Nouveau programme de lettres de lycée janvier 2019

Tu as sans doute raison, mais de toute façon, si ce sont des œuvres canoniques, tout est déjà en ligne.

ysabel a écrit:

Illiane a écrit:

Isidoria a écrit:J'avoue que cela m'inquiétait beaucoup plus de devoir faire cours pendant quatre ans sur une oeuvre imposée qui pourrait ne pas emporter mon enthousiasme, que de renouveler mes cours. Il va de toute façon falloir que nous nous adaptions car avec le programme limitatif on risque de voir refleurir toute la littérature sur les oeuvres, en version imprimée et sur internet.

Mais maintenant que nous avons le choix entre trois oeuvres au lieu de subir une oeuvre imposée, on aurait pu tout aussi bien ne renouveler qu'un quart du programme par an sans souffrir du désagrément que tu évoques. Et je crois l'avoir déjà dit mais l'idée de devoir être encore plus vigilante aux divers plagiats de mes élèves me met en :enrage: ...

Je me demande si ce n'est pas pour cela que le programme sera renouvelé par moitié tous les ans.

Non, c'est pour les éditeurs qui vont se faire un pognon de dingue...

Je me demande dans quelle mesure il ne faut pas relativiser. Je ne me souviens plus : quelle est la part du français (deux fois coefficient 5) sur l'ensemble de ce qui est nécessaire pour avoir le baccalauréat ?

Je suis encore en collège mais je compte demander ma mut en lycée à partir de cette année (pour sans doute l'obtenir d'ici un an ou deux...), donc désolée si ma question est naïve, je commence seulement à m'intéresser à ces nouveaux programmes: en première, toutes les œuvres sont alors imposées? si je comprends bien, on perd son libre arbitre dans le choix des œuvres?
Par exemple, je me suis toujours dit que si je passais en lycée, en première je proposerai Alcools d'Apollinaire, parce que j'adore. Mais je pourrais me retrouver obligée de faire des cours sur un recueil de poèmes que je maîtrise mal, ou qui ne m'intéresse pas? C'est ça, ou je me trompe?


PS: vous m'avez fait rire avec Malraux... moi aussi j'ai été traumatisée par La Condition Humaine, surtout que sur les conseils du prof je me suis aussi cogné l'Espoir J'ai dû être la seule de ma classe à le lire en entier, et je me suis juré que plus jamais!

C'est bien ça.

C'est un peu ça, sauf qu'en fait il y a 4 objets d'étude, et pour chacun, le choix entre 3 œuvres (dont on ignore tout évidemment)...Le mieux serait que tu n'aies pas ta mut dès cette année: c'est le bordel! Surtout que la définition des épreuves elles mêmes est encore assez floue aussi...

sifi a écrit:Je suis encore en collège mais je compte demander ma mut en lycée à partir de cette année (pour sans doute l'obtenir d'ici un an ou deux...), donc désolée si ma question est naïve, je commence seulement à m'intéresser à ces nouveaux programmes: en première, toutes les œuvres sont alors imposées? si je comprends bien, on perd son libre arbitre dans le choix des œuvres?
Par exemple, je me suis toujours dit que si je passais en lycée, en première je proposerai Alcools d'Apollinaire, parce que j'adore. Mais je pourrais me retrouver obligée de faire des cours sur un recueil de poèmes que je maîtrise mal, ou qui ne m'intéresse pas? C'est ça, ou je me trompe?


PS: vous m'avez fait rire avec Malraux... moi aussi j'ai été traumatisée par La Condition Humaine, surtout que sur les conseils du prof je me suis aussi cogné l'Espoir  J'ai dû être la seule de ma classe à le lire en entier, et je me suis juré que plus jamais!

c'est une vision intéressante de notre métier, je trouve.

Spoiler:

Écusette de Noireuil a écrit:C'est un peu ça, sauf qu'en fait il y a 4 objets d'étude, et pour chacun, le choix entre 3 œuvres (dont on ignore tout évidemment)...Le mieux serait que tu n'aies pas ta mut dès cette année: c'est le bordel! Surtout que la définition des épreuves elles mêmes est encore assez floue aussi...

Oui, sans parler de la perte des heures et des suppressions de postes qui risquent d’en découler, touchant les derniers arrivants dans les établissements...

