- HORAHabitué du forum
Celadon a écrit:Je crois que tu fais erreur, Hora, ce n'est pas parce que tu deviendras précaire que tu cesseras de donner de ton temps. J'aurais même tendance à dire "au contraire". Non seulement tu seras sous-payé (et autrement qu'aujourd'hui) mais tu feras des hs gratuites au bon vouloir de ton boss si tu veux garder ton boulot. On comprend quel bel avenir ont l'instruction et la culture.
J'aurais dû préciser : on sera exploités jusqu'au trognon, mais ce ne sera plus (peut-être) la foi chevillée à la bonne conscience de celui qui oeuvre pour le Bien.
Blague à part, je suis complètement désabusée, je n'y crois plus du tout ; notre traitement ne va cesser de baisser, à mesure que notre fonction de défouloir pour toute la société ne cessera de s'intensifier, c'est politiquement programmé. Bon. Mais au moins que cela se fasse en toute conscience de ceux qui vont le subir, qu'on arrête de s'autoglorifier pour tout le travail fourni gratos.
- RwanNiveau 6
Ce point ne marche que jusqu'à la 6e-5e.Ramanujan974 a écrit:Le seul truc qui marche, et on l'a bien vu en direct avec le confinement, c'est l'arrêt complet. L'économie est bloquée parce que les parents doivent garder leurs mioches.
Euh... Non. ça reviendrait à créer un corps d'enseignant par syndicat, et permettrait des rivalités terrible. (syndicat A demande 45% de truc, syndicat B fait une offre discrète de 40% qu'il obtient pour se ranger du côte du ministre...)Ramanujan974 a écrit:Concernant les syndicats, la seule solution serait que les avantages obtenus par la lutte syndicale ne profitent qu'aux adhérents
_________________
Q est dénombrable, et dense dans R
Pourtant R est n'est pas dénombrable.
C'est beau.
- Fesseur ProGuide spirituel
Sinon, une grève du zèle, ce n'est pas en faire moins mais appliquer à le lettre les règlements pour retarder les choses.
_________________
Pourvu que ça dure...
- LeclochardEmpereur
Ce qui me frappe, c'est la constance avec laquelle les gouvernements les uns après les autres refusent de nous augmenter significativement. Et que quand cela a lieu, c'est en trompe-l'oeil (on monte le traitement des plus jeunes pour éviter qu'ils se retrouvent au smic ou on prend à ceux qui progressent le plus pour lisser les carrières de tous (PPCR).
Il y a plusieurs années, je pensais que la raison principale était budgétaire, la moindre hausse revenant très cher. Mais le cadeau fait aux soignants et les diverses primes accordées prouvent que c'est une question plus complexe. Peut-être qu'on n'a pas été assez combatif sur le sujet, qu'on est trop divisés (trop de différences de situations entre le Prag, l'agrégé, le certifié et le prof des écoles), qu'on a une image négative... peut-être aussi qu'on juge notre boulot trop mauvais ou que le but est de nous remplacer par des contractuels, qu'on est formaté pour subir ou culpabiliser, que l'argent ne nous intéresse pas, n'empêche que la conclusion est terrible: il n'y a rien à espérer. C'est à chacun de se débrouiller: devenir PP, prendre des HSA, s'occuper d'ateliers le midi, animer l'aide aux devoirs...quitte à sacrifier un peu les cours ou à remplir son emploi du temps. Pour les plus doués et les plus bosseurs, il y a bien l'agrégation mais elle restera une réponse individuelle à un problème collectif et c'est sans parler du fait qu'elle n'est pas si bien rémunérée par comparaison avec les catégories de fonctionnaires de même rang. En tout cas, elle libère du temps libre. Se payer en temps libre, c'est peut-être ça, la solution. En faire le minimum.
Il y a plusieurs années, je pensais que la raison principale était budgétaire, la moindre hausse revenant très cher. Mais le cadeau fait aux soignants et les diverses primes accordées prouvent que c'est une question plus complexe. Peut-être qu'on n'a pas été assez combatif sur le sujet, qu'on est trop divisés (trop de différences de situations entre le Prag, l'agrégé, le certifié et le prof des écoles), qu'on a une image négative... peut-être aussi qu'on juge notre boulot trop mauvais ou que le but est de nous remplacer par des contractuels, qu'on est formaté pour subir ou culpabiliser, que l'argent ne nous intéresse pas, n'empêche que la conclusion est terrible: il n'y a rien à espérer. C'est à chacun de se débrouiller: devenir PP, prendre des HSA, s'occuper d'ateliers le midi, animer l'aide aux devoirs...quitte à sacrifier un peu les cours ou à remplir son emploi du temps. Pour les plus doués et les plus bosseurs, il y a bien l'agrégation mais elle restera une réponse individuelle à un problème collectif et c'est sans parler du fait qu'elle n'est pas si bien rémunérée par comparaison avec les catégories de fonctionnaires de même rang. En tout cas, elle libère du temps libre. Se payer en temps libre, c'est peut-être ça, la solution. En faire le minimum.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- HORAHabitué du forum
Leclochard a écrit:Ce qui me frappe, c'est la constance avec laquelle les gouvernements les uns après les autres refusent de nous augmenter significativement. Et que quand cela a lieu, c'est en trompe-l'oeil (on monte le traitement des plus jeunes pour éviter qu'ils se retrouvent au smic ou on prend à ceux qui progressent le plus pour lisser les carrières de tous (PPCR).
Il y a plusieurs années, je pensais que la raison principale était budgétaire, la moindre hausse revenant très cher. Mais le cadeau fait aux soignants et les diverses primes accordées prouvent que c'est une question plus complexe. Peut-être qu'on n'a pas été assez combatif sur le sujet, qu'on est trop divisés (trop de différences de situations entre le Prag, l'agrégé, le certifié et le prof des écoles), qu'on a une image négative... peut-être aussi qu'on juge notre boulot trop mauvais ou que le but est de nous remplacer par des contractuels, qu'on est formaté pour subir ou culpabiliser, que l'argent ne nous intéresse pas, n'empêche que la conclusion est terrible: il n'y a rien à espérer. C'est à chacun de se débrouiller: devenir PP, prendre des HSA, s'occuper d'ateliers le midi, animer l'aide aux devoirs...qui à sacrifier un peu les cours ou à remplir son emploi du temps. Pour les plus doués et les plus bosseurs, il y a bien l'agrégation mais elle restera une réponse individuelle à un problème collectif et c'est sans parler du fait qu'elle n'est pas si bien rémunérée par comparaison avec les catégories de fonctionnaires de même rang. En tout cas, elle libère du temps libre. Se payer en temps libre, c'est peut-être ça, la solution. En faire le minimum.
