[Lettres lycée] Chrétien de Troyes - Quelles œuvres ?

Bonjour à toutes et à tous,

Lors de la prochaine rentrée scolaire, j'aurai à aborder le Moyen-Âge et le XVIe siècle avec mes élèves au lycée.
Je souhaite aborder les oeuvres de Chrétien de Troyes, mais n'étant moi-même que peu familiarisé avec cet auteur, j'hésite encore beaucoup...

J'ai trouvé une édition classique qui rassemble ces 5 oeuvres : Érec et Énide, Cligès, Lancelot ou le Chevalier de la charrette, Yvain ou le chevalier au lion, Perceval ou le conte du Graal. Cette édition me semble cependant plutôt indigeste pour mes élèves, et je me pose quelques questions :

- Pensez-vous qu'il serait judicieux de lire (et donc, faire lire) ces cinq oeuvres ?
- S'il ne fallait en choisir que quelques-unes, lesquelles seraient incontournables ?
- Avez-vous des éditions (scolaires?) de préférence qu'il conviendrait d'employer avec mes élèves ?
- D'autres conseils en lien avec ce sujet ?

D'avance, je vous remercie, et vous souhaite un bel été.

Une remarque : Yvain a été très, très souvent vu en 5e (avec le niveau de lecture de cette classe, certes, mais les élèves ne seront pas forcément prêts à faire la différence).

Au lycée, je choisirais sans hésitation d'étudier Perceval (j'ai renoncé à l'étudier en OI au collège car trop complexe pour mes élèves de 5e, et j'étudie à la place souvent Yvain en effet).
Par contre si c'est pour une lecture cursive en autonomie, plutôt Lancelot.

henriette a écrit:Au lycée, je choisirais sans hésitation d'étudier Perceval.

+ 1 La première scène de Perceval est un régal - le benêt qui prend les chevaliers pour des démons ou des anges- et celle des trois gouttes de sang à la fin montre bien l'évolution du personnage. Ce personnage pris entre les injonctions contradictoires de sa mère- qui l'incite à poser des questions et à se comporter d'une certaine façon avec les demoiselles ( sauf que comme nos élèves, il n'a écouté que la moitié de ce que l'on lui disait )- et du "preud homme" la figure paternelle qui l'invite à se taire - ce qui sera fatal lors de la scène du roi Pêcheur-, ce garçon qui ne sait rien et qui devient chevalier me semble plus susceptible de leur parler - sans aller jusqu'à l'identification. Mes souvenirs des autres romans sont assez lointains, mais je ne me rappelle pas le même humour. Peut-être d'ailleurs n'est-ce pas le roman le plus représentatif du roman de chevalerie...

L'opposition Gauvain/Perceval est extrêmement intéressante à étudier, elle structure le roman. En fait, Gauvain en est quasi autant le héros que Perceval, sauf qu'il ne lui a pas donné son nom. Il est très intéressant d'étudier la construction du récit, tout ce qui sépare et oppose les deux personnages, ce qu'ils incarnent l'un et l'autre du chevalier et plus largement de l'homme, de ses qualités mais avant tout, je crois, de ses faiblesses et défauts.

henriette a écrit:L'opposition Gauvain/Perceval est extrêmement intéressante à étudier, elle structure le roman. En fait, Gauvain en est quasi autant le héros que Perceval, sauf qu'il ne lui a pas donné son nom. Il est très intéressant d'étudier la construction du récit, tout ce qui sépare et oppose les deux personnages, ce qu'ils incarnent l'un et l'autre du chevalier et plus largement de l'homme, de ses qualités mais avant tout, je crois, de ses faiblesses et défauts.

Gauvain est le modèle de chevalier- comme dans d'autres romans. Perceval lui évolue de quasi paysan au chevalier égal de Gauvain, reconnu comme tel par lui précisément quand Perceval explique la signification pour lui des 3 gouttes de sang.

J'ai fait Le chevalier au Lion et aucun de mes élèves ne l'avait fait au collège (ils avaient la plupart du temps fait Lancelot).
C'est un roman que j'aime beaucoup, mais il faudrait que je me replonge dans les autres...

Ponocrates a écrit:

henriette a écrit:L'opposition Gauvain/Perceval est extrêmement intéressante à étudier, elle structure le roman. En fait, Gauvain en est quasi autant le héros que Perceval, sauf qu'il ne lui a pas donné son nom. Il est très intéressant d'étudier la construction du récit, tout ce qui sépare et oppose les deux personnages, ce qu'ils incarnent l'un et l'autre du chevalier et plus largement de l'homme, de ses qualités mais avant tout, je crois, de ses faiblesses et défauts.

