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- ElyasEsprit sacré
Bonjour,
Un petit fil sur la cartographie en milieu scolaire. Vous excuserez le choix de référencement des ouvrages, j'ai perdu la main.
Tout d'abord, je préviens que ce fil prend un parti pris, celui que la cartographie est un langage à part qui demande le même travail d'alphabétisation que l'apprentissage de l'écriture et de la lecture de la langue française en alphabet latin. En cela, je rejoins les travaux du sociologue Stéphane Bonnéry (un exemple marquant et connu maintenant : http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/documents/documents-smd/bonnery-amidou-ge301o_2.pdf) et, par ricochet sur la similarité des faits, avec l'anthropologue Jack Goody (La raison graphique, VO de 1977 et traduction en 1979 par les Editions de Minuit, un must have pour toute personne qui s'intéresse aux questions des liens entre le fait graphique (écriture, dessin, numération graphique etc) et l'abstraction).
Ensuite, quand on s'intéresse à la cartographie pour l'enseigner et non pour l'apprendre, on découvre un vaste désert. Je prends des ouvrages considérés comme référence (mais peu connus) sur la didactique de l'HG scolaire :
- L'apprentissage des concepts en Histoire et en géographie par Marc Deleplace et Daniel Niclot (2005, Reims) : rien sur l'apprentissage de la cartographie.
- Didactique de l'enseignement de l'Histoire-Géographie au collège et au lycée sld Y. Mével et N. Tutiaux-Guillon (Paris, 2013) : rien sur l'apprentissage de la cartographie.
- Concepts, modèles, raisonnements, les actes du 8e colloque de didactiques de l'histoire, de la géographie et des sciences sociales, dirigé par François Audigier (le Suisse, pas l'IG). Le colloque a eu lieu en mars 1996 mais ses actes ont été publiés en 1997. Dedans, on parle surtout de la lecture de carte et on a un article de Michel Journot (on reparlera de lui) sur les productions cartographiques (il travaillait entre 1992 et 1995 avec un groupe de travail sur la cartographie à Dijon) qui ont donné lieu à des expérimentations dans des classes de 4e. On a huit pages mais elles se fondent sur des travaux de production d'élèves à partir d'un dossier documentaire (travail de groupe d'ailleurs, pas individuel, et deux groupes tests : un qui produit des schémas et un qui produit des textes). Juste pour l'anecdote, cet ouvrage est cité partout en référence dans les travaux de didactique de l'HG mais... le trouver est un parcours du combattant. C'est comme s'il avait disparu. Par exemple, je doute franchement que tous ceux qui le citent l'aient réellement lu (j'ai réussi à le trouver dans une librairie auvergnate l'an dernier... à un prix défiant toute concurrence, en gros, c'était le prix du papier).
- La géographie : concepts, savoirs et enseignements sous la direction de Philippe Sierra (Paris, 2011). On a 7-8 pages qui sont surtout une analyse des programmes et attentes, surtout focalisé sur le bac. Mais rien sur l'apprentissage en lui-même du fait cartographique (je vous ai prévenu, je suis très influencé par les travaux de Goodman).
Or, actuellement, selon les travaux CEDRE et les enquêtes sociologiques (Supports pédagogiques et inégalités scolaires sld de Stéphane Bonnéry, Paris, 2015, par exemple), la cartographie est une vraie source de problèmes pour les élèves et pour les parents des classes populaires et moyennes qui cherchent à aider leurs enfants. De même, les enseignants témoignent aussi des difficultés de nombreux élèves qui ne la maîtrisent que difficilement, surtout ceux des classes populaires et moyennes (il faudrait faire un lien avec le rapport à l'écriture narrative décrite par B. Lahire dans La raison scolaire, Paris, 2008).
Pourtant, des gens ont travaillé et travaillent sur la cartographie : Journot, Fontanabona et J-F Thémines (trouvables sur le net pour des articles intéressants comme https://www.erudit.org/fr/revues/cgq/1999-v43-n120-cgq2692/022852ar/ de Michel Journot, la récension du livre de Thémines (quasi introuvable déjà) sur la didactique de la géographie, récension faite par Sophie Gaujal (qui a inventé le concours GéoPhotoGraphes et Cartographie ton quartier !) : https://didageo.blogspot.com/2018/09/cr-article-jean-francois-themines.html ). Vous avez aussi le site didagéo et sa liste de diffusion qui sont assez géniaux sur ces points.
Sauf que... tous ces travaux montrent surtout des élèves âgés (j'ai rarement lu des articles traitant d'élèves plus jeunes que les élèves de 4e) et fondés sur du travail de groupe (en gros, les élèves produisent un travail cartographique en groupe comme ici : https://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_2002_num_66_2_2806. On voit aussi qu'on est souvent dans une démarche constructiviste (les élèves inventent des figurés) avec des situations-problèmes. C'est avant tout la mise en relation et la problématisation qui est considérée et moins l'acquisition du langage cartographique. L'obsession de l'explication et du raisonnement prime sur le fait (carto)graphique.
Cependant, tous ces travaux sont super intéressants parce qu'ils suivent l'évolution de l'enseignement de la géographie et les débats autour de ses enjeux et de ses finalités.
Sauf que, pour reprendre Lahire et Bonnéry, si on n'a pas formé explicitement les élèves au fait (carto)graphique, seuls ceux qui sont dans la compréhension du curriculum caché et qui réfléchissent (ceux qui sont dans le code ouvert pour reprendre les travaux, ptêt désuets maintenant, de Basil Bernstein) réussissent à faire. Quand on voit que tous les travaux que je cite utilisent massivement le travail de groupe, c'est qu'implicitement on craignait l'échec de masse si on avait fait ce travail en solo (bon, il y a aussi le parti pris socio-constructiviste pour que du débat entre élève naisse du contenu et du raisonnement... mais bon, si tous les élèves ne connaissent pas le code de base, ça laisse les élèves qui savent diriger, tous ceux qui ont fait du travail de groupe en situation-problème savent ce que je raconte, j'imagine).
Là, on ne peut s'empêcher de se dire que cet enseignement du fait (carto)graphique est un impensé, d'autant plus que l'apprentissage et l'usage de la cartographie dans les petites classes est rarement citée et le plus souvent uniquement par le biais de la lecture de carte, en cours dialogué (donc, biais professoral fort dans cet apprentissage, les élèves savent-ils faire sans le professeur ?).
Pourtant, deux didacticiens en herbe géniaux, Xavier Leroux et Maud Verherve ont fait un travail génialissime de typologie sur la maîtrise (carto)graphique des élèves. Ils ont demandé à des centaines d'élèves du Ce2 au CM2 vivant dans le Nord à proximité de la frontière belge de représenter l'espace frontalier. Ils ont eu 1200 productions qui leur ont permis de faire cet article : https://journals.openedition.org/echogeo/13057.
C'est en écoutant Xavier Leroux, alors que je travaillais sur l'écriture des élèves, que je me suis dit que ce que je faisais en écriture, pourquoi ne pas le faire aussi en cartographie (j'avais alors en tête l'idée de carte-récit)... sauf que lisant Bonnéry au même moment et Goody, je me suis petit à petit demandé quand les élèves étaient-ils alphabétisés au fait (carto)graphique ? La réponse est que... bah... voilà... c'est au petit bonheur la chance, rapidement, et assez tardivement.
Alors comment faire ? Ce qui va suivre ne sont que quelques pistes et une méthodologie, toutes sujettes à critiques et fort humbles.
L'idée est donc de savoir comment passer en un an ou deux de :
à ça :
Partons du principe qu'on débute cet enseignement en classe de 6e (mais je reste persuadé que cela peut être fait très très jeune et que toutes les pratiques et gestes décrits et expliqués ci-après peuvent être utilisés à tous les niveaux). Partons du principe qu'on poursuit en classes de 5e, 4e, 3e et qu'au lycée, nos collègues sont tranquilles et peuvent demander à faire des cartes comme ils demandent des textes (oui, je sais, je sais, je sais...).
Je vais présenter plusieurs pratiques ici qui permettent d'apprendre aux élèves à cartographier et à considérer la cartographie comme un langage comme un autre pour expliquer un phénomène ou un fait (historique ou géographique, au passage).
Je vais abuser des mots "dessiner", "représenter", "graphie/graphiquement/graphiques".
PREMIÈRE PRATIQUE : apprendre les codes des cartes et faire le modèle du professeur :
Vous êtes début septembre et vous faites votre cours sur les migrations des Homo Sapiens vers un lieu que vous souhaitez (moi, c'est l'Australie). Plutôt que de faire un texte, vous décidez que vous allez faire une carte avec vos élèves. Ils ont un planisphère vierge chacun et retracent graphiquement. Vous allez prendre une heure trente parce que vous allez leur apprendre chaque code explicitement, en vérifiant chaque carte faite par chaque élève, reprenant votre explication à haute voix et en rassurant chaque élève. Ils vont devoir apprendre la question du choix de l'échelle (et apprendre les trois grandes échelles : locale, régionale, mondiale), de l'orientation (et là, vous avez préparé de magnifiques cartes orientées vers le sud ), du "centre" de la carte (oh, le beau planisphère centré sur le pôle nord puis celui sur le pôle sud), de chaque figuré (et il faut que les trois familles se présentent : bonjour les De Surface, bienvenue les Ponctuels et coucou les Linéaires), de la formulation du titre, de l'indication de l'orientation (par une flèche), de la rédaction de ce truc horrible graphico-scriptural qu'est la légende et vous leur montrez les gestes manuels pour réussir la carte.
Oui, leur apprendre à tenir le crayon pour un coloriage efficace, comment manipuler sa règle pour tracer au feutre fin noir une ligne sans que ça bave, comment utiliser un buvard pour harmoniser les pigments colorés sur la carte, comment écrire droit et proprement sur la carte etc.
Et on recommencera souvent ce type de séance de modelage en étant explicite jusqu'à ce qu'on puisse les mettre en autonomie guidée puis en autonomie totale (cf. remarque ci-dessous sur Barack Rosenshine et la Direct instruction). Petite astuce : on leur demande de transformer la carte ainsi produite en texte (ok, la séance prend alors 3h, mais on a commencé l'alphabétisation au fait cartographique et on a fait une petite évaluation diagnostic sur leurs capacités d'écriture et de mise en relation).
Il est TRES IMPORTANT que chaque élève fasse sa carte (vous allez me voir écrire cet avertissement très souvent). De même, il est important que le professeur montre les bons gestes à ses élèves (donc, je sors la bonne grande règle jaune graduée pour faire mes traits et je montre aux élèves comment je tiens mon crayon de couleur pour le geste du coloriage ou comment je trace à la règle au feutre fin noir un trait sans que ça bave quand je retire la règle).
De même, pour éviter le phénomène que connaît l'élève Hamidou de Bonnéry, on dit explicitement qu'on apprend à la fois le phénomène de la carte MAIS aussi comment on écrit/dessine une carte et qu'à l'évaluation, des questions sur le contenu existeront MAIS qu'ils seront aussi évalués à écrire/dessiner une carte d'ici la fin de l'année.
Cette pratique est une pratique technique qui s'apparente à la technique du modelage de la pédagogie explicite (Direct Instruction) de Barack Rosenshine. Au-delà des débats partisans, c'est aussi la technique d'apprentissage utilisée pour apprendre à écrire (dessiner les lettres) et à calligraphier (oui, j'ai fait un peu de calligraphie et les modèles m'ont bien aidé ainsi que les vidéos youtube où je vois les gestes). Cela va permettre de lancer les élèves à terme sur la production autonome de production cartographiques.
DEUXIÈME PRATIQUE : représenter graphiquement un espace (évaluation diagnostic évolutive) :
Arrive le premier cours de géographie. On fait comme Xavier Leroux et Maud Verherve
On demande aux élèves de représenter graphiquement ce qu'est pour eux un certain type d'espace. Si on commence en 6e par Habiter une métropole, on demande donc de représenter graphiquement une métropole.
Ma consigne est compliquée et mes élèves ont eu du mal. Or, en relisant l'article de X. Leroux et M; Verherve, j'ai vu qu'ils avaient d'abord fait un petit questionnaire avec comme question finale le fait de demander aux élèves de dessiner ce qui leur vient en tête quand on parle de la frontière. Je vais sans doute faire pareil cette année pour voir si ça change.
Et donc, on obtient ce genre de productions :
On peut alors utiliser une typologie issue des travaux de X. Leroux et Maud Verherve que j'ai un peu mise à ma sauce :
- les élèves dans le dessin (élèves qui n'ont pas mis en relation le fait qu'ils devaient dessiner géographiquement et donc premier degré du dessin, sans mise en relation avec le raisonnement disciplinaire implicite et sans questionnement sur pourquoi le professeur a dit représenter graphiquement et non géographiquement, il y a des tas d'autres facteurs explicatifs évidemment).
- les élèves dans le plan, eux ont voulu montrer l'espace ample et ont donc pris un autre type de représentation.
- les élèves déjà dans la cartographie.
On remarquera des dessins avec des titres, des débuts de figurés sur certains plans etc. Le but est de savoir où en sont les élèves et de faire en sorte qu'à la fin de l'année, sur la même question, le maximum d'entre eux soient au stade de la cartographie intuitivement et que le minimum voire aucun soit encore dans le dessin.
Évidemment, ce travail est aussi un travail de représentation géographique du type d'espace et on l'exploite pour ça aussi (moi, j'ai compris que ville = voitures et maisons pour mes élèves ). Quand on a fait le bilan de ce qu'ils pensent être une ville, on parle de comment ils ont représenté graphiquement. Et on leur explique la différence langagière des trois typologies et on leur dit qu'en géographie, représenter cartographiquement, c'est faire des productions cartographiques et que l'objectif de l'année, c'est qu'ils sachent le faire et que ça devienne un réflexe.
Dans la suite de la leçon, chaque production cartographique est faite selon la stratégie de modélisation décrite dans la première production mais on peut aussi commencer à leur demander de faire seuls certaines choses (donner un titre, mettre l'orientation, faire les figurés de surface dans la légende etc).
Au chapitre de géographie suivant, on recommence le début du chapitre en leur demandant de représenter graphiquement le type d'espace étudié (pour moi, les espaces ruraux) MAIS on dit explicitement qu'on est en géographie et que représenter graphiquement en géographie, ça veut dire quelque chose. Normalement, de nombreux élèves montent en grade dans la typologie. Les élèves deviennent nombreux à être dans le plan voire dans le langage cartographique.
