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- AnankéNiveau 9
Bonjour,
Plusieurs sujets déjà ouverts abordent plus ou moins ce problème mais pas tel que je le vis. Je suis professeure stagiaire en philosophie et j'ai toujours aimé cette matière : après un bac littéraire j'ai poursuivi un cursus purement philosophique, de la licence aux concours. Mais depuis la réussite au CAPES et la rentrée en tant que stagiaire je vis avec une angoisse quotidienne. Je ne me sens pas à ma place, j'ai l'impression de ne savoir que le le centième de ce que je suis censée savoir pour assurer un enseignement de qualité (ce qui est normal en entrant dans le métier mais quand même, je me sens comme un imposteur ! - je connais l'existence du "syndrome" mais je ne pense pas l'avoir). Mes cours sont expérimentaux, j'en ai marre de faire du bricolage, je ne me crois pas moi-même ... même si j'assure dans le paradoxe du comédien devant les élèves et mes collègues. C'est très lourd, pas suffisamment pour que je remette en cause mon choix du métier, mais c'est très handicapant dans ma vie personnelle.
Pour comprendre il faut savoir que je viens d'un milieu plutôt moyen/populaire et que c'est le décalage entre le statut d'intellectuel et ma vie familiale qui n'a rien à voir avec mon métier que j'ai du mal à vivre : je ne me sens pas légitime en tant que professeur du fait que je sais que quand je rentre chez moi je n'ai pas une "consommation culturelle" de prof. Je sais que ça peut paraitre complètement absurde mais ça ne l'est pas. Quand on entre dans le corps du professorat, c'est implicite, mais il s'agit d'un sacré entre-soi de personnes qui ont pu faire des classes prépa et autres et je vis mal le décalage (culturel et social auquel il faut ajouter le décalage générationnel). Je me sens d'une nullité abyssale. C'est usant psychologiquement, ça influe même sur mon travail car je n'arrive pas à prendre des décisions, faire des choix pédagogiques etc. J'en perds même mes moyens et je fais des erreurs de base. Je finis par faire des choix pédagogiques mais je les fais par nécessité : j'ai vraiment du mal à être autonome (mon tuteur m'a même demandé de faire à ma sauce, d'assumer, de faire des choix quitte à me planter) ... en même temps est-ce normal d'être lâché sans formation devant les élèves ? Ni de savoir comment préparer un cours ? Je n'en peux plus de l'expression "liberté pédagogique" même si je sais que nombre de professeurs d'autres matières rêveraient de pouvoir faire ce qu'ils veulent en cours.
Je n'arrive pas à faire la part entre ce qui me bloque psychologiquement et ce qui relève d'un vrai manque de compétences (je pense avoir eu mon CAPES au rabais, je trouve d'ailleurs que le CAPES n'est gage de rien du tout, mais ça c'est un autre problème).
Je ne sais pas trop pourquoi j'envoie ce message, ce que j'en attends. L'avis de qqn qui aurait été déjà concerné ...
Plusieurs sujets déjà ouverts abordent plus ou moins ce problème mais pas tel que je le vis. Je suis professeure stagiaire en philosophie et j'ai toujours aimé cette matière : après un bac littéraire j'ai poursuivi un cursus purement philosophique, de la licence aux concours. Mais depuis la réussite au CAPES et la rentrée en tant que stagiaire je vis avec une angoisse quotidienne. Je ne me sens pas à ma place, j'ai l'impression de ne savoir que le le centième de ce que je suis censée savoir pour assurer un enseignement de qualité (ce qui est normal en entrant dans le métier mais quand même, je me sens comme un imposteur ! - je connais l'existence du "syndrome" mais je ne pense pas l'avoir). Mes cours sont expérimentaux, j'en ai marre de faire du bricolage, je ne me crois pas moi-même ... même si j'assure dans le paradoxe du comédien devant les élèves et mes collègues. C'est très lourd, pas suffisamment pour que je remette en cause mon choix du métier, mais c'est très handicapant dans ma vie personnelle.
Pour comprendre il faut savoir que je viens d'un milieu plutôt moyen/populaire et que c'est le décalage entre le statut d'intellectuel et ma vie familiale qui n'a rien à voir avec mon métier que j'ai du mal à vivre : je ne me sens pas légitime en tant que professeur du fait que je sais que quand je rentre chez moi je n'ai pas une "consommation culturelle" de prof. Je sais que ça peut paraitre complètement absurde mais ça ne l'est pas. Quand on entre dans le corps du professorat, c'est implicite, mais il s'agit d'un sacré entre-soi de personnes qui ont pu faire des classes prépa et autres et je vis mal le décalage (culturel et social auquel il faut ajouter le décalage générationnel). Je me sens d'une nullité abyssale. C'est usant psychologiquement, ça influe même sur mon travail car je n'arrive pas à prendre des décisions, faire des choix pédagogiques etc. J'en perds même mes moyens et je fais des erreurs de base. Je finis par faire des choix pédagogiques mais je les fais par nécessité : j'ai vraiment du mal à être autonome (mon tuteur m'a même demandé de faire à ma sauce, d'assumer, de faire des choix quitte à me planter) ... en même temps est-ce normal d'être lâché sans formation devant les élèves ? Ni de savoir comment préparer un cours ? Je n'en peux plus de l'expression "liberté pédagogique" même si je sais que nombre de professeurs d'autres matières rêveraient de pouvoir faire ce qu'ils veulent en cours.
Je n'arrive pas à faire la part entre ce qui me bloque psychologiquement et ce qui relève d'un vrai manque de compétences (je pense avoir eu mon CAPES au rabais, je trouve d'ailleurs que le CAPES n'est gage de rien du tout, mais ça c'est un autre problème).
Je ne sais pas trop pourquoi j'envoie ce message, ce que j'en attends. L'avis de qqn qui aurait été déjà concerné ...
- VicomteDeValmontGrand sage
Tu as un CAPES en philo qui est l’un des plus sélectifs, tu es légitime.
Être enseignant, ça s’apprend et tu l’apprendras cette année comme les suivantes jusqu’à la fin de ta carrière.
Être enseignant, ça s’apprend et tu l’apprendras cette année comme les suivantes jusqu’à la fin de ta carrière.
_________________
Cette insigne faveur que votre coeur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.
