Les enseignants polonais en grève

Courrier International a écrit:
Cette grève à caractère illimité est le résultat de l’échec de négociations salariales menées depuis plusieurs mois. Compte tenu de la hausse rapide du salaire minimum et du salaire moyen ces dernières années (autour de 5 % en 2018), les représentants du personnel scolaire réclament une revalorisation de 30 %.

Actuellement, avec un traitement mensuel de base de 400 euros net, les enseignants débutants sont à peine mieux payés que le salaire minimum alors qu’ils ont un niveau master (bac + 5), fait remarquer le ZNP. Dimanche 7 avril au soir, le ministère avait convaincu la centrale syndicale Solidarnosc de se retirer de l’appel à la grève en échange d’une promesse d’augmentation de 15 %, mais le ZNP et la centrale FZZ estiment l’offre insuffisante.

https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/mobilisation-en-pologne-greve-massive-et-illimitee-des-enseignants?Echobox=1554818200&fbclid=IwAR21B-cUDmHcEs5h59Il0I5iwkbnoFtnIHP8F9_4Ro3Szalx1zRp6QTAbe4

J'ai vu passer ça sur le monde également.

Hé ouais.

Une collègue polonaise m'avait raconté que recevoir un étudiant futur prof une heure pendant son cours ( être tuteur chez nous) était rémunéré au prix d'un ticket de métro... Beaucoup de profs polonais font un deuxième travail. D'ailleurs être prof c'est avoir manqué sa carrière...

Prosper de Barante a écrit:Une collègue polonaise m'avait raconté que recevoir un étudiant futur prof une heure pendant son cours ( être tuteur chez nous) était rémunéré au prix d'un ticket de métro... Beaucoup de profs polonais font un deuxième travail. D'ailleurs être prof c'est avoir manqué sa carrière...

Comme aux USA et bientôt comme en France

C'est aussi le cas en Italie et en Espagne. Mon père a organisé une palanquée d'échanges avec divers établissements italiens, tous les profs ont un second job. Quand ils n'en ont pas, c'est que leur conjoint a assez de fric pour l'éviter.
C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai souvent ricané à entendre que les profs de France sont les plus mal payés d'Europe. Faut pas charrier (même si ça risque bien de se dégrader à vitesse grand V).

Outre le salaire de misère, il faut savoir que les profs polonais (qui sont à 21 heures par semaine) ont de nombreuses contraintes qui nous sont inconnues en France.
Tout d'abord, ils font tout le travail administratif, ce qui fait que leurs vacances sont réduites de la mi-juillet à la première moitié d'août.
Lorsqu'un élève est absent pour une longue durée (dépression, maladie de longue durée), chaque professeur doit se rendre chez lui pour lui donner des cours particuliers une fois par semaine sans réelle compensation salariale (qui reste symbolique).
Ils ont des contraintes extrêmement important avec le pronotes local (avec des notes à publier à intervalles régulières fixées par la loi).
Les profs sont bien sûr embauchés par les directeurs d'établissement (élus par les profs) et peuvent être virés si nécessaire.

Ah et sinon c'est normal que Solidarnosc ait mangé dans la main du gouvernement puisque le parti est contrôlé par le PiS au pouvoir (et pas de manière officieuse comme cerrtains syndicats français jaunes, mais de manière tout à fait officielle).

Par contre, les profs polonais ont mis en place une action décidée : ils ont commencé leur grève une semaine avant les examens de 8ème classe très importants dans le système puisqu'en fonction des résultats les élèves peuvent aller dans les bons lycées (en termes d'enjeux c'est l'équivalent d'une orientation post-bac puisque les meilleurs élèves choisissent les premiers). Ils menacent d'empêcher la tenue des examens (et le gouvernement veut mobiliser les retraités pour faire la surveillance).

Elaïna a écrit:C'est aussi le cas en Italie et en Espagne. Mon père a organisé une palanquée d'échanges avec divers établissements italiens, tous les profs ont un second job. Quand ils n'en ont pas, c'est que leur conjoint a assez de fric pour l'éviter.
C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai souvent ricané à entendre que les profs de France sont les plus mal payés d'Europe. Faut pas charrier (même si ça risque bien de se dégrader à vitesse grand V).

Je ne sais pas d'où sortent tes chiffres! En Espagne, en parité de pouvoir d'achat, les profs titulaires sont mieux payés que chez nous. En Italie, c'est à peu près comme en France.

Par exemple, à 15 ans de carrière:



C'est bien en France que les profs sont les moins bien payés par rapport aux autres pays voisins qui ressemblent à la France.

Beaucoup de profs polonais font un deuxième travail. D'ailleurs être prof c'est avoir manqué sa carrière...
Comme aux USA et bientôt comme en France

Sauf qu'en France, il est interdit à un enseignant d'avoir un second emploi même en auto-entrepreneur (mis à part rares exceptions).