Tous mes collègues de lettres et moi-même avons estimé que ces nouveaux programmes étaient infaisables.
En voyant la préparation que cela allait en plus exiger de nous, une prof expérimentée a demandé : "Mais ils veulent nous faire détester le métier qu'on aime ?"
J'ai proposé qu'on manifeste notre désaccord avec cette réforme en faisant savoir aux familles que, quoi qu'il arrive, on ne leur fera pas acheter les nouveaux manuels. Mais les collègues ont refusé l'idée car ils estiment avoir besoin de ces manuels pour aborder la grammaire.

The Paper a écrit:Tous mes collègues de lettres et moi-même avons estimé que ces nouveaux programmes étaient infaisables.
En voyant la préparation que cela allait en plus exiger de nous, une prof expérimentée a demandé : "Mais ils veulent nous faire détester le métier qu'on aime ?"
J'ai proposé qu'on manifeste notre désaccord avec cette réforme en faisant savoir aux familles que, quoi qu'il arrive, on ne leur fera pas acheter les nouveaux manuels. Mais les collègues ont refusé l'idée car ils estiment avoir besoin de ces manuels pour aborder la grammaire.

Alors là ça mériterait le fil j’hallucine...

Spoiler:

Le mot "Pragmatique" dans le programme ne rappelait que de vagues souvenirs à certains et ils ont pensé que les manuels seraient donc indispensables au moins pour ça.
Personnellement, je ne me sers pas de manuels, pas même pour l'étude des livres.

Donc ta proposition de boycott était bien opportuniste :lol:

Ah ! ah ! Pas bête.
Mais je pense sincèrement que c'est un bon moyen d'action : les éditeurs se font plein de pognon avec ça, et c'est une des raisons pour lesquelles le gouvernement ne voudra pas abandonner cette réforme. Si tout le monde refuse les manuels, ça lui enlève une raison.

Iphigénie a écrit:

sifi a écrit:Je suis encore en collège mais je compte demander ma mut en lycée à partir de cette année (pour sans doute l'obtenir d'ici un an ou deux...), donc désolée si ma question est naïve, je commence seulement à m'intéresser à ces nouveaux programmes: en première, toutes les œuvres sont alors imposées? si je comprends bien, on perd son libre arbitre dans le choix des œuvres?
Par exemple, je me suis toujours dit que si je passais en lycée, en première je proposerai Alcools d'Apollinaire, parce que j'adore. Mais je pourrais me retrouver obligée de faire des cours sur un recueil de poèmes que je maîtrise mal, ou qui ne m'intéresse pas? C'est ça, ou je me trompe?


PS: vous m'avez fait rire avec Malraux... moi aussi j'ai été traumatisée par La Condition Humaine, surtout que sur les conseils du prof je me suis aussi cogné l'Espoir  J'ai dû être la seule de ma classe à le lire en entier, et je me suis juré que plus jamais!

c'est une vision intéressante de notre métier, je trouve.

Spoiler:

Attention, je n'ai pas dit que je n'étais pas capable de faire quelque chose qui ne m'intéresse pas. Je dis simplement que nous avons tous des sensibilités différentes, c'est justement, d'ailleurs, ce qui fait la richesse de notre matière, et que c'est dommage de formater comme ça. Par ailleurs, tu sais aussi bien que moi qu'un cours qui nous plaît, sur un sujet qu'on maîtrise, passera toujours bien mieux qu'un cours sur lequel on a travaillé sans accrocher. Je dis simplement que je saurai bien mieux faire passer Apollinaire ou tant d'autres à mes élèves, que Malraux. Pour un autre collègue, ce sera peut-être l'inverse.

The Paper a écrit:Ah ! ah ! Pas bête.
Mais je pense sincèrement que c'est un bon moyen d'action : les éditeurs se font plein de pognon avec ça, et c'est une des raisons pour lesquelles le gouvernement ne voudra pas abandonner cette réforme. Si tout le monde refuse les manuels, ça lui enlève une raison.

