- carmabellaNiveau 3
Bonjour,
je souhaiterais, pour une classe de 3e, élaborer une séquence consacrée aux récits des deux guerres mondiales avec la problématique suivante : l'expérience de la guerre : de l'héroïsme à la déshumanisation. Mon objectif serait de montrer comment la guerre transforme les hommes jusqu'à les rendre inhumains.
J'ai trouvé de nombreux textes pour la deuxième partie de ma problématique, la déshumanisation ; je sèche en revanche concernant l'héroïsme, malgré les nombreux romans que j'ai déjà consultés.
Auriez-vous des idées de textes ou d’œuvres qui correspondraient à cette thématique ? Si vous pensez que je fais fausse route avec cette problématique, n'hésitez pas à me le signaler.
je souhaiterais, pour une classe de 3e, élaborer une séquence consacrée aux récits des deux guerres mondiales avec la problématique suivante : l'expérience de la guerre : de l'héroïsme à la déshumanisation. Mon objectif serait de montrer comment la guerre transforme les hommes jusqu'à les rendre inhumains.
J'ai trouvé de nombreux textes pour la deuxième partie de ma problématique, la déshumanisation ; je sèche en revanche concernant l'héroïsme, malgré les nombreux romans que j'ai déjà consultés.
Auriez-vous des idées de textes ou d’œuvres qui correspondraient à cette thématique ? Si vous pensez que je fais fausse route avec cette problématique, n'hésitez pas à me le signaler.
- MyrrhaNiveau 9
Pour la seconde guerre mondiale, il faudrait chercher des poèmes sur la résistance je pense. Pour la première guerre mondiale, je pense à Apollinaire spontanément, mais il doit y en avoir d'autres.
- SphinxProphète
Les scènes de torture de résistants qui ne parlent pas dans L'armée des Ombres mais c'est dur pour des 3e Sinon oui les poèmes, par exemple "La Rose et le Réséda" doit coller plus ou moins.
(Après j'ai tendance à penser que quand on n'arrive pas spontanément à trouver des textes pour sa problématique, c'est qu'il vaut mieux changer la problématique )
(Après j'ai tendance à penser que quand on n'arrive pas spontanément à trouver des textes pour sa problématique, c'est qu'il vaut mieux changer la problématique )
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- TangledingGrand Maître
Pour la GM1 je crois qu'il y a un ouvrage absolument incontournable : Ceux de 14 de Maurice Genevoix. J'ai fait étudier Les Eparges (une des sections) à des 3e, à deux reprises, il existe en Librio. J'ai une banque d'extraits que je peux t'envoyer si tu le souhaites (envoie-moi un MP). Je t'encourage vivement à lire le pavé en entier toutefois, c'est sublime.
Dans Ceux de 14 il y a toute la GM1 : l'héroïsme suranné d'officiers old school face à une guerre moderne, l'héroïsme simple de la troupe, la faiblesse de tous aussi. Tout est vrai. Rien à voir avec d'autres récits et leur héroïsme de carton, de communiqués de l'arrière.
Il y a aussi un témoignage difficile à trouver, d'occase seulement, et magnifique aussi : Ma pièce, souvenirs d'un canonnier 1914 de Paul Lintier (j'ai aussi tapé pas mal d'extraits). Il y a une suite Avec une batterie de 75. Le tube 1233, que je n'ai pas encore trouvée. (Il me semblait avoir commandé un recueil avec les 2, je me demande si je n'ai pas oublié ça!). Lintier est tué sur le front en 1916 - alors que Genevoix a survécu, quoique blessé.
Dans un autre style J'ai tué et J'ai saigné de Cendrars, bien sûr.
PS : S'agissant de l'axe que tu as choisi. Je dirais que c'est difficile. C'est à dire que la vision héroïque de la guerre, mêlée de gloriole et d'esprit gaulois qui s'est imposée avec Barbusse et Dorgelès, cette vision a été très critiquée, dans l'après guerre, notamment par Jean Norton Cru (mais aussi Genevoix, justement). Personnellement je ne ferai aucune place à ces ouvrages, à cette vision mythifiée de la GM1. Je préfère mettre en avant les témoignages vrais (au sens d'honnêtes) que j'ai évoqués plus haut. Et par ailleurs la poétisation de la GM1 par Apollinaire ou Cendrars ne me pose aucun problème.
