- User12958Niveau 5
Bonjour, comme je l'ai écrit dans mon post de présentation je suis un prof qui vient de démissionner. La dernière réforme du lycée a détruit l'Ecole à laquelle je croyais encore.
Une amie m'a mis en contact avec un collaborateur du journal Ballast - journal que je ne connaissais pas avant - et ce journal a publié un entretien où j'explique les raisons de la démission et ma vision de ce que Blanquer appelle l' "Ecole de la confiance".
Je n'ai pas encore le droit de poster un lien vers l'article sur ce forum, cependant vous le trouverez facilement en cherchant sur le Web "Ballast" et "quand-un-prof-demissionne".
Je ne sais pas si j'ai bien fait de partir de l'EN, je sais en revanche que j'ai suivi ma conscience. Je voulais témoigner de ce malaise.
Merci.
(edit) : un extrait de ma lettre de démission envoyée à la DRH de mon Rectorat. Ça ne sert trop à rien de leur dire, mais ça m'a fait du bien.
<< (...) la récente réforme de l’Education Nationale, baptisée hypocritement «Ecole de la confiance», va à l’encontre de mes valeurs et de mes convictions d’enseignant. L’évolution de notre institution est dictée par l’économie de moyens au lieu d’être inspirée par le soucis de transmettre, d’éduquer, de préparer l’avenir des jeunes générations. En restant en poste, en acceptant les nouvelles modalités de mon travail, en prenant en charge des élèves, je me rendrais complice de la casse du Service Public et d’une mascarade organisée, tout en acceptant d’être méprisé par l’institution, et je ne le veux à aucun prix.
Il s’agit d’un problème éthique, moral et intellectuel, que je résous en partant. Le navire de l’E.N. coule, permettez-moi de ne pas avoir l’âme d’un capitaine et de ne pas sombrer avec lui.
J’avais toujours dit à mes enfants que mon métier était passionnant, valorisant, utile. Il y a quelques jours, j’ai déconseillé à ma fille, qui me demandait comment être professeur d’Histoire, de devenir enseignant – ou alors à l’Université, qui semble encore à l’abri. Si j’en viens à déconseiller d’exercer ce qui m’est une vocation, il est temps d’en tirer des conclusions, si difficiles soient-elles à admettre.
Le Ministère et ses représentants me parlent de compétences, de projets, d’objectifs ; élève, puis étudiant, puis enseignant, j’ai toujours parlé de savoirs, de techniques et de culture. Nous ne pouvons plus nous comprendre. J’ai également beaucoup de mal à admettre que nos supérieurs hiérarchiques et nos inspecteurs soutiennent ouvertement l’actuelle réforme. Comment peuvent-ils abdiquer à ce point tout esprit critique, toute honnêteté, toute conscience ? >>
Une amie m'a mis en contact avec un collaborateur du journal Ballast - journal que je ne connaissais pas avant - et ce journal a publié un entretien où j'explique les raisons de la démission et ma vision de ce que Blanquer appelle l' "Ecole de la confiance".
Je n'ai pas encore le droit de poster un lien vers l'article sur ce forum, cependant vous le trouverez facilement en cherchant sur le Web "Ballast" et "quand-un-prof-demissionne".
Je ne sais pas si j'ai bien fait de partir de l'EN, je sais en revanche que j'ai suivi ma conscience. Je voulais témoigner de ce malaise.
Merci.
(edit) : un extrait de ma lettre de démission envoyée à la DRH de mon Rectorat. Ça ne sert trop à rien de leur dire, mais ça m'a fait du bien.
<< (...) la récente réforme de l’Education Nationale, baptisée hypocritement «Ecole de la confiance», va à l’encontre de mes valeurs et de mes convictions d’enseignant. L’évolution de notre institution est dictée par l’économie de moyens au lieu d’être inspirée par le soucis de transmettre, d’éduquer, de préparer l’avenir des jeunes générations. En restant en poste, en acceptant les nouvelles modalités de mon travail, en prenant en charge des élèves, je me rendrais complice de la casse du Service Public et d’une mascarade organisée, tout en acceptant d’être méprisé par l’institution, et je ne le veux à aucun prix.
Il s’agit d’un problème éthique, moral et intellectuel, que je résous en partant. Le navire de l’E.N. coule, permettez-moi de ne pas avoir l’âme d’un capitaine et de ne pas sombrer avec lui.
J’avais toujours dit à mes enfants que mon métier était passionnant, valorisant, utile. Il y a quelques jours, j’ai déconseillé à ma fille, qui me demandait comment être professeur d’Histoire, de devenir enseignant – ou alors à l’Université, qui semble encore à l’abri. Si j’en viens à déconseiller d’exercer ce qui m’est une vocation, il est temps d’en tirer des conclusions, si difficiles soient-elles à admettre.
Le Ministère et ses représentants me parlent de compétences, de projets, d’objectifs ; élève, puis étudiant, puis enseignant, j’ai toujours parlé de savoirs, de techniques et de culture. Nous ne pouvons plus nous comprendre. J’ai également beaucoup de mal à admettre que nos supérieurs hiérarchiques et nos inspecteurs soutiennent ouvertement l’actuelle réforme. Comment peuvent-ils abdiquer à ce point tout esprit critique, toute honnêteté, toute conscience ? >>
- CeladonDemi-dieu
Chapeau bas.
https://www.revue-ballast.fr/quand-un-prof-demissionne/
https://www.revue-ballast.fr/quand-un-prof-demissionne/
- glucheNiveau 10
J'ai lu l'article. Je partage tout ce qui y est écrit (même si je n'ai pas démissionné).
