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- IllianeExpert
Bonjour à toutes et à tous,
Désolée si la question a déjà été posée (je n'en ai pas trouvé trace en tout cas) et si elle semble un peu ridicule, mais une de mes élèves de seconde est venue me dire qu'elle souhaitait devenir écrivain (pas scénariste : elle veut écrire des romans) et m'a demandé des conseils pour sa scolarité dans le supérieur. Je sais qu'aux Etats-Unis existent des cursus universitaires pour travailler l'écriture (je ne sais plus comment on les appelle), mais je n'ai pas connaissance de ce type de formation en France et je me disais qu'il était possible que cela ait commencé à traverser l'Atlantique. Est-ce que certains parmi vous ont entendu parler de cursus de ce genre, ou à défaut d'ateliers sérieux ?
Merci par avance pour vos réponses !
Désolée si la question a déjà été posée (je n'en ai pas trouvé trace en tout cas) et si elle semble un peu ridicule, mais une de mes élèves de seconde est venue me dire qu'elle souhaitait devenir écrivain (pas scénariste : elle veut écrire des romans) et m'a demandé des conseils pour sa scolarité dans le supérieur. Je sais qu'aux Etats-Unis existent des cursus universitaires pour travailler l'écriture (je ne sais plus comment on les appelle), mais je n'ai pas connaissance de ce type de formation en France et je me disais qu'il était possible que cela ait commencé à traverser l'Atlantique. Est-ce que certains parmi vous ont entendu parler de cursus de ce genre, ou à défaut d'ateliers sérieux ?
Merci par avance pour vos réponses !
- NadejdaGrand sage
Si, il existe à Paris 8 un master de création littéraire : https://www.master-creation-litteraire.univ-paris8.fr/
Bon, le projet professionnel de ton élève ne me semble pas très viable...
Bon, le projet professionnel de ton élève ne me semble pas très viable...
- JennyMédiateur
Il existe une formation à Paris VIII : https://www.master-creation-litteraire.univ-paris8.fr
Edit : Même idée que Nadejda.
Edit : Même idée que Nadejda.
- OrlandaFidèle du forum
Je pense que je lui conseillerais de se plonger dans les biographies des auteurs qu'elle aime lire, elle y découvrirait que ce n'est pas vraiment une question d'études.
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"Nous vivons à une époque où l'ignorance n'a plus honte d'elle-même". Robert Musil
- IllianeExpert
Nadejda a écrit:Si, il existe à Paris 8 un master de création littéraire : https://www.master-creation-litteraire.univ-paris8.fr/
Bon, le projet professionnel de ton élève ne me semble pas très viable...
Merci Jenny et Nadejda. Je n'ai bien évidemment pas manqué de dire à mon élève qu'il était très difficile de vivre de sa plume (et elle-même en est bien consciente), mais bon, en tant que PP/conseillère d'orientation/épaule sur laquelle pleurer et plus, j'aurai fait ma part du boulot ^^ !
Edit : maintenant que je connais le nom de la formation, j'ai pu voir qu'il n'en existait que cinq en France.
- Lord StevenExpert
Je ne comprends pas la finalité d'un tel master. Certes il y a des recettes à appliquer, l'air du temps, savoir utiliser un logiciel pour éviter répétitions et redites, bref tout cela pour créer un beau manuscrit commercial, mais si on n'a pas la fibre créatrice et ce je ne sais quoi de talent littéraire... en tous les cas votre élève a un beau rêve qui forcément mérite d'être encouragé... dans la limite du raisonnable lol
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If you play with a cat, you should mind his scratch
- IrulanHabitué du forum
C'est un beau projet, qu'il faut encourager, après avoir bien prévenu de l'ampleur de la tâche pour espérer vivre de l'écriture un jour. Le master semble intéressant car il s'agit d'un projet d'écriture en deux ans porté par des enseignants et un groupe de jeunes ou moins jeunes aspirants écrivains. Maintenant, une licence de lettres, malgré ce qu'elle peut avoir de décourageant et d'abstrait pour quelqu'un qui aime plus écrire que lire et gloser sur des textes, serait à mon avis plus judicieux. L'essentiel selon moi est de maîtriser la langue, découvrir des œuvres de tous genres et styles, se cultiver...et on peut très bien y arriver sans études de lettres. En fait, c'est en soi que ça se passe, bien plus que dans quelque amphi que ce soit. Mais comme on ne peut pas vivre d'écriture et d'eau fraîche, le mieux est qu'elle choisisse un cursus qui lui plaise, lettres ou autres, pour assurer ses arrières.
