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- gauvain31Empereur
Très bel édito de Thomas Legrand aujourd'hui sur France Inter sur les résultats du questionnaire élaboré par des députés LREM sur le regard que portent les enseignants sur leur institution. Nous étions nombreux cet été à avoir répondu (22 225 enseignants). Le résultat de cette enquête est .... éloquent, mais prévisible:
La suite ici :
https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-politique/l-edito-politique-31-aout-2020
Thomas Legrand a écrit: Quelques chiffres : 72% des enseignants considèrent que leur hiérarchie ne leur fait pas confiance et d’ailleurs 86% d’entre eux n’ont pas confiance dans le système. Ce niveau de défiance croisée n’existe dans aucune autre institution, publique ou privée. Ces deux chiffres sont les mêmes selon le territoire, l’âge ou le sexe des profs interrogés. Quand la défiance est à ce point uniforme, cela veut dire que l’institution est vue comme une machine, inhumaine.
La suite ici :
https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-politique/l-edito-politique-31-aout-2020
- DanskaProphète
Jean-Michel Blanquer doit bien être conscient de cette crise puisqu’il a annoncé un Grenelle des professeurs
On apprend, depuis toujours, aux professeurs à être des transmetteurs. Il faudrait, aujourd’hui, devant l’explosion des sources du savoir, leur apprendre à être des médiateurs. Ils devraient savoir comment apprendre à leurs élèves, que faire des infos qui les submergent et comment les décoder.
Oh, pitié... Mais qu'on nous foute la paix !
- VinZTDoyen
Danska a écrit:Jean-Michel Blanquer doit bien être conscient de cette crise puisqu’il a annoncé un Grenelle des professeurs
Effectivement, j'ai pouffé.
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« Un économiste est un expert qui saura demain pourquoi ce qu'il avait prédit hier ne s'est pas produit aujourd'hui. » Laurence J. Peter
- PrezboGrand Maître
gauvain31 a écrit:Très bel édito de Thomas Legrand aujourd'hui sur France Inter sur les résultats du questionnaire élaboré par des députés LREM sur le regard que portent les enseignants sur leur institution. Nous étions nombreux cet été à avoir répondu (22 225 enseignants). Le résultat de cette enquête est .... éloquent, mais prévisible:Thomas Legrand a écrit: Quelques chiffres : 72% des enseignants considèrent que leur hiérarchie ne leur fait pas confiance et d’ailleurs 86% d’entre eux n’ont pas confiance dans le système. Ce niveau de défiance croisée n’existe dans aucune autre institution, publique ou privée. Ces deux chiffres sont les mêmes selon le territoire, l’âge ou le sexe des profs interrogés. Quand la défiance est à ce point uniforme, cela veut dire que l’institution est vue comme une machine, inhumaine.
La suite ici :
https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-politique/l-edito-politique-31-aout-2020
Hum.
France Inter a écrit:Ce Grenelle parait indispensable, parce que la parole du ministre, depuis sa nomination, semble toujours minimiser le mal-être des professeurs, ou tout du moins l’attribuer à une mauvaise volonté de certains. Il y a, bien sûr, les revendications salariales qui reviennent, fort justement, mais surtout les profs ont le sentiment que l’institution ne prend pas assez en compte l’idée selon laquelle le métier doit changer à partir du moment où l’éducation nationale (du fait du développement de la société de l’information et des réseaux sociaux) n’est plus le seul (ni même le principal) canal d’acquisition des savoirs pour les élèves.
L’enquête montre qu’une large majorité des enseignants estime que l’institution n’innove pas et même, les empêche d’innover. On apprend, depuis toujours, aux professeurs à être des transmetteurs. Il faudrait, aujourd’hui, devant l’explosion des sources du savoir, leur apprendre à être des médiateurs. Ils devraient savoir comment apprendre à leurs élèves, que faire des infos qui les submergent et comment les décoder.
J'ai quelque doute sur la fiabilité méthodologique d'une enquète menée par un machin qui s'appelle ChooseMyCompany, à l'initiative de députés LREM.