TROISIÈME PRATIQUE : utiliser les paysages avec des fonds pre-dessinés ou des feuilles calques :
L'utilisation des paysages est une excellente entrée concrète pour apprendre le langage cartographique. A chaque étude de cas, on peut demander aux élèves de faire un croquis avec langage cartographique du principal paysage étudié. En le faisant deux fois à chaque chapitre en 6e, on arrive sur l'année à une dizaine de croquis ainsi faits. Deux choix :
- faire des croquis pre-dessinés où les élèves doivent faire le titre, la légende et faire le choix des figurés.
- faire des croquis sur feuille calque où les élèves doivent tout faire.
Prudemment, on aura débuté par faire ensemble pour apprendre explicitement le modèle langagier (cf. supra Barack Rosenshine et compagnie) mais petit à petit, on peut passer à une pratique guidée puis à une autonomie totale.
Cela peut donner ça à terme en pratique autonome totale (le premier est un croquis fait en groupe en classe de 5e en septembre mais chaque membre du groupe fait sa propre production ; le deuxième et le troisième sont des productions individuelles faites par des élèves de 6e en mai à partir d'une consigne où l'élève devait inventer un lieu habité et l'expliquer avec le raisonnement et le langage géographiques, si ça intéresse, un article écrit avec un copain l'an dernier sur cette pratique (tant pis pour mon identité secrète et vous excuserez la brièveté du propos, on avait des limitations de taille et de signages : http://www.cahiers-pedagogiques.com/Vivre-sous-l-eau-ou-ailleurs ) :
Un point important : l'acquisition du langage cartographique chez les élèves développent la réflexion abstraite (lisez J. Goody et La raison graphique citée plus haut), ce qui fait que le contenu géographique gagne au fil du temps en consistance et en développement.
QUATRIÈME PRATIQUE : LA LIGNE !
L'un des principaux problèmes pour les élèves (et les gens en général) avec les cartes, c'est la signification des lignes. Comprendre, par exemple, sur un planisphère vierge que d'un côté, c'est la terre ferme, et de l'autre, la mer ou l'océan, ou que d'un côté c'est un pays et de l'autre, un autre pays... c'est un code conventionnel implicite qui n'est pas évident. C'est pour ça qu'on a des souvent des bizarreries (données en pâture au public pour faire rire sous le nom de perles...) sur les cartes de la part des élèves qui ne maîtrisent pas les lignes et la mémorisation de ces lignes (pour ce dernier point, on en parle dans la cinquième pratique).
Tracer une ligne au tableau, c'est commencer à cartographier et à entrer dans le langage cartographique qui est à la fois un code graphique (et scriptural, c'est un bâtard ce langage au sens premier, un mélange entre graphismes et graphèmes... ah l'horreur ultime).
Prenez le temps de demander aux élèves de tracer une ligne et de représenter ce que ça pourrait bien dire. Exemple :
On trace ça : -------------------------------------------------
Des élèves pourraient faire ça (exemples liés à mes 6e avérés ^^) :
La Seine.
---------------------------------
La ligne J vers Saint-Lazare
---------------------------------
France
---------------------------------
Espagne
Chez moi ---------------------------------> Vers Paris
Bingo ! Ils ont compris le principe de la ligne ! Or, la ligne, c'est l'un des fondements de la compréhension de ce langage ultra-abstrait qu'est la cartographie (après, on va ajouter les cercles, les carrés et les triangles tout en maudissant les infographistes des manuels et de la TV qui dessinent sur leurs cartes des avions pour représenter des aéroports ou des navires pour représenter un port... ils détruisent tout notre travail :pleurs: :pleurs: :pleurs: ).
S'ils ont compris le principe de la ligne, on peut passer à la suite, la...
CINQUIÈME PRATIQUE : faire cartographier sans fond de carte !
Alors vous donnez un dossier documentaire et vous demandez à vos élèves de cartographier le phénomène qui en est le thème. Là, vous donnez ce qu'ils pensent être le fond de carte... qui est en fait une feuille blanche (je donne souvent une feuille A3). Panique à bord !
Là, on leur montre comment on peut dessiner le monde (petite recherche sur internet pour montrer les cartes schématisées) et on dédramatise totalement le fait de mal dessiner. Là, de multiples stratégies émergent : certains vont au tableau pour décalquer la forme schématisée de leur choix parmi les exemples de la recherche et projetée par le VPI/TNI, d'autres s'éclatent à montrer leurs talents de dessinateurs, d'autres optent pour une schématisation rationnelle et d'autres pour faire le moins de dégâts possibles. Là aussi, le langage sert le contenu. Quelques exemples en 5e (Magellan ) et 4e (Bordeaux et Saint-Domingue) :
5e :
4e :
Dans les exemples de 4e, pointe un choix d'élève extrêmement pertinent : ils n'ont pas tous choisi la même échelle. Et là, quand les élèves sont habitués, on peut leur demander de représenter un phénomène à plusieurs échelles ou leur imposer des choix d'échelles.
Ce travail a plusieurs avantages : il apprend aux élèves les formes du monde et donc à mémoriser les repères et à les localiser de façon de plus en plus efficaces.
Soyons honnêtes, la première fois, ça prend BEAUCOUP de temps (3h à 3h30) mais après, ça va de plus en plus vite
SIXIÈME PRATIQUE : demander une production cartographique pour répondre à une problématique d'un dossier documentaire.
Quand on a formé explicitement nos élèves au langage cartographique, on leur donne une dossier documentaire, on pose une problématique et on leur demande la réponse en langage cartographique. Oui, on peut faire ça dès la classe de 6e (je demande à mes élèves de me raconter le commerce du blé au 1er siècle après JC sous la forme d'une carte). Je ne retrouve pas mes photographies mais une partie des travaux présentés ci-dessus ne sont que ça.
SEPTIÈME PRATIQUE : rajouter du langage cartographique dans ses travaux textuels.
Là, on dit aux élèves qu'il faut rajouter des productions cartographiques dans leurs travaux d'écriture. Des petites schémas, des petits croquis voire des cartes. Si on a fait tout le travail d'alphabétisation et d'usage cartographique, ça devrait couler de source.
Pour conclure, la cartographie plaît aux élèves mais pour cela il faut les alphabétiser à ce langage ultra-abstrait qu'elle est. Cela doit être fait explicitement tant dans l'apprentissage des codes graphiques que des gestes et des conventions. Après, il faut faire pratiquer, pratiquer, pratiquer et les faire entrer dans la complexité des lignes, des échelles, des orientations, des centres etc. Mes élèves de 5e ont même osé faire dans leurs légendes des pratiques de discrimination spatiale... Ce sont mes meilleurs élèves qui ont essayé mais je me suis dit "Ouah !". Mon principal souci est qu'environ 5 à 7%de mes élèves en fin de 6e sont encore au dessin quand on les laisse en autonomie. Il y a des explications extérieures à la classe mais c'est assez rageant. Ce sont souvent mes élèves allophones, dyspraxiques ou en situation sociale très fragile ou en décrochage. Si quelqu'un a des pistes pour eux, je prends tout de suite.
Évidemment, ce que je présente n'est ni la panacée, ni un modèle. Juste des pistes et des réflexions avec un parti pris : on doit alphabétiser cartographiquement les élèves de façon explicite et leur faire produire de la carte en masse.
Ah oui, je laisse souvent le choix entre produire un texte ou une carte ou une carte mentale. Cela concourt à différencier quand l'objectif est avant tout le contenu. Il y a d'autres pistes et pratiques mais le message est déjà ultra-long. Donc, je vais m'arrêter ici.
Amusons-nous avec la cartographie
Bien à vous toutes et tous,
Elyas.
PS : si vous voyez des coquilles, merci de me les signaler en MP, j'ai du mal à me relire sur écran.
Un petit fil sur la cartographie en milieu scolaire. Vous excuserez le choix de référencement des ouvrages, j'ai perdu la main.
Tout d'abord, je préviens que ce fil prend un parti pris, celui que la cartographie est un langage à part qui demande le même travail d'alphabétisation que l'apprentissage de l'écriture et de la lecture de la langue française en alphabet latin. En cela, je rejoins les travaux du sociologue Stéphane Bonnéry (un exemple marquant et connu maintenant : http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/documents/documents-smd/bonnery-amidou-ge301o_2.pdf) et, par ricochet sur la similarité des faits, avec l'anthropologue Jack Goody (La raison graphique, VO de 1977 et traduction en 1979 par les Editions de Minuit, un must have pour toute personne qui s'intéresse aux questions des liens entre le fait graphique (écriture, dessin, numération graphique etc) et l'abstraction).
Ensuite, quand on s'intéresse à la cartographie pour l'enseigner et non pour l'apprendre, on découvre un vaste désert. Je prends des ouvrages considérés comme référence (mais peu connus) sur la didactique de l'HG scolaire :
- L'apprentissage des concepts en Histoire et en géographie par Marc Deleplace et Daniel Niclot (2005, Reims) : rien sur l'apprentissage de la cartographie.
- Didactique de l'enseignement de l'Histoire-Géographie au collège et au lycée sld Y. Mével et N. Tutiaux-Guillon (Paris, 2013) : rien sur l'apprentissage de la cartographie.
- Concepts, modèles, raisonnements, les actes du 8e colloque de didactiques de l'histoire, de la géographie et des sciences sociales, dirigé par François Audigier (le Suisse, pas l'IG). Le colloque a eu lieu en mars 1996 mais ses actes ont été publiés en 1997. Dedans, on parle surtout de la lecture de carte et on a un article de Michel Journot (on reparlera de lui) sur les productions cartographiques (il travaillait entre 1992 et 1995 avec un groupe de travail sur la cartographie à Dijon) qui ont donné lieu à des expérimentations dans des classes de 4e. On a huit pages mais elles se fondent sur des travaux de production d'élèves à partir d'un dossier documentaire (travail de groupe d'ailleurs, pas individuel, et deux groupes tests : un qui produit des schémas et un qui produit des textes). Juste pour l'anecdote, cet ouvrage est cité partout en référence dans les travaux de didactique de l'HG mais... le trouver est un parcours du combattant. C'est comme s'il avait disparu. Par exemple, je doute franchement que tous ceux qui le citent l'aient réellement lu (j'ai réussi à le trouver dans une librairie auvergnate l'an dernier... à un prix défiant toute concurrence, en gros, c'était le prix du papier).
- La géographie : concepts, savoirs et enseignements sous la direction de Philippe Sierra (Paris, 2011). On a 7-8 pages qui sont surtout une analyse des programmes et attentes, surtout focalisé sur le bac. Mais rien sur l'apprentissage en lui-même du fait cartographique (je vous ai prévenu, je suis très influencé par les travaux de Goodman).
Or, actuellement, selon les travaux CEDRE et les enquêtes sociologiques (Supports pédagogiques et inégalités scolaires sld de Stéphane Bonnéry, Paris, 2015, par exemple), la cartographie est une vraie source de problèmes pour les élèves et pour les parents des classes populaires et moyennes qui cherchent à aider leurs enfants. De même, les enseignants témoignent aussi des difficultés de nombreux élèves qui ne la maîtrisent que difficilement, surtout ceux des classes populaires et moyennes (il faudrait faire un lien avec le rapport à l'écriture narrative décrite par B. Lahire dans La raison scolaire, Paris, 2008).
Pourtant, des gens ont travaillé et travaillent sur la cartographie : Journot, Fontanabona et J-F Thémines (trouvables sur le net pour des articles intéressants comme https://www.erudit.org/fr/revues/cgq/1999-v43-n120-cgq2692/022852ar/ de Michel Journot, la récension du livre de Thémines (quasi introuvable déjà) sur la didactique de la géographie, récension faite par Sophie Gaujal (qui a inventé le concours GéoPhotoGraphes et Cartographie ton quartier !) : https://didageo.blogspot.com/2018/09/cr-article-jean-francois-themines.html ). Vous avez aussi le site didagéo et sa liste de diffusion qui sont assez géniaux sur ces points.
Sauf que... tous ces travaux montrent surtout des élèves âgés (j'ai rarement lu des articles traitant d'élèves plus jeunes que les élèves de 4e) et fondés sur du travail de groupe (en gros, les élèves produisent un travail cartographique en groupe comme ici : https://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_2002_num_66_2_2806. On voit aussi qu'on est souvent dans une démarche constructiviste (les élèves inventent des figurés) avec des situations-problèmes. C'est avant tout la mise en relation et la problématisation qui est considérée et moins l'acquisition du langage cartographique. L'obsession de l'explication et du raisonnement prime sur le fait (carto)graphique.
Cependant, tous ces travaux sont super intéressants parce qu'ils suivent l'évolution de l'enseignement de la géographie et les débats autour de ses enjeux et de ses finalités.
Sauf que, pour reprendre Lahire et Bonnéry, si on n'a pas formé explicitement les élèves au fait (carto)graphique, seuls ceux qui sont dans la compréhension du curriculum caché et qui réfléchissent (ceux qui sont dans le code ouvert pour reprendre les travaux, ptêt désuets maintenant, de Basil Bernstein) réussissent à faire. Quand on voit que tous les travaux que je cite utilisent massivement le travail de groupe, c'est qu'implicitement on craignait l'échec de masse si on avait fait ce travail en solo (bon, il y a aussi le parti pris socio-constructiviste pour que du débat entre élève naisse du contenu et du raisonnement... mais bon, si tous les élèves ne connaissent pas le code de base, ça laisse les élèves qui savent diriger, tous ceux qui ont fait du travail de groupe en situation-problème savent ce que je raconte, j'imagine).
Là, on ne peut s'empêcher de se dire que cet enseignement du fait (carto)graphique est un impensé, d'autant plus que l'apprentissage et l'usage de la cartographie dans les petites classes est rarement citée et le plus souvent uniquement par le biais de la lecture de carte, en cours dialogué (donc, biais professoral fort dans cet apprentissage, les élèves savent-ils faire sans le professeur ?).
Pourtant, deux didacticiens en herbe géniaux, Xavier Leroux et Maud Verherve ont fait un travail génialissime de typologie sur la maîtrise (carto)graphique des élèves. Ils ont demandé à des centaines d'élèves du Ce2 au CM2 vivant dans le Nord à proximité de la frontière belge de représenter l'espace frontalier. Ils ont eu 1200 productions qui leur ont permis de faire cet article : https://journals.openedition.org/echogeo/13057.
C'est en écoutant Xavier Leroux, alors que je travaillais sur l'écriture des élèves, que je me suis dit que ce que je faisais en écriture, pourquoi ne pas le faire aussi en cartographie (j'avais alors en tête l'idée de carte-récit)... sauf que lisant Bonnéry au même moment et Goody, je me suis petit à petit demandé quand les élèves étaient-ils alphabétisés au fait (carto)graphique ? La réponse est que... bah... voilà... c'est au petit bonheur la chance, rapidement, et assez tardivement.
