- sifiÉrudit
Est-ce que l'un d'entre vous pourrait me conseiller une biographie sympa d'Apollinaire ? Je viens de livre le livre de François Sureau Ma vie avec Apollinaire , que j'ai trouvé très beau, mais j'aurais bien aimé approfondir encore un peu mes connaissances sur ce poète que j'aime depuis très longtemps sans avoir pris le temps d'aller chercher plus loin...
- CaballeraNiveau 4
J'ai l'impression qu'il existe assez peu de biographies d'Apollinaire, malheureusement. (La petite de Pascal Pia m'a paru inadéquate). Lorsque Laurence Campa a sorti une grosse biographie du poète (Gallimard), elle a été saluée justement parce que cela manquait. Je ne l'ai pas lue cela dit!
- sifiÉrudit
Merci pour la piste ! Je vais voir ça.
Oui, je sais qu'une bonne biographie manque à l'appel , je trouve ça dommage.
Oui, je sais qu'une bonne biographie manque à l'appel , je trouve ça dommage.
- NLM76Grand Maître
Bon. Il me reste deux explications de texte à faire pour avoir les 16 textes en 1re Générale. Et je me dis que je ferais bien "La Loreley". Qu'en dites-vous si je considérais que cela fait deux textes ? Un premier texte constitué par les 20 premiers vers, et un second par les 18 derniers. C'est délirant ?
En tout cas, j'aime beaucoup ce poème.
Au fait, vous prononcez comment ? J'aurais dit "Lorelaille", mais la rime avec "ensorcelé" me fait pencher vers "Lorelé".
En tout cas, j'aime beaucoup ce poème.
Au fait, vous prononcez comment ? J'aurais dit "Lorelaille", mais la rime avec "ensorcelé" me fait pencher vers "Lorelé".
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- e-WandererGrand sage
Pour la prononciation : effectivement, il faut probablement prononcer "Lorelé". En tout cas, il y a d'autres exemples de francisation de la prononciation allemande dans le cycle des Rhénanes, notamment dans ces vers du poème-conversation « Les Femmes » :
Gertude et son voisin Martin enfin s'épousent (…)
Le songe Herr Traum survint avec sa sœur Frau Sorge (…)
Lotte es-tu triste O petit cœur – Je crois qu'elle aime (…)
Lise il faut attiser le poêle qui s'éteint
Si on prononce à l'allemande (diphtongues sur Traum et Frau, e finaux de Gertrude, Lotte ou Lise), les vers sont faux. De même dans "Rhénane d'automne" au v. 3 :
Martin Gertrude Hans et Henri
On est obligé de prononcer Gertrude à la française pour garder l'octosyllabe.
Sinon, sur le fait que la fée soit appelée alternativement Lore ou Loreley : c'est conforme aux diverses orthographes (Lorelei, Loreleï, Loreley, Lore-Ley). On retrouve par exemple cette même alternance dans Lore-Ley ou la fée du Rhin, Légende-Ballet de Justamant et Mont-Louis (1860), où la fée est aussi parfois appelée Lore tout court :
https://books.google.fr/books?id=KDb3o4O9B2AC&pg=PA7&lpg=PA7&dq=lore+ley&source=bl&ots=SP-SeI4hwu&sig=ACfU3U33_jLPIrHzit7CumvmjJLAGzizwg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiC1MDqgcH3AhVPz4UKHdDECO8Q6AF6BAgDEAM#v=onepage&q=lore%20ley&f=false
Et plus directement Apollinaire se souvient de Brentano, dès le premier vers, ou plus loin avec les figures de l'évêque et du chevalier et la menace d'enfermer Loreley dans un couvent :
https://lyricstranslate.com/fr/lore-lay-lore-lay.html
Gertude et son voisin Martin enfin s'épousent (…)
Le songe Herr Traum survint avec sa sœur Frau Sorge (…)
Lotte es-tu triste O petit cœur – Je crois qu'elle aime (…)
Lise il faut attiser le poêle qui s'éteint
Si on prononce à l'allemande (diphtongues sur Traum et Frau, e finaux de Gertrude, Lotte ou Lise), les vers sont faux. De même dans "Rhénane d'automne" au v. 3 :
Martin Gertrude Hans et Henri
On est obligé de prononcer Gertrude à la française pour garder l'octosyllabe.