Je partage toutes tes réflexions, ainsi que la "solution" que tu proposes à la fin de ton message.
Pour la partie que j'ai graissée, je pense qu'elle renferme la source de tous nos maux : de par son histoire, la France a placé beaucoup d'espoirs dans l'Ecole pour réaliser son idéal d'égalité, ou tout du moins d'abolition des inégalités sociales. En soi, c'est évidemment une très belle ambition, et sans abuser des trémolos, notre pays peut se glorifier de vouloir atteindre cet horizon. Mais... il y a eu le télescopage avec la réalité et la phase historique de retour mondial à un libéralisme débridé. Dans un contexte néo libéral d'explosion automatique des inégalités socio-économiques, les politiques ont eu à gérer des contradictions énormes : comment concilier la situation de montée des inégalités avec l'idéal d'égalité ? Solution ? Les enseignants. Ce sont eux qui forment les générations qui s'apprêtent à prendre en pleine poire les dégâts de la nouvelle politique économique, ce sont eux qui vont devoir se débrouiller pour faire croire que tout ça se réalise à égalité constante. Bien entendu, c'est impossible, mais ce n'est pas grave puisque la parade de les désigner comme responsables de l'échec marchera toujours. Ils vont même intérioriser la culpabilité, hihihi.
Bilan : les enseignants ne peuvent pas accomplir la mission impossible qui leur est confiée, souffrances multiples et diverses sur le plan individuel, affaiblissement sans précédent de leur position sociale sur le plan collectif.
- Dame JouanneÉrudit
Je suis d'accord avec tout ce qui est dit.HORA a écrit:Leclochard a écrit:Ce qui me frappe, c'est la constance avec laquelle les gouvernements les uns après les autres refusent de nous augmenter significativement. Et que quand cela a lieu, c'est en trompe-l'oeil (on monte le traitement des plus jeunes pour éviter qu'ils se retrouvent au smic ou on prend à ceux qui progressent le plus pour lisser les carrières de tous (PPCR).
Il y a plusieurs années, je pensais que la raison principale était budgétaire, la moindre hausse revenant très cher. Mais le cadeau fait aux soignants et les diverses primes accordées prouvent que c'est une question plus complexe. Peut-être qu'on n'a pas été assez combatif sur le sujet, qu'on est trop divisés (trop de différences de situations entre le Prag, l'agrégé, le certifié et le prof des écoles), qu'on a une image négative... peut-être aussi qu'on juge notre boulot trop mauvais ou que le but est de nous remplacer par des contractuels, qu'on est formaté pour subir ou culpabiliser, que l'argent ne nous intéresse pas, n'empêche que la conclusion est terrible: il n'y a rien à espérer. C'est à chacun de se débrouiller: devenir PP, prendre des HSA, s'occuper d'ateliers le midi, animer l'aide aux devoirs...qui à sacrifier un peu les cours ou à remplir son emploi du temps. Pour les plus doués et les plus bosseurs, il y a bien l'agrégation mais elle restera une réponse individuelle à un problème collectif et c'est sans parler du fait qu'elle n'est pas si bien rémunérée par comparaison avec les catégories de fonctionnaires de même rang. En tout cas, elle libère du temps libre. Se payer en temps libre, c'est peut-être ça, la solution. En faire le minimum.
Je partage toutes tes réflexions, ainsi que la "solution" que tu proposes à la fin de ton message.
Pour la partie que j'ai graissée, je pense qu'elle renferme la source de tous nos maux : de par son histoire, la France a placé beaucoup d'espoirs dans l'Ecole pour réaliser son idéal d'égalité, ou tout du moins d'abolition des inégalités sociales. En soi, c'est évidemment une très belle ambition, et sans abuser des trémolos, notre pays peut se glorifier de vouloir atteindre cet horizon. Mais... il y a eu le télescopage avec la réalité et la phase historique de retour mondial à un libéralisme débridé. Dans un contexte néo libéral d'explosion automatique des inégalités socio-économiques, les politiques ont eu à gérer des contradictions énormes : comment concilier la situation de montée des inégalités avec l'idéal d'égalité ? Solution ? Les enseignants. Ce sont eux qui forment les générations qui s'apprêtent à prendre en pleine poire les dégâts de la nouvelle politique économique, ce sont eux qui vont devoir se débrouiller pour faire croire que tout ça se réalise à égalité constante. Bien entendu, c'est impossible, mais ce n'est pas grave puisque la parade de les désigner comme responsables de l'échec marchera toujours. Ils vont même intérioriser la culpabilité, hihihi.
Bilan : les enseignants ne peuvent pas accomplir la mission impossible qui leur est confiée, souffrances multiples et diverses sur le plan individuel, affaiblissement sans précédent de leur position sociale sur le plan collectif.
Je pense également qu'une des stratégie est de remplacer à terme une bonne moitié des enseignants par des contractuels : une main d’œuvre plus souple et modulable, peut être peu qualifiée mais il suffit d' écouter la sortie de la porte parole du gouvernement sur les fraises pour comprendre où l'ensemble de la classe politique classe déjà nos compétences : au niveau d'un cueilleur de fraise. Le fait qu'elle ait cité notre profession et pas une autre n'est pas anodin à mon avis. Je suis persuadée que dans l'esprit de nos décideurs c'est un métier qui, jusqu'au bac, ne nécessite pas de qualification poussée pour éduquer les masses et peut être assuré par un étudiant ou un chômeur dont le domaine de qualification est proche de la matière à enseigner. Les parents qui voudront mieux pour leurs enfants les inscriront dans le privé (c'est déjà largement le cas ).
Certains rectorats ont mis en place des formations pour les vacataires : des formations peu chères, assurées en partie par des professeurs en exercice et qui assurent que le minimum de qualification est acquis.
- CeladonDemi-dieu
Consignes OCDE appliquées à la lettre.
- LefterisEsprit sacré
Idem pour moi. La réforme du collège m’a littéralement coupé les jambes. Je la paie au quotidien, et je ne vois pas pourquoi ,alors que je suis interdit de faire mon métier et que ce qui en reste a été fortement dégradé. Ne parlons même pas des avanies subies depuis. Comme toi je suis au CA parce que ça ne se bouscule pas, et surtout si on manque d’enseignants, on perd à chaque fois dans les conseils de discipline. Je sens un frémissement quand même depuis cette année : difficulté de trouver les PP, plus de grévistes pour la réforme des retraites, un peu moins de projets. Certains commencent à comprendre, mais c’est encore insuffisant, il y a trop de monde qui se fait une fierté de « monter » son petit projet et de l’exhiber.ZeSandman a écrit:henriette a écrit:Pour ma part, la coupe est pleine. Pour la 1ère fois depuis... je ne sais même plus depuis quand ! j'ai refusé d'être PP l'an prochain, et je ne reconduis pas non plus le très gros projet que nous faisions depuis 10 ans. Je ne me dévouerai pas non plus pour être au CA (chez nous, c'est la croix et la bannière chaque année pour réunir une seule malheureuse liste, et ce sont toujours les mêmes trop bons trop bêtes qui s'y collent).
