Tenter un doctorat quand on a plus de 30 ans, c'est possible ?

Hum dans le même genre, j'ai le souvenir, du temps où je préparais le CAPES, d'un PU condescendant qui nous avait tenu le discours sur l'agrégation en nous la présentant comme le concours qui "sélectionne l'élite républicaine". J'avais envie de lui répondre : "et le CAPES, c'est pour recruter le prolétariat du savoir?". Mais j'ai manqué de courage et je me suis abstenu.
Franchement je ne veux pas généraliser, mais j'ai des proches qui enseignent dans le milieu universitaire et qui m'ont souvent présenté l'université comme un panier de crabes gangréné par les querelles d'égo, les rivalités intestines, les attitudes suffisantes...J'avais moi-même envisagé un temps de reprendre une thèse à l'université mais entre cette ambiance pesante et la précarité intrinsèque au statut de doctorant, j'ai vite été découragé...
J'ai trouvé une voie médiane très intéressante que beaucoup ne connaissent pas : enseigner dans l'enseignement supérieur privé. Le milieu est bien plus ouvert et c'est bien mieux payé : entre 60 et 80 euros de l'heure! (contre 40 euros la vacation à l'université), avec un enseignement à côté en lycée.

Effectivement c’est parfois affligeant ... l’avantage en tant que chargé de cours est de ne pas verser dans ces querelles d’ego.
Finalement, on réalise vite qu’on est de passage et qu’on a aucun intérêt à se perdre là-dedans. J’ai croisé bcp d’universitaires qui n’adressaient pas la parole aux chargés de cours ayant le capes ou les concours de lycée pro. La première question était celle du statut, puis du concours. Ce qui faisait de vous, une personne fréquentable ou pas... bref, personnellement ça ne m’intéresse pas plus que cela et j’ai été très déçu de la fac

Flagada_28 a écrit:Bonjour à tous, ma question va être bête mais est-ce qu'il faut un âge minimum pour commencer un thèse?
J'ai 31 ans et j'aimerais tenter l'agregation externe l'année prochaine, puis l'interne ensuite si je ne l'ai pas.
Ensuite seulement faire une thèse. Je précise je suis enseignant en S.E.S et j'aimerais faire une thèse en socio ou science po. Enseigner à la faculté est mon objectif.

C'est possible?

tout est possible si tu as l'envie, le courage..et surtout les conditions matérielles pour.
attention, pour la thèse, il y a plus du symbolique comme retour qu'autre chose...

J'ai un collègue qui a commencé sa thèse à plus de 45 ans.

Bonsoir.
J'ai lu le fil avec attention car je suis presque prête à m'inscrire en thèse cette année (directeur trouvé, sujet trouvé) mais...car il y a plusieurs mais... je suis à temps plein (19h) en collège et je ne suis pas sûre de pouvoir la faire en 4 ans. En outre, on me dit de réfléchir à un contrat doctoral de 3 ans pour lequel je ne pourrai déposer un dossier que durant ma 1ère année de thèse mais il me semble que je perds mon poste fixe au bout d'un an or, j'ai acheté à 5 minutes de mon lieu de travail et la perspective de redevenir TZR conjuguée aux évolutions des mutations me freine un peu. Enfin, la LPPR n'augure rien de bon pour les postes en université qui vont progressivement "se contractualiser" si l'on puit dire. Bref, la conjoncture politique, économique et les différentes contraintes administratives m'effraient un peu... Du coup, je ne sais plus si cette thèse est une bonne idée.  

Question à te poser avant toute chose : pourquoi faire une thèse ?

Shajar a raison, il faut être sûre que tu es "portée" par ton projet pour te lancer dedans.
Pour le reste, une thèse menée à temps partiel en plus de ton boulot peut être faite en six ans. Voire plus (mais là ça dépendra de la fac). La fac t’a dit quatre ans seulement ?

Gallia a écrit:Bonsoir.
J'ai lu le fil avec attention car je suis presque prête à m'inscrire en thèse cette année (directeur trouvé, sujet trouvé) mais...car il y a plusieurs mais... je suis à temps plein (19h) en collège et je ne suis pas sûre de pouvoir la faire en 4 ans. En outre, on me dit de réfléchir à un contrat doctoral de 3 ans pour lequel je ne pourrai déposer un dossier que durant ma 1ère année de thèse mais il me semble que je perds mon poste fixe au bout d'un an or, j'ai acheté à 5 minutes de mon lieu de travail et la perspective de redevenir TZR conjuguée aux évolutions des mutations me freine un peu. Enfin, la LPPR n'augure rien de bon pour les postes en université qui vont progressivement "se contractualiser" si l'on puit dire. Bref, la conjoncture politique, économique et les différentes contraintes administratives m'effraient un peu... Du coup, je ne sais plus si cette thèse est une bonne idée.  