Dans Ceux de 14 il y a toute la GM1 : l'héroïsme suranné d'officiers old school face à une guerre moderne, l'héroïsme simple de la troupe, la faiblesse de tous aussi. Tout est vrai. Rien à voir avec d'autres récits et leur héroïsme de carton, de communiqués de l'arrière.
Il y a aussi un témoignage difficile à trouver, d'occase seulement, et magnifique aussi : Ma pièce, souvenirs d'un canonnier 1914 de Paul Lintier (j'ai aussi tapé pas mal d'extraits). Il y a une suite Avec une batterie de 75. Le tube 1233, que je n'ai pas encore trouvée. (Il me semblait avoir commandé un recueil avec les 2, je me demande si je n'ai pas oublié ça!). Lintier est tué sur le front en 1916 - alors que Genevoix a survécu, quoique blessé.
Dans un autre style J'ai tué et J'ai saigné de Cendrars, bien sûr.
PS : S'agissant de l'axe que tu as choisi. Je dirais que c'est difficile. C'est à dire que la vision héroïque de la guerre, mêlée de gloriole et d'esprit gaulois qui s'est imposée avec Barbusse et Dorgelès, cette vision a été très critiquée, dans l'après guerre, notamment par Jean Norton Cru (mais aussi Genevoix, justement). Personnellement je ne ferai aucune place à ces ouvrages, à cette vision mythifiée de la GM1. Je préfère mettre en avant les témoignages vrais (au sens d'honnêtes) que j'ai évoqués plus haut. Et par ailleurs la poétisation de la GM1 par Apollinaire ou Cendrars ne me pose aucun problème.
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- carmabellaNiveau 3
Sphinx a écrit:Les scènes de torture de résistants qui ne parlent pas dans L'armée des Ombres mais c'est dur pour des 3e Sinon oui les poèmes, par exemple "La Rose et le Réséda" doit coller plus ou moins.
(Après j'ai tendance à penser que quand on n'arrive pas spontanément à trouver des textes pour sa problématique, c'est qu'il vaut mieux changer la problématique )
C'est ce que je me dis également, je pense que je dois l'affiner ; mon objectif était de trouver une approche permettant de traiter des deux guerres et ne faisant pas uniquement référence à l'horreur de la guerre. Je n'ai jamais eu de 3e jusqu'à présent, je dois encore approfondir mes recherches.
Tangleding a écrit:Pour la GM1 je crois qu'il y a un ouvrage absolument incontournable : Ceux de 14 de Maurice Genevoix. J'ai fait étudier Les Eparges (une des sections) à des 3e, à deux reprises, il existe en Librio. J'ai une banque d'extraits que je peux t'envoyer si tu le souhaites (envoie-moi un MP). Je t'encourage vivement à lire le pavé en entier toutefois, c'est sublime.
Dans Ceux de 14 il y a toute la GM1 : l'héroïsme suranné d'officiers old school face à une guerre moderne, l'héroïsme simple de la troupe, la faiblesse de tous aussi. Tout est vrai. Rien à voir avec d'autres récits et leur héroïsme de carton, de communiqués de l'arrière.
Il y a aussi un témoignage difficile à trouver, d'occase seulement, et magnifique aussi : Ma pièce, souvenirs d'un canonnier 1914 de Paul Lintier (j'ai aussi tapé pas mal d'extraits). Il y a une suite Avec une batterie de 75. Le tube 1233, que je n'ai pas encore trouvée. (Il me semblait avoir commandé un recueil avec les 2, je me demande si je n'ai pas oublié ça!). Lintier est tué sur le front en 1916 - alors que Genevoix a survécu, quoique blessé.
Dans un autre style J'ai tué et J'ai saigné de Cendrars, bien sûr.
