[3e] Qui a réussi à voir les subordonnées infinitives et participiales ?

Nadejda a écrit:Les infinitives et les participiales ? Non, pas du tout. De même pour l'accord des verbes pronominaux (il faudrait déjà qu'ils sachent ce qu'est un participe passé, entre autres).
J'ai revu l'essentiel : natures, fonctions (sans trop pouvoir insister sur l'attribut du COD), différence entre relative et conjonctive, conjugaisons, accord du participe passé. Le reste, hein, vu d'où ils partent... 5 de moyenne en français aux deux brevets blancs dans une de mes 3e, 7-8 de moyenne générale à l'année. L'autre classe était plus sérieuse, moins absentéiste, moins immature mais eux non plus n'apprennent pas d'un cours sur l'autre : certains vont se prendre un mur au lycée.

Dalva, la lecture magistrale de textes de Delbo quand les élèves manifestent d'une telle manière leur désintérêt c'est... à en jeter un par la fenêtre !
Ou à se jeter par la fenêtre !

Étant au rez-de-chaussée, j'aurais pu, mais il faisait trop chaud pour ouvrir les fenêtres.
Du coup, déjà émue par ce que j'étais en train de lire, j'ai tout simplement pleuré et demandé : "Qu'est-ce que vous êtes ? Je ne comprends pas !"
Ils ont bien compris que je ne pleurais pas à cause de leurs bavardages mais du texte (et peut-être un peu de la chaleur ). C'étaient des larmes de colère.
J'ai pu reprendre ma lecture, ils sont enfin "entrés dedans", se sont agacés quand il y eu du bruit dans le couloir et m'ont posé des questions. Mais bon sang, s'il faut en arriver à ce cinéma pour qu'ils accordent leur attention à des mots !

Dhaiphi a écrit:

Sphinx a écrit:Ils galèrent déjà à trouver le sujet de la phrase alors comment te dire...

Ça fait au minimum huit ans qu'ils cherchent le sujet de la phrase. Ça va finir en "cold case" cette affaire.

:lol:

Merci pour ce sourire.

@Agrippina, je pense qu'il faut que je me résolve à faire comme toi. Mais comment se tenaient ceux qui ne suivaient pas ? Dans mes cours, dès qu'ils ne comprennent pas, estiment ne pas pouvoir faire ou constatent qu'on ne s'occupe pas spécifiquement (et individuellement) d'eux, ils font du bruit, s'agitent, se manifestent et rendent impossible tout travail suivi, toute explication claire.

Désolée de faire dévier ainsi ta question, Amaliah.

Les miens sont gentils, n'ont pas de problèmes particuliers pour avoir du soutien à la maison (il y a un peu de tout mais une majorité de CSP plutôt favorisées) et sont plutôt bosseurs (juste, pas pour la grammaire) : ils se sont donné du mal pour retenir la définition d'une autobiographie, pour essayer de faire de belles réponses développées avec citations du texte entre guillemets comme voulait la prof (mais pas pour la grammaire) ; ils sont plutôt bons pour faire un zouli diaporama sur leur parcours avenir, ce qui fait qu'ils auront leur brevet sans trop de problème (par contre, la grammaire...) et qu'ils vont tous en général sauf un (peut-être deux, je ne sais plus). Ils vont en baver au lycée. Je me suis arraché les cheveux, j'en ai rabattu sur le nombre de textes au 3e trimestre pour leur faire chaque jour une "phrase du jour", chacun son tour au tableau pour trouver les natures et fonctions dans une phrase. Ça a payé pour les cinq ou six vraies bosseuses mais les autres... Impossible d'identifier un COI, de me cracher tout seuls les mots "préposition" ou "adjectif possessif" ("déterminant possessif", ça ils connaissent, mais ils le sortent pour n'importe quel déterminant, ne parlons pas de ce "pronom personnel sujet" qui m'horripile).

Je ne sais pas quoi penser en fait. On dirait qu'ils ont décidé que la grammaire et l'orthographe leur étant passées au-dessus de la tête à un moment de leur scolarité, ce serait définitivement sans eux

Sphinx a écrit: une "phrase du jour", chacun son tour au tableau pour trouver les natures et fonctions dans une phrase.

Il fut un temps lointain où cela s'appelait une "analyse logique" mais je crains que de nombreux pédagogismes* aient mis fin à cette pratique que vous exhumez.

*Je parle au niveau de l'Elementaire naturellement.

Nadejda a écrit:Les infinitives et les participiales ? Non, pas du tout. De même pour l'accord des verbes pronominaux (il faudrait déjà qu'ils sachent ce qu'est un participe passé, entre autres).
J'ai revu l'essentiel : natures, fonctions (sans trop pouvoir insister sur l'attribut du COD), différence entre relative et conjonctive, conjugaisons, accord du participe passé.

