- ThalieGrand sage
Décidément, je recommence à poster des sujets comme au beau temps de mes débuts sur Néo (bientôt 20 ans ! Coucou Fabienne).
J'ai une stagiaire qui essaie de bien faire et d'appliquer les recommandations des IPR vus avant la rentrée et notamment lors des L.A. on leur a dit que les questions étaient révolues et qu'il fallait travailler à l'oral avec les élèves après avoir travaillé à fond son texte d'un point de vue universitaire et avoir choisi l'angle d'approche (le projet de lecture/la problématique) que l'on voulait aborder avec les élèves.
Bref, elle a tenté, c'est une catastrophe, ce sont des 4e, cela part dans tous les sens, ses élèves sont très bavards et quand je lui ai proposé d'assister à une de ses séances, elle m'a avoué en avoir trop honte et elle ne veut même pas me montrer. Elle est à deux doigts d'abandonner et de revenir à des questions précises à faire pas à pas j'imagine voire à faire des leçons à trous que tous ses camarades distribuent allègrement à leur classe sans état d'âme.
J'aimerais pouvoir lui donner des conseils mais personnellement je trouve que ce qu'on leur demande de faire en tant que stagiaire sans expérience est une pure folie. Cette activité de faux cours dialogué demande une maîtrise de sa classe et un art de la maïeutique quasi impossible à maîtriser pour un novice qui est collée à ses notes et qui perd le fil dès qu'un nouveau chemin s'ouvre.
J'aurais aimé trouver un modus vivendi entre cette exigence des IPR et ce qu'elle peut faire.
Bref, j'aimerais pouvoir partager avec vous vos idées car j'ai tellement réfléchi à cette question que je n'arrive plus à prendre de la distance vis-à-vis de cette problématique.
J'ai une stagiaire qui essaie de bien faire et d'appliquer les recommandations des IPR vus avant la rentrée et notamment lors des L.A. on leur a dit que les questions étaient révolues et qu'il fallait travailler à l'oral avec les élèves après avoir travaillé à fond son texte d'un point de vue universitaire et avoir choisi l'angle d'approche (le projet de lecture/la problématique) que l'on voulait aborder avec les élèves.
Bref, elle a tenté, c'est une catastrophe, ce sont des 4e, cela part dans tous les sens, ses élèves sont très bavards et quand je lui ai proposé d'assister à une de ses séances, elle m'a avoué en avoir trop honte et elle ne veut même pas me montrer. Elle est à deux doigts d'abandonner et de revenir à des questions précises à faire pas à pas j'imagine voire à faire des leçons à trous que tous ses camarades distribuent allègrement à leur classe sans état d'âme.
J'aimerais pouvoir lui donner des conseils mais personnellement je trouve que ce qu'on leur demande de faire en tant que stagiaire sans expérience est une pure folie. Cette activité de faux cours dialogué demande une maîtrise de sa classe et un art de la maïeutique quasi impossible à maîtriser pour un novice qui est collée à ses notes et qui perd le fil dès qu'un nouveau chemin s'ouvre.
J'aurais aimé trouver un modus vivendi entre cette exigence des IPR et ce qu'elle peut faire.
Bref, j'aimerais pouvoir partager avec vous vos idées car j'ai tellement réfléchi à cette question que je n'arrive plus à prendre de la distance vis-à-vis de cette problématique.
- Fires of PompeiiGuide spirituel
L'idée que les questions sont révolues est une catastrophe en effet. Personnellement, j'enseigne depuis cinq ans, j'ai toujours procédé par questions - parfois à l'oral, parfois à l'écrit, parfois un mélange des deux selon les questions et la méthodo que je veux faire travailler.
Si la classe est pénible, passer par l'écrit est une solution possible : elle leur donne des questions, ça "pose" la classe, ça force aussi la réflexion individuelle (parce que le problème du tout oral c'est la non participation de certains), et ensuite correction orale (qui n'empêche pas d'élargir les questions et d'approfondir ou d'en rajouter d'autres après). L'échange oral doit absolument être cadré (avec n'importe quelle classe), si on veut étudier un texte. Elle peut aussi décider, parmi les questions, de leur faire développer une réponse argumentée qu'elle ramassera.