Alors comment faire ? Ce qui va suivre ne sont que quelques pistes et une méthodologie, toutes sujettes à critiques et fort humbles.
L'idée est donc de savoir comment passer en un an ou deux de :
à ça :
Partons du principe qu'on débute cet enseignement en classe de 6e (mais je reste persuadé que cela peut être fait très très jeune et que toutes les pratiques et gestes décrits et expliqués ci-après peuvent être utilisés à tous les niveaux). Partons du principe qu'on poursuit en classes de 5e, 4e, 3e et qu'au lycée, nos collègues sont tranquilles et peuvent demander à faire des cartes comme ils demandent des textes (oui, je sais, je sais, je sais...).
Je vais présenter plusieurs pratiques ici qui permettent d'apprendre aux élèves à cartographier et à considérer la cartographie comme un langage comme un autre pour expliquer un phénomène ou un fait (historique ou géographique, au passage).
Je vais abuser des mots "dessiner", "représenter", "graphie/graphiquement/graphiques".
PREMIÈRE PRATIQUE : apprendre les codes des cartes et faire le modèle du professeur :
Vous êtes début septembre et vous faites votre cours sur les migrations des Homo Sapiens vers un lieu que vous souhaitez (moi, c'est l'Australie). Plutôt que de faire un texte, vous décidez que vous allez faire une carte avec vos élèves. Ils ont un planisphère vierge chacun et retracent graphiquement. Vous allez prendre une heure trente parce que vous allez leur apprendre chaque code explicitement, en vérifiant chaque carte faite par chaque élève, reprenant votre explication à haute voix et en rassurant chaque élève. Ils vont devoir apprendre la question du choix de l'échelle (et apprendre les trois grandes échelles : locale, régionale, mondiale), de l'orientation (et là, vous avez préparé de magnifiques cartes orientées vers le sud ), du "centre" de la carte (oh, le beau planisphère centré sur le pôle nord puis celui sur le pôle sud), de chaque figuré (et il faut que les trois familles se présentent : bonjour les De Surface, bienvenue les Ponctuels et coucou les Linéaires), de la formulation du titre, de l'indication de l'orientation (par une flèche), de la rédaction de ce truc horrible graphico-scriptural qu'est la légende et vous leur montrez les gestes manuels pour réussir la carte.
Oui, leur apprendre à tenir le crayon pour un coloriage efficace, comment manipuler sa règle pour tracer au feutre fin noir une ligne sans que ça bave, comment utiliser un buvard pour harmoniser les pigments colorés sur la carte, comment écrire droit et proprement sur la carte etc.
Et on recommencera souvent ce type de séance de modelage en étant explicite jusqu'à ce qu'on puisse les mettre en autonomie guidée puis en autonomie totale (cf. remarque ci-dessous sur Barack Rosenshine et la Direct instruction). Petite astuce : on leur demande de transformer la carte ainsi produite en texte (ok, la séance prend alors 3h, mais on a commencé l'alphabétisation au fait cartographique et on a fait une petite évaluation diagnostic sur leurs capacités d'écriture et de mise en relation).
Il est TRES IMPORTANT que chaque élève fasse sa carte (vous allez me voir écrire cet avertissement très souvent). De même, il est important que le professeur montre les bons gestes à ses élèves (donc, je sors la bonne grande règle jaune graduée pour faire mes traits et je montre aux élèves comment je tiens mon crayon de couleur pour le geste du coloriage ou comment je trace à la règle au feutre fin noir un trait sans que ça bave quand je retire la règle).
De même, pour éviter le phénomène que connaît l'élève Hamidou de Bonnéry, on dit explicitement qu'on apprend à la fois le phénomène de la carte MAIS aussi comment on écrit/dessine une carte et qu'à l'évaluation, des questions sur le contenu existeront MAIS qu'ils seront aussi évalués à écrire/dessiner une carte d'ici la fin de l'année.
Cette pratique est une pratique technique qui s'apparente à la technique du modelage de la pédagogie explicite (Direct Instruction) de Barack Rosenshine. Au-delà des débats partisans, c'est aussi la technique d'apprentissage utilisée pour apprendre à écrire (dessiner les lettres) et à calligraphier (oui, j'ai fait un peu de calligraphie et les modèles m'ont bien aidé ainsi que les vidéos youtube où je vois les gestes). Cela va permettre de lancer les élèves à terme sur la production autonome de production cartographiques.
DEUXIÈME PRATIQUE : représenter graphiquement un espace (évaluation diagnostic évolutive) :
Arrive le premier cours de géographie. On fait comme Xavier Leroux et Maud Verherve
On demande aux élèves de représenter graphiquement ce qu'est pour eux un certain type d'espace. Si on commence en 6e par Habiter une métropole, on demande donc de représenter graphiquement une métropole.
Ma consigne est compliquée et mes élèves ont eu du mal. Or, en relisant l'article de X. Leroux et M; Verherve, j'ai vu qu'ils avaient d'abord fait un petit questionnaire avec comme question finale le fait de demander aux élèves de dessiner ce qui leur vient en tête quand on parle de la frontière. Je vais sans doute faire pareil cette année pour voir si ça change.
Et donc, on obtient ce genre de productions :
On peut alors utiliser une typologie issue des travaux de X. Leroux et Maud Verherve que j'ai un peu mise à ma sauce :
- les élèves dans le dessin (élèves qui n'ont pas mis en relation le fait qu'ils devaient dessiner géographiquement et donc premier degré du dessin, sans mise en relation avec le raisonnement disciplinaire implicite et sans questionnement sur pourquoi le professeur a dit représenter graphiquement et non géographiquement, il y a des tas d'autres facteurs explicatifs évidemment).
- les élèves dans le plan, eux ont voulu montrer l'espace ample et ont donc pris un autre type de représentation.
- les élèves déjà dans la cartographie.
On remarquera des dessins avec des titres, des débuts de figurés sur certains plans etc. Le but est de savoir où en sont les élèves et de faire en sorte qu'à la fin de l'année, sur la même question, le maximum d'entre eux soient au stade de la cartographie intuitivement et que le minimum voire aucun soit encore dans le dessin.
Évidemment, ce travail est aussi un travail de représentation géographique du type d'espace et on l'exploite pour ça aussi (moi, j'ai compris que ville = voitures et maisons pour mes élèves ). Quand on a fait le bilan de ce qu'ils pensent être une ville, on parle de comment ils ont représenté graphiquement. Et on leur explique la différence langagière des trois typologies et on leur dit qu'en géographie, représenter cartographiquement, c'est faire des productions cartographiques et que l'objectif de l'année, c'est qu'ils sachent le faire et que ça devienne un réflexe.
Dans la suite de la leçon, chaque production cartographique est faite selon la stratégie de modélisation décrite dans la première production mais on peut aussi commencer à leur demander de faire seuls certaines choses (donner un titre, mettre l'orientation, faire les figurés de surface dans la légende etc).
Au chapitre de géographie suivant, on recommence le début du chapitre en leur demandant de représenter graphiquement le type d'espace étudié (pour moi, les espaces ruraux) MAIS on dit explicitement qu'on est en géographie et que représenter graphiquement en géographie, ça veut dire quelque chose. Normalement, de nombreux élèves montent en grade dans la typologie. Les élèves deviennent nombreux à être dans le plan voire dans le langage cartographique.
TROISIÈME PRATIQUE : utiliser les paysages avec des fonds pre-dessinés ou des feuilles calques :
L'utilisation des paysages est une excellente entrée concrète pour apprendre le langage cartographique. A chaque étude de cas, on peut demander aux élèves de faire un croquis avec langage cartographique du principal paysage étudié. En le faisant deux fois à chaque chapitre en 6e, on arrive sur l'année à une dizaine de croquis ainsi faits. Deux choix :
- faire des croquis pre-dessinés où les élèves doivent faire le titre, la légende et faire le choix des figurés.
- faire des croquis sur feuille calque où les élèves doivent tout faire.
Prudemment, on aura débuté par faire ensemble pour apprendre explicitement le modèle langagier (cf. supra Barack Rosenshine et compagnie) mais petit à petit, on peut passer à une pratique guidée puis à une autonomie totale.
Cela peut donner ça à terme en pratique autonome totale (le premier est un croquis fait en groupe en classe de 5e en septembre mais chaque membre du groupe fait sa propre production ; le deuxième et le troisième sont des productions individuelles faites par des élèves de 6e en mai à partir d'une consigne où l'élève devait inventer un lieu habité et l'expliquer avec le raisonnement et le langage géographiques, si ça intéresse, un article écrit avec un copain l'an dernier sur cette pratique (tant pis pour mon identité secrète et vous excuserez la brièveté du propos, on avait des limitations de taille et de signages : http://www.cahiers-pedagogiques.com/Vivre-sous-l-eau-ou-ailleurs ) :
Un point important : l'acquisition du langage cartographique chez les élèves développent la réflexion abstraite (lisez J. Goody et La raison graphique citée plus haut), ce qui fait que le contenu géographique gagne au fil du temps en consistance et en développement.
QUATRIÈME PRATIQUE : LA LIGNE !
L'un des principaux problèmes pour les élèves (et les gens en général) avec les cartes, c'est la signification des lignes. Comprendre, par exemple, sur un planisphère vierge que d'un côté, c'est la terre ferme, et de l'autre, la mer ou l'océan, ou que d'un côté c'est un pays et de l'autre, un autre pays... c'est un code conventionnel implicite qui n'est pas évident. C'est pour ça qu'on a des souvent des bizarreries (données en pâture au public pour faire rire sous le nom de perles...) sur les cartes de la part des élèves qui ne maîtrisent pas les lignes et la mémorisation de ces lignes (pour ce dernier point, on en parle dans la cinquième pratique).
Tracer une ligne au tableau, c'est commencer à cartographier et à entrer dans le langage cartographique qui est à la fois un code graphique (et scriptural, c'est un bâtard ce langage au sens premier, un mélange entre graphismes et graphèmes... ah l'horreur ultime).
Prenez le temps de demander aux élèves de tracer une ligne et de représenter ce que ça pourrait bien dire. Exemple :
On trace ça : -------------------------------------------------
Des élèves pourraient faire ça (exemples liés à mes 6e avérés ^^) :
La Seine.
---------------------------------
La ligne J vers Saint-Lazare
---------------------------------
France
---------------------------------
Espagne
Chez moi ---------------------------------> Vers Paris
Bingo ! Ils ont compris le principe de la ligne ! Or, la ligne, c'est l'un des fondements de la compréhension de ce langage ultra-abstrait qu'est la cartographie (après, on va ajouter les cercles, les carrés et les triangles tout en maudissant les infographistes des manuels et de la TV qui dessinent sur leurs cartes des avions pour représenter des aéroports ou des navires pour représenter un port... ils détruisent tout notre travail :pleurs: :pleurs: :pleurs: ).
S'ils ont compris le principe de la ligne, on peut passer à la suite, la...
CINQUIÈME PRATIQUE : faire cartographier sans fond de carte !
Alors vous donnez un dossier documentaire et vous demandez à vos élèves de cartographier le phénomène qui en est le thème. Là, vous donnez ce qu'ils pensent être le fond de carte... qui est en fait une feuille blanche (je donne souvent une feuille A3). Panique à bord !
Là, on leur montre comment on peut dessiner le monde (petite recherche sur internet pour montrer les cartes schématisées) et on dédramatise totalement le fait de mal dessiner. Là, de multiples stratégies émergent : certains vont au tableau pour décalquer la forme schématisée de leur choix parmi les exemples de la recherche et projetée par le VPI/TNI, d'autres s'éclatent à montrer leurs talents de dessinateurs, d'autres optent pour une schématisation rationnelle et d'autres pour faire le moins de dégâts possibles. Là aussi, le langage sert le contenu. Quelques exemples en 5e (Magellan ) et 4e (Bordeaux et Saint-Domingue) :
5e :
4e :
Dans les exemples de 4e, pointe un choix d'élève extrêmement pertinent : ils n'ont pas tous choisi la même échelle. Et là, quand les élèves sont habitués, on peut leur demander de représenter un phénomène à plusieurs échelles ou leur imposer des choix d'échelles.
Ce travail a plusieurs avantages : il apprend aux élèves les formes du monde et donc à mémoriser les repères et à les localiser de façon de plus en plus efficaces.
Soyons honnêtes, la première fois, ça prend BEAUCOUP de temps (3h à 3h30) mais après, ça va de plus en plus vite
SIXIÈME PRATIQUE : demander une production cartographique pour répondre à une problématique d'un dossier documentaire.
Quand on a formé explicitement nos élèves au langage cartographique, on leur donne une dossier documentaire, on pose une problématique et on leur demande la réponse en langage cartographique. Oui, on peut faire ça dès la classe de 6e (je demande à mes élèves de me raconter le commerce du blé au 1er siècle après JC sous la forme d'une carte). Je ne retrouve pas mes photographies mais une partie des travaux présentés ci-dessus ne sont que ça.
SEPTIÈME PRATIQUE : rajouter du langage cartographique dans ses travaux textuels.
Là, on dit aux élèves qu'il faut rajouter des productions cartographiques dans leurs travaux d'écriture. Des petites schémas, des petits croquis voire des cartes. Si on a fait tout le travail d'alphabétisation et d'usage cartographique, ça devrait couler de source.
Pour conclure, la cartographie plaît aux élèves mais pour cela il faut les alphabétiser à ce langage ultra-abstrait qu'elle est. Cela doit être fait explicitement tant dans l'apprentissage des codes graphiques que des gestes et des conventions. Après, il faut faire pratiquer, pratiquer, pratiquer et les faire entrer dans la complexité des lignes, des échelles, des orientations, des centres etc. Mes élèves de 5e ont même osé faire dans leurs légendes des pratiques de discrimination spatiale... Ce sont mes meilleurs élèves qui ont essayé mais je me suis dit "Ouah !". Mon principal souci est qu'environ 5 à 7%de mes élèves en fin de 6e sont encore au dessin quand on les laisse en autonomie. Il y a des explications extérieures à la classe mais c'est assez rageant. Ce sont souvent mes élèves allophones, dyspraxiques ou en situation sociale très fragile ou en décrochage. Si quelqu'un a des pistes pour eux, je prends tout de suite.
Évidemment, ce que je présente n'est ni la panacée, ni un modèle. Juste des pistes et des réflexions avec un parti pris : on doit alphabétiser cartographiquement les élèves de façon explicite et leur faire produire de la carte en masse.
