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abricotedapi
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Être professeur quand on manque cruellement de confiance en soi  - Page 2 Empty Re: Être professeur quand on manque cruellement de confiance en soi

par abricotedapi Mer 21 Mar - 11:58
Etre capable d'assumer ses choix pédagogiques demande du temps aussi. Au début on patauge, on fait ce qu'on peut. C'est normal, on passe tous et toutes par là !

Le concours n'a rien à voir avec la capacité à enseigner. L'épreuve de leçon à l'oral n'a rien à voir avec la gestion d'un cours dans le secondaire. Cesse de ressasser cette note, ça ne concerne pas du tout ce que tu fais aujourd'hui.

Ce que tu peux attendre de ton tuteur, c'est qu'il te dise si tu peux faire concrètement quelque chose aux difficultés de tes élèves ou si tu dois faire avec (car on ne sauve pas miraculeusement les élèves d'une mauvaise méthode de travail ou d'un manque de connaissances, surtout en terminale).
Ananké
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par Ananké Mer 21 Mar - 12:11
Soit.
Je lui ai demandé des conseils : pour des corrections de copies, pour des préparations de devoirs, je lui ai même envoyé mes préparations de cours pour avoir des retours. Les réponses sont toujours évasives avec l'idée que je dois m'auto-évaluer ! Donc je fais bon an mal an, en n'aimant pas ce que je fais (et vous devez savoir à quel point c'est dur de présenter un truc qu'on aime pas). Il y a un groupe sur facebook, plein de ressources sur internet - trop même - je m'inspire, je me documente. Bon. C'est quand même bien chiant d'avoir un bac +5 et deux ans de concours derrière soi pour se rendre compte que le métier qu'on voulait faire n'a rien de plus que n'importe quel autre métier sans beaucoup plus de sens et d'utilité finalement, voire moins bien payé aussi.
Il reste les élèves que j'apprécie, mais c'est un désenchantement quand même, notamment vis-à-vis de moi : je fais les choses par nécessité, parfois même j'en viens à être dégoutée par ma matière (quand je ne sais pas comment construire une partie de cours). Hâte que l'année se finisse et commencer une nouvelle année ailleurs en ayant préparé d'autres cours radicalement différents !
Ascagne
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par Ascagne Mer 21 Mar - 12:23
Ananké a écrit:j'ai été bi-admissible à l'agrégation de philo mais je n'ai pas digéré mon échec (qui est un échec relatif j'en conviens, mais qui reste un échec quand même). Même l'agrégation obtenue, je pense que ça ne sera pas encore assez, c'est comme si je cherchais à être validée par je ne sais quelle instance absolue, ça en devient pathologique
Concernant l'agrégation, elle ne donne pas plus de confiance en soi par rapport à la pratique du métier, vu que le concours est très éloigné d'icelle (c'est pour enseigner dans le supérieur que cela compte, au fond). En tout cas, c'est ma perception, mais je n'ai pas passé le CAPES.
je fais les choses par nécessité, parfois même j'en viens à être dégoutée par ma matière (quand je ne sais pas comment construire une partie de cours). Hâte que l'année se finisse et commencer une nouvelle année ailleurs en ayant préparé d'autres cours radicalement différents !
Je comprends ton sentiment : enseignant pour la première année au lycée, je l'éprouve moi aussi régulièrement. J'ai envie de revenir enseigner à la fac, mais si je dois rester dans le secondaire, au moins je pourrai mieux commencer l'année scolaire et je saurai bien mieux comment me débrouiller, notamment par rapport à ce qui ne fonctionne pas en cours, en tout cas face à tel type de classe ou d'élèves.

Courage !