Si la classe est pénible, passer par l'écrit est une solution possible : elle leur donne des questions, ça "pose" la classe, ça force aussi la réflexion individuelle (parce que le problème du tout oral c'est la non participation de certains), et ensuite correction orale (qui n'empêche pas d'élargir les questions et d'approfondir ou d'en rajouter d'autres après). L'échange oral doit absolument être cadré (avec n'importe quelle classe), si on veut étudier un texte. Elle peut aussi décider, parmi les questions, de leur faire développer une réponse argumentée qu'elle ramassera.
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- ernyaFidèle du forum
Qu'est-ce qu'ils reprochent exactement aux questions ? Que cela ne vient pas des élèves ?
Elle peut sinon tenter de passer par une forme de débat de compréhension très réduit (où la parole circule peu longtemps) et noter les idées intéressantes au tableau. Ensuite, les élèves passent à l'écrit pour tenter de prouver telle idée par des exemples/citations du texte.
Je n'ai jamais tenté pour ma part mais une collègue procédait ainsi et cela obligeait les élèves à ne pas dire n'importe quoi car ils devraient ensuite prouver ce qu'ils avançaient.
Elle peut sinon tenter de passer par une forme de débat de compréhension très réduit (où la parole circule peu longtemps) et noter les idées intéressantes au tableau. Ensuite, les élèves passent à l'écrit pour tenter de prouver telle idée par des exemples/citations du texte.
Je n'ai jamais tenté pour ma part mais une collègue procédait ainsi et cela obligeait les élèves à ne pas dire n'importe quoi car ils devraient ensuite prouver ce qu'ils avançaient.
- ThalieGrand sage
Merci pour ces réponses.
Ils reprochent aux questions des choses avec lesquelles je suis d'accord. La série de questions hyper précises qui suivent le déroulé du texte et commencent à faire repérer ceci cela émiettent le sens global du texte que les mauvais lecteurs ont tant de mal à percevoir. Là je suis d'accord.
Deuxième argument : le professeur impose sa lecture, là je suis plus dubitative. Pour moi les élèves n'ont pas encore assez de lectures à leur actif pour pouvoir analyser finement un texte si on ne les tient pas par la main.
Ils reprochent aux questions des choses avec lesquelles je suis d'accord. La série de questions hyper précises qui suivent le déroulé du texte et commencent à faire repérer ceci cela émiettent le sens global du texte que les mauvais lecteurs ont tant de mal à percevoir. Là je suis d'accord.
Deuxième argument : le professeur impose sa lecture, là je suis plus dubitative. Pour moi les élèves n'ont pas encore assez de lectures à leur actif pour pouvoir analyser finement un texte si on ne les tient pas par la main.
- InvitéInvité
Une néo a partagé un long post sur le même sujet il y a quelques jours sur un autre forum, peut-être voudrait-elle bien en faire un copier-coller? Effectivement, le cours quasi dialogué quand on commence c'est cata assurée... Cependant, 10 minutes maximum d'échanges, en notant quelques mots au tableau, c'est ce que je fais souvent. Mais avec des classes difficiles, très en peine, il m'arrive de guider tout le long avec des questions précises.
- HermionyGuide spirituel
Je fais souvent un mix des deux : compréhension générale du texte à l'oral et ensuite questions plus précises sur un passage à l'écrit, une fois que la classe a compris le sens du texte. Je suis le TDL pour ça, avec ses deux rubriques de questions.
Mon IPR aussi m'avait reproché les questions sur les textes, partant du principe qu'un chapitre entier sur une oeuvre devait tenir sur deux pages maxi (donc tout à l'oral) et que l'essentiel était ce que les élèves avaient fait en cours, pas ce qu'ils en retenaient (en gros, il faut les "mettre en activité ", peu importe ce qu'ils en retiennent).
Inutile de te dire ce que je pense d'un tel discours...
Mon IPR aussi m'avait reproché les questions sur les textes, partant du principe qu'un chapitre entier sur une oeuvre devait tenir sur deux pages maxi (donc tout à l'oral) et que l'essentiel était ce que les élèves avaient fait en cours, pas ce qu'ils en retenaient (en gros, il faut les "mettre en activité ", peu importe ce qu'ils en retiennent).