- MC311Niveau 10
Je te confirme que c'est normal en entrant dans le métier de se poser beaucoup de questions. C'est même, à mon avis, un très bon point pour toi. Tu sais que tu ne sais pas tout : c'est philosophique comme pensée , et surtout très vrai !Ananké a écrit:Bonjour,
Plusieurs sujets déjà ouverts abordent plus ou moins ce problème mais pas tel que je le vis. Je suis professeure stagiaire en philosophie et j'ai toujours aimé cette matière : après un bac littéraire j'ai poursuivi un cursus purement philosophique, de la licence aux concours. Mais depuis la réussite au CAPES et la rentrée en tant que stagiaire je vis avec une angoisse quotidienne. Je ne me sens pas à ma place, j'ai l'impression de ne savoir que le le centième de ce que je suis censée savoir pour assurer un enseignement de qualité (ce qui est normal en entrant dans le métier mais quand même, je me sens comme un imposteur ! - je connais l'existence du "syndrome" mais je ne pense pas l'avoir). Mes cours sont expérimentaux, j'en ai marre de faire du bricolage, je ne me crois pas moi-même ... même si j'assure dans le paradoxe du comédien devant les élèves et mes collègues. C'est très lourd, pas suffisamment pour que je remette en cause mon choix du métier, mais c'est très handicapant dans ma vie personnelle.
Pour comprendre il faut savoir que je viens d'un milieu plutôt moyen/populaire et que c'est le décalage entre le statut d'intellectuel et ma vie familiale qui n'a rien à voir avec mon métier que j'ai du mal à vivre : je ne me sens pas légitime en tant que professeur du fait que je sais que quand je rentre chez moi je n'ai pas une "consommation culturelle" de prof. Je sais que ça peut paraitre complètement absurde mais ça ne l'est pas. Quand on entre dans le corps du professorat, c'est implicite, mais il s'agit d'un sacré entre-soi de personnes qui ont pu faire des classes prépa et autres et je vis mal le décalage (culturel et social auquel il faut ajouter le décalage générationnel). Je me sens d'une nullité abyssale. C'est usant psychologiquement, ça influe même sur mon travail car je n'arrive pas à prendre des décisions, faire des choix pédagogiques etc. J'en perds même mes moyens et je fais des erreurs de base. Je finis par faire des choix pédagogiques mais je les fais par nécessité : j'ai vraiment du mal à être autonome (mon tuteur m'a même demandé de faire à ma sauce, d'assumer, de faire des choix quitte à me planter) ... en même temps est-ce normal d'être lâché sans formation devant les élèves ? Ni de savoir comment préparer un cours ? Je n'en peux plus de l'expression "liberté pédagogique" même si je sais que nombre de professeurs d'autres matières rêveraient de pouvoir faire ce qu'ils veulent en cours.
Je n'arrive pas à faire la part entre ce qui me bloque psychologiquement et ce qui relève d'un vrai manque de compétences (je pense avoir eu mon CAPES au rabais, je trouve d'ailleurs que le CAPES n'est gage de rien du tout, mais ça c'est un autre problème).
Je ne sais pas trop pourquoi j'envoie ce message, ce que j'en attends. L'avis de qqn qui aurait été déjà concerné ...
Le décalage et l'entre-soi : je l'ai ressenti mais j'en ai vite fait une force, notamment dans mon approche des élèves.
Non, ce n'est pas normal de devoir enseigner sans y être préparé. Mais c'est comme ça et cela ne semble pas devoir changer, à mon grand regret.
Si le blocage psy persiste, peut-être devrais tu en parler avec un psy ?
CAPES au rabais, peut-être mais CAPES quand même. Cela atteste quand même d'un niveau de base, peut être pas très élevé mais il faudra faire avec.
Tu as l'air de bien échanger avec ton tuteur. Continue et parle aussi avec les collègues (de philo et les autres).
Bon courage.
- lamorduedhistoire25Niveau 5
Je te rassure tout de suite : je ne suis pas titulaire d'un CAPES pour le moment mais je suis contractuelle en LEP et je t'avouerai que moi aussi je me pose énormément de questions sur mes aptitudes au professorat et sur ma motivation réelle pour passer le concours. En ce moment je suis même pleine de doutes. J'ai choisi d'être contractuelle pour le vivre comme un test et un moyen de vérifier si oui ou non ce métier me convient réellement. Actuellement je viens de corriger des copies qui sont catastrophiques, donc inutile de te dire que la remise en question est parfois douloureuse aussi...
Je viens d'un milieu ouvrier où personne n'est enseignant sauf moi. Mon frère est ingénieur dans l'industrie et mis à part deux cousins germains et moi même, personne n'a suivi et réalisé des études supérieures. Donc le syndrome de l'imposteur je connais, et ce d'autant plus que mon entourage a toujours pensé que les enseignants sont les privilégiés que l'on connaît, n'est-ce pas ???!!!..... Bref, ce n'est pas toujours facile, je le reconnais, surtout que le métier de professeur a largement perdu de sa considération et de son aura.
Pour autant je ressens une immense fierté d'être enseignante et je suis d'avis que tu devrais déjà être fière d'avoir réussi un concours qui est loin d'être à la portée de n'importe qui. Etre enseignant est un beau métier, mais qui est loin d'être simple tous les jours et ce n'est guère une sinécure.... Ceci dit enseigner ne s'apprend pas dans les livres, (même s'il est indispensable de maîtriser sa matière, ce qui est visiblement ton cas sinon tu n'aurais pas obtenu le CAPES) mais sur le tas au jour le jour. Et donc si les élèves ont des leçons à apprendre, nous avons aussi les nôtres et on s'améliore petit à petit....
Je viens d'un milieu ouvrier où personne n'est enseignant sauf moi. Mon frère est ingénieur dans l'industrie et mis à part deux cousins germains et moi même, personne n'a suivi et réalisé des études supérieures. Donc le syndrome de l'imposteur je connais, et ce d'autant plus que mon entourage a toujours pensé que les enseignants sont les privilégiés que l'on connaît, n'est-ce pas ???!!!..... Bref, ce n'est pas toujours facile, je le reconnais, surtout que le métier de professeur a largement perdu de sa considération et de son aura.
Pour autant je ressens une immense fierté d'être enseignante et je suis d'avis que tu devrais déjà être fière d'avoir réussi un concours qui est loin d'être à la portée de n'importe qui. Etre enseignant est un beau métier, mais qui est loin d'être simple tous les jours et ce n'est guère une sinécure.... Ceci dit enseigner ne s'apprend pas dans les livres, (même s'il est indispensable de maîtriser sa matière, ce qui est visiblement ton cas sinon tu n'aurais pas obtenu le CAPES) mais sur le tas au jour le jour. Et donc si les élèves ont des leçons à apprendre, nous avons aussi les nôtres et on s'améliore petit à petit....
- juniper starwebNiveau 5
Ananké je te comprends. Comme toi, je viens d'un milieu populaire et très défavorisé. J'étais la 1ère de ma famille (au sens large) à avoir le bac. Et pourtant j'ai moi aussi ressenti ce sentiment d'imposture dès le début, avec le sentiment de ne jamais être à la hauteur de mes collègues.
12 ans après mon capes, j'ai voulu me prouver quelque chose. J'ai passé et réussi l'agrégation externe tout en travaillant et avec deux enfants toutes petites. Cela ne m'a pas guérie...