Sinon, sur le fait que la fée soit appelée alternativement Lore ou Loreley : c'est conforme aux diverses orthographes (Lorelei, Loreleï, Loreley, Lore-Ley). On retrouve par exemple cette même alternance dans Lore-Ley ou la fée du Rhin, Légende-Ballet de Justamant et Mont-Louis (1860), où la fée est aussi parfois appelée Lore tout court :
https://books.google.fr/books?id=KDb3o4O9B2AC&pg=PA7&lpg=PA7&dq=lore+ley&source=bl&ots=SP-SeI4hwu&sig=ACfU3U33_jLPIrHzit7CumvmjJLAGzizwg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiC1MDqgcH3AhVPz4UKHdDECO8Q6AF6BAgDEAM#v=onepage&q=lore%20ley&f=false
Et plus directement Apollinaire se souvient de Brentano, dès le premier vers, ou plus loin avec les figures de l'évêque et du chevalier et la menace d'enfermer Loreley dans un couvent :
https://lyricstranslate.com/fr/lore-lay-lore-lay.html
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« Profitons du temps qui nous reste avant la définitive invasion de la grande muflerie du Nouveau Monde » (Huysmans)
- IphigénieProphète
Bien d’accord aussi mais alors les derniers vers m’interpellent ( quelle que soit la prononciation, non?)
Pour avoir vu dans l’eau la belle Loreley
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil
Il fait ici prononcer :*Lore-leill ?
(Autre question subsidiaire aux germanistes: comment on prononce Bacharach? Je n’ai jamais trop su…)
Pour avoir vu dans l’eau la belle Loreley
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil
Il fait ici prononcer :*Lore-leill ?
(Autre question subsidiaire aux germanistes: comment on prononce Bacharach? Je n’ai jamais trop su…)
- NLM76Grand Maître
Oui ; et je n'ai pas encore cherché ce qu'était ce Bacharach...
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- IphigénieProphète
Alors si on en croit Wikipedia, c'st au fond pareil que notre Bacarat lorrain, mais c'est une petite ville allemande de la vallée du Rhin:
Bacharach est une petite ville de la moyenne vallée du Rhin dans l'arrondissement de Mayence-Bingen dans la Rhénanie-Palatinat. Wikipédia
et ils prononcent BARARAR (comme Bach pour les puristes...)
Bacharach est une petite ville de la moyenne vallée du Rhin dans l'arrondissement de Mayence-Bingen dans la Rhénanie-Palatinat. Wikipédia
et ils prononcent BARARAR (comme Bach pour les puristes...)
- NLM76Grand Maître
Une élève vient de me dire que sa grand-mère, qui habite dans le coin, lui racontait l'histoire en disant "Loreleil". Cela semble cohérent avec la rime "Loreley-soleil". D'autre part, les "rimes" "ensORcELé-LORELEy" et "déROULés-Loreley" marchent bien en rimes Apollinairiennes, c'est-à-dire approximatives, avec divers rappels phoniques. Des espèces de parhoméotéleutes.
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- NLM76Grand Maître
A propos de "La blanche neige".
J'ai quelques élèves, sans doute parce qu'ils sont allés chercher des trucs sur le grand entrefilet, mais aussi parce qu'ils pensent "anges"="âmes des morts", ou "monde céleste spirituel = vie après la mort", veulent absolument que la bien-aimée soit absente parce qu'elle serait morte. Cela me paraît complètement hors de propos à la lecture de ce poème — en dehors de toute considération biographique. Et ce d'autant qu'ils insistent avec des arguments capillotractés, qui reviennent à utiliser, en gros, les champs lexicaux, pour ne pas lire ce qui est écrit : par exemple, ils voudraient que la répétition de "tombe" évoque la mort.
