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- RubikNiveau 10
Une de mes amies vient d'adopter un enfant né sous X et donc abandonné à la naissance. Je pense qu'il y a quand même un certain nombre d'élèves qui peuvent être dans ce cas et que nous n'en sommes pas forcément informés. J'avoue que je me sens très mal à l'aise avec ce sujet...
- VoltaireNiveau 10
Je trouve ça un peu fort de café de me reprocher un commentaire personnel sur un sujet portant sur l'autobiographie. Peut-être "détester" était-il mal choisi, je pense que "être heurtée" aurait mieux décrit ma position. Il y a bien sûr tout un tas de sujets de rédaction que je n'ai pas aimés, mais que j'ai traités. Celui-là, par contre ... je trouve que ceux qui proposent un choix entre plusieurs sujets ou plusieurs façons de traiter le sujet ont une bonne démarche, respectueuse des élèves.Sphinx a écrit:
Quant aux commentaires du style "j'aurais détesté en tant qu'élève..." Oui, ben ça arrive, hein. À titre personnel, il y a des tas de sujets de maths que j'ai détestés
Par ailleurs, en tant qu'enseignant de maths, j'évite très soigneusement les sujets qui pourraient heurter les élèves (et je vous assure que les sujets portant sur les jeux d'argent et les probabilités sont à présenter, dans certaines classes, avec beaucoup de précautions, et aussi les sujets de statistiques portant sur les familles). La "dimension citoyenne" de mon enseignement, en quelque sorte.
Qui n'a pas, dans sa classe, un ou plusieurs élèves avec une histoire personnelle douloureuse (parfois même tragique), il me semble que dans la mesure du possible, on peut éviter de réveiller leurs souffrances.
Et je vais rester dans le registre du "personnel", la publicité d'*nt*rm*rch* ou un veuf essaye de refaire une recette de sa femme m'a fait longuement pleurer : si j'avais pu l'éviter la première fois que je l'ai vue, je l'aurais fait. Et ensuite j'ai beaucoup zappé ... j'en veux un peu aux publicitaires, et pourtant c'est bien moins "impliquant" de regarder une pub que de rédiger un texte.
- SeiGrand Maître
En cours de littérature, on rencontre très régulièrement des sujets pouvant être douloureux pour certains puisqu'une des caractéristiques de la littérature, et ce qui en fait sa richesse, c'est d'embrasser tous les aspects de la vie, y compris les aspects tristes. Cela n'empêche pas que nous puissions être attentifs, bien sûr, mais disons que l'analogie avec les cours de maths me paraît un peu bancale.
Personnellement, je trouve qu'il y a un paradoxe à demander aux élèves de produire un récit autobiographique tout en insistant sur le fait qu'ils ont le droit d'inventer. Que l'autobiographie soit un genre complexe, où la reconstruction peut parfois concurrencer la réalité, c'est un fait. Mais l'autobiographie n'est cependant pas une fiction à la première personne. On trouve la porosité du genre en s'attelant à un matériau réel, pas en imaginant quelque chose de tout autre. C'est de cette confrontation que naît vraiment l'interrogation sur la mémoire (ce dont je me souviens est-il vraiment arrivé ? autrui partage-t-il le même souvenir ? n'omets-je pas des éléments significatifs primordiaux ?), sur les choix des événements ou anecdotes autobiographiques à raconter (comment le récit d'une vie produit-il du sens ? doit-il produire du sens ?), et sur l'éthique (si je dis toute la vérité sur une tierce personne, suis-je dans mon droit moral ? puis-je changer des noms ou des caractéristiques sans cependant mentir ?).
Si on est mal à l'aise à l'idée de demander aux élèves de raconter leur vie, pourquoi ne pas l'assumer en demandant une écriture d'imitation à partir d'un texte autobiographique ?
