- BendingLightNiveau 5
Bonjour,
Pour les rares élèves absents à cause du coronavirus, il est question dans mon établissement de filmer les cours donnés en classe et de les retransmettre par visioconférence. On ne nous a pas demandé notre avis, encore moins notre autorisation, en tant que professeurs.
Est-ce normal? légal? (je n'avais rien contre les visio que je gérais de A à Z depuis chez moi l'an dernier mais là c'est autre chose).
Pour les rares élèves absents à cause du coronavirus, il est question dans mon établissement de filmer les cours donnés en classe et de les retransmettre par visioconférence. On ne nous a pas demandé notre avis, encore moins notre autorisation, en tant que professeurs.
Est-ce normal? légal? (je n'avais rien contre les visio que je gérais de A à Z depuis chez moi l'an dernier mais là c'est autre chose).
- DanskaProphète
Je ne vois pas comment ça pourrait être légal : en vertu du droit à l'image, il faut disposer de l'accord écrit de la personne concernée pour diffuser une image ou une vidéo d'elle. Il existe quelques exceptions, mais un cours n'en fait certainement pas partie !
A titre personnel, si quelqu'un menace de me filmer pendant un cours sans autorisation, j'arrête net le cours et je pars. Et si c'est un élève, je porte plainte (c'est arrivé à un de mes collègues l'année dernière : filmé - sans son accord évidemment - par un élève qui a ensuite publié la vidéo sur sa page Facebook, il a porté plainte et obtenu le retrait de la vidéo).
A titre personnel, si quelqu'un menace de me filmer pendant un cours sans autorisation, j'arrête net le cours et je pars. Et si c'est un élève, je porte plainte (c'est arrivé à un de mes collègues l'année dernière : filmé - sans son accord évidemment - par un élève qui a ensuite publié la vidéo sur sa page Facebook, il a porté plainte et obtenu le retrait de la vidéo).
- BendingLightNiveau 5
Merci pour vos réponses, tout cela me parait surréaliste. On nous dit juste que tout est prêt...
- OudemiaBon génie
Il va falloir s'accrocher pour résister à cette injonction : ceux qui refusent vont être accusés de ne pas vouloir le bien des élèves, ou bien être suspectés d'avoir quelque chose à cacher...
- BendingLightNiveau 5
Je suis persuadée de l'inutilité de cette mesure dans ma matière d'une part, et d'autre part, le nombre d'élèves absents est pour le moment très faible. J'aime les mesures utiles et logiques... et j'aime qu'on me demande mon avis, aussi!
- MélisandeNeoprof expérimenté
Mais cela signifie qu'on demande aux élèves absents d'assister à 6-7h de vidéos de cours par jour ?
Même du point de vue des élèves, la proposition est irréaliste.
Même du point de vue des élèves, la proposition est irréaliste.
- bas-médiévisteNiveau 9
Nous avons aussi ce problème-là à la fac. Puisqu'il est plus ou moins question de basculer en distanciel avec des cours retransmis en direct.
L'an dernier, un collègue avait tenté l'expérience. Pour un cours d'une heure et demie, le temps moyen de visionnage était de... 6 minutes par étudiant !
Outre l'enjeu de la propriété intellectuelle, je suis fermement contre car je pense qu'il n'y a rien de plus anti-pédagogique. Les étudiants sont trop habitués aux vidéos You T... courtes et divertissantes.
L'an dernier, un collègue avait tenté l'expérience. Pour un cours d'une heure et demie, le temps moyen de visionnage était de... 6 minutes par étudiant !
Outre l'enjeu de la propriété intellectuelle, je suis fermement contre car je pense qu'il n'y a rien de plus anti-pédagogique. Les étudiants sont trop habitués aux vidéos You T... courtes et divertissantes.
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"Les instructions émanant des socio-pédagogues infestant les cabinets ministériels depuis plusieurs années sont un charabia dont le pathos infernal mériterait d'être traduit en français afin d'en saisir tout le sel lorsque l'on sait qu'il vise un enseignement destiné, je vous le rappelle, à des enfants." (Goubert, 1984)
- DanskaProphète
Oudemia a écrit:Il va falloir s'accrocher pour résister à cette injonction : ceux qui refusent vont être accusés de ne pas vouloir le bien des élèves, ou bien être suspectés d'avoir quelque chose à cacher...