Je culpabilise de ne pas être une vraie littéraire, ni une vraie ''civilisationniste''. J'ai choisi d'étudier l'anglais pour la langue elle-même (j'aime la linguistique, j'adore expliquer la grammaire) mais je me sens nulle dans tout ce qui concerne la culture anglo-saxonne.
Le bon côté? Je ne me suis jamais prise au sérieux et je pense que les élèves apprécient ce côté de ma personnalité. Cela compense.
Laisse-toi du temps.
12 ans après mon capes, j'ai voulu me prouver quelque chose. J'ai passé et réussi l'agrégation externe tout en travaillant et avec deux enfants toutes petites. Cela ne m'a pas guérie...
Je culpabilise de ne pas être une vraie littéraire, ni une vraie ''civilisationniste''. J'ai choisi d'étudier l'anglais pour la langue elle-même (j'aime la linguistique, j'adore expliquer la grammaire) mais je me sens nulle dans tout ce qui concerne la culture anglo-saxonne.
Le bon côté? Je ne me suis jamais prise au sérieux et je pense que les élèves apprécient ce côté de ma personnalité. Cela compense.
Laisse-toi du temps.
- lenidjiNiveau 8
Lire "Le Sentiment d'imposture" de Bellinda Cannone. Ca fait un bien fou. Eprouver ça n'est pas négatif: ça pousse à se dépasser sans cesse. Le tout est de ne pas se laisser dévorer et paralyser par ses doutes.
Tu peux aussi aller voir tes collègues en cours. Tu risques fort de t'apercevoir qu'ils ne sont pas les héros que tu t'imagines Et puis, laisse-toi le temps. Tu découvres le métier...
Courage!
Tu peux aussi aller voir tes collègues en cours. Tu risques fort de t'apercevoir qu'ils ne sont pas les héros que tu t'imagines Et puis, laisse-toi le temps. Tu découvres le métier...
Courage!
- JPhMMDemi-dieu
Fils d'une femme de ménage et d'un ouvrier, je rejoins ce qui a été dit ci-dessus.
L'année de stage est, d'autre part, l'année de la plus grande insécurité pour la confiance en soi, une année terriblement infantilisante.
L'année de stage est, d'autre part, l'année de la plus grande insécurité pour la confiance en soi, une année terriblement infantilisante.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- AurevillyHabitué du forum
Bonjour Ananké, j'appartenais à un milieu plutôt favorisé et je suis "en fin de carrière". Tout nous oppose ? Et non. Moi aussi j'ai toujours eu ce sentiment de ne pas être à la hauteur, de ne pas maîtriser totalement le sujet, de bricoler... Tout s'est toujours bien passé (rapport avec les élèves, inspections, etc) mais rien, jamais, n'a pu me rassurer totalement. Je partirai à la retraite avec cette inquiétude ancrée. Pourtant je ne pense pas que ce métier ne soit pas fait pour des gens comme nous. Il faut apprendre à vivre avec cette insatisfaction profonde de soi qui est aussi le moteur des réussites.
- bea33Niveau 5
J’ai aussi ce sentiment et encore plus depuis que je ai été mutée en lycée ! J’ai été orientée en 5ème vers un CAP puis un BEP secrétariat. J’ai ensuite repris mes études en passant le DAEU (équivalent du bac) cela fut difficile et j’ai obtenu le CAPES de lettres mais je manque terriblement d’assurance. Je suis aussi la seule dans la famille à avoir fait des études supérieures. Malgré les années, je suis toujours dans le doute face à mes compétences. Mais malgré tout j’aime mon métier même si je passe beaucoup de temps dans les préparations de cours car j’ai peu confiance en mes savoirs que je juge limités.
- AnankéNiveau 9
Je vous remercie pour vos réponses.
Elles sont à la fois rassurantes et ... pas rassurantes ! Vu l'état d'angoisse dans lequel je suis, je ne me vois pas vivre quarante ans de ma vie comme ça Aurevilly. Je me demande à quel point il est "normal" de manquer de confiance en soi. Juniper starweb je me demande aussi ce qui réussirait à combler cette sorte d'insatisfaction incessante : j'ai été bi-admissible à l'agrégation de philo mais je n'ai pas digéré mon échec (qui est un échec relatif j'en conviens, mais qui reste un échec quand même). Même l'agrégation obtenue, je pense que ça ne sera pas encore assez, c'est comme si je cherchais à être validée par je ne sais quelle instance absolue, ça en devient pathologique. Un tour chez le psy serait peut-être une bonne idée comme tu le proposes dl80 (ma généraliste m'avait prescrit des anxiolitiques en début d'année, je les ai conservés sur mon étagère en cas d'urgence, mais j'essaie d'éviter d'entrer dans le cercle vicieux (vertueux?) de la médication et de l'auto-analyse qui ne mène à rien ... même si je craque en écrivant ici).
Merci pour le conseil de lecture lenidji, j'irai jeter un coup d'oeil. Peut-être faut-il que je troque mon Bourdieu pour qqch de plus optimiste !
Merci pour vos retours d'expérience en tous cas, et chapeau bas à bea33 : venant d'une filière professionnalisante ça a du être encore plus difficile pour toi ! Je retourne donc à ma préparation de cours : bien préparer permet de moins stresser, enfin quand on sait quoi préparer !
Elles sont à la fois rassurantes et ... pas rassurantes ! Vu l'état d'angoisse dans lequel je suis, je ne me vois pas vivre quarante ans de ma vie comme ça Aurevilly. Je me demande à quel point il est "normal" de manquer de confiance en soi. Juniper starweb je me demande aussi ce qui réussirait à combler cette sorte d'insatisfaction incessante : j'ai été bi-admissible à l'agrégation de philo mais je n'ai pas digéré mon échec (qui est un échec relatif j'en conviens, mais qui reste un échec quand même). Même l'agrégation obtenue, je pense que ça ne sera pas encore assez, c'est comme si je cherchais à être validée par je ne sais quelle instance absolue, ça en devient pathologique. Un tour chez le psy serait peut-être une bonne idée comme tu le proposes dl80 (ma généraliste m'avait prescrit des anxiolitiques en début d'année, je les ai conservés sur mon étagère en cas d'urgence, mais j'essaie d'éviter d'entrer dans le cercle vicieux (vertueux?) de la médication et de l'auto-analyse qui ne mène à rien ... même si je craque en écrivant ici).
Merci pour le conseil de lecture lenidji, j'irai jeter un coup d'oeil. Peut-être faut-il que je troque mon Bourdieu pour qqch de plus optimiste !
Merci pour vos retours d'expérience en tous cas, et chapeau bas à bea33 : venant d'une filière professionnalisante ça a du être encore plus difficile pour toi ! Je retourne donc à ma préparation de cours : bien préparer permet de moins stresser, enfin quand on sait quoi préparer !
- liliepingouinÉrudit
Le sentiment de légitimité en classe se gagne avec quelques années d'expérience. La position de stagiaire est très inconfortable, après quelques années comme titulaire, une pile de cours prêts en cas de besoin, on se sent mieux et il est plus facile de s'affirmer face aux élèves.