Concernant les représentations sur les pratiques culturelles des enseignants, il ne faut pas t'en faire. Il y a vraiment de tout et on peut être surpris.
abricotedapi
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par abricotedapi Mer 21 Mar - 12:32
C'est dommage que ton tuteur soit vague, mais bon ! Fais comme tu peux, et effectivement cette année est la pire, chaque année ce sera un peu mieux car tu engranges de l'expérience. Courage Être professeur quand on manque cruellement de confiance en soi  - Page 2 1547453357

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Thucydide
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par Thucydide Mer 21 Mar - 13:20
Ananké : Le Capes ou l'agreg, personne n'obligera un jury à le donner à une personne qu'il n'estime pas en capacité d'enseigner : l'année où j'ai eu mon CAPES, il y avait 300 places au concours externe. Seulement 250 ont eu le concours, sur les 900 inscrits. Le Capes et l'agreg sanctionnent avant tout un niveau (scolaire / universitaire), et une autonomie pédagogique dans une moindre mesure. La note en elle-même a moins d'importance que le fait d'avoir le concours. Ne focalise donc pas sur ta note.
Les connaissances dans ta matière, tu en as de bien supérieures au niveau auquel il te faut enseigner. (d'ailleurs, c'est parfois l'adaptation au niveau de compréhension des élèves qui est un vrai défi en début de carrière).
Pour ce qui est de ton tuteur, tu ne peux pas le changer... Essaye de te servir de ton expérience pas si lointaine en tant qu'élève de terminale : qu'est-ce que ton prof faisait et que tu aimerais reprendre, qu'est-ce qui, au contraire, te semble perfectible.
Communiquer avec d'autres profs de philo dans des groupes de discussion, c'est bien : c'est en échangeant sur les pratiques que tu vas trouver des idées, les expérimenter. Tu ne peux de toutes façons pas partir de rien, ex nihilo. Par contre, retravailler soi-même les supports des autres afin de se les approprier permet d'être plus efficace dans la transmission.
Un dernier petit conseil pour la route : aère-toi l'esprit ! Même si tu es dans le jus, j'espère que tu ne passes pas tes jours, tes nuits et tes week-end à potasser / corriger : il est important de s'accorder du temps pour soi afin d'être bien dans sa tête, de ne pas avoir de "surcharge mentale".
Bon courage !
Ascagne
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par Ascagne Mer 21 Mar - 13:31
Thucydide a écrit:d'ailleurs, c'est parfois l'adaptation au niveau de compréhension des élèves qui est un vrai défi en début de carrière
Exact, ô combien (et encore plus lorsqu'on est habitué à un public d'étudiants et à la vie de doctorant)...

Je seconde Thucydide pour son dernier conseil. Je tiens mieux depuis que je vais régulièrement à Paris me changer les idées.
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gnay-morgane
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par gnay-morgane Mer 21 Mar - 16:42
Ananke le sentiment d'imposture je le vis tous les jours.
J'ai envie de recommencer septembre pour changer des choses et améliorer ce que j'ai raté cette année.

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Je suis là
Paul Dedalus
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par Paul Dedalus Dim 8 Avr - 22:42
Anankè, merci d'avoir ouvert ce fil qui me fait me rendre compte du rôle des origines sociales dans la confiance en soi et le sentiment d'être légitime en tant que prof (chose que je refusais de voir pendant longtemps).

Je suis, comme toi, issu d'un milieu où personne n'a fait d'études et je crois qu'en effet ça joue dans le fait de se sentir légitime.
Je ne pourrais pas non plus parler de mes soucis de travail à mes parents.
Mais tant pis, je me déracine pour m'élever.

En tout cas ça fait du bien de savoir qu'on n'est pas seul dans ce cas.

Mon truc pour dépasser ça, c'est de  tout miser sur la passion (bon ça s'essouffle forcément parfois).

Je te souhaite une très bonne fin de stage et d'être titularisée bien sûr.

Et sinon, nous sommes co-lauréats, même discipline et même session (2017) ! Smile
Et moi aussi j'avais été bi-admissible capes externe/agreg externe en plus.

Est-ce que tu as quand même eu du plaisir à faire cours/eu des bons moments avec tes élèves cette année?

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«Primus ego in patriam mecum, modo uita supersit. »
Virgile  Georgiques.

« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
Marcel Jousse
lamorduedhistoire25
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par lamorduedhistoire25 Mar 10 Avr - 21:43
Ananké a écrit:Soit.