On reparlera de cela le jour où on aura vraiment été augmenté. Autant dire que, parti comme c'est, je ne serai plus jamais PP ni au CA. :lol:
Je suis aussi en grève du zèle depuis la réforme du collège : pas de projet, de sortie ou de voyage, service minimum au cross, plus PP, pas d'épreuves communes.
Dans le collège où j'exerce, c'est comme pour toi très difficile de trouver assez de collègues pour avoir une liste complète à présenter au CA. Certains finissent par prêter leur nom mais refusent d'être titulaires dans aucune des instances.
Toutefois je fais une exception dans ma participation en tant que titulaire car il peut s'y décider beaucoup de choses, dont certaines mauvaises idées qui pourraient venir polluer l'exercice de mon métier tel que je le conçois. Siéger au CA ou encore au CHSCT permet selon moi de défendre la liberté pédagogique, qui s'y prend souvent des petits coups de canif.
Voire même des gros.
Ce qui va se produire, très prochainement, c’est la « francetélécomisation » du métier, avec nouveau statut des entrants, contractualisation renforcée. Ce sera une dégradation globale, qui n’a pas pour but simultanément d’améliorer le sort des gens déjà en place, vus comme un coût. Ca ne fonctionnera pas bien, la crise du recrutement actuelle, bien réelle, va s’aggraver, augmentant les inégalités territoriales là où personne ne voudra aller, vu comme il est déjà difficile de trouver un remplaçant dans les endroits pourris et baissant le niveau des enseignants. Qui voudra se lancer dans des études longues pour faire un boulot mal payé et de surcroît précaire ? Qui étudiera certaines disciplines qui mènent essentiellement à l’EN ? On le voit déjà avec la désertion des concours, et on imagine facilement ce que ça va donner. C’est là qu’interviennent les fameuses « compétences » qui permettront de recruter provisoirement à peu près n’importe qui, validées à la hâte, comme dans certains pays. Les décideurs le savent pertinemment, mais continuent.HORA a écrit:Celadon a écrit:Je crois que tu fais erreur, Hora, ce n'est pas parce que tu deviendras précaire que tu cesseras de donner de ton temps. J'aurais même tendance à dire "au contraire". Non seulement tu seras sous-payé (et autrement qu'aujourd'hui) mais tu feras des hs gratuites au bon vouloir de ton boss si tu veux garder ton boulot. On comprend quel bel avenir ont l'instruction et la culture.
J'aurais dû préciser : on sera exploités jusqu'au trognon, mais ce ne sera plus (peut-être) la foi chevillée à la bonne conscience de celui qui oeuvre pour le Bien.
Blague à part, je suis complètement désabusée, je n'y crois plus du tout ; notre traitement ne va cesser de baisser, à mesure que notre fonction de défouloir pour toute la société ne cessera de s'intensifier, c'est politiquement programmé. Bon. Mais au moins que cela se fasse en toute conscience de ceux qui vont le subir, qu'on arrête de s'autoglorifier pour tout le travail fourni gratos.
Pourquoi alors cette casse délibérée, connue? Parce que dans la société qui se profile, le savoir est considéré comme inutile en soi, et l’idéologie mondialiste répercutée sur l’UE depuis le processus de Lisbonne, la Table ronde des Entrepreneurs considère que l’école ne doit servir qu’à l’économie, et que dans ce contexte 80% de la population n’a pas besoin d’un haut niveau d’instruction, mais de savoirs pratiques, de « compétences » adaptables à un marché du travail souvent peu qualifié dans les services. Cette théorie a été relayée par notre propre commissaire européen Pascal Lamy. Il s’agit d’un virage lof pur lof qui tourne le dos à la conception de l’école républicaine à la française, et cette destruction est conscient. Au passage, on n’a plus besoin des enseignants, sur lesquels on peut économiser via la dégradation de leur condition. Toutes les pièces du puzzle existent, il ne reste plus qu’à les mettre peu à peu en place : « fin de la société des statuts » ; « on ne sera plus enseignant toute sa vie » ; idéologie du « pratique » dont nous avons été longuement bassinés ; « les disciplines sont secondaires » (entendu même à l’IUFM) ; culte du numérique, dont certains voudraient qu’ils remplacent les cours. Etc., liste à compléter, faits à l’appui.
Un peu de tout ce que tu énumères est cause de la déchéance des enseignants, mais j’y ajoute la perte chez ceux-ci de la culture générale historique et sociale, et la mentalité de dames patronnesses (dans la mentalité, mais sans le pognon) digne de l’époque des congrégations. La culpabilité est apparemment distillée de manière subtile chez les nouveaux enseignants par tout un réseau de codes très subtils, y compris venant de « syndicats » porteurs de la théorie (idiote) du « métier pas comme les autres », qui se rapprocherait du sacerdoce. Et savamment entretenue par « l’encadrement », qui ne perd pas le nord, pas plus que les décideurs qui ont pour philosophie de graisser ceux qui sont là pour surveiller et « manager ». Comme dans le privé chéri de nos idéologues. Dans le plus grand silence, les CDE qui ont vu les deux classes fusionner, les primes des DASEN ont augmenté, celle des IPR aussi , et même les IEN ont eu leur bout de gras, puisque leur vieille revendication d’avoir les mêmes indices que les IPR a été récemment accordée pour mieux appliquer le fouet à ces malheureux PE. Le sacerdoce, ça reste pour la piétaille, qui n’a pas eu la bonne idée ou l’envie de faire autre chose et de cesser de culpabiliser. Les traitements, passés sous la barre de la catégorie B, deviennent en effet indécents . Je ne parle pas pour moi qui fais partie peut-être des 5%, à la louche, les mieux payés ( tout en restant en deçà d’un vrai traitement de catégorie A en milieu de carrière) mais je vois des collègues vivant chichement et surtout avec l’accumulation des tâches, gratuites, c’est se moquer du monde.Leclochard a écrit:Ce qui me frappe, c'est la constance avec laquelle les gouvernements les uns après les autres refusent de nous augmenter significativement. Et que quand cela a lieu, c'est en trompe-l'oeil (on monte le traitement des plus jeunes pour éviter qu'ils se retrouvent au smic ou on prend à ceux qui progressent le plus pour lisser les carrières de tous (PPCR).