PS : S'agissant de l'axe que tu as choisi. Je dirais que c'est difficile. C'est à dire que la vision héroïque de la guerre, mêlée de gloriole et d'esprit gaulois qui s'est imposée avec Barbusse et Dorgelès, cette vision a été très critiquée, dans l'après guerre, notamment par Jean Norton Cru (mais aussi Genevoix, justement). Personnellement je ne ferai aucune place à ces ouvrages, à cette vision mythifiée de la GM1. Je préfère mettre en avant les témoignages vrais (au sens d'honnêtes) que j'ai évoqués plus haut. Et par ailleurs la poétisation de la GM1 par Apollinaire ou Cendrars ne me pose aucun problème.
Je te remercie pour tes nombreux conseils. Peut-être devrais-je aborder cette notion d'héroïsme de manière beaucoup plus large que celle du héros sur le champ de bataille, en parlant de la résistance par exemple. J'avais pensé commencer ma séquence par des affiches de propagande (confrontées à des photographies des guerres), d'où l'idée de trouver un ou deux textes qui, sans aller jusqu'à la propagande de la guerre, ne versaient pas dans son horreur ou sa cruauté.
Shajar a écrit:Le silence de la mer ?
Très bonne suggestion, je n'y avais pas pensé !
- TangledingGrand Maître
@Carmabella : en fait chez Genevoix ou Lintier, l'héroïsme prend la forme d'une humanité sublimée, face à l'adversité, la souffrance, l'horreur quotidienne de la guerre.
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- carmabellaNiveau 3
Cela correspondrait effectivement mieux avec ce que je cherche. Je vais m'y plonger rapidement !
- MalavitaÉrudit
A l'Ouest, rien de nouveau. On voit la transformation du héros allemand qui part à la guerre, la fleur au fusil et qui petit à petit en vient à rejeter cette guerre. Il y a un passage où le héros retourne dans son village et à l'école. Il y a une vraie confrontation entre le discours de l'instituteur qui alimente la propagande de guerre et le héros accusé de défaitisme. Il existe eu une adaptation cinématographique, cela peut être intéressant pour varier les supports.
Il est possible d'utiliser aussi les tableaux d'Otto Dix et les quelques monuments de guerre qui dénoncent la boucherie de 14-18. Sur l'héroïsme, il y a peut-être aussi la lettre de Manouchian qui peut faire le lien avec la propagande et l'affiche rouge.
Sinon, effectivement, Vercors, Apollinaire, Desnos, Aragon, en BD, Tardi. Il y a aussi un recueil sur les lettres de Poilus.
Il est possible d'utiliser aussi les tableaux d'Otto Dix et les quelques monuments de guerre qui dénoncent la boucherie de 14-18. Sur l'héroïsme, il y a peut-être aussi la lettre de Manouchian qui peut faire le lien avec la propagande et l'affiche rouge.
Sinon, effectivement, Vercors, Apollinaire, Desnos, Aragon, en BD, Tardi. Il y a aussi un recueil sur les lettres de Poilus.
- trompettemarineMonarque
Je me demande s'il ne serait pas plus simple de ne choisir qu'une seule guerre (déjà que les élèves ont tendance à les confondre).
Il serait plus facile d'élaborer la problématique : passer de l'héroïsme à l'inhumain, sans poser la question de l'humain, me semble difficile.
Il m'est venu immédiatement en tête La Douleur de Duras, mais, même en lycée, j'hésiterais à le faire.
Pourquoi pas l'étude de l'évolution des personnages de La Peste de Camus ?
Il serait plus facile d'élaborer la problématique : passer de l'héroïsme à l'inhumain, sans poser la question de l'humain, me semble difficile.
Il m'est venu immédiatement en tête La Douleur de Duras, mais, même en lycée, j'hésiterais à le faire.
Pourquoi pas l'étude de l'évolution des personnages de La Peste de Camus ?
- TangledingGrand Maître
Toujours sur la GM1 il y a un beau recueil de nouvelles de Remarque, "L'ennemi". Certains textes sortent un peu du cadre que tu as choisi mais sont très beaux (notamment celui sur la terre empoisonnée de Verdun, si mes souvenirs sont bons). Je t'ai envoyé mes deux GT.
Je comprends la proposition de séparer les deux guerres, aussi. Même si l'axe choisi peut le justifier. Je plussoie sur la beauté sublime de la dernière lettre de Missak Manouchian, par ailleurs.