Je veux bien qu'on me soupçonne d'avoir des choses à cacher, ça m'est totalement égal
Quant au bien des élèves, je ne pense pas que voir ma bobine pendant deux heures de plus ou de moins change grand-chose à leur bien-être - mais si je me trompe, pas grave, je n'aurai pas non plus de scrupules à déclarer que je veux tout le mal du monde aux élèves
Plus sérieusement, bien au-dessus des élèves, de nous ou de la hiérarchie, il y a un truc qui s'appelle la loi. En l'occurrence, c'est l'article 9 du Code civil : "Chacun a droit au respect de sa vie privée. Les juges peuvent, sans préjudice de la réparation du dommage subi, prescrire toutes mesures, telles que séquestre, saisie et autres, propres à empêcher ou faire cesser une atteinte à l’intimité de la vie privée : ces mesures peuvent, s’il y a urgence, être ordonnées en référé.". Il existe également une jurisprudence abondante et globalement constante concernant le droit spécifique à l'image.
Si quelqu'un veut m'obliger à être filmée dans le cadre de mes cours, j'exigerai qu'il me présente d'abord le texte qui lui donne le droit d'émettre cette exigence. A priori, je peux attendre longtemps.
- DanskaProphète
Mélisande a écrit:Mais cela signifie qu'on demande aux élèves absents d'assister à 6-7h de vidéos de cours par jour ?
Même du point de vue des élèves, la proposition est irréaliste.
Et bonjour l'intérêt pour les élèves : ils vont donc regarder, avec un intérêt sans faille et pendant de longues minutes, leurs camarades travailler chacun de leur côté sur un exercice en classe, bercés par les "chut" de l'enseignant... Passionnant !
- OudemiaBon génie
Danska, je suis bien d'accord mais j'imagine la pression mise par certains parents qui ne voient pas plus loin, et par certaines équipes de direction qui ne veulent pas se mettre les parents à dos ! Sans compter les collègues (peu nombreux, j'espère) qui vont sauter sur l'occasion...
- BendingLightNiveau 5
Oui mais il faut peut-être faire les choses pour de bonnes raisons (je suis depuis peu dans le métier, peut-être que je rêve éveillée?). Les enfants ne sont pas des clients, les parents non plus. C'est fou toutes ces mauvaises décisions prises pour "ne pas les froisser".
- doubledeckerSage
bas-médiéviste a écrit:Nous avons aussi ce problème-là à la fac. Puisqu'il est plus ou moins question de basculer en distanciel avec des cours retransmis en direct.
L'an dernier, un collègue avait tenté l'expérience. Pour un cours d'une heure et demie, le temps moyen de visionnage était de... 6 minutes par étudiant !
Outre l'enjeu de la propriété intellectuelle, je suis fermement contre car je pense qu'il n'y a rien de plus anti-pédagogique. Les étudiants sont trop habitués aux vidéos You T... courtes et divertissantes.
C'est pourtant ce qui existe déjà et sans la justification du covid. À la fac du havre par exemple les étudiants inscrits en médecine n'ont que des cours filmé puisque ceux ci sont dispensés à la fac de Rouen. Et les vidéos ne sont pas d'une durée de 6minutes
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If you're not failing every now and again it's a sign you're not doing anything very innovative (Woody Allen)
La boutique de LolaDragibus : des petites choses futiles et inutiles pour embellir la vie (p'tites bricoles en tissu, papier, crochet....) : venez y jeter un oeil 😊
- DanskaProphète
Oudemia a écrit:Danska, je suis bien d'accord mais j'imagine la pression mise par certains parents qui ne voient pas plus loin, et par certaines équipes de direction qui ne veulent pas se mettre les parents à dos ! Sans compter les collègues (peu nombreux, j'espère) qui vont sauter sur l'occasion...
Oui oui, je me doute bien que tu partages cet avis
Mais pour les collègues de façon générale, je pense qu'il faut savoir défendre ses droits. On n'est pas du tout habitués à ça dans notre profession, mais parfois on ne peut pas juste espérer tomber toujours sur des parents compréhensifs et des équipes de direction qui défendent leurs enseignants. Les parents veulent ce qu'ils pensent être de mieux pour leur enfant, la direction est prise entre deux feux ; chacun défend ses intérêts, il n'y a pas de raison qu'on soit les seuls à se laisser marcher sur les pieds.
