- NLM76Grand Maître
Salut à vous tous les feignasses. J'espère que vous profitez bien de vos fraises.
Les cours par correspondance ont du bon : ils donnent le temps de la réflexion propre à la lecture et à l'écriture. J'ai répondu ici à la question d'une élève sur ce qu'ils appellent la "problématique", et qui n'est pour eux qu'un mot abscons pour "question dépourvue de signification"...
Toutes remarques bien sûr bienvenues.
Les cours par correspondance ont du bon : ils donnent le temps de la réflexion propre à la lecture et à l'écriture. J'ai répondu ici à la question d'une élève sur ce qu'ils appellent la "problématique", et qui n'est pour eux qu'un mot abscons pour "question dépourvue de signification"...
Toutes remarques bien sûr bienvenues.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- DeliaEsprit éclairé
Une problématique est la mise en lumière d'une contradiction que l'étude doit résoudre. Autrement dit, elle se dégage de l'étude, elle n'est pas première.
Ainsi, pour l'Ennemi de Baudelaire : quatorze vers pour se plaindre de sa stérilité ?
Ainsi, pour l'Ennemi de Baudelaire : quatorze vers pour se plaindre de sa stérilité ?
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- PoupoutchModérateur
Je trouve ta façon de l'expliquer très claire, comme souvent, NLM. Je peux donner à mes élèves le lien vers ton site en complément de ce que je leur ai déjà expliqué ?
Ils vont recevoir vendredi une explication linéaire qu'ils doivent "problématiser".
J'essaie cette année de parler plutôt de "projet de lecture" pour bien leur faire comprendre que le but de la problématique, c'est de rendre compte d'une lecture, donc une interprétation, du texte. Pour cette semaine, ils vont recevoir un relevé de procédés dans un texte, et je vais leur demander de trouver, à partir de ces procédés, un projet de lecture et de faire un oral pour présenter leur explication.
Si je peux me permettre de relever une petite coquille :
Tu écris "Pour que ces questions générales et passe-partout devienne une question spécifique", devienne devrait être accordé au pluriel je pense.
Ils vont recevoir vendredi une explication linéaire qu'ils doivent "problématiser".
J'essaie cette année de parler plutôt de "projet de lecture" pour bien leur faire comprendre que le but de la problématique, c'est de rendre compte d'une lecture, donc une interprétation, du texte. Pour cette semaine, ils vont recevoir un relevé de procédés dans un texte, et je vais leur demander de trouver, à partir de ces procédés, un projet de lecture et de faire un oral pour présenter leur explication.
Si je peux me permettre de relever une petite coquille :
Tu écris "Pour que ces questions générales et passe-partout devienne une question spécifique", devienne devrait être accordé au pluriel je pense.
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- 0massilia0Niveau 6
Bonsoir, de quel site parles-tu ?Poupoutch a écrit:Je peux donner à mes élèves le lien vers ton site en complément de ce que je leur ai déjà expliqué ?
Merci.
- NLM76Grand Maître
Merci Poupoutch. Coquille corrigée. Bien sûr que tu peux donner le lien de www.lettresclassiques.fr : c'est fait pour !
Chère Délia,
ta phrase "une problématique est..." me paraît être dénuée de tout fondement, parce qu'une "problématique", ça n'existe pas.
L'étude d'un texte n'est pas un amusement pour résoudre un problème qu'on invente. L'étude d'un texte littéraire explique ce qui fait l'originalité d'un texte. C'est très simple. Cette originalité peut, très souvent, résider dans une contradiction. Mais définir ainsi l'objet de l'analyse littéraire la réduit à une espèce de jeu intellectuel délimité par une définition arbitraire.
On peut certes analyser "L'ennemi" comme tu le proposes très intelligemment. Mais on peut être plus simple.
Chère Délia,
ta phrase "une problématique est..." me paraît être dénuée de tout fondement, parce qu'une "problématique", ça n'existe pas.
L'étude d'un texte n'est pas un amusement pour résoudre un problème qu'on invente. L'étude d'un texte littéraire explique ce qui fait l'originalité d'un texte. C'est très simple. Cette originalité peut, très souvent, résider dans une contradiction. Mais définir ainsi l'objet de l'analyse littéraire la réduit à une espèce de jeu intellectuel délimité par une définition arbitraire.
On peut certes analyser "L'ennemi" comme tu le proposes très intelligemment. Mais on peut être plus simple.
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- PoupoutchModérateur
Le site de NLM, dont il a donné le lien dans es deux posts. Et qui est très intéressant et donne toujours matière à réflexion.0massilia0 a écrit:Bonsoir, de quel site parles-tu ?Poupoutch a écrit:Je peux donner à mes élèves le lien vers ton site en complément de ce que je leur ai déjà expliqué ?
Merci.
Merci!NLM76 a écrit:Merci Poupoutch. Coquille corrigée. Bien sûr que tu peux donner le lien de www.lettresclassiques.fr : c'est fait pour !
Chère Délia,
ta phrase "une problématique est..." me paraît être dénuée de tout fondement, parce qu'une "problématique", ça n'existe pas.