Je n’y crois pas du tout. Les programmes ont toujours changé très régulièrement parce qu’un programme ça s’use lorsqu’on l’utilise (il y a aussi d’autres causes mais passons). Et ce programme en réalité qui s’appuie sur des œuvres imposées et des parcours qui changent tous les ans impose plutôt bien moins que les autres un manuel!

sifi a écrit:

Iphigénie a écrit:

sifi a écrit:Je suis encore en collège mais je compte demander ma mut en lycée à partir de cette année (pour sans doute l'obtenir d'ici un an ou deux...), donc désolée si ma question est naïve, je commence seulement à m'intéresser à ces nouveaux programmes: en première, toutes les œuvres sont alors imposées? si je comprends bien, on perd son libre arbitre dans le choix des œuvres?
Par exemple, je me suis toujours dit que si je passais en lycée, en première je proposerai Alcools d'Apollinaire, parce que j'adore. Mais je pourrais me retrouver obligée de faire des cours sur un recueil de poèmes que je maîtrise mal, ou qui ne m'intéresse pas? C'est ça, ou je me trompe?


PS: vous m'avez fait rire avec Malraux... moi aussi j'ai été traumatisée par La Condition Humaine, surtout que sur les conseils du prof je me suis aussi cogné l'Espoir  J'ai dû être la seule de ma classe à le lire en entier, et je me suis juré que plus jamais!

c'est une vision intéressante de notre métier, je trouve.

Spoiler:

Attention, je n'ai pas dit que je n'étais pas capable de faire quelque chose qui ne m'intéresse pas. Je dis simplement que nous avons tous des sensibilités différentes, c'est justement, d'ailleurs, ce qui fait la richesse de notre matière, et que c'est dommage de formater comme ça. Par ailleurs, tu sais aussi bien que moi qu'un cours qui nous plaît, sur un sujet qu'on maîtrise, passera toujours bien mieux qu'un cours sur lequel on a travaillé sans accrocher. Je dis simplement que je saurai bien mieux faire passer Apollinaire ou tant d'autres à mes élèves, que Malraux. Pour un autre collègue, ce sera peut-être l'inverse.

Sifi je ne doute pas de tes capacités et on ne va pas refaire le débat déjà fait sur les œuvres imposées mais cette idée qu’en français ce serait notre sensibilité qui prime me déprime profondément...

Iphigénie a écrit:cette idée qu’en français ce serait notre sensibilité qui prime me déprime profondément...

...Faut savoir, ça prime ou ça déprime?


...désolée, pas pu m'en empêcher...Je n'ai jamais su résister à un jeu de mots surtout mauvais...

Je sors!

Pour ma part, après avoir tourné et retourné le problème dans ma tête, je ne vois qu'une manière d'aborder ce programme : improviser une partie des explications.

Alors qu'aujourd'hui, je propose aux élèves des commentaires composés très construits et patiemment élaborés, je passerai à des explications linéaires largement improvisées (et néanmoins rigoureuses). Je ne me vois pas faire un travail de titan pour tout rédiger si un tel travail est appelé à devenir inutile l'année d'après. Ce serait sisyphéen et je refuse d'y sacrifier mon été : c'est là l'un des rares intérêts du métier (quoique bien entamé par les EAF...)... On presse les professeurs de lettres comme des citrons...

Mon travail perdra sans doute en pertinence et en précision par moments, mais j'y gagnerai en souplesse et j'aurai peut-être l'opportunité de faire davantage réfléchir les élèves, en réduisant un peu — sans pouvoir le supprimer, bien entendu — le psittacisme.

@Iphigénie, pour la grammaire, je pense qu'il n'est pas inutile de disposer d'un petit manuel, notamment pour les exercices... Mais il est sans doute possible de faire simplement de l'analyse grammaticale sur l'un des textes étudiés.

sifi a écrit:Je suis encore en collège mais je compte demander ma mut en lycée à partir de cette année (pour sans doute l'obtenir d'ici un an ou deux...), donc désolée si ma question est naïve, je commence seulement à m'intéresser à ces nouveaux programmes: en première, toutes les œuvres sont alors imposées? si je comprends bien, on perd son libre arbitre dans le choix des œuvres?
Par exemple, je me suis toujours dit que si je passais en lycée, en première je proposerai Alcools d'Apollinaire, parce que j'adore. Mais je pourrais me retrouver obligée de faire des cours sur un recueil de poèmes que je maîtrise mal, ou qui ne m'intéresse pas? C'est ça, ou je me trompe?

à priori il y aurait 3 œuvres proposées au choix pour les 4 objets d'étude.
Donc tu fais 4 séquences en choisissant parmi les 3 œuvres imposées et 4 séquences complémentaires où tu choisis des textes éclairant la problématique. Si Apollinaire n'est pas dans la liste c'est fichu !