Il y a plusieurs années, je pensais que la raison principale était budgétaire, la moindre hausse revenant très cher. Mais le cadeau fait aux soignants et les diverses primes accordées prouvent que c'est une question plus complexe. Peut-être qu'on n'a pas été assez combatif sur le sujet, qu'on est trop divisés (trop de différences de situations entre le Prag, l'agrégé, le certifié et le prof des écoles), qu'on a une image négative... peut-être aussi qu'on juge notre boulot trop mauvais ou que le but est de nous remplacer par des contractuels, qu'on est formaté pour subir ou culpabiliser, que l'argent ne nous intéresse pas, n'empêche que la conclusion est terrible: il n'y a rien à espérer. C'est à chacun de se débrouiller: devenir PP, prendre des HSA, s'occuper d'ateliers le midi, animer l'aide aux devoirs...quitte à sacrifier un peu les cours ou à remplir son emploi du temps. Pour les plus doués et les plus bosseurs, il y a bien l'agrégation mais elle restera une réponse individuelle à un problème collectif et c'est sans parler du fait qu'elle n'est pas si bien rémunérée par comparaison avec les catégories de fonctionnaires de même rang. En tout cas, elle libère du temps libre. Se payer en temps libre, c'est peut-être ça, la solution. En faire le minimum.
Il faut donc se payer en temps, c’est-à-dire travailler normalement. Même en ayant jeté par-dessus bord toute activité extra-pro, je n’ai pas l’impression de chômer, et je sors fatigué du boulot. Il est vrai que je donne aussi de l’énergie pour le syndicat (là, en vacances, je prépare des recours pour des collègues), mais ça aussi j’ai presque envie de tout plaquer quand je lis des propos de passagers clandestins et profiteurs comme sur ce fil. Et dans ce qui reste, finalement, je fais mon vrai métier de professeur : je lis, je m’instruis. Ce qui est absolument impossible quand on se surcharge d’agitations diverses. Plein de professeurs ne lisent pas, ou peu, même en lettres …
Sinon, le PPCR apparaît maintenant pour ce qu’il est même chez les collègues les plus lents à se réveiller. Cela participe aussi du frémissement, même insuffisant, dont je parle plus haut.
Après, je ne jette pas la pierre à ceux qui survivent en faisant des devoirs faits, prennent la fonction de PP pour arrondir les fins de mois. Pour vivre comme moi, il faut ne rien demander , ne rien attendre, et pouvoir se le permettre. J’habite à 5 mn à vélo, 10 mn à pied, j’esquive ainsi les pires contraintes, y compris les trous énormes d’EDT, je ne réclame pas d’HS, ne suis pas PP, ne fais plus de « projets »… Je ne mange jamais à la cantine, et ça mine de rien, c’est énorme, on coupe, on ne baigne pas dans les ragots, les histoires d’élèves. L’art de vivre dans l’EN s’apprend aussi…
Bon, je n'ai du réseau du fond de ma retraite que pour recevoir une alerte concernant ce fil déprimant :decu:
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- HORAHabitué du forum
Lefteris a écrit:
Pourquoi alors cette casse délibérée, connue? Parce que dans la société qui se profile, le savoir est considéré comme inutile en soi, et l’idéologie mondialiste répercutée sur l’UE depuis le processus de Lisbonne, la Table ronde des Entrepreneurs considère que l’école ne doit servir qu’à l’économie, et que dans ce contexte 80% de la population n’a pas besoin d’un haut niveau d’instruction, mais de savoirs pratiques, de « compétences » adaptables à un marché du travail souvent peu qualifié dans les services. Cette théorie a été relayée par notre propre commissaire européen Pascal Lamy. Il s’agit d’un virage lof pur lof qui tourne le dos à la conception de l’école républicaine à la française, et cette destruction est conscient. Au passage, on n’a plus besoin des enseignants, sur lesquels on peut économiser via la dégradation de leur condition. Toutes les pièces du puzzle existent, il ne reste plus qu’à les mettre peu à peu en place : « fin de la société des statuts » ; « on ne sera plus enseignant toute sa vie » ; idéologie du « pratique » dont nous avons été longuement bassinés ; « les disciplines sont secondaires » (entendu même à l’IUFM) ; culte du numérique, dont certains voudraient qu’ils remplacent les cours. Etc., liste à compléter, faits à l’appui. [...]
Bon, je n'ai du réseau du fond de ma retraite que pour recevoir une alerte concernant ce fil déprimant :decu:
Hello @Lefteris, chuis trop contente de pouvoir déclencher une p'tite alerte bien plombante
Effectivement la tendance de fond désormais des agences de gouvernement, et qui n'est que la conséquence logique de l'idéologie libérale, c'est le mépris de classe parfaitement assumé (cf les analyses d' E. Todd), ce qui induit chez une minorité la conviction de faire partie d'une élite supérieure bientôt secondée dans ses supérieures aspirations par l'intelligence artificielle, et vouée à diriger une masse de gueux, puérile dans le meilleur des cas, ou/et dangereuse ou/et inutile.
C'est déprimant. Mais si déjà on pouvait cesser de s'aveugler sur la situation et ne pas tomber dans les pièges du management... Non, ce n'est pas parce qu'on monte un projet bénévolement dans le cadre de son métier hyper mal payé qu'on est un bon professionnel, on est surtout un dindon de la farce.
- Graisse-BoulonsNiveau 10
Ramanujan974 a écrit:
On économise pendant 1 ou 2 ans de quoi tenir au moins 3-4 mois de grève, de la rentrée de septembre à Noël
- On économise quoi? Pour la majorité a la fon du mois il reste "0"..( Nos agriculteurs diraient " on gagne 0", des journalites enverraient ça au 20h et hop...mais pour nous c'est pas pareil...-fin de ma petite colère-);
- En suite pour réserver les acquis aux seuls syndiqués il fait des acquis...
- Pour le comportement individualiste: oui, bien sûr, en l'absence de revendications corporatistes lors des batailles, les gens oublient qu'ils peuvent faire bloc avec les autres profs...ils se voient proposer de faire cause commune avec de lointains cousins qui leurs jurent alliance, soutient mais qui intriguent discrêtement pour eux mêmes...et leur réussite est flagrante...alors oui, le prof préfère souvent rester un peu .seul...
Rmq: vous avez vu plus haut : nos camarades de Bercy refusent de nous montrer leurs fiches de paye...pourtant cat A, c'est catA...non?...ah bon.