J'ai l'impression que la conclusion écrite d'avance était que le rêve secret des profs étaient de décloisonner l'école pour en faire un lieu réellement inclusif entrant pleinement dans l’ère du numérique apprenant selon un travail en réseaux collaboratifs, non ?
- LefterisEsprit sacré
C'est en même temps attristant, car on se demande ce que font ces mécontents ( et je crois assez à cet ordre d'idée , personne n'est content ni confiant partout où je me déplace ) . Rien . 60 % ne votent pas aux élections pro, 80 % ne se syndiquent pas, et dans ceux qui le font , une bonne partie reconduit les "syndicats" liés à l'administration et leur file du fric et des moyens pour nuire (1 voix = 1 jour de décharge pour schématiser). Ne parlons pas de la grève, rendue en effet inutile par ceux qui ne la font pas et qui ensuite reprochent cette inutilité.gauvain31 a écrit:Très bel édito de Thomas Legrand aujourd'hui sur France Inter sur les résultats du questionnaire élaboré par des députés LREM sur le regard que portent les enseignants sur leur institution. Nous étions nombreux cet été à avoir répondu (22 225 enseignants). Le résultat de cette enquête est .... éloquent, mais prévisible:Thomas Legrand a écrit: Quelques chiffres : 72% des enseignants considèrent que leur hiérarchie ne leur fait pas confiance et d’ailleurs 86% d’entre eux n’ont pas confiance dans le système. Ce niveau de défiance croisée n’existe dans aucune autre institution, publique ou privée. Ces deux chiffres sont les mêmes selon le territoire, l’âge ou le sexe des profs interrogés. Quand la défiance est à ce point uniforme, cela veut dire que l’institution est vue comme une machine, inhumaine.
La suite ici :
https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-politique/l-edito-politique-31-aout-2020
Je n'y crois plus du tout, c'est perdu, et si ce n'était par sens de l'honneur, pour ne pas faire partie de ceux qui se sont rendus,et parce que ponctuellement il y a des dossiers à défendre, qui fendent le coeur, et "parce qu'une injustice faire à un seul est une menace faite à tous", je rendrais immédiatement mon tablier.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- HORAHabitué du forum
Au même moment, sur france culture, on a eu droit au tandem de "spécialistes de l'éducation", Duru Bellat et Dubet, il ne manquait plus que Meirieu pour que ce soit complet. C'est tellement usant, toujours les mêmes clichés sur les profs qui doivent s'adapter, sur l'accès aux savoirs qui ont changé, sur les élèves qui ont changé, etc, etc, etc. La réalité la plus récente, c'est qu'on fait passer des tests de fluence en 6e qui révèleront des retards irrattrapables.
- almuixeNeoprof expérimenté
Lefteris, la docilité des collègues m'attriste bien aussi. Le collègue à côté découvrait qu'il serait PP d'une classe dont il ne connaîtra que la moitié des élèves (ces élèves faisant une autre spécialité que la sienne). La solution est pourtant simple, refuser d'être PP. Mais il sera PP (et fera des entretiens).
Pourtant j'ai encore fait l'expérience aujourd'hui même qu'il suffit d'un tant soit peu de combativité pour être respecté. La proviseur nous a transmis que la rectrice s'était émue du faible nombre de notes dans certaines matières. Une ou deux notes, ce n'est pas représentatif du niveau d'un élève. On est à la limite de la faute professionnelle (le bac cette hérésie n'est-ce pas ?)
J'ai juste demandé comment on faisait quand on avait les classes 1h par semaine. Rétropédalage, la rectrice parlait des professeurs qui avaient les élèves 4 ou 5h.
Certes, personnellement, il m'a fallu 7 ans de psychanalyse pour oser m'opposer à mon supérieur hiérarchique devant 200 collègues, mais tout le monde n'a pas eu les séquelles d'une éducation par une mère écrasante.
C'est à croire qu'en retirant tout prestige à notre fonction, tout respect de nous même nous a été ôté, dévoilant la nature profonde du professeur, un ancien bon élève docile et craintif.