Inutile de te dire ce que je pense d'un tel discours...
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"Soyons subversifs. Révoltons-nous contre l'ignorance, l'indifférence, la cruauté, qui d'ailleurs ne s'exerce si souvent contre l'homme que parce qu'elles se sont fait la main sur les animaux. Il y aurait moins d'enfants martyrs s'il y avait moins d'animaux torturés".
Marguerite Yourcenar
« La vraie bonté de l’homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu’à l’égard de ceux qui ne représentent aucune force. » «Le véritable test moral de l’humanité, ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. » Kundera, L’Insoutenable Légèreté de l’être
- MédéeÉrudit
Je fais exactement comme @Hermiony
En plus, vu leur façon de rédiger une réponse... je travaille là-dessus dès le début de l'année car quand même je trouve aberrant qu'on ne nous demande de faire que de l'oral, alors qu'au brevet ils ont bien des questions sur les textes et qu'on s'arrache les cheveux tellement leurs réponses sont incompréhensibles car mal rédigées.
En plus, vu leur façon de rédiger une réponse... je travaille là-dessus dès le début de l'année car quand même je trouve aberrant qu'on ne nous demande de faire que de l'oral, alors qu'au brevet ils ont bien des questions sur les textes et qu'on s'arrache les cheveux tellement leurs réponses sont incompréhensibles car mal rédigées.
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Rentrée 2024 : Poste fixe ! (et 16e établissement )
2021-2024 : TZR en remplacements courts
2020-2021 : T3 - TZR en AFA : 1 collège 6e, 5e + PP 5e
2019-2020 : T2 - TZR en AFA : 2 collèges 6e, 5e, 4e + PP 5e
2018-2019 : T1 - TZR en AFA : 3 collèges 5e, 4e
2017-2018 : Stagiaire en lycée (2nde x2)
- SergeMédiateur
En effet, si répondre à des questions sur un texte, c'est "mal", pourquoi l'exiger en épreuve finale du collège ?
Surtout si on ne les forme plus à cela ...
Après, j'entends bien qu'on ne peut étudier un texte juste en disant : répondez à la question 2-b puis faites les suivantes.
Il faut évidemment des phases d'échanges à l'oral, d'interactions, de débroussaillage avant.
Il faut un équilibre.
Surtout si on ne les forme plus à cela ...
Après, j'entends bien qu'on ne peut étudier un texte juste en disant : répondez à la question 2-b puis faites les suivantes.
Il faut évidemment des phases d'échanges à l'oral, d'interactions, de débroussaillage avant.
Il faut un équilibre.
- cléliaFidèle du forum
Moi aussi, j'alterne oral et écrit. Après la lecture du texte, on travaille à l'oral sur ce que les élèves ont compris. L'explication est plus ou moins approfondie à l'oral selon le texte, la classe, mes objectifs, etc. puis on travaille à partir de questions. Ce peut être une seule question (type "parcours ***" dans le TDL) ou plusieurs. Dans ce cas, elles reprennent et approfondissent des points vus à l'oral ou permettent l'analyse de points qui n'ont pas été évoqués. Parfois, surtout en début d'année, on construit directement la réponse rédigée ensemble au tableau. Il m'arrive aussi (en 3e par exemple) de faire commencer les élèves par quelques questions à l'écrit pour les obliger à faire face au texte tout seuls. Quand l'essentiel de l'explication se déroule à l'oral, soit on prend des notes au fur et à mesure (avec par exemple annotations et code couleurs) , soit on fait un bilan ensemble à la fin (2 ou 3 axes, avec procédés et justifications). J'ajoute souvent une partie "cours" avec les notions à retenir. Je suis donc loin des deux pages pour une œuvre. (Mais un de mes objectifs est que les élèves retiennent des choses !)
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Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
Il fréquenta le monde, et il eut d’autres amours, encore.
- ThalieGrand sage
Merci. Oui voilà cet entre-deux oral rapide au début pour défricher et écrit pour les cadrer et la rassurer me semble intéressant.
N'hésitez pas à enrichir la discussion.
Il y a des tuteurs qui ont déjà vécu cela ?
N'hésitez pas à enrichir la discussion.
Il y a des tuteurs qui ont déjà vécu cela ?