Ah oui, je laisse souvent le choix entre produire un texte ou une carte ou une carte mentale. Cela concourt à différencier quand l'objectif est avant tout le contenu. Il y a d'autres pistes et pratiques mais le message est déjà ultra-long. Donc, je vais m'arrêter ici.
Amusons-nous avec la cartographie
Bien à vous toutes et tous,
Elyas.
PS : si vous voyez des coquilles, merci de me les signaler en MP, j'ai du mal à me relire sur écran.
- ShajarVénérable
Elyas, merci beaucoup de nous faire partager tes réflexions. Je n'ai que parcouru, ton approche par étapes successives est très intéressante, c'est souvent ce qui manque quand on cherche à faire apprendre une méthode : par où je commence, quelles étapes je suis, quels remèdes j'apporte à tel ou tel profil d'élèves...
Une remarque : n'as-tu jamais songé à faire un livre sur la question de la didactique de l'HG ? Ce serait vraiment très utile je crois, les manuels que j'ai déjà parcouru sur la question (notamment didactique de l'enseignement... que tu cites au début) sont très moyens et peu ancrés dans la pratique sur le long terme. Ca donne parfois quelques idées, mais sans construire de réelle progression pédagogique comme tu le fais.
Une remarque : n'as-tu jamais songé à faire un livre sur la question de la didactique de l'HG ? Ce serait vraiment très utile je crois, les manuels que j'ai déjà parcouru sur la question (notamment didactique de l'enseignement... que tu cites au début) sont très moyens et peu ancrés dans la pratique sur le long terme. Ca donne parfois quelques idées, mais sans construire de réelle progression pédagogique comme tu le fais.
- ElyasEsprit sacré
C'est gentil de penser à cela mais ma vie est assez compliquée. On verra dans plusieurs années et ma spécialité, ce sont les pratiques langagières. Je suis d'une nullité crasse question différenciation, accueil des élèves allophones, TICE et compagnie.
J'ai oublié de le signaler mais il faut faire cartographier en autonomie au moins 6 fois dans l'année (le 6 est avancé par Lieury et semble consensuel parmi les psychologues cognitivistes) en plus des autres travaux en modelage ou guidés.
J'ai aussi oublié de l'apprentissage du matériel (en effet, la cartographie demande un matériel coûteux pour certaines familles : au moins des crayons de couleur, une règle et un feutre noir fin de base). Il faut aussi montrer la différence de résultats entre une carte au crayon de couleur/feutre fin noir et une carte au feutre/stylo bic/surligneurs fluos (oui, oui, j'ai déjà connu). Là, il y a aussi la question du matériel et de sa présence lors des cours. Je recommande toujours, dans l'idée de la gratuité de l'école (car la cartographie est un contenu obligatoire demandant par convention un matériel qui a son petit coût), soit de passer par les crédits pédagogiques pour avoir une batterie de crayons de couleurs/feutres fins noirs et de récupérer toutes les règles oubliées dans l'année (j'en suis à 12 en ce moment dans mon armoire, pourtant je demande dès que j'en trouve une qui a perdu sa règle). Si ce n'est pas possible et qu'une fédération de parents d'élèves fait des commandes en gros de matériel, leur donner cette liste pour que cela soit moins cher.
Bon, j'avoue, j'utilise des crayons de couleur et des feutres fins Faber Castell et Sailor pour mon usage personnel. J'essaie d'avoir des crayons avec du pigment correct pour les élèves. C'est ça le principal souci.
J'ai oublié de le signaler mais il faut faire cartographier en autonomie au moins 6 fois dans l'année (le 6 est avancé par Lieury et semble consensuel parmi les psychologues cognitivistes) en plus des autres travaux en modelage ou guidés.
J'ai aussi oublié de l'apprentissage du matériel (en effet, la cartographie demande un matériel coûteux pour certaines familles : au moins des crayons de couleur, une règle et un feutre noir fin de base). Il faut aussi montrer la différence de résultats entre une carte au crayon de couleur/feutre fin noir et une carte au feutre/stylo bic/surligneurs fluos (oui, oui, j'ai déjà connu). Là, il y a aussi la question du matériel et de sa présence lors des cours. Je recommande toujours, dans l'idée de la gratuité de l'école (car la cartographie est un contenu obligatoire demandant par convention un matériel qui a son petit coût), soit de passer par les crédits pédagogiques pour avoir une batterie de crayons de couleurs/feutres fins noirs et de récupérer toutes les règles oubliées dans l'année (j'en suis à 12 en ce moment dans mon armoire, pourtant je demande dès que j'en trouve une qui a perdu sa règle). Si ce n'est pas possible et qu'une fédération de parents d'élèves fait des commandes en gros de matériel, leur donner cette liste pour que cela soit moins cher.
Bon, j'avoue, j'utilise des crayons de couleur et des feutres fins Faber Castell et Sailor pour mon usage personnel. J'essaie d'avoir des crayons avec du pigment correct pour les élèves. C'est ça le principal souci.
- Cléopatra2Guide spirituel
J'ai envie de pleurer car je fais tout ça en 2de, où ils arrivent tels des 6e. Et pourtant je sais que les collègues de collège font de la cartographie. Tes cartes sur le commerce atlantique sont meilleures que 95% de celles de mes élèves.
J'exige aussi absolument 1 production par élèves même s'ils peuvent réfléchir aux figurés et à la légende ensemble. Mais bien sûr, je suis au lycée, donc je commence en 2de par réfléchir à "quelle information est cartographiable"?
Alors, sinon, avant, en AP 2de, je faisais de la cartographie.
Première séance : représenter la salle de classe (un classique). Figurés ponctuels, linéaires, de surface, flux, événements, mobilier... Ca ils aimaient bien.
2e "séance" qui prenait 3 heures : l'île imaginaire. Je refaisais un texte plus simple que celui qui tourne un peu partout. 1ère heure : relever ce qui est cartographiable et le classer en grandes catégories.
Déjà, là, je perdais la moitié des élèves qui ne faisaient rien. Correction "explicite". J'entends par là qu'on explique le choix fait, parfois on débat, on choisit une proposition plutôt qu'une autre, je n'ai pas un corrigé tout prêt.
2e heure : rappel des figurés et couleurs, leur sens etc. Puis pour chaque item relevé et classé la fois d'avant, ils devaient trouver un figuré. Correction "explicite".
Là, premier écueil : ils n'avaient pas leurs affaires (ni de coloriage, ni le texte etc. puisque c'était de l'AP, même si bien sûr j'avais fait noter d'apporter tout ça). Donc on perd une grosse partie de la classe. 2e écueil : la gestion de 30 élèves qui ne vont pas au même rythme.
3e heure : réalisation en classe de la carte, avec rappel des conventions cartographiques. Je leur faisais grâce de l'échelle même si en théorie avec le texte il était possible d'en calculer et d'en réaliser une.
Bon ben là... ils pondaient un truc pour pas avoir une heure de colle, mais j'avais peu de travaux finis à la fin (bavardages toute l'heure).
Comme les modalités de l'AP changeaient tous les ans, on nous demandait de leur faire un questionnaire de satisfaction. Donc pour ma part : ils aimaient bien mais c'était trop difficile car il fallait lire un long texte (pas même une feuille A4) et avoir ses affaires d'une fois sur l'autre. Bref, échec.
Ca a été le même échec que j'aie ou non les élèves en classe à côté (pour eux AP c'était AP et pas HG, système de 2 heures, on "échangeait les élèves avec un binôme au bout d'1 heure et il y avait des élèves d'une autre classe mélangés).
L'an dernier, en 2de, j'ai décidé de les préparer à l'épreuve du bac de 1ère avec la cartographie à partir d'un texte.
J'ai commencé en géo par la population. J'ai pris un dessous des cartes et je leur ai demandé de relever (5 minutes de vidéo) les éléments cartographiables. Vidéo passée 2 fois. Là déjà, c'est difficile car ils ne projettent pas du tout ce qu'on peut représenter ou pas sur une carte. Par exemple, il y a 7 milliards d'habitants sur terre, ils voulaient le cartographier. Correction "explicite".
Puis classement des idées en plusieurs parties. Là aussi correction explicite. Puis attribution collective à l'oral des figurés pour que l'ensemble tienne en 1 heure (là aussi, explicitation). J'ai bien envie de dire qu'on crame donc allègrement le temps imparti en géographie en faisant le moindre travail cartographique.
Je leur ai ensuite demandé de réaliser la carte. Bon là ils n'avaient rien fait eux-mêmes, mais déjà je n'ai eu que quelques productions satisfaisantes et complètes : titre, orientation... La légende péchait, souvent ils ne l'organisaient pas (c'était bien sûr une demande explicite et les parties avaient été corrigées).
Malheureusement je n'ai pas vu (2 classes de 2de) beaucoup de progrès cette année. Ils ont continué à écrire verticalement (j'ai pourtant enlevé des points sur mes contrôles de pays/capitales lorsque c'était écrit n'importe comment), de n'importe quelle couleur etc.
Ensuite, j'ai fait plus difficile : même type d'exercice mais individuel sans correction collective (mais je passe vérifier et je corrige individuellement chaque carte)...
En histoire, je leur ai fait réaliser une carte du commerce portugais (donc en Atlantique) à l'aide de documents. Ils avaient les différentes étapes à réaliser.
Mêmes problèmes (alors qu'on avait déjà fait plusieurs cartes) : légende pas organisée, tout écrit n'importe comment, couleurs improbables pour plus de la moitié des élèves. Et surtout, ce qui est pour moi un obstacle majeur, ils recopient les cartes du livre, même si elles ne correspondent pas au sujet (et je n'ai pas de photocopies couleur pour remplacer le livre, hein). J'avais fait exprès de ne pas donner le sujet de la carte elle-même, mais la majorité ont traité le commerce mondial et ont donc indiqué l'Asie (fond de carte avec juste les façades atlantiques des continents pourtant) comme sur le livre. J'ai eu le même souci en géo sur un croquis de synthèse sur Venise.
Mes élèves se divisent en plusieurs catégories :
- ceux qui connaissent les figurés, qui connaissent à peu près les règles (sauf écrire horizontalement, ça, aucun ne le fait). Ce sont les meilleurs élèves en général. Aucun problème. Ils progressent ensuite sans souci.
- ceux qui en "ont entendu parler" et qui se débrouillent dans les exercices guidés, mais qui ne réussissent pas bien les exercices en autonomie. Généralement le langage est compris, mais ils ne sont pas capables de réaliser une carte complète, ils oublient des infos etc.
- ceux qui ne savent rien en arrivant (la majorité). Là, soit ce sont de bons élèves et ils rattrapent ceux du premier groupe, soit ils sont mauvais (n'auraient pas dû être en 2de générale) et ne comprennent même pas la finalité de l'exercice. Ce sont les colorieurs. Ils colorient mais ne font pas de cartographie.
- ceux qui s'en moquent dès le début et ne font rien.
Bien sûr un autre obstacle est le matériel : pas le livre, pas la carte, pas la légende, pas les crayons...
Je m'interroge tout de même sur leur capacité de concentration. J'ai quand même répété toute l'année plusieurs fois par cours qu'on n'écrit pas verticalement sur une carte, mais ils ont continué à le faire. Il y a quelques années je n'en avais pas autant, ils écrivaient horizontalement.
J'exige aussi absolument 1 production par élèves même s'ils peuvent réfléchir aux figurés et à la légende ensemble. Mais bien sûr, je suis au lycée, donc je commence en 2de par réfléchir à "quelle information est cartographiable"?
Alors, sinon, avant, en AP 2de, je faisais de la cartographie.
Première séance : représenter la salle de classe (un classique). Figurés ponctuels, linéaires, de surface, flux, événements, mobilier... Ca ils aimaient bien.
2e "séance" qui prenait 3 heures : l'île imaginaire. Je refaisais un texte plus simple que celui qui tourne un peu partout. 1ère heure : relever ce qui est cartographiable et le classer en grandes catégories.
Déjà, là, je perdais la moitié des élèves qui ne faisaient rien. Correction "explicite". J'entends par là qu'on explique le choix fait, parfois on débat, on choisit une proposition plutôt qu'une autre, je n'ai pas un corrigé tout prêt.
2e heure : rappel des figurés et couleurs, leur sens etc. Puis pour chaque item relevé et classé la fois d'avant, ils devaient trouver un figuré. Correction "explicite".
Là, premier écueil : ils n'avaient pas leurs affaires (ni de coloriage, ni le texte etc. puisque c'était de l'AP, même si bien sûr j'avais fait noter d'apporter tout ça). Donc on perd une grosse partie de la classe. 2e écueil : la gestion de 30 élèves qui ne vont pas au même rythme.
3e heure : réalisation en classe de la carte, avec rappel des conventions cartographiques. Je leur faisais grâce de l'échelle même si en théorie avec le texte il était possible d'en calculer et d'en réaliser une.
Bon ben là... ils pondaient un truc pour pas avoir une heure de colle, mais j'avais peu de travaux finis à la fin (bavardages toute l'heure).
Comme les modalités de l'AP changeaient tous les ans, on nous demandait de leur faire un questionnaire de satisfaction. Donc pour ma part : ils aimaient bien mais c'était trop difficile car il fallait lire un long texte (pas même une feuille A4) et avoir ses affaires d'une fois sur l'autre. Bref, échec.
Ca a été le même échec que j'aie ou non les élèves en classe à côté (pour eux AP c'était AP et pas HG, système de 2 heures, on "échangeait les élèves avec un binôme au bout d'1 heure et il y avait des élèves d'une autre classe mélangés).
L'an dernier, en 2de, j'ai décidé de les préparer à l'épreuve du bac de 1ère avec la cartographie à partir d'un texte.
J'ai commencé en géo par la population. J'ai pris un dessous des cartes et je leur ai demandé de relever (5 minutes de vidéo) les éléments cartographiables. Vidéo passée 2 fois. Là déjà, c'est difficile car ils ne projettent pas du tout ce qu'on peut représenter ou pas sur une carte. Par exemple, il y a 7 milliards d'habitants sur terre, ils voulaient le cartographier. Correction "explicite".
Puis classement des idées en plusieurs parties. Là aussi correction explicite. Puis attribution collective à l'oral des figurés pour que l'ensemble tienne en 1 heure (là aussi, explicitation). J'ai bien envie de dire qu'on crame donc allègrement le temps imparti en géographie en faisant le moindre travail cartographique.
Je leur ai ensuite demandé de réaliser la carte. Bon là ils n'avaient rien fait eux-mêmes, mais déjà je n'ai eu que quelques productions satisfaisantes et complètes : titre, orientation... La légende péchait, souvent ils ne l'organisaient pas (c'était bien sûr une demande explicite et les parties avaient été corrigées).