En tout cas, c'est ce que j'avais dit à une élève qui m'avait posé la question, et qui m'avait d'ailleurs apporté le petit roman qu'elle avait écrit.
En tout cas, c'est ce que j'avais dit à une élève qui m'avait posé la question, et qui m'avait d'ailleurs apporté le petit roman qu'elle avait écrit.
- lisa81Habitué du forum
Lord Steven a écrit:Je ne comprends pas la finalité d'un tel master. Certes il y a des recettes à appliquer, l'air du temps, savoir utiliser un logiciel pour éviter répétitions et redites, bref tout cela pour créer un beau manuscrit commercial, mais si on n'a pas la fibre créatrice et ce je ne sais quoi de talent littéraire... en tous les cas votre élève a un beau rêve qui forcément mérite d'être encouragé... dans la limite du raisonnable lol
Dans la limite du raisonnable effectivement:
https://www.lesechos.fr/12/03/2018/lesechos.fr/0301426498777_livre---peu-d-auteurs-parviennent-a-vivre-de-leur-plume.htm
Quant à la finalité de beaucoup de masters, c'est un vaste sujet....
- liliepingouinÉrudit
Je lui recommanderais aussi l'apprentissage des langues anciennes.
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Spheniscida qui se prend pour une Alcida.
"Laissons glouglouter les égouts." (J.Ferrat)
"Est-ce qu'on convainc jamais personne?" (R.Badinter)
Même si c'est un combat perdu d'avance, crier est important.
- egometDoyen
N'importe quelles études qui lui permettent d'enrichir sa culture. Certains écrivains ont réussi avec de solides connaissances en médecine, en mathématiques, en logique, en histoire, en biologie et j'en passe. Avant d'écrire quoi que ce soit, il faut déjà avoir quelque chose à dire. Pour faire un bon roman, il ne s'agit pas seulement d'appliquer quelques recettes de narration telles qu'on pourrait en apprendre dans un master spécialisé. Le problème, c'est que la création sort des clous par définition.
Et puis, il faut faire bouillir la marmite en attendant un éventuel succès. Avec des études solides intellectuellement et ouvrant à un métier raisonnables, ton élève aura des bases de toute façon. Les lectures et le travail personnels feront le reste.
Fuir toutes les formations qui tendent à être dans le bluff: communication, force de vente ou psycho si l'on n'est pas près à les pousser très loin. Préférer des choses bien concrètes et exigeantes.
Et puis, il faut faire bouillir la marmite en attendant un éventuel succès. Avec des études solides intellectuellement et ouvrant à un métier raisonnables, ton élève aura des bases de toute façon. Les lectures et le travail personnels feront le reste.