Personnellement, je trouve qu'il y a un paradoxe à demander aux élèves de produire un récit autobiographique tout en insistant sur le fait qu'ils ont le droit d'inventer. Que l'autobiographie soit un genre complexe, où la reconstruction peut parfois concurrencer la réalité, c'est un fait. Mais l'autobiographie n'est cependant pas une fiction à la première personne. On trouve la porosité du genre en s'attelant à un matériau réel, pas en imaginant quelque chose de tout autre. C'est de cette confrontation que naît vraiment l'interrogation sur la mémoire (ce dont je me souviens est-il vraiment arrivé ? autrui partage-t-il le même souvenir ? n'omets-je pas des éléments significatifs primordiaux ?), sur les choix des événements ou anecdotes autobiographiques à raconter (comment le récit d'une vie produit-il du sens ? doit-il produire du sens ?), et sur l'éthique (si je dis toute la vérité sur une tierce personne, suis-je dans mon droit moral ? puis-je changer des noms ou des caractéristiques sans cependant mentir ?).
Si on est mal à l'aise à l'idée de demander aux élèves de raconter leur vie, pourquoi ne pas l'assumer en demandant une écriture d'imitation à partir d'un texte autobiographique ?
- SphinxProphète
Je ne te reproche pas un commentaire personnel, je reproche de dire que le fait que les élèves (des élèves) aiment ou n'aiment pas les sujets devraient influer sur le choix desdits sujets.
Pour le reste, je vais me contenter patiemment de réécrire ce que j'ai écrit, et ensuite je vais m'arrêter là :
- un sujet de rédaction ne consiste pas à raconter sa vie. Y compris quand le chapitre étudié est l'autobiographie (edit merci Sei, c'est bien d'écriture d'imitation qu'il est question et pas de faire écrire leur autobiographie aux élèves), il n'y a pas un professeur en France (hormis l'éventuel gros c**) qui enlèvera des points aux élèves parce qu'ils n'ont pas dit la vérité. Je ne suis pas fan des sujets trop proches de la vie des élèves, en particulier parce que ça ne les aide pas à se décentrer, mais c'est le programme et il faut faire avec.
- Tout sujet de rédaction peut potentiellement toucher un point sensible dans la vie personnelle de n'importe qui. J'ai déjà eu droit aux confessions les plus inattendues dans les sujets les plus divers. Je doute qu'on rencontre le même genre de problèmes en maths, cela dit je ne vais pas m'amuser à aller sur des fils de maths te dire ce que tu peux proposer comme sujets ou non. Partant de là, l'enseignant de français a deux choix qui s'offrent à lui : soit il évalue le risque de manière raisonnable en connaissant les élèves qui sont devant lui, et non pas sur ce qui est arrivé au cousin de la belle-soeur de machin sur un forum (a priori, merci de nous faire la leçon, mais arrivé en 3e on est généralement au courant si la mère de Jean-Gontrand est morte en lui donnant naissance et donc on va éviter ce sujet-là cette année-là, et pour le reste on fait au mieux en naviguant entre les milliers de faibles probabilités qui existent), soit il arrête de donner des rédactions.
Pour le reste, je vais me contenter patiemment de réécrire ce que j'ai écrit, et ensuite je vais m'arrêter là :
- un sujet de rédaction ne consiste pas à raconter sa vie. Y compris quand le chapitre étudié est l'autobiographie (edit merci Sei, c'est bien d'écriture d'imitation qu'il est question et pas de faire écrire leur autobiographie aux élèves), il n'y a pas un professeur en France (hormis l'éventuel gros c**) qui enlèvera des points aux élèves parce qu'ils n'ont pas dit la vérité. Je ne suis pas fan des sujets trop proches de la vie des élèves, en particulier parce que ça ne les aide pas à se décentrer, mais c'est le programme et il faut faire avec.