- LeclochardEmpereur
Coucou Lefteris,
Tout ça est assez déprimant. Quelques réflexions:
- j'ai parlé de faire le minimum, c'est une façon de se protéger. Ne rien attendre, c'est une façon de ne pas être déçu. Mais remarque bien que depuis 2018, je crois, on peut nous imposer deux hsa. Le Diable a toujours un coup d'avance.
- Plus les années passent, plus je note que les mauvaises nouvelles s'accumulent. Quand on nous offre quelque chose, c'est qu'on nous le prend ailleurs. La première fois, c'est l'année où j'ai débuté: les vacances de Toussaint étaient rallongées. Super ! deux semaines au lieu de dix jours... évidemment, ce temps était pris sur le reste de l'année. Souvenez-vous de votre adolescence: on commençait l'année vers le 8 ou 10 septembre. Désormais, c'est plutôt le 31 août, chose inconcevable il y a peu: la première fois, il y a même eu une grève sur le sujet.
Parfois, on se f... carrément de nous: jusqu'en 2014, l'indemnité des tuteurs atteignait 2000 euros. Puis on l'a rabotée de 40%... Sans doute était-elle un peu trop grasse pour nous. Les enseignants sont plutôt habitués à des petits chiffres ronds: 100 euros/mois. 1200 euros....
- Paradoxe de la lecture qui recule en tant que "pratique ordinaire" et qu'on promeut à coup de dispositifs officiels (voir le quart d'heure de lecture et les improbables déclinaisons du B.O). Je crois aussi que pas mal de collègues ne lisent plus guère, si on entend par lecture l'activité qui consiste à s'engager dans une oeuvre. Oui, car il faut le dire: feuilleter le Piscou magazine ou le Chasseur Français, c'est considéré comme de la lecture ! Ne riez pas.
Tout cela dans un contexte où les programmes ont changé subtilement: il faut avoir de la mémoire et avoir vécu assez longtemps pour savoir ce qu'on étudiait il y a vingt - trente ans et voir ce qu'on étudie aujourd'hui. Disparus Sylvie, Germinal, L'Assommoir, dernièrement, les lettres de Mme de Sévigné, -un crève-coeur pour moi.. Renoncements, lâchetés, bienveillance ?
- tu as raison de rappeler ceci: on refuse aux enseignants des augmentations qu'on attribue généreusement à d'autres catégories (Dasen, Ipr etc). C'en est humiliant.
Tout ça est assez déprimant. Quelques réflexions:
- j'ai parlé de faire le minimum, c'est une façon de se protéger. Ne rien attendre, c'est une façon de ne pas être déçu. Mais remarque bien que depuis 2018, je crois, on peut nous imposer deux hsa. Le Diable a toujours un coup d'avance.
- Plus les années passent, plus je note que les mauvaises nouvelles s'accumulent. Quand on nous offre quelque chose, c'est qu'on nous le prend ailleurs. La première fois, c'est l'année où j'ai débuté: les vacances de Toussaint étaient rallongées. Super ! deux semaines au lieu de dix jours... évidemment, ce temps était pris sur le reste de l'année. Souvenez-vous de votre adolescence: on commençait l'année vers le 8 ou 10 septembre. Désormais, c'est plutôt le 31 août, chose inconcevable il y a peu: la première fois, il y a même eu une grève sur le sujet.
Parfois, on se f... carrément de nous: jusqu'en 2014, l'indemnité des tuteurs atteignait 2000 euros. Puis on l'a rabotée de 40%... Sans doute était-elle un peu trop grasse pour nous. Les enseignants sont plutôt habitués à des petits chiffres ronds: 100 euros/mois. 1200 euros....
- Paradoxe de la lecture qui recule en tant que "pratique ordinaire" et qu'on promeut à coup de dispositifs officiels (voir le quart d'heure de lecture et les improbables déclinaisons du B.O). Je crois aussi que pas mal de collègues ne lisent plus guère, si on entend par lecture l'activité qui consiste à s'engager dans une oeuvre. Oui, car il faut le dire: feuilleter le Piscou magazine ou le Chasseur Français, c'est considéré comme de la lecture ! Ne riez pas.
Tout cela dans un contexte où les programmes ont changé subtilement: il faut avoir de la mémoire et avoir vécu assez longtemps pour savoir ce qu'on étudiait il y a vingt - trente ans et voir ce qu'on étudie aujourd'hui. Disparus Sylvie, Germinal, L'Assommoir, dernièrement, les lettres de Mme de Sévigné, -un crève-coeur pour moi.. Renoncements, lâchetés, bienveillance ?
- tu as raison de rappeler ceci: on refuse aux enseignants des augmentations qu'on attribue généreusement à d'autres catégories (Dasen, Ipr etc). C'en est humiliant.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- angelxxxÉrudit
Je tiens quand même à dire que se prendre deux vrais mois de vacances ne veut pas forcément dire qu'on va mal faire son travail.
Mes cours me conviennent très bien, je ne vais pas m'amuser à tout refaire pour le plaisir pendant les grandes vacances.
Mes cours me conviennent très bien, je ne vais pas m'amuser à tout refaire pour le plaisir pendant les grandes vacances.
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"La lumière pense voyager plus vite que quoi que ce soit d'autre, mais c'est faux. Peu importe à quelle vitesse voyage la lumière, l'obscurité arrive toujours la première, et elle l'attend. Terry Pratchett."
- LefterisEsprit sacré
Je ne sais pas si tu es la coupable de l'alerte.Je me connecte peu, mon wifi vacille, et plusieurs notificatins me sont arrivées sur ce joyeux fil déterré.D'habitude, les sujets pénibles, c'est de mon ressort, comme me l'avait reproché un membre naguère :diable: Pour les projets, je les crois non seulement inutiles,mais aussi inintéressants et néfastes. Ils prennent sur le temps d'étude des élèves et sur celui des enseignants , tout en pompant une énergie et une mobilisation intellectuelle qui serait mieux placée ailleurs. Quant au management, bras armé de l'idéologie néolibérale (même étymologie que "manier", et sens proche) j'en connais bien les ficelles (et la phraséologie) et il ne passe pas par moi, mais plein d'enseignants tombent dans le panneau. Les fessées que certains se prennent au PPCR, qui juge pourtant l'enseignant sur tout l'extra-pro, vont en aider certains à se réveiller.HORA a écrit:Hello @Lefteris, chuis trop contente de pouvoir déclencher une p'tite alerte bien plombante
Effectivement la tendance de fond désormais des agences de gouvernement, et qui n'est que la conséquence logique de l'idéologie libérale, c'est le mépris de classe parfaitement assumé (cf les analyses d' E. Todd), ce qui induit chez une minorité la conviction de faire partie d'une élite supérieure bientôt secondée dans ses supérieures aspirations par l'intelligence artificielle, et vouée à diriger une masse de gueux, puérile dans le meilleur des cas, ou/et dangereuse ou/et inutile.
