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- RuthvenGuide spirituel
Après l'appel des historiennes, l'appel des philosophes :
https://www.liberation.fr/debats/2018/10/16/combien-de-philosophes_1685772
Une vraie question sur des mécanismes de domination.
https://www.liberation.fr/debats/2018/10/16/combien-de-philosophes_1685772
Une vraie question sur des mécanismes de domination.
- LevincentNiveau 9
Notons le ridicule qu'il y a à toujours tordre l'écriture du français pour mettre l'accent sur le genre de ce dont on parle. Après l'horrible point inclusif, voici le "e" majuscule en plein milieu du mot pour bien montrer qu'on parle des femmes, quand bien même il eût été tout aussi simple d'écrire "Combien de femmes philosophes ?".
Étrange passage, qui tendrait plutôt à montrer que la logique des quotas pour répondre à un impératif catégorique de parité a des effets pervers, opposés aux buts du féminisme. Si en effet il faut satisfaire un quota, alors il n'est pas inattendu de se retrouver dans des situations où il faut rechercher n'importe quel individu, pourvu qu'il permette de remplir ce quota.
Même si elle est un moyen pragmatique de pallier la persistance des discriminations, il n’en reste pas moins que la parité n’entame pas le stigmate, comme en témoignent les remarques des hommes philosophes lorsqu’il s’agit de dégoter une femme philosophe (n’importe laquelle pourvu qu’elle soit une femme) pour parvenir au quota imposé.
Étrange passage, qui tendrait plutôt à montrer que la logique des quotas pour répondre à un impératif catégorique de parité a des effets pervers, opposés aux buts du féminisme. Si en effet il faut satisfaire un quota, alors il n'est pas inattendu de se retrouver dans des situations où il faut rechercher n'importe quel individu, pourvu qu'il permette de remplir ce quota.
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- wolmarNiveau 1
Levincent a écrit:Notons le ridicule qu'il y a à toujours tordre l'écriture du français pour mettre l'accent sur le genre de ce dont on parle. Après l'horrible point inclusif, voici le "e" majuscule en plein milieu du mot pour bien montrer qu'on parle des femmes, quand bien même il eût été tout aussi simple d'écrire "Combien de femmes philosophes ?".
Entièrement d'accord. Cette écriture inclusive est une destruction de la langue et de la pensée. Rien que ce titre montre bien que non pas les femmes, mais l'idéologie féministe a pris le pas. S'il n'y a que peu de philosophes femmes, en tout cas leur lobby a déjà gagné... Cette atteinte au langage me heurte beaucoup, d'autant que le masculin n'est pas une exclusion du féminin dans la langue : cela dérive de l'ancien français, où le masculin était le neutre, et l'usage en français jusqu'alors était le même.
Il y a un autre problème : l'expression "écriture inclusive". Comme si l'écriture avait pour but de ne pas exclure, de ne pas discriminer, de ne pas exprimer de différence. Or le langage est le propre même de la catégorie et du concept. Comme le dit justement Bergson, il tranche dans le réel ce qui lui est fondamentalement utile, et ignore par souci pratique une vision fluide et continue du réel. "Écriture inclusive" est un oxymore caché : le langage catégorise, jusqu'aux personnes. Mais il y a davantage : le souci de "l'inclusion" est sans fin. Si l'on veut en revenir à ce réel tout continu, sans différence, uniquement fluide, alors ce souci deviendra tyrannique parce qu'infini et impossible. On peut toujours plus inclure. Le langage échouera toujours à décrire l'égalité de tous et de tout parce que justement celui-ci marque des variations et même des différences qualitatives. C'est là le nerf de la question : l'"écriture inclusive" est une quête d'un langage tout quantitatif, quand celui-ci est par essence de nature qualitative. L""écriture inclusive" est une maladie moderne poussée à son apogée, où la qualité et la nature doivent être bannies. Il n'y a pas de femmes. Il n'y a pas d'hommes. Il n'y a pas d'handicapés. Il n'y a pas d'enfant pourquoi pas, pas d'animal... Il n'y a différence que de degré, non de nature. C'est une monstrueuse vision du monde qui se terre derrière ce monstre d'égalité. Je parle de monstre, parce que l'être humain qui en ressort est un arlequin de la nature, contenant en lui tout le vivant, affichant simultanément tout les élans possibles de la vie. C'est confondre l'individu et l'espèce. C'est (toujours) au nom du bien qu'on dévitalise et déshumanise l'homme même. Et j'y inclue la femme également.
- verdurinHabitué du forum
Je ne suis pas philosophe, ni même philosophE.
Mais cette tribune me semble être du vide avec rien autour.
Et si c'est le vide qui est la fonction du vase, sans le vase le vide est inutile.
Mais cette tribune me semble être du vide avec rien autour.
Et si c'est le vide qui est la fonction du vase, sans le vase le vide est inutile.
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Contre la bêtise, les dieux eux mêmes luttent en vain.