Fuir toutes les formations qui tendent à être dans le bluff: communication, force de vente ou psycho si l'on n'est pas près à les pousser très loin. Préférer des choses bien concrètes et exigeantes.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- User26836Niveau 9
Je lui recommanderais de lire, lire et encore lire : tous les genres de littérature, de toutes les époques et les pays possibles, même de lire le journal, enfin tout ce qui possède une certaine qualité d'écriture ! Quant à suivre des cours pourquoi pas oui, à la fac ou ailleurs. Il y a des masters et beaucoup d'ateliers, tous ne se valent pas certainement mais ça ne coûte rien d'essayer ! Pour ce qui est de la formation universitaire, il faut savoir que dans le monde anglo-saxon, beaucoup d'écrivains contemporains ont suivi et ou donnent eux-mêmes des cours de "creative writing" et ce ne sont généralement pas des écrivains de seconde zone (Donna Tartt, Margaret Atwood, entre autres). Par contre il y a un monde entre être écrivain, même reconnu et respecté, et vivre confortablement de sa plume : une de mes amies est écrivaine, reconnue, ses oeuvres sont publiées chez des éditeurs sérieux ; elle en vit correctement, mais surtout parce que son compagnon a un revenu confortable. Si elle était seule, je pense qu'elle galèrerait (même avec son compagnon qui a un revenu confortable, elle fait d'ailleurs aussi des ateliers payants et ce genre de choses). Plusieurs de mes amis sont artistes, respectés etc. toujours est-il que souvent ils ont une activité "alimentaire à côté (cela peut aller de l'enseignement à vendeuse) : en gros l'écrivain talentueux richissime de ses oeuvres à la Houellebecq est un cas rare. Après @Illiane, si ton élève est prête à accepter cette réalité là, qu'elle se lance et essaie de réaliser son rêve (perso je rêve d'écrire, mais je n'en ai ni le courage, ni la motivation, ni l'abnégation nécessaire).
Je suis tout à fait d'accord avec Egomet : la culture et avoir quelque chose à dire, par contre cela ne s'apprend pas...
Je suis tout à fait d'accord avec Egomet : la culture et avoir quelque chose à dire, par contre cela ne s'apprend pas...
- IllianeExpert
Merci à toutes et à tous pour vos réponses ! Je vais bien évidemment aborder ces différents points avec elle (l'importance d'une bonne culture - littéraire et autre -, les difficultés, le talent, les basses considérations matérielles...), mais je voulais déjà pouvoir lui répondre sur la question de la formation.
- Thalia de GMédiateur
Iliane, sens-tu chez elle la "fibre de l'écrivain" ? Rédige-t-elle de façon fluide ? J'ai eu ces dernières années en collège des élèves de la 6e à la 3e dont c'était un vrai bonheur de lire des copies souvent longues, mais impeccables tant pour le fond que pour la forme.
Elle se vendra peut-être, avec un peu de chance. Voir les posts supra.
Edit : le temps que je rédige mon message et que je réponde à un coup de téléphone, tu as répondu.
Je rejoins Lord Steven. Même chez des auteurs en vogue (Chattam, Granger, et je ne sais plus quel autre à la mode, je n'ai lu qu'un seul de leurs ouvrages n'y revenant pas tant leur écriture m'a paru laborieuse) on sent l'artificiel.Lord Steven a écrit:Je ne comprends pas la finalité d'un tel master. Certes il y a des recettes à appliquer, l'air du temps, savoir utiliser un logiciel pour éviter répétitions et redites, bref tout cela pour créer un beau manuscrit commercial, mais si on n'a pas la fibre créatrice et ce je ne sais quoi de talent littéraire... en tous les cas votre élève a un beau rêve qui forcément mérite d'être encouragé... dans la limite du raisonnable lol
Elle se vendra peut-être, avec un peu de chance. Voir les posts supra.
Edit : le temps que je rédige mon message et que je réponde à un coup de téléphone, tu as répondu.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- IllianeExpert
Malheureusement je viens à peine de commencer mon remplacement dans sa classe, je n'ai donc pas eu l'occasion de voir par moi-même ce qu'il en est. J'attends le premier "écrit d'appropriation" pour me faire une petite idée (à moins qu'elle ne me fasse lire ce qu'elle écrit actuellement - j'ai déjà eu une élève choupinou qui m'avait demandé de lui donner son avis sur ses écrits).