C'est déprimant. Mais si déjà on pouvait cesser de s'aveugler sur la situation et ne pas tomber dans les pièges du management... Non, ce n'est pas parce qu'on monte un projet bénévolement dans le cadre de son métier hyper mal payé qu'on est un bon professionnel, on est surtout un dindon de la farce.
C'est ça.Chaque année, on se demande quelle dégradation, quel coup de poignard dans le dos on va se prendre : réforme du collège, du lycée, des statuts, perte de telle indemnité, ajout de telle ou telle corvée, heures supp obligatoires (qui combinées avec la réduction des heures/élèves permettent d'infliger une classe de plus...). Pour la lecture, il suffit de regarder les programmes : du moment que tu étudies une notion sociétale, tout texte fait l'affaire, de l'article de journal à la littérature jeunesse en passant par les pensées philosophiques de tel histrion du show-biz. Avec un peu de bagages, tu te débrouilles à mettre des textes littéraires patrimoniaux, mais en poussant le système jusque dans ses conséquences les plus absurdes, tu peux traverser le collège sans en avoir lu un seul extrait. Des esprits chagrins diront que je vois le mal partout, mais ça contribue au déclassement, n'importe qui pourra remplacer un professeur de lettres et étudier un extrait de la vie d'Hervé Vilard, comme le proposait un pédagogiste. Pour Madame de Sévigné, on repassera. De toute manière elle emploie des mots qu'on comprend pas pour dire des choses qui servent à rien. Quant aux rémunérations des "encadrants", ces gens ont un niveau social à maintenir, pas toi. Il s'agit surtout, en bonne idéologie managériale, de détacher les intérêts des uns et des autres et de ne pas leur donner des motifs de mécontentement qui pourraient les pousser à faire cause commune.Leclochard a écrit:Coucou Lefteris,
Tout ça est assez déprimant. Quelques réflexions:
- j'ai parlé de faire le minimum, c'est une façon de se protéger. Ne rien attendre, c'est une façon de ne pas être déçu. Mais remarque bien que depuis 2018, je crois, on peut nous imposer deux hsa. Le Diable a toujours un coup d'avance.
- Plus les années passent, plus je note que les mauvaises nouvelles s'accumulent. Quand on nous offre quelque chose, c'est qu'on nous le prend ailleurs. La première fois, c'est l'année où j'ai débuté: les vacances de Toussaint étaient rallongées. Super ! deux semaines au lieu de dix jours... évidemment, ce temps était pris sur le reste de l'année. Souvenez-vous de votre adolescence: on commençait l'année vers le 8 ou 10 septembre. Désormais, c'est plutôt le 31 août, chose inconcevable il y a peu: la première fois, il y a même eu une grève sur le sujet.
Parfois, on se f... carrément de nous: jusqu'en 2014, l'indemnité des tuteurs atteignait 2000 euros. Puis on l'a rabotée de 40%... Sans doute était-elle un peu trop grasse pour nous. Les enseignants sont plutôt habitués à des petits chiffres ronds: 100 euros/mois. 1200 euros....
- Paradoxe de la lecture qui recule en tant que "pratique ordinaire" et qu'on promeut à coup de dispositifs officiels (voir le quart d'heure de lecture et les improbables déclinaisons du B.O). Je crois aussi que pas mal de collègues ne lisent plus guère, si on entend par lecture l'activité qui consiste à s'engager dans une oeuvre. Oui, car il faut le dire: feuilleter le Piscou magazine ou le Chasseur Français, c'est considéré comme de la lecture ! Ne riez pas.
Tout cela dans un contexte où les programmes ont changé subtilement: il faut avoir de la mémoire et avoir vécu assez longtemps pour savoir ce qu'on étudiait il y a vingt - trente ans et voir ce qu'on étudie aujourd'hui. Disparus Sylvie, Germinal, L'Assommoir, dernièrement, les lettres de Mme de Sévigné, -un crève-coeur pour moi.. Renoncements, lâchetés, bienveillance ?
- tu as raison de rappeler ceci: on refuse aux enseignants des augmentations qu'on attribue généreusement à d'autres catégories (Dasen, Ipr etc). C'en est humiliant.
Evidemment. Et de toute manière, au bout d'un moment, on a tellement de "stock" de cours préparés, réfléchis, qu'on peut changer au pied levé.Mais une vision doloriste, relayée par des enseignants eux-mêmes, voudrait qu'on souffre. C'est d'ailleurs à ça que sert la formation : faire passer un temps infini sur tout, déborder les stagiaires, leur manger leur temps, les épuiser (rapports, écrits réflexifs, plas de séquence rédigés et minutés, mémoire...).angelxxx a écrit:Je tiens quand même à dire que se prendre deux vrais mois de vacances ne veut pas forcément dire qu'on va mal faire son travail.
Mes cours me conviennent très bien, je ne vais pas m'amuser à tout refaire pour le plaisir pendant les grandes vacances.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- CathEnchanteur
C'est clair. Il nous faut une indemnité mensuelle et inconditionnelle de 1000 euros, le point d'indice, on s'en fout.Graisse-Boulons a écrit:Effectivement, arrêter déjà de faire des grèves pour le point d'indice de toute la fp alors que simultanément, les mêmes syndicats négocient ( et ont) des primes spécifiques, baranche par branche...non mais sérieux quoi...nigousse a écrit:C'est pourquoi nous devons arrêter de réclamer le dégel du point d'indice que nous sommes les SEULS à demander, ça rapporte des clopinettes ( une dizaine d'euros par mois à tout casser) et coûte des milliards. Les policiers, soignants, autres fonctionnaires... n'en parlent jamais mais savent négocier des primes, des augmentions catégorielles. Les policiers avaient déjà obtenu une prime de 150 euros par mois au début du mouvement des gilets jaunes et ont aussi obtenu de conserver le calcul du 1/5 pour leurs retraites ( réforme qui ne s'appliquera pas à eux non plus!). Pour moi il n'y a qu'une solution, augmenter l'ISOE que tout le monde touche ( pas la prime PP, tout le monde ne peut être PP, ce serait donc particulièrement injuste de n'augmenter que les PP, je suis dans un LP depuis 10 ans et les PP n'ont pas changé pour chaque classe depuis mon arrivée donc pour moi, qui en fait pourtant la demande, impossible d'y accéder. Je ne dis pas qu'à terme il ne faille pas augmenter cette prime mais n'augmenter que celle-là puis clamer que les profs ont été revalorisés serait profondément injuste).