Est-ce que c'est quelque chose comme le mysticisme qu'ils ne peuvent envisager ? (qu'ils soient croyants, agnostiques ou non-croyants ?) Cela dit, j'ai le sentiment que ceux qui sont fixés sur une telle idée sont aussi et surtout ceux qui n'ont pas écouté l'explication que je leur ai proposée, dans une sorte de surdité volontaire à Apollinaire et au cours.
Apollinaire a écrit:Les anges les anges dans le ciel
L'un est vêtu en officier
L'un est vêtu en cuisinier
Et les autres chantent
Bel officier couleur du ciel
Le doux printemps longtemps après Noël
Te médaillera d'un beau soleil
D'un beau soleil
Le cuisinier plume les oies
Ah ! tombe neige
Tombe et que n'ai-je
Ma bien-aimée entre mes bras
J'ai quelques élèves, sans doute parce qu'ils sont allés chercher des trucs sur le grand entrefilet, mais aussi parce qu'ils pensent "anges"="âmes des morts", ou "monde céleste spirituel = vie après la mort", veulent absolument que la bien-aimée soit absente parce qu'elle serait morte. Cela me paraît complètement hors de propos à la lecture de ce poème — en dehors de toute considération biographique. Et ce d'autant qu'ils insistent avec des arguments capillotractés, qui reviennent à utiliser, en gros, les champs lexicaux, pour ne pas lire ce qui est écrit : par exemple, ils voudraient que la répétition de "tombe" évoque la mort.
Est-ce que c'est quelque chose comme le mysticisme qu'ils ne peuvent envisager ? (qu'ils soient croyants, agnostiques ou non-croyants ?) Cela dit, j'ai le sentiment que ceux qui sont fixés sur une telle idée sont aussi et surtout ceux qui n'ont pas écouté l'explication que je leur ai proposée, dans une sorte de surdité volontaire à Apollinaire et au cours.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
Il faudrait leur montrer Chagall et le Douanier Rousseau, peut-être ( c’est un peu un mélange des deux que je vois en lisant ce poème) .
Les automatismes c’est en effet une plaie en littérature : les élèves réagissent souvent sur un mot (exemple nature animaux:écologie, défendre la planète )….
Les automatismes c’est en effet une plaie en littérature : les élèves réagissent souvent sur un mot (exemple nature animaux:écologie, défendre la planète )….
- calistaNiveau 8
Bonsoir,
TZR parachutée en lycée, je prends la suite de la collègue sur Apollinaire. Je lis le recueil et je tombe sur l'improbable réponse des Cosaques...Mais à quoi donc sert ce poème? Quel sens après Aubade? Merci pour votre aide.
TZR parachutée en lycée, je prends la suite de la collègue sur Apollinaire. Je lis le recueil et je tombe sur l'improbable réponse des Cosaques...Mais à quoi donc sert ce poème? Quel sens après Aubade? Merci pour votre aide.
- e-WandererGrand sage
Il me semble qu'Apollinaire donne lui-même de nombreux éléments de réponse dans les vers en italiques qui séparent le poème d'Aubade de la Réponse des Cosaques :
– une sorte de joie primaire : celle des vieilles chansons licencieuses de la Renaissance sur fond de Carpe diem (comme les aimait tant Marot) dans Aubade et le rire provocateur des Cosaques dans la Réponse, rire qu'explore aussi le fameux tableau de Répine (clic).
– une référence marquée au christianisme (le Lætare, référence à Isaïe 66-10 et à la liturgie du 4e dimanche du carême pour Aubade, la défense farouche de la chrétienté contre les Turcs dans la Réponse).
– une revendication inconditionnelle de liberté (la référence à l'adultère de Mars et Vénus dans Aubade, le refus de la soumission au sultan turc et le plaisir pur de la transgression verbale dans la Réponse).
