musulmans.

Source Cnews (procureur) : l'assassin attendait à la sortie du collège durant l'après midi et demandait à des élèves de lui désigner le professeur.

Déjà, avant de critiquer leur formation, les journalistes devraient vérifier la leur propre... genre vérifier leurs sources, l'origine de leurs photographies et compagnie. Cela éviterait certaines situations compliquées.

En effet je plains sincèrement le collègue dont la photo circule par erreur.

gauvain31 a écrit:

Jacq a écrit:

kero a écrit:Je suis particulièrement exaspéré par l'insistance, mise dans les médias et par nombre de commentateurs, sur la question de la formation des enseignants.
Comme si c'était le sujet ?

Ce n'est pas le sujet tu as raison.
Mais pour de gens non formés au (vrai) journalisme, l'idée de la formation n'est pas mauvaise (pour eux).

Cette personne était formée, à l'épreuve, avait fait ses preuves, faisait son travail et nous n'avons pas à juger de lui.

Le problème est bien plus profond.
J'ai appris que nous étions dans la même université et sans doute dans les mêmes amphis ensemble (sans nous connaître). Cela me fout plus au fond encore.

Le problème est bien là Jacq :  entre la différence de  perception que nous  avons, nous enseignants, du crime et celle qu'ont les journalistes. Ils ne (se) posent jamais les bonnes questions soit parce qu'ils en sont intellectuellement incapables, soit parce que leur formatage d'esprit est trop important, soit par malhonnêteté intellectuelle. Le bilan est qu'ils donnent l'impression d'être çà côté de la plaque.

Il me semble surtout que le problème réside moins dans leurs capacités intellectuelles, que dans le fait que les journalistes ne s'intéressent pas vraiment aux sujets qu'ils relatent. Je n'ai que très rarement le sentiment qu'un journaliste a vraiment fait l'effort de creuser un sujet, de le comprendre au delà des grands titres qu'il peut lire dans la presse concurrente. Un peu comme si le monde des journalistes fonctionnait en vase clos. Ce qui est un comble.

RaptorWill a écrit:

Ponocrates a écrit:Les journalistes mettent la formation sur le tapis parce que c'est rassurant: " si l'on forme bien les enseignants, ils pourront faire leur métier sans risquer de se faire agresser/tuer"." C'est "juste" une question de formation"
Parce que l'alternative : "Un enseignant bien formé à ces questions, qui faisait ce cours depuis des années, a été tué parce qu'aujourd'hui, en France, l'enseignement de la laïcité face à certains publics peut constituer une mise en danger de celui qui s'efforce de bien le faire" est beaucoup trop terrifiante pour qu'ils puissent l'envisager. C'est pour cela qu'aux yeux de certains il faut que notre collègue soit responsable. Parce que sinon cela signifie bien que notre société a basculé et les conséquences sont bien trop graves pour qu'il y ait le début du commencement d'une prise de conscience.

Je trouve ce message profondément stigmatisant pour nos élèves musulmans.

Je ne vois absolument pas en quoi il serait stigmatisant. Dangereux d'enseigner devant "certains publics", c'est un fait vu ce qu'il s'est passé ; personne n'a désigné l'ensemble des élèves, musulmans ou autres, comme relevant de ces publics du simple fait de leurs croyances.

Provence a écrit:Beau message reçu ce matin de la part de la rectrice d'Orléans-Tours.

Mesdames et Messieurs les professeurs,
Mesdames et Messieurs les membres de la communauté éducative,

Un professeur d’histoire, de géographie et d’éducation morale et civique a été assassiné ce vendredi 16 octobre. Le grief de son meurtrier est un cours qu’il avait donné sur la liberté d’expression, un cours d’éducation morale et civique du programme de quatrième. Sa mort nous laisse stupéfaits, profondément indignés mais déterminés à vous soutenir, à vous protéger dans l’exercice de votre métier, si noble, si essentiel.

Vous formez les enfants pour qu’ils deviennent des citoyens libres, libres de croire ou de ne pas croire, pour qu’ils comprennent et chérissent cette liberté d’expression consubstantielle à la République, à la démocratie, inscrite dès 1789 dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Vous formez de futurs citoyens, vous leur apprenez le raisonnement scientifique, vous les guidez pour qu’ils exercent leur esprit critique. Vous leur transmettez nos valeurs, celles de la République dont l’École est un pilier majeur. Ce que vous incarnez est précieux, irremplaçable. Vous pouvez compter sur moi, sur notre institution et toutes les forces républicaines de la société pour vous garantir le respect, la sécurité et la sérénité qui vous sont dus dans l’exercice de votre mission.