En gros, même chose pour moi, avec un bon chapitre sur les paroles rapportées et un travail régulier sur les relations logiques et les valeurs des temps au fil des textes. S'ils maîtrisaient déjà tout ça, je serais sereine. Moi aussi j'ai travaillé avec eux sur l'extrait de Globalia en révisions et je leur ai dit qu'ils avaient toutes les clés pour traiter les questions. Résultat, j'hésite entre :pleurs: et :chev:

Dalva : ah mais ça ne s'est pas fait tout seul ... j'ai passé toute mon année avec ces deux classes en mode warrior, avec un seul mot d'ordre : "vous voulez rien foutre, ok, mais le premier qui dérange, c'est la guerre". Donc punitions à répétition au début (parce que les mots sur le carnet ou les heures de colle gérées par la vie sco, comment dire ... ). Et comme les punitions, au début, n'étaient pas faites, je les chopais un par un pour leur faire faire soit à 13h, soit pendant mon cours de latin 3ème (j'en avais 12, des mignons, donc je tournais une table face au mur pour le puni), soit pendant un de mes cours au cdi (la doc nous a beaucoup aidés cette année, mes collègues et moi). Parfois, on se les refilait aussi entre collègues pendant nos heures de trou (en corrigeant nos copies dans la salle jouxtant la vie sco, avec le loulou pour éviter le problème d'être seul avec), parce que vu l'efficacité de notre vie sco ... on a été 4 profs à ne pas lâcher et à leur mettre la misère, ça nous a pris beaucoup de temps et d'énergie au 1er trimestre, puis ça s'est calmé quand ils ont vu qu'on était solidaires et qu'on ne lâcherait pas. Depuis mi-mai, on ne les voit même plus, à part pour certains cours où ils foutent le dawa. Mais ça nous a pris une énergie folle : je n'ai jamais fini une année aussi vidée et ça laisse aussi un sentiment d'échec ... mais comme on n'a eu aucune aide et que les autres élèves étaient véritablement en souffrance , il n'y avait pas beaucoup de solution. Et les parents des gamins qui ont à peu près bossé (des moyens plus, pour la plupart, mais assez sérieux et gentils) nous ont aussi beaucoup soutenus, par leurs remerciements. Ce ne sont que des mots, mais ça fait énormééééément de bien, par les temps qui courent !

Dalva, je ne trouve pas que tu fasses dévier la question de départ puisque finalement on peut se demander comment arriver à faire le programme avec les classes qu'on a... C'est parfois le grand écart entre les programmes et la réalité quotidienne.

Chez nous, c'est comme chez Agrippina, cohésion quasi totale des profs, la solidarité, il n'y a que ça qui peut faire tenir. Depuis deux ans super chef au top (bien mérité, vu celle d'avant). Beaucoup d'exigences. La même équipe pédagogique, très stable depuis des années. Dès le début d'année, je suis intraitable : ils sont prévenus et sur certaines interros de par coeur, je colle tous ceux qui ont par exemple moins de 4/10. Les retenues, c'est dans mon cours au fond de ma classe ou en devoirs faits pendant mon heure (pour vous faire rire et parce que je ne m'en lasse pas, ce n'est pas une retenue, m'a dit l'IPR l'an dernier, mais "une mesure d'accompagnement bienveillant"). Jamais d'interro surprise. Des devoirs différenciés en 3e dès le deuxième trimestre selon l'orientation demandée. Une relation de confiance. Et finalement malgré un taux de réussite faible au DNB, presque tous les 3e sont là, même sur les derniers jours. Finalement, c'est déjà ça. Oui, je sais, on se réjouit de peu... Mais vous lire me conforte dans l'idée de ne pas demander ma mutation, même si c'est parfois décourageant, ce sentiment d'échec devant tous ces élèves qui cumulent les difficultés, passent de classe en classe et dont les plus faibles finissent par sortir du collège en ne sachant rien ou si peu.

J'ai effectivement été intraitable en début d'année, ainsi que toute l'équipe, mais rien n'a eu prise sur eux.
Je note néanmoins tout cela précieusement : j'essaierai de tenir plus longtemps en tant que dragon l'an prochain. J'ai tendance à ne pas y parvenir en 3e (alors que je tiens toute l'année en 4e) parce que je trouve bizarre de devoir encore punir des élèves de cet âge pour qu'ils travaillent. Ils devraient prendre leurs responsabilités, il n'y a pas que le DNB, leur orientation est en jeu.
J'ai du mal à m'adapter à l'enfance qui s'éternise, en somme. Je vais m'y faire...