- *Ombre*Grand sage
Effectivement, il y a eu un débat similaire ailleurs. Je copie donc ma réponse ici.
La lecture guidée, c'est selon moi UNE des pratiques intéressantes, en particulier quand un texte est particulièrement complexe et que son approche nécessite d'être balisée par le médiateur expert que nous sommes. Mais personnellement, je rencontre avec cette pratique un écueil qui n'est pas à négliger : les élèves qui participent vraiment sont une poignée, ceux qui sont plutôt à l'aise avec le français ; et si je passe à l'écrit pour obliger chacun à s'emparer des questions, de nombreux élèves pratiquent l'évitement en se réfugiant derrière un commode "J'comprends rien".
L'intérêt de passer par l'oral de façon libre en première intention, c'est de permettre de reformuler la compréhension du texte, donner l'occasion aux élèves qui rencontrent des difficultés de poser des questions, aux interprétations parfois contradictoires de se confronter et de se vérifier - toujours en appui sur le texte -, aux remarques intéressantes d'émerger, pour favoriser l'analyse plus précise qui va suivre.
Cela évite en outre de partir tête baissée dans l'analyse d'un texte dont la compréhension globale n'a pas été assurée (mais j'ai bien compris que personne ici ne donne dans ce travers).
Je suis toujours étonnée, lors de ces premières interventions libres des élèves, de la finesse de certains, et pas toujours les plus à l'aise, capables de pointer dans le texte des faits très intéressants, qui vont nourrir la réflexion collective.
Quand ce travail oral, qui prend dix à quinze minutes, est fait, la compréhension du texte est assurée pour tous et les principaux axes de réflexion sont dégagés. Et ce débroussaillage me permet de donner ensuite des questions écrites (4 ou 5, destinées à approfondir un ou deux points et à amener les quelques notions techniques utiles) auxquelles plus personne ne se dérobe, tout simplement parce que plus personne ne peut se réfugier derrière un "J'comprends rien". Le travail oral démine le terrain et met les élèves en confiance. Mieux : souvent, il a anticipé sur les questions que je pose à l'écrit (forcément, je suis obligée de prévoir le questionnaire avant, sans savoir exactement ce que les élèves vont dire en amont) et je peux pointer ces questions aux élèves les plus faibles en leur demandant de commencer par là : c'est facile, on a déjà répondu à l'oral.
En faisant ainsi, c'est bien simple, j'ai 100% des élèves qui répondent par écrit - à leur rythme, plus ou moins habilement, mais plus aucun n'est paralysé par le sentiment de ne pas pouvoir faire. Rien que ça, ça vaut la peine de passer par ce temps d'échange libre.
En fait, je dirais que je me méfie des méthodes censément idéales. À mon sens, il n'y a pas une bonne approche des textes, mais une approche adéquate à tel texte et tel groupe d'élèves. Et la variété de ces approches permet à la fois d'éviter la monotonie et de s'adapter perpétuellement à ses impératifs.
Pour donner un exemple concret, je travaille en ce moment en 5e sur L'Avare. Nous avons visionné la pièce, reformulé l'intrigue, apporté des connaissances indispensables (le découpage en actes et en scènes, le genre de la comédie, répliques et didascalies...).
Le premier texte que nous avons étudié est la première apparition d'Harpagon, à l'acte I, scène 3. Comme le texte est facile, la compréhension orale a pris deux minutes, puis j'ai fait travailler les élèves par groupes avec une question ouverte : Quelle image avons-nous d'Harpagon dans cette scène ? Pour ceux qui ont besoin, une aide : observer les répétitions, l'emploi des verbes, être attentif aux gestes... Les élèves relisent, cherchent, surlignent, on met en commun, on dégage l'essentiel, et on approfondit à partir de là : le rôle du valet qui fait un portrait gratiné de son maître, le portrait d'Harpagon en actes - et là, j'apporte des connaissances, notamment sur les procédés comiques et la notion d'exposition.