Katia BÉGUIN

Rectrice de la région académique Centre-Val de Loire
Rectrice de l'académie d'Orléans-Tours
Chancelière des universités

C'est Katia Béguin en même temps

Cet après-midi, nous, les anciens collègues de Samuel, nous sommes réunis pour pleurer mais aussi évoquer son souvenir. Les collègues ont évoqué un voyage en Italie où il avait décrit passionnément aux élèves tel et tel monument, sa passion pour le tennis et le badminton, son goût pour les Pink Floyd, les moments qu'il passait à jouer au babyfoot avec les élèves, lorsqu'il a fait découvrir l'escrime médiéval aux 5e, l'organisation d'une visite à Orsay, Verdun, Provins ou au château de Versailles, sa joie quand il a annoncé qu'il allait être père, ses blagues du vendredi aux élèves.
Et puis on regarde sa photo et on est sans voix, sans mots devant un tel gâchis, une telle barbarie.

C'est vraiment trop triste Malaga. Je pleure.

Pareil, c'est affreux.

Malaga a écrit:Cet après-midi, nous, les anciens collègues de Samuel, nous sommes réunis pour pleurer mais aussi évoquer son souvenir. Les collègues ont évoqué un voyage en Italie où il avait décrit passionnément aux élèves tel et tel monument, sa passion pour le tennis et le badminton, son goût pour les Pink Floyd, les moments qu'il passait à jouer au babyfoot avec les élèves, lorsqu'il a fait découvrir l'escrime médiéval aux 5e, l'organisation d'une visite à Orsay, Verdun, Provins ou au château de Versailles, sa joie quand il a annoncé qu'il allait être père, ses blagues du vendredi aux élèves.
Et puis on regarde sa photo et on est sans voix, sans mots devant un tel gâchis, une telle barbarie.

Malaga, pour toi, tes collègues, ses collègues, ses élèves, sa famille, ses amis

Malaga a écrit:Cet après-midi, nous, les anciens collègues de Samuel, nous sommes réunis pour pleurer mais aussi évoquer son souvenir. Les collègues ont évoqué un voyage en Italie où il avait décrit passionnément aux élèves tel et tel monument, sa passion pour le tennis et le badminton, son goût pour les Pink Floyd, les moments qu'il passait à jouer au babyfoot avec les élèves, lorsqu'il a fait découvrir l'escrime médiéval aux 5e, l'organisation d'une visite à Orsay, Verdun, Provins ou au château de Versailles, sa joie quand il a annoncé qu'il allait être père, ses blagues du vendredi aux élèves.
Et puis on regarde sa photo et on est sans voix, sans mots devant un tel gâchis, une telle barbarie.

RaptorWill a écrit:

Ponocrates a écrit:Les journalistes mettent la formation sur le tapis parce que c'est rassurant: " si l'on forme bien les enseignants, ils pourront faire leur métier sans risquer de se faire agresser/tuer"." C'est "juste" une question de formation"
Parce que l'alternative : "Un enseignant bien formé à ces questions, qui faisait ce cours depuis des années, a été tué parce qu'aujourd'hui, en France, l'enseignement de la laïcité face à certains publics peut constituer une mise en danger de celui qui s'efforce de bien le faire" est beaucoup trop terrifiante pour qu'ils puissent l'envisager. C'est pour cela qu'aux yeux de certains il faut que notre collègue soit responsable. Parce que sinon cela signifie bien que notre société a basculé et les conséquences sont bien trop graves pour qu'il y ait le début du commencement d'une prise de conscience.

Je trouve ce message profondément stigmatisant pour nos élèves musulmans.

Où est-il questions des "élèves musulmans"  ? Est-ce un élève qui a tué notre collègue ? C'est un adulte, qui ne l'a jamais eu en cours.
Est-ce un élève qui a porté plainte contre lui, qui a fait des déclarations sur facebook, a donné son nom, son adresse, dans sa chasse aux sorcières ? C'est un adulte - dont la fille n'avait même pas assisté au cours. Pas un de nos élèves. Épaulé par quelqu'un qui par le passé s'était déjà mêlé de ce qui se passait dans des établissement, par quelqu'un qui s'est fait une spécialité de s'attaquer à l'école de la République.

C'est mon message sur l'aveuglement volontaire des journalistes sur ce qui se joue avec l'assassinat de notre collègue qui vous choque ? Mais pas les déclarations des uns et des autres selon lesquelles , au fond il aurait été "maladroit" avec cette idée qu'il l' a bien cherché ? Nous n'avons de toute évidence pas la même sensibilité. Moi ce qui me choque c'est ce gâchis et l'indécence des vautours ( journalistes et politiques) qui cherchent désespérément à salir la mémoire de celui qui est une victime.
Pensées à vous et à vos collègues Malaga.

De grosses bises, Malaga...

L'enseignant d'histoire géographie qui s'exprime en ce moment sur Cnews le fait vraiment bien : notre collègue a été tué pour avoir montrer des dessins...