Gauvain est le modèle de chevalier- comme dans d'autres romans. Perceval lui évolue de quasi paysan au chevalier égal de Gauvain, reconnu comme tel par lui précisément quand Perceval explique la signification pour lui des 3 gouttes de sang.

Mais Gauvain est attaché aux biens terrestres, à l'amour des femmes, et de ce fait ne sera pas jugé digne d'accéder au monde sprituel et au Graal.

Je ferais étudier Perceval, sans hésiter. C'est pour moi la quintessence du roman de chevalerie ! Et cela me permettrait d'étudier également quelques séquences du film qu'en a tiré Rohmer.

henriette a écrit:

Ponocrates a écrit:

henriette a écrit:L'opposition Gauvain/Perceval est extrêmement intéressante à étudier, elle structure le roman. En fait, Gauvain en est quasi autant le héros que Perceval, sauf qu'il ne lui a pas donné son nom. Il est très intéressant d'étudier la construction du récit, tout ce qui sépare et oppose les deux personnages, ce qu'ils incarnent l'un et l'autre du chevalier et plus largement de l'homme, de ses qualités mais avant tout, je crois, de ses faiblesses et défauts.

Gauvain est le modèle de chevalier- comme dans d'autres romans. Perceval lui évolue de quasi paysan au chevalier égal de Gauvain, reconnu comme tel par lui précisément quand Perceval explique la signification pour lui des 3 gouttes de sang.

Mais Gauvain est attaché aux biens terrestres, à l'amour des femmes, et de ce fait ne sera pas jugé digne d'accéder au monde sprituel et au Graal.

Gauvain est en effet le chevalier courtois par excellence, alors que Perceval serait plutôt le chevalier chrétien, celui qui croit - c'est d'ailleurs un de ses traits distinctif, cette foi dans le discours de sa mère puis dans celui du Preudhomme.

Depuis le début de cette discussion je cherche dans quel objet d'étude on peut faire étudier un récit du Moyen Age en O.I en seconde? Moi je vois poésie du Moyen âge au 18ème et Roman du 18ème à nos jours...

Eh bien, que d'efficacité ! Je vous remercie de vos réponses.
Suite à tout ceci, je vais opter pour la version complète "Romans de la Table ronde" qui contient les 5 oeuvres majeures de Chrétien de Troyes, et me concentrer essentiellement sur Yvain, Lancelot et Perceval avec mes élèves.
(J'aurai, pour mon plaisir, toujours la possibilité de lire les deux autres.)
Merci beaucoup pour vos retours !

Ponocrates a écrit:Peut-être d'ailleurs n'est-ce pas le roman le plus représentatif du roman de chevalerie...

Michel Zink pour différentes raisons dont je ne me souviens pas, si ce n'est une histoire de commande et son rapport à la religion, tend à penser au contraire que c'est le roman le plus représentatif des romans de Chrétien de Troyes, en tout cas celui qui correspond le mieux à son esthétique et à sa pensée. Mais en effet c'est certainement le plus drôle.

gregforever a écrit:Depuis le début de cette discussion je cherche dans quel objet d'étude on peut faire étudier un récit du Moyen Age en O.I en seconde? Moi je vois poésie du Moyen âge au 18ème et Roman du 18ème à nos jours...

Sans doute pour la lecture cursive qui peut être choisie en dehors des bornes temporelles.

Ponocrates a écrit:
Gauvain est le modèle de chevalier- comme dans d'autres romans. Perceval lui évolue de quasi paysan au chevalier égal de Gauvain, reconnu comme tel par lui précisément quand Perceval explique la signification pour lui des 3 gouttes de sang.

Il est vrai que Perceval aimerait être considéré en tant que tel!

Carabas a écrit:

Ponocrates a écrit:
Gauvain est le modèle de chevalier- comme dans d'autres romans. Perceval lui évolue de quasi paysan au chevalier égal de Gauvain, reconnu comme tel par lui précisément quand Perceval explique la signification pour lui des 3 gouttes de sang.

Il est vrai que Perceval aimerait être considéré en tant que tel!

Oui. Et il en a gros.

Tivinou a écrit:

Carabas a écrit:

Ponocrates a écrit:
Gauvain est le modèle de chevalier- comme dans d'autres romans. Perceval lui évolue de quasi paysan au chevalier égal de Gauvain, reconnu comme tel par lui précisément quand Perceval explique la signification pour lui des 3 gouttes de sang.

Il est vrai que Perceval aimerait être considéré en tant que tel!

Oui. Et il en a gros.

C'est pas faux !