En revanche, il faut que tu t'interroges sur ce qui te fait imaginer que les gens ayant un autre parcours ou une autre origine sociale que la tienne seraient différents, meilleurs ou plus légitimes. En prépa ou dans les grandes écoles, on trouve une grande majorité de gens normaux, qui n'ont pas de talents particuliers et qui regardent aussi du foot ou des séries à la télé. Tu en as d'ailleurs doublé pas mal en ayant ton CAPES, car parmi tous les candidats recalés il y avait tous les profils et nécessairement aussi des élèves des grandes écoles.
Enfin, je ne sais pas ce que tu appelles une "consommation culturelle de prof". Je crois que le nombre de profs en France se compte en million(s), c'est dire la variété qui existe. Certains vont au théâtre, d'autres non, certains regardent le foot, d'autres non, et ainsi de suite. Les profs ne forment pas une classe ou une catégorie générale et homogène.
Quant au fait d'avoir l'impression qu'on n'en sait pas assez, c'est quelque chose de plutôt sain, sauf si cela devient sujet d'angoisse. Les seules personnes persuadées de tout savoir ou d'en savoir assez sont les imbéciles et les adolescents arrogants. Au contraire, plus on a de culture, et plus on a conscience de tout ce qu'on ignore encore. Mais voir tout ce qui nous reste à apprendre est plus stimulant qu'autre chose: c'est le gage d'une vie où la curiosité ne sera jamais émoussée, et le plaisir de la découverte toujours renouvelé.
N'oublie pas que tu n'es pas là pour te comparer aux autres enseignants (on trouvera toujours quelqu'un qui en saura plus que nous dans tel ou tel domaine), tu es là pour enseigner une matière à des élèves qui ne l'ont jamais pratiquée auparavant. Et pour eux tu en sais bien assez long: peu importe de faire des erreurs de temps en temps (on en fait tous) ou de ne pas savoir répondre sur le moment à telle ou telle question, tu as une maîtrise de la discipline qu'eux n'ont pas.
En revanche, il faut que tu t'interroges sur ce qui te fait imaginer que les gens ayant un autre parcours ou une autre origine sociale que la tienne seraient différents, meilleurs ou plus légitimes. En prépa ou dans les grandes écoles, on trouve une grande majorité de gens normaux, qui n'ont pas de talents particuliers et qui regardent aussi du foot ou des séries à la télé. Tu en as d'ailleurs doublé pas mal en ayant ton CAPES, car parmi tous les candidats recalés il y avait tous les profils et nécessairement aussi des élèves des grandes écoles.
Enfin, je ne sais pas ce que tu appelles une "consommation culturelle de prof". Je crois que le nombre de profs en France se compte en million(s), c'est dire la variété qui existe. Certains vont au théâtre, d'autres non, certains regardent le foot, d'autres non, et ainsi de suite. Les profs ne forment pas une classe ou une catégorie générale et homogène.
Quant au fait d'avoir l'impression qu'on n'en sait pas assez, c'est quelque chose de plutôt sain, sauf si cela devient sujet d'angoisse. Les seules personnes persuadées de tout savoir ou d'en savoir assez sont les imbéciles et les adolescents arrogants. Au contraire, plus on a de culture, et plus on a conscience de tout ce qu'on ignore encore. Mais voir tout ce qui nous reste à apprendre est plus stimulant qu'autre chose: c'est le gage d'une vie où la curiosité ne sera jamais émoussée, et le plaisir de la découverte toujours renouvelé.
N'oublie pas que tu n'es pas là pour te comparer aux autres enseignants (on trouvera toujours quelqu'un qui en saura plus que nous dans tel ou tel domaine), tu es là pour enseigner une matière à des élèves qui ne l'ont jamais pratiquée auparavant. Et pour eux tu en sais bien assez long: peu importe de faire des erreurs de temps en temps (on en fait tous) ou de ne pas savoir répondre sur le moment à telle ou telle question, tu as une maîtrise de la discipline qu'eux n'ont pas.
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Spheniscida qui se prend pour une Alcida.
"Laissons glouglouter les égouts." (J.Ferrat)
"Est-ce qu'on convainc jamais personne?" (R.Badinter)
Même si c'est un combat perdu d'avance, crier est important.
- AnankéNiveau 9
Je pense qu'il y a un biais propre à la philosophie, très pédante et historiquement dédiée aux classes qui ont le luxe du loisirs, qui transpire de l'enseignement qu'on reçoit dans lieux où on les reçoit et par les personnes par lesquelles ont les reçoit... J'ai du intériorisé une image qu'on nous véhicule implicitement et paradoxalement - car l'esprit est commun à tous et pas réservé à une élite - et tu as complètement raison liliepinguoin, je dois me l'enlever de la tête.
L'avantage étant, comme le soulignait dl80, que mon rapport aux élèves est plutôt bon du fait que je fais souvent du second degré face aux difficultés.
J'ai tellement hâte que cette année se finisse pour en refaire une nouvelle, plus correcte, mieux préparée etc etc
Merci de l'écoute.
L'avantage étant, comme le soulignait dl80, que mon rapport aux élèves est plutôt bon du fait que je fais souvent du second degré face aux difficultés.
J'ai tellement hâte que cette année se finisse pour en refaire une nouvelle, plus correcte, mieux préparée etc etc
Merci de l'écoute.
- ElaïnaDevin
VicomteDeValmont a écrit:Tu as un CAPES en philo qui est l’un des plus sélectifs, tu es légitime.
Être enseignant, ça s’apprend et tu l’apprendras cette année comme les suivantes jusqu’à la fin de ta carrière.
Voilà. Tu as le CAPES, point barre. Un jury composé de gens tout à fait capables t'a jugée capable.
Après sur l'entre-soi, méfiance. L'Ecole des chartes a réputation d'être un repaire d'intellos parisiens fils d'archevêques, de droite voire royalistes. Quand j'y étais, il y avait des enfants de profs, mais aussi d'ouvriers, d'universitaires mais aussi de coiffeurs, garagistes, etc. Et très peu qui votaient ne fût-ce qu'un chouia à droite ^^. Dans la salle des profs, ça doit être un peu pareil.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- gauvain31Empereur
Mon analyse personnelle se confirme avec les années: ce sont surtout les personnes les plus incapables, les plus illégitimes, et à tous les niveaux qui essaient d'instaurer ce sentiment d'illégitimité en toi pour faire oublier leur illégitimité à elles. Personnellement, je n'ai jamais ressenti ce sentiment "d'imposture" alors que ma place aux concours n'est pas mirobolante. Je voulais faire ce métier depuis mes 12 ans. La seule personne réellement qui a essayé de me faire douter à mes débuts était un pervers narcissique, CDE ancien instituteur (et pas qu'avec moi). Ce sont eux, les imposteurs Ananké, pas toi.