Pourtant j'ai encore fait l'expérience aujourd'hui même qu'il suffit d'un tant soit peu de combativité pour être respecté. La proviseur nous a transmis que la rectrice s'était émue du faible nombre de notes dans certaines matières. Une ou deux notes, ce n'est pas représentatif du niveau d'un élève. On est à la limite de la faute professionnelle (le bac cette hérésie n'est-ce pas ?)
J'ai juste demandé comment on faisait quand on avait les classes 1h par semaine. Rétropédalage, la rectrice parlait des professeurs qui avaient les élèves 4 ou 5h.
Certes, personnellement, il m'a fallu 7 ans de psychanalyse pour oser m'opposer à mon supérieur hiérarchique devant 200 collègues, mais tout le monde n'a pas eu les séquelles d'une éducation par une mère écrasante.
C'est à croire qu'en retirant tout prestige à notre fonction, tout respect de nous même nous a été ôté, dévoilant la nature profonde du professeur, un ancien bon élève docile et craintif.
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Association R.E.A.C.T – Réagir face aux Enfants et Adolescents au Comportement Tyrannique
- FenrirFidèle du forum
J'ai répondu à l'enquête, je ne fais pas partie des 72%...
Je n'ai pas le souvenir que les question étaient si balisées que ça, de plus il y avait plus de positionnement possibles que d'habitude pour ce genre d’enquêtes en ligne.
Je n'ai pas le souvenir que les question étaient si balisées que ça, de plus il y avait plus de positionnement possibles que d'habitude pour ce genre d’enquêtes en ligne.
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À quoi bon mettre son pédigrée, on est partis pour 40 ans*. ████ ████. * 42, il faut lire 42.
- gauvain31Empereur
Lefteris a écrit:C'est en même temps attristant, car on se demande ce que font ces mécontents ( et je crois assez à cet ordre d'idée , personne n'est content ni confiant partout où je me déplace ) . Rien . 60 % ne votent pas aux élections pro, 80 % ne se syndiquent pas, et dans ceux qui le font , une bonne partie reconduit les "syndicats" liés à l'administration et leur file du fric et des moyens pour nuire (1 voix = 1 jour de décharge pour schématiser). Ne parlons pas de la grève, rendue en effet inutile par ceux qui ne la font pas et qui ensuite reprochent cette inutilité.gauvain31 a écrit:Très bel édito de Thomas Legrand aujourd'hui sur France Inter sur les résultats du questionnaire élaboré par des députés LREM sur le regard que portent les enseignants sur leur institution. Nous étions nombreux cet été à avoir répondu (22 225 enseignants). Le résultat de cette enquête est .... éloquent, mais prévisible:Thomas Legrand a écrit: Quelques chiffres : 72% des enseignants considèrent que leur hiérarchie ne leur fait pas confiance et d’ailleurs 86% d’entre eux n’ont pas confiance dans le système. Ce niveau de défiance croisée n’existe dans aucune autre institution, publique ou privée. Ces deux chiffres sont les mêmes selon le territoire, l’âge ou le sexe des profs interrogés. Quand la défiance est à ce point uniforme, cela veut dire que l’institution est vue comme une machine, inhumaine.
La suite ici :
https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-politique/l-edito-politique-31-aout-2020
Je n'y crois plus du tout, c'est perdu, et si ce n'était par sens de l'honneur, pour ne pas faire partie de ceux qui se sont rendus,et parce que ponctuellement il y a des dossiers à défendre, qui fendent le cœur, et "parce qu'une injustice faire à un seul est une menace faite à tous", je rendrais immédiatement mon tablier.
Les mécontents râlent dans leur coin... et puis c'est tout. Il est clair que si j'entends un jour un collègue râler , je lui demanderai : "qu'as-tu fait toi, pour éviter tout ceci ? Tu as fait grève? Tu as tracté ? Rien de tout çà? Alors tais-toi. " Il y a un mélange d'individualisme, de couardise, de naïveté, de fatalisme ("que veux-tu qu'on y fasse?") et de non-intérêt pour le métier lui-même qui fait que l'inertie de façon générale est trop forte. Il faudrait un événement qui fasse électrochoc pour toute la profession. Et là non plus, je ne le vois pas venir. La culpabilisation des enseignants qui a lieu depuis des décennies a fini par payer. Beaucoup agissent désormais comme des employés et non comme des cadres, incapables d'avoir l' esprit critique qu'ils sont censés enseigner . Les conditions de pré-rentrée inadmissibles que certains ont vécu aujourd'hui est très révélateur.