Vicomte, justement c'est ça qui m'étonne.
En Italie, tous les profs (et ils se comptent par dizaines) que j'ai rencontrés et qui n'avaient pas un conjoint avec gros salaire avaient un 2e job : une prof d'histoire de l'art était guide dans un musée, une prof de SVT avait un cabinet de diététique, un prof de sport était entraîneur du club local, etc. C'était la règle. Et c'était vital pour faire manger la famille.
En France le cas de figure est quand même beaucoup moins courant.

Tiberius, on a quand même de quoi trouver un job hein : entre la correction de copies ou d'épreuves, ceux et celles qui ont un truc de fabrication de bijoux ou autre du genre, les vacations diverses dans divers établissements, etc. Evidemment il faut une autorisation de cumul mais elles ne sont pas si rarement exercées.
Par ailleurs d'autres professions sont touchées par ce type d'interdictions : à titre d'exemple, un avocat ne peut pas faire n'importe quoi de son temps libre...

Mon frère est marié à une espagnole, professeur des écoles. Il y a quelques années, alors qu’elle était toute jeune enseignante, et qu’ils n’avaient pas encore vraiment décidé s’ils souhaitaient se poser en France ou en Espagne, je lui ai demandé pourquoi elle n’envisageait pas de passer le CAPES ou d’être contractuelle chez nous en collège. Et là, deux problèmes : c’était juste au moment où il n’était plus possible d’être candidat avec un BAC + 3 (ce qu’elle avait), et, surtout, elle a sensiblement blanchi en voyant les grilles de salaires … Peu de temps après, ils se sont définitivement installés en Espagne !
En ce moment, mon frère arrive à la fin de 3 ans de congé parental (pris suite à la naissance de leur 2e enfant), sans aucune rémunération car il a un contrat français, et ils vivent donc sur son seul salaire à elle, en ayant acheté une maison il y a un an. Même s’ils ne sont pas très dépensiers de nature, et que les prix de l’immobilier dans leur région sont très accessibles (de mémoire, 120 000 euros pour leur maison, assez simple, mais à 3 ou 4 chambres), ça laisse tout de même songeur.
Conclusion : Il est possible pour une famille avec 2 jeunes enfants de vivre sur un seul salaire d’enseignant en Espagne, même si cela est une situation relativement provisoire.

Elaïna a écrit:Vicomte, justement c'est ça qui m'étonne.
En Italie, tous les profs (et ils se comptent par dizaines) que j'ai rencontrés  et qui n'avaient pas un conjoint avec gros salaire avaient un 2e job : une prof d'histoire de l'art était guide dans un musée, une prof de SVT avait un cabinet de diététique, un prof de sport était entraîneur du club local, etc. C'était la règle. Et c'était vital pour faire manger la famille.
En France le cas de figure est quand même beaucoup moins courant.

Tiberius, on a quand même de quoi trouver un job hein : entre la correction de copies ou d'épreuves, ceux et celles qui ont un truc de fabrication de bijoux ou autre du genre, les vacations diverses dans divers établissements, etc. Evidemment il faut une autorisation de cumul mais elles ne sont pas si rarement exercées.
Par ailleurs d'autres professions sont touchées par ce type d'interdictions : à titre d'exemple, un avocat ne peut pas faire n'importe quoi de son temps libre...

Ça dépend beaucoup de la situation géographique en Italie. Un enseignant en ville aura facilement un 2eme job pour arrondir les fins de mois. Dans les petites villes et en dessous de Rome, globalement les profs n’ont pas de 2eme job dès que le mari travaille également.
En tous cas, c’est ce qui ressort du discours de 5 profs italiens que je connais.

Farfalla, j'ai vu ça aussi bien dans la partie nord de l'Italie (Ancône, par exemple) que dans la partie sud (Tarente, Naples, etc).

Franchement, être prof en Italie, c'est pas la panacée.

La vision de ce tableau me donne envie de vomir. Je comprends la violence de certains!

Elaïna a écrit:Farfalla, j'ai vu ça aussi bien dans la partie nord de l'Italie (Ancône, par exemple) que dans la partie sud (Tarente, Naples, etc).

Franchement, être prof en Italie, c'est pas la panacée.

Ce sont de grosses villes.
C’est Comme en France, un prof à Paris aura plus de difficultés à joindre les deux bouts que celui qui vit dans une petite ville. Rien que le prix du logement et de la nourriture changent beaucoup la donne dans un budget.

Non, ce n’est pas la panacée...

VicomteDeValmont a écrit:

Elaïna a écrit:C'est aussi le cas en Italie et en Espagne. Mon père a organisé une palanquée d'échanges avec divers établissements italiens, tous les profs ont un second job. Quand ils n'en ont pas, c'est que leur conjoint a assez de fric pour l'éviter.
C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai souvent ricané à entendre que les profs de France sont les plus mal payés d'Europe. Faut pas charrier (même si ça risque bien de se dégrader à vitesse grand V).

Je ne sais pas d'où sortent tes chiffres! En Espagne, en parité de pouvoir d'achat, les profs titulaires sont mieux payés que chez nous. En Italie, c'est à peu près comme en France.

Par exemple, à 15 ans de carrière:



C'est bien en France que les profs sont les moins bien payés par rapport aux autres pays voisins qui ressemblent à la France.

Pauvres de nous !

La misère !