- nitescenceÉrudit
Si l'on en croit les rumeurs, pour l'objet d'étude de l'argumentation l'année prochaine en 1ère, on aurait le choix entre Montaigne, La Fontaine et Montesquieu : les coches et les canibales me gavent, La Fontaine ne m'enchante guère (trop compliqué sous la simplicité apparente), reste les Lettres persanes (choix par défaut).
Si le parcours imposé (le regard étranger) ne me pose aucune difficulté, le livre est en revanche bien compliqué à aborder : je le trouve lisse, sans aspérités et sans intérêt.
Si l'on veut éviter l'étude des personnages et les thèmes rebattus de l'orientalisme, de la critique de la monarchie ou la satire de la société, sous quel angle un peu sexy aborder le livre ?
Je sais faire tout ce qui précède mais je vais m'ennuyer à mourir (et par conséquent ennuyer les élèves) : n'y a-t-il pas un problème d'écriture à étudier (à part le pastiche du style oriental) ?
Si le parcours imposé (le regard étranger) ne me pose aucune difficulté, le livre est en revanche bien compliqué à aborder : je le trouve lisse, sans aspérités et sans intérêt.
Si l'on veut éviter l'étude des personnages et les thèmes rebattus de l'orientalisme, de la critique de la monarchie ou la satire de la société, sous quel angle un peu sexy aborder le livre ?
Je sais faire tout ce qui précède mais je vais m'ennuyer à mourir (et par conséquent ennuyer les élèves) : n'y a-t-il pas un problème d'écriture à étudier (à part le pastiche du style oriental) ?
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- KilmenyEmpereur
Pour être franche, je dirais que je m'en inquiéterais quand le programme sera paru. Pas avant.
Pourquoi ne pas traiter les thèmes ordinaires sur lesquels les élèves seront interrogés ? Le but est de les former, non de traiter des thèmes pointus qui briseraient l'ennui du professeur.
Pourquoi ne pas traiter les thèmes ordinaires sur lesquels les élèves seront interrogés ? Le but est de les former, non de traiter des thèmes pointus qui briseraient l'ennui du professeur.
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Un petit clic pour les animaux : http://www.clicanimaux.com/catalog/accueil.php?sites_id=1
- trompettemarineMonarque
L'oeuvre est tombée il y a deux ans en CPGE sous le thème "servitude et soumission".
En revanche, je ne suis pas d'accord avec toi, c'est une oeuvre complexe, loin d'être lisse. La fin de ce roman épistolaire est magistrale.
Les chapitres sur la satire de la société du XVIIe ne représentent qu'une infime partie de l'oeuvre et si l'on ne tient compte que du début de l'oeuvre, on risque le faux sens sur le roman (car c'est un roman).
L'édition GF est de qualité.
En revanche, je ne suis pas d'accord avec toi, c'est une oeuvre complexe, loin d'être lisse. La fin de ce roman épistolaire est magistrale.
Les chapitres sur la satire de la société du XVIIe ne représentent qu'une infime partie de l'oeuvre et si l'on ne tient compte que du début de l'oeuvre, on risque le faux sens sur le roman (car c'est un roman).
L'édition GF est de qualité.
- nitescenceÉrudit
Je ne demande pas mieux que d'être détrompé : en quoi est-elle complexe et en quoi la fin est-elle magistrale ?
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- trompettemarineMonarque
La mort de Roxane quand même !
Pour la complexité de l'oeuvre et les "beaux passages", je manque de temps. Mais si l'oeuvre est effectivement au programme, ce sera l'occasion, lorsque nous préparerons les cours, d'en parler.
La difficulté et la complexité de l'oeuvre résident selon moi dans l'entrelacement de l'aspect philosophique non dogmatique et le genre littéraire du roman, mais je ne suis pas une spécialiste.
Pour la complexité de l'oeuvre et les "beaux passages", je manque de temps. Mais si l'oeuvre est effectivement au programme, ce sera l'occasion, lorsque nous préparerons les cours, d'en parler.
La difficulté et la complexité de l'oeuvre résident selon moi dans l'entrelacement de l'aspect philosophique non dogmatique et le genre littéraire du roman, mais je ne suis pas une spécialiste.
- nitescenceÉrudit
Je n'ai jamais compris l'engouement pour la petite madeleine de Proust et la mort de Roxane me laisse froud. Je dois être frigide. En revanche., j'avais surkiffé Les aventures de Télémaque qui barbe tout le monde d'habitude.
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- ernyaFidèle du forum
Il y a aussi l'intrigue orientale en elle-même : l'aveuglement d'Uzbek quant à ce qui se passe dans son sérail avec la précipitation des dernières lettres (ce qui permet d'évoluer le rythme du roman, et ne pas trop rester sur le côté "réflexion propre aux lumières et au regard étranger". Mettre en relation l'acuité du regard persan et l'aveuglement sur son propre univers.
- OudemiaBon génie
Tout à fait d'accord : le complot dans le sérail, la diversité de l'écriture des lettres (celle du vieux gardien stupide est magnifique) ce sont des éléments occultés par la satire de la société européenne à quoi on réduit actuellement ce roman.trompettemarine a écrit:L'oeuvre est tombée il y a deux ans en CPGE sous le thème "servitude et soumission".
En revanche, je ne suis pas d'accord avec toi, c'est une oeuvre complexe, loin d'être lisse. La fin de ce roman épistolaire est magistrale.