Le premier IPR qui s'essaiera à ce petit jeu, je lui répondrais: "avez-vous fait comme moi 9 lycées, 6 collèges et un ITEP au cours de votre carrière"? J'ai vu trop de choses dans ma carrière pour qu'on me mène en bateau.... CDE et IPR le savent généralement quand ils voient mon pedigree.
Le premier IPR qui s'essaiera à ce petit jeu, je lui répondrais: "avez-vous fait comme moi 9 lycées, 6 collèges et un ITEP au cours de votre carrière"? J'ai vu trop de choses dans ma carrière pour qu'on me mène en bateau.... CDE et IPR le savent généralement quand ils voient mon pedigree.
- JPhMMDemi-dieu
+1
Le niveau d'autosatisfaction est inversement proportionnel à la compétence.
Notons que certains sont toujours très satisfaisants de ce qu'ils produisent.
Le niveau d'autosatisfaction est inversement proportionnel à la compétence.
Notons que certains sont toujours très satisfaisants de ce qu'ils produisent.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- e1654dNiveau 7
En informatique, un certain nombre de collègues met des documents de cours à disposition publique ou sur demande ; je ne sais pas si c'est également dans la culture des professeurs de philosophie. En tout cas ça m'a bien aidé les premières années, à la fois comme matière première de mes propres cours, et aussi parce que ça me permettait, concernant tel théorème que je ne voulais pas démontrer, tel exemple qui me paraissait compliqué à traiter : "Bon, visiblement, à Louis-le-Grand, il ne le font pas, donc je peux me permettre de ne pas en parler non plus".
- Monsieur_TeslaNiveau 10
J'enseigne depuis 25 ans et, comme le dit Ananké : "Mes cours sont expérimentaux" depuis toujours.
Parfois on passe des heures à préparer une séquence, et, tout tombe à l'eau devant les élèves (c'est très désagréable)
Parfois, pas eu le temps de préparer, et , un miracle se produit ... ça fonctionne (une question d'élève, une idée soudaine ...)
L'enseignement est une science expérimentale, la perfection n'est pas de ce monde.
On doit s'adapter en permanence (je suis enseignant de sciences physiques)
balances en panne (elles fonctionnaient la veille), câbles électriques défectueux, verrerie cassée et non signalé etc.
Les meilleurs enseignants que j'ai eu doutaient d'eux-même (discussion possible élève-professeur), les pires pensaient détenir la vérité (discussion impossible)
Le doute est, je pense, un signe de bonne santé mentale dans notre profession.
J'ai adoré l'humilité des premiers, et, détesté l’arrogance des autres.
Parfois on passe des heures à préparer une séquence, et, tout tombe à l'eau devant les élèves (c'est très désagréable)
Parfois, pas eu le temps de préparer, et , un miracle se produit ... ça fonctionne (une question d'élève, une idée soudaine ...)
L'enseignement est une science expérimentale, la perfection n'est pas de ce monde.
On doit s'adapter en permanence (je suis enseignant de sciences physiques)
balances en panne (elles fonctionnaient la veille), câbles électriques défectueux, verrerie cassée et non signalé etc.
Les meilleurs enseignants que j'ai eu doutaient d'eux-même (discussion possible élève-professeur), les pires pensaient détenir la vérité (discussion impossible)
Le doute est, je pense, un signe de bonne santé mentale dans notre profession.
J'ai adoré l'humilité des premiers, et, détesté l’arrogance des autres.
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Ce que j'entends je l'oublie.
Ce que le lis je le retiens.
Ce que je fais, je le comprends !
Tchuang Tseu
- abricotedapiExpert spécialisé
Bonjour Ananké,
Bref, tout ça pour te dire de prendre du recul. C'est dur, tu patauges : comme tout le monde au début. Tu ne te sens pas formé à ça : nous non plus. On apprend sur le tas, on apprend aussi à se détacher un peu, à ne pas vouloir exceller partout tout de suite, à être indulgent avec soi.
L'année de stage est très éprouvante, rares sont les personnes qui la traversent sans angoisses. On a besoin de temps pour se sentir à l'aise et légitime, et surtout on débute dans des conditions délicates (très peu de formation, conditions d'enseignement parfois difficiles, pression de l'évaluation, fatigue du rythme boulot/ESPE...) C'est "normal" de ressentir de l'angoisse lors de cette année.Ananké a écrit:depuis la réussite au CAPES et la rentrée en tant que stagiaire je vis avec une angoisse quotidienne.
Perso quand j'ai vu que bon nombre de mes collègues de lettres ne lisaient jamais, ou alors des magazines People, j'ai vite décomplexé. L'image idéale du prof intellectuel, de gauche, cultivé etc... reste une image, on s'en rend vite compte. Et de toute façon, tu n'es pas jugé sur ta vie personnelle ! Tu es là pour enseigner, ce n'est qu'un boulot hein.Ananké a écrit:c'est le décalage entre le statut d'intellectuel et ma vie familiale qui n'a rien à voir avec mon métier que j'ai du mal à vivre : je ne me sens pas légitime en tant que professeur du fait que je sais que quand je rentre chez moi je n'ai pas une "consommation culturelle" de prof.
C'est inadmissible d'être lâché sans formation ni apprentissage de la préparation de cours ou de la gestion de classe, mais... c'est le cas. C'est donc "normal" (dans la norme). Et du coup c'est tout à fait compréhensible que tu aies du mal à être autonome, à prendre des initiatives ! Tu n'es que stagiaire, tu débutes !Ananké a écrit:j'ai vraiment du mal à être autonome (mon tuteur m'a même demandé de faire à ma sauce, d'assumer, de faire des choix quitte à me planter) ... en même temps est-ce normal d'être lâché sans formation devant les élèves ? Ni de savoir comment préparer un cours ?
Toi seul peut faire cette part des choses. Ceci dit, le CAPES est gage de ta qualité de spécialiste de ta discipline. En revanche, il n'indique en rien ta capacité à enseigner et à gérer des classes, ça c'est évident. L'absurdité de ce concours...Ananké a écrit:Je n'arrive pas à faire la part entre ce qui me bloque psychologiquement et ce qui relève d'un vrai manque de compétences (je pense avoir eu mon CAPES au rabais, je trouve d'ailleurs que le CAPES n'est gage de rien du tout, mais ça c'est un autre problème).
Bref, tout ça pour te dire de prendre du recul. C'est dur, tu patauges : comme tout le monde au début. Tu ne te sens pas formé à ça : nous non plus. On apprend sur le tas, on apprend aussi à se détacher un peu, à ne pas vouloir exceller partout tout de suite, à être indulgent avec soi.
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- Spoiler:
- 2024-2025 : en poste fixe !!