PS: j'ai mis "bel édito" par rapport à sa conclusion que j'ai graissée, mais je n'approuve pas effectivement tout ce qui y est dit. Mais le fait de savoir pour le grand public que le ministère de l'EN est méprisé de façon (presque) unanime par ses agents est quelque chose de nouveau.
- FenrirFidèle du forum
gauvain31 a écrit: Mais le fait de savoir pour le grand public que le ministère de l'EN est méprisé de façon (presque) unanime par ses agents est quelque chose de nouveau.
Mais non enfin, c'est le 0.1%
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À quoi bon mettre son pédigrée, on est partis pour 40 ans*. ████ ████. * 42, il faut lire 42.
- gauvain31Empereur
Oui, le 0.1% "à l'envers" alors :lol: Le monde moderne évolue à la vitesse de la lumière mon cher Fenrir . Le seule satisfaction est de savoir que les discours en très haut lieu ne prennent plus. Ils n'avaient jamais trop pris. Mais maintenant, cette méfiance est connue de tous.Fenrir a écrit:gauvain31 a écrit: Mais le fait de savoir pour le grand public que le ministère de l'EN est méprisé de façon (presque) unanime par ses agents est quelque chose de nouveau.
Mais non enfin, c'est le 0.1%
- LefterisEsprit sacré
Il n'y aura pas électrochoc. Le recrutement change petit à petit, en baissant les exigences disciplinaires, en formatant différemment des gens habitués au discours "c'est déjà pas mal d'avoir un boulot". Quand il y aura de plus en plus de précaires et de gens vivant dans la terreur (les licenciement de stagiaires ont été très nombreux cette année, j'attends les chiffres) , ça sera encore pire. On essaye d'assigner les personnels à des tâches, horaires, procédures pour transformer le métier en travail d'exécution, tel que Dubet le rêvait dans son interview désormais "collector". L'idéologie du "pratique " du "service rendu à l'entreprise", des "compétences" a pris le pas sur le rêve de l'école entrevue par Condorcet, Alain et quelques autres rêvasseurs.gauvain31 a écrit:
Les mécontents râlent dans leur coin... et puis c'est tout. Il est clair que si j'entends un jour un collègue râler , je lui demanderai : "qu'as-tu fait toi, pour éviter tout ceci ? Tu as fait grève? Tu as tracté ? Rien de tout çà? Alors tais-toi. " Il y a un mélange d'individualisme, de couardise, de naïveté, de fatalisme ("que veux-tu qu'on y fasse?") et de non-intérêt pour le métier lui-même qui fait que l'inertie de façon générale est trop forte. Il faudrait un événement qui fasse électrochoc pour toute la profession. Et là non plus, je ne le vois pas venir. La culpabilisation des enseignants qui a lieu depuis des décennies a fini par payer. Beaucoup agissent désormais comme des employés et non comme des cadres, incapables d'avoir l' esprit critique qu'ils sont censés enseigner . Les conditions de pré-rentrée inadmissibles que certains ont vécu aujourd'hui est très révélateur.