Les vers intermédiaires mettent ces deux poèmes en perspective, en explorant les tensions entre liberté radicale et fidélité, joie et mélancolie nostalgique, paganisme et christianisme, passé et présent, noblesse de ton (les lais pour les reines) et détails prosaïques (le chat qui miaule dans la cour) etc. Et cette transition ouvre aussi plus largement sur le reste du recueil, et notamment le cycle des Rhénanes (les astrologues reviennent dans Les sapins, les sirènes dans la Loreley, les larrons et leur langage fleuri dans Schinderhannes etc.). Ou même plus largement (la mort du grand Pan, qui vient de Plutarque, a fait l'objet d'un poème de jeunesse d'Apollinaire, le Bestiaire consacre un poème aux sirènes etc.).
Aubade et la Réponse portent en eux, différemment et de manière complémentaireBeaucoup de ces dieux ont péri
C’est sur eux que pleurent les saules
Le grand Pan l’amour Jésus-Christ
Sont bien morts et les chats miaulent
Dans la cour je pleure à Paris
Moi qui sais des lais pour les reines
Les complaintes de mes années
Des hymnes d’esclave aux murènes
La romance du mal-aimé
Et des chansons pour les sirènes
L’amour est mort j’en suis tremblant
J’adore de belles idoles
Les souvenirs lui ressemblant
Comme la femme de Mausole
Je reste fidèle et dolent
Je suis fidèle comme un dogue
Au maître le lierre au tronc
Et les Cosaques Zaporogues
Ivrognes pieux et larrons
Aux steppes et au décalogue
Portez comme un joug le Croissant
Qu’interrogent les astrologues
Je suis le Sultan tout-Puissant
Ô mes Cosaques Zaporogues
Votre Seigneur éblouissant
Devenez mes sujets fidèles
Leur avait écrit le Sultan
Ils rirent à cette nouvelle
Et répondirent à l’instant
À la lueur d’une chandelle
– une sorte de joie primaire : celle des vieilles chansons licencieuses de la Renaissance sur fond de Carpe diem (comme les aimait tant Marot) dans Aubade et le rire provocateur des Cosaques dans la Réponse, rire qu'explore aussi le fameux tableau de Répine (clic).
– une référence marquée au christianisme (le Lætare, référence à Isaïe 66-10 et à la liturgie du 4e dimanche du carême pour Aubade, la défense farouche de la chrétienté contre les Turcs dans la Réponse).
– une revendication inconditionnelle de liberté (la référence à l'adultère de Mars et Vénus dans Aubade, le refus de la soumission au sultan turc et le plaisir pur de la transgression verbale dans la Réponse).
Les vers intermédiaires mettent ces deux poèmes en perspective, en explorant les tensions entre liberté radicale et fidélité, joie et mélancolie nostalgique, paganisme et christianisme, passé et présent, noblesse de ton (les lais pour les reines) et détails prosaïques (le chat qui miaule dans la cour) etc. Et cette transition ouvre aussi plus largement sur le reste du recueil, et notamment le cycle des Rhénanes (les astrologues reviennent dans Les sapins, les sirènes dans la Loreley, les larrons et leur langage fleuri dans Schinderhannes etc.). Ou même plus largement (la mort du grand Pan, qui vient de Plutarque, a fait l'objet d'un poème de jeunesse d'Apollinaire, le Bestiaire consacre un poème aux sirènes etc.).
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« Profitons du temps qui nous reste avant la définitive invasion de la grande muflerie du Nouveau Monde » (Huysmans)
- NLM76Grand Maître
C'est vraiment très drôle ce poème, qui est une sorte de collage d'un texte écrit par un autre dans le recueil. Voir ici :
Cela me fait penser au fait que "La Loreley" est quasiment une traduction de Brentano.
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Cosaques_zaporogues_%C3%A9crivant_une_lettre_au_sultan_de_Turquie
Cela me fait penser au fait que "La Loreley" est quasiment une traduction de Brentano.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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