Je comprends la proposition de séparer les deux guerres, aussi. Même si l'axe choisi peut le justifier. Je plussoie sur la beauté sublime de la dernière lettre de Missak Manouchian, par ailleurs.
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- carmabellaNiveau 3
Je préfèrerais faire un groupement de textes plutôt qu'une étude d’œuvre intégrale, même si l'idée de La Peste est très bonne. Pour la Douleur, j'ai peur que mes élèves soient déroutés par l'écriture de Duras.
Il faudrait effectivement peut-être que je sépare les deux guerres même si le choix est difficile. Je note en tout cas toutes vos idées qui enrichissent grandement mes réflexions.
Il faudrait effectivement peut-être que je sépare les deux guerres même si le choix est difficile. Je note en tout cas toutes vos idées qui enrichissent grandement mes réflexions.
- Hardy-LaclosNiveau 9
J'avais donné La Douleur à mes 3èmes il y a trois ans. Lecture forcément déroutante (c'est Duras tout de même) mais les LA ont fait leur petit effet. Je pense notamment à un commentaire de texte autour de l'étron (le mot plus vulgaire a été censuré !) de Robert Antelme (lire L'Espère humaine d'ailleurs) revenu des camps. Texte magnifique mais à réserver à une très bonne classe.
Je préfère faire étudier la 2nde GM à la 1ère, affaire de goût et aussi car j'ai l'impression que les camps touchent davantage les élèves.
Les élèves travaillent sur Aucun de nous ne reviendra de Charlotte Delbo. Témoignage d'une force rare, à la fois très poétique et très cru. Lecture pas facile mais étude qui mérite le détour.
Pour la 1ère GM, j'aime beaucoup Cris de Gaudé. En LC.
Je préfère faire étudier la 2nde GM à la 1ère, affaire de goût et aussi car j'ai l'impression que les camps touchent davantage les élèves.
Les élèves travaillent sur Aucun de nous ne reviendra de Charlotte Delbo. Témoignage d'une force rare, à la fois très poétique et très cru. Lecture pas facile mais étude qui mérite le détour.
Pour la 1ère GM, j'aime beaucoup Cris de Gaudé. En LC.
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- Spoiler:
- 2018-2019 : T2 (deux 6è ; une 5è ; une 3ème + PP 3ème)
2017-2018 : T1 (trois 6è ; 1 3è)
2016-2017 : stagiaire (deux 5è)
« - Alors, tu t'es bien amusée ?
- Comme ça.
- T'as vu le métro ?
- Non.
- Alors, que'est ce que t'as fait ?
- J'ai vieilli. »
Raymond Queneau, Zazie dans le métro
- carmabellaNiveau 3
Je pensais justement leur donner Cris en cursive, que je viens de commander. J'espère que cette lecture leur plaira.
Je vais avoir une classe avec des élèves très faibles dans une grande majorité, d'où ma réticence à étudier La Douleur. Je pourrais cependant peut-être leur en proposer un extrait si tu me dis que cela avait fonctionné.
Je vais avoir une classe avec des élèves très faibles dans une grande majorité, d'où ma réticence à étudier La Douleur. Je pourrais cependant peut-être leur en proposer un extrait si tu me dis que cela avait fonctionné.
- trompettemarineMonarque
Je ne sais pas si tu es un jeune professeur, mais je vais me permettre de jouer l'ancienne. Une Ipr, que j'appréciais, m'a dit un jour : "enseigner, c'est choisir". C'est toujours un crève-cœur, mais c'est une réalité. L'avantage de notre discipline, c'est que d'une année à l'autre, nous pouvons changer nos textes ou nos problématiques (elles ont disparu des programmes de lycée, mais beaucoup de collègues continuent à les utiliser, je le fais encore ou pas selon les textes que je choisis.) L'important est de permettre une lecture nourrissante des textes et des œuvres en recherchant, si possible, une cohérence (et encore, l'ancienne élève que j'étais apprenait les textes dans un ordre chronologique.) Il ne faut pas que l'étude du texte soit biaisée par la problématique, même s'il ne s'agit pas de faire dégorger le texte de tout ce qu'il peut apporter (ça, c'est pour le supérieur). Ne cherche pas la perfection de la séquence, mais choisis bien les textes qui te plaisent en fonction des élèves. Pardon pour ces banalités.