- Philomène87Grand sage
BendingLight a écrit:Bonjour,
Pour les rares élèves absents à cause du coronavirus, il est question dans mon établissement de filmer les cours donnés en classe et de les retransmettre par visioconférence. On ne nous a pas demandé notre avis, encore moins notre autorisation, en tant que professeurs.
Est-ce normal? légal? (je n'avais rien contre les visio que je gérais de A à Z depuis chez moi l'an dernier mais là c'est autre chose).
De mieux en mieux...
- AmauryNiveau 5
Droit à l'image, point barre.
Il n'y a pas besoin de vidéo pour suivre un cours...
Il n'y a pas besoin de vidéo pour suivre un cours...
- pasbienNiveau 6
Au delà de l'aspect légal, on peut déjà dans un premier temps arguer de l'inutilité de la chose.
Pour suivre régulièrement des conférences avec un seul orateur, souvent excellent qui plus est, et dont le format de conférence est fait pour parler seul face à son auditoire, dès lors que la prise de son n'est pas d'excellente qualité ou que la prise de vue est fixe cela m'est déjà très difficilement supportable à suivre alors que je me connecte volontairement et que je suis à priori extrêmement intéressé par le sujet.
Je n'ose même pas imaginer le massacre de filmer un cours de collège avec du matériel fait de bric et de broc, entendre un son haché et perturbé par tous les bruits extérieurs, ne pas avoir de focus sur les documents présentés etc....
Pour faire une captation decente, il faut à minima un cours qui s'y prête (généralement un cours sous forme magistrale), une prise de son de qualité, et un cadreur pouvant alterner les plans.... Je ne pense pas que toutes ces conditions puissent être réunis dans un établissement.
Dès lors que l'on a démontré l'inutilité de filmer un cours de collège il n'est nul besoin de savoir si c'est légal ou non, on s'abstient de le faire et ainsi on évite de faire perdre du temps à beaucoup de monde.
Pour suivre régulièrement des conférences avec un seul orateur, souvent excellent qui plus est, et dont le format de conférence est fait pour parler seul face à son auditoire, dès lors que la prise de son n'est pas d'excellente qualité ou que la prise de vue est fixe cela m'est déjà très difficilement supportable à suivre alors que je me connecte volontairement et que je suis à priori extrêmement intéressé par le sujet.
Je n'ose même pas imaginer le massacre de filmer un cours de collège avec du matériel fait de bric et de broc, entendre un son haché et perturbé par tous les bruits extérieurs, ne pas avoir de focus sur les documents présentés etc....
Pour faire une captation decente, il faut à minima un cours qui s'y prête (généralement un cours sous forme magistrale), une prise de son de qualité, et un cadreur pouvant alterner les plans.... Je ne pense pas que toutes ces conditions puissent être réunis dans un établissement.
Dès lors que l'on a démontré l'inutilité de filmer un cours de collège il n'est nul besoin de savoir si c'est légal ou non, on s'abstient de le faire et ainsi on évite de faire perdre du temps à beaucoup de monde.
- ysabelDevin
bas-médiéviste a écrit:Nous avons aussi ce problème-là à la fac. Puisqu'il est plus ou moins question de basculer en distanciel avec des cours retransmis en direct.
L'an dernier, un collègue avait tenté l'expérience. Pour un cours d'une heure et demie, le temps moyen de visionnage était de... 6 minutes par étudiant !
Outre l'enjeu de la propriété intellectuelle, je suis fermement contre car je pense qu'il n'y a rien de plus anti-pédagogique. Les étudiants sont trop habitués aux vidéos You T... courtes et divertissantes.
Je peux comprendre. Je déteste les vidéos (je ne parle pas de films ou de séries ou documentaires...), je trouve que c'est du gâchis de temps, c'est emmerdant au possible.
Un texte va à l'essentiel et on lit bien plus vite qu'on ne regarde une vidéo.
Prenez l'exemple des vidéos que notre ministre nous envoie... Qui les regarde ? qui les lirait s'il s'agissait d'un texte ?
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- Une passanteEsprit éclairé
ysabel a écrit:bas-médiéviste a écrit:Nous avons aussi ce problème-là à la fac. Puisqu'il est plus ou moins question de basculer en distanciel avec des cours retransmis en direct.