PS: j'ai mis "bel édito" par rapport à sa conclusion que j'ai graissée, mais je n'approuve pas effectivement tout ce qui y est dit. Mais le fait de savoir pour le grand public que le ministère de l'EN est méprisé de façon (presque) unanime par ses agents est quelque chose de nouveau.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- gauvain31Empereur
Lefteris a écrit:Il n'y aura pas électrochoc. Le recrutement change petit à petit, en baissant les exigences disciplinaires, en formatant différemment des gens habitués au discours "c'est déjà pas mal d'avoir un boulot". Quand il y aura de plus en plus de précaires et de gens vivant dans la terreur (les licenciement de stagiaires ont été très nombreux cette année, j'attends les chiffres) , ça sera encore pire. On essaye d'assigner les personnels à des tâches, horaires, procédures pour transformer le métier en travail d'exécution, tel que Dubet le rêvait dans son interview désormais "collector". L'idéologie du "pratique " du "service rendu à l'entreprise", des "compétences" a pris le pas sur le rêve de l'école entrevu par Condorcet, Alain et quelques autres rêvasseurs.gauvain31 a écrit:
Les mécontents râlent dans leur coin... et puis c'est tout. Il est clair que si j'entends un jour un collègue râler , je lui demanderai : "qu'as-tu fait toi, pour éviter tout ceci ? Tu as fait grève? Tu as tracté ? Rien de tout çà? Alors tais-toi. " Il y a un mélange d'individualisme, de couardise, de naïveté, de fatalisme ("que veux-tu qu'on y fasse?") et de non-intérêt pour le métier lui-même qui fait que l'inertie de façon générale est trop forte. Il faudrait un événement qui fasse électrochoc pour toute la profession. Et là non plus, je ne le vois pas venir. La culpabilisation des enseignants qui a lieu depuis des décennies a fini par payer. Beaucoup agissent désormais comme des employés et non comme des cadres, incapables d'avoir l' esprit critique qu'ils sont censés enseigner . Les conditions de pré-rentrée inadmissibles que certains ont vécu aujourd'hui est très révélateur.
PS: j'ai mis "bel édito" par rapport à sa conclusion que j'ai graissée, mais je n'approuve pas effectivement tout ce qui y est dit. Mais le fait de savoir pour le grand public que le ministère de l'EN est méprisé de façon (presque) unanime par ses agents est quelque chose de nouveau.
Nous sommes bien d'accord Lefteris, c'est bien pour cela que j'ai précisé que je ne le voyais pas venir cet électrochoc. Car l'inertie, pour les raisons que tu viens de citer, ne fera que s'accroître. Je l'ai bien vu lors des manifs, quand j'ai observé les différents cortèges venant de différents lycées, que ce sont souvent les mêmes qui manifestent, souvent les mêmes qui font les efforts. Je me raccroche à Condorcet , c'est ma boussole, je suis très content que tu le mentionnes : il est l'essence de l'esprit des Lumières qui a façonné l'école républicaine. Je l'ai lu au début de ma carrière. Si la majorité des collègues acceptent sans broncher la disparition de ces principes qui fondent notre socle intellectuel, alors oui ce métier, tel que nous le connaissons en France, mérite de disparaître. Les enseignants américains et polonais ont su défendre récemment leur bout de gras avec réussite. Et avec beaucoup de courage. Je leur souhaite un destin plus envieux que le nôtre.
- ditaNeoprof expérimenté
De quoi se plaint-on ? 72 pour cents des enseignants travaillent avec plaisir. Sont-ce les mêmes que les 72 pour cents qui pensent que leur hiérarchie ne leur fait pas confiance ? Cela revient à dire quelque chose comme : je suis très content d'être déçu.
- Clecle78Bon génie
Masochistes tout simplement !
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
gauvain31 a écrit:Très bel édito de Thomas Legrand aujourd'hui sur France Inter sur les résultats du questionnaire élaboré par des députés LREM sur le regard que portent les enseignants sur leur institution. Nous étions nombreux cet été à avoir répondu (22 225 enseignants). Le résultat de cette enquête est .... éloquent, mais prévisible:Thomas Legrand a écrit: Quelques chiffres : 72% des enseignants considèrent que leur hiérarchie ne leur fait pas confiance et d’ailleurs 86% d’entre eux n’ont pas confiance dans le système. Ce niveau de défiance croisée n’existe dans aucune autre institution, publique ou privée. Ces deux chiffres sont les mêmes selon le territoire, l’âge ou le sexe des profs interrogés. Quand la défiance est à ce point uniforme, cela veut dire que l’institution est vue comme une machine, inhumaine.