Malheureusement je n'ai pas vu (2 classes de 2de) beaucoup de progrès cette année. Ils ont continué à écrire verticalement (j'ai pourtant enlevé des points sur mes contrôles de pays/capitales lorsque c'était écrit n'importe comment), de n'importe quelle couleur etc.
Ensuite, j'ai fait plus difficile : même type d'exercice mais individuel sans correction collective (mais je passe vérifier et je corrige individuellement chaque carte)...
En histoire, je leur ai fait réaliser une carte du commerce portugais (donc en Atlantique) à l'aide de documents. Ils avaient les différentes étapes à réaliser.
Mêmes problèmes (alors qu'on avait déjà fait plusieurs cartes) : légende pas organisée, tout écrit n'importe comment, couleurs improbables pour plus de la moitié des élèves. Et surtout, ce qui est pour moi un obstacle majeur, ils recopient les cartes du livre, même si elles ne correspondent pas au sujet (et je n'ai pas de photocopies couleur pour remplacer le livre, hein). J'avais fait exprès de ne pas donner le sujet de la carte elle-même, mais la majorité ont traité le commerce mondial et ont donc indiqué l'Asie (fond de carte avec juste les façades atlantiques des continents pourtant) comme sur le livre. J'ai eu le même souci en géo sur un croquis de synthèse sur Venise.
Mes élèves se divisent en plusieurs catégories :
- ceux qui connaissent les figurés, qui connaissent à peu près les règles (sauf écrire horizontalement, ça, aucun ne le fait). Ce sont les meilleurs élèves en général. Aucun problème. Ils progressent ensuite sans souci.
- ceux qui en "ont entendu parler" et qui se débrouillent dans les exercices guidés, mais qui ne réussissent pas bien les exercices en autonomie. Généralement le langage est compris, mais ils ne sont pas capables de réaliser une carte complète, ils oublient des infos etc.
- ceux qui ne savent rien en arrivant (la majorité). Là, soit ce sont de bons élèves et ils rattrapent ceux du premier groupe, soit ils sont mauvais (n'auraient pas dû être en 2de générale) et ne comprennent même pas la finalité de l'exercice. Ce sont les colorieurs. Ils colorient mais ne font pas de cartographie.
- ceux qui s'en moquent dès le début et ne font rien.
Bien sûr un autre obstacle est le matériel : pas le livre, pas la carte, pas la légende, pas les crayons...
Je m'interroge tout de même sur leur capacité de concentration. J'ai quand même répété toute l'année plusieurs fois par cours qu'on n'écrit pas verticalement sur une carte, mais ils ont continué à le faire. Il y a quelques années je n'en avais pas autant, ils écrivaient horizontalement.
- Cléopatra2Guide spirituel
J'avais oublié les fluos... mais qu'ont-ils avec les fluos?????Elyas a écrit:C'est gentil de penser à cela mais ma vie est assez compliquée. On verra dans plusieurs années et ma spécialité, ce sont les pratiques langagières. Je suis d'une nullité crasse question différenciation, accueil des élèves allophones, TICE et compagnie.
J'ai oublié de le signaler mais il faut faire cartographier en autonomie au moins 6 fois dans l'année (le 6 est avancé par Lieury et semble consensuel parmi les psychologues cognitivistes) en plus des autres travaux en modelage ou guidés.
J'ai aussi oublié de l'apprentissage du matériel (en effet, la cartographie demande un matériel coûteux pour certaines familles : au moins des crayons de couleur, une règle et un feutre noir fin de base). Il faut aussi montrer la différence de résultats entre une carte au crayon de couleur/feutre fin noir et une carte au feutre/stylo bic/surligneurs fluos (oui, oui, j'ai déjà connu). Là, il y a aussi la question du matériel et de sa présence lors des cours. Je recommande toujours, dans l'idée de la gratuité de l'école (car la cartographie est un contenu obligatoire demandant par convention un matériel qui a son petit coût), soit de passer par les crédits pédagogiques pour avoir une batterie de crayons de couleurs/feutres fins noirs et de récupérer toutes les règles oubliées dans l'année (j'en suis à 12 en ce moment dans mon armoire, pourtant je demande dès que j'en trouve une qui a perdu sa règle). Si ce n'est pas possible et qu'une fédération de parents d'élèves fait des commandes en gros de matériel, leur donner cette liste pour que cela soit moins cher.
Bon, j'avoue, j'utilise des crayons de couleur et des feutres fins Faber Castell et Sailor pour mon usage personnel. J'essaie d'avoir des crayons avec du pigment correct pour les élèves. C'est ça le principal souci.
- ShajarVénérable
Le problème dans ce que tu exposes, Cléopatra, c'est que les élèves ne tiennent aucunement compte de ce qu'on leur dit de faire.Cléopatra2 a écrit:
Je m'interroge tout de même sur leur capacité de concentration. J'ai quand même répété toute l'année plusieurs fois par cours qu'on n'écrit pas verticalement sur une carte, mais ils ont continué à le faire. Il y a quelques années je n'en avais pas autant, ils écrivaient horizontalement.
En apprentissage de la compo, c'est pareil : sauter deux lignes entre l'intro et le développement, une ligne entre les parties, revenir à la ligne avec un alinéa pour les paragraphes et pour les parties de l'intro, c'est quand même pas la mort. Même en mettant systématiquement deux points là dessus, et même en terminale, ils ne le font pas (à 80-90 % disons ; il reste toujours quelques zébulons qui font attention). Je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Même en leur laissant la fiche de méthode à côté d'eux, ils ne le font pas. Je ne parle même pas de leur faire faire un brouillon pour la compo...
C'est désespérant.
Je trouve par contre que partir d'un dessous des cartes, c'est difficile. Un texte écrit me semble plus simple, car ça leur permet de souligner.
Cette année, j'ai donné ça en exercices 1, 2 et 3 en carto (mais je n'en fais pas assez, je ne pense jamais à en faire en histoire, alors que plein de chapitres s'y prêtent. On court tellement après le temps...). Exercices guidés en classe, avec des corrections collectives.
Ce qui est bien dans ce que tu fais, Elyas, c'est la marge de manoeuvre qu'ont tes élèves. Mes exercices sont sans doute trop dirigistes, ce qui leur enlève la motivation. Et j'ai la même difficulté de recopie du livre (mes term étaient effarés quand je leur ai dit qu'ils fallait qu'ils construisent la légende eux-mêmes. Pour eux, la carto, c'était deux heures à recopier le schéma du manuel).
- ElyasEsprit sacré
Cléopatra2, je reste convaincu que tout cela doit être fait le plus tôt possible, dès la 6e (et avant, mais les PE ont déjà beaucoup à faire). Après, je ne sais pas quoi dire sur les situations que tu connais. Je n'enseigne pas au lycée et n'en ai pas le goût.
Mon meilleur ami, lui, enseigne au lycée. C'est lui qui m'a convaincu de tenter de faire des cartes sans fond de carte aux élèves (on avait été donner une conférence aux RdvH de Blois en 2015 ou 2016, je crois, sur "Cartographier en histoire"). Il a travaillé et travaille toujours en lycées dits difficiles. Il demandait à ses élèves comme premier travail de cartographier les migrations irlandaises (premier chapitre d'histoire des anciens programmes). Ils travaillaient en groupe et produisaient une carte par groupe et ça m'avait bluffé.
On en est arrivé à la conclusion que les élèves pouvaient faire des choses assez fantastiques et on a travaillé ensemble. Cependant, il est parti sur d'autres sujets et on en parle moins.
Un truc est que la production des élèves est leur cours. On est d'accord tous les deux. Tant pis pour ceux qui ne bossent pas. Je ramasse et corrige les erreurs de connaissances tout en pointant les réussites et les améliorations possibles. Il fait comme moi.
Ensuite, on laisse des marges de manœuvre assez grandes aux élèves, j'ai l'impression que ça aide. J'ai même proposé de faire une cartothèque que les parents pourraient visiter en fin d'année avec guides parmi les élèves.
Mon meilleur ami, lui, enseigne au lycée. C'est lui qui m'a convaincu de tenter de faire des cartes sans fond de carte aux élèves (on avait été donner une conférence aux RdvH de Blois en 2015 ou 2016, je crois, sur "Cartographier en histoire"). Il a travaillé et travaille toujours en lycées dits difficiles. Il demandait à ses élèves comme premier travail de cartographier les migrations irlandaises (premier chapitre d'histoire des anciens programmes). Ils travaillaient en groupe et produisaient une carte par groupe et ça m'avait bluffé.
On en est arrivé à la conclusion que les élèves pouvaient faire des choses assez fantastiques et on a travaillé ensemble. Cependant, il est parti sur d'autres sujets et on en parle moins.
Un truc est que la production des élèves est leur cours. On est d'accord tous les deux. Tant pis pour ceux qui ne bossent pas. Je ramasse et corrige les erreurs de connaissances tout en pointant les réussites et les améliorations possibles. Il fait comme moi.
Ensuite, on laisse des marges de manœuvre assez grandes aux élèves, j'ai l'impression que ça aide. J'ai même proposé de faire une cartothèque que les parents pourraient visiter en fin d'année avec guides parmi les élèves.
- Cléopatra2Guide spirituel
Oui, en lycée c'est particulier. Après, je vois aussi qu'ils pensent que c'est le cours "tranquille" et coloriage...
Bon, si déjà ils avaient leur matériel...
Je n'arrive pas trop à bosser avec mes collègues sur la cartographie, ils ne travaillent pas "par étapes" comme moi et en 2de ils n'ont pas travaillé le croquis à partir d'un texte, l'épreuve du bac.
Bon, si déjà ils avaient leur matériel...
Je n'arrive pas trop à bosser avec mes collègues sur la cartographie, ils ne travaillent pas "par étapes" comme moi et en 2de ils n'ont pas travaillé le croquis à partir d'un texte, l'épreuve du bac.
- NeyrelleNiveau 6
Merci beaucoup Elyas, tes interventions sont toujours très inspirantes !
En lycée, je me centre vraiment maintenant sur le modèle de l'épreuve du bac (texte à transformer en croquis). Je n'ai pas eu l'occasion d'avoir des 2de depuis la réforme, mais je pense commencer le travail sur le croquis par une séance vraiment "explicite" durant laquelle je fais, en direct, l'exercice avec eux (travail sur le texte, construction de la légende puis réalisation du croquis) en utilisant un visualiseur de documents pour vidéo-projeter. Je le faisais en collège et ça passait bien. Ça permet à la fois de montrer comment et dans quel ordre procéder, quel matériel utiliser (et ne pas utiliser), quel chemin la réflexion doit suivre et quels mouvements la main doit effectuer. Je ferai ça dès le début du thème 1 de géographie, dans une étude de cas sur l'Arctique, avec un croquis sur le Groenland. Ensuite, je prévois une séance d'entraînement pour appliquer la méthode en autonomie, toujours sur le thème 1 mais cette fois-ci sur les Caraïbes (en lien avec la question des risques). Enfin, l'évaluation sur le thème 1 sera justement un exercice de croquis à partir d'un texte. Il faut que j'essaie également de caser au moins un croquis de paysage et un schéma dans ma programmation...
En 1re, je n'ai fait que la deuxième moitié de l'année l'an dernier (dans le cadre d'un remplacement). Globalement, mes élèves de 1re générale s'en sont bien sortis dans les exercices que je leur ai donnés. Pourtant, ils avaient peu travaillé l'exercice de croquis en début d'année (uniquement des croquis à partir de dossiers documentaires). Je joins trois exercices donnés en 1re G sur le thème 3 (Les espaces ruraux), en enseignement à distance, mais que je pense réutiliser en présentiel.
Pour l'exercice de croquis donné durant le confinement, j'ai fait en sorte que tous puissent le faire sans avoir à imprimer en leur proposant des moyens de le faire par ordinateur (peu l'ont fait) ou en traçant leur propre fond de carte (avec un modèle) : https://www.fichier-pdf.fr/2020/08/03/1reg3excroquis/
Je leur ai fait travailler le croquis de paysage sur les espaces ruraux en leur donnant un modèle et en leur donnant le choix entre plusieurs photographies de paysages dans le manuel (qui correspondent à différents aspects du cours) : https://www.fichier-pdf.fr/2020/08/03/exercicecroquisdepaysageg3ch1/
Je leur ai également proposé un exercice "inversé", en leur donnant un croquis et sa légende (sur les espaces ruraux en France) à partir desquels ils devaient rédiger le texte permettant de les réaliser : https://www.fichier-pdf.fr/2020/08/03/1reg3ch2excroquis1/
En 1re STMG, en revanche, les quelques exercices de cartographie se sont avérés catastrophiques alors qu'on en demande tout de même très peu... Les élèves oublient de compléter la légende (dans laquelle il y a quand même peu d'informations à inscrire), n'ont pas le matériel adapté, travaillent de façon très peu soignée, mettent des siècles à ajouter la moindre information sur la carte. Je n'ai pas encore préparé ma programmation pour les 1re T que j'aurai cette année, mais je compte leur faire faire régulièrement des exercices de cartographie afin qu'ils prennent vraiment l'habitude (autant que le temps le permet).
En lycée, je me centre vraiment maintenant sur le modèle de l'épreuve du bac (texte à transformer en croquis). Je n'ai pas eu l'occasion d'avoir des 2de depuis la réforme, mais je pense commencer le travail sur le croquis par une séance vraiment "explicite" durant laquelle je fais, en direct, l'exercice avec eux (travail sur le texte, construction de la légende puis réalisation du croquis) en utilisant un visualiseur de documents pour vidéo-projeter. Je le faisais en collège et ça passait bien. Ça permet à la fois de montrer comment et dans quel ordre procéder, quel matériel utiliser (et ne pas utiliser), quel chemin la réflexion doit suivre et quels mouvements la main doit effectuer. Je ferai ça dès le début du thème 1 de géographie, dans une étude de cas sur l'Arctique, avec un croquis sur le Groenland. Ensuite, je prévois une séance d'entraînement pour appliquer la méthode en autonomie, toujours sur le thème 1 mais cette fois-ci sur les Caraïbes (en lien avec la question des risques). Enfin, l'évaluation sur le thème 1 sera justement un exercice de croquis à partir d'un texte. Il faut que j'essaie également de caser au moins un croquis de paysage et un schéma dans ma programmation...
En 1re, je n'ai fait que la deuxième moitié de l'année l'an dernier (dans le cadre d'un remplacement). Globalement, mes élèves de 1re générale s'en sont bien sortis dans les exercices que je leur ai donnés. Pourtant, ils avaient peu travaillé l'exercice de croquis en début d'année (uniquement des croquis à partir de dossiers documentaires). Je joins trois exercices donnés en 1re G sur le thème 3 (Les espaces ruraux), en enseignement à distance, mais que je pense réutiliser en présentiel.