- Ajonc35Sage
D'accord du début à la fin du propos et si je n'étais si proche de la sortie, je m'interrogerais aussi. J'ai mal à l'enseignement en France, j'ai mal à l'enseignement au sein de mon ministère ( le maaf), j'ai mal au sein de mon lycée pro où le travail de sape s'aggrave d'année en annee. D'un côté on nous dit qu'il faut de bons professionnels et on nous parle meme d'excellence tandis que les exigences baissent. Recemment, lors d'une réunion, notre cde s'exprimait sur les réformes en cours et nous assurait de sa confiance car nous savions faire réussir les élèves, en témoignaient les résultats aux examens. Nous avons collectivement souri et sur la confiance qu'il nous accordait ( il ne nous aime pas ) et sur les résultats aux examens quand on connaît la pression pour valoriser même les mauvaises copies.
Il nous faut former de bons professionnels qui changeront de métier 5 ou 6 fois dans leur vie pro ( C'est le discours) mais avec moins de possibilités pour se reconvertir car les connaissances générales n'auront pas été valorisées, pire le discours est aujourd'hui qu'elles ne sont pas utiles ( sauf à s'orienter très pro).
Je ne lâche pas totalement prise mais je suis triste de cette fin de carrière, car parallèlement alors qu'ON demande aux enseignants d'être plus performants, de se remettre en cause, ne n'ai jamais eu aussi peu de formations et non seulement peu, mais ininteressantes et avec d'autres collègues nous préférerions mille fois être en cours.
Il nous faut former de bons professionnels qui changeront de métier 5 ou 6 fois dans leur vie pro ( C'est le discours) mais avec moins de possibilités pour se reconvertir car les connaissances générales n'auront pas été valorisées, pire le discours est aujourd'hui qu'elles ne sont pas utiles ( sauf à s'orienter très pro).
Je ne lâche pas totalement prise mais je suis triste de cette fin de carrière, car parallèlement alors qu'ON demande aux enseignants d'être plus performants, de se remettre en cause, ne n'ai jamais eu aussi peu de formations et non seulement peu, mais ininteressantes et avec d'autres collègues nous préférerions mille fois être en cours.
- *Ombre*Grand sage
Merci à toi, Hugues, et bonne route.
- PointàlaligneExpert
Tout est dit. Bon courage, Hugues. Je t'admire d'aller ainsi au bout du raisonnement et de partir.
- IsMatNiveau 3
Et bien ... Tu as le courage de partir. Je me dis que de l'intérieur on peut encore avoir une certaine liberté au quotidien. Il est vrai qu'il faut se détacher de l'évaluation des inspecteurs mais comme le PPCR est un vaste enfumage, on n'a rien à attendre de ce côté ! Je suis en colère pour les mêmes raisons que toi, celles que tu exprimes très clairement dans l'article. On se moque de nous ! Merci pour ton témoignage.
- SimeonNiveau 10
Bravo et bon courage.
Je pense de plus en plus à faire de même.
Je pense de plus en plus à faire de même.
- Ajonc35Sage
J'ai lu Hugues. Je ne connais pas bien la reforme du lycee ni celle du lp de l'EN, mais j'ai en ligne de mire la réforme de la voie pro au MAAF, qui, elle aussi, vise les économies. On n'aura plus besoin de profs trop payés mais des formateurs plus souples, plus corvéables ( je suis triste car même pour eux on est dans le moins disant avec la complicité de la Région qui finance) et hop moins de fonctionnaires. ON confiera aussi le financement aux organisations professionnelles qui ont pour seules objectif de former des pro et non de former des jeunes donc exit la formation générale.
Je te remercie de revenir sur les différentes réformes qui chaque décennie abaisse le niveau et n'accompagnent pas les jeunes.
Je te remercie de revenir sur les différentes réformes qui chaque décennie abaisse le niveau et n'accompagnent pas les jeunes.
- DaphNenyaNeoprof expérimenté
Tu fais preuve d'un grand courage, bonne continuation.
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On her finger was Nenya, the ring wrought of mithril, that bore a single white stone flickering like a frosty star.
JRR Tolkien
- bleupastelNiveau 7
Merci pour ton témoignage.
J'enseigne les arts appliqués en LP depuis 20 ans, et j'ai demandé ma démission, pour toutes les raisons que tu évoques dans cet article.
Bonne continuation à toi !
J'enseigne les arts appliqués en LP depuis 20 ans, et j'ai demandé ma démission, pour toutes les raisons que tu évoques dans cet article.
Bonne continuation à toi !
- PointvirguleNiveau 6
Quel courage, bravo et bonne continuation !
- stenchMonarque
Je n'ai pas eu autant de courage, j'ai demandé une dispo. Bon, perdant mon poste, il n'y a quasiment aucune chance que je revienne mais poser ma démission a été trop dur. Ca me laisse le temps de faire autre chose et d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte (ce ailleurs étant la Suisse).
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"Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend." Yannis Youlountas
"Ils veulent dessiner l'apartheid, on dessinera le maquis."
- Mélusine2Niveau 10
D'accord de A à Z, merci à toi et bonne route.
- bleupastelNiveau 7
J'ai commencé par demander une dispo en avril dernier pour la rentrée 2019, car la démission m'effrayait. Finalement, être en dispo me bloque (financement de formation par exemple), et maintenant que je suis sûre de ne pas retourner dans L'EN et que j'ai trouvé un emploi (pas encore le bon, mais dans le domaine qui m'intéresse) je fais le grand saut sans crainte. Là, j'attends la réponse du rectorat pour mon calcul D'IDV... ça traîne un peu.stench a écrit:Je n'ai pas eu autant de courage, j'ai demandé une dispo. Bon, perdant mon poste, il n'y a quasiment aucune chance que je revienne mais poser ma démission a été trop dur. Ca me laisse le temps de faire autre chose et d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte (ce ailleurs étant la Suisse).
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