L'étude d'un texte n'est pas un amusement pour résoudre un problème qu'on invente. L'étude d'un texte littéraire explique ce qui fait l'originalité d'un texte. C'est très simple. Cette originalité peut, très souvent, résider dans une contradiction. Mais définir ainsi l'objet de l'analyse littéraire la réduit à une espèce de jeu intellectuel délimité par une définition arbitraire.
On peut certes analyser "L'ennemi" comme tu le proposes très intelligemment. Mais on peut être plus simple.
Je ne parle plus ou presque de problématique aux élèves, mais de problematisation. C'est ce que je comprends de la démarche que tu leur proposes en fait, et il me semble que tu en avais déjà parlé aussi concernant la dissert. Le problème, c'est que plaquer une question ou un paradoxe, si intéressants soient-ils, ne fait pas une pensée en mouvement, alors que la problematisation, qui avance par étapes successives ou questions successives, peut montrer le chemin d'une pensée. D'ailleurs, mes "problématiques" ne sont jamais formulées sous forme de questions.
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- IphigénieProphète
Le problème des problématisations, c'est qu'elles font, depuis des lustres d'habitudes prises, que l'analyse est l'outil qui sert à justifier l'interprétation.
Au contraire, dans la demarche linéaire l'analyse est ce qui mène à une interprétation et l' idéal serait de mener l'analyse, justement, sans idée préconçue et non en fonction de thèmes ou axes préétablis ou question pré-liminaire.
Ce qui est aussi différent d'un commentaire composé où l'on reconstruit harmonieusement l'étude en fonction de l'interprétation qu'on en a faite à l'issue de l étude linéaire du texte: la superposition des méthodes me paraît bancale en fait....
Mais je crains qu'au bac ( enfin dans le futur, pojr cette année...) la disparition de la question préalable et donc de la problématique ne gêne bien des examinateurs...
Au contraire, dans la demarche linéaire l'analyse est ce qui mène à une interprétation et l' idéal serait de mener l'analyse, justement, sans idée préconçue et non en fonction de thèmes ou axes préétablis ou question pré-liminaire.
Ce qui est aussi différent d'un commentaire composé où l'on reconstruit harmonieusement l'étude en fonction de l'interprétation qu'on en a faite à l'issue de l étude linéaire du texte: la superposition des méthodes me paraît bancale en fait....
Mais je crains qu'au bac ( enfin dans le futur, pojr cette année...) la disparition de la question préalable et donc de la problématique ne gêne bien des examinateurs...
- gregforeverGrand sage
Notre inspecteur en réunion a dit qu'à l'oral on pouvait se passer de problématique à partir du moment où faisait le mouvement du texte.
- NLM76Grand Maître
Cher Gregforever,gregforever a écrit:Notre inspecteur en réunion a dit qu'à l'oral on pouvait se passer de problématique à partir du moment où faisait le mouvement du texte.
voilà bien le péril dans lequel on se précipite du fait, justement de la précipitation. "se passer de problématique" ne veut rien dire, pas plus que "faire le mouvement du texte".
Bien sûr qu'il faut donner en introduction le mouvement du texte ! Il a toujours fallu le donner ! Mais des folies nous ont conduit à négliger cela. Et aujourd'hui encore, il vaut mieux savoir ce qu'on est en train de faire quand on explique un texte. Il faut problématiser dans le sens où il faut échapper à "Je vais vous prouver que Voltaire dit que la guerre c'est mal", pour aller vers "Je vais vous montrer pourquoi la dénonciation de la guerre qu'on trouve ici est particulièrement saisissante et invite à la réflexion."
P.S. pour ceux qui n'aiment pas Voltaire : il ne s'agit pas de porter l'auteur au pinacle, mais simplement de dire pourquoi son écriture va un peu au-delà de celle du commun des mortels.
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- PoupoutchModérateur
Pour avoir fait passer une quarantaine d'élèves en oraux blancs en plus des oraux d'entraînement que je fais avec les miens, le problème c'est que l'analyse linéaire se réduit le plus souvent à un catalogue de paraphrases plus ou moins "éclairantes" pour reprendre les mots de nos inspecteurs, ou dans le meilleur des cas, de procédés relevés par les profs et que les élèves n'ont pas compris.Iphigénie a écrit:Le problème des problématisations, c'est qu'elles font, depuis des lustres d'habitudes prises, que l'analyse est l'outil qui sert à justifier l'interprétation.
Au contraire, dans la démarche linéaire l'analyse est ce qui mène à une interprétation et l' idéal serait de mener l'analyse, justement, sans idée préconçue et non en fonction de thèmes ou axes préétablis ou question pré-liminaire.
Ce qui est aussi différent d'un commentaire composé où l'on reconstruit harmonieusement l'étude en fonction de l'interprétation qu'on en a faite à l'issue de l étude linéaire du texte: la superposition des méthodes me paraît bancale en fait....
Mais je crains qu'au bac ( enfin dans le futur, pour cette année...) la disparition de la question préalable et donc de la problématique ne gêne bien des examinateurs...