Pour l'exercice de croquis donné durant le confinement, j'ai fait en sorte que tous puissent le faire sans avoir à imprimer en leur proposant des moyens de le faire par ordinateur (peu l'ont fait) ou en traçant leur propre fond de carte (avec un modèle) : https://www.fichier-pdf.fr/2020/08/03/1reg3excroquis/
Je leur ai fait travailler le croquis de paysage sur les espaces ruraux en leur donnant un modèle et en leur donnant le choix entre plusieurs photographies de paysages dans le manuel (qui correspondent à différents aspects du cours) : https://www.fichier-pdf.fr/2020/08/03/exercicecroquisdepaysageg3ch1/
Je leur ai également proposé un exercice "inversé", en leur donnant un croquis et sa légende (sur les espaces ruraux en France) à partir desquels ils devaient rédiger le texte permettant de les réaliser : https://www.fichier-pdf.fr/2020/08/03/1reg3ch2excroquis1/
En 1re STMG, en revanche, les quelques exercices de cartographie se sont avérés catastrophiques alors qu'on en demande tout de même très peu... Les élèves oublient de compléter la légende (dans laquelle il y a quand même peu d'informations à inscrire), n'ont pas le matériel adapté, travaillent de façon très peu soignée, mettent des siècles à ajouter la moindre information sur la carte. Je n'ai pas encore préparé ma programmation pour les 1re T que j'aurai cette année, mais je compte leur faire faire régulièrement des exercices de cartographie afin qu'ils prennent vraiment l'habitude (autant que le temps le permet).
- OlympiasProphète
- ElyasEsprit sacré
Un truc vraiment basique, surtout avec les élèves fragiles ou en orientation non choisie, ce sont les gestes et le "faire beau". Ils savent que la cartographie est un acte graphique qui doit être beau et ils n'ont pas réellement confiance en eux pour ce faire. C'est là où montrer les gestes est crucial. Oui, on fait comme en CP. Cependant, comme on ne leur a jamais réellement montré le geste, ils ne le connaissent pas. Cela peut sembler ridicule mais c'est pourtant salvateur.
- Cléopatra2Guide spirituel
Perso, je ne sais pas colorier donc je n'exige pas un truc beau fait au buvard et compagnie mais je demande des crayons et des feutres pointe fine (au pire les stylos pointe fine) et j'interdis feutres et fluos (et pourtant...).
Je serais bien incapable d'expliquer à qui que ce soit comment colorier correctement, ma fille de 5 ans et demi se débrouille mieux que moi en dessin/coloriage.
En revanche j'ai le souci inverse : soit ils font un truc très joli mais vide (j'ai des spécialistes), soit ils font des trucs mochissimes (bons ou pas, ça dépend) et s'en moquent. Je n'ai pas de souci de travail non rendu ou de "peur de produire" parce que c'est moche (ils voient bien mes productions, ça les décomplexe, même sur l'ordi je ponds des trucs d'une mocheté exceptionnelle).
Sympa l'exercice Olympias! Je n'ai toujours pas récupéré mon ordi pour vous montrer les seules cartes que j'ai.
Je serais bien incapable d'expliquer à qui que ce soit comment colorier correctement, ma fille de 5 ans et demi se débrouille mieux que moi en dessin/coloriage.
En revanche j'ai le souci inverse : soit ils font un truc très joli mais vide (j'ai des spécialistes), soit ils font des trucs mochissimes (bons ou pas, ça dépend) et s'en moquent. Je n'ai pas de souci de travail non rendu ou de "peur de produire" parce que c'est moche (ils voient bien mes productions, ça les décomplexe, même sur l'ordi je ponds des trucs d'une mocheté exceptionnelle).
Sympa l'exercice Olympias! Je n'ai toujours pas récupéré mon ordi pour vous montrer les seules cartes que j'ai.
- DerMaxHabitué du forum
Ici l'essentiel a été donné au départ, il manque d'un ouvrage clair.
Je me souviens une année, j'étais dans un lycée où les élèves venaient d'énormément de collèges différents et avaient donc tous vu (ou oublié) des règles plus ou moins différentes.
Au final j'ai cherché un ouvrage qui expose clairement les règles fixes de la cartographie et je n'en ai trouvé aucun.
Si on reprend l'idée de Cléopatra2 "pas de fluo" ce que j'interdis aussi, on part alors du principe qu'une réalisation cartographique doit être "propre/jolie". Dans ce cas, en reprenant la représentation proposée par exemple par Olympias, on devrait aussi interdire ici les hachures (pas //, ni avec le même écart entre chacune).
Je me souviens de collègue qui interdisaient le rose. Mais d'où est-ce interdit? y a-t-il eu un théoricien de la méthode en cartographie qui soit reconnu par tous qui a dit, je décide les couleurs (comme le fameux bleu pour les ports qu'on fera avec des carrés). Je lis actuellement Initiation à la recherche en géographie de hervé gumuchian , claude marois et je n'ai (pour l'instant) rien trouvé à ce sujet. Même à la fac quand je cartographiais, des nuances apparaissaient entre les différents profs.
Bref, personnellement je pense qu'il manque déjà une règle claire qui soit universelle (ou du moins à l'échelle de la France) qui soit fixée car cela crée déjà la confusion chez les élèves (avec M.Machin on fait les ports avec des carrés mais l'an passé Mme Bidule a dit qu'on pouvait faire un rond mais je voudrais faire un décagone...).
Enfin, je pense qu'il est vraiment important, de montrer un modèle prof avec les différentes étapes (comme le faisait Boris à l'époque avec ses cartes du bac) et des modèles élèves réussis (c'est d'ailleurs pour ça que j'ai finis par investir dans un scanner à main). Il faudrait aussi travailler la cartographie de façon plus fréquente mais pour ça, on manque de temps.
Je me souviens une année, j'étais dans un lycée où les élèves venaient d'énormément de collèges différents et avaient donc tous vu (ou oublié) des règles plus ou moins différentes.
Au final j'ai cherché un ouvrage qui expose clairement les règles fixes de la cartographie et je n'en ai trouvé aucun.
Si on reprend l'idée de Cléopatra2 "pas de fluo" ce que j'interdis aussi, on part alors du principe qu'une réalisation cartographique doit être "propre/jolie". Dans ce cas, en reprenant la représentation proposée par exemple par Olympias, on devrait aussi interdire ici les hachures (pas //, ni avec le même écart entre chacune).
Je me souviens de collègue qui interdisaient le rose. Mais d'où est-ce interdit? y a-t-il eu un théoricien de la méthode en cartographie qui soit reconnu par tous qui a dit, je décide les couleurs (comme le fameux bleu pour les ports qu'on fera avec des carrés). Je lis actuellement Initiation à la recherche en géographie de hervé gumuchian , claude marois et je n'ai (pour l'instant) rien trouvé à ce sujet. Même à la fac quand je cartographiais, des nuances apparaissaient entre les différents profs.
Bref, personnellement je pense qu'il manque déjà une règle claire qui soit universelle (ou du moins à l'échelle de la France) qui soit fixée car cela crée déjà la confusion chez les élèves (avec M.Machin on fait les ports avec des carrés mais l'an passé Mme Bidule a dit qu'on pouvait faire un rond mais je voudrais faire un décagone...).
Enfin, je pense qu'il est vraiment important, de montrer un modèle prof avec les différentes étapes (comme le faisait Boris à l'époque avec ses cartes du bac) et des modèles élèves réussis (c'est d'ailleurs pour ça que j'ai finis par investir dans un scanner à main). Il faudrait aussi travailler la cartographie de façon plus fréquente mais pour ça, on manque de temps.
- ElyasEsprit sacré
Je vais être franc, il y a aussi un souci majeur : une partie des collègues ne sait pas faire ce qu'ils demandent aux élèves. C'est un non-dit mais c'est une réalité. On a l'impression que le langage cartographique naît spontanément. Je n'ai jamais eu un seul cours à la fac ou en formation initiale professionnelle sur apprendre à cartographier pour moi-même.
De plus, comme le langage des signes, il y a des variantes partout.
Personnellement, c'est par le milieu de la fantasy que j'ai appris à cartographier, avec le concept du world-building. Je dessine fréquemment des cartes imaginaires en réunion ou dans le train pour me concentrer. Je ne suis pas les mêmes règles que pour la cartographie scolaire.
Cependant, on en arrive à un élément fédérateur : une forme épurée.
La carte est un langage graphique qui tend vers l'abstraction.
On apprend aux élèves des formes épurées dans les figurés. Les hachures sont une forme épurée pour faire de la cartographie dans les temps impartis (je permets à mes élèves de quadriller, c'est dire ^^). Pareillement pour les figurés ponctuels : rond, carré, triangle (mais pas croix chez moi, on n'est sur la PS4 ).
Existe-t-il une bible du langage cartographie ? Aucune idée mais je suis peu informé et peu doué pour trouver ce genre de choses.
Après, on voit bien que dans la profession, il y a une vulgate sur ce qu'est un bon travail de cartographie et ça passe par le matériel et son bon usage : crayon de couleur et feutres fins. De même, la ligne est essentielle.
Tant qu'on est clair sur ces quelques points, on sauve les élèves qui font un superbe travail de fond en leur donnant les moyens de faire épuré et "beau".
Après, je pense qu'il faut surtout montrer que dessiner des cartes, c'est amusant et que le professeur lui-même s'éclate en en réalisant.
De plus, comme le langage des signes, il y a des variantes partout.
Personnellement, c'est par le milieu de la fantasy que j'ai appris à cartographier, avec le concept du world-building. Je dessine fréquemment des cartes imaginaires en réunion ou dans le train pour me concentrer. Je ne suis pas les mêmes règles que pour la cartographie scolaire.
Cependant, on en arrive à un élément fédérateur : une forme épurée.
La carte est un langage graphique qui tend vers l'abstraction.
On apprend aux élèves des formes épurées dans les figurés. Les hachures sont une forme épurée pour faire de la cartographie dans les temps impartis (je permets à mes élèves de quadriller, c'est dire ^^). Pareillement pour les figurés ponctuels : rond, carré, triangle (mais pas croix chez moi, on n'est sur la PS4 ).
Existe-t-il une bible du langage cartographie ? Aucune idée mais je suis peu informé et peu doué pour trouver ce genre de choses.
Après, on voit bien que dans la profession, il y a une vulgate sur ce qu'est un bon travail de cartographie et ça passe par le matériel et son bon usage : crayon de couleur et feutres fins. De même, la ligne est essentielle.
Tant qu'on est clair sur ces quelques points, on sauve les élèves qui font un superbe travail de fond en leur donnant les moyens de faire épuré et "beau".
Après, je pense qu'il faut surtout montrer que dessiner des cartes, c'est amusant et que le professeur lui-même s'éclate en en réalisant.
- Cléopatra2Guide spirituel
Je réalise que je suis un peu paradoxale : j'autorise le dessin de l'avion dans un schéma-modèle (exemple la ville brésilienne) mais pas sur une carte à l'échelle des Etats-Unis. J'essaie de toujours proposer des petits schémas que je fais devant les élèves de façon explicite en début d'année en géographie. Je ne fais pas de schéma d'analyse de paysage au lycée, par manque de temps. Il faut bien travailler compo/étude de doc en géo aussi et là on voit que le volume horaire est vite explosé.
Edit : comme je l'ai déjà souligné aussi, il est difficile de faire faire des cartes de synthèse car les manuels en sont plein, du coup le travail est fait, et je n'ai pas assez de photocopies pour faire des dossiers.
Comment contournez-vous cet écueil?
Edit : comme je l'ai déjà souligné aussi, il est difficile de faire faire des cartes de synthèse car les manuels en sont plein, du coup le travail est fait, et je n'ai pas assez de photocopies pour faire des dossiers.
Comment contournez-vous cet écueil?
- ElyasEsprit sacré
Le truc est que la carte de synthèse est un objet purement scolaire. Mes quelques amis géographes non-professeurs sont souvent amusés par ce truc.
Selon moi, c'est notre job au collège de former les élèves. Vous n'avez pas le temps de faire cet apprentissage efficacement avec les programmes lourds au lycée. Sauf que la réalité l'impose et là, j'ai peu de solutions.
Selon moi, c'est notre job au collège de former les élèves. Vous n'avez pas le temps de faire cet apprentissage efficacement avec les programmes lourds au lycée. Sauf que la réalité l'impose et là, j'ai peu de solutions.
- LaotziSage
Merci pour ce sujet très intéressant. Je vais parti des professeurs qui étaient très mauvais en arts plastiques (en pratique tout du moins), mais j'insiste pourtant bien sur la nécessité de rendre un travail propre et esthétique car cela fait parti des critères d'évaluation au bac.
L'ancienne épreuve était tellement inintéressante (recopier et apprendre les croquis par coeur pour le bac) que c'était difficile de leur apprendre réellement les bases de la carto (puisqu'il suffisait de recopier tel quel), même si l'on pouvait le faire un peu avec les schémas de composition. La nouvelle épreuve est déjà un peu plus intéressante à ce niveau là.
Pour les manuels de carto, il en existe pas mal pour les concours (mais ce ne sont donc pas des ouvrages de didactiques bien entendu) :
- Méthodologie de la cartographie : Le monde en cartes de Matthieu Alfré et Christophe Chabert chez Autrement (2019).
- Manuel de cartographie - Principes, méthodes, applications: Principes, méthodes, applications de Nicolas Lambert et de Christine Zanin chez Amand Colin (2016).
- Cartes en Mains Méthodologie de la Cartographie de Anne Battistoni-Lemière, Alain Nonjon chez Ellipses (2013).
- La cartographie, de Daniel Olster et Nicolas Balaresque chez Nathan (2014).
- Pratiques de la cartographie d'Anne le Fur chez Armand Colin (2015).
- La représentation des données géographiques de Michèle Béguin et Denise Pumain chez Armand Colin (2017).
- Sémiologie graphique : les diagrammes, les réseaux et les cartes de Jacques Bertin aux éditions de l'EHESS (2013).
Mais comme pour toute méthodologie, il y a certes des règles de bases mais aussi de nombreuses variations entre les auteurs (de même que pour une dissert', si l'on est d'accord sur les bases, on ne dit pas forcément tous exactement la même chose aux élèves sur le détail).
