HLP 1re : la Parole

Merci Ruthven !

Petite proposition de filmographie, à compléter :
ART DE LA PAROLE : - Le discours d'un roi
- Ridicule
- Le brio
- Banlieusards
AUTORITÉ DE LA PAROLE : - Le dictateur
- V pour Vendetta
SEDUCTION DE LA PAROLE : - Bugsy

Bonsoir, j'ai une question qui va peut-être vous paraître très bête: comment travaillez-vous les textes avec les élèves? Faites-vous des lectures analytiques (ou des analyses linéaires?) Préparez-vous des questions? Bref, je suis un peu perdue en ce début d'année...

Je demande aux élèves de m'expliquer ce que le texte étudié nous apprend sur la prise de parole. Si ce n'est pas évident, je précise ce que j'attends (remarques sur la situation d'énonciation, sur la valeur des silences, etc.) Et ensuite on s'attarde davantage sur la forme mais pas au même point que lors des explications linéaires classiques.
A l'occasion, je demande aussi de reformuler une remarque qui a été faite par un élève, en utilisant le vocabulaire technique (NLM, inutile de rebondir...) vu dans les cours précédents (exemples : "métalinguistique", "performatif"...)

Et je choisis mes textes en ayant en tête le sujet de réflexion qui vient après.

Je prépare des questions que je leur fais travailler. Et ensuite, je relie (ou leur fais relier) le texte à la problématique du cours, faire des liens avec les autres textes que nous avons vus. A la fin d'une étude de texte, je propose un exercice d'écriture qui mène vers l'essai (2eme question type bac).

Aleph a écrit:Bonsoir, j'ai une question qui va peut-être vous paraître très bête: comment travaillez-vous les textes avec les élèves? Faites-vous des lectures analytiques (ou des analyses linéaires?) Préparez-vous des questions? Bref, je suis un peu perdue en ce début d'année...

Pour ma part, cela peut prendre l'aspect d'une discussion autour de questions soulevées par le texte ou du document (extrait de film, tableau, etc.), avec une petite synthèse plus ou moins fournie à la fin (elle dépend du niveau de la classe). Je remercie encore la collègue du forum qui m'a donné des conseils sur la "parole libre".

Cette année, je ne préparerai les élèves aux épreuves que dans un ou deux mois.

Pour préparer l'épreuve du texte avec la question d'interprétation, je distribue pendant la première heure un ou plusieurs textes (sur le thème que nous sommes en train d'étudier). Les élèves, en groupe, choisissent celui qui leur plaît le plus. Ils essaient de le comprendre (j'avoue que j'aimerais leur fournir un dictionnaire pendant cette étape). Je réponds à toutes leurs questions.
Puis, ils se mettent seuls à leur table pendant la deuxième heure. Et je donne la question qui correspond à chaque texte ; ils ont la deuxième heure (ou ce qu'il en reste) pour y répondre.
Cela m'évite d'avoir en début d'année des copies de cours récité hors sol (notamment du cours de français).
Petit à petit, je saute la première étape quand ils comprennent qu'il s'agit de répondre à la question en ordonnant le mieux possible leurs idées.

Aucune explication linéaire ou lecture analytique comme en français (ce qui n'empêche pas de relever quelques procédés stylistiques saillants lorsqu'ils sont utiles pour répondre à la question posée).

Merci beaucoup de vos réponses The Paper, Poupoutch et Trompettemarine! Vous me rassurez...  

Ici aussi, je ne fais pas d'analyse de texte "formelle", comme on peut le faire en 1re. A partir de la question, nous cherchons tout ce qui peut permettre d'y répondre dans le texte, puis nous organisons le tout.
Au début de l'année, je le fais plutôt sous forme dialoguée, ou sous forme de questions auxquelles ils réfléchissent individuellement, puis je les mettrai en îlots sur des textes différents (qu'ils auront lus et travaillés au préalable), avec restitution orale: ils devront présenter leur réflexion à leurs camarades, qui pourront leur poser des questions. Ensuite, je ferai une reprise.

Chacun de mes cours se présente à peu près ainsi : débat sur une question en lien avec le thème puis lecture/analyse d'un texte (ou d'un extrait de film) qui y répond selon un certain angle et rédaction guidée d'un paragraphe incluant nécessairement la référence. Parfois je fais le contraire : on part d'un texte ou d'un extrait de film, on se demande quelles questions cela soulève, on en débat puis ils rédigent un paragraphe. C'est assez rythmé.

Petite question pour les LC ou autres fins connaisseurs de l'antiquité: nous avons l'opportunité d'aller voir un spectacle qui s'appelle "Electre des bas-fonds", parfait pour l'autorité de la parole!
Nous réfléchissons à leur faire lire une pièce en cursive, mais je ne sais pas laquelle choisir entre Sophocle et Euripide...  des  conseils?

Pourquoi ne pas partager la classe ? Une moitié lit Sophocle, l'autre moitié Euripide. La discussion fait émerger les différences.

Idée intéressante, Ruthven, merci!

Puis les Grenouilles d'Aristophane ! (Mais il faut lire Eschyle aussi)

Je pense proposer un GT autour d'Electre, c'est intéressant je trouve de creuser un peu ce personnage dans le cadre du spectacle.

Dans la partie "Autorité de la parole", j'aimerais aborder la question des chiffres. Ce qui m'en a donné l'idée, c'est le spot publicitaire pour le vaccin qui se conclut par cette affirmation : "On peut débattre de tout... sauf des chiffres." (https://www.youtube.com/watch?v=5qxh4yK28TQ).
Je pense, au contraire, que même les chiffres peuvent être débattus. Est-ce que vous auriez des documents à me proposer qui traitent de ce thème ?
J'ai souvenance qu'un prof de maths avait publié un livre il y a une quinzaine d'années sur la façon dont les media utilisaient les chiffres, mais je ne trouve plus la référence.

Précisément, ce spot me paraît d'un teiste populisme : au moins dans la version que j'ai entendue, la donnée statistique évoquée juste avant cette phrase (la prépondérance des non-vaccinés parmi les hospitalisés par covid) ne permet en soi de tirer la moindre information dans le sens du spot (bienfaits de la vaccination) et ne constitue donc en rien un argument. Le spot se base juste sur la perception intuitive des statistiques (or on sait précisément que la probabilité conditionnée est parfois assez anti-intuitive...).

Je comptais donner aussi comme exemple les chiffres du chômage : quand on dit qu'il baisse après avoir exclu du comptage une catégorie qui, précédemment, était décomptée.

Finalement j'ai trouvé des exemples dans ce livre : Le théorème d'Hypocrite, que je recommande. Pour un professeur de maths, ce ne sont sûrement que des évidences (on y aborde par exemple la différence entre salaire médian et salaire moyen), mais pour un élève de Première ou même pour un citoyen lambda qui habituellement ne chercherait pas à voir au-delà du discours qu'on lui sert, c'est très intéressant.

J'aimerais aussi aborder le thème de la langue de bois. J'ai pensé à "La Cour du Lion" de La Fontaine mais les paroles du Renard y sont résumées. Auriez-vous en tête un exemple littéraire où le discours direct montre pleinement le procédé de parler pour ne rien dire ?
edit : j'ai trouvé ! le préfet dans Mme Bovary ! Mais je veux bien d'autres exemples