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Au Québec, je fréquentais beaucoup d'étudiants qui suivaient des études de création littéraire. Je n'ai pas un souvenir très précis de ce qu'ils faisaient, mais il me semble que leur baccalauréat consistait bien à étudier la littérature, et non à apprendre à écrire indépendamment d'une telle étude. L'écriture était un moyen, si l'on veut, d'approcher la littérature, et le travail de master supposait aussi une recherche. D'ailleurs, dans mon souvenir, beaucoup d'étudiants parmi les plus brillants de la fac — si l'on en juge par les notes et surtout l'impression que font de tels étudiants — suivaient un baccalauréat en création. Tout cela ne m'invite pas à penser qu'une formation en création consiste à apprendre des recettes et mette entre parenthèse l'acquisition d'une connaissance approfondie de la littérature.
Je me méfierais un peu de la création à Paris VIII. Lorsque j'y étudiais, tous les professeurs je crois étaient des oulipiens. C'est marrant quelques temps, m'enfin.
Je me méfierais un peu de la création à Paris VIII. Lorsque j'y étudiais, tous les professeurs je crois étaient des oulipiens. C'est marrant quelques temps, m'enfin.
- IrulanHabitué du forum
liliepingouin a écrit:Je lui recommanderais aussi l'apprentissage des langues anciennes.
Comme liliepingouin, je pense que l'étude de langues anciennes, et en particulier du latin, serait un plus non négligeable pour la culture et la maîtrise de la langue (mon niveau en grammaire s'était considérablement amélioré au collège grâce à l'option latin).
Il ne faut pas trop la décourager non plus, si elle a du talent il faut qu'elle y croie ! Ça ne se voit d'ailleurs pas forcément avec les rédactions : mon élève "pondait" de bonnes rédactions, alors que son récit était vraiment bien. D'ailleurs, elle n’aimait pas les sujets imposés. Quand elle était inspirée, ses rédactions étaient vraiment intéressantes et extrêmement bien écrites.
Après tout, si on regarde du côté de ceux qui vivent bien, voire très bien de l'écriture, on comprend que ce n'est pas impossible non plus d'y arriver : Marc Levy, Maxime Chattam, Amélie Nothomb, Houellebecq... Ils ont du talent, voire un don, mais ce ne sont pas les auteurs du siècle. On peut donc raisonnablement penser que vivre de l'écriture n'est pas une cime impossible à atteindre. Écrire demande un sacré investissement, et si on se dit d'emblée qu'on n'a aucune chance d'y arriver, ce n'est pas la peine d'essayer. On peut aussi très bien écrire sans être publié, j'avais un collègue qui écrivait et écrit toujours des romans, après il est certain que ne pas être publié peut être une souffrance. Pour moi, ce serait de faire un boulot alimentaire sans pouvoir écrire à côté ou sans être publié du tout qui serait dur à vivre.
- gregforeverGrand sage
De nombreux élèves se prennent pour de futurs écrivains parce qu'ils font de la "fan litt"... j'ai déjà lu pas loin d'une dizaine d'écrits, scipts de livres etc qui n'étaient que des copier/coller de livres connus qu'ils appréciaient; une seule était plus littéraire, avec un brin de style et avait d'ailleurs vu sa nouvelle publiée dans le cadre d'un concours où elle avait eu le 2ème prix (mérité)
comme beaucoup ils rêvent surtout de notoriété et d'argent facile
comme beaucoup ils rêvent surtout de notoriété et d'argent facile
- CasparProphète
Primo Levi était chimiste, Céline médecin, Nathalie Sarraute avocate etc 😉
- AwottNiveau 10
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Au Québec, je fréquentais beaucoup d'étudiants qui suivaient des études de création littéraire. Je n'ai pas un souvenir très précis de ce qu'ils faisaient, mais il me semble que leur baccalauréat consistait bien à étudier la littérature, et non à apprendre à écrire indépendamment d'une telle étude. L'écriture était un moyen, si l'on veut, d'approcher la littérature, et le travail de master supposait aussi une recherche. D'ailleurs, dans mon souvenir, beaucoup d'étudiants parmi les plus brillants de la fac — si l'on en juge par les notes et surtout l'impression que font de tels étudiants — suivaient un baccalauréat en création. Tout cela ne m'invite pas à penser qu'une formation en création consiste à apprendre des recettes et mette entre parenthèse l'acquisition d'une connaissance approfondie de la littérature.