La suite ici :
https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-politique/l-edito-politique-31-aout-2020
Pourquoi cet éloge ? Les conclusions, si elles sont vraies, sont effrayantes, et tout donne l'impression de dérouler le tapis pour de nouvelles détériorations de nos conditions de travail et du contenu même de ce travail :
bien sûr, les revendications salariales qui reviennent, fort justement, mais
Simple concession. La phrase n'est pas terminée qu'on est déjà passé à autre chose.
surtout les profs ont le sentiment que l’institution ne prend pas assez en compte l’idée selon laquelle le métier doit changer à partir du moment où l’éducation nationale (du fait du développement de la société de l’information et des réseaux sociaux) n’est plus le seul (ni même le principal) canal d’acquisition des savoirs pour les élèves.
C'est vraiment ce que vous entendez autour de vous ?! "Oh la la, j'en peux plus ! Si seulement le métier changeait pour tenir compte des nouveaux canaux d'acquisition du savoir !"
Et de quels "savoirs" s'agit-il ? En quoi sont-ils acquis ? Comment opèrent ces canaux pour parvenir à transmettre un savoir ?
L’enquête montre qu’une large majorité des enseignants estime que l’institution n’innove pas et même, les empêche d’innover. On apprend, depuis toujours, aux professeurs à être des transmetteurs.
Dites-moi que je rêve !
Il faudrait, aujourd’hui, devant l’explosion des sources du savoir, leur apprendre à être des médiateurs. Ils devraient savoir comment apprendre à leurs élèves, que faire des infos qui les submergent et comment les décoder.
Réveillez-moi !
Les commanditaires de l’enquête estiment d’ailleurs qu’il ne suffit pas de faire des expérimentations de pédagogie, il faudrait aussi précéder à des expérimentations de management pour que les enseignants ne se sentent pas broyés, anonymisés par la machine.
- VerduretteModérateur
dita a écrit:De quoi se plaint-on ? 72 pour cents des enseignants travaillent avec plaisir. Sont-ce les mêmes que les 72 pour cents qui pensent que leur hiérarchie ne leur fait pas confiance ? Cela revient à dire quelque chose comme : je suis très content d'être déçu.
Non, ça signifie je travaille envers et contre tout, parce que de toute façon j'ai mon loyer à payer et mes enfants à nourrir et éduquer, et qu'on ne se reconvertit pas en claquant des doigts, mais aussi parce que j'aime mon boulot, et que je veux continuer à croire à son utilité, que j'arrive encore à trouver du plaisir dans les petites victoires du quotidien, malgré tous les bâtons que mes supérieurs me mettent dans les roues.
Ce qui n'est pas tout à fait la même chose.
Et je suis absolument dans ce cas là.
- Cléopatra2Guide spirituel
Les collègues ne se comportent pas en cadres, ça c'est vrai. Hier, pas de salles, edt ineptes (dit par le nouveau chef qui va TOUS les reprendre car là en gros c'est la première version pondue par le logiciel), pas de salle pour la majorité des profs, pas assez de PP (donc chasse au PP non pendant la plénière mais après le repas, quand tout le monde est éparpillé dans tous les coins voire au resto pour pouvoir parler sans masque), mais quand je propose qu'on refuse de prendre les élèves jeudi dans ces conditions, personne ne se mouille (oh mais le pauvre chef, c'est pas de sa faute). Bref, j'en ai marre de pâtir à cause de ces moutons. Et encore, moi je m'en fous, je dois être la seule avec un super emploi du temps et une salle pour chaque heure de cours.
- TFSFidèle du forum
Verdurette a écrit:dita a écrit:De quoi se plaint-on ? 72 pour cents des enseignants travaillent avec plaisir. Sont-ce les mêmes que les 72 pour cents qui pensent que leur hiérarchie ne leur fait pas confiance ? Cela revient à dire quelque chose comme : je suis très content d'être déçu.
Non, ça signifie je travaille envers et contre tout, parce que de toute façon j'ai mon loyer à payer et mes enfants à nourrir et éduquer, et qu'on ne se reconvertit pas en claquant des doigts, mais aussi parce que j'aime mon boulot, et que je veux continuer à croire à son utilité, que j'arrive encore à trouver du plaisir dans les petites victoires du quotidien, malgré tous les bâtons que mes supérieurs me mettent dans les roues.
Ce qui n'est pas tout à fait la même chose.
Et je suis absolument dans ce cas là.
