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- GourgNiveau 4
Yvonne Tonnerre a écrit:Il y a un truc qui m'horripile dans le monde de l'enseignement, c'est de voir constamment des professeurs se tourmenter à l'idée de comprendre comment intéresser les élèves dans le but de les mettre au travail. C'est vraiment une autre vision de l'éducation nationale par rapport à celle de quand j'étais ado.
J'ai l'impression que selon beaucoup de gens un élève de 12 ou 15 ou 17 ans n'a pas de libre arbitre, n'a pas de volonté propre, n'a pas de conscience. On dirait qu'il n'est pas capable de se responsabiliser et de savoir ce qui est bon pour lui.
On dirait donc que tout doit venir du prof et l'élève est uniquement le réceptacle.
Ça m'horripile vraiment beaucoup car moi aussi j'étais une élève défavorisée (famille immigrée, ouvrière, père décédé) et quand il m'arrivait de ne pas faire mes exercices ou de ne pas apprendre mes leçons, je n'incriminais personne (J'assumais pleinement ma flemmardise sans dire "Le cours est nul" ou "Le prof est nul" ou "Le prof n'a pas réussi à m'intéresser à sa matière") et je n'attendais pas du prof qu'il me prenne par la main comme s'il était un psy ou une assistante sociale.
Aujourd'hui, on dirait que les enseignants se torturent à l'idée de trouver une solution miracle pour que les élèves fassent leur job d'élève, c'est-à-dire écouter, apprendre ses leçons, faire ses devoirs. Perso, je trouve qu'il est assez vain de se tourmenter pour des élèves qui, le soir, n'ouvrent jamais leur manuel, ne relisent jamais leurs cours, ne font jamais leurs exercices.
Bravo !
Mais cette attitude des professeurs est celle que leur prescrivent leurs supérieurs, depuis M. Meirieu et l'avènement de sa psychologie de comptoir (citation ci-dessous).
Citation : "La “ pédagogie centrée sur l’apprenant ” a ainsi le mérite de rappeler
inlassablement qu’il convient de “ se mettre à la portée ” de celui que l’on veut
éduquer, non pour renoncer aux exigences éducatives et s’abîmer dans la
contemplation béate des aptitudes qui s’éveillent, mais pour travailler, au
quotidien, à une véritable formation de la personne. Car, pour elle, le
dégagement des situations locales et des contraintes contingentes ne peut être
obtenu par un arrachement violent ; il suppose une mise en perspective, des
confrontations progressives avec d’autres points de vue, l’élaboration de
situations pédagogiques élaborées avec le souci constant d’un accompagnement
et d’une appropriation individualisée des savoirs. L’éducation n’est pas ici
imposition d’une norme mais construction d’un rapport intérieur du sujet à
l’exigence de vérité : l’enfant apprend à distinguer progressivement ce qui
relève de sa propre subjectivité de ce qui peut être construit en “ objet commun ”;
il différencie ses fantasmes personnels de la réalité qui émerge lentement dans
les rencontres avec d’autres personnes, d’autres environnements, d’autres
cultures. Il commence à dissocier ses propres interprétations de ce qui peut faire
l’objet d’un accord dans la confrontation réciproque. Il fait l’apprentissage
douloureux de la renonciation à la toute-puissance, aux projections débridées de
son imaginaire, à la sécurité des représentations dans lesquelles il s’était installé.
Et c’est bien cela, fondamentalement, que doit permettre l’éducation, tant à
travers les premières expériences familiales où l’on apprend à suspendre ses
impulsions immédiates pour respecter des règles de vie collectives qu’à travers
les problèmes scientifiques les plus élaborés où l’on mesure la résistance des
choses à l’empressement de notre esprit. C’est cela aussi qui se joue dans la
rencontre avec l’œuvre culturelle, dès lors qu’elle permet de reconnaître en elle
des aspirations, des inquiétudes, des questions que nous portons en nous : son
extériorité nous renvoie à notre intériorité en même temps qu’elle nous aide à
sortir de notre solitude." UNESCO : HORIZON 2020 - Philippe Meirieu
- Pacifique ParsonsNiveau 2
Je dois bien vous avouer que les récents événements relatifs aux résultats du bac n'ont fait qu'amplifier mon indignation. Comment des gens comme M. Blanquer peuvent-ils donner des leçons de démocratie aux professeurs alors que ces derniers ne cherchent qu'à faire entendre leur voix qui est systématiquement ignorée ?
Quand j'étais élève, je me demandais pourquoi les peuples ayant fini soumis à des régimes autoritaires ne s'étaient pas révoltés. Pourtant, l'état de la démocratie et des principes républicains en France fait froid dans le dos. Le gouvernement ment aux gens et fait l'inverse de ce qu'il prétend faire. Les médias s'en donnent à cœur joie pour qualifier les professeurs de "preneurs d'otages". Je ne suis pas très objectif mais je les trouve héroïques, moi, ces collègues.
Au bout du compte je ne sais toujours pas ce qu'il faut faire, mais je suis plus que jamais convaincu que l'heure est grave.
Quand j'étais élève, je me demandais pourquoi les peuples ayant fini soumis à des régimes autoritaires ne s'étaient pas révoltés. Pourtant, l'état de la démocratie et des principes républicains en France fait froid dans le dos. Le gouvernement ment aux gens et fait l'inverse de ce qu'il prétend faire. Les médias s'en donnent à cœur joie pour qualifier les professeurs de "preneurs d'otages". Je ne suis pas très objectif mais je les trouve héroïques, moi, ces collègues.
Au bout du compte je ne sais toujours pas ce qu'il faut faire, mais je suis plus que jamais convaincu que l'heure est grave.
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