Deuxième texte étudié, l'acte I, scène 5, le fameux "sans dot". Le texte est plus difficile à analyser. J'ai choisi de passer par l'échange libre. Comme entre les deux séances, j'avais demandé de rédiger, en manière de synthèse, un portrait d'Harpagon que nous avons corrigé en début de séance, les élèves ont commencé par là : on découvre à présent, en plus de l'avare obsessionnel, un père tyrannique, égoïste, prêt à sacrifier ses enfants à sa cupidité. Les élèves sont choqués par son attitude. C'est intéressant, mais encore insuffisant. je rappelle qu'il y a deux personnages dans cette scène et demande aux élèves de me parler de Valère. Les élèves voient qu'il flatte Harpagon, rappellent qu'il veut épouser Elise ; et là, certains pointent la contradiction entre les deux : on touche au noeud de cette scène : Valère est bien embarrassé. Cette fois, ça y est, la compréhension de ce texte moins accessible est globalement assurée, l'axe d'étude est dégagé : je peux donner mes 5 questions qui vont permettre d'approfondir le double jeu de Valère, les moyens qu'il emploie, le comique de répétition et la poursuite de l'exposition.
Je vais user de la même approche pour l'étude suivante, car cette approche est dynamique et fonctionne très bien.
Pour le monologue d'Harpagon, histoire de varier un peu, et comme le texte s'y prête, je vais passer par la mise en voix - avant apprentissage et récitation.
Bref, quand je prépare mes séances, j'essaie :
- de choisir à chaque fois l'approche qui me paraît la plus pertinente, tout simplement ;
- de varier les approches au sein d'un chapitre, afin d'éviter la lassitude.
En résumé, j'ai plusieurs cordes à mon arc dont j'use selon les situations :
- L'étude de texte traditionnelle avec une série de questions ordonnées. J'y recours à l'oral quand le texte est difficile et que je veux vraiment guider son étude, et de temps en temps à l'écrit pour travailler la méthode (apprendre à répondre à une question en formulant une phrase correcte en 6e, apprendre à justifier sa réponse, à développer un paragraphe en réponse à une question ouverte en 3e) : comme le souligne Serge, c'est tout de même ce qu'on attend des élèves à l'examen, il faut bien les y préparer ;
- Le travail en groupes sur une seule question ouverte. Cela peut faire émerger tous les éléments que l'on veut étudier et permet d'évacuer les contresens, de discuter ce qui peut l'être. On apprend aussi à bien s'appuyer sur le texte. Exemple en 6e, à partir d'un portrait épique d'Achille : Quelle image vous faites-vous du personnage ? Souvent une petite aide pour les élèves qui en ont besoin (ici, des suggestions parmi lesquelles choisir : un être séduisant, effrayant, admirable, positif, négatif...)
- Oral en autonomie : c'est ce que je décrivais plus haut : à l'issue de la lecture, les élèves prennent tour à tour la parole pour dire ce qu'ils ont compris ou pas compris, poser des questions, dire ce qui les a marqués, étonnés... Ils se répondent les uns aux autres. Pendant cette partie du cours, j'interviens peu : les élèves réfléchissent entre pairs, se corrigent, sont obligés de justifier ce qu'ils avancent pour répondre à un tiers... Cela met en général en évidence les points saillants du texte, sur lesquels je peux ensuite revenir. Parfois, cela nous entraîne dans une direction imprévue, mais c'est intéressant aussi. Ensuite, on approfondit avec un petit questionnaire écrit.
- Parfois, avec une classe qui a du mal à se lancer, même avec cette formule (pourtant la plus dynamique), je fais précéder ce temps d'un passage par l'écrit : on fait deux colonnes sur sa feuille : "J'ai compris", "Je n'ai pas compris". Chacun complète pendant une dizaine de minutes, puis on part de cette base pour l'échange oral. Si des élèves ne participent pas spontanément, je leur demande de lire ce qu'ils ont écrit (et pendant les dix minutes de travail écrit, je passe dans les rangs pour m'assurer qu'ils ont bien écrit quelque chose. Si ça bloque, on part des fondamentaux : qui, quoi, où, quand...). Ça fait donc des alternances dans le cours : écrit, oral, écrit.
- Les petits défis en autonomie. Je propose deux questionnaires sur le même texte, de difficulté différente (il y a des exemples dans les TDL). Le but est d'aller le plus loin possible en un temps limité, en choisissant le degré de difficulté qu'on se sent capable d'affronter. Ensuite, nous corrigeons à l'oral en croisant les deux questionnaires (conçus pour se répondre).