- Tout sujet de rédaction peut potentiellement toucher un point sensible dans la vie personnelle de n'importe qui. J'ai déjà eu droit aux confessions les plus inattendues dans les sujets les plus divers. Je doute qu'on rencontre le même genre de problèmes en maths, cela dit je ne vais pas m'amuser à aller sur des fils de maths te dire ce que tu peux proposer comme sujets ou non. Partant de là, l'enseignant de français a deux choix qui s'offrent à lui : soit il évalue le risque de manière raisonnable en connaissant les élèves qui sont devant lui, et non pas sur ce qui est arrivé au cousin de la belle-soeur de machin sur un forum (a priori, merci de nous faire la leçon, mais arrivé en 3e on est généralement au courant si la mère de Jean-Gontrand est morte en lui donnant naissance et donc on va éviter ce sujet-là cette année-là, et pour le reste on fait au mieux en naviguant entre les milliers de faibles probabilités qui existent), soit il arrête de donner des rédactions.
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- VoltaireNiveau 10
Désolée d'avoir pu paraitre agressive. Je n'ai rien contre l'autobiographie. Mais il me semble qu'imposer un moment particulier (la naissance) peut sembler intrusif. Ne pourrait-on pas demander de raconter de façon autobiographique (réaliste ou inventée) un moment de la vie au choix ? L'élève pourrait alors choisir plus librement il me semble. Bien sûr qu'on connait la vie de nos élèves, dans l'ensemble, mais pas toujours quand même, certains parents et/ou certains élèves sont très secrets sur leur vie privée et c'est plutôt à ceux là que je pensais. Loin de moi l'idée de donner des leçons, j'ai fait pour ma part quelques belles bévues par maladresse, ou comme tu dis mauvaise évaluation du risque, et je les regrette encore. Sans transformer l'école en bisounours-land, on peut préserver les élèves, et justement la littérature permet de prendre cette distance avec les "points sensibles".
Fin du débat pour ma part, je retourne dans mes équations !
Fin du débat pour ma part, je retourne dans mes équations !
- Une passanteEsprit éclairé
Sphinx a écrit:Je ne te reproche pas un commentaire personnel, je reproche de dire que le fait que les élèves (des élèves) aiment ou n'aiment pas les sujets devraient influer sur le choix desdits sujets.
Pour le reste, je vais me contenter patiemment de réécrire ce que j'ai écrit, et ensuite je vais m'arrêter là :
- un sujet de rédaction ne consiste pas à raconter sa vie. Y compris quand le chapitre étudié est l'autobiographie (edit merci Sei, c'est bien d'écriture d'imitation qu'il est question et pas de faire écrire leur autobiographie aux élèves), il n'y a pas un professeur en France (hormis l'éventuel gros c**) qui enlèvera des points aux élèves parce qu'ils n'ont pas dit la vérité. Je ne suis pas fan des sujets trop proches de la vie des élèves, en particulier parce que ça ne les aide pas à se décentrer, mais c'est le programme et il faut faire avec.
- Tout sujet de rédaction peut potentiellement toucher un point sensible dans la vie personnelle de n'importe qui. J'ai déjà eu droit aux confessions les plus inattendues dans les sujets les plus divers. Je doute qu'on rencontre le même genre de problèmes en maths, cela dit je ne vais pas m'amuser à aller sur des fils de maths te dire ce que tu peux proposer comme sujets ou non. Partant de là, l'enseignant de français a deux choix qui s'offrent à lui : soit il évalue le risque de manière raisonnable en connaissant les élèves qui sont devant lui, et non pas sur ce qui est arrivé au cousin de la belle-soeur de machin sur un forum (a priori, merci de nous faire la leçon, mais arrivé en 3e on est généralement au courant si la mère de Jean-Gontrand est morte en lui donnant naissance et donc on va éviter ce sujet-là cette année-là, et pour le reste on fait au mieux en naviguant entre les milliers de faibles probabilités qui existent), soit il arrête de donner des rédactions.
Tu joues quand même sur les mots, non ?
J'ai moi aussi dit que j'aurais détesté un tel sujet, mais cela va bien au-delà d'un simple goût ou d'une éventuelle appétence pour le sujet.