J'avais travaillé sur les nouveaux réglements lorsque je représentais les thésards de mon ED, et voici ce qui était arrêté :
- Une thèse à temps complet doit être réalisée en 3 ans, avec une 4éme année exceptionnelle accordée après avis du comité de suivi ;
- Une thèse à temps partiel (ce qui signifie plus ou moins : dans tous les cas hors contrat doctoral on mécène qui finance l'intégralité de la thèse) doit être réalisé en 6 ans, plus une année exceptionnelle accordée après avis du comité de suivi.

Dans les faits, il était courant d'autoriser une 4éme année (temps complet) et d'aller jusqu'à 6 an pour les temps partiels. Par contre il était inconcevable d'autoriser une 7éme année dans mon ED (application trop stricte du cadre réglementaire). Mais d'autres cadres peuvent exister dans d'autres ED. Cependant, j'ai du mal à croire qu'on dépasse 7 ans (ce serait - je crois - illégal).

Personnellement, je déconseille franchement la thèse à temps partiel. C'est un facteur d'abandon important. Il faut voir pourquoi on veut être thésé. Si c'est pour continuer sur le même poste, autant tenter la chose à temps partiel (mais il convient de se rendre compte que c'est vraiment prenant comme boulot, et qu'il faudra se rendre disponible pour les colloques, séminaires et réunions administratives). Si c'est pour enchainer sur un poste de PRAG/CPGE/MCF, j'imagine que c'est un pari nécessaire que d'abandonner son poste (sachant que de toute façon, pour un poste de MCF, il faudra enchainer sur des post-doc pour la qualif et le recrutement...)

Cela-dit, quand je vois que dans mon ancienne UFR tous les PRAG sont en sous-service (perte d'heures sur les nouvelles maquettes), je me dis que le pari MCF est risqué.

Pourquoi faire une thèse ? Il y a quelques mois, je le savais (pouvoir enseigner à terme dans le supérieur, avoir une émulation intellectuelle, me replonger dans les études) et j'étais tout feu tout flamme après la rencontre et l'accord du professeur qui doit me diriger. Mais, après avoir passé un mois sans réponse de sa part malgré mes relances (j'ai fini par avoir un retour hier...), je freine un peu des 4 fers pour toutes les raisons expliquées précédemment et, je pense - en étant honnête avec moi-même -, par peur de ne pas y arriver en cumulant enseignement au collège et travail de thésard dans une université qui est à 250km de chez moi (et dont les maquettes des écoles doctorales ne sont pas compatibles avec mon EDT pour la validation des crédits).

Pour le temps partiel, je ne peux pas me le permettre pour des questions financières - ma situation personnelle étant très instable en ce moment... Et le professeur m'a dit 4 ans maximum oui.

Bref, je suis un peu perdue. Cette thèse peut être une opportunité à tous points de vue comme un challenge à réussir ou une "erreur" de parcours si je ne parviens pas à la mener à terme (je dois avouer que l'idée de devoir l'abandonner en cours pour X raison trotte toujours dans un coin de ma tête).

Gallia a écrit:Pourquoi faire une thèse ? Il y a quelques mois, je le savais (pouvoir enseigner à terme dans le supérieur, avoir une émulation intellectuelle, me replonger dans les études) et j'étais tout feu tout flamme après la rencontre et l'accord du professeur qui doit me diriger. Mais, après avoir passé un mois sans réponse de sa part malgré mes relances (j'ai fini par avoir un retour hier...), je freine un peu des 4 fers pour toutes les raisons expliquées précédemment et, je pense - en étant honnête avec moi-même -, par peur de ne pas y arriver en cumulant enseignement au collège et travail de thésard dans une université qui est à 250km de chez moi (et dont les maquettes des écoles doctorales ne sont pas compatibles avec mon EDT pour la validation des crédits).

Pour le temps partiel, je ne peux pas me le permettre pour des questions financières - ma situation personnelle étant très instable en ce moment... Et le professeur m'a dit 4 ans maximum oui.

Bref, je suis un peu perdue. Cette thèse peut être une opportunité à tous points de vue comme un challenge à réussir ou une "erreur" de parcours si je ne parviens pas à la mener à terme (je dois avouer que l'idée de devoir l'abandonner en cours pour X raison trotte toujours dans un coin de ma tête).

Il faut bien comprendre ce qu'on entend pas "thèse à temps partiel" : c'est une thèse qui n'est pas réalisée à temps complet.

Voire l'article 14 de la Loi de 2006 portant sur le Doctorat:  
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000032587086/

article 14 a écrit:La préparation du doctorat, au sein de l'école doctorale, s'effectue en règle générale en trois ans en équivalent temps plein consacré à la recherche. Dans les autres cas, la durée de préparation du doctorat peut être au plus de six ans.
[...]
Des prolongations annuelles peuvent être accordées à titre dérogatoire par le chef d'établissement, sur proposition du directeur de thèse et après avis du comité de suivi et du directeur d'école doctorale, sur demande motivée du doctorant. La liste des bénéficiaires de ces dérogations est présentée chaque année au conseil de l'école doctorale et transmise à la commission de la recherche du conseil académique ou à l'instance qui en tient lieu dans les établissements concernés.

