Agrégation LM 2020 : Le Vice-Consul

Bonjour à tous,

Dans Le Vice-Consul, séquence 17 page 159, des journalistes sont évoqués très brièvement pour la première fois, décrits comme soûls et vautrés sur des fauteuils. Leur présence n'a pas été mentionnée avant. Si bien que je me suis dit que le mot avait peut-être un autre sens, proche du terme de "journalier", mais non.

Alors, vraisemblablement et tout simplement, ces journalistes sont sans doute là pour rendre compte dans un journal de Blancs de l'évènement que constitue une réception à l'ambassade de France. S'ils n'ont pas le comportement attaché à leur fonction, c'est sans doute aussi parce qu'ils sont loin de l'Europe, dans une Calcutta hostile, pour le dire vite. Nous pouvons aussi penser que leurs articles participent des rumeurs qui circulent à propos des personnages principaux.

Qu'en pensez-vous ?

Au plaisir d'échanger !

Pas de réponse autre que celle que tu proposes pour la présence de ces journalistes.
Je pense qu'ils font partie de ce "on" qui "parle" pendant la scène de bal. Ce "on" des observateurs désoeuvrés, aux conversations banales qui forment un bruissement humain qui confine au silence de la mauvaise conscience (visée quelque peu politique de la part de Duras dans cette description de la société blanche coloniale...).

Je rajoute quelques notes que j'ai prises, si ça vous intéresse, tirées de l'édition La Pléiade :

Le VC : mis au ban, dans l'activité au contraire des femmes qui sont passives. Personnage révolté, décrit par la rumeur. Lecteur a connaissance de son enfance sur le mode bouffon, via les discussions avec le directeur du cercle, cachée derrière les moqueries, jeux de mots, lapsus, radotages, persiflage. Véhémence des interlocuteurs accuse la faiblesse du langage à dire les sentiments, sa vanité. Mais l'enfance n'éclaire pas les actions du vc. Lahore est la source de tout. Elle l'a rendu en colère, car trop de clairvoyance devant le mal. Rejet de l'ignominie d'un monde soucieux de sa tranquillité d'esprit. « Il tire sur la faim » dira MD.
Le livre serait donc politique : « Il n'y a pas d'écrivain qui ne soit capable d'indignation ». Mais pas seulement, religieux aussi, d'après MD : « à force de refuser ce réel […], à force de hurler contre elle, c'est comme s'il y avait un responsable... de cet état de choses ». Ou alors le VC serait la figure d'un ange exterminateur.

C'est dingue : c'était au programme il y a moins de quinze ans. Je parie qu'il y a des tas de chouettes chouettes bouquins qui n'ont pas été programmés depuis fort longtemps, pendant que le Vice-Consul fait un come back.
En tout cas, j'ai des souvenirs de cours qui m'ont fait souffrir, alors bonne chance à vous !

Bonjour Inhumaine,
Merci pour ta réponse !

pseudo-intello a écrit:En tout cas, j'ai des souvenirs de cours qui m'ont fait souffrir, alors bonne chance à vous !

Si les cours font autant souffrir que le livre, ça promet. J'ai a-go-ni-sé. Chaque page était une torture. Je viens de le finir. Quand je pense que je vais devoir le relire, ça donne envie de se tirer une balle. Je n'ai pas lu d'autre oeuvre de Duras mais celle-ci ne me donne pas envie de le faire ...

Fiatlux, ça ne m'a pas non plus donné envie de lire autre chose de Duras, que je n'avais jamais lue.

Bonjour à tous      

Je termine une relecture de Duras et des endroits du texte demeurent encore un peu obscurs, si vous pouviez m'éclairer ce serait super :

- Globalement d'abord, l'histoire du Vice-consul se déroulerait vers quelle(s) année(s) ?

- séquence 13, page 119, pendant le bal le vice-consul et AMS dansent, AMS parle de son séjour à Pékin, "juste avant le grand bouleversement" . De quel bouleversement s'agit-il ? Sans doute un évènement historique politique, mais lequel ?

- séquence 18, page 179, au Prince of Wales, Peter Morgan évoque son projet d'écriture et parle du personnage de la mendiante et "son échange" - "ce qu'on appelle comme ça, ce qu'elle rend si on veut" - : je ne comprends pas à quoi renvoie ce mot d'"échange".

- séquence 19, page 188, dans la villa de l'ambassade, Michael Richard insiste sur la nécessité d'oublier le vice-consul, car il y a "grand danger de ... [...] [n]e plus reconnaître AMS". Qu'est-ce que cela signifie ? Charles Rossett réagit en disant " Ici, quelqu'un ment". Là encore, j'ai du mal à y voir clair...

Merci pour votre aide !

Par contre, impossible de suivre le film "India Song" ! En espérant que sa connaissance ne soit pas attendue du jury !