Les adolescents sont fragiles, parfois confrontés à des choses terribles, et les inciter à évoquer ces choses, même involontairement, est délicat.
Tu exposes ensuite comment toi, tu t'y prends, en partant du principe qu'il faut connaître ses élèves. Sauf que dans la demande initiale, pour un sujet donné en début d'année à des élèves qui sont forcément pour certains inconnus encore, nous sommes plusieurs à avoir expliqué pourquoi cela nous semblait discutable.
Bien évidemment que la littérature touche à l'intime, et le rapprochement avec ce qu'on aurait pu aimer ou non en mathématiques n'est pas pertinent (puisqu'il ne s'agit pas de goût personnel, mais de sujets intimes), mais il ne faut pas oublier que les adolescents ne sont encore que des enfants, facilement déstabilisables.
Il me semble que les sujets possibles sont suffisamment nombreux pour pouvoir éviter ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses.
Libre à chacun de croire qu'il se débrouille mieux que les autres, mais même habité des meilleures intentions du monde, il est des moments où l'équilibre est fragile. Après, à chacun de voir s'il prend le risque ou non...
- AphrodissiaMonarque
Raconter son premier amour, une grande joie, une grande peine, une bêtise, ses meilleures ou ses pires vacances ... ce sont des sujets que l'on donne régulièrement en troisième. J'avoue ne m'être jamais demandé (et continuer à ne pas le faire ) si les élèves allaient aimer ou non le sujet de rédaction.
Le sujet d'ainsifont s'appuie sur un texte de Chateaubriand, Cannelle21 a proposé un autre récit de naissance qui est humoristique (c'était drôle quand même le coup du chien, non? ) : entre les deux, les élèves peuvent trouver le moyen de raconter la leur.
Pour ce qui est de dire qu'on peut inventer, oui, bien sûr: à la petite qui n'a jamais fait de bêtise, on lui répond d'inventer et elle se débrouille. Je trouve que ce genre de sujet, à rebours de l'accusation d'intrusion, permet aussi aux élèves d'apprendre à prendre du recul, à développer leur humour, ou à poser des mots sur des sentiments réels qu'ils ont pu ressentir, à comprendre aussi les enjeux de l'écriture autobiographique.
Ma fille vient de passer l'après-midi à écrire son autoportrait de différentes manières (elle est en 3e). Je lui ai demandé si ça ne la gênait pas: elle m'a répondu qu'elle ne racontait que ce qu'elle voulait bien raconter et je pense que les élèves font tous pareil, je crois même qu'ils ne sont pas très nombreux à s'impliquer à ce point-là dans leurs devoirs qu'ils arrivent à y voir une attaque, une intrusion: c'est un devoir, ils le font, ou ils ne le font pas.
Le sujet d'ainsifont s'appuie sur un texte de Chateaubriand, Cannelle21 a proposé un autre récit de naissance qui est humoristique (c'était drôle quand même le coup du chien, non? ) : entre les deux, les élèves peuvent trouver le moyen de raconter la leur.
Pour ce qui est de dire qu'on peut inventer, oui, bien sûr: à la petite qui n'a jamais fait de bêtise, on lui répond d'inventer et elle se débrouille. Je trouve que ce genre de sujet, à rebours de l'accusation d'intrusion, permet aussi aux élèves d'apprendre à prendre du recul, à développer leur humour, ou à poser des mots sur des sentiments réels qu'ils ont pu ressentir, à comprendre aussi les enjeux de l'écriture autobiographique.
Ma fille vient de passer l'après-midi à écrire son autoportrait de différentes manières (elle est en 3e). Je lui ai demandé si ça ne la gênait pas: elle m'a répondu qu'elle ne racontait que ce qu'elle voulait bien raconter et je pense que les élèves font tous pareil, je crois même qu'ils ne sont pas très nombreux à s'impliquer à ce point-là dans leurs devoirs qu'ils arrivent à y voir une attaque, une intrusion: c'est un devoir, ils le font, ou ils ne le font pas.