Avis totalement partagé...
- TFSFidèle du forum
Cléopatra2 a écrit:Les collègues ne se comportent pas en cadres, ça c'est vrai. Hier, pas de salles, edt ineptes (dit par le nouveau chef qui va TOUS les reprendre car là en gros c'est la première version pondue par le logiciel), pas de salle pour la majorité des profs, pas assez de PP (donc chasse au PP non pendant la plénière mais après le repas, quand tout le monde est éparpillé dans tous les coins voire au resto pour pouvoir parler sans masque), mais quand je propose qu'on refuse de prendre les élèves jeudi dans ces conditions, personne ne se mouille (oh mais le pauvre chef, c'est pas de sa faute). Bref, j'en ai marre de pâtir à cause de ces moutons. Et encore, moi je m'en fous, je dois être la seule avec un super emploi du temps et une salle pour chaque heure de cours.
Même analyse dans des conditions de rentrée similaires.
Cela devient insuportable de se scansaliser de situations en lieu et place de personnes qui demeurent totalement détachées ou en état de sidération...
- Pontorson50Fidèle du forum
Verdurette a écrit:dita a écrit:De quoi se plaint-on ? 72 pour cents des enseignants travaillent avec plaisir. Sont-ce les mêmes que les 72 pour cents qui pensent que leur hiérarchie ne leur fait pas confiance ? Cela revient à dire quelque chose comme : je suis très content d'être déçu.
Non, ça signifie je travaille envers et contre tout, parce que de toute façon j'ai mon loyer à payer et mes enfants à nourrir et éduquer, et qu'on ne se reconvertit pas en claquant des doigts, mais aussi parce que j'aime mon boulot, et que je veux continuer à croire à son utilité, que j'arrive encore à trouver du plaisir dans les petites victoires du quotidien, malgré tous les bâtons que mes supérieurs me mettent dans les roues.
Ce qui n'est pas tout à fait la même chose.
Et je suis absolument dans ce cas là.
Je conclus de cet éclairage qu'on ne peut rien tirer des réponses à une enquête isolée : tout point de vue complexe (je travaille à la fois pour gagner mon pain et parce que ce métier me plaît malgré tout) étant impossible à réduire à une réponse par "oui" ou par "non" à la question "travaille-t-on avec plaisir?"
Avec exactement le même raisonnement que Verdurette j'aurais répondu "non" à la question sans l'ombre d'une hésitation. Donc c'est inexploitable sans autres travaux un peu plus élaborés.
Dans la même série, les enquêtes admirent ces Français heureux et s'inquiètent de ces Français pessimistes. Cela veut dire qu'on peut être heureux et pessimiste, ce qui est contre-intuitif chacune de ces enquêtes en soi n'apprend rien, c'est la confrontation qui oblige à réfléchir non sur les résultats des enquêtes mais sur leur libellé.
https://www.ipsos.com/fr-fr/quatre-francais-sur-cinq-se-declarent-heureux
https://www.challenges.fr/france/les-francais-champions-du-monde-du-pessimisme_640138
- Pontorson50Fidèle du forum
gauvain31 a écrit:Très bel édito de Thomas Legrand aujourd'hui sur France Inter sur les résultats du questionnaire élaboré par des députés LREM sur le regard que portent les enseignants sur leur institution. Nous étions nombreux cet été à avoir répondu (22 225 enseignants). Le résultat de cette enquête est .... éloquent, mais prévisible:Thomas Legrand a écrit: Ce niveau de défiance croisée n’existe dans aucune autre institution, publique ou privée. Ces deux chiffres sont les mêmes selon le territoire, l’âge ou le sexe des profs interrogés. Quand la défiance est à ce point uniforme, cela veut dire que l’institution est vue comme une machine, inhumaine.
La suite ici :
https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-politique/l-edito-politique-31-aout-2020
Affirmation surprenante qui mériterait d'être étayée : je ne suis pas sûr que les policiers aient l'impression que leur hiérarchie leur fasse confiance ni que "le système" policier et judiciaire par son articulation les satisfasse grandement.