2023-2024 (TZR) AFA : 2 classes de 6e (PP 6e)
2022-2023 (TZR) AFA : 1 classe de 5e, 2 classes de 4e, 1 classe de 3e (PP 5e)
2021-2022 (TZR) 2 remplacements : 2 classes de 5e, 1 classe de 6e / 3 classes de 6e
2020-2021 (TZR) AFA 2 collèges dont le RAD : 2 classes de 5e, 1 classe de 4e (PP 5e) + 1 classe de 6e
2019-2020 (TZR) AFA RAD : 2 classes de 6e, 2 classes de 5e (PP 6e)
2018-2019 (TZR) AFA : 4 classes de 6e
2014-2018 : quatre ans en poste fixe (8 classes de 6e, 4 classes de 4e, 3 classes de 5e, 2 classes de 3e et 4 x PP 6e)
2013-2014 (stagiaire) : 2 classes de 5e, 1 classe de 6e
- AurevillyHabitué du forum
Bonsoir Ananké, juste une petite question qui me vient à l'esprit : te sentirais-tu vraiment légitime si tu avais un métier différent, employée dans une charcuterie, assistante maternelle, monitrice d'équitation,... ? C'est seulement pour t'aider, peut-être, à mieux cerner le problème.
- ThucydideNiveau 1
Bonjour Ananké,
je vais t'apporter ma modeste contribution. Je suis certifiée en Lettres Classiques, capes obtenu en 2002. Fille d'instits, donc classe moyenne. Voilà pour les présentations.
Alors figure-toi qu'après 13 premières années exclusivement en collège, je suis arrivée dans une cité scolaire il y a 2 ans... Et j'ai eu le syndrome suivant : j'avais l'angoisse de passer pour une crétine à chaque fois que j'avais à parler au prof de philo. Je me disais qu'il allait forcément décortiquer ce que j'allais dire, je craignais qu'il oriente les conversations sur des sujets philosophiques auxquels je ne capterais rien, ou bien pire, où j'allais dire des énormités. Bref, au bout d'un mois, je me suis détendue, j'ai enfin constaté qu'il avait 2 bras, 2 jambes ... et 1 seule tête, comme moi, qu'il avait des sujets de conversation on ne peut plus banals, et que quand il parlait philo, c'était pour parler d'anecdotes de cours, comme moi je place de temps à autre une allusion à Virgile ou à Sénèque, en éclairant à l'occasion les propos de tel ou tel auteur. Bref... tu vois que ce syndrome que tu peux ressentir, d'autres peuvent le ressentir envers toi.
Pour ce qui est des goûts et des couleurs ... et des discussions de salles de prof, je te conseille vraiment de t'ouvrir et de parler à un maximum de collègues. Je suis une fille, en Lettres Classiques, et j'adore le foot depuis toute petite... je séchais même certains cours de Grec l'année du CAPES pour qu'on soit suffisamment nombreuses en match dans l'équipe de la fac... Bref, si je veux parler foot, je sais que j'ai un collègue de maths super calé, idem avec un collègue de techno... et eux-mêmes n'hésitent pas à me parler du "match de la veille" régulièrement. En parlant avec les divers collègues, en leur posant des questions sur ce qu'ils font le week-end, etc, tu arriveras vite à cerner les goûts de chacun, et à trouver des sujets de conversation intéressants avec un certain nombre. Tu verras que tous les profs ont une vie personnelle, souvent bien remplie, en dehors de leurs heures de cours. Et ceux qui te parlent du haut de leur agreg, eh bien snobe-les, franchement, ils n'ont pas grand chose de profond à apporter (ça ne concerne pas tous les agrégés, juste ceux qui la prennent trop au sérieux ; je pourrais dire la même chose de certains certifiés, de certains chargés de mission par les inspecteurs...).
Je suis certifiée Lettres Classiques, je n'achète pas Télérama, j'ai la télé, je la regarde (et pas que Arte ! Je suis une inconditionnelle de Koh-Lanta et de Top Chef). Je lis de la Fantasy (ça aère l'esprit quand on fait étudier l'Assommoir). Beaucoup de collègues sont des gens on ne peut plus normaux, lambda.
Tu te sens bouffée, dépassée ? C'est totalement normal au début ! Combien de fois je suis allée en cours à l'arrache au début, en improvisant une leçon de grammaire, un sujet de rédac, en 30 secondes, au début du cours. Le pire, c'est que souvent ça marchait bien... Alors évidemment ce n'est pas satisfaisant. Mais au début, il y a énormément de choses à construire, et c'est impossible, même en bossant pendant les vacances, de préparer tous tes cours de manière à avoir ne serait-ce qu'une semaine d'avance. En + il y a les corrections. En ce moment, avec la récente réforme du collège + le fait de découvrir le lycée, je revis parfois ce stress du dernier moment... Il y a 2 semaines, j'ai fait au pied levé l'explication linéaire du poème "Le Vallon" de Lamartine avec mes 2nde (je pensais profiter d'heures de trous pour le préparer, et finalement elles ont été bouffées par autre chose)... J'ai détesté devoir bosser comme ça, et en même temps le cours a été nickel.
Bref, au fur et à mesure, tu vas voir que tu vas t'appuyer, d'une année sur l'autre, sur ce que tu as déjà fait. Tu vas enrichir tes cours, tes contenus, tes ressources - et peut-être même que tu trouveras des collègues de philo avec lesquels tu seras suffisamment en confiance et en phase pour échanger, montrer ton travail en demandant leur avis...). Et tu vas gagner en confiance en toi. La remise en question, régulière, permanente, est une très bonne chose : ça te rend meilleur prof. Après, il faut aussi se rendre compte des qualités qu'on développe, les mesurer, et ne pas douter sempiternellement.
Des cours ratés, on en a tous fait, et on en fera tous encore. Ce n'est pas pour ça qu'on est mauvais prof. Le tout, c'est de s'en apercevoir. A partir de là, ça nous donne des clés pour bosser, tout autant que les cours réussis.
Voilà, j'espère que ces quelques mots (oui, oui, c'est ironique, je suis une bavarde fieffée...) te seront utiles.
Vale ! (Porte-toi bien)
je vais t'apporter ma modeste contribution. Je suis certifiée en Lettres Classiques, capes obtenu en 2002. Fille d'instits, donc classe moyenne. Voilà pour les présentations.
Alors figure-toi qu'après 13 premières années exclusivement en collège, je suis arrivée dans une cité scolaire il y a 2 ans... Et j'ai eu le syndrome suivant : j'avais l'angoisse de passer pour une crétine à chaque fois que j'avais à parler au prof de philo. Je me disais qu'il allait forcément décortiquer ce que j'allais dire, je craignais qu'il oriente les conversations sur des sujets philosophiques auxquels je ne capterais rien, ou bien pire, où j'allais dire des énormités. Bref, au bout d'un mois, je me suis détendue, j'ai enfin constaté qu'il avait 2 bras, 2 jambes ... et 1 seule tête, comme moi, qu'il avait des sujets de conversation on ne peut plus banals, et que quand il parlait philo, c'était pour parler d'anecdotes de cours, comme moi je place de temps à autre une allusion à Virgile ou à Sénèque, en éclairant à l'occasion les propos de tel ou tel auteur. Bref... tu vois que ce syndrome que tu peux ressentir, d'autres peuvent le ressentir envers toi.