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Hominis mens discendo alitur et cogitando. (Cicéron)
Et puis les steaks ? Ça se rate toujours comme la tragédie. Mais à des degrés différents. (M. Duras)
- 79 airlinesNiveau 9
ma cousine vient de se reconvertir en sophrologie des mémoires prénatales, natales et de la petite enfance. Ses patients revivent leur naissance !
- slynopHabitué du forum
Plus léger : raconter sa mort.
:dehors2:
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"C'est pas moi qu'explique mal, c'est les autres qui sont cons !", Perceval dans Kaamelot.
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Voltaire a écrit:Désolée d'avoir pu paraitre agressive. Je n'ai rien contre l'autobiographie. Mais il me semble qu'imposer un moment particulier (la naissance) peut sembler intrusif. Ne pourrait-on pas demander de raconter de façon autobiographique (réaliste ou inventée) un moment de la vie au choix ?
On perdrait alors le reste de la consigne. Ce qu'on aime avec ce sujet, et les sujet TDL en général, c'est la contrainte et l'imitation. Ici, l'intéressant est surtout la mise en relation d'un événement et d'un contexte en vue de créer un symbole, une forme particulière de portrait.
Bon. Si l'élève choisit de raconter ce qu'on lui a dit de sa naissance, et que c'est pour lui douloureux, c'est bien lui qui fait ce choix. Outre qu'il se doute sûrement que le professeur n'ira pas vérifier, on lui aura rappelé qu'il peut inventer. La responsabilité du professeur me paraît bien limitée. Pour le reste, toute la littérature s'excuse de remuer des choses potentiellement désagréables dans les jeunes cerveaux.
Sei a écrit:Personnellement, je trouve qu'il y a un paradoxe à demander aux élèves de produire un récit autobiographique tout en insistant sur le fait qu'ils ont le droit d'inventer. Que l'autobiographie soit un genre complexe, où la reconstruction peut parfois concurrencer la réalité, c'est un fait. Mais l'autobiographie n'est cependant pas une fiction à la première personne. On trouve la porosité du genre en s'attelant à un matériau réel, pas en imaginant quelque chose de tout autre. C'est de cette confrontation que naît vraiment l'interrogation sur la mémoire (ce dont je me souviens est-il vraiment arrivé ? autrui partage-t-il le même souvenir ? n'omets-je pas des éléments significatifs primordiaux ?), sur les choix des événements ou anecdotes autobiographiques à raconter (comment le récit d'une vie produit-il du sens ? doit-il produire du sens ?), et sur l'éthique (si je dis toute la vérité sur une tierce personne, suis-je dans mon droit moral ? puis-je changer des noms ou des caractéristiques sans cependant mentir ?).
Ce n'est pas un paradoxe, parce que lors de cet exercice il s'agit de se mettre non du côté du lecteur, qui peut croire bien des choses, mais de l'écrivain, qui a surtout envie de créer une oeuvre d'art. Il suffit pour qu'il y ait autobiographie que l'auteur donne à la première personne son nom et prétende quelque part dire la vérité ou tâcher de la dire, ou même se contente de ne pas dire le contraire. C'est à ce point maigre qu'on n'ira jamais dire que tel passage de Chateaubriand, parce qu'on sait qu'il est tout à fait fictif, ne relève pas de l'autobiographie.
Pour le reste je rejoins entièrement Sphinx.
- HermionyGuide spirituel
Sphinx a écrit:Je ne te reproche pas un commentaire personnel, je reproche de dire que le fait que les élèves (des élèves) aiment ou n'aiment pas les sujets devraient influer sur le choix desdits sujets.
