Petit déjeuner gratuit en REP

Le Figaro a écrit:«L’objectif est de permettre aux enfants de ne pas commencer la journée le ventre vide, de rester concentrés pendant toute la matinée et ainsi d’apprendre dans les meilleures conditions», expliquent les deux ministres dans le même communiqué. «Cette mesure participe à la réduction des inégalités, dès le plus jeune âge», ajoutent-ils. Selon une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc réalisé en 2015, 25% des 3-11 ans ne prennent pas de petit-déjeuner tous les matins, les populations défavorisées étant les plus touchées.

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/le-petit-dejeuner-gratuit-a-l-ecole-sera-generalise-en-septembre-et-concernera-100-000-enfants-20190423

Je suis partagée.
L'idée n'est pas mauvaise, et répond à un vrai problème, mais ...
- quid des nombreux enfants qui ne sont pas en REP et qui ne prennent pas non plus de petit déjeuner ?
- Je sais que c'est parfois par manque de moyens que les enfants ont un petit déjeuner manquant ou malbouffe, mais ce n'est pas la seule cause.
- Est-ce à l'école de gérer cela ?

Philippe Meirieu, dans une interview sur france Info ce matin, disait qu'il fallait travailler en amont avec les familles, leur expliquer l'importance d'un bon petit déjeuner, mais aussi de ne pas regarder la télé le matin, ni la tablette, dormir tôt ...  tout ça me paraît bien évident, mais ce monsieur découvrirait-il l'existence de l'eau tiède ?  Comment n'a t-il pas encore trouvé la clef pour résoudre cela de son temps ?

Sinon une directrice affiliée au SNUIPP disait que ce n'est pas à l'école de s'en occuper, ce qui n'est pas faux, et un représentant de la FCPE que c'était discriminant, et qu'il fallait le faire pour tout le monde, mais sans donner à ceux qui ont déjà mangé pour ne pas favoriser l'obésité, ni les allergies.
Il y a des remarques judicieuses, et d'autres qui laissent à penser que de toute façon il faut critiquer parce que ça vient de Jean-Michel Blanquer.
Bref, comment un vrai problème peut ouvrir la voie à une usine à gaz ingérable...

Mais est-ce que ça va prendre sur l'horaire des cours, ou être placé avant ceux-ci ?
Le problème le plus important est là, à mon sens.

Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a pas d'autres : quid des allergies diverses, par ex. ?

D'accord avec ce que tu écris, Verdurette. Bien sûr que sur le papier il s'agit d'une belle idée, mais, en tout cas dans mon collège de REP, ce n'est pas nécessairement la question financière qui pose problème : les élèves ne prennent pas le temps, ne voient pas l'utilité de ce repas, etc. Par ailleurs, j'ai le sentiment que c'est encore une manière de déresponsabiliser les familles et de donner l'impression que l'école est à même de/doit régler tous les problèmes qui se posent à l'extérieur, ce qui me semble dangereux.

Verdurette a écrit:Philippe Meirieu, dans une interview sur france Info ce matin, disait qu'il fallait travailler en amont avec les familles, leur expliquer l'importance d'un bon petit déjeuner, mais aussi de ne pas regarder la télé le matin, ni la tablette, dormir tôt ...  tout ça me paraît bien évident, mais ce monsieur découvrirait-il l'existence de l'eau tiède ?  Comment n'a t-il pas encore trouvé la clef pour résoudre cela de son temps ?

Certes et ce n'est pas non plus en offrant le p'tit déj que l'on résoudra le problème : p'tit déj + classe + cantine + re-classe + activités péri-machin + garderie... le tout gratuit. Il me semble raisonnable d'envisager d'offrir les nuitées.

... et les vacances ? On en parle, des vacances ?

Mhhmhm...
Quand j'enseignais dans un quartier difficile du Bronx à New York, cela se faisait aussi. Ce que j'ai objectivement observé : des tas de gamins étaient déjà passés par l'épicerie du coin pour se gaver de bonbons pas chers, voire se prendre un hamburger ; je ne sais pas si un discours sur le gâchis alimentaire avait été donné lors de la mise en place, en tout cas j'ai vu d'énormes sacs poubelle repartir chaque jour, contenant souvent des sachets ouverts, entamés, mais pas entièrement consommés, voire des petits packs de lait ouverts mais pas touchés, etc. Perso, j'étais scandalisée et n'ai jamais vu le bien-fondé de cette action. Et ça me prenait bien la tête d'être obligée d'être là pour aider à superviser le tout. Quelques rares élèves savaient refuser parce qu'ils n'avaient pas faim, et je ne sais pas ce que les produits non-distribués devenaient. Parmi les adultes, personne (de ce que j'ai pu constater) n'observait qui, parmi les élèves, faisait quoi (manger ou pas, tout ouvrir mais ne rien manger, jouer avec la bouffe..).

