Mes élèves disent sentir que "j'ai peur d'eux"

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Bonsoir Elzzah,

Apparemment il n'y a pas le feu au lac. Le mois de novembre est difficile pour les élèves, il faut bien qu'ils trouvent de mauvaises raisons pour ...ne pas savoir se comporter tous azimuts. Si tu restes naturelle et ferme, ils devraient décider de se ranger à tes arguments raisonnés et raisonnables.

Bonne soirée.

Tu dis que tes élèves pensent que tu as "peur" et te "braque pour  tout".
Question. Est-ce vrai  ?
Pour te décomplexer, cela arrive, cela m'est arrivé deux fois et alors que j'avais des années derrière moi. Anxiété avant d'arriver, sentant que cela allait mal se passer, de leur côté les élèves sentant la même chose, et je me braquais autant qu'eux se braquaient.  Cela m'est arrivé, pour la première fois après 15 ans, avec ma classe de première, il y a trois ans. L'affrontement s'est concentré finalement  entre  un  élève et moi.  Cela montait, montait à chaque séance, la classe était mal à l'aise (classe  remuante, mais pas méchante au fond). Ca  n'allait pas. Moi je faisais monter  la sauce en notant à chaque fois les incidents sur pronote. Une mère attentive (lisant pronote) a demandé RDV avec la PP de la classe (les notes d'incidents  se multipliant). J'étais dans le coin (comme  de par hasard) pendant le RDV et à la fin je suis venu. Nous avons percé l'abcès. Tout c'est bien terminé  avec l'élève, y compris l'année suivante, et cela a dégonflé  la situation avec le reste de la classe (qui restait remuante, mais je n'avais plus la boule au ventre avant d'arriver en classe). Chance de l'intervention d'une mère attentive et de la médiation du PP.
Cette année encore je  n'étais pas tranquille en arrivant dans l'une de mes classes, redoutant l'incident. Et je sentais que certains élèves n'étaient pas tranquilles non plus, que cela rejaillissait sur le groupe classe. Ils perçoivent  beaucoup de choses,  comme nous. Il y a quelques semaines cela a clashé  avec un élève, finalement, celui qui était aussi mal que moi en arrivant en classe.  Je l'ai foutu dehors, car à la fin c'est moi qui ai raison. Mais ni  lui ni moi ne pouvions en rester là. La mère est venue immédiatement, sur demande de son fils, me rencontrer (même pas de RDV, nous nous sommes trouvés  là où les prof fument leur clope). Nous avons discuté, l'élève se sentait aussi mal que moi. Depuis cela va bien avec lui et bien avec la classe, même si elle reste remuante.
Notre stress ils le ressentent. C'est logique. Ce  stress, on le leur transmet. Si en plus c'est une classe qui veut mettre  le bordel, ils exploitent ce stress. Même  s'ils ne  le souhaitent  pas, cela met tout le monde dans  de mauvaises  conditions de travail et "d'entente".

Je  reprends la fin de ton message et reviens  à ma première classe. "Je  suis tellement stressée [que] je suis au bord de ne pas y aller". Moi c'était une classe que j'ai failli ne pas reprendre l'année suivante. Le fait que le problème soit réglé avec l'élève en question (celui sur lequel toute ma tension se reportait,  à tort ou raison - je pense que pour les autres c'était : "aujourd'hui prof X et élève Y vont encore s'affronter") a fait que l'année suivante s'est bien déroulée. Je n'avais plus envie de les voir,  première fois en 15 ans avec pourtant souvent des classes plus difficiles. Je ne dormais plus beaucoup, j'avais  peur la veille et mon anxiété était immédiatement ressentie. Tout a été réglé par le biais d'une médiation du PP.

Je ne peux t'en dire plus, si ce n'est te dire que cela arrive, cela m'est arrivé  pour la première fois après des années et des années d'enseignement. Mais il faut régler le problème et sans  doute pas toute seule.  Ton "je me  braque pour tout"  est la conséquence de ton stress. Donc il faut virer le stress.  Donc il faut mettre les choses à plat, sans doute pas seule.

polie2046 a écrit:Bonsoir Elzzah,

Apparemment il n'y a pas le feu au lac. Le mois de novembre est difficile pour les élèves, il faut bien qu'ils trouvent de mauvaises raisons pour ...ne pas savoir se comporter tous azimuts. Si tu restes naturelle et ferme, ils devraient décider de se ranger à tes arguments raisonnés et raisonnables.

Bonne soirée.

C'est la période la plus difficile de l'année, pour nous, pour les élèves aussi.

Si l'année a bien commencé ne va pas tout remettre en cause Elzzah.
Prends un peu de recul et dis-toi qu'il n'y a pas de raison que ça ne s'améliore pas. Je te conseille d'en parler calmement avec eux comme tu l'envisages. Rien de tel qu'un échange pour assainir une situation. Essaie de te montrer ouverte et détendue tout en restant ferme.