Pour le reste, je vais me contenter patiemment de réécrire ce que j'ai écrit, et ensuite je vais m'arrêter là :
- un sujet de rédaction ne consiste pas à raconter sa vie. Y compris quand le chapitre étudié est l'autobiographie (edit merci Sei, c'est bien d'écriture d'imitation qu'il est question et pas de faire écrire leur autobiographie aux élèves), il n'y a pas un professeur en France (hormis l'éventuel gros c**) qui enlèvera des points aux élèves parce qu'ils n'ont pas dit la vérité. Je ne suis pas fan des sujets trop proches de la vie des élèves, en particulier parce que ça ne les aide pas à se décentrer, mais c'est le programme et il faut faire avec.
- Tout sujet de rédaction peut potentiellement toucher un point sensible dans la vie personnelle de n'importe qui. J'ai déjà eu droit aux confessions les plus inattendues dans les sujets les plus divers. Je doute qu'on rencontre le même genre de problèmes en maths, cela dit je ne vais pas m'amuser à aller sur des fils de maths te dire ce que tu peux proposer comme sujets ou non. Partant de là, l'enseignant de français a deux choix qui s'offrent à lui : soit il évalue le risque de manière raisonnable en connaissant les élèves qui sont devant lui, et non pas sur ce qui est arrivé au cousin de la belle-soeur de machin sur un forum (a priori, merci de nous faire la leçon, mais arrivé en 3e on est généralement au courant si la mère de Jean-Gontrand est morte en lui donnant naissance et donc on va éviter ce sujet-là cette année-là, et pour le reste on fait au mieux en naviguant entre les milliers de faibles probabilités qui existent), soit il arrête de donner des rédactions.
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Deux exemples :
-exercice d'imitation de Pérec et de son "Je me souviens". Une élève a parlé des choses quotidiennes qu'elle faisait avec son père, mort 3 ans plus tôt...
-exercice "raconter un souvenir marquant de votre enfance" : un élève m'a parlé de la mort de ses parents et du fait qu'il avait été "adopté" par sa tante (et c'était vrai, en plus, mais je l'ignorais complètement). Depuis, j'ai transformé la consigne en "souvenir heureux" et j'ai toujours le même problème (l'an dernier, une élève a évoqué les souvenirs liés à sa grand-mère, décédée depuis)...Idem quand je demande d'évoquer un lieu marquant de leur enfance (sujet du TDL aussi, je crois).
Alors ensuite, je peux aussi choisir de ne plus étudier l'autobiographie parce même les textes les plus classiques peuvent évoquer des choses douloureuses aux élèves...C'est un peu le but de la littérature de faire réfléchir sur soi...
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"Soyons subversifs. Révoltons-nous contre l'ignorance, l'indifférence, la cruauté, qui d'ailleurs ne s'exerce si souvent contre l'homme que parce qu'elles se sont fait la main sur les animaux. Il y aurait moins d'enfants martyrs s'il y avait moins d'animaux torturés".
Marguerite Yourcenar
« La vraie bonté de l’homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu’à l’égard de ceux qui ne représentent aucune force. » «Le véritable test moral de l’humanité, ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. » Kundera, L’Insoutenable Légèreté de l’être
- ZagaraGuide spirituel
Sortie toute armée
J'ai bondi vers le futur
Et mangé la vie.
J'ai bondi vers le futur
Et mangé la vie.
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
La frite bien grasse
Est une traîtresse :
Elle laisse sa trace
Sur mes deux fesses.
Est une traîtresse :
Elle laisse sa trace
Sur mes deux fesses.
- User26836Niveau 9
Je n'ai pas lu tous les derniers commentaires sur ce fil, mais j'ai juste envie de dire : et pour les enfants comme moi qui été adoptés, on fait quoi / comment ? Alors oui, bien sûr on peu faire un écrit totalement fictif (puisque je ne sais rien des circonstances de ma naissance, ni de ma conception, et que je n'ai pas forcément envie d'en connaître plus, et encore mois de les raconter), mais dans ce cas-là pourquoi se fonder sur SA naissance, SA biographie, et pas celle d'un personnage plus ou moins totalement fictif ?