Il me semble bien plus judicieux de cibler les familles à problème (si l'absence de petit-déjeuner est pour raisons économiques) et de voir avec la municipalité si un autre système ne serait pas plus efficace, et plus pédagogique, et plus équitable à l'arrivée (livraisons à domicile le matin, ou la veille, par exemple)... voire plus économique.

Bref... je suis très très très tiède à l'heure actuelle, mais pas définitivement contre non plus concernant des actions contre la pauvreté. J'ai juste le poil qui se hérisse quelque peu dès qu'on enrobe un truc de "bienveillance" et d'égalité (je crois bien davantage dans l'équité), et demande vraiment à voir qui va analyser tout ça, rendre des comptes, gérer...

La question se pose aussi de ce qui va leur être servi. Quand j'enseignais au collège, une fois par an il y avait le petit déjeuner des 6e: du lait (plein de lactose), du jus d'orange (hyper agressif pour l'estomac) et des céréales c'est-à-dire du gluten + du sucre. On peut rêver plus équilibré. Mais c'est une intolérante au gluten et au lactose qui parle...
Sinon, même si je trouve que l'idée part d'une intention louable, ce n'est pas à l'école de s'occuper de ça.

D'accord avec Lul', je pensais justement au gâchis qui sera inévitable parce qu'on ne va pas non plus forcer les enfants à manger.

marjolie.june a écrit:La question se pose aussi de ce qui va leur être servi. Quand j'enseignais au collège, une fois par an il y avait le petit déjeuner des 6e: du lait (plein de lactose), du jus d'orange (hyper agressif pour l'estomac) et des céréales c'est-à-dire du gluten + du sucre.

On peut aussi envisager les repas en fonction des pratiques confessionnelles ?

Dhaiphi a écrit:

marjolie.june a écrit:La question se pose aussi de ce qui va leur être servi. Quand j'enseignais au collège, une fois par an il y avait le petit déjeuner des 6e: du lait (plein de lactose), du jus d'orange (hyper agressif pour l'estomac) et des céréales c'est-à-dire du gluten + du sucre.

On peut aussi envisager les repas en fonction des pratiques confessionnelles ?

C'est une vraie question : quitte à ce que le petit déjeuner soit pris en charge par l'école, autant qu'on apprenne aux enfants à manger correctement.

marjolie.june a écrit: quitte à ce que le petit déjeuner soit pris en charge par l'école,

Ce n'est pas inéluctable...  

autant qu'on apprenne aux enfants à manger correctement.

Et hop, en plus dans la besace des enseignants et en moins de celle des parents.

Allons nous également offrir le petit déjeuner aux enseignants ?

Dans des structures médicalisées où les patients/élèves sont présents toute la semaine, des collations sont prévues aux récréations.

C'est un peu particulier car certains ont des régimes alimentaires très contrôlés mais les diététiciens donnent globalement à chacun un fruit, un laitage en brique, un gâteau.

Pour ce qui est du gaspillage, les cantines sont déjà confrontées au problème. On peut imaginer une gestion et une régulation commune, pour les produits de consommation rapide.

Dhaiphi a écrit:

marjolie.june a écrit: quitte à ce que le petit déjeuner soit pris en charge par l'école,

Ce n'est pas inéluctable...  

autant qu'on apprenne aux enfants à manger correctement.

Et hop, en plus dans la besace des enseignants et en moins de celle des parents.

Je suis d'accord avec toi. J'ai dit que j'étais contre.

marjolie.june a écrit:La question se pose aussi de ce qui va leur être servi. Quand j'enseignais au collège, une fois par an il y avait le petit déjeuner des 6e: du lait (plein de lactose), du jus d'orange (hyper agressif pour l'estomac) et des céréales c'est-à-dire du gluten + du sucre. On peut rêver plus équilibré. Mais c'est une intolérante au gluten et au lactose qui parle...
Sinon, même si je trouve que l'idée part d'une intention louable, ce n'est pas à l'école de s'occuper de ça.

Quand on n'est intolérant ni au gluten ni au lactose, ce n'est pas si mal comme petit-déjeuner.

ddalcatel a écrit:Allons nous également offrir le petit déjeuner aux enseignants ?

Dans mon école, les collations distribuées aux élèves (fêtes, sorties, événements...) le sont également aux enseignants, s'ils le souhaitent naturellement.

marjolie.june a écrit:Je suis d'accord avec toi. J'ai dit que j'étais contre.

Voilà qui est clair. Vous m'en voyez ravi.

