Pour papoter en Histoire-Géographie tous ensemble

Jenny a écrit:

jamme a écrit:Une de mes collègues pratique l'histoire contrefactuelle avec ses élèves. J'apprécie beaucoup l'uchronie en littérature et au cinéma mais je m'interroge sur l'intérêt pédagogique avec des élèves de lycée. En existe-t-il un?
J'ai lu que parfois il est utilisé pour expliquer que l'enchaînement des évènements en histoire n'est pas toujours une évidence mais est-ce qu'un élève de 2de est capable de saisir cela?
Vos avis éclairés m'aideraient dans ma réflexion sur le sujet.

Ça dépend de la seconde, je dirais.
Dans le cadre des nouveaux programmes, ça ne me choque pas, mais plutôt avec une seconde de bon niveau.

Oui alors c'est pas gagné dans mon établissement ! Quelques très bons élèves mais dans l'ensemble ce n'est pas fameux, voir médiocre pour certains.

Laotzi a écrit:Une bonne base de réflexion sur le sujet : https://www.seuil.com/ouvrage/pour-une-histoire-des-possibles-quentin-deluermoz/9782021034820

Merci. Je vais noter les références pour mes lectures estivales.

jamme a écrit:Une de mes collègues pratique l'histoire contrefactuelle avec ses élèves. J'apprécie beaucoup l'uchronie en littérature et au cinéma mais je m'interroge sur l'intérêt pédagogique avec des élèves de lycée. En existe-t-il un?
J'ai lu que parfois il est utilisé pour expliquer que l'enchaînement des évènements en histoire n'est pas toujours une évidence mais est-ce qu'un élève de 2de est capable de saisir cela?
Vos avis éclairés m'aideraient dans ma réflexion sur le sujet.

Comme les collègues au dessus, cela dépend des secondes. Beaucoup ont des repères tellement fragiles que bon... très ponctuellement, sur un exemple précis, recourir à cette approche pour susciter une réflexion peut être intéressant mais je ne pense pas que je me lancerai dans une activité totalement consacrée à cette démarche.
Je garderai plutôt cela pour les SPE par exemple : on est en 1ere ou Term, les élèves sont un peu plus avancés en théorie et normalement intéressés par la réflexion historique (pas tous, certes). On a aussi plus le temps pour des activités qui sortent un peu de la norme et réfléchir sur des sujet est au cœur de l'approche de la spé. Pour revenir aux 2nde, pourquoi pas en fin d'année pour aller un peu plus loin et pourquoi susciter des envies de spé

Moi je ne m'y risquerais pas en lycée. D'abord l'uchronie ça me gonfle déjà au cinéma ou en littérature, mais alors dans le cadre d'un cours d'histoire niveau lycée, non. D'abord les repères des élèves sont tout de même bien friables, et puis en suite je ne prendrais pas le risque de trop insister sur la question des possibilités. A mon avis, ça deviendrait un peu la foire au relativisme.

Elaïna a écrit:Moi je ne m'y risquerais pas en lycée. D'abord l'uchronie ça me gonfle déjà au cinéma ou en littérature, mais alors dans le cadre d'un cours d'histoire niveau lycée, non. D'abord les repères des élèves sont tout de même bien friables, et puis en suite je ne prendrais pas le risque de trop insister sur la question des possibilités. A mon avis, ça deviendrait un peu la foire au relativisme.

Voilà la base de mon questionnement... Des élèves qui ne sont pas capables se situer dans le temps, de se souvenir de ce qu'on a fait deux semaines auparavant sont-ils capables d'avoir une réelle réflexion sur le sujet?
Prendre ça comme un jeu, trouver super de réécrire l'histoire et d'inventer des trucs hallucinants, je n'en doute pas.

Ben c'est ça, pour moi c'est une base toute trouvée pour des délires complotistes. Attention, je ne dis pas que le bouquin sur l'histoire des possibles soit mauvais, bien sûr ! (je ne l'ai pas lu, mais en général, Singaravélou, c'est bien). Mais au lycée... non. On a déjà du mal à faire comprendre des trucs tout à fait avérés...

Comme vous. J'aime bien l'uchronie, mais en classe je suis très circonspecte. Ca arrive quand ils posent des questions "mais si...", bon, parfois on peut rigoler 5 minutes, mais je n'ai pas assez lu de choses pour en faire un véritable enseignement, et j'ai déjà assez peur de dire des bêtises sur de vrais trucs! Et en plus ils pourraient retenir la fausse version au lieu de la vraie...
Genre j'ai retrouvé que les chinois avaient colonisé la côte ouest de l'Amérique dans une copie, j'avais évoqué la fermeture à l'exploration chinoise, et donc dit "et si finalement blabla". Bon ben voilà le résultat. Ca m'apprendra à faire de l'ouverture!