J'ai laissé tomber les infinitives et les participiales quand j'ai vu que la majorité peinait (et le mot est faible) à différencier conjonctive et relative, principale et subordonnée. J'ai essayé de leur faire rentrer au moins ça, plus les circonstancielles. Essayé.
Je n'ai pas fait non plus les verbes pronominaux, déjà que trouver un COD antéposé était difficile pour eux, alors le reste...

J'ai paré au plus pressé: classes grammaticales, fonctions, temps/ modes et valeurs des verbes.

Par ailleurs, dans l'excellente formation sur la langue que j'ai eue cette année par JC Pellat (l'auteur de la GMF himself!) et Corinne Delhay, ils ont bien insisté sur le fait que les infinitives et les participiales sont des notions extrêmement discutables et remises en cause par les spécialistes. De là à m'acheter une bonne conscience...

Dalva a écrit:J'ai effectivement été intraitable en début d'année, ainsi que toute l'équipe, mais rien n'a eu prise sur eux.
Je note néanmoins tout cela précieusement : j'essaierai de tenir plus longtemps en tant que dragon l'an prochain. J'ai tendance à ne pas y parvenir en 3e (alors que je tiens toute l'année en 4e) parce que je trouve bizarre de devoir encore punir des élèves de cet âge pour qu'ils travaillent. Ils devraient prendre leurs responsabilités, il n'y a pas que le DNB, leur orientation est en jeu.
J'ai du mal à m'adapter à l'enfance qui s'éternise, en somme. Je vais m'y faire...

Enfin, de toute façon, parfois devant certaines classes, on a beau être intraitable, ça ne fonctionne pas...

clélia a écrit:

Nadejda a écrit:Les infinitives et les participiales ? Non, pas du tout. De même pour l'accord des verbes pronominaux (il faudrait déjà qu'ils sachent ce qu'est un participe passé, entre autres).
J'ai revu l'essentiel : natures, fonctions (sans trop pouvoir insister sur l'attribut du COD), différence entre relative et conjonctive, conjugaisons, accord du participe passé.

En gros, même chose pour moi, avec un bon chapitre sur les paroles rapportées et un travail régulier sur les relations logiques et les valeurs des temps au fil des textes. S'ils maîtrisaient déjà tout ça, je serais sereine. Moi aussi j'ai travaillé avec eux sur l'extrait de Globalia en révisions et je leur ai dit qu'ils avaient toutes les clés pour traiter les questions. Résultat, j'hésite entre :pleurs: et :chev:

Ah oui, les paroles rapportées aussi, et les valeurs des temps (que je trouve inutiles mais ça tombe souvent au brevet).

Eh bien, tu as de la chance, Amaliah, d'avoir des élèves "bonnes pâtes"... Enfin, les miens étaient sympathiques mais ils oubliaient ou perdaient leurs affaires et les polys d'un cours à l'autre, ils ne travaillaient absolument pas à la maison et le rendement était très très maigre en classe mais ils étaient excellents quand il s'agissait de sortir des co.nneries. Aucun d'eux n'obtient 150 points sur 300 pour nos épreuves écrites de brevet blanc.

Dalva a écrit:J'ai du mal à m'adapter à l'enfance qui s'éternise

Et pourtant... Il faut bien du talent pour être vieux sans être adulte.

Amaliah a écrit:

Dalva a écrit:J'ai effectivement été intraitable en début d'année, ainsi que toute l'équipe, mais rien n'a eu prise sur eux.
Je note néanmoins tout cela précieusement : j'essaierai de tenir plus longtemps en tant que dragon l'an prochain. J'ai tendance à ne pas y parvenir en 3e (alors que je tiens toute l'année en 4e) parce que je trouve bizarre de devoir encore punir des élèves de cet âge pour qu'ils travaillent. Ils devraient prendre leurs responsabilités, il n'y a pas que le DNB, leur orientation est en jeu.
J'ai du mal à m'adapter à l'enfance qui s'éternise, en somme. Je vais m'y faire...

Enfin, de toute façon, parfois devant certaines classes, on a beau être intraitable, ça ne fonctionne pas...

C'est malheureusement vrai.

Dhaiphi a écrit:

Dalva a écrit:J'ai du mal à m'adapter à l'enfance qui s'éternise

Et pourtant... Il faut bien du talent pour être vieux sans être adulte.

Certes. Enfin, je ne parlais pas de ce côté de l'enfance qu'on est content de conserver (et qui ne me paraît pas être propre à l'enfance mais simplement à l'humain qui pense à ouvrir ses yeux, s'étonner, etc.). Parlons donc simplement de paresse auto-centrée et d'incapacité à accepter la frustration comme la contrainte.

Et le "oh, mais c'est pas de ma faute !!" est aussi gavant que le "oui, mais moi je ..."
Bref, moi aussi j'ai beaucoup de mal