Je me permets d'ajouter une question aux tiennes: pourquoi A-M Stretter demande-t-elle au vice-consul, lors de la soirée, de sortir et de crier?

Sans avoir lu une ligne du bouquin, je formule l'hypothèse que le grand bouleversement pourrait bien être ceci :

Le 1er octobre 1949, à Pékin, du balcon de la Cité interdite des anciens empereurs, Mao Zedong proclame l’avènement de la république populaire de Chine. Cette prise de pouvoir met fin à une longue période de guerre civile marquée par l’invasion japonaise et la Longue Marche, le Kuomintang s’étant exilé à Taïwan.

Bonjour Delia, merci pour ton aide.
Il est possible aussi, m'a-t-on répondu, qu'il s'agisse de 1911, année où est instaurée la république, sanglante - guerre civile - jusqu'en 1949 (victoire du communisme).

Pardon de ne pas répondre à vos questions : cette œuvre me paraît sciemment passer sous silence beaucoup de choses, et je ne suis pas sûre qu'on puisse parvenir à tout expliquer.

@L'amoureuse : une piste donnée dans mon cours, en réponse à ta question. La "comédie" donnée par le VC à la fin de la scène du bal serait une sorte de manifestation de ce qui le lie à AMS, leur connaissance/expérience commune d'une douleur inexprimable, paroxystique (qui a motivé le geste du VC et motive les larmes d'AMS). D'où leur entente lors de cette scène du bal au cours de laquelle ils se reconnaissent comme semblables.

Par ailleurs, le moment où la mendiante donne son bébé à la femme blanche serait un épisode d'inspiration autobiographique. Il apparaîtrait dans Un barrage contre le Pacifique. Mais je parviens pas à retrouver l'extrait dans l’œuvre. Est-ce que quelqu'un saurait m'indiquer le passage ?

Merci pour ta réponse Saloum!
nb: j'espère que tu vas bien

C’est effectivement un épisode autobiographique qui a beaucoup marqué Marguerite Duras.
Il me semble que le bébé a été confié à sa mère, mais que l’enfant est morte très peu de temps après.

Merci Raizel, mais trouve-t-on ce récit dans Un barrage contre le Pacifique ? Ou ailleurs ?

Oui c’est ça ; si tu veux j’ai trouvé le passage dans un Atlande sur Duras.

Merci, j'ai fini par le retrouver !

FiatLux a écrit:

pseudo-intello a écrit:En tout cas, j'ai des souvenirs de cours qui m'ont fait souffrir, alors bonne chance à vous !

Si les cours font autant souffrir que le livre, ça promet. J'ai a-go-ni-sé. Chaque page était une torture. Je viens de le finir. Quand je pense que je vais devoir le relire, ça donne envie de se tirer une balle. Je n'ai pas lu d'autre oeuvre de Duras mais celle-ci ne me donne pas envie de le faire ...

L'agreg, c'est un concours où l'on teste ta résistance, ton endurance. Marguerite Duras fait partie des auteurs dont la lecture rend méritant. C'est effectivement a-troce . Marguerite Duras m'a cependant beaucoup aidé dans ma vie personnelle : vu que c'était une biturine, je n'ai pas voulu finir comme elle et j'ai ralenti ma consommation de pinard
Chaque année agrégation teste ta résistance. L'an prochain il y aura encore un ou deux auteurs à gerber. :diable:

@Lefteris
Je me rappelle ma lecture - qui date - du Marin de Gibraltar, jamais je n'avais ressenti un tel écœurement physique, une vague nausée en me projetant, m'identifiant aux personnages. Leur whisky du matin me donnait le mal de mer. Je ne me rappelle que cette sensation et pourtant j'aime bien Duras autant qu'elle sait m'exaspérer dans ce style affecté.
En fait les personnages de Duras me semblent être tous un peu punks, no future, avec une sensibilité séduisante.

J'aime bien Duras aussi. Nous avions étudié Modération Cantabile en terminale. Ça avait été une révélation, j'en connais encore des bribes par cœur, comme une musique lancinante et un peu agaçante. Après, Le Vice-consul n'est pas mon préféré.

J'aime bien Duras aussi. Nous avions étudié Modération Cantabile en terminale. Ça avait été une révélation, j'en connais encore des bribes par cœur, comme une musique lancinante et un peu agaçante. Après, Le Vice-consul n'est pas mon préféré.

Et moi j'adore Duras, depuis que j'ai découvert L'Amant en 1ère L. Une révélation, j'ai dévoré beaucoup de ses livres. Le Barrage est bouleversant et Lol V Stein narratologiquement passionnant. J'ai du mal à comprendre qu'elle suscite un tel rejet.

Le barrage c'est quand même un coup de génie (la mère , le crapaud , l'écriture tout quoi !).
Le marin je n'ai aucun souvenir, pas du tout accroché.
(Son narcissisme m'insupporte, mais seule son oeuvre m'intéresse.)