L'ancienne épreuve était tellement inintéressante (recopier et apprendre les croquis par coeur pour le bac) que c'était difficile de leur apprendre réellement les bases de la carto (puisqu'il suffisait de recopier tel quel), même si l'on pouvait le faire un peu avec les schémas de composition. La nouvelle épreuve est déjà un peu plus intéressante à ce niveau là.
Pour les manuels de carto, il en existe pas mal pour les concours (mais ce ne sont donc pas des ouvrages de didactiques bien entendu) :
- Méthodologie de la cartographie : Le monde en cartes de Matthieu Alfré et Christophe Chabert chez Autrement (2019).
- Manuel de cartographie - Principes, méthodes, applications: Principes, méthodes, applications de Nicolas Lambert et de Christine Zanin chez Amand Colin (2016).
- Cartes en Mains Méthodologie de la Cartographie de Anne Battistoni-Lemière, Alain Nonjon chez Ellipses (2013).
- La cartographie, de Daniel Olster et Nicolas Balaresque chez Nathan (2014).
- Pratiques de la cartographie d'Anne le Fur chez Armand Colin (2015).
- La représentation des données géographiques de Michèle Béguin et Denise Pumain chez Armand Colin (2017).
- Sémiologie graphique : les diagrammes, les réseaux et les cartes de Jacques Bertin aux éditions de l'EHESS (2013).
Mais comme pour toute méthodologie, il y a certes des règles de bases mais aussi de nombreuses variations entre les auteurs (de même que pour une dissert', si l'on est d'accord sur les bases, on ne dit pas forcément tous exactement la même chose aux élèves sur le détail).
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"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
- VanGogh59Expert spécialisé
DerMax a écrit:Ici l'essentiel a été donné au départ, il manque d'un ouvrage clair.
Je me souviens une année, j'étais dans un lycée où les élèves venaient d'énormément de collèges différents et avaient donc tous vu (ou oublié) des règles plus ou moins différentes.
Au final j'ai cherché un ouvrage qui expose clairement les règles fixes de la cartographie et je n'en ai trouvé aucun.
Si on reprend l'idée de Cléopatra2 "pas de fluo" ce que j'interdis aussi, on part alors du principe qu'une réalisation cartographique doit être "propre/jolie". Dans ce cas, en reprenant la représentation proposée par exemple par Olympias, on devrait aussi interdire ici les hachures (pas //, ni avec le même écart entre chacune).
Je me souviens de collègue qui interdisaient le rose. Mais d'où est-ce interdit? y a-t-il eu un théoricien de la méthode en cartographie qui soit reconnu par tous qui a dit, je décide les couleurs (comme le fameux bleu pour les ports qu'on fera avec des carrés). Je lis actuellement Initiation à la recherche en géographie de hervé gumuchian , claude marois et je n'ai (pour l'instant) rien trouvé à ce sujet. Même à la fac quand je cartographiais, des nuances apparaissaient entre les différents profs.
Bref, personnellement je pense qu'il manque déjà une règle claire qui soit universelle (ou du moins à l'échelle de la France) qui soit fixée car cela crée déjà la confusion chez les élèves (avec M.Machin on fait les ports avec des carrés mais l'an passé Mme Bidule a dit qu'on pouvait faire un rond mais je voudrais faire un décagone...).
Enfin, je pense qu'il est vraiment important, de montrer un modèle prof avec les différentes étapes (comme le faisait Boris à l'époque avec ses cartes du bac) et des modèles élèves réussis (c'est d'ailleurs pour ça que j'ai finis par investir dans un scanner à main). Il faudrait aussi travailler la cartographie de façon plus fréquente mais pour ça, on manque de temps.
Je suis d'accord avec toi. J'ai participé à un stage sur la cartographie il y a quelques années car je me rendais compte du même souci : les collègues que ce soit en chair et en os ou sur les forums comme celui ci avaient énormément de consignes différentes et pas moyen de trouver un consensus. Je pensais que le stage répondrait à mes questions mais pas du tout car il s'est produit sur 2 jours à des intervalles très espacés pour pouvoir produire des cartes, croquis ou schémas avec les élèves et lorsque nous nous sommes retrouvés pour partager nos travaux, j'ai pris conscience à nouveau de ces mêmes multitudes de consignes parfois contradictoires...
Ce qui est flagrant, c'est le manque voire l'absence de préparation à la cartographie chez les élèves que j'ai en début d'année et il n'est pas rare, même en 3ème, de devoir reprendre les consignes de base (les 3 types de figurés, l'utilisation des crayons de couleur et des feutres à bon escient...). Je me suis fait une raison et donne désormais à toutes mes classes en début d'année quand j'évoque pour la 1ère fois la cartographie une feuille méthode qui reprend ce que je nomme un peu pompeusement le "dictionnaire des figurés" que l'on retrouve très bien fait dans le hatier. Tu pointes aussi quelque chose d'important c'est que la cartographie, si on veut bien la faire, est chronophage et que nos programmes de plus en plus chargés (et je ne parle pas que de la 3ème ) nous oblige souvent à raboter au détriment de la méthode. J'aime, comme vous l'avez précisé avant, surligner le fait aux élèves que les cartes ou croquis doivent être soignés mais pour cela, il faut une heure pour réaliser le travail (et encore cela ne suffit pas pour certains particulièrement lent). Souvent, je l'avoue, n'ayant pas le choix je leur laisse terminer à la maison. Je pense que cela peut expliquer pourquoi beaucoup de collègues soient rebutés à l'idée de faire de la cartographie.
Enfin comme cléopatra, je suis effaré par le nombre d'élèves qui, souvent par paresse pour ne pas dire fainéantise, n'utilisent pas les bons outils. Je métaphore souvent avec mes élèves en prenant l'exemple du bricoleur qui essaierait d'enfoncer un clou avec un tournevis... On peut leur répéter 50 fois, il y en a toujours un ou deux qui va colorier aux feutres. Certains quelquefois y vont même au stylo ! Et le fluo est en effet une calamité et pourtant je ne m'épargne pas pour répéter que les seuls feutres acceptés en HG sont les feutres cartographiques...
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"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles" Oscar Wilde
- ShajarVénérable
Pour éviter qu'ils ne copient le manuel, en term, je ne partais pas d'une carte : je partais du cours. On cherchait, soit à la fin, soit partie par partie, ce qu'on pouvait cartographier dans le cours et on créait ainsi la légende. Une fois la légende faite, ils avaient toute liberté pour chercher dans le manuel les localisations qu'ils ne connaissaient pas. (évidemment, je réfléchis en amont sur le cours pour qu'ils aient suffisamment d'éléments cartographiables).Cléopatra2 a écrit:Je réalise que je suis un peu paradoxale : j'autorise le dessin de l'avion dans un schéma-modèle (exemple la ville brésilienne) mais pas sur une carte à l'échelle des Etats-Unis. J'essaie de toujours proposer des petits schémas que je fais devant les élèves de façon explicite en début d'année en géographie. Je ne fais pas de schéma d'analyse de paysage au lycée, par manque de temps. Il faut bien travailler compo/étude de doc en géo aussi et là on voit que le volume horaire est vite explosé.
Edit : comme je l'ai déjà souligné aussi, il est difficile de faire faire des cartes de synthèse car les manuels en sont plein, du coup le travail est fait, et je n'ai pas assez de photocopies pour faire des dossiers.
Comment contournez-vous cet écueil?
Sinon, j'ai donné ce type d'exercice, mais ils trouvent ça très difficile. (p. 3-4, le tableau du début, c'est autre chose)
- Volo'Neoprof expérimenté
Merci pour l'ouverture du sujet.
Par rapport à l'exemple de Bonnéry, le problème, et on en revient souvent à celui-ci, est le langage. Nous bâtissons nos séances sur des malentendus en pensant que de nombreuses consignes et éléments vont de soi alors que ce n'est pas le cas. Dans ce contexte, l'utilisation de la pédagogie explicite (ce que nous faisons tous, parfois sans nous en rendre compte, et pour certains de manière codifiée) est très utile.
Un autre problème de base s'ancre dans notre formation (éternel problème). Tu soulignes la rareté des publications sur le sujet. Personnellement j'ai fait une licence d'histoire avec un module de géographie (4h/sem) et je n'ai jamais réalisé de carte. J'ai commencé à créer (ou recopier en partie à l'époque) des cartes que l'année de préparation des concours... C'est dire. Et cela rejoint clairement ce que tu dis sur les ouvrages. J'ai lu le numéro des CRAP sur "L'aventure de la géographie". Là aussi, la cartographie est en retrait. J'ai par ailleurs appris l'existence des cartes sensibles et je ne sais pas trop quoi en penser. Si certains ont des idées là-dessus, je suis preneur. Pour moi, une carte dit quelque chose, elle est un langage, comme vous êtes plusieurs à le mentionner, et n'a pas à être reliée aux émotions comme dans les cartes sensibles. Les travaux de Di Méo se rapprochent de la carte sensible dans le sens où il part des émotions et ressenties des femmes à Bordeaux pour montrer dans quels espaces elles ne sont pas. Ce n'est pas une carte sensible, à mon sens.
Un élément qui avait bien fonctionné avec des secondes était de rattacher l'acte cartographique à l'utilisation des GPS sur les téléphones portables et autres gadgets. Je leur avais fait comprendre que la carte est présente et qu'ils s'en servent mais qu'ils ne savent pas s'en servir. Ils se laissent guider à la différence de la carte non intelligente où ce sont eux qui doivent faire des choix. À partir d'un trajet souhaité du CV jusqu'au lycée, on avait étudié la carte pour voir quels éléments manquaient (l'échelle le plus souvent, la légende : pourquoi des rues sont jaunes et d'autres blanches, etc.). Nous étions arrivés à la conclusion que la carte créée par un GPS est purement utilitariste et ne nous permet pas de découvrir un espace puisqu'on traverse en nous disant que c'est la "prochaine rue à droite" alors qu'avec une carte papier on ferait plus attention au nom de la rue ou à ce qui est présent autour.
J'éloigne un peu le sujet de la création cartographique pour montrer qu'il est possible de donner à voir l'utilisation de la carte, que celle-ci a des codes et qu'elle a inclus un facteur temps dans le GPS qui n'était pas présent sur la carte de base (hormis pour la carte de transport pure et dure).
Sur les conventions, de tête Christian Grataloup a travaillé sur les différentes représentations du monde et l'arrivée des conventions avec les Cassini notamment. J'interdis également l'usage du fluo et de la hachure, dans la mesure où je pars du principe que les élèves, au collège, n'ont pas besoin de hachures pour leurs cartes et schémas - cela me fait penser aussi que nous pourrions questionner la différence entre carte de synthèse, croquis, schéma...
Les élèves partent déjà avec un handicap de base qui est celui du soin. Nous avons tous cet élève très soigneux qui souligne, qui recommence quand ce n'est pas assez joli dans le cahier versus celui que nous appelons communément le "gros cochon" qui barre sans règle, qui fait baver son stylo sur le cahier. Et là, le problème se répercute sur la cartographie. Ce n'est pas tant, pour moi, une question de beau mais une question de lisibilité. Comme à l'écrit, l'élève (comme l'adulte) qui fait une carte avec des ratures, un coloriage qui dépasse, une légende de l'autre côté de la feuille, etc. pose le problème de la lisibilité. Si ce n'est pas lisible et que je dois me battre pour comprendre ce qui est représenté, c'est qu'il y a un problème. Donc oui, quand les couleurs sont harmonieuses à mes yeux, cela me donne envie et il y a probablement un biais dans la notation car ce que je considère comme harmonieux ne l'est sûrement pas pour d'autres. Je pense ici à mes deux daltoniens de l'année passée. Je me suis questionné quant à leur représentation cartographique parce qu'ils voient différemment les couleurs. Je leur avais fait mettre le nom des couleurs sur leurs crayons de couleur pour qu'ils comprennent certains éléments et associent le nom de la couleur au figuré (ville = rouge ; nature = privilégier les teintes vertes). Mais quel est la plus-value ? Oui, ils répondent à la convention mais pour eux, ces associations n'avaient pas de sens...
Le travail auquel je suis confronté qui me pose le plus de problème avec les élèves est celui de l'abstraction. Quand ils sont en sixième et qu'on leur demande de cartographier, les élèves dessinent bien souvent. C'est ce que tu montres @Elyas sur l'arc de triomphe. Ils doivent passer progressivement à l'abstraction. La plupart des élèves comprennent. Une année cependant je me suis trouvé face à des élèves qui dessinaient encore, plus qu'ils ne cartographiaient. Outre le problème ici de progressivité des apprentissages avec un début d'année de 4e où ils n'ont toujours pas acquis l'abstraction, une fois le problème passé pour la plupart j'ai encore eu une élève qui ne comprenait pas pourquoi sur son plan centre-périphérie elle ne pouvait pas mettre des fleurs autour du péri-urbain. Si vous avez des idées pour expliquer concrètement comment lui expliquer, je suis preneur parce que je me suis trouvé face à une impasse.
En vrac :
- l'utilisation du calque est une belle idée à laquelle je n'avais pas pensé. Pour décalquer les fonds de carte cela pourrait être une bonne idée.
- il faudrait questionner la carte et son utilisation en classe. Est-ce qu'on l'utilise pour montrer une dynamique, une situation, etc. et/ou est-ce qu'on la crée pour faire réfléchir les élèves. Parfois je trouve que la ligne n'est pas très claire.
- les cartes des manuels sont parfois indigestes... (je ne jette pas la pierre sur les collègues qui rédigent ceux-ci).
- j'ai réalisé en 4e un exercice de ce type (documents > carte) et c'est un bon exercice pour les élèves parce qu'ils comprennent rapidement qu'une information = un figuré. Mais c'est un exercice exigeant et qui demande également de connaître la différence entre la mer et la terre (avec la ligne de partage) dont quelqu'un parlait ici.
- Petit ajout : je pense aux cartes IGN également... j'ai découvert leur existence en préparant les concours. Il y a vraiment un souci quelque part.
Par rapport à l'exemple de Bonnéry, le problème, et on en revient souvent à celui-ci, est le langage. Nous bâtissons nos séances sur des malentendus en pensant que de nombreuses consignes et éléments vont de soi alors que ce n'est pas le cas. Dans ce contexte, l'utilisation de la pédagogie explicite (ce que nous faisons tous, parfois sans nous en rendre compte, et pour certains de manière codifiée) est très utile.
