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- AscagneGrand sage
@Laodice : La décision de démissionner doit en effet être mûrement réfléchie. Difficile de prendre de graves décisions quand on est en situation de dépression. Comme l'écrit @maldoror1, la dépression, c'est une maladie, ce n'est pas simplement de la déprime (je ne dis pas que la déprime, ce n'est rien, bien entendu).
C'est difficile à dire mais il faut faire la part des choses par rapport à la perception des élèves. Les personnes qui sont naturellement très sensibles, et les personnes qui dès leur enfance ont été placées (par les conditions, par l'histoire familiale) en situation de faire l'expérience des difficultés de la vie et de considérer celle-ci avec davantage de lucidité, sont facilement désarçonnées (au moins) par l’insouciance de leurs pairs (durant leur jeunesse) puis, si elles deviennent enseignantes, de leurs élèves. Il faut, sur ce point en particulier, ne pas avoir d'attente démesurée concernant les élèves. Distinguons les situations injustifiables, par exemple le comportement - malheureusement, du côté du comportement, la permissivité est dans l'air, et sans doute est-ce lié aux manières d'élever ou précisément de ne pas élever les enfants, dans les familles - du reste (l’insouciance de la plupart des élèves, mais les adultes ne sont pas en reste eux aussi de ce côté-là).
Malheureusement, il faut s'endurcir pour faire le métier, quoi que l'on pense de ce sujet. Il n'en reste pas moins qu'il n'est pas normal de voir les rapports s'inverser entre la classe et l'enseignant, entre les parents d'élèves et l'enseignant. Est-il logique d'attendre d'un groupe d'adolescents pas super bien éduqués qu'ils testent un enseignant ? Je le conçois. Mais la situation est-elle normale et l'enseignant doit-il composer avec elle toute l'année ? Ça, non !
J'ai vu en seulement deux ans une vaste panoplie de comportements ahurissants, durant les cours et même en dehors de ceux-ci. Ce qui me trouble, au-delà de la question éducative, c'est la perte monumentale de temps et d'argent public que cela représente, et l'écart gargantuesque de ce que l'on est capable de faire dans des classes avec un tel contexte comportemental, et dans des classes qui correspondent, pour moi, à une situation effective d'enseignement.
Cependant, on fait avec ce que l'on a. Le métier est d'autant plus difficile qu'on sent bien l'écart entre ce que l'on peut apporter dans l'absolu, ce que l'on peut apporter relativement aux circonstances, et ce que l'on pense personnellement de ce que l'on devrait apporter aux élèves. J'ai beaucoup souffert au début de cela. J'ai essayé de prendre des distances avec cela lors de la deuxième année, et ça m'a fait du bien.
C'est difficile à dire mais il faut faire la part des choses par rapport à la perception des élèves. Les personnes qui sont naturellement très sensibles, et les personnes qui dès leur enfance ont été placées (par les conditions, par l'histoire familiale) en situation de faire l'expérience des difficultés de la vie et de considérer celle-ci avec davantage de lucidité, sont facilement désarçonnées (au moins) par l’insouciance de leurs pairs (durant leur jeunesse) puis, si elles deviennent enseignantes, de leurs élèves. Il faut, sur ce point en particulier, ne pas avoir d'attente démesurée concernant les élèves. Distinguons les situations injustifiables, par exemple le comportement - malheureusement, du côté du comportement, la permissivité est dans l'air, et sans doute est-ce lié aux manières d'élever ou précisément de ne pas élever les enfants, dans les familles - du reste (l’insouciance de la plupart des élèves, mais les adultes ne sont pas en reste eux aussi de ce côté-là).
