Différence entre AUT et VEL

J'écris ça ici juste pour le noter — une hypothèse à creuser. J'ai idée que pour bien comprendre la différence entre les deux conjonctions "disjonctives", il faut comprendre le caractère "exclusif" de aut autrement que ce qu'on dit généralement (voir par exemple Ernout).
Aut n'exclut pas essentiellement que les deux choses coordonnées soit vraies en même temps ; elle exclut qu'il y ait une troisième possibilité. Aut nox aut diēs : il peut y avoir du entre chien et loup, mais il ne peut pas y avoir de baleine.
Ce qui est exclu dans le tiers exclu, ce n'est pas l'association des deux. En somme, la différence est un peu comme celle entre alter et alius. Autrement dit, je peux ajouter d'autres alternatives, mais je considère, avec aut, que l'ensemble est fermé. En revanche, vel considère toujours que l'ensemble est ouvert, qu'on ne fait que commencer à explorer les possibilités.

Ainsi quand Horace dit, dans L'art poétique : «Aut prōdesse volunt aut dēlectāre poētæ» (v. 333), il n'exclut pas que les poètes puissent vouloir les deux : «Omne tulit pūnctum quī miscuit ūtile dulcī» (v. 341). Il prétend seulement couvrir l'ensemble du champ des intentions des poètes : toutes les autres intentions des poètes peuvent se ranger sous les deux idées exprimées.

Évidemment, il faudrait ensuite préciser que comme à peu près toujours en langue, il ne s'agit pas de la réalité des choses, mais de la façon dont le locuteur les envisage pour son interlocuteur au moment t où il parle. Aut permet de considérer l'alternative comme fermée au moment où elle est prononcée.

Vous avez déjà lu des choses sur le sujet ?

Dans ma grammaire du lycée année 70 ( collection G.Bloch) on dit en effet que aut s’emploie quand l’un exclut l’autre alors que vel ( de la même famille que volo donne le choix non exclusif : ce qui ne confirme qu’une partie de ton hypothèse fort intéressante mais n’est pas incompatible : un aut exclusif est forcément fermé me semble-t-il alors que vel donne en somme un exemple seulement .

Oui, c'est ça : ce n'est pas incompatible. Mais ma proposition permet d'expliquer les cas que je cite, ce que ne permet pas l'explication traditionnelle. Il faudrait donc dire :
1. aut exclut qu'il y ait une troisième possibilité (sauf bien sûr si on rencontrait une accumulation de aut)
2. comme il n'y a que deux possibilités, souvent cela permet d'exprimer qu'elles s'excluent.

NLM76 a écrit:Oui, c'est ça : ce n'est pas incompatible. Mais ma proposition permet d'expliquer les cas que je cite, ce que ne permet pas l'explication traditionnelle. Il faudrait donc dire :
1. aut exclut qu'il y ait une troisième possibilité (sauf bien sûr si on rencontrait une accumulation de aut)
2. comme il n'y a que deux possibilités, souvent cela permet d'exprimer qu'elles s'excluent.

oui, je comprends (ou: je crois comprendre) ce que tu veux dire.
Il me semble donc que par "exclusion" on entendrait donc plutôt d'une autre possibilité, plus que l'un excluant  l'autre:
les poètes écrivent pour plaire ou instruire (les deux à la fois, l'un plutôt que l'autre, un peu de l'un, un peu  de l'autre, qu'importe, mais what else?): il n'y a pas d'autres raisons d'écrire que le plaisir  (pour soi, pour les autres) ou l'instruction (de soi, des autres).
En somme on aurait l'opposition entre une alternative(aut) et des possibilités (vel) ce qui effectivement nous ramène à une distinction très marquée primitivement entre 2 et plus de 2?
Bien possible en effet . Mais jamais lu ailleurs: il faut dire que la nuance est somme toute légère .

Voilà. Cela permet d'affiner la définition, tout en restant simple.