- La mise en voix d'un texte - parce que pour bien le dire, il faut bien le comprendre, repérer les passages à mettre en valeur. Je l'ai fait cette semaine avec le monologue d'Harpagon. Lecture silencieuse des élèves, rapide compréhension orale. Ensuite, je leur demande d'annoter le texte, d'y indiquer les pauses nécessaires, les changements de ton... en justifiant leur choix. On met en commun et cela permet de repérer différents moments du monologues, avec différents destinataires du discours, différentes émotions... Ensuite, à titre d'exemple, nous avons regardé et comparé deux interprétations de ce texte. Puis les élèves ont relu, à haute voix cette fois, en discutant les réussites et les problèmes posés par chaque lecture.
- Parfois, aussi, pratiquer la lecture plaisir, le nourrissement culturel, ça me paraît important. On lit un texte qu'on ne va pas étudier, pas en profondeur en tout cas. On veut juste le connaître, en parler, comme on parlerait entre amis d'un bouquin qui nous a plu. Il m'arrive ainsi, en 3e, de raconter des mythes, ou de les donner à entendre en audio, et puis on discute de ce qu'ils nous disent.
En tout cas, il me paraît absurde de vouloir imposer à un stagiaire telle ou telle manière de faire, surtout si cela le met en difficulté. Si la panacée pédagogique existait, ça se saurait.
La lecture guidée, c'est selon moi UNE des pratiques intéressantes, en particulier quand un texte est particulièrement complexe et que son approche nécessite d'être balisée par le médiateur expert que nous sommes. Mais personnellement, je rencontre avec cette pratique un écueil qui n'est pas à négliger : les élèves qui participent vraiment sont une poignée, ceux qui sont plutôt à l'aise avec le français ; et si je passe à l'écrit pour obliger chacun à s'emparer des questions, de nombreux élèves pratiquent l'évitement en se réfugiant derrière un commode "J'comprends rien".
L'intérêt de passer par l'oral de façon libre en première intention, c'est de permettre de reformuler la compréhension du texte, donner l'occasion aux élèves qui rencontrent des difficultés de poser des questions, aux interprétations parfois contradictoires de se confronter et de se vérifier - toujours en appui sur le texte -, aux remarques intéressantes d'émerger, pour favoriser l'analyse plus précise qui va suivre.
Cela évite en outre de partir tête baissée dans l'analyse d'un texte dont la compréhension globale n'a pas été assurée (mais j'ai bien compris que personne ici ne donne dans ce travers).
Je suis toujours étonnée, lors de ces premières interventions libres des élèves, de la finesse de certains, et pas toujours les plus à l'aise, capables de pointer dans le texte des faits très intéressants, qui vont nourrir la réflexion collective.
Quand ce travail oral, qui prend dix à quinze minutes, est fait, la compréhension du texte est assurée pour tous et les principaux axes de réflexion sont dégagés. Et ce débroussaillage me permet de donner ensuite des questions écrites (4 ou 5, destinées à approfondir un ou deux points et à amener les quelques notions techniques utiles) auxquelles plus personne ne se dérobe, tout simplement parce que plus personne ne peut se réfugier derrière un "J'comprends rien". Le travail oral démine le terrain et met les élèves en confiance. Mieux : souvent, il a anticipé sur les questions que je pose à l'écrit (forcément, je suis obligée de prévoir le questionnaire avant, sans savoir exactement ce que les élèves vont dire en amont) et je peux pointer ces questions aux élèves les plus faibles en leur demandant de commencer par là : c'est facile, on a déjà répondu à l'oral.
En faisant ainsi, c'est bien simple, j'ai 100% des élèves qui répondent par écrit - à leur rythme, plus ou moins habilement, mais plus aucun n'est paralysé par le sentiment de ne pas pouvoir faire. Rien que ça, ça vaut la peine de passer par ce temps d'échange libre.
En fait, je dirais que je me méfie des méthodes censément idéales. À mon sens, il n'y a pas une bonne approche des textes, mais une approche adéquate à tel texte et tel groupe d'élèves. Et la variété de ces approches permet à la fois d'éviter la monotonie et de s'adapter perpétuellement à ses impératifs.