C'est quand même bien chiant d'avoir un bac +5 et deux ans de concours derrière soi pour se rendre compte que le métier qu'on voulait faire n'a rien de plus que n'importe quel autre métier sans beaucoup plus de sens et d'utilité finalement, voire moins bien payé aussi.

Il reste les élèves que j'apprécie, mais c'est un désenchantement quand même, notamment vis-à-vis de moi : je fais les choses par nécessité, parfois même j'en viens à être dégoutée par ma matière (quand je ne sais pas comment construire une partie de cours). Hâte que l'année se finisse et commencer une nouvelle année ailleurs en ayant préparé d'autres cours radicalement différents !  

Je comprends très bien ton ressenti. Je suis en lycée professionnel et ce n'est guère facile non plus. J'ai la même impression mais je n'ai pas encore les concours.

J'aime enseigner, cela dit les conditions dans lesquelles j'enseigne sont particulièrement difficiles selon les classes. J'ai des élèves faibles et faire passer parfois quelque chose relève du parcours du combattant. Comme le dit Thucydide, ce ne sont pas les connaissances qui sont les plus difficiles à acquérir. Le défi réside surtout dans la capacité de se mettre à la portée des élèves, sans faire oeuvre de démagogie non plus, de les intéresser et de réussir en ce sens à captiver son auditoire, et de savoir expliquer avec clarté à d'autres ce qui peut nous sembler tellement évident à nous. Par ailleurs, ce qui fonctionne avec certaines classes ne marchera pas dans d'autres. Et c'est ça le plus frustrant, c'est que nous avons affaire à de la pâte humaine et de fait nous ne percevons pas concrètement les résultats de nos efforts. Pas dans l'immédiat en tout cas. Avec ça la charge nerveuse peut être lourde à supporter aussi et le métier est fatiguant.

Quand on débute, on fait tous des erreurs. J'en ai commis aussi tant dans la gestion de classe que dans la façon de concevoir un cours. Nous arrivons bientôt à la fin de l'année et avec ça je ne suis pas encore tout à fait à l'aise pour la conception des cours, ni avec Pronotes, j'apprends tous les jours et j'ai le sentiment diffus et quotidien de ramer en permanence. Alors que non, pas forcément mais quand on a la tête dans le guidon. Je me rends compte que si les thèmes sont les mêmes pour l'ensemble de mes terminales, la façon de l'aborder diffère selon les publics et je n'en avais pas suffisamment tenu compte à mesure de ma progression. Et puis avec ça bah certaines classes refusent délibérément de travailler soit parce que c'est trop dur pour eux et inaccessible, soit parce qu'ils se moquent éperdument du français ou de l'histoire et que ce n'est pas leur tasse de thé (forcément en lycée pro, les matières générales sont généralement une corvée et c'est un défi tous les jours de savoir les captiver surtout quand ils ont en plus été complètement broyés par le système), soit parce qu'ils sont fainéants aussi et assument pleinement leur flemmardise et j'en passe. On ne peut donner à boire à un âne qui n'a pas soif. Mais en tant qu'enseignant passionné par sa matière ça peut être terriblement vexant au début et déstabilisant.

Actuellement je dois formuler mes voeux, et j'avoue que j'hésite encore. J'aimerais mieux néanmoins passer le concours du CAPES pour être mieux protégée, obtenir un meilleur statut et un salaire un peu plus attractif même si au départ ce n'est pas le Pérou car actuellement je suis contractuelle et c'est beaucoup trop précaire et incertain à mes yeux. J'ai 43 ans, donc si je pouvais me poser pour entamer aussi par la suite d'autres projets, ça m'arrangerait.

Garde confiance en tes possibilités. Le démarrage n'est jamais facile mais c'est en forgeant que nous devenons forgeron ! Tu sais j'ai appris aujourd'hui qu'un étudiant de master 1 recherche en histoire, qui avait été recruté pour remplacer un de mes collègues, avait abandonné au bout d'une seule journée. Moi pour le moment, alors que je suis arrivée fin janvier, avec des classes qui n'avaient pas de cours de français et d'histoire depuis 2 ans avec le professeur titulaire que je remplace, sans formation MEEF et sans filet (j'ai un master d'histoire de l'art et archéo) dans deux disciplines dont l'une n'est pas ma formation de base, c'est rudement difficile et parfois je me sens mal à l'aise même par rapport à certaines questions posées par les élèves car je ne sais pas toujours y répondre. Je me rends ainsi compte que je ne maîtrise pas toujours mon sujet et là aussi j'ai encore énormément de choses à intégrer. Mais bon, miracle ô combien occulté par mes soins, j'ai tenu dans l'arène jusqu'à maintenant.