J'attends avec impatience une enquête montrant la popularité des termes "système" et "institution" en ce moment. Et c'est ça qui m'intéresse : pourquoi même chez des fonctionnaires "institution" et "système" sont-ils à ce point péjoratifs et attirent des réponses réflexes? Ce qui est très différent comme conclusion que l'institution et le système seraient réellement mauvais en 2020.
- Pontorson50Fidèle du forum
Lefteris a écrit:C'est en même temps attristant, car on se demande ce que font ces mécontents ( et je crois assez à cet ordre d'idée , personne n'est content ni confiant partout où je me déplace ) . Rien .gauvain31 a écrit:Très bel édito de Thomas Legrand aujourd'hui sur France Inter sur les résultats du questionnaire élaboré par des députés LREM sur le regard que portent les enseignants sur leur institution. Nous étions nombreux cet été à avoir répondu (22 225 enseignants). Le résultat de cette enquête est .... éloquent, mais prévisible:Thomas Legrand a écrit: Quelques chiffres : 72% des enseignants considèrent que leur hiérarchie ne leur fait pas confiance et d’ailleurs 86% d’entre eux n’ont pas confiance dans le système. Ce niveau de défiance croisée n’existe dans aucune autre institution, publique ou privée. Ces deux chiffres sont les mêmes selon le territoire, l’âge ou le sexe des profs interrogés. Quand la défiance est à ce point uniforme, cela veut dire que l’institution est vue comme une machine, inhumaine.
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https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-politique/l-edito-politique-31-aout-2020
Attention : les mécontents peuvent l'être pour des raisons diamétralement opposées, et c'est aussi cela qui explique une certaine atonie :
-on peut critiquer l'institution pour le seul fait qu'elle en est une et qu'on n'aime pas ça (défiance envers l'autorité et la force de l'État) ; bien des militants SGEN, UNSA et SUD sont sur cette ligne, et je prends exprès des organisations ayant de vraies différences par ailleurs.
-on peut critiquer l'institution par conservatisme ou nostalgie de ce qu'elle fut, c'est le cas par exemple au SNALC ou à FO.
Il est impensable d'avoir une action commune concernant "l'institution" avec des mécontentements aussi diamétralement opposés.
C'est un peu le drame des deuxièmes tours des présidentielles : la majorité qui choisit le chef de l'État au deuxième tour est déjà hostile à son action avant même le résultat final, puisqu'au premier tour celui-ci n'a obtenu au mieux qu'un cinquième à un tiers des voix. L'opposition à Macron était évidemment majoritaire dès le premier tour. Mais cela ne légitime pas un rassemblement des mécontents qui ne pourra jamais se faire faute de créer une réelle majorité de premier tour.
Car je pense que l'individualisation de chacun de nous, annoncée il y a bien longtemps par Tocqueville comme la signature de la démocratie, a créé un état très désagréable : nous sommes tellement particuliers dans notre vision des choses que nous ne sommes plus capables que de critiquer faute d'avoir la capacité à nous rassembler sur un projet, il est en effet très compliqué de faire plus de 50% des gens d'accord avec des individualités aussi marquées. Sachant que tout ne bruisse qu'émancipation y compris dans notre référentiel-métier. Nous sommes quand même en gros un million de profs, cela n'aide pas à avoir une majorité sur quoi que ce soit.
Pour moi cette enquête est en grande partie un marronnier. On peut la faire chaque rentrée sur une autre corporation ou n'importe quel groupe n'ayant que quelques traits communs. Les termes "institutions " et "système" sont mal vus parce que nous sommes pétris d'individualisme. Et c'est difficilement évitable dans une démocratie aboutie.
Mieux vaut des enquêtes sur telle ou telle décision ou réforme précise que sur un état d'esprit.
- Prosper de BaranteHabitué du forum
N'oublions pas qui a rédigé les questions. Avec l'anonymat des réponses, quelle représentativité à l'échantillon ?
- DanskaProphète
Aucune : ce "sondage" n'a aucune valeur, c'est juste un questionnaire récréatif pour se défouler. Quant à l'exploitation des résultats, quelle qu'elle soit, on peut parier qu'elle aurait été la même quels que soient les résultats en question.
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