Je pense que le poids des syndicats n'est pas l'explication majeure. Le rôle des soignants dans la crise sanitaire est indéniable et le gouvernement ne peut s'en exonérer aux yeux de l'opinion publique; pour les policiers, le pouvoir en a besoin ( en prévision des mouvements sociaux à réprimer à la rentrée notamment). Nous nous sommes les feignasses toujours en grève/maladie/vacances aux yeux du pékin moyen donc pour le gouvernement ça ne lui rapportera rien de nous revaloriser voire ça lui couterait, le brave contribuable ne voyant pas pourquoi il financerait des fainéants qui n'ont pas bossé depuis 6 mois!
Bref, je ne vois pas de solution à court terme ( ni a moyen ou long terme d'ailleurs), si quelqu'un est plus avisé...
- CathEnchanteur
Grève pendant toute la semaine de rentrée.Rwan a écrit:Perso je n'y crois absolument pas. Les grèves du BAC ont montré que le rapport de force est largement en faveur du ministère. Il faudrait faire bien plus que ça pour avoir un impact, or je pense que pour beaucoup, c'était déjà le grand maximum...HORA a écrit:Les profs prolétarisés, qui vont se révolter ?
Les voyages scolaires et tout ça, ça ne changera rien, vu que le rectorat en a pas grand chose à carrer. Le seul truc qui pourrait le faire plier, c'est la grève massive, même si
-> Au delà de 6e-5e les enfants peuvent se garder seul, ce qui limite l'impact du truc
-> On perdra la guerre de communication et les parents se retourneront contre nous.
Regardez, la SNCF n'a pas réussi, alors qu'elle a tenu sur la durée une grève monstrueuse. Alors que les effets de cette grève étaient beaucoup beaucoup plus gênant au quotidien. (le long terme, tout le monde s'en fout). Donc bon, pour avoir une chance de réussite, il faudrait faire école morte pendant au moins une semaine...
Tout le reste, grève du zèle etc... Honnêtement, je ne pense pas qu'il en ai quoi que ce soit à faire.
- A TuinVénérable
Moi ça m'arrive de faire des cours par plaisir mais ces vacances, ça suffira merci. Avec le bazar de cette fin d'année, pas envie...
- muonNiveau 6
Surtout quand je vois que mes terminales S , y compris ceux avec un niveau seconde en maths ou qui n'ont rien fait de l'année, viennent d'atteindre 100% de réussite au bac après le rattrapage . L'institution a-t-elle encore besoin de nous pour fonctionner? A quoi bon s'user la santé pour une reconnaissance nulle et le mépris?A Tuin a écrit:Moi ça m'arrive de faire des cours par plaisir mais ces vacances, ça suffira merci. Avec le bazar de cette fin d'année, pas envie...
- OxfordNeoprof expérimenté
Cath a écrit:
Grève pendant toute la semaine de rentrée.
Voilà !
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Tutti i ghjorna si n'impara.
- TiberiusNiveau 8
Et voilà. Vite fait chez les hospitaliers.
https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/s%C3%A9gur-de-la-sant%C3%A9-un-accord-sur-les-salaires-%C3%A0-l-h%C3%B4pital-est-valid%C3%A9-par-une-majorit%C3%A9-de-syndicats/ar-BB16BO7w?ocid=msedgntp
"24H après la signature de l'accord sur la revalorisation des personnels de santé, celui-ci vient d'être validé"
Et nous? Ou en sommes-nous avec notre observatoire de la rémunération?
N'est-il pas possible d'aller aussi vite?
https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/s%C3%A9gur-de-la-sant%C3%A9-un-accord-sur-les-salaires-%C3%A0-l-h%C3%B4pital-est-valid%C3%A9-par-une-majorit%C3%A9-de-syndicats/ar-BB16BO7w?ocid=msedgntp
"24H après la signature de l'accord sur la revalorisation des personnels de santé, celui-ci vient d'être validé"
Et nous? Ou en sommes-nous avec notre observatoire de la rémunération?
N'est-il pas possible d'aller aussi vite?
- LefterisEsprit sacré
Et grève à chaque rentrée, avec piquets et banderoles devant les établissements, pour bien montrer que c'est de la colère et non des vacances prolongées. Ce rituel obligerait la presse à en parler et à évoquer les conséquences de cette histoire de salaire : désertion des concours, manque d'enseignants, baisse du niveau...Cath a écrit:
Grève pendant toute la semaine de rentrée.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- nc33Niveau 10
Concernant la désertion des concours : le salaire inférieur à 2000 net pour un bac + 5 est inacceptable.
Cependant je ne négligerai par le repoussoir de la mutation loin de chez soi, avec le risque de se retrouver en RP en plus. Peut-être qu'avant cela passait mieux, mais maintenant le métier à une trop mauvaise image pour s'infliger tout cela, surtout quand on n'a pas la vocation de vouloir assurer le service public.
Cependant je ne négligerai par le repoussoir de la mutation loin de chez soi, avec le risque de se retrouver en RP en plus. Peut-être qu'avant cela passait mieux, mais maintenant le métier à une trop mauvaise image pour s'infliger tout cela, surtout quand on n'a pas la vocation de vouloir assurer le service public.
- zigmag17Guide spirituel
Classe de kékés cette année en term pro GA. En temps normal, on aurait parié sur 47% d'admis du premier coup (classe de la lose, ça arrive parfois), 15% de plus au rattrapage et voilà. La configuration de cette fin d'année leur a servi sur un plateau un diplôme en papier mâché dont ils ne seront capables d'honorer ni la finalité ni les exigences (bon courage pour trouver un employeur dans ces conditions: illettrés pour la plupart et je pèse mes mots, injurieux dans leurs propos... C'était une classe particulière et qu'elle ait conjugué tous ces manquements à ce point est rare heureusement mais c'est pour donner leur profil). A l'arrivée seuls trois sur trente n'ont pas le bac (et encore, parce que leurs périodes de stage n'ont pas été validées).
Conclusion (mais cela n'a rien d'une découverte): mascarade totale que notre profession.
La grève vous y croyez encore? Moi non, trop désabusée. Je continuerai à en faire par solidarité mais c'est une action trop gentillette pour être entendue, sauf à ce qu'elle soit massive et ancrée dans un temps long, ce qui est rare (a-t-on déjà vu tous les collèges et lycées de France paralysés au même moment pour porter des revendications? Là-haut au ministère on rigole bien fort, les enseignants acceptent tout)
Je vais tâcher de trouver une porte de sortie si je peux parce qu'en en parlant je me rends compte que ce n'est plus possible. Le courage que cela demande me paraît incommensurable mais décidément quelle misère que ce métier désormais...