C'est, dans cette description, proche de ce que peuvent être des études d'arts (et il me semble que quelques écoles d'arts proposent des formations littéraires) dans lesquels il y a trois grands axes connaissance du milieu, connaissance du sujet et créations.
C'est "amusant" le scepticisme envers ce genre de formation.
- CasparProphète
À ma connaissance, dans les cursus de creative writing américains, les étudiants lisent leurs textes et les soumettent à la critique de leurs condisciples et de leur professeur, il ne s'agit pas de cours proprement dits.
- EuchridNiveau 2
Aucun master de création littéraire ne prétend produire des écrivains (ou alors c'est de la communication malhonnête). Il faut plus voir ça comme l'occasion de passer deux ans à écrire au contact d'autres écrivains (intervenants, professeurs), d'autres pratiques ; d'être un peu bousculé dans sa zone de confort, de faire des tentatives.
La matière de l'(aspirant)écrivain c'est le temps. Et deux ans à ne pouvoir faire que ça, c'est un luxe. Ce simple fait justifie l'intérêt de ces "formations".
J'ai effectué l'un de ces masters, au Havre, qui a la particularité d'être à la fois à la fac (lettres modernes) et en école d'art.
Personne n'a cherché à nous donner des recettes. C'est même plutôt l'inverse. Nous avions des cours de lettres on ne peut plus traditionnels (de L'Heptaméron à Tsvetaïeva, en passant par Balzac, Zola, Proust... bref, ce qui se fait en lettres), d'autres consacrés à la littérature contemporaine (française comme étrangère, tous genres confondus), puis des ateliers divers et variés où il s'agissait souvent de partir d'une proposition ouverte, d'enrichir notre culture artistique au contact des obsessions des divers intervenants (et entendre un écrivain parler des œuvres qui l'habitent, je ne connais pas plus enrichissant). Pas de formatage donc, ni de jugements péremptoires ; des hypothèses, des pistes, mais aussi des conseils pragmatiques qui n'engageaient que les écrivains qui les formulaient, sans jamais prétendre à l'universalité.
Les profils des étudiants sont très différents, parfois opposés. C'est enrichissant. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser (rapport à l'école d'art), personne n'est forcé de prendre part aux grandes tendances de l'art contemporain. Certains font du roman, de l'essai, d'autres de la performance, de la peinture, de la musique... Avec pour point commun essentiel l'importance attachée au texte et à l'étude de la littérature.
C'est amusant, oui, le scepticisme autour de ces formations ; mais ça vient souvent d'une ignorance de ce qui s'y fait, de préjugés - comme j'ai pu en avoir.
Et malgré le fait qu'on ne m'ait jamais rien prescrit ou interdit, en deux ans, mon rapport à la langue et à la littérature a pas mal changé ; je suis passé de l'imitation à la création (ça vaut ce que ça vaut hein, aucune prétention ici). Juste, on a tous plus ou moins eu le sentiment d'évoluer plus rapidement qu'on aurait pu le faire sans ces deux années. Et nous sommes plusieurs à avoir été publiés ensuite (chez Actes Sud, L'Olivier, Payot-Rivages, Le Seuil, etc. ou d'autres formes d'édition).
Donc : effectivement, aucune formation ne permet de "devenir" écrivain, mais il en existe qui accueillent ceux qui sont engagés dans une démarche, sans rien leur promettre certes, mais avec beaucoup à leur offrir.