On se retrouve à gérer des phénomènes individuels ou de groupe qu'on n'arrive pas vraiment à juguler et qui deviennent trop facilement envahissants (pour la raison évoquée plus haut). Ils ont sans doute toujours existé, mais ce qui me trouble, c'est que j'ai vu des élèves terminer leur parcours du secondaire sans avoir dépassé ce stade-là... et des étudiants de licence ne pas être éloignés de ce genre d'attitude.Laodice a écrit:Il n'y a plus de limites. Tous les jours je suis testée, encore et encore, et tout le non-verbal est extrêmement violent aussi : regards noirs, sourires moqueurs, ils se parlent en m'ignorant si j'interviens, ils me tchipent, etc.
Malheureusement, il faut s'endurcir pour faire le métier, quoi que l'on pense de ce sujet. Il n'en reste pas moins qu'il n'est pas normal de voir les rapports s'inverser entre la classe et l'enseignant, entre les parents d'élèves et l'enseignant. Est-il logique d'attendre d'un groupe d'adolescents pas super bien éduqués qu'ils testent un enseignant ? Je le conçois. Mais la situation est-elle normale et l'enseignant doit-il composer avec elle toute l'année ? Ça, non !
J'ai vu en seulement deux ans une vaste panoplie de comportements ahurissants, durant les cours et même en dehors de ceux-ci. Ce qui me trouble, au-delà de la question éducative, c'est la perte monumentale de temps et d'argent public que cela représente, et l'écart gargantuesque de ce que l'on est capable de faire dans des classes avec un tel contexte comportemental, et dans des classes qui correspondent, pour moi, à une situation effective d'enseignement.
Cependant, on fait avec ce que l'on a. Le métier est d'autant plus difficile qu'on sent bien l'écart entre ce que l'on peut apporter dans l'absolu, ce que l'on peut apporter relativement aux circonstances, et ce que l'on pense personnellement de ce que l'on devrait apporter aux élèves. J'ai beaucoup souffert au début de cela. J'ai essayé de prendre des distances avec cela lors de la deuxième année, et ça m'a fait du bien.
- mariemathsNiveau 3
Bonjour,
Ton corps craque c'est normal vu tout ce que tu as porté, non ce n'est pas normal ce que tu subis . ( Et dire qu'on n'as pas de médecine du travail car ton cas relève de la médecine du travail ).
Pour l'heure, comme disent les collègues, il faut voir ton médecin traitant , si tu en as un qui te connais c'est encore mieux . Un arrêt immédiat long, (je n'ai eu qu'un passage dépressif durant ma carrière mais c'est mon médecin traitant qui l'a géré avec 2 ou 3 arrêts totalisant 3 mois ), mais tu prends aussi un rendez-vous chez un psychiatre compétent car eux sont plus à même de t'aider et te prolonger, et ont aidé plusieurs des collègues.
Bien sûr aussi obligatoirement en plus un psychologue qui t'aidera a y voir clair et à relâcher car tu découvres en fait une réalité très dure loin de tes fonctionnements.
Et puis je crois vers avril - mai , renseigne toi sur les dates limites, tu peux poser une demande de disponibilité d'un an minimum, ( cela ne t'empêche pas de participer au mouvement quand tu veux reprendre ) . Elle t'est obligatoirement (normalement) accordée et tu as le droit de travailler ailleurs pendant ce temps, et tu peux renouveler cette disponibilité sans pour autant démissionner . Cela te laisse du temps pour faire le point, prospecter autre chose etc...
Tu as aussi la possibilité de prospecter pour travailler en collège ou lycée privé, tu ne devrais pas y rencontrer ce type d'élèves . Les conditions de travail y sont souvent moins rudes, les traitements identiques, seule la retraite est celle du privé mais vu que la nôtre va sauter ...
Pour l'heure lâche la culpabilité, la honte qui pour moi ne sont que des mécanismes narcissiques et qui peuvent se déprogrammer, le psy t'aidera à relâcher tout cela et à te retrouver. Bon courage.
Ton corps craque c'est normal vu tout ce que tu as porté, non ce n'est pas normal ce que tu subis . ( Et dire qu'on n'as pas de médecine du travail car ton cas relève de la médecine du travail ).