Un autre problème de base s'ancre dans notre formation (éternel problème). Tu soulignes la rareté des publications sur le sujet. Personnellement j'ai fait une licence d'histoire avec un module de géographie (4h/sem) et je n'ai jamais réalisé de carte. J'ai commencé à créer (ou recopier en partie à l'époque) des cartes que l'année de préparation des concours... C'est dire. Et cela rejoint clairement ce que tu dis sur les ouvrages. J'ai lu le numéro des CRAP sur "L'aventure de la géographie". Là aussi, la cartographie est en retrait. J'ai par ailleurs appris l'existence des cartes sensibles et je ne sais pas trop quoi en penser. Si certains ont des idées là-dessus, je suis preneur. Pour moi, une carte dit quelque chose, elle est un langage, comme vous êtes plusieurs à le mentionner, et n'a pas à être reliée aux émotions comme dans les cartes sensibles. Les travaux de Di Méo se rapprochent de la carte sensible dans le sens où il part des émotions et ressenties des femmes à Bordeaux pour montrer dans quels espaces elles ne sont pas. Ce n'est pas une carte sensible, à mon sens.
Un élément qui avait bien fonctionné avec des secondes était de rattacher l'acte cartographique à l'utilisation des GPS sur les téléphones portables et autres gadgets. Je leur avais fait comprendre que la carte est présente et qu'ils s'en servent mais qu'ils ne savent pas s'en servir. Ils se laissent guider à la différence de la carte non intelligente où ce sont eux qui doivent faire des choix. À partir d'un trajet souhaité du CV jusqu'au lycée, on avait étudié la carte pour voir quels éléments manquaient (l'échelle le plus souvent, la légende : pourquoi des rues sont jaunes et d'autres blanches, etc.). Nous étions arrivés à la conclusion que la carte créée par un GPS est purement utilitariste et ne nous permet pas de découvrir un espace puisqu'on traverse en nous disant que c'est la "prochaine rue à droite" alors qu'avec une carte papier on ferait plus attention au nom de la rue ou à ce qui est présent autour.
J'éloigne un peu le sujet de la création cartographique pour montrer qu'il est possible de donner à voir l'utilisation de la carte, que celle-ci a des codes et qu'elle a inclus un facteur temps dans le GPS qui n'était pas présent sur la carte de base (hormis pour la carte de transport pure et dure).
Sur les conventions, de tête Christian Grataloup a travaillé sur les différentes représentations du monde et l'arrivée des conventions avec les Cassini notamment. J'interdis également l'usage du fluo et de la hachure, dans la mesure où je pars du principe que les élèves, au collège, n'ont pas besoin de hachures pour leurs cartes et schémas - cela me fait penser aussi que nous pourrions questionner la différence entre carte de synthèse, croquis, schéma...
Les élèves partent déjà avec un handicap de base qui est celui du soin. Nous avons tous cet élève très soigneux qui souligne, qui recommence quand ce n'est pas assez joli dans le cahier versus celui que nous appelons communément le "gros cochon" qui barre sans règle, qui fait baver son stylo sur le cahier. Et là, le problème se répercute sur la cartographie. Ce n'est pas tant, pour moi, une question de beau mais une question de lisibilité. Comme à l'écrit, l'élève (comme l'adulte) qui fait une carte avec des ratures, un coloriage qui dépasse, une légende de l'autre côté de la feuille, etc. pose le problème de la lisibilité. Si ce n'est pas lisible et que je dois me battre pour comprendre ce qui est représenté, c'est qu'il y a un problème. Donc oui, quand les couleurs sont harmonieuses à mes yeux, cela me donne envie et il y a probablement un biais dans la notation car ce que je considère comme harmonieux ne l'est sûrement pas pour d'autres. Je pense ici à mes deux daltoniens de l'année passée. Je me suis questionné quant à leur représentation cartographique parce qu'ils voient différemment les couleurs. Je leur avais fait mettre le nom des couleurs sur leurs crayons de couleur pour qu'ils comprennent certains éléments et associent le nom de la couleur au figuré (ville = rouge ; nature = privilégier les teintes vertes). Mais quel est la plus-value ? Oui, ils répondent à la convention mais pour eux, ces associations n'avaient pas de sens...
Le travail auquel je suis confronté qui me pose le plus de problème avec les élèves est celui de l'abstraction. Quand ils sont en sixième et qu'on leur demande de cartographier, les élèves dessinent bien souvent. C'est ce que tu montres @Elyas sur l'arc de triomphe. Ils doivent passer progressivement à l'abstraction. La plupart des élèves comprennent. Une année cependant je me suis trouvé face à des élèves qui dessinaient encore, plus qu'ils ne cartographiaient. Outre le problème ici de progressivité des apprentissages avec un début d'année de 4e où ils n'ont toujours pas acquis l'abstraction, une fois le problème passé pour la plupart j'ai encore eu une élève qui ne comprenait pas pourquoi sur son plan centre-périphérie elle ne pouvait pas mettre des fleurs autour du péri-urbain. Si vous avez des idées pour expliquer concrètement comment lui expliquer, je suis preneur parce que je me suis trouvé face à une impasse.
En vrac :
- l'utilisation du calque est une belle idée à laquelle je n'avais pas pensé. Pour décalquer les fonds de carte cela pourrait être une bonne idée.
- il faudrait questionner la carte et son utilisation en classe. Est-ce qu'on l'utilise pour montrer une dynamique, une situation, etc. et/ou est-ce qu'on la crée pour faire réfléchir les élèves. Parfois je trouve que la ligne n'est pas très claire.
- les cartes des manuels sont parfois indigestes... (je ne jette pas la pierre sur les collègues qui rédigent ceux-ci).
- j'ai réalisé en 4e un exercice de ce type (documents > carte) et c'est un bon exercice pour les élèves parce qu'ils comprennent rapidement qu'une information = un figuré. Mais c'est un exercice exigeant et qui demande également de connaître la différence entre la mer et la terre (avec la ligne de partage) dont quelqu'un parlait ici.
- Petit ajout : je pense aux cartes IGN également... j'ai découvert leur existence en préparant les concours. Il y a vraiment un souci quelque part.
- ShajarVénérable
On manque nettement d'une standardisation des méthodes d'enseignement en HG, d'un vrai manuel à l'image de ce qu'on a dans des matières comme les mathématiques.
Certes, je suis attachée au principe de liberté pédagogique, absolument nécessaire pour adapter nos cours aux élèves, mais je crois que ça ne va pas à l'encontre de l'établissement de règles et de progressions précises et communes à tous en matière d'apprentissage des méthodes. Il y a des étapes à respecter dans l'apprentissage, que ce soit de la carto ou des méthodes de rédaction et de commentaires : apprentissage de l'abstraction en 6e par exemple, apprentissage des figurés, travail sur l'organisation de la légende... Si nous avions vraiment une progression claire en matière de méthode dans les programmes (oui, je sais Elyas, il y a ce truc imbitable dans les premières pages des programmes, mais à ma connaissance, tu es le seul à le comprendre, et on peut facilement y mettre tout et n'importe quoi), nos élèves n'en sortiraient que meilleurs et nous pourrions nous appuyer avec certitude sur ce qui a été fait l'an passé. Là, on n'a comme critère de référence quasiment que les épreuves du brevet et du bac, qui changent tout le temps. Chacun fait sa sauce, pour le meilleur et pour le pire, et on galère tous à essayer de construire des progression qui ne sont pas cohérentes avec celles de nos collègues l'année d'avant ou l'année d'après.
Un seul exemple : la présentation de doc. Le truc basique par excellence. Eh bien chacun donne son propre truc mnémothechnique, sa propre soupe. Certains vont demander s'il s'agit d'un "document source" ou d'un "document scientifique", d'autre demandent le contexte d'écriture ou le contexte décrit par le doc, certains se contentent du titre offert dans le manuel quand d'autres vont chercher l'origine du texte, d'aucuns demandent une phrase d'explication du texte et pas d'autres... Bref, d'une année sur l'autre, les élèves doivent donc complètement changer leur manière de faire et oublier ce qu'ils ont fait l'année précédente pour coller aux désidératas de leur enseignant. C'est absurde. Et aucun manuel de didactique, à ma connaissance du moins, n'aborde clairement ces points pourtant simples et essentiels.
Ca permettrait en plus à de jeunes profs d'identifier rapidement les erreurs habituelles commises par les élèves - on rencontre tous les mêmes, mais on ne les met jamais en commun ! - et de ne pas galérer des années pour mettre en place des choses cohérentes en matière d'exercices et de méthode, se concentrant ainsi sur le fond des connaissances.
PS. Et certains collègues encouragent les élèves à dessiner des avions ou à colorier la mer en bleu sur les croquis, maudits soient-ils sur douze générations. (sans compter, bien sûr, les modèles de "croquis de synthèse" dans les manuels qui font de même, honnis soient-ils).
Certes, je suis attachée au principe de liberté pédagogique, absolument nécessaire pour adapter nos cours aux élèves, mais je crois que ça ne va pas à l'encontre de l'établissement de règles et de progressions précises et communes à tous en matière d'apprentissage des méthodes. Il y a des étapes à respecter dans l'apprentissage, que ce soit de la carto ou des méthodes de rédaction et de commentaires : apprentissage de l'abstraction en 6e par exemple, apprentissage des figurés, travail sur l'organisation de la légende... Si nous avions vraiment une progression claire en matière de méthode dans les programmes (oui, je sais Elyas, il y a ce truc imbitable dans les premières pages des programmes, mais à ma connaissance, tu es le seul à le comprendre, et on peut facilement y mettre tout et n'importe quoi), nos élèves n'en sortiraient que meilleurs et nous pourrions nous appuyer avec certitude sur ce qui a été fait l'an passé. Là, on n'a comme critère de référence quasiment que les épreuves du brevet et du bac, qui changent tout le temps. Chacun fait sa sauce, pour le meilleur et pour le pire, et on galère tous à essayer de construire des progression qui ne sont pas cohérentes avec celles de nos collègues l'année d'avant ou l'année d'après.
Un seul exemple : la présentation de doc. Le truc basique par excellence. Eh bien chacun donne son propre truc mnémothechnique, sa propre soupe. Certains vont demander s'il s'agit d'un "document source" ou d'un "document scientifique", d'autre demandent le contexte d'écriture ou le contexte décrit par le doc, certains se contentent du titre offert dans le manuel quand d'autres vont chercher l'origine du texte, d'aucuns demandent une phrase d'explication du texte et pas d'autres... Bref, d'une année sur l'autre, les élèves doivent donc complètement changer leur manière de faire et oublier ce qu'ils ont fait l'année précédente pour coller aux désidératas de leur enseignant. C'est absurde. Et aucun manuel de didactique, à ma connaissance du moins, n'aborde clairement ces points pourtant simples et essentiels.
Ca permettrait en plus à de jeunes profs d'identifier rapidement les erreurs habituelles commises par les élèves - on rencontre tous les mêmes, mais on ne les met jamais en commun ! - et de ne pas galérer des années pour mettre en place des choses cohérentes en matière d'exercices et de méthode, se concentrant ainsi sur le fond des connaissances.
PS. Et certains collègues encouragent les élèves à dessiner des avions ou à colorier la mer en bleu sur les croquis, maudits soient-ils sur douze générations. (sans compter, bien sûr, les modèles de "croquis de synthèse" dans les manuels qui font de même, honnis soient-ils).
- Prosper de BaranteHabitué du forum
Je suis d'accord avec toi Shajar. Il suffit d'avoir un peu de bouteille et d'avoir eu des discussions avec des IPR pour voir à quel point sous le prétexte de la liberté pédagogique, on n'aboutit pas à des exigences claires. D'ailleurs je n'ai jamais réussi à standardiser ces exigences avec l'équipe pédagogique des établissements que j'ai fréquentés. Il y a toujours un collègue qui n'est pas d'accord sur un point et ne veut pas en démordre...
- Cléopatra2Guide spirituel
Je suis d'accord mais j'ai quand même l'impression que mes collègues de collège le font. Parce que je veux bien qu'il y en ait un par établissement qui ne le fasse pas, mais là, vu tous les élèves que j'ai vus passer, ça ferait l'ensemble des collègues sur 5 ou 6 collèges et je n'y crois pas du tout. En tout cas, les élèves n'ont rien automatisé (mais même avec moi qui fais attention, ils n'automatisent pas non plus).Elyas a écrit:Le truc est que la carte de synthèse est un objet purement scolaire. Mes quelques amis géographes non-professeurs sont souvent amusés par ce truc.
Selon moi, c'est notre job au collège de former les élèves. Vous n'avez pas le temps de faire cet apprentissage efficacement avec les programmes lourds au lycée. Sauf que la réalité l'impose et là, j'ai peu de solutions.
Pour la carte de synthèse, je ne suis pas forcément convaincue par l'exercice en lui-même, mais il faut bien donner des connaissances, avancer le cours et faire la méthode, donc je crois que parfois elle est nécessaire!
- ElyasEsprit sacré
Tu emploies le killer-word, Cléopatra2 : automatiser.
Il n'y a pas de secrets. Pour automatiser, il faut le faire en masse. Cela demande donc de donner aux élèves à faire une douzaine de cartes par an. Cela effraie trop les collègues parce qu'ils sentent que cela va réduire la quantité de connaissances qu'ils vont donner (ce que je conteste personnellement). En plus, quand les élèves créent leurs cartes pour développer cet automatisme, les séances sont "peinarchiantes". En gros, ils bossent et tu passes entre eux pour remédier. Et cela prend 2h pour être efficace par cartes (bah oui, 1h pour analyser les sources permettant la carte et 1h pour produire la carte). Donc, passer 24h dans une programmation de 96h à faire des cartes, les collègues hésitent (et font rarement). Pourtant, faire des cartes ne signifie pas faire cours (au sens transmettre des connaissances). Tant qu'on ne cassera pas ce mythe que faire écrire des récits/réaliser des cartes, c'est minorer le rôle des connaissances, on n'y arrivera pas.
Il n'y a pas de secrets. Pour automatiser, il faut le faire en masse. Cela demande donc de donner aux élèves à faire une douzaine de cartes par an. Cela effraie trop les collègues parce qu'ils sentent que cela va réduire la quantité de connaissances qu'ils vont donner (ce que je conteste personnellement). En plus, quand les élèves créent leurs cartes pour développer cet automatisme, les séances sont "peinarchiantes". En gros, ils bossent et tu passes entre eux pour remédier. Et cela prend 2h pour être efficace par cartes (bah oui, 1h pour analyser les sources permettant la carte et 1h pour produire la carte). Donc, passer 24h dans une programmation de 96h à faire des cartes, les collègues hésitent (et font rarement). Pourtant, faire des cartes ne signifie pas faire cours (au sens transmettre des connaissances). Tant qu'on ne cassera pas ce mythe que faire écrire des récits/réaliser des cartes, c'est minorer le rôle des connaissances, on n'y arrivera pas.
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