C'est toujours très long de bâtir un groupement de textes. Évite une séquence trop longue ou trop complexe dont toi seule serait capable de comprendre les enjeux.
Il me semblait clair que La Douleur n'était pas pour le collège, mais l'expérience de ThomCarver prouve le contraire.
Bon courage. Nous essaierons de te fournir d'autres textes.
HS : Je me souviens du fil magnifique sur les poèmes yiddish.
C'est toujours très long de bâtir un groupement de textes. Évite une séquence trop longue ou trop complexe dont toi seule serait capable de comprendre les enjeux.
Il me semblait clair que La Douleur n'était pas pour le collège, mais l'expérience de ThomCarver prouve le contraire.
Bon courage. Nous essaierons de te fournir d'autres textes.
HS : Je me souviens du fil magnifique sur les poèmes yiddish.
- nicole 86Expert spécialisé
trompettemarine a écrit:
HS : Je me souviens du fil magnifique sur les poèmes yiddish.
Saurais-tu comment retrouver ce fil ?
- trompettemarineMonarque
Je crois (sans certitude) que c'est celui-là :
https://www.neoprofs.org/t87420-3e-quel-poeme-pour-evoquer-le-genocide-juif
https://www.neoprofs.org/t87420-3e-quel-poeme-pour-evoquer-le-genocide-juif
- nicole 86Expert spécialisé
Merci, j'y vais de ce clic.
- RuthvenGuide spirituel
carmabella a écrit:Bonjour,
je souhaiterais, pour une classe de 3e, élaborer une séquence consacrée aux récits des deux guerres mondiales avec la problématique suivante : l'expérience de la guerre : de l'héroïsme à la déshumanisation. Mon objectif serait de montrer comment la guerre transforme les hommes jusqu'à les rendre inhumains.
J'ai trouvé de nombreux textes pour la deuxième partie de ma problématique, la déshumanisation ; je sèche en revanche concernant l'héroïsme, malgré les nombreux romans que j'ai déjà consultés.
Auriez-vous des idées de textes ou d’œuvres qui correspondraient à cette thématique ? Si vous pensez que je fais fausse route avec cette problématique, n'hésitez pas à me le signaler.
Sur la guerre comme expérience spirituelle, tu peux aller voir du côté sulfureux d'E. Jünger, Orages d'acier ou encore La guerre comme expérience intérieure. L'analyse peut être dialectiquement intéressante parce que c'est justement ce que tu appelles déshumanisation que Jünger exalte dans la reconduction à une nature primitive. Sa mystique de la guerre est bien évidemment très dérangeante mais peut nourrir le questionnement des élèves. J'ai travaillé cet extrait (avec des plus grands) :
"Dans le cocon bien clos d’une même culture, nous vivons tous ensemble, plus proches que jamais hommes ne l’ont été, dispersés à nos affaires et plaisirs, filant par places lumineuses et puits souterrains, dans les cafés où nous cernaient les miroirs éclatant, les rues, guirlandes colorées de lumière, les bars pleins de liqueurs chatoyantes, les tables de conférence et le dernier cri, à chaque heure sa nouveauté, à chaque jour son problème résolu, à chaque semaine sa sensation, au fond de tout une insatisfaction énorme que le vacarme couvre de sa chape. Toujours féconds en technique, nous étions, avec le sourire de Ben Akiba (1), rendus au terme de l’art, nous avions résolu les énigmes de l’univers, ou croyions être en passe d’y toucher. On arrivait quasiment au point de cristallisation, l’avènement du surhomme était proche.
Ainsi vivions-nous sans penser, et n’en étions pas peu fiers. A nous, fils d’une époque enivrée de matière, le progrès semblait un accomplissement, la machine la clef de la similitude au divin, la lunette et le microscope les organes de la connaissance. Mais sous la coque toujours plus brillamment polie, sous les atours dont nous nous attifions comme des magiciens de foire, nous restions aussi nus et bruts que les hommes des forêts et des steppes.