Précisons que je n'ai jamais rencontré un encadrant comprenant pleinement le cadre réglementaire/légal du doctorat (surtout depuis les évolutions de 2016). Il ne faut vraiment pas prendre pour parole d'évangile leurs propos en la matière, tourne toi plutôt vers le secrétariat de ta potentielle école doctorale.

Maintenant, une thèse nécessite un juste positionnement. Le financement doit être réfléchi, tout comme le profil de l'encadrant ou des encadrants. Il faut dans le même temps être en capacité d'assumer un travail supplémentaire, s'arranger avec ses perdirs pour les autorisations d'absence... et enfin, il faut accepter le double positionnement "enseignant de savoirs basiques" et "créateur de savoirs complexes". La position de thésard est également parfois difficile. Les recherches de Laeticia Gérard en la matière sont intéressantes. J'avais également écrit un billet à l'époque sur le sujet : https://economicusdoctorantus.wordpress.com/2017/01/08/si_et_doctorat/

Pour revenir à ta situation, il me semble normal que ton encadrant potentiel réponde "en retard", tout au moins actuellement. L'université vient d'affronter une rentrée quelque peu inhabituelle (et cela s'inscrit dans un climat déjà lourd, pour peu qu'il gère administrativement quelque chose...). Je t'invite tout de même à vérifier le nombre de thèses qu'il encadre via theses.fr. Certains "professeurs" pratiquent la surenchère en la matière, "encadrant" parfois des dizaines de thésards...

Dans tous les cas, une thèse ne peut être une erreur de parcours. Même sans la certification finale, c'est un enrichissement personnel sans équivalent. Mais c'est plus facile à dire quand on est docteur, j'en conviens... Cela-dit, si c'est pour toi un "challenge à réussir", il est possible que tu aies du mal à en faire le deuil en cas d'abandon (avant ou pendant).

Dernière chose : l'échec en thèse n'est pas lié à de "mauvaises notes". Dans l'immense majorité des cas, c'est le découragement ou la dépression qui met un terme au parcours doctoral. Si tu parviens à t'accrocher 6 ans, il est très improbable que tu l'obtienne pas le sésame. Cela-dit, obtenir le doctorat n'est en soi pas une garantie de pouvoir être nommé MCF. Dans ma section, seuls 50% des docteurs sont qualifiés CNU (et peuvent donc être recrutés en temps de MCF). Cela nécessite de bons pré-rapports et un bon rapport de soutenance, d'enseigner (dans le supérieur) et des publications dans des revues classées.

Mon mari fait une thèse (en 5 ou 6 ans, donc), et travaille à temps complet + HSAs, mais je suis à temps partiel, et compense en temps (m'occuper davantage de la maison et des enfants) les 3h30 que je n'effectue pas au collège. Il se retrouve donc déchargé de pas mal de choses, ce qui l'aide à consacrer beauuuuucoup de temps à son projet (bon, il est tellement pas là quand il est là, parfois, que j'ai régulièrement le sentiment d'être mère célibataire, mais c'est parce qu'il outrepasse l'arrangement, ou qu'il oublie qu'en vacances, il n'a pas cours donc il peut être plus présent quand même).
Ceci étant, être moins au collège et compenser avec mes propre rejetons me convient fort bien.

Oui, la thèse "à temps partiel" c'est ce que tu fais quand tu gardes ton boulot au collège à côté : tu ne peux te consacrer pleinement à la thèse donc on parle de temps partiel pour la thèse.

Je fais ma thèse (depuis 2014) en enseignant à temps plein à côté (agrégée, pas plus d'une heure supp). Si tu as des questions je peux répondre par MP pour l'organisation ou quoi que ce soit, mais ce ne sera que mon expérience (et pas parole d'évangile).

Bonjour à tous,

Je reviens vers vous pour vous donner la suite et vous remercier pour vos conseils. Finalement et ayant été lâchée sans aucune explication par celui qui aurait dû être mon directeur de thèse, j'ai laissé tombé mon projet et en fais le deuil. Finalement, la question s'est réglée d'elle-même...

Gallia

Un directeur qui ne répond pas dès le début, tu fais très bien de ne pas t'engager avec lui.
Rien ne t'empêche ceci dit, si l'envie te titille encore, de faire un doctorat avec quelqu'un d'autre.

Merci Shajar mais au bout de dix ans et après 3 premières rencontres avec d'hypothétiques directeurs très enthousiastes qui m'ont tous finalement lâchée sans aucune explication (je crois que c'est cela qui est le plus dur à encaisser, le brusque revirement de situation sans savoir pourquoi...), je crois que j'ai fini par comprendre que la porte ne s'ouvrirait pas et qu'il fallait que je passe à autre chose.