Pour donner un exemple concret, je travaille en ce moment en 5e sur L'Avare. Nous avons visionné la pièce, reformulé l'intrigue, apporté des connaissances indispensables (le découpage en actes et en scènes, le genre de la comédie, répliques et didascalies...).
Le premier texte que nous avons étudié est la première apparition d'Harpagon, à l'acte I, scène 3. Comme le texte est facile, la compréhension orale a pris deux minutes, puis j'ai fait travailler les élèves par groupes avec une question ouverte : Quelle image avons-nous d'Harpagon dans cette scène ? Pour ceux qui ont besoin, une aide : observer les répétitions, l'emploi des verbes, être attentif aux gestes... Les élèves relisent, cherchent, surlignent, on met en commun, on dégage l'essentiel, et on approfondit à partir de là : le rôle du valet qui fait un portrait gratiné de son maître, le portrait d'Harpagon en actes - et là, j'apporte des connaissances, notamment sur les procédés comiques et la notion d'exposition.
Deuxième texte étudié, l'acte I, scène 5, le fameux "sans dot". Le texte est plus difficile à analyser. J'ai choisi de passer par l'échange libre. Comme entre les deux séances, j'avais demandé de rédiger, en manière de synthèse, un portrait d'Harpagon que nous avons corrigé en début de séance, les élèves ont commencé par là : on découvre à présent, en plus de l'avare obsessionnel, un père tyrannique, égoïste, prêt à sacrifier ses enfants à sa cupidité. Les élèves sont choqués par son attitude. C'est intéressant, mais encore insuffisant. je rappelle qu'il y a deux personnages dans cette scène et demande aux élèves de me parler de Valère. Les élèves voient qu'il flatte Harpagon, rappellent qu'il veut épouser Elise ; et là, certains pointent la contradiction entre les deux : on touche au noeud de cette scène : Valère est bien embarrassé. Cette fois, ça y est, la compréhension de ce texte moins accessible est globalement assurée, l'axe d'étude est dégagé : je peux donner mes 5 questions qui vont permettre d'approfondir le double jeu de Valère, les moyens qu'il emploie, le comique de répétition et la poursuite de l'exposition.
Je vais user de la même approche pour l'étude suivante, car cette approche est dynamique et fonctionne très bien.
Pour le monologue d'Harpagon, histoire de varier un peu, et comme le texte s'y prête, je vais passer par la mise en voix - avant apprentissage et récitation.
Bref, quand je prépare mes séances, j'essaie :
- de choisir à chaque fois l'approche qui me paraît la plus pertinente, tout simplement ;
- de varier les approches au sein d'un chapitre, afin d'éviter la lassitude.
En résumé, j'ai plusieurs cordes à mon arc dont j'use selon les situations :
- L'étude de texte traditionnelle avec une série de questions ordonnées. J'y recours à l'oral quand le texte est difficile et que je veux vraiment guider son étude, et de temps en temps à l'écrit pour travailler la méthode (apprendre à répondre à une question en formulant une phrase correcte en 6e, apprendre à justifier sa réponse, à développer un paragraphe en réponse à une question ouverte en 3e) : comme le souligne Serge, c'est tout de même ce qu'on attend des élèves à l'examen, il faut bien les y préparer ;
- Le travail en groupes sur une seule question ouverte. Cela peut faire émerger tous les éléments que l'on veut étudier et permet d'évacuer les contresens, de discuter ce qui peut l'être. On apprend aussi à bien s'appuyer sur le texte. Exemple en 6e, à partir d'un portrait épique d'Achille : Quelle image vous faites-vous du personnage ? Souvent une petite aide pour les élèves qui en ont besoin (ici, des suggestions parmi lesquelles choisir : un être séduisant, effrayant, admirable, positif, négatif...)
- Oral en autonomie : c'est ce que je décrivais plus haut : à l'issue de la lecture, les élèves prennent tour à tour la parole pour dire ce qu'ils ont compris ou pas compris, poser des questions, dire ce qui les a marqués, étonnés... Ils se répondent les uns aux autres. Pendant cette partie du cours, j'interviens peu : les élèves réfléchissent entre pairs, se corrigent, sont obligés de justifier ce qu'ils avancent pour répondre à un tiers... Cela met en général en évidence les points saillants du texte, sur lesquels je peux ensuite revenir. Parfois, cela nous entraîne dans une direction imprévue, mais c'est intéressant aussi. Ensuite, on approfondit avec un petit questionnaire écrit.