Je ne peux pas dire que ce soit encore facile aujourd'hui, à plusieurs reprises je rêve de vacances et surtout de prendre la poudre d'escampette mais dans l'ensemble je ne peux pas trop me plaindre. Dernièrement, pas plus de 3 semaines plus tôt, je rentrais tous les jours en salle des profs en pleurant à chaudes larmes tellement je n'en pouvais plus. Je gérais une classe où c'était le conflit permanent avec une guerre véritable des tranchées et impossible de mettre ces jeunes au travail. Mais là dans l'immédiat ça va mieux. Bon comme dans tout métier, il y a des hauts et des bas.

Bonne soirée et courage à tous ceux qui débutent ! Wink fleurs
Ananké
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par Ananké Mer 11 Avr - 19:06
J'ai du plaisir à faire cours mais je remarque que je ne suis pas très rigoureuse ni très précise et je constate que c'est dû à un manque de préparation de cours : avant les cours j'ai la flemme - oui en même pas 10 mois j'ai déjà la flemme de préparer mes cours, je pense que c'est assez mauvais signe mais bon - de les préparer et dans le feu de l'action je m'en veux car j'aurais pu faire beaucoup mieux et surtout plus exigeant pour mes élèves (enfin pour certains, une des principales difficultés étant vraiment la disparité des niveaux, comment faire cours à des élèves qui ont des niveaux radicalement différents sans en perdre une partie ?!).
Bref, mon message ira un peu dans tous les sens parce que je me rends compte que le problème est en fait plutôt d'ordre psychologique (mais peut-on vraiment séparer cela du choix d'être prof de philo dans ce monde ... ?). Contrairement à toi Paul Dedalus, mon "problème" si on peut appeler ça un problème, disons plutôt un problème au sens philosophique du terme alors, mon problème est bien que je n'ai aucune envie de me "déraciner pour m'élever" ! Bien au contraire, comme Jack London le fait tellement bien comprendre dans Martin Eden, les classes sociales qui nous sont données à côtoyer quand on fait ce genre d'études n'a rien de supplémentaire qu'un certain vernis culturel, et il y a dans ces dans tous les milieux des personnes intéressantes et des personnes vraiment nazes. Je suis un peu écoeurée de tout en fait : que le savoir ne circule pas, que quand il circule il permet simplement de remettre en place de la distinction sociale, que ce pour quoi j'ai voulu faire ce métier semble être un voeu pieux. Bref, tout ceci est plutôt un problème de teinte émotionnelle que de problème lié aux conditions pédagogiques, raison pour laquelle je vais m'arrêter là avant de communiquer des passions tristes à tout le monde ! Il y a effectivement des hauts et des bas et le tout est de ne pas lâcher quand on est dans le creux de la vague.
Rogger Flanagan
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par Rogger Flanagan Mer 11 Avr - 20:05
Ce désir que suscite en vous la philosophie, très certainement le retrouvez-vous dans le fait même de l'enseignement. C'est là peut-être une consolation, que de s'enseigner soi-même, en enseignant. Enfin, je dis ça... Les passions tristes ont leur puissance, aussi.
Paul Dedalus
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par Paul Dedalus Mer 11 Avr - 20:46
Ananké a écrit: Cette discipline est vraiment marquée par une "liberté" pédagogique qu'on nous rabache - qui est selon moi un vide délétère pendant les premières années d'enseignement.

