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- VioletEmpereur
Oui, Audrey, tu as raison, la pièce n'est pas une satire de la préciosité mais je voulais être sûre que le terme était impropre pour la désigner. Cela m'a beaucoup étonnée de le lire.
- Reine MargotDemi-dieu
la préciosité se caractérise aussi par la pratique de certains exercices poétiques en cercle, notamment l'art du portrait (voir la guirlande de julie ou autres poèmes de Voiture), et 'cest ce que fait Célimène.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- AbraxasDoyen
Vous errez, les filles.
Historiquement, la préciosité, c'est le premier demi-siècle. Lorsque Molière se moque des Précieuses ridicules et autres Femmes savantes, ce sont de petites bourgeoises qui miment, avec un temps de retard (je les verrais volontiers provinciales) ce qui se faisait à Paris sous la Fronde. Historiquement, la Marquise a raison : Voiture et autres guirlandes de Julie, ce sont les années 1640-50.
Rien à voir avec Célimène, qui est simplement coquette (on le lui reproche assez : elle aime se faire désirer, quitte à paraître rejeter l'amant — Alceste — et cajoler les amoureux — tous les autres) et quelque peu snob — en ce qu'elle utilise le langage à la mode, sans pour autant appartenir à la cour. Elle vit pleinement sous Louis XIV — qui ne laisse aux marquis d'autre champ de bataille que les salons. Elle les mène en bourrique — peut-être parce qu'elle est dans l'incapacité à aimer, ce qui arrive plus souvent qu'on ne croit. Je pense d'ailleurs que c'est la pièce des malentendus — l'un incapable de jouer le jeu social de la bonne compagnie, l'autre incapable de parler le langage du sentiment autrement qu'en surface. Alceste n'est pas de son temps — d'où ses références à Henri IV, etc., et son désir, à la fin, de trouver "un désert écarté / où d'être homme d'honneur on ait la liberté" : aller hors espace social, c'est une façon d'affirmer que l'on est hors de son temps. À rapprocher de la rumeur qui veut que la pièce soit au moins partiellement de la main de Corneille (voir http://corneille-moliere.org/) : Alceste arrive des années 48-50, d'un temps quasi héroïque, cornélien, et Célimène appartient à un temps racinien — moins la passion, que l'on n'éprouve pas sur commande, comme vous avez dû remarquer. Il y a quelque chose du conflit de générations, dans la pièce…
Maintenant, pour faire saisir ce genre de nuances aux élèves…
Historiquement, la préciosité, c'est le premier demi-siècle. Lorsque Molière se moque des Précieuses ridicules et autres Femmes savantes, ce sont de petites bourgeoises qui miment, avec un temps de retard (je les verrais volontiers provinciales) ce qui se faisait à Paris sous la Fronde. Historiquement, la Marquise a raison : Voiture et autres guirlandes de Julie, ce sont les années 1640-50.
Rien à voir avec Célimène, qui est simplement coquette (on le lui reproche assez : elle aime se faire désirer, quitte à paraître rejeter l'amant — Alceste — et cajoler les amoureux — tous les autres) et quelque peu snob — en ce qu'elle utilise le langage à la mode, sans pour autant appartenir à la cour. Elle vit pleinement sous Louis XIV — qui ne laisse aux marquis d'autre champ de bataille que les salons. Elle les mène en bourrique — peut-être parce qu'elle est dans l'incapacité à aimer, ce qui arrive plus souvent qu'on ne croit. Je pense d'ailleurs que c'est la pièce des malentendus — l'un incapable de jouer le jeu social de la bonne compagnie, l'autre incapable de parler le langage du sentiment autrement qu'en surface. Alceste n'est pas de son temps — d'où ses références à Henri IV, etc., et son désir, à la fin, de trouver "un désert écarté / où d'être homme d'honneur on ait la liberté" : aller hors espace social, c'est une façon d'affirmer que l'on est hors de son temps. À rapprocher de la rumeur qui veut que la pièce soit au moins partiellement de la main de Corneille (voir http://corneille-moliere.org/) : Alceste arrive des années 48-50, d'un temps quasi héroïque, cornélien, et Célimène appartient à un temps racinien — moins la passion, que l'on n'éprouve pas sur commande, comme vous avez dû remarquer. Il y a quelque chose du conflit de générations, dans la pièce…
Maintenant, pour faire saisir ce genre de nuances aux élèves…
- ThalieGrand sage
Abraxas a écrit:À rapprocher de la rumeur qui veut que la pièce soit au moins partiellement de la main de Corneille (voir http://corneille-moliere.org/) : Alceste arrive des années 48-50, d'un temps quasi héroïque, cornélien, et Célimène appartient à un temps racinien — moins la passion, que l'on n'éprouve pas sur commande, comme vous avez dû remarquer. Il y a quelque chose du conflit de générations, dans la pièce…
Maintenant, pour faire saisir ce genre de nuances aux élèves…
Je pensais que cette rumeur était nulle et non avenue pour les spécialistes sérieux du XVIIe s., Georges Forestier ne l'a-t-il pas dénoncée avec maints arguments ?
(Merci Abraxas, c'est agréable de lire cette petite analyse au petit déjeuner ! )
- ysabelDevin
Abraxas a écrit:Vous errez, les filles.
Historiquement, la préciosité, c'est le premier demi-siècle. Lorsque Molière se moque des Précieuses ridicules et autres Femmes savantes, ce sont de petites bourgeoises qui miment, avec un temps de retard (je les verrais volontiers provinciales) ce qui se faisait à Paris sous la Fronde. Historiquement, la Marquise a raison : Voiture et autres guirlandes de Julie, ce sont les années 1640-50.
Rien à voir avec Célimène, qui est simplement coquette (on le lui reproche assez : elle aime se faire désirer, quitte à paraître rejeter l'amant — Alceste — et cajoler les amoureux — tous les autres) et quelque peu snob — en ce qu'elle utilise le langage à la mode, sans pour autant appartenir à la cour. Elle vit pleinement sous Louis XIV — qui ne laisse aux marquis d'autre champ de bataille que les salons. Elle les mène en bourrique — peut-être parce qu'elle est dans l'incapacité à aimer, ce qui arrive plus souvent qu'on ne croit. Je pense d'ailleurs que c'est la pièce des malentendus — l'un incapable de jouer le jeu social de la bonne compagnie, l'autre incapable de parler le langage du sentiment autrement qu'en surface. Alceste n'est pas de son temps — d'où ses références à Henri IV, etc., et son désir, à la fin, de trouver "un désert écarté / où d'être homme d'honneur on ait la liberté" : aller hors espace social, c'est une façon d'affirmer que l'on est hors de son temps. À rapprocher de la rumeur qui veut que la pièce soit au moins partiellement de la main de Corneille (voir http://corneille-moliere.org/) : Alceste arrive des années 48-50, d'un temps quasi héroïque, cornélien, et Célimène appartient à un temps racinien — moins la passion, que l'on n'éprouve pas sur commande, comme vous avez dû remarquer. Il y a quelque chose du conflit de générations, dans la pièce…
Maintenant, pour faire saisir ce genre de nuances aux élèves…
pas dans les limbes, j'espère !
Merci pour ces éclaircissements.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
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