Je sais ou plutôt et je suppose que je suis un cas "exceptionnel" car il n'y a pas tant d'enfants adoptés que cela ; mais ce qui est sûr c'est que j'aurais eu du mal à écrire quoique ce soit sur le sujet. J'aurais donc bien pu rédiger un truc complètement inventé, mais du coup où est l'autobiographie ? Et par ailleurs, étant donné qu'à plus de 40 ans, le sujet reste encore un peu sensible (il s'agit d'une histoire TRES personnelle, que je ne connais pas, et le fait de n'en rien savoir peut rendre le sujet assez douloureux, et pour être honnête je n'aime pas que des gens qui ne me sont pas proches s'aventurent sur ce terrain-là), j'imagine ce que ressentent les ados face à un tel sujet...
Bref, je reste très dubitative quant à cette idée...
Je sais ou plutôt et je suppose que je suis un cas "exceptionnel" car il n'y a pas tant d'enfants adoptés que cela ; mais ce qui est sûr c'est que j'aurais eu du mal à écrire quoique ce soit sur le sujet. J'aurais donc bien pu rédiger un truc complètement inventé, mais du coup où est l'autobiographie ? Et par ailleurs, étant donné qu'à plus de 40 ans, le sujet reste encore un peu sensible (il s'agit d'une histoire TRES personnelle, que je ne connais pas, et le fait de n'en rien savoir peut rendre le sujet assez douloureux, et pour être honnête je n'aime pas que des gens qui ne me sont pas proches s'aventurent sur ce terrain-là), j'imagine ce que ressentent les ados face à un tel sujet...
Bref, je reste très dubitative quant à cette idée...
- ZagaraGuide spirituel
Mais en vrai personne ne sait rien de sa naissance ; on ne fait que répéter ce que les parents en disent. Donc c'est un récit d'un récit. Donc tous les récits de sa propre naissance sont des sortes de fictions.
Perso si j'évaluais ça, je valoriserais le texte fantastique ou complètement improbable. Genre Kirikou.
Perso si j'évaluais ça, je valoriserais le texte fantastique ou complètement improbable. Genre Kirikou.
- MathadorEmpereur
Je ne suis pas d'accord: j'ai été témoin de ma naissance, ainsi que de celle de mon grand frère.
:dehors2:
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Sauf après une séance d'hypnose
- User26836Niveau 9
Zagara a écrit:Mais en vrai personne ne sait rien de sa naissance ; on ne fait que répéter ce que les parents en disent. Donc c'est un récit d'un récit. Donc tous les récits de sa propre naissance sont des sortes de fictions.
Perso si j'évaluais ça, je valoriserais le texte fantastique ou complètement improbable. Genre Kirikou.
Heu non, quand on est l'enfant biologique de ses parents , on en sait quand même un minimum ... Dans mon cas (qui reste exceptionnel évidemment), je ne sais rien : une vague date, un vague hôpital et c'est tout (rien n'est très clair), et ces infos sont très peu fiables (née dans un pays lointain avec à l'époque peu d'exigences, de possibilités de savoir pourquoi / où / comment / par qui ce bébé a-t-il été abandonné). Mais évidemment je suis consciente que mon cas est probablement peu courant !
- SphinxProphète
Je connais aussi une date avec une ville (même pas un hôpital), et rien d'autre. Honnêtement les gens qui savent vraiment des détails sur leur naissance, ça ne court pas les rues il me semble, sauf légende familiale particulière (genre le gus qui est né dans Space Mountain à Disneyland).
Je vous recommande cette vidéo, sinon. (Pour ceux qui comprennent l'anglais.)
Je vous recommande cette vidéo, sinon. (Pour ceux qui comprennent l'anglais.)
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- ZagaraGuide spirituel
Généralement, quand on sait des trucs, c'est que ça s'est mal passé. Par exemple, j'arrivais pas à sortir, et du coup ils sont allés chercher le gros médecin de nuit rugbyman pour qu'il me tire avec des cuillères. J'étais un haricot violet. Mon oncle a eu si peur qu'il a failli s'évanouir. Voilà voilà.
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