En attendant j'"enseignerai" vaille que vaille mais j'ai l'espoir et la volonté de ne point terminer ma carrière dans cet effroyable gourbi qu'est devenue l'EN (le loto! Le loto!!! )
Conclusion (mais cela n'a rien d'une découverte): mascarade totale que notre profession.
La grève vous y croyez encore? Moi non, trop désabusée. Je continuerai à en faire par solidarité mais c'est une action trop gentillette pour être entendue, sauf à ce qu'elle soit massive et ancrée dans un temps long, ce qui est rare (a-t-on déjà vu tous les collèges et lycées de France paralysés au même moment pour porter des revendications? Là-haut au ministère on rigole bien fort, les enseignants acceptent tout)
Je vais tâcher de trouver une porte de sortie si je peux parce qu'en en parlant je me rends compte que ce n'est plus possible. Le courage que cela demande me paraît incommensurable mais décidément quelle misère que ce métier désormais...
En attendant j'"enseignerai" vaille que vaille mais j'ai l'espoir et la volonté de ne point terminer ma carrière dans cet effroyable gourbi qu'est devenue l'EN (le loto! Le loto!!! )
- ainahFidèle du forum
nc33 a écrit:Concernant la désertion des concours : le salaire inférieur à 2000 net pour un bac + 5 est inacceptable.
Cependant je ne négligerai par le repoussoir de la mutation loin de chez soi, avec le risque de se retrouver en RP en plus. Peut-être qu'avant cela passait mieux, mais maintenant le métier à une trop mauvaise image pour s'infliger tout cela, surtout quand on n'a pas la vocation de vouloir assurer le service public.
C’est d’autant plus dommage qu’il y a une part non négligeable de reconversions. Et cette mutation qui peut être un repoussoir en étant jeune devient une réelle catastrophe quand on a une famille à assumer.
Se retrouver mutée loin, avec enfants et conjoint qui ne peuvent pas bouger, à l’issue d’un effort considérable pour décrocher le concours et avec un salaire aussi bas, cela rend un peu amère (même si je m’attendais à tout cela...)
- LefterisEsprit sacré
Cette contrainte passe d'autant plus mal que le salaire est indécent. Le risque d'être dans un établissement difficile est de plus en plus grand et les potentiels postulants le savent, ils sont sortis du lycée récemment. Si l'on a des cousins ou neveux, des enfants de proches, parlons leur du sujet, juste pour rire (jaune). Je ne connais strictement personne dans les proches qui veuille devenir enseignant. Soit ils n'ont pas ou n'envisagent pas le niveau requis, soit ils l'ont mais ne veulent surtout pas "finir" ainsi. La seule que je connaisse qui ait pris cette voie a renoncé au dernier moment, après avoir vu le sort de camarades de fac juste un peu plus âgés, en voyant leur sort.nc33 a écrit:Concernant la désertion des concours : le salaire inférieur à 2000 net pour un bac + 5 est inacceptable.
Cependant je ne négligerai par le repoussoir de la mutation loin de chez soi, avec le risque de se retrouver en RP en plus. Peut-être qu'avant cela passait mieux, mais maintenant le métier à une trop mauvaise image pour s'infliger tout cela, surtout quand on n'a pas la vocation de vouloir assurer le service public.
D'autres administrations qui envoient les lauréats au nord de la Loire et même de la Seine ont bien moins de problèmes de recrutement. Moi-même, je me suis retrouvé à Paris, où je ne voulais pas spécialement aller, dans une autre vie mais le concours était plus prometteur. Avec une vraie carrière, pas un avenir de catégorie B pseudo A - et sans bifurcation possible- le métier pourrait attirer, mais là, c'est cuit. La destruction est en marche, et voulue comme j'en suis désormais absolument convaincu.
Les seules grèves qui auraient une chance d'être efficaces devraient être massives en effet et aux rentrées scolaires et examens. Une grève doit gêner, fortement gêner.La grève du bénévolat ( projets, de sorties..)que nous sommes de plus en plus nombreux à faire -jamais assez- pourrait porter si ce n'était pas une sorte de grève personnelle, chacun faisant de la résistance dans son coin, mais une action globale revendiquée, expliquée, et relayée.zigmag17 a écrit:
La grève vous y croyez encore? Moi non, trop désabusée. Je continuerai à en faire par solidarité mais c'est une action trop gentillette pour être entendue, sauf à ce qu'elle soit massive et ancrée dans un temps long, ce qui est rare (a-t-on déjà vu tous les collèges et lycées de France paralysés au même moment pour porter des revendications? Là-haut au ministère on rigole bien fort, les enseignants acceptent tout)
Je vais tâcher de trouver une porte de sortie si je peux parce qu'en en parlant je me rends compte que ce n'est plus possible. Le courage que cela demande me paraît incommensurable mais décidément quelle misère que ce métier désormais...
En attendant j'"enseignerai" vaille que vaille mais j'ai l'espoir et la volonté de ne point terminer ma carrière dans cet effroyable gourbi qu'est devenue l'EN (le loto! Le loto!!! )
Si l'on vient de la FP, le problème n'est pas la mutation, vu les points de reclassement.Mais encore une fois le salaire, même reclassé. Quelqu'un qui vient du privé paume tout, sauf si le conjoint est fonctionnaire. Démarrage échelon 1, et voyage en terre inhospitalière. Même dans la situation professionnelle plus que pénible où je me suis trouvé, j'ai renoncé une fois au bénéfice du concours. Je l'ai repassé quand ça devenait inextricable, mais vraiment faute de mieux, en me consolant justement avec la proximité géographique assurée, le fait d'être dans ma discipline (chose qui a disparu depuis) et la perspective de l'agreg comme lot de consolation (mais c'était aléatoire). Par contre, quand j'ai voulu faire le chemin inverse, impossible. Il faut aussi tenir compte du fait que ça devient vite un piège. Moi non plus, même sans illusions, je ne m'attendais pas à une telle situation, ni à une dégradation aussi rapide.ainah a écrit:
C’est d’autant plus dommage qu’il y a une part non négligeable de reconversions. Et cette mutation qui peut être un repoussoir en étant jeune devient une réelle catastrophe quand on a une famille à assumer.
Se retrouver mutée loin, avec enfants et conjoint qui ne peuvent pas bouger, à l’issue d’un effort considérable pour décrocher le concours et avec un salaire aussi bas, cela rend un peu amère (même si je m’attendais à tout cela...)
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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