Je préfère, et de loin, des approches moins savantes, moins pointillistes. On a énormément d'analyses myopes, qui tendent à se crisper sur tel ou tel mot, sans le lier au contexte, et qui aboutissent souvent à de malheureux contre-sens.
Pour moi, avoir un projet de lecture - qui ne saurait vraiment émerger avant d'avoir déjà lu attentivement le texte et en avoir repéré le mouvement et les procédés saillants - c'est s'assurer de sortir du simple catalogue pour faire une véritable explication, soit déplier les sens du texte.
Il ne s'agit pas de trouver une problématique a priori et de limiter son analyse à ce qui la servirait, mais bien de faire l'analyse, d'en tirer un problème/un questionnement/une lecture qui va guider l'exposé oral et permettre de le structurer.
Les inspecteurs, certes, disent qu'on peut se passer de problématique. Au fond, pourquoi pas, si on a au moins bien repéré le mouvement du texte, le découpage de ce dernier étant en soi une forme de problématisation. Dans les faits, beaucoup d'élèves voient dans le mouvement du texte quelque chose d'aussi artificiel qu'un plan dialectique. Rares sont ceux qui parviennent à lire le texte et à en comprendre vraiment le fonctionnement. En ce sens, il me semble important de les pousser tout de même à s'interroger, quel que soit le nom qu'un donne à cette interrogation.
Et à mon sens, dans le commentaire composé, on ne pouvait pas non plus faire l'économie de commencer par analyser le texte, y chercher un mouvement, un sens, des procédés, pour pouvoir élaborer problématique et plan.
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- IphigénieProphète
Oh! je dis juste qu’on superpose des exercices différents : dans la pratique ce qu’on entend est toujours tellement éloigné de ce qu’on voudrait entendre...! Et que c’est une fausse exigence dans un faux problème.
- DeliaEsprit éclairé
Tu le diras à Madame di Lorenzo qui a conçu une plaquette d'une vingtaine de pages pour définir la problématique ! Comme une dynamique qui fait progresser la pensée. Tu le répèteras aux auteurs de manuel qui usent du terme à longueur de pages, d'où la question de ton élève, à qui je réponds : la problématiue, c'est la mise en relief de ce qui coince dans le texte.NLM76 a écrit:
Chère Délia,
ta phrase "une problématique est..." me paraît être dénuée de tout fondement, parce qu'une "problématique", ça n'existe pas.
L'étude d'un texte n'est pas un amusement pour résoudre un problème qu'on invente. L'étude d'un texte littéraire explique ce qui fait l'originalité d'un texte. C'est très simple. Cette originalité peut, très souvent, résider dans une contradiction.
Ai-je dit autre chose ? L'étude d'un texte fait sauter aux yeux l'originalité du passage. (Je n'aime pas cette notion d'originalité : il faut disposer d'une énorme culture pour pouvoir affirmer qu'un texte est original ! Je préfère dire caractéristique majeure.) Cette étude faite, il faut en présenter les résultats, en inversant la démarche : on (le candidat) annonce qu'il va chercher... ce qu'il a déjà trouvé !
Ce qu'elle est au baccalauréat : un jeu intellectuel très codifié dont l'objectif est de décrocher une peau d'âne !Mais définir ainsi l'objet de l'analyse littéraire la réduit à une espèce de jeu intellectuel délimité par une définition arbitraire.
Je te ferais remarquer que je n'ai nullement défini l'objet de l'analyse littéraire, je me suis contentée de suggérer une méthode, ad usum discipulorum.
Au risque de verser dans la paraphrase : le poète dit que...On peut certes analyser "L'ennemi" comme tu le proposes très intelligemment. Mais on peut être plus simple.
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Amadou Hampaté Ba
- gregforeverGrand sage
NLM76 a écrit:Cher Gregforever,gregforever a écrit:Notre inspecteur en réunion a dit qu'à l'oral on pouvait se passer de problématique à partir du moment où faisait le mouvement du texte.
voilà bien le péril dans lequel on se précipite du fait, justement de la précipitation. "se passer de problématique" ne veut rien dire, pas plus que "faire le mouvement du texte".
Bien sûr qu'il faut donner en introduction le mouvement du texte ! Il a toujours fallu le donner ! Mais des folies nous ont conduit à négliger cela. Et aujourd'hui encore, il vaut mieux savoir ce qu'on est en train de faire quand on explique un texte. Il faut problématiser dans le sens où il faut échapper à "Je vais vous prouver que Voltaire dit que la guerre c'est mal", pour aller vers "Je vais vous montrer pourquoi la dénonciation de la guerre qu'on trouve ici est particulièrement saisissante et invite à la réflexion."
Alors juste: je suis une fille et je ne fais que transmettre les consignes données. J'ai arrêté depuis longtemps de m'arracher les cheveux; à l'examen je fais ce qu'on me demande, je n'attends que peu de choses d'élèves à peine capables de retranscrire une explication "toute faite" (sans la comprendre bien souvent).
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