La matière de l'(aspirant)écrivain c'est le temps. Et deux ans à ne pouvoir faire que ça, c'est un luxe. Ce simple fait justifie l'intérêt de ces "formations".
J'ai effectué l'un de ces masters, au Havre, qui a la particularité d'être à la fois à la fac (lettres modernes) et en école d'art.
Personne n'a cherché à nous donner des recettes. C'est même plutôt l'inverse. Nous avions des cours de lettres on ne peut plus traditionnels (de L'Heptaméron à Tsvetaïeva, en passant par Balzac, Zola, Proust... bref, ce qui se fait en lettres), d'autres consacrés à la littérature contemporaine (française comme étrangère, tous genres confondus), puis des ateliers divers et variés où il s'agissait souvent de partir d'une proposition ouverte, d'enrichir notre culture artistique au contact des obsessions des divers intervenants (et entendre un écrivain parler des œuvres qui l'habitent, je ne connais pas plus enrichissant). Pas de formatage donc, ni de jugements péremptoires ; des hypothèses, des pistes, mais aussi des conseils pragmatiques qui n'engageaient que les écrivains qui les formulaient, sans jamais prétendre à l'universalité.
Les profils des étudiants sont très différents, parfois opposés. C'est enrichissant. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser (rapport à l'école d'art), personne n'est forcé de prendre part aux grandes tendances de l'art contemporain. Certains font du roman, de l'essai, d'autres de la performance, de la peinture, de la musique... Avec pour point commun essentiel l'importance attachée au texte et à l'étude de la littérature.
C'est amusant, oui, le scepticisme autour de ces formations ; mais ça vient souvent d'une ignorance de ce qui s'y fait, de préjugés - comme j'ai pu en avoir.
Et malgré le fait qu'on ne m'ait jamais rien prescrit ou interdit, en deux ans, mon rapport à la langue et à la littérature a pas mal changé ; je suis passé de l'imitation à la création (ça vaut ce que ça vaut hein, aucune prétention ici). Juste, on a tous plus ou moins eu le sentiment d'évoluer plus rapidement qu'on aurait pu le faire sans ces deux années. Et nous sommes plusieurs à avoir été publiés ensuite (chez Actes Sud, L'Olivier, Payot-Rivages, Le Seuil, etc. ou d'autres formes d'édition).
Donc : effectivement, aucune formation ne permet de "devenir" écrivain, mais il en existe qui accueillent ceux qui sont engagés dans une démarche, sans rien leur promettre certes, mais avec beaucoup à leur offrir.
- IphigénieProphète
En fait la formation utile, c'est de connaitre le milieu de l'édition , qui est passé de l'artisanat à l'industrie mondialisée, des livres au numerique et de l'entregent au marketing....
- ElaïnaDevin
Lord Steven a écrit:Je ne comprends pas la finalité d'un tel master. Certes il y a des recettes à appliquer, l'air du temps, savoir utiliser un logiciel pour éviter répétitions et redites, bref tout cela pour créer un beau manuscrit commercial, mais si on n'a pas la fibre créatrice et ce je ne sais quoi de talent littéraire... en tous les cas votre élève a un beau rêve qui forcément mérite d'être encouragé... dans la limite du raisonnable lol
Oui et non. Les études de création littéraire sont très efficaces aux USA par exemple, où les écrivains donnent des cours (Joyce Carol Oates par exemple). La production de romans américains est quand même d'un autre calibre qu'en France où la "rentrée littéraire" est, à côté de la rentrée américaine, assez faiblarde une fois qu'on est sorti des romans qui parlent de l'égo hypertrophié des auteurs (égo qui tourne généralement autour de problématiques de fesses).
Dans tous les cas, auteur, ce n'est pas un métier sauf pour quelques monstres sacrés - et encore : Houellebecq vit-il de sa plume ? pas pendant longtemps en tout cas, et il faudrait savoir si des célébrités du monde littéraire comme lui vivent plus de leurs revenus connexes (apparitions télé, etc) que vraiment de leurs bouquins. Peut-être qu'Amélie Nothomb vit de ses livres, par exemple, mais pas beaucoup de monde.