En ce point nous sommes en effet très différents.
Je sais que certains prendront peut-être mal ce message mais je trouve que la liberté pédagogique est l'un des seuls atouts à être enseignant et honnêtement ton message me réjouit en ce sens.
Moi j'ai envie d'essayer des choses, c'est la seule chose qui me stimule dans ce métier.
Seul un inspecteur (qui ne sera même pas systématiquement présent à tous mes cours) pourra m'en empêcher en me licenciant mais en attendant qu'il arrive je serai libre de mes choix. Toute liberté vient de la création, ça me fait penser à un texte de Bergson que je vais rajouter aux corpus que je fais pour mes élèves : "création et joie".

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par JPhMM Mer 11 Avr - 20:50
Paul Dedalus a écrit:je trouve que la liberté pédagogique est l'un des seuls atouts à être enseignant [...]
Moi j'ai envie d'essayer des choses, c'est la seule chose qui me stimule dans ce métier.
Seul un inspecteur (qui ne sera même pas systématiquement présent à tous mes cours) pourra m'en empêcher en me licenciant mais en attendant qu'il arrive je serai libre de mes choix. Toute liberté vient de la création
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke

Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
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par JPhMM Mer 11 Avr - 21:01
Ananké a écrit:Je suis un peu écoeurée de tout en fait : que le savoir ne circule pas
Le savoir circule.
Il traverse les classes sociales, les appétences, les choix passés, les non-choix passés aussi, grâce à l'objet qui définit (a défini ?) la civilisation dans laquelle nous vivons : le livre imprimé. Pour qui s'en donne l'objectif, aucun savoir n'est interdit, aucun.
A mon sens, ce n'est pas les moyens de la circulation du savoir qui sont en panne, c'est la volonté d'apprendre. La consommation de masse mène à la consomption de la volonté de savoir. Il n'est pas nécessaire de brûler des livres pour faire disparaitre le désir de savoir, il suffit d'inonder la personne d'un flot ininterrompu d'informations relatives au vide (même mathématiquement vide) de l'actualité.

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par Ananké Jeu 12 Avr - 5:00
Paul Dedalus as tu pris tes fonctions devant des classes ? La liberté pédagogique est vraiment handicapante lorsque l'on commence : un cours pour 30 élèves n'a rien d'un cours particulier, tu dois composer avec énormément de variables. Et même la fonction d'un cours, le contenu, les digressions etc ... je remarque effectivement que seule l'expérience permet de construire sa propre méthode. Je commence seulement en fin d'année à pouvoir l'utiliser intelligemment et c'est encore c'est très compliqué. Alors certes c'est la marque même de la matière, mais quand même. Je suis d'avis de faire un programme tournant ou une réforme du programme - je ne sais pas comment - mais c'est vraiment du grand n'importe quoi, surtout quand tu apprends en journée de formation comment tu devras noter au bac. S'il n'y a aucune règle prescrite en amont comment évaluer des élèves ? Tu évalues les tiens en fonctions de ce que tu juges légitime et c'est ce que je fais. En revanche, l'absence de cadre général est un non sens. En y réfléchissant, je n'aimerais pas qu'on impose une méthode ou un programme mal construit, mais là c'est vraiment trop large pour qu'en tant que débutant tu puisses mener à bien une année de cours. Il faudrait 5 ans selon certains pour avoir une bonne base de cours qui soit utile aux élèves, je me donne le temps mais qu'est-ce que c'est horrible de mettre dans la merde des élèves qui déjà ont du mal avec l'école ... c'est aussi cela que je vis mal : entériner l'échec de ceux qui galèrent tandis que ceux qui sont bons arrivent de toute façon à se servir de ce qu'on fait pour réussir.
Paul Dedalus
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par Paul Dedalus Jeu 12 Avr - 14:11
Je ne dis pas que c'est facile dès le début, je dis que c'est la seule chose qui me stimule, cette inventivité pédagogique. Et le fait de prendre des décisions.

Sinon, oui j'ai pris des groupes et j'ai dû les gérer. Surtout que j'avais carte blanche de A à Z.

Évidemment qu'il faut énormément de temps pour maîtriser.

Sinon, là encore je vais me faire tomber dessus, mais il faut relativiser la gravité de ne pas faire des cours parfaits.
Pour moi l'importance sera de maintenir un élan vital au travers des contenus transmis. Pas que ce soit parfait.