Je me rends compte que T1 je me tape pour la deuxième année consécutive la construction ab ovo de chapitres entiers et que je peux mettre mon travail à la poubelle en juin.
Sinon, parler de formatage quand on nous promet quatre ou cinq œuvres variables d'une année à l'autre, ça me paraît très excessif.

Mauvette a écrit:Moi, ce qui m'étonne, ce sont les trois pièces de théâtre à lire intégralement par des élèves de seconde. La plupart se contenteront des captations. Et encore...
Et dire qu'au collège, à part en 3e, le théâtre n'est jamais un objet d'étude à part entière. C'est tout de même hallucinant !

C'est vrai mais les thèmes poussent à faire lire du théâtre. Ainsi cette année mes 4e auront lu Cyrano et l'île des esclaves et mes 3e Antigone et Roméo et Juliette. On peut faire rentrer beaucoup de choses dans les programmes de collège...

chez nous, il a été décidé d'abandonner les manuels pour permettre aux élèves d'acheter les 7 à 8 oeuvres à lire. En effet 4 classiques = 15 euros au minimum 4 lectures cursives a priori dans du contemporain (hypothèse, pas taper) = 7 euros en moyenne donc 28 euros.
L'idée est d'indiquer cette somme totale sur la liste des fournitures à la place des manuels (chez nous il a royalement 70 euros du conseil régional).

Pas de manuels donc, des photocopies, des liens vers des sites internet ect.
De toutes les manières, l'usure du "j'ai pas mon manuel" nous rend hystériques.

Par contre pour la spé "humanités" peut être un manuel parce que .... bon.... les écrits de Guillaume de Machaut c'est difficile à trouver !

swurm a écrit:Pour ma part, après avoir tourné et retourné le problème dans ma tête, je ne vois qu'une manière d'aborder ce programme : improviser une partie des explications.

Alors qu'aujourd'hui, je propose aux élèves des commentaires composés très construits et patiemment élaborés, je passerai à des explications linéaires largement improvisées (et néanmoins rigoureuses). Je ne me vois pas faire un travail de titan pour tout rédiger si un tel travail est appelé à devenir inutile l'année d'après. Ce serait sisyphéen et je refuse d'y sacrifier mon été : c'est là l'un des rares intérêts du métier (quoique bien entamé par les EAF...)... On presse les professeurs de lettres comme des citrons...

Mon travail perdra sans doute en pertinence et en précision par moments, mais j'y gagnerai en souplesse et j'aurai peut-être l'opportunité de faire davantage réfléchir les élèves, en réduisant un peu — sans pouvoir le supprimer, bien entendu — le psittacisme.

@Iphigénie, pour la grammaire, je pense qu'il n'est pas inutile de disposer d'un petit manuel, notamment pour les exercices... Mais il est sans doute possible de faire simplement de l'analyse grammaticale sur l'un des textes étudiés.

A chaque heure : 10 minutes d'analyse grammaticale d'une phrase à préparer et donnée à la maison, et en A.P. des exercices progressifs avec beaucoup de vocabulaire (avec appui si possible sur l'oeuvre étudiée).
Bref : ce qu'on nous demandait chaque jour de la semaine à l'école élémentaire à mon époque, en plus des exercices de grammaire, des mots à copier, des opérations et du problème mathématique.

La question est de savoir si l'acquisition de telles connaissances n'est pas trop tardive pour un élève de 16 ans. Quand je vois l'impossibilité pour certains de retenir ce qu'est un COD en cours de latin ou de grec...
Que disent les fameuses neurosciences sur l'acquisition tardive de bases élémentaires ?

Je poste un lien vers un article analysant les programmes et qui reprend bien mon inquiétude: café pédagogique - des programmes de français pour les héritiers?

Mouais… le café pédago… le seul point sur lequel je suis d'accord c'est bien la surcharge de travail et le côté irréalisable du programme avec si peu d'heures dans la semaine.

Merci Isidoria pour le lien, je m'en vais aller regarder ça!

Euh, oui, bof pour le café pédagogiste excessif... Ce café n'est pas vraiment ma tasse de thé.

Tout à fait d'accord en revanche sur la surcharge de travail.

Mais...
« Inquiéter la chronologie » risque surtout de dérouter encore un peu plus les élèves...