Sinon, échange avec les collègues sur la classe. Tu ne dois pas être la seule qui constate une détérioration de l'attitude.
Tiens-nous au courant
Bon courage

Bonsoir,
Je te conseillerai de ne surtout pas prendre en compte la remarque de cette maman, même si c'est une amie. C'est une parole rapportée par un élève, une parole qui a peut-être été dite par un autre élève...
En revanche, si tu sens que ça dégénère avec la classe, tu peux effectivement "entamer le dialogue" avec ces élèves. Et tu verras s'ils y sont sensibles. Après le fait que tu te "braques sur tout", ça signifie pour moi que tu es ferme, donc je ne vois pas où est le problème.
Comme le dit polie2046, c'est une période fatigante pour les élèves mais aussi pour les enseignants. Repose-toi et prends du recul. Si ça se passait bien en début d'année, c'est que tu gérais bien tes cours et tes classes. Peut-être que maintenant c'est plus difficile mais je pense encore que c'est dû à cette période de l'année scolaire. Courage!

Jacq a écrit:Tu dis que tes élèves pensent que tu as "peur" et te "braque pour  tout".
Question. Est-ce vrai  ?

Merci pour ton message, ton témoignage me rassure et je me sens mieux. Pour être honnête, ce n'est pas faux. Je me mets beaucoup la pression avec eux et même alors que les choses se passaient bien je ressentais le stress avant de rentrer en classe et je ne savais pas trop où me placer dans la classe par exemple. Je n'y pensais pas trop car les cours se passaient bien et je me disais que bon, cela arrive ce n'est pas bien grave. Mais d'un autre côté je vois bien que cela pose problème. Même si je ne pense pas que ce soit une excuse valable pour avoir une attitude négative et ne plus travailler....
Pour moi c'est spécifique aux terminales (et encore, j'ai moins ce problème avec les S... je suis plus détendue avec eux). J'ai des quatrèmes garçons très durs et je suis très sévère, jamais stressée, ils l'ont compris et se tiennent à carreau.

C'est une classe que tu avais déjà l'année dernière ?
Pour te citer : "J'ai une histoire compliquée avec les terminales. Après une année infecte l'année dernière, j'ai accepté d'en reprendre."
Tu as accepté de reprendre une classe terminale, comme l'année dernière, que tu n'avais pas en première ?

Jacq a écrit:C'est une classe que tu avais déjà l'année dernière ?
Pour te citer : "J'ai une histoire compliquée avec les terminales. Après une année infecte l'année dernière, j'ai accepté d'en reprendre."
Tu  as accepté de reprendre une classe terminale,  comme l'année dernière, que tu n'avais pas en première ?

Désolée pour le manque de clarté. J'avais des terminales pendant mon année de stage dans un autre établissement, qui se sont amusés à me rendre folle. J'hésitais à accepter des terms dans mon nouvel établissement, on m'avait un peu laissé le choix, mais j'ai fini par accepter en me disant que je mettrais mon stress de côté une fois avoir réalisé que ce sont les élèves qui étaient difficiles, pas le niveau. Mais je pense avoir fait l'association...

Ça nous est déjà arrivé à tous. Si c'est avec un élève en particulier, essayer de discuter après l'heure de cours, seul ou avec un tiers type PP ou directeur adjoint, s'il est de ton côté, peut désamorcer les tensions avant qu'elles ne t'explosent à la figure.
Si c'est avec la classe entière, c'est plus compliqué de dialoguer. Les élèves se sentent forts quand ils sont en groupe et qu'ils sont convaincus de leur bons droits. Or, en instaurant le dialogue, tu les confortes dans leurs travers qui consiste à se sentir à égalité avec toi.

D'une manière générale, soit tu es sûre de pouvoir garder le dessus pendant cette séance, soit il vaut mieux, pour moi, ne rien faire. La fille de ton amie a dit quelque chose à sa mère qui n'engage qu'elle et qui aurait dû, je pense, rester entre elles.

Courage en tout cas. C'est très désagréable!

J'ai essayé de dialoguer donc... stress, voix chevrotante, la catastrophe. Ils n'ont rien répondu et j'ai continué le cours stressée, en tremblotant et ne sachant pas où m'assoir. Je ne sais plus quoi faire. Une fois ma journée terminée et le reste des cours ayant été positifs je me suis dis que le prochain cours avec eux, ce serait comme avant, plus de "dialogue" ou autre, le cours comme d'hab, et je reprends ceux qui débordent comme avant. Mais espérons que le stress ne revienne pas m’empêcher de faire tout cela.

Essaie de rester zen! L'alchimie se crée ou non avec une classe pour des facteurs bien mystérieux. J'imagine que si tu ressens du stress avec cette classe là en particulier, ce n'est pas pour rien ! Ne culpabilise pas pour ça et essaie de retrouver confiance en toi!
Le fait que ça se passe bien avec les autres classes doit te permettre de relativiser … courage!

A mon avis, si la classe t'en voulait pour une raison ou une autre, les réactions des élèves auraient été bien plus véhémentes! J'ai l'impression qu'il n'y a pas grand-chose en fait.