L'an dernier, un collègue avait tenté l'expérience. Pour un cours d'une heure et demie, le temps moyen de visionnage était de... 6 minutes par étudiant !
Outre l'enjeu de la propriété intellectuelle, je suis fermement contre car je pense qu'il n'y a rien de plus anti-pédagogique. Les étudiants sont trop habitués aux vidéos You T... courtes et divertissantes.
Je peux comprendre. Je déteste les vidéos (je ne parle pas de films ou de séries ou documentaires...), je trouve que c'est du gâchis de temps, c'est emmerdant au possible.
Un texte va à l'essentiel et on lit bien plus vite qu'on ne regarde une vidéo.
Prenez l'exemple des vidéos que notre ministre nous envoie... Qui les regarde ? qui les lirait s'il s'agissait d'un texte ?
Merci Ysabel, je ne suis pas seule !
Moi aussi, les vidéos m'ennuient royalement, j'aime lire des textes, des articles, mais les vidéos, jamais (d'ailleurs les vidéos de notre ministre sont à présent sous-titrées pour ceux qui préfèrent lire -mais bon, faut quand même supporter sa tête.... )
- PoupoutchModérateur
Entendons-nous bien, il ne s'agit pas de défendre l'idée qu'on devrait filmer nos cours pour les absents covid. Mais ce que vous dites toutes les deux, vous le dites en tant que profs, qui savent lire vite et sans difficulté. Pour des élèves qui ont déjà bien du mal à lire tout court (à tel point qu'ils échangent maintenant à l'aide de messages enregistrés plutôt que d'écrire en style SMS), je pense que la vidéo peut avoir des vertus et qu'en tout état de cause ils la préféreraient à un texte à lire.Une passante a écrit:ysabel a écrit:bas-médiéviste a écrit:Nous avons aussi ce problème-là à la fac. Puisqu'il est plus ou moins question de basculer en distanciel avec des cours retransmis en direct.
L'an dernier, un collègue avait tenté l'expérience. Pour un cours d'une heure et demie, le temps moyen de visionnage était de... 6 minutes par étudiant !
Outre l'enjeu de la propriété intellectuelle, je suis fermement contre car je pense qu'il n'y a rien de plus anti-pédagogique. Les étudiants sont trop habitués aux vidéos You T... courtes et divertissantes.
Je peux comprendre. Je déteste les vidéos (je ne parle pas de films ou de séries ou documentaires...), je trouve que c'est du gâchis de temps, c'est emmerdant au possible.
Un texte va à l'essentiel et on lit bien plus vite qu'on ne regarde une vidéo.
Prenez l'exemple des vidéos que notre ministre nous envoie... Qui les regarde ? qui les lirait s'il s'agissait d'un texte ?
Merci Ysabel, je ne suis pas seule !
Moi aussi, les vidéos m'ennuient royalement, j'aime lire des textes, des articles, mais les vidéos, jamais (d'ailleurs les vidéos de notre ministre sont à présent sous-titrées pour ceux qui préfèrent lire -mais bon, faut quand même supporter sa tête.... )
Maintenant, concernant la demande de la direction de notre collègue, on a vu qu'elle n'était pas légale sans autorisation du prof (et, j'ajouterais des élèves de la classe susceptibles d'être filmés), qu'elle n'avait pas d'intérêt pédagogique dans la mesure où nos cours sont de moins en moins magistraux et de plus en plus consacrés à des exercices individuels ou de groupe, et qu'elle n'aurait probablement que peu de résultats. Fort de tous ces arguments, il peut donc refuser d'être filmé en cours, et se contenter de trouver un moyen de faire parvenir le cours aux absents (en scannant le cahier d'un élève sérieux, en envoyant des exercices...).
_________________
Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- ProvenceEnchanteur
Poupoutch a écrit:
Fort de tous ces arguments, il peut donc refuser d'être filmé en cours, et se contenter de trouver un moyen de faire parvenir le cours aux absents (en scannant le cahier d'un élève sérieux, en envoyant des exercices...).
En fait, refuser d’être filmé en cours ne l’engage pas à trouver une autre solution. Faire parvenir le cours aux absents n’est pas une obligation du professeur.
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