_________________
It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- CasparProphète
Elaïna a écrit:Lord Steven a écrit:Je ne comprends pas la finalité d'un tel master. Certes il y a des recettes à appliquer, l'air du temps, savoir utiliser un logiciel pour éviter répétitions et redites, bref tout cela pour créer un beau manuscrit commercial, mais si on n'a pas la fibre créatrice et ce je ne sais quoi de talent littéraire... en tous les cas votre élève a un beau rêve qui forcément mérite d'être encouragé... dans la limite du raisonnable lol
Oui et non. Les études de création littéraire sont très efficaces aux USA par exemple, où les écrivains donnent des cours (Joyce Carol Oates par exemple). La production de romans américains est quand même d'un autre calibre qu'en France où la "rentrée littéraire" est, à côté de la rentrée américaine, assez faiblarde une fois qu'on est sorti des romans qui parlent de l'égo hypertrophié des auteurs (égo qui tourne généralement autour de problématiques de fesses).
Dans tous les cas, auteur, ce n'est pas un métier sauf pour quelques monstres sacrés - et encore : Houellebecq vit-il de sa plume ? pas pendant longtemps en tout cas, et il faudrait savoir si des célébrités du monde littéraire comme lui vivent plus de leurs revenus connexes (apparitions télé, etc) que vraiment de leurs bouquins. Peut-être qu'Amélie Nothomb vit de ses livres, par exemple, mais pas beaucoup de monde.
Je ne pense pas que les écrivains soient payés pour passer à la télé, où ils vont en général faire la promotion de leur dernier livre. Houellebecq doit vivre de sa plume aujourd'hui je pense, mais ils fait partie de rares élus en effet. Si j'ai bien compris, la proportion d'auteurs publiés qui ont simplement envoyé leur manuscrit par la poste sans connaître personne dans aucune maison d'édition est assez rare.
La production littéraire française actuellement me tombe aussi des mains en général, mais il y a certainement des choses très intéressantes à découvrir...
- EuchridNiveau 2
Caspar a écrit:Je ne pense pas que les écrivains soient payés pour passer à la télé, où ils vont en général faire la promotion de leur dernier livre. Houellebecq doit vivre de sa plume aujourd'hui je pense, mais ils fait partie de rares élus en effet. Si j'ai bien compris, la proportion d'auteurs publiés qui ont simplement envoyé leur manuscrit par la poste sans connaître personne dans aucune maison d'édition est assez rare.
La production littéraire française actuellement me tombe aussi des mains en général, mais il y a certainement des choses très intéressantes à découvrir...
Il est évident qu'un éditeur est plus attentif aux suggestions de personnes qu'il connaît. Refuser de lire un manuscrit recommandé par quelqu'un qu'on estime serait idiot. Mais il existe des exemples d'auteurs ayant été découverts sans avoir été recommandés au préalable ! C'est rare, bien sûr, mais vu la masse de maisons d'éditions en France, il est peu probable qu'un manuscrit de très haute qualité passe inaperçu (à condition que l'auteur n'ait pas juste visé Grasset et Gallimard).
Pas mal de mes connaissances ont reçu pléthore de lettres de refus, la plupart "type", certaines argumentées (et c'est déjà une attention remarquable). Quelques uns ont été publiés sans avoir été recommandés, mais c'est une faible proportion oui.
Pour ce qui est de la production actuelle... ça va de pair avec la démocratisation de la lecture (on imprimait bien moins il y a quelques décennies, mais je ne serais pas étonné que la proportion de bouses soit la même). Heureusement, les perles restent rares, et c'est ce qui fait toute leur valeur - au milieu de livres insipides ou prétentieux. Le temps fera le tri. Mais il y en a, de très belles, qui contrarient tous les pessimismes :-) Il faut les chercher !
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