Pour l'heure, comme disent les collègues, il faut voir ton médecin traitant , si tu en as un qui te connais c'est encore mieux . Un arrêt immédiat long, (je n'ai eu qu'un passage dépressif durant ma carrière mais c'est mon médecin traitant qui l'a géré avec 2 ou 3 arrêts totalisant 3 mois ), mais tu prends aussi un rendez-vous chez un psychiatre compétent car eux sont plus à même de t'aider et te prolonger, et ont aidé plusieurs des collègues.
Bien sûr aussi obligatoirement en plus un psychologue qui t'aidera a y voir clair et à relâcher car tu découvres en fait une réalité très dure loin de tes fonctionnements.
Et puis je crois vers avril - mai , renseigne toi sur les dates limites, tu peux poser une demande de disponibilité d'un an minimum, ( cela ne t'empêche pas de participer au mouvement quand tu veux reprendre ) . Elle t'est obligatoirement (normalement) accordée et tu as le droit de travailler ailleurs pendant ce temps, et tu peux renouveler cette disponibilité sans pour autant démissionner . Cela te laisse du temps pour faire le point, prospecter autre chose etc...
Tu as aussi la possibilité de prospecter pour travailler en collège ou lycée privé, tu ne devrais pas y rencontrer ce type d'élèves . Les conditions de travail y sont souvent moins rudes, les traitements identiques, seule la retraite est celle du privé mais vu que la nôtre va sauter ...
Pour l'heure lâche la culpabilité, la honte qui pour moi ne sont que des mécanismes narcissiques et qui peuvent se déprogrammer, le psy t'aidera à relâcher tout cela et à te retrouver. Bon courage.
- User7917Niveau 9
C'est très dur de lire tout cela, notamment quand on voit de jeunes collègues qui ont un parcours formidable et qui se retrouvent en détresse face à un métier pourtant passionnant. J'ai connu des moments de doute aussi face à des élèves provocateurs et des familles parfois désagréables mais je suis dans le privé sous contrat et c'est vrai qu'on ne peut pas mesurer l'écart qu'il y a entre nos établissements et les établissements publics en REP si on ne l'a pas vécu. Comme certains l'ont déjà dit, il faut avant tout se préserver et prendre du recul, s'évader dans des activités culturelles et sportives, voire se mettre en arrêt au besoin. Mais il faut patienter, ne pas démissionner tout de suite je pense. Car lorsque on trouve un équilibre dans un établissement, une équipe agréable, des élèves majoritairement motivés, curieux et plus "respectueux", avec le souci du savoir être, on se dit quand même que l'on fait un métier formidable et, ça, il ne faut jamais l'oublier. Je ne regrette pas d'être dans le privé pour cela, même si l'évolution de carrière est plus limitée puisqu'on ne peut pas enseigner en Fac en dehors des vacations, on ne peut pas passer certains concours comme celui d'inspecteur, ou prendre des fonctions au niveau académique (avec l'âge, on pense aussi à la reconversion ... mais les conditions de travail sont, je pense, véritablement plus sereines. Donc, courage, ne baissez pas les bras et occupez-vous de vous en priorité.
- JennyMédiateur
Bon courage.
Je pense aussi qu'un arrêt est judicieux. En REP particulièrement, il ne faut pas hésiter à s'arrêter quand ça ne va pas.
Tous les établissements ne seront pas aussi durs. Si tu es en poste fixe, la deuxième année sera plus facile. L'année de T1 est souvent rude, après ça ira mieux.
Je pense aussi qu'un arrêt est judicieux. En REP particulièrement, il ne faut pas hésiter à s'arrêter quand ça ne va pas.
Tous les établissements ne seront pas aussi durs. Si tu es en poste fixe, la deuxième année sera plus facile. L'année de T1 est souvent rude, après ça ira mieux.
- PointàlaligneExpert
J'espère que tu vas mieux Laodice et que tu prends soin de toi.
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