CPGE et milieu social : l'origine sociale des professeurs de prépa

Bonjour,

Après être tombée sur cet article , je me suis interrogée sur l'origine sociale des professeurs de prépa. Comme le montre l'étude, les classes prépa se sont quand même peu démocratisées, même si elles accueillent des boursiers. Je me demande si c'est la même chose pour les profs de prépa, les classes intermédiaires, supérieures sont peut-être surreprésentées. Comment les professeurs issus de classes populaires se positionnent-ils ? Ont-ils l'impression de renforcer la reproduction sociale ? Essaient-ils de tirer vers le haut, d'amener aux concours en particulier des élèves qui sont issus d'un milieu semblable aux leurs (en étant un "chaperon" en quelque sorte) ? Quel regard portent-ils sur les CPGE en général ?

Ce qui est sûr c'est que l'ENS comporte encore moins d'étudiants de milieux modestes qu'à l'époque de Bourdieu.

Ce sont des questions insolubles car, sauf erreur, aucune donnée sur le sujet n'est publiée par le MEN.
Intuitivement je dirais que c'est très variable selon les disciplines. Certaines (LV entre autres) recrutent beaucoup, ce qui favorise la mixité sociale. D'autres (HG entre autres) sont verrouillées, ce qui rend l'entregent plus important, ce qui doit créer un biais de sélection social. Évidemment y'a aussi de fortes disparités géographiques (les petites prépas de province recrutent des profils différents que les prépas parisiennes).

VicomteDeValmont a écrit:Ce qui est sûr c'est que l'ENS comporte encore moins d'étudiants de milieux modestes qu'à l'époque de Bourdieu.

Tu veux dire, quand ses trois fils y étaient élèves ?


J'ai un spécimen à soumettre : un enseignant de maths en CPGE, issu de l'ENS Ulm, dont la mère était infirmière puis mère au foyer, et dont le père n'a pas le bac.
Sur les enseignants en CPGE il n'y a pas plus de statistiques que sur les enseignants en général, si ?

Sur ce sujet précis, j'ai trouvé cela pour le moment : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ou [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] . Je n'arrive pas à trouver le site internet du chercheur ou ses articles (même les simples résumés) pour le moment.
Le chercheur, Jacques-Benoît Rauscher, a fait sa thèse sur les profs de CPGE (et il est religieux dominicain).

Une trace de sa thèse :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Et il a une actualité autre puisqu'il vient de faire paraître un livre.

J'avais entendu dire que les disciplines scientifiques pouvaient permettre une ascension sociale, davantage que les sciences humaines par exemple, parce que justement ce n'est pas la culture ("lettrée", la culture légitimée, académique) qui est valorisée mais plus sur le travail. En gros, on opposait capital culturel et méritocratie effective grâce au travail personnel. Donc, on devrait retrouver des professeurs issus des classes populaires en prépa scientifiques. Enfin, c'est ce que j'ai compris après je ne sais pas si c'est véritablement le cas. L'exemple de RogerMartin illustrerait cette idée.

Merci pour ces liens ! Donc le postulat est bien corroboré selon lequel les classes intermédiaires et supérieures sont plus que bien représentées. Je pense que ça pourrait être intéressant d'avoir le témoignage d'un.e collègue enseignant en prépa sans être issu.e de ces milieux.

Laverdure a écrit:
Le chercheur, Jacques-Benoît Rauscher, a fait sa thèse sur les profs de CPGE (et il est religieux dominicain).

J'ai beau chercher, je ne vois pas de lien entre les deux informations.

(Le sujet est par ailleurs intéressant, même si comme le dit le chercheur cela ne concerne qu'un segment très particulier des enseignants.)

Prezbo a écrit:

Laverdure a écrit:
Le chercheur, Jacques-Benoît Rauscher, a fait sa thèse sur les profs de CPGE (et il est religieux dominicain).

J'ai beau chercher, je ne vois pas de lien entre les deux informations.

(Le sujet est par ailleurs intéressant, même si comme le dit le chercheur cela ne concerne qu'un segment très particulier des enseignants.)

Historiquement, les dominicains s'intéressent beaucoup à l'enseignement, depuis le Moyen-âge.

JB Rauscher a rédigé sa thèse alors qu"il était prof de SES, il est entré chez les dominicains aussitôt après la soutenance.

nicole 86 a écrit:JB Rauscher a rédigé sa thèse  alors qu"il était prof de SES, il est entré chez les dominicains aussitôt après la soutenance.

Oui mais la proximité entre les deux indique quelque chose quand même ^^

Écrire une thèse, serait-ce un travail d'ascète coupé du monde?

nicole 86 a écrit:JB Rauscher a rédigé sa thèse  alors qu"il était prof de SES, il est entré chez les dominicains aussitôt après la soutenance.

On ne dira jamais assez les dangers des sciences économiques et sociales.

Babarette a écrit:Écrire une thèse, serait-ce un travail d'ascète coupé du monde?

Tout à fait. Et cela peut donc même s'accompagner d'une longue période d'abstinence sexuelle.

Premier jour de prépa, notre professeur principal : "le niveau va être calamiteux cette année : trop peu d'entre vous ont des parents enseignants. Un vrai désastre à prévoir."

Babarette a écrit:Écrire une thèse, serait-ce un travail d'ascète coupé du monde?

Quand tu voyages pour aller aux archives, que tu interroges des témoins, des chercheurs...en quoi es-tu coupé du monde ? Par contre une partie du temps de l'écriture est une tâche ardue...mais pas coupée du monde puisqu'il y a de l'échange via les relectures.

Prezbo a écrit:

Laverdure a écrit:
Le chercheur, Jacques-Benoît Rauscher, a fait sa thèse sur les profs de CPGE (et il est religieux dominicain).

J'ai beau chercher, je ne vois pas de lien entre les deux informations.

(Le sujet est par ailleurs intéressant, même si comme le dit le chercheur cela ne concerne qu'un segment très particulier des enseignants.)

Je n'en faisais aucun particulier, je me contentais de donner les deux informations. Et je reconnais bien volontiers que la seconde ne fait pas avancer le schmilblick.

Olympias a écrit:

Babarette a écrit:Écrire une thèse, serait-ce un travail d'ascète coupé du monde?

Quand tu voyages pour aller aux archives, que tu interroges des témoins, des chercheurs...en quoi es-tu coupé du monde ? Par contre une partie du temps de l'écriture est une tâche ardue...mais pas coupée du monde puisqu'il y a de l'échange via les relectures.

Oui tout à fait et c'est très vrai en sociologie quand le travail de thèse implique des entretiens nombreux, de l'observation participante, un travail de terrain.