Pour ce qui est des goûts et des couleurs ... et des discussions de salles de prof, je te conseille vraiment de t'ouvrir et de parler à un maximum de collègues. Je suis une fille, en Lettres Classiques, et j'adore le foot depuis toute petite... je séchais même certains cours de Grec l'année du CAPES pour qu'on soit suffisamment nombreuses en match dans l'équipe de la fac... Bref, si je veux parler foot, je sais que j'ai un collègue de maths super calé, idem avec un collègue de techno... et eux-mêmes n'hésitent pas à me parler du "match de la veille" régulièrement. En parlant avec les divers collègues, en leur posant des questions sur ce qu'ils font le week-end, etc, tu arriveras vite à cerner les goûts de chacun, et à trouver des sujets de conversation intéressants avec un certain nombre. Tu verras que tous les profs ont une vie personnelle, souvent bien remplie, en dehors de leurs heures de cours. Et ceux qui te parlent du haut de leur agreg, eh bien snobe-les, franchement, ils n'ont pas grand chose de profond à apporter (ça ne concerne pas tous les agrégés, juste ceux qui la prennent trop au sérieux ; je pourrais dire la même chose de certains certifiés, de certains chargés de mission par les inspecteurs...).
Je suis certifiée Lettres Classiques, je n'achète pas Télérama, j'ai la télé, je la regarde (et pas que Arte ! Je suis une inconditionnelle de Koh-Lanta et de Top Chef). Je lis de la Fantasy (ça aère l'esprit quand on fait étudier l'Assommoir). Beaucoup de collègues sont des gens on ne peut plus normaux, lambda.
Tu te sens bouffée, dépassée ? C'est totalement normal au début ! Combien de fois je suis allée en cours à l'arrache au début, en improvisant une leçon de grammaire, un sujet de rédac, en 30 secondes, au début du cours. Le pire, c'est que souvent ça marchait bien... Alors évidemment ce n'est pas satisfaisant. Mais au début, il y a énormément de choses à construire, et c'est impossible, même en bossant pendant les vacances, de préparer tous tes cours de manière à avoir ne serait-ce qu'une semaine d'avance. En + il y a les corrections. En ce moment, avec la récente réforme du collège + le fait de découvrir le lycée, je revis parfois ce stress du dernier moment... Il y a 2 semaines, j'ai fait au pied levé l'explication linéaire du poème "Le Vallon" de Lamartine avec mes 2nde (je pensais profiter d'heures de trous pour le préparer, et finalement elles ont été bouffées par autre chose)... J'ai détesté devoir bosser comme ça, et en même temps le cours a été nickel.
Bref, au fur et à mesure, tu vas voir que tu vas t'appuyer, d'une année sur l'autre, sur ce que tu as déjà fait. Tu vas enrichir tes cours, tes contenus, tes ressources - et peut-être même que tu trouveras des collègues de philo avec lesquels tu seras suffisamment en confiance et en phase pour échanger, montrer ton travail en demandant leur avis...). Et tu vas gagner en confiance en toi. La remise en question, régulière, permanente, est une très bonne chose : ça te rend meilleur prof. Après, il faut aussi se rendre compte des qualités qu'on développe, les mesurer, et ne pas douter sempiternellement.
Des cours ratés, on en a tous fait, et on en fera tous encore. Ce n'est pas pour ça qu'on est mauvais prof. Le tout, c'est de s'en apercevoir. A partir de là, ça nous donne des clés pour bosser, tout autant que les cours réussis.
Voilà, j'espère que ces quelques mots (oui, oui, c'est ironique, je suis une bavarde fieffée...) te seront utiles.
Vale ! (Porte-toi bien)
- CòchoNiveau 5
Tu en as d'ailleurs doublé pas mal en ayant ton CAPES
Je confirme
D'abord félicitations ! et tout mon respect. Je ne pense franchement pas qu'on puisse décrocher ce laisser-passer sur un malentendu.
La marge de manoeuvre que laisse l'enseignement de la philo est une chance et explique certainement aussi ton malaise, comme tu le laisses entendre : tu ne les as chaque fois qu'une année, tes élèves, et tu sais bien que tu ne fais que les "introduire" à une discipline, alors même qu'il y aurait tant à dire et en prenant le machin par trente-six autres bouts, machin que, bien sûr, tu ne connais pas exhaustivement ni toujours de manière solide ! Mais tu n'es pas un imposteur si tu leur apprends, et même plus si tu leur montres, comment on philosophe, avec ce qu'on s'efforce de savoir.
Ensuite, comme ç'a été dit, ta remise en question me semble être très saine : à l'inverse un excès de confiance peut favoriser un aveuglement, ce qui peut être catastrophique pour les élèves à l'échelle d'une carrière entière.
Bref : tout ça paraît fort bien parti. Bon courage !
- AnankéNiveau 9
Merci pour vos retours.
Aurevilly c'est une bonne question : j'ai déjà fait d'autres "tafs" - je dis tafs car ils étaient alimentaires en parallèles de mes études - et il est vrai que dans certains, les plus reconnus si l'on peut dire (encadrements d'enfants CP et animation) j'avais aussi une appréhension. Je pense avoir un surmoi sur-développé : j'ai intégré les préjugés sociaux en vigueur dans notre société, ce qui est complètement paradoxal avec ce que je pense par ailleurs et le sens que je mets dans le métier de professeur. Je voudrais pouvoir montrer à n'importe quel élève qu'il peut comprendre des choses qui lui paraissent compliquées, montrer l'intérêt de choses apparemment inintéressantes... ce qui est d'autant plus frustrant puisque par manque de formation ou de connaissances je n'arrive pas à le faire ! D'où le fait que je pense ne pas être à ma place en tant que prof c'est à dire comme personne qui permet de faire comprendre les choses plutôt que les obscurcir encore plus !
Je me rends compte que j'ai idéalisé le métier à un point assez dingue en fait.
Je fais aussi peut-être ma petite crise d'entrée dans la vie d'adulte tout simplement : je n'accepte pas des choses avec lesquelles de toute façon il faut composer (niveau et mentalité des élèves, système général caduc #réformeParcoursup, mon propre niveau que je considère comme une blague - si je suis titularisée tant mieux pour moi mais mes futurs élèves ? ...)