- Parfois, avec une classe qui a du mal à se lancer, même avec cette formule (pourtant la plus dynamique), je fais précéder ce temps d'un passage par l'écrit : on fait deux colonnes sur sa feuille : "J'ai compris", "Je n'ai pas compris". Chacun complète pendant une dizaine de minutes, puis on part de cette base pour l'échange oral. Si des élèves ne participent pas spontanément, je leur demande de lire ce qu'ils ont écrit (et pendant les dix minutes de travail écrit, je passe dans les rangs pour m'assurer qu'ils ont bien écrit quelque chose. Si ça bloque, on part des fondamentaux : qui, quoi, où, quand...). Ça fait donc des alternances dans le cours : écrit, oral, écrit.
- Les petits défis en autonomie. Je propose deux questionnaires sur le même texte, de difficulté différente (il y a des exemples dans les TDL). Le but est d'aller le plus loin possible en un temps limité, en choisissant le degré de difficulté qu'on se sent capable d'affronter. Ensuite, nous corrigeons à l'oral en croisant les deux questionnaires (conçus pour se répondre).
- La mise en voix d'un texte - parce que pour bien le dire, il faut bien le comprendre, repérer les passages à mettre en valeur. Je l'ai fait cette semaine avec le monologue d'Harpagon. Lecture silencieuse des élèves, rapide compréhension orale. Ensuite, je leur demande d'annoter le texte, d'y indiquer les pauses nécessaires, les changements de ton... en justifiant leur choix. On met en commun et cela permet de repérer différents moments du monologues, avec différents destinataires du discours, différentes émotions... Ensuite, à titre d'exemple, nous avons regardé et comparé deux interprétations de ce texte. Puis les élèves ont relu, à haute voix cette fois, en discutant les réussites et les problèmes posés par chaque lecture.
- Parfois, aussi, pratiquer la lecture plaisir, le nourrissement culturel, ça me paraît important. On lit un texte qu'on ne va pas étudier, pas en profondeur en tout cas. On veut juste le connaître, en parler, comme on parlerait entre amis d'un bouquin qui nous a plu. Il m'arrive ainsi, en 3e, de raconter des mythes, ou de les donner à entendre en audio, et puis on discute de ce qu'ils nous disent.
En tout cas, il me paraît absurde de vouloir imposer à un stagiaire telle ou telle manière de faire, surtout si cela le met en difficulté. Si la panacée pédagogique existait, ça se saurait.
- pallasNiveau 9
Merci beaucoup pour ce fil Thalie et tes explications Ombre.
Cela donne plein d'idées.
Cela donne plein d'idées.
- cristalExpert spécialisé
Expérimenté ce matin en classe de 3e ( d'un très bon niveau d'ensemble) sur Les animaux malades de la peste.Thalie a écrit:on leur a dit que les questions étaient révolues et qu'il fallait travailler à l'oral avec les élèves après avoir travaillé à fond son texte d'un point de vue universitaire et avoir choisi l'angle d'approche (le projet de lecture/la problématique) que l'on voulait aborder avec les élèves.
Les élèves ont vite trouvé l'intérêt du texte, mais sans grille d'analyse ni questions, ils ont vite fait le tour du texte. Je ne vois pas comment tenir plusieurs minutes.
- cristalExpert spécialisé
J'ai oublié de préciser que je parlais du débat de compréhension évoqué dans un autre fil.cristal a écrit:Expérimenté ce matin en classe de 3e ( d'un très bon niveau d'ensemble) sur Les animaux malades de la peste.Thalie a écrit:on leur a dit que les questions étaient révolues et qu'il fallait travailler à l'oral avec les élèves après avoir travaillé à fond son texte d'un point de vue universitaire et avoir choisi l'angle d'approche (le projet de lecture/la problématique) que l'on voulait aborder avec les élèves.
Les élèves ont vite trouvé l'intérêt du texte, mais sans grille d'analyse ni questions, ils ont vite fait le tour du texte. Je ne vois pas comment tenir plusieurs minutes.
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