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buckledown
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Être professeur quand on manque cruellement de confiance en soi  - Page 2 Empty Re: Être professeur quand on manque cruellement de confiance en soi

par buckledown Jeu 12 Avr - 16:14
Ananké a écrit:Paul Dedalus as tu pris tes fonctions devant des classes ? La liberté pédagogique est vraiment handicapante lorsque l'on commence : un cours pour 30 élèves n'a rien d'un cours particulier, tu dois composer avec énormément de variables. Et même la fonction d'un cours, le contenu, les digressions etc ... je remarque effectivement que seule l'expérience permet de construire sa propre méthode. Je commence seulement en fin d'année à pouvoir l'utiliser intelligemment et c'est encore c'est très compliqué. Alors certes c'est la marque même de la matière, mais quand même. Je suis d'avis de faire un programme tournant ou une réforme du programme - je ne sais pas comment - mais c'est vraiment du grand n'importe quoi, surtout quand tu apprends en journée de formation comment tu devras noter au bac. S'il n'y a aucune règle prescrite en amont comment évaluer des élèves ? Tu évalues les tiens en fonctions de ce que tu juges légitime et c'est ce que je fais. En revanche, l'absence de cadre général est un non sens. En y réfléchissant, je n'aimerais pas qu'on impose une méthode ou un programme mal construit, mais là c'est vraiment trop large pour qu'en tant que débutant tu puisses mener à bien une année de cours. Il faudrait 5 ans selon certains pour avoir une bonne base de cours qui soit utile aux élèves, je me donne le temps mais qu'est-ce que c'est horrible de mettre dans la merde des élèves qui déjà ont du mal avec l'école ... c'est aussi cela que je vis mal : entériner l'échec de ceux qui galèrent tandis que ceux qui sont bons arrivent de toute façon à se servir de ce qu'on fait pour réussir.

Je me retrouve dans tout ce que tu dis. Sauf que je viens d'un milieu social favorisé, j'ai presque l'impression de ne pas être à ma place parmi la classe moyenne très petit-bourgeoise des profs ou d'être jugé comme tel.
Donc le problème est d'ordre psychologique. Au lycée, c'est peut-être différent qu'au collège, mais au collège, beaucoup de profs ont des considérations, des goûts très terriens. Je dis ça sans une once de mépris.
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Bliss
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par Bliss Mer 13 Fév - 20:06
Je relance ce sujet en me disant que peut etre vous pouriez me donner des avis... j'ai changé de carrière en 2011 et repris des études pour devenir enseignante d'anglais. !! j'ai 45 ans, bientot 46... je suis encore en formation apres avoir obtenu mon Master mais je suis suppleante depuis 3 ans. En formation depuis 6 mois...Bref, je manque moi aussi cruellement de confiance en moi, et les élèves le ressentent... au fil du tps, les memes problemes, d'autorité, le manque de respect de la part des eleves... je ne sais pas communiquer avec eux, j'ai l'impression de vite devenir agressive car sur la defensive...Moi aussi je viens d'un milieu populaire tres humble, et je suis sure que ce manque de confiance vient en parti de ca... j'ai du mal à me dire que j'ai ma place dans l'enseignement... j'aimerais tellement changer ma façon de penser mais comment... Je prepare mes cours pdt des heures et des heures, et j'ai jamais l'impression d'etre prete... merci pour vos reponses... qq fois je me dis que je me suis trompée de cap... mais que faire maintenant, tout arreter, apres tout cet investssement...
Elaïna
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Devin

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par Elaïna Mer 13 Fév - 20:30
Je ne sais que te dire, mais courage ! Trois ans, c'est peu, et même des professeurs très expérimentés peuvent être en difficulté. Tu es encore en train d'apprendre le métier, c'est normal de patauger. Pour tes cours, essaie de te fixer un temps limité ("pour telle heure, je prépare en tant de temps et c'est tout, pas une minute en plus") pour ne pas t'épuiser à polir et repolir l'ouvrage (au bout d'un moment, ça ne sert plus à rien de toute façon).