La reprise des cours après vacances et bacs blancs n'a pas été si catastrophique, heureusement que mes élèves sont attachants, même s'ils ne sont pas très bosseurs ... c'est ce que je retiens dans le contexte actuel puisque je n'ai rien d'autre à quoi me raccrocher : mon tuteur est venu assister à un de mes cours hier encore, et les remarques qu'il m'a faite sont d'un vague et selon lui, bon, ça va ... alors que parallèlement j'ai une collègue qui m'a transmis les copies de bacs blancs de mes élèves qu'elle a corrigé et ils se sont quasi tous vautrés ! Comment ne pas entretenir ce sentiment d'imposture dans une telle situation ? Alors oui, j'ai de la chance, j'ai lu les nombreux postes sur les tuteurs envahissants et bcp trop exigeants, mais qu'est-ce que j'aimerais qu'on me dise quoi changer pour que mes élèves soient moins paumés !
Aurevilly c'est une bonne question : j'ai déjà fait d'autres "tafs" - je dis tafs car ils étaient alimentaires en parallèles de mes études - et il est vrai que dans certains, les plus reconnus si l'on peut dire (encadrements d'enfants CP et animation) j'avais aussi une appréhension. Je pense avoir un surmoi sur-développé : j'ai intégré les préjugés sociaux en vigueur dans notre société, ce qui est complètement paradoxal avec ce que je pense par ailleurs et le sens que je mets dans le métier de professeur. Je voudrais pouvoir montrer à n'importe quel élève qu'il peut comprendre des choses qui lui paraissent compliquées, montrer l'intérêt de choses apparemment inintéressantes... ce qui est d'autant plus frustrant puisque par manque de formation ou de connaissances je n'arrive pas à le faire ! D'où le fait que je pense ne pas être à ma place en tant que prof c'est à dire comme personne qui permet de faire comprendre les choses plutôt que les obscurcir encore plus !
Je me rends compte que j'ai idéalisé le métier à un point assez dingue en fait.
Je fais aussi peut-être ma petite crise d'entrée dans la vie d'adulte tout simplement : je n'accepte pas des choses avec lesquelles de toute façon il faut composer (niveau et mentalité des élèves, système général caduc #réformeParcoursup, mon propre niveau que je considère comme une blague - si je suis titularisée tant mieux pour moi mais mes futurs élèves ? ...)
La reprise des cours après vacances et bacs blancs n'a pas été si catastrophique, heureusement que mes élèves sont attachants, même s'ils ne sont pas très bosseurs ... c'est ce que je retiens dans le contexte actuel puisque je n'ai rien d'autre à quoi me raccrocher : mon tuteur est venu assister à un de mes cours hier encore, et les remarques qu'il m'a faite sont d'un vague et selon lui, bon, ça va ... alors que parallèlement j'ai une collègue qui m'a transmis les copies de bacs blancs de mes élèves qu'elle a corrigé et ils se sont quasi tous vautrés ! Comment ne pas entretenir ce sentiment d'imposture dans une telle situation ? Alors oui, j'ai de la chance, j'ai lu les nombreux postes sur les tuteurs envahissants et bcp trop exigeants, mais qu'est-ce que j'aimerais qu'on me dise quoi changer pour que mes élèves soient moins paumés !
- abricotedapiExpert spécialisé
Pourquoi ne fais-tu pas part de cette angoisse à ton tuteur en lui demandant ce que tu pourrais faire pour aider tes élèves à s'améliorer ?
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- 2024-2025 : en poste fixe !!
2023-2024 (TZR) AFA : 2 classes de 6e (PP 6e)
2022-2023 (TZR) AFA : 1 classe de 5e, 2 classes de 4e, 1 classe de 3e (PP 5e)
2021-2022 (TZR) 2 remplacements : 2 classes de 5e, 1 classe de 6e / 3 classes de 6e
2020-2021 (TZR) AFA 2 collèges dont le RAD : 2 classes de 5e, 1 classe de 4e (PP 5e) + 1 classe de 6e
2019-2020 (TZR) AFA RAD : 2 classes de 6e, 2 classes de 5e (PP 6e)
2018-2019 (TZR) AFA : 4 classes de 6e
2014-2018 : quatre ans en poste fixe (8 classes de 6e, 4 classes de 4e, 3 classes de 5e, 2 classes de 3e et 4 x PP 6e)
2013-2014 (stagiaire) : 2 classes de 5e, 1 classe de 6e
- AnankéNiveau 9
Je lui en ai fait part, il m'a répondu que c'est un des métiers les plus difficiles selon lui et qu'il faut que j'arrête de chercher les solutions à l'extérieur, que je dois me faire confiance (oui oui ...). Pourtant ce que je demande ce n'est pas un réconfort psychologique c'est une formation pour faire correctement mon métier. D'où mon problème : je ne sais pas si c'est le poste qui veut ça mais il semble qu'il faille une maturité, notamment intellectuelle, pour assumer ses choix d'enseignements dès le début (cette discipline est vraiment marquée par une "liberté" pédagogique qu'on nous rabache - qui est selon moi un vide délétère pendant les premières années d'enseignement). Or, ça je n'y arrive pas et c'est pour ça que je pense que ça n'est pas ma place : je pense qu'un professeur de philosophie doit avoir une vision des choses, savoir justifier ses choix. Or, moi je fais ce que je peux, d'une séance à l'autre. J'essaie d'avoir une vue d'ensemble sur ma progression mais bon, hein, voilà. D'où le fait que je pense aussi avoir eu un concours au rabais : comment se fait-il qu'on donne la possibilité à une personne d'aller donner des cours en ayant eu à l'oral 7/20 en leçon ? Il y a un vrai dysfonctionnement et c'est dur d'en faire les frais. Alors je me dis sur des malentendus ça passe mais c'est vraiment fatiguant.
- abricotedapiExpert spécialisé
Etre capable d'assumer ses choix pédagogiques demande du temps aussi. Au début on patauge, on fait ce qu'on peut. C'est normal, on passe tous et toutes par là !
Le concours n'a rien à voir avec la capacité à enseigner. L'épreuve de leçon à l'oral n'a rien à voir avec la gestion d'un cours dans le secondaire. Cesse de ressasser cette note, ça ne concerne pas du tout ce que tu fais aujourd'hui.
Ce que tu peux attendre de ton tuteur, c'est qu'il te dise si tu peux faire concrètement quelque chose aux difficultés de tes élèves ou si tu dois faire avec (car on ne sauve pas miraculeusement les élèves d'une mauvaise méthode de travail ou d'un manque de connaissances, surtout en terminale).
Le concours n'a rien à voir avec la capacité à enseigner. L'épreuve de leçon à l'oral n'a rien à voir avec la gestion d'un cours dans le secondaire. Cesse de ressasser cette note, ça ne concerne pas du tout ce que tu fais aujourd'hui.
Ce que tu peux attendre de ton tuteur, c'est qu'il te dise si tu peux faire concrètement quelque chose aux difficultés de tes élèves ou si tu dois faire avec (car on ne sauve pas miraculeusement les élèves d'une mauvaise méthode de travail ou d'un manque de connaissances, surtout en terminale).
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