On le vit bien lorsque la guerre déchira la communauté de l’Europe, lorsque, derrière des drapeaux et des symboles pour lesquels la plupart, et depuis fort longtemps, n’avaient plus qu’un sourire incrédule, nous nous affrontâmes en choc décisif à la manière immémoriale. Alors l’humain se revancha en fracassante orgie de tout ce qu’il avait laissé perdre. Alors ses pulsions, trop longtemps endiguées par la société et ses lois, redevinrent l’unique et le sacré et l’ultime raison. Et tout ce que le cerveau avait au cours des siècles taillé d’arêtes sans cesse plus tranchantes ne servit plus qu’à accroître la force du poing au-delà de toute mesure.
Tout est maintenant derrière nous, noir et angoissant comme une forêt que l’on traverse dans la nuit. Qui ne pourrait comprendre que le souffle s’y accélère ? Nous avons plongé tête baissée dans ce vécu, et nous en revenons autres que nous ne fûmes."
E.Jünger, La guerre comme expérience intérieure
(1) Jünger fait référence ici au martyre de Rabbi Akiva, un savant, un des fondateurs du judaïsme rabbinique, à la charnière du Ier et IIème siècle de notre ère ; il aurait gardé le sourire sous la torture imposée par les Romains.
Ainsi vivions-nous sans penser, et n’en étions pas peu fiers. A nous, fils d’une époque enivrée de matière, le progrès semblait un accomplissement, la machine la clef de la similitude au divin, la lunette et le microscope les organes de la connaissance. Mais sous la coque toujours plus brillamment polie, sous les atours dont nous nous attifions comme des magiciens de foire, nous restions aussi nus et bruts que les hommes des forêts et des steppes.
On le vit bien lorsque la guerre déchira la communauté de l’Europe, lorsque, derrière des drapeaux et des symboles pour lesquels la plupart, et depuis fort longtemps, n’avaient plus qu’un sourire incrédule, nous nous affrontâmes en choc décisif à la manière immémoriale. Alors l’humain se revancha en fracassante orgie de tout ce qu’il avait laissé perdre. Alors ses pulsions, trop longtemps endiguées par la société et ses lois, redevinrent l’unique et le sacré et l’ultime raison. Et tout ce que le cerveau avait au cours des siècles taillé d’arêtes sans cesse plus tranchantes ne servit plus qu’à accroître la force du poing au-delà de toute mesure.
Tout est maintenant derrière nous, noir et angoissant comme une forêt que l’on traverse dans la nuit. Qui ne pourrait comprendre que le souffle s’y accélère ? Nous avons plongé tête baissée dans ce vécu, et nous en revenons autres que nous ne fûmes."
E.Jünger, La guerre comme expérience intérieure
(1) Jünger fait référence ici au martyre de Rabbi Akiva, un savant, un des fondateurs du judaïsme rabbinique, à la charnière du Ier et IIème siècle de notre ère ; il aurait gardé le sourire sous la torture imposée par les Romains.
La civilisation d’avant-guerre, Belle Epoque en France, certains aspects du Wilhelminisme en Allemagne, se caractérise à la fois par la croyance au progrès scientifique et technique et par la jouissance. Jünger en dresse un portrait lumineux, celui de la fête. L’homme pourrait croire avoir atteint le sommet de son accomplissement. Or cette représentation est illusoire ; elle est un divertissement au sens pascalien, c’est-à-dire un moyen d’occulter une réalité autrement plus profonde et tragique. Jünger évoque l’insatisfaction sous-jacente, l’incapacité d’une civilisation matérialiste à combler la réalité de ce que nous sommes, d’autant plus que cette civilisation ne fait pas disparaître notre nature.
La présence sous-jacente de la sauvagerie continue à caractériser l’être humain ; la civilisation n’a pas supprimé définitivement la violence, elle ne fait que la voiler, éventuellement la faire oublier dans l’abrutissement du plaisir immédiat, mais le sauvage reste présent, prêt à se déchaîner, dans le besoin même d’un déchaînement, en particulier dans l’exaltation du sang. « Déchiré par la faim, dans la mêlée haletante des sexes, dans le choc du combat à mort, il reste tel qu’il fut toujours. » La bête qui se tapit au fond de chacun est prête à se déchaîner dans le combat, dans la « rouge ivresse du sang »
La guerre révèle et dévoile cette nature occultée dans une expérience intérieure, spirituelle, où l’homme reconquiert une authenticité dans sa proximité avec la violence et la mort, c’est en ce sens qu’elle acquiert une dimension spirituelle pour Jünger, elle nous arrache aux plaisirs matérialistes, à une forme de mollesse où l’on aurait perdu le sens de l’existence.