Je suis tellement triste, je me reconnais tellement dans ce portrait de Samuel, pourtant que je connais pas...

Le président de l'université de Caen invite à respecter une minute de silence lundi midi en hommage à Samuel Paty.

Malaga, je suis très très émue par ce que tu racontes.
Je t’envoie mes meilleures pensées

jaybe a écrit:

Ramanujan974 a écrit:Ce qui s'est passé est horrible. Toute personne sensée est d'accord avec ça.

Moi, je suis perplexe à la lecture de certains messages de ce fil : ceux qui veulent à leur tour montrer les caricatures à leurs élèves.
Il y a un côté "Idéal à défendre et vision sacerdotale du métier" que je ne partage pas.
Désolé si je choque, mais ce n'est pas à un enseignant dans son coin, même si on est des centaines à le faire, de prendre des risques pour sa vie/sa famille dans l'exercice de son métier. Je n'ai pas signé pour ça, contrairement à un pompier ou un soldat. Surtout vu comme on est soutenu.
Mon job est d'enseigner ma discipline. Point barre. Je ne crois pas du tout à "la formation de citoyens éclairés"...
Si je voyais Macron et Blanquer brandir les caricatures et porter un brassard "Je suis Charlie", je verrais peut-être les choses d'un autre oeil. Ou que tous les IG/IPR/IEN/Recteurs/DASEN de France fassent une tournée des écoles pour expliquer les caricatures.
Mais il y a plus de chances que je gagne à Euromillions.

Ce qui est le plus triste, c'est que ça ne s'arrêtera pas. Je ne vois pas ce qu'il faudrait faire, en supposant que tout soit possible.
Je ne crois pas que c'est être lâche de penser ça, on ne peut pas raisonner avec l'irrationnel. Il reste la colère et la résignation.

En mathématiques, on peut faire apprendre qu'il n'existe pas de texte contenant une vérité indiscutable révélée aux hommes, mais que les connaissances s'acquièrent par la rationalité, et que certaines sont encore inaccessibles à l'heure actuelle. Qu'il y a eu des changements de paradigmes importants dans l'histoire des sciences et des mathématiques lorsque des personnes ont eu la perspicacité de remettre en cause ce qui était alors supposé comme des vérités premières inaltérables. Si un professeur de mathématiques estime qu'il n'a pas à faire prendre conscience de cela à ses élèves, je peux lui conseiller un autre métier, vu qu'il n'a pas compris grand-chose à "sa" matière.

C'est à la limite du hors-sujet mais je trouve ton jugement quand même très péremptoire.
Face à une conviction aussi affirmée, je n'oserais pas me risquer à prétendre que j'ai compris quoi que ce soit à "ma" matière, cependant j'avoue que je ne vois à peu près rien en mathématiques - surtout dans les programmes du secondaire - qui puisse véritablement aider à montrer qu'il n'existe pas de texte contenant une vérité indiscutable révélée aux hommes.
Quand on conjugue les mathématiques avec les sciences (mais alors on est plutôt dans un cours de sciences), à condition que les élèves aient un niveau de technicité minimal rarement atteint aujourd'hui au collège et au lycée, on peut éventuellement avoir quelques arguments pour tenter de remettre en cause certaines certitudes, mais il faut reconnaître que, trop souvent, cela pèse peu devant une foi bien ancrée, d'autant plus qu'un croyant pourra toujours se retrancher derrière l'argument que l'existence même des mathématiques serait la preuve que l'univers obéit à un ordre divin que Le Créateur, dans son infinie bonté, nous a donné la capacité d'entrevoir.

On est ici confronté à des individus qui ont grandi dans un système de valeurs qui réfute la rationalité et je crains que nos arguments n'aient que peu de prise sur eux, même dans les disciplines comme les Lettres ou l'Histoire qui sont plus directement en lien avec l'organisation des rapports humains et les questions de droits et de libertés.

Il faut rester réaliste et cesser de nous imaginer que nos connaissances universitaires font de nous des Jedi de la citoyenneté ; l'essentiel de l'éducation se joue hors de nos cours et, lorsque les valeurs portées par le système scolaire se retrouvent en opposition avec celles portées par le milieu environnant, la balance penche rarement en notre faveur.

Merci Malaga.

J'entends le joyeux yaourt de mon fils de deux ans et demi, dans son lit et qui babille avant de s'endormir. J'ai entendu, il n'y a pas une heure, son rire cristallin en poursuivant ses petites voitures. J'ai bu son sourire heureux de petit garçon dont la vie est normale.
J'ai mal au bide en pensant au petit bonhomme (ou au petit brin de fille), peut-être pas beaucopu plus vieux, qui ne pourra plus jamais se serrer fort contre son papa.

Juste une pensée pour notre collègue. Je ne sais pas quoi dire d'autres...