Ma'am a écrit:

marjolie.june a écrit:La question se pose aussi de ce qui va leur être servi. Quand j'enseignais au collège, une fois par an il y avait le petit déjeuner des 6e: du lait (plein de lactose), du jus d'orange (hyper agressif pour l'estomac) et des céréales c'est-à-dire du gluten + du sucre. On peut rêver plus équilibré. Mais c'est une intolérante au gluten et au lactose qui parle...
Sinon, même si je trouve que l'idée part d'une intention louable, ce n'est pas à l'école de s'occuper de ça.

Quand on n'est intolérant ni au gluten ni au lactose, ce n'est pas si mal comme petit-déjeuner.

Les céréales, c’est loin d’être équilibré.

Marie-Lul' a écrit:Bref... je suis très très très tiède à l'heure actuelle, mais pas définitivement contre non plus concernant des actions contre la pauvreté. J'ai juste le poil qui se hérisse quelque peu dès qu'on enrobe un truc de "bienveillance" et d'égalité (je crois bien davantage dans l'équité), et demande vraiment à voir qui va analyser tout ça, rendre des comptes, gérer...

Mais voyons, l'équité c'est socialement injûûûûûûûûûste !

marjolie.june a écrit:La question se pose aussi de ce qui va leur être servi. Quand j'enseignais au collège, une fois par an il y avait le petit déjeuner des 6e: du lait (plein de lactose), du jus d'orange (hyper agressif pour l'estomac) et des céréales c'est-à-dire du gluten + du sucre. On peut rêver plus équilibré. Mais c'est une intolérante au gluten et au lactose qui parle...

Du sucre, du sucre et du sucre (euh pardon, de l'« énergie »). Et ensuite on s'étonne d'avoir des Duracell en classe.

Après, ça dépend des céréales... mais bizarrement je ne suis pas sûre qu'ils partent sur des flocons d'avoine !

Jenny a écrit:

Ma'am a écrit:

marjolie.june a écrit:La question se pose aussi de ce qui va leur être servi. Quand j'enseignais au collège, une fois par an il y avait le petit déjeuner des 6e: du lait (plein de lactose), du jus d'orange (hyper agressif pour l'estomac) et des céréales c'est-à-dire du gluten + du sucre. On peut rêver plus équilibré. Mais c'est une intolérante au gluten et au lactose qui parle...
Sinon, même si je trouve que l'idée part d'une intention louable, ce n'est pas à l'école de s'occuper de ça.

Quand on n'est intolérant ni au gluten ni au lactose, ce n'est pas si mal comme petit-déjeuner.

Les céréales, c’est loin d’être équilibré.

Bon, de toute façon, ce n'est pas pour les enfants de "bobos" qui ne mangent pas sucré ni gluten ni trop acide et qui ne boivent que du jus pressé et ne mangent que du bio, c'est pour les pauvres qui n'ont rien à bouffer chez eux. Donc, c'est déjà beau.

Sans parler de particularités de consommation (allergie ou raisons religieuses), je me pose la question des familles dont les enfants prennent déjà un petit-déj, et équilibré qui plus est. Puisqu'ils ne sont pas ciblés, ils se retrouvent "forcés" (sauf si on les autorise à ne pas prendre ledit petit dej, auquel cas oubliez ce que je dis là)... car REP ne signifie pas que toutes les familles ne donnent pas un petit-dej correct à leurs enfants.  

L'école de ma fille n'est pas concernée, mais je serais bien agacée de voir qu'on la force à manger des céréales et autres trucs du style, alors qu'à la maison elle a ce qu'il faut (et sans que ce soit bourré de sucre). Vous allez dire que c'est un "problème de riche", je vous vois venir, mais je trouve ça important. Ça montre aussi une des limites du dispositif, qui fait aussi, comme certains l'ont souligné, que l'école se charge (encore) plus du boulot des parents.

Comme dit plus haut, les diététiciens de centres médicalisés donnent un fruit, un laitage en brique, un gâteau.

Après, on peut remettre en cause ces choix, comme le font les parents avec nos cours.

Illiane a écrit:Après, ça dépend des céréales... mais bizarrement je ne suis pas sûre qu'ils partent sur des flocons d'avoine !

Il y a aussi les corn flakes natures. Mais pour tout le reste c'est la croix et la bannière pour trouver quelque chose avec moins d'1/6 de sucres simples (et en général c'est plutôt 1/4).

Enaeco a écrit:Comme dit plus haut, les diététiciens de centres médicalisés donnent un fruit, un laitage en brique, un gâteau.

Le gâteau est en portion, ce qui limite les dégâts.

En dehors du côté diététique ou pas, le petit déjeuner est notre moment à nous deux avec mon fils tranquille, on a la même passion du sucré (j'avoue).. Son école n'est pas REP.