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Ananké
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par Ananké Mer 13 Fév - 21:37
Bliss a écrit: Je relance ce sujet en me disant que peut etre vous pouriez me donner des avis... j'ai changé de carrière en 2011 et repris des études pour devenir enseignante d'anglais. !! j'ai 45 ans, bientot 46... je suis encore en formation apres avoir obtenu mon Master mais je suis suppleante depuis 3 ans. En formation depuis 6 mois...Bref, je manque moi aussi cruellement de confiance en moi, et les élèves le ressentent... au fil du tps, les memes problemes, d'autorité, le manque de respect de la part des eleves... je ne sais pas communiquer avec eux, j'ai l'impression de vite devenir agressive car sur la defensive...Moi aussi je viens d'un milieu populaire tres humble, et je suis sure que ce manque de confiance vient en parti de ca... j'ai du mal à me dire que j'ai ma place dans l'enseignement... j'aimerais tellement changer ma façon de penser mais comment... Je prepare mes cours pdt des heures et des heures, et j'ai jamais l'impression d'etre prete... merci pour vos reponses... qq fois je me dis que je me suis trompée de cap... mais que faire maintenant, tout arreter, apres tout cet investssement...

Salut, c'est moi qui avait lancé ce sujet. Un an plus tard, après titularisation et un peu plus d'expérience ça va beaucoup mieux. Je suis dépitée pour d'autres choses (le niveau extrêmement bas des élèves, cf. un autre topic) mais en tous cas le manque de confiance est presque résorbé. Je refais des petites "rechutes" mais quand on accumule ne serait-ce qu'un petit peu d'expérience on voit qu'il y a des choses qui se mettent en place, qu'on arrive un peu mieux à faire et puis on comprend qu'enseigner dépend aussi de circonstances qu'on ne peut maitriser (l'état des élèves notamment) et donc on relativise. Je te conseille d'être patiente - quand on me disait ça l'an dernier j'y croyais pas trop - mais ça a été bénéfique pour moi.

En tous cas plein de bonnes ondes ! Et finalement on n'est jamais vraiment prêts mais qui pourrait l'être ? C'est comme les concours, c'est comme pour les rencontres, être parent ou autre je pense. On peut se préparer mentalement et même pratiquement mais c'est en étant confronté au truc qu'on apprend à le gérer. Très désagréable au début j'en conviens, mais quand ça marche c'est vraiment cool (même avec les nuls ! - dit en toute bienveillance Very Happy )
Pointàlaligne
Pointàlaligne
Expert

Être professeur quand on manque cruellement de confiance en soi  - Page 2 Empty Re: Être professeur quand on manque cruellement de confiance en soi

par Pointàlaligne Jeu 14 Fév - 7:11
Bliss a écrit:Je relance ce sujet en me disant que peut etre vous pouriez me donner des avis... j'ai changé de carrière en 2011 et repris des études pour devenir enseignante d'anglais. !! j'ai 45 ans, bientot 46... je suis encore en formation apres avoir obtenu mon Master mais je suis suppleante depuis 3 ans. En formation depuis 6 mois...Bref, je manque moi aussi cruellement de confiance en moi, et les élèves le ressentent... au fil du tps, les memes problemes, d'autorité, le manque de respect de la part des eleves... je ne sais pas communiquer avec eux,  j'ai l'impression de vite devenir agressive car sur la defensive...Moi aussi je viens d'un milieu populaire tres humble, et je suis sure que ce manque de confiance vient en parti de ca... j'ai du mal à me dire que j'ai ma place dans l'enseignement... j'aimerais tellement changer ma façon de penser mais comment... Je prepare mes cours pdt des heures et des heures, et j'ai jamais l'impression d'etre prete... merci pour vos reponses... qq fois je me dis que je me suis trompée de cap... mais que faire maintenant, tout arreter, apres tout cet investssement...

Tu as lu la réponse d'Ananké : cela ne peut que s'arranger avec l'expérience !
Le plus sûr est de la feindre, cette assurance qui te manque. Cela rassurera les élèves : ils ont besoin de certitudes, de suivre quelqu'un qui sait où il va (ou qui en a l'air Razz ).
Tiens bon !
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