Les chapitres sur la satire de la société du XVIIe ne représentent qu'une infime partie de l'oeuvre et si l'on ne tient compte que du début de l'oeuvre, on risque le faux sens sur le roman (car c'est un roman).
L'édition GF est de qualité.
Edit : je n'avais pas envoyé... D'accord avec ernya aussi.
- IllianeExpert
ernya a écrit:Il y a aussi l'intrigue orientale en elle-même : l'aveuglement d'Uzbek quant à ce qui se passe dans son sérail avec la précipitation des dernières lettres (ce qui permet d'évoluer le rythme du roman, et ne pas trop rester sur le côté "réflexion propre aux lumières et au regard étranger". Mettre en relation l'acuité du regard persan et l'aveuglement sur son propre univers.
+1. C'est quelque chose qui me fascine tout particulièrement dans ce roman, et ce d'autant plus que ce n'est jamais explicité tel quel : Usbek, philosophe éclairé en France et despote chez lui...
- nitescenceÉrudit
ernya a écrit:Il y a aussi l'intrigue orientale en elle-même : l'aveuglement d'Uzbek quant à ce qui se passe dans son sérail avec la précipitation des dernières lettres (ce qui permet d'évoluer le rythme du roman, et ne pas trop rester sur le côté "réflexion propre aux lumières et au regard étranger". Mettre en relation l'acuité du regard persan et l'aveuglement sur son propre univers.
Bien vu (si je puis dire) !
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- polie2046Niveau 6
Jean Starobinski (qui nous a quittés lundi) : Montesquieu par lui même. Si je me souviens bien, une partie est consacrée aux Lettres persanes. On trouve aussi certains extraits de ses entretiens sur internet, en accès libre.
- Fichiers joints
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POLIE
- cannelle21Grand Maître
En prépa, j'avais eu à traiter cette question :
« Avec des personnages (…) dont le regard est pour ainsi dire générateur de discontinuité, Montesquieu a éprouvé, en écrivant ce livre, le besoin d’une compensation. (…) La discontinuité telle qu’elle apparaît de toutes parts, est prise en charge par un écrivain qui veut rétablir – dans la construction du livre- une nouvelle continuité. Discontinuité ne veut donc pas dire désordre. »
« Avec des personnages (…) dont le regard est pour ainsi dire générateur de discontinuité, Montesquieu a éprouvé, en écrivant ce livre, le besoin d’une compensation. (…) La discontinuité telle qu’elle apparaît de toutes parts, est prise en charge par un écrivain qui veut rétablir – dans la construction du livre- une nouvelle continuité. Discontinuité ne veut donc pas dire désordre. »
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- FloFlexLettresNiveau 5
En se focalisant sur le "roman du sérail" et ses enjeux liés à l'enfermement, dénonciation de l'incarcération des femmes, du panoptikon où tout est vu, tout est su, où l'intimité n'existe pas. Bel apologue sur la frustration, le contrôle (même à distance), oeuvre tout à fait visionnaire de ce point de vue.
- tannatHabitué du forum
Merci pour ce partage.
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- ThalieGrand sage
Oui, c'est passionnant et donne envie de reprendre mon vieil ouvrage.
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
cannelle21 a écrit:En prépa, j'avais eu à traiter cette question :
« Avec des personnages (…) dont le regard est pour ainsi dire générateur de discontinuité, Montesquieu a éprouvé, en écrivant ce livre, le besoin d’une compensation. (…) La discontinuité telle qu’elle apparaît de toutes parts, est prise en charge par un écrivain qui veut rétablir – dans la construction du livre- une nouvelle continuité. Discontinuité ne veut donc pas dire désordre. »
Je chercherais mon angle d'attaque de ce côté-là, je crois : la question de la continuité. Qu'est-ce qui fait que ce n'est pas un "tas de lettres", avec plusieurs auteurs, mais bien un roman, uni par une subjectivité. Comme raconte-t-on en laissant les personnages parler. Pourquoi ne pas narrer pépouze comme tout le monde. Comme peut-on être épistolaire ? On dira que je suis trop compliqué, mais une question qui ne tiendrait pas compte du fait qu'il s'agit d'un roman fait de lettres serait sans doute incapable de me satisfaire.
- cannelle21Grand Maître
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:cannelle21 a écrit:En prépa, j'avais eu à traiter cette question :
« Avec des personnages (…) dont le regard est pour ainsi dire générateur de discontinuité, Montesquieu a éprouvé, en écrivant ce livre, le besoin d’une compensation. (…) La discontinuité telle qu’elle apparaît de toutes parts, est prise en charge par un écrivain qui veut rétablir – dans la construction du livre- une nouvelle continuité. Discontinuité ne veut donc pas dire désordre. »
Je chercherais mon angle d'attaque de ce côté-là, je crois : la question de la continuité. Qu'est-ce qui fait que ce n'est pas un "tas de lettres", avec plusieurs auteurs, mais bien un roman, uni par une subjectivité. Comme peut-on être épistolaire ? On dira que je suis trop compliqué, mais une question qui ne tiendrait pas compte du fait qu'il s'agit d'un roman fait de lettres serait sans doute incapable de me satisfaire.
J'ai toujours ma dissert et la correction proposée par la prof.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- cannelle21Grand Maître
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Ah tiens, ça me plairait bien de la lire !
Je prendrai un jour le temps de la taper.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
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