Il faut distinguer l'uchronie de l'histoire contrefactuelle. La distinction relève sans doute de la polémique byzantine mais pour nous, elle a son importance. L'uchronie est un genre littéraire (lisez Ugo Bellagamba, c'est un de mes uchronistes préférés (et universitaire en histoire du droit dans le sud)).
L'uchronie est un "et si" imaginaire. On se dit "et si" et on lance son imaginaire. L'histoire contrefactuelle est un "et si" et, à partir de nos connaissances, on tente de voir ce qui aurait possiblement pu se produire en connaissant ce qui s'est réellement produit (d'où l'expression d'histoire des possibles et non d'uchronie du livre de Simagaravélou et de, surtout ?, Deluermoz). A noter que la pratique contrefactuelle trouve ses sources aux Etats-Unis où ils sont bien moins frileux (rigoueux ? ) que nous sur le traitement de l'histoire.

La volonté de l'histoire contrefactuelle est de soumettre à tension nos connaissances d'un objet historique avec un "et si" afin de voir ce qui est de la permanence et ce qui est de la conjoncture, mais aussi de mieux comprendre ce qui s'est réellement produit en voyant ce que l'analyse du "et si" en s'appuyant sur une connaissance fine et rigoureuse du "réel historique".

C'est assez intéressant à faire mais ça demande une connaissance monstrueuse de l'objet historique.

Comme cela relève d'une forme du récit historique (je tronque toute une partie de ma réflexion sur le récit historique pour arriver à cette phrase, ne m'en voulez pas :p), je m'y suis intéressé. Au collège, impossible à faire (sinon on fait de l'uchronie, donc de la production littéraire). Au lycée, je dirai que ce n'est possible qu'en spé avec des élèves qui ont appréhendé l'objet historique qui sera soumis à l'analyse contrefactuelle et s'ils sont prêts à beaucoup lire sur l'objet pour faire un truc intéressant et rigoureux... mais cela demande du temps. En clair, on peut le faire en juin de Terminale comme une préparation à l'entrée en université (mettre des notes de bas de page dans son analyse contrefactuelle pour citer les références utilisées, comparer avec le "réel etc).

Je ne m'y engagerais qu'avec des pincettes sinon on est dans l'uchronie et là, on s'éclate mais on n'est pas dans le même registre (oui, c'est byzantin, je sais).

Oui oui, je distinguais les 2 choses mais je n'ai pas été assez rigoureuse dans ma phrase! Dans tous les cas, je ne m'y hasarderai pas.

Je crois qu'il y a un exemple contrefactuel sur "et si c'était le Mithraïsme qui s'était imposé dans l'Empire romain au lieu du christianisme". Il faudrait que je le lise.

Elyas a écrit:Je crois qu'il y a un exemple contrefactuel sur "et si c'était le Mithraïsme qui s'était imposé dans l'Empire romain au lieu du christianisme". Il faudrait que je le lise.

Cela m'intéresserait !!

Elyas, tu résumes tout à fait ce que je pense sans arriver à l'exprimer clairement. Il faut avoir une connaissance fine et rigoureuse du "réel historique" ce que les élèves n'ont pas et ce que je n'ai pas toujours! Je ne tenterai même pas l'exercice même avec des Term spé dans mon lycée.

Ma collègue utilise une émission d'Arte "Points de repère". J'en ai visionné un et cela reste très léger pour être de l'histoire contrefactuelle. Cela fait plus "professionnel" d'utiliser ce terme qu'uchronie!

Isis39 a écrit:

Elyas a écrit:Je crois qu'il y a un exemple contrefactuel sur "et si c'était le Mithraïsme qui s'était imposé dans l'Empire romain au lieu du christianisme". Il faudrait que je le lise.

Cela m'intéresserait !!

Moi aussi!

Ca me donne envie de l'offrir à un collègue qui mute, je pense que ça l'intéressera beaucoup.

Bon. J'ai eu le temps de me poser tranquille devant les nouveaux programmes de terminale. Je n'arrive pas à me sortir de la tête que celui de terminale est infaisable dans sa totalité et que celui de géo est d'un ennui absolu.

Le programme d'histoire de Terminale, je ne vois pas comment en faire plus que les 2/3 sérieusement dans l'année... Mais comme il est évalué en E3C, j'ai l'impression que notre hiérarchie n'en a rien à faire, puisqu'on choisira nous même les sujets. Il est, comme pour celui de 1e, parfois incohérent dans le découpage chronologique (certaines questions auraient mérité un cadrage sur un demi siècle par exemple, plutôt que sur une ou deux décennies, notamment en histoire économique, sociale et culturelle), il a un prisme très politico-culturel (avec une histoire sociale très en retrait - c'est frappant par exemple pour le chapitre sur la France de 1974 à 1988) (drôle de découpage d'ailleurs, comme si l'alternance de 1981 était fondue dans un ensemble plus vaste).
En géo, le début du programme est assez proche des questions que l'on traitait sur les espaces maritimes et l'intégration dans la mondialisation (même si j'ai l'impression qu'avec ces nouveaux programmes, on refait tout le temps ça en 1e et Tle) mais la suite sur l'UE, ça va être effectivement d'un ennui absolu.