La civilisation vient alors au service de la guerre notamment par le raffinement technique mis au service de l’anéantissement de l’ennemi. L’armement n’est qu’une soumission de la technique à cette nature authentique fondamentale.
Il y a peut-être un lien à faire avec la mythologie du berserker qui semble incarner par excellence ce guerrier caractérisé par son courage et qui se jette dans le combat au mépris de sa propre vie : le berserker. Le courage n’est pas ici maîtrise de soi, raffinement culturel par lequel l’individu prend en main sa propre vie pour montrer qu’elle dépasse les contingences biologiques, mais bien débordement et fureur. L’articulation avec l’animalité n’est pas loin : alors que généralement on animalise l’ennemi afin de légitimer ou d’expliquer son extermination, l’animalisation concerne ici le guerrier qui prend les qualités de l’animal. Guerrier-fauve, ours, loup ou sanglier, le berserker est celui qui se plonge dans le combat, sans protection, torse nu, ou revêtu d’une peau de bête.
Evidemment, on rompt avec la conception morale de l'héroïsme et il faut manier les analyses avec précaution.
- carmabellaNiveau 3
trompettemarine a écrit:Je ne sais pas si tu es un jeune professeur, mais je vais me permettre de jouer l'ancienne. Une Ipr, que j'appréciais, m'a dit un jour : "enseigner, c'est choisir". C'est toujours un crève-cœur, mais c'est une réalité. [...] Il ne faut pas que l'étude du texte soit biaisée par la problématique, même s'il ne s'agit pas de faire dégorger le texte de tout ce qu'il peut apporter (ça, c'est pour le supérieur). Ne cherche pas la perfection de la séquence, mais choisis bien les textes qui te plaisent en fonction des élèves. Pardon pour ces banalités.
C'est toujours très long de bâtir un groupement de textes. Évite une séquence trop longue ou trop complexe dont toi seule serait capable de comprendre les enjeux. [...]
Effectivement, j'entame ma quatrième année d'enseignement, et la première avec des 3e. Tu as parfaitement raison, je n'ai rien à ajouter !
Ruthven a écrit:
Sur la guerre comme expérience spirituelle, tu peux aller voir du côté sulfureux d'E. Jünger, Orages d'acier ou encore La guerre comme expérience intérieure. L'analyse peut être dialectiquement intéressante parce que c'est justement ce que tu appelles déshumanisation que Jünger exalte dans la reconduction à une nature primitive. Sa mystique de la guerre est bien évidemment très dérangeante mais peut nourrir le questionnement des élèves. J'ai travaillé cet extrait (avec des plus grands) [...]
Il y a peut-être un lien à faire avec la mythologie du berserker qui semble incarner par excellence ce guerrier caractérisé par son courage et qui se jette dans le combat au mépris de sa propre vie : le berserker. Le courage n’est pas ici maîtrise de soi, raffinement culturel par lequel l’individu prend en main sa propre vie pour montrer qu’elle dépasse les contingences biologiques, mais bien débordement et fureur. L’articulation avec l’animalité n’est pas loin : alors que généralement on animalise l’ennemi afin de légitimer ou d’expliquer son extermination, l’animalisation concerne ici le guerrier qui prend les qualités de l’animal. Guerrier-fauve, ours, loup ou sanglier, le berserker est celui qui se plonge dans le combat, sans protection, torse nu, ou revêtu d’une peau de bête.
Evidemment, on rompt avec la conception morale de l'héroïsme et il faut manier les analyses avec précaution.
Je ne connaissais pas ce livre de Jünger, je prends note et te remercie pour le texte, très riche (trop pour mes élèves malheureusement).
- TangledingGrand Maître
Pour décomplexer tout le monde, au bout de 15 ans, j'ai toujours le plus grand mal à trancher, à faire des choix.
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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