Le programme de terminale actuel me convenait. Il fallait juste le dégraisser un peu.

Olympias a écrit:Le programme de terminale actuel me convenait. Il fallait juste le dégraisser un peu.

Oui mais totalement incompatible avec le nouveau programme de 1e qui s'arrête désormais dans les années 1920.
Moi j'aimais bien les programmes d'avant 2012 (en le "modernisant" un peu) : un programme de 1e qui allait de 1850 à 1945 avec à la fois des questions sur la longue durée (industrialisation, colonisation...) et des chapitres politiques plus précis, et un programme de Tle de 1945 à nos jours.

Olympias a écrit:Le programme de terminale actuel me convenait. Il fallait juste le dégraisser un peu.

+1 plus de Chine en histoire, plus de socialisme allemand...
Et le programme de géo était beaucoup plus digeste mais bon...

Le programme de première de géo était insupportable. Je préfère le nouveau...sauf ce thème pénible sur les espaces productifs.

Je ne sais pas ce qu'ils ont avec l'UE à toutes les sauces, mais on se l'est cogné en spé, là on se le recogne en terminale, merci bien.
En revanche, vu l'état du truc, il va falloir cavaler pour les E3C et pour assurer une progression commune respectée. Chez nous où on est beaucoup grévistes c'est vraiment compliqué.

Olympias a écrit:Le programme de première de géo était insupportable. Je préfère le nouveau...sauf ce thème pénible sur les espaces productifs.

On a aussi les espaces productifs en 3e et c'est pénible aussi !!

Mais oui, quelle plaie ces espaces productifs! Cela étant dit, je n'ai pas encore réussi à faire le premier thème de géo de 2de en respectant le temps imparti en classe. Je bloque devant mon ordi, je n'arrive à rien. Tout ce que je trouve sur le net est beaucoup trop long pour mes classes. J'ai vraiment eu du mal avec certains chapitres cette année.

Cléopatra, je ne l'ai pas en format numérique, mais j'ai fait
I. Risques (1 cours d'1h en classe virtuelle)
A) Des risques de nature variée
Définition du risque comme une rencontre entre l'aléa et le territoire ; différenciation des risques naturels/humains ; inégale répartition des risques sur la planète, en fonction des conditions géologiques, climatiques et de l'installation humaine
B) Prévention et gestion des risques
Cycle de gestion des risques et différences de vulnérabilité entre les sociétés.

II. Des ressources majeures sous pression (2 CV d'1h, la première pour A-B, la 2e pour C)
A) Des ressources qui répondent à des besoins
Définition des ressources, identification des besoins primaires/secondaires et mise en relation des niveaux de besoin avec le niveau de développement des sociétés
B) Des ressources sous tensions
Inégale répartition des ressources sur terre (je prends systématiquement les deux exemples eau/pétrole), augmentation de l'utilisation des ressources, conflits liés aux ressources à différentes échelle (exemple de la Californie pour l'eau et de la Guerre du Golfe pour le pétrole).
C) Vers une gestion durable des ressources
Définition du développement durable avec les 3 piliers
Développement de l'exemple de l'énergie : on réfléchit à chaque fois à l'intérêt des différents types d'énergie (fossiles, nucléaires, renouvelables) et on conclut qu'il n'y a pas de modèle réellement durable.

III. La France, entre valorisation et protection des milieux
A) Milieux français (1 CV - cours chiant mais qui pose des bases)
Définition de milieux, rappel des différents DROM/COM et description très sommaire de la géographie physique de la France
B) Risques en France
Très rapidement : risques naturels et risques technologiques.
C) Aménager le territoire, un équilibre difficile à trouver (dernier cours)
Définition globale de l'aménagement du territoire, puis développement de 3 exemples d'aménagement : PLU / transports (trains) / espaces protégés (on remonte les échelles de la réserve naturelle au site RAMSAR).

5h en tout, ce n'est pas la panacée, mais c'est faisable. Si tu veux, je peux t'envoyer mon powerpoint.

Moi les espaces productifs ça n'est pas ce qui me pèse le plus... Par contre cette obsession pour l'UE ça fait surtout l'impression de propagande pour faire adhérer les élèves au bien fondé d'une institution en train de partir en capilotade... Déjà qu'en spé on est censé les bassiner avec...

Moi j'ai du mal avec ce programme qui fait disparaitre l'approche par continent, exeunt l'Afrique, l'Amérique, le Japon et la Chine... Disparu, fini... Ah par contre Grenoble et l'Union européenne, allez-y ... C'est sûr qu'on va passionner les foules avec ça !