Ni centidieux, ni centimètres.
- MathadorEmpereur
verdurin a écrit:Mais cette tribune me semble être du vide avec rien autour.
Contrairement au vide, cette tribune a une odeur. Plus précisément, celle de l'entrisme.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- CCRISNiveau 2
Je ne vois pas trop où est l'entrisme. Pourrais-tu préciser ?
La question de "l'écriture inclusive" (appellation inadaptée) est, comme souvent, caricaturée dans ce fil. Dans le cas présent, je trouve effectivement qu'écrire philosophEs est absurde. Mais prendre conscience des implicites véhiculés par une langue est une démarche philosophiquement intéressante. Notre rapport au monde est structuré par le langage et je ne vois pas ce qu'il y a d'aberrant à remettre certaines structures en question. Le langage n'est pas quelque chose d'immuable et le fait que le masculin coïncide historiquement avec le neutre n'est pas une donnée naturelle, ni immuable et elle n'est pas non plus sans rapport avec un système patriarcal dans lequel homme et femme n'avaient pas une même dignité.
J'ai plus d'une fois fait l'expérience de lire un texte philosophique en pensant être incluse dans le substantif "homme" que je prenais pour un universel avant de découvrir au détour d'une remarque que l'auteur avait des jugements très différents concernant les femmes... Le langage a effectivement vocation à discriminer, à catégoriser, et c'est justement pour cela qu'il est gênant qu'une même expression puisse désigner le masculin ou l'universel sans qu'on sache exactement ce qui est signifié.
Enfin, la tribune n'est pas "vide" dans la mesure où certaines données évoquées mériteraient d'être analysées :
" les maîtresses de conférences sont minoritaires en comparaison de leurs homologues masculins (87 sur 240 soit 36 %), et pour ce qui est des professeures (39 sur 169 soit 23 %), leur nombre se réduit à peau de chagrin si on regarde les Professeur·e·s en «classe exceptionnelle» : 4 femmes pour 51 hommes. Sur la fin ou en début de carrière, une même problématique : on a ainsi régulièrement assisté, ces dernières années, à des campagnes de recrutement (à l’université ou au CNRS) où seuls des hommes sont finalement classés, en dépit d’un sex ratio équilibré des candidat·e·s, à compétences strictement égales. En 2018, la campagne de recrutement de MCF : 12 hommes, 2 femmes."
Que les luttes féministes aient été surmédiatisées et manipulées au détriment d'enjeux politiques plus structurels tels que les injustices inhérentes au système capitaliste, c'est certain. Qu'on réduise le féminisme à cela et qu'on se précipite sur le titre pour déclarer la tribune vide me paraît excessif.
La question de "l'écriture inclusive" (appellation inadaptée) est, comme souvent, caricaturée dans ce fil. Dans le cas présent, je trouve effectivement qu'écrire philosophEs est absurde. Mais prendre conscience des implicites véhiculés par une langue est une démarche philosophiquement intéressante. Notre rapport au monde est structuré par le langage et je ne vois pas ce qu'il y a d'aberrant à remettre certaines structures en question. Le langage n'est pas quelque chose d'immuable et le fait que le masculin coïncide historiquement avec le neutre n'est pas une donnée naturelle, ni immuable et elle n'est pas non plus sans rapport avec un système patriarcal dans lequel homme et femme n'avaient pas une même dignité.
J'ai plus d'une fois fait l'expérience de lire un texte philosophique en pensant être incluse dans le substantif "homme" que je prenais pour un universel avant de découvrir au détour d'une remarque que l'auteur avait des jugements très différents concernant les femmes... Le langage a effectivement vocation à discriminer, à catégoriser, et c'est justement pour cela qu'il est gênant qu'une même expression puisse désigner le masculin ou l'universel sans qu'on sache exactement ce qui est signifié.
Enfin, la tribune n'est pas "vide" dans la mesure où certaines données évoquées mériteraient d'être analysées :
" les maîtresses de conférences sont minoritaires en comparaison de leurs homologues masculins (87 sur 240 soit 36 %), et pour ce qui est des professeures (39 sur 169 soit 23 %), leur nombre se réduit à peau de chagrin si on regarde les Professeur·e·s en «classe exceptionnelle» : 4 femmes pour 51 hommes. Sur la fin ou en début de carrière, une même problématique : on a ainsi régulièrement assisté, ces dernières années, à des campagnes de recrutement (à l’université ou au CNRS) où seuls des hommes sont finalement classés, en dépit d’un sex ratio équilibré des candidat·e·s, à compétences strictement égales. En 2018, la campagne de recrutement de MCF : 12 hommes, 2 femmes."
Que les luttes féministes aient été surmédiatisées et manipulées au détriment d'enjeux politiques plus structurels tels que les injustices inhérentes au système capitaliste, c'est certain. Qu'on réduise le féminisme à cela et qu'on se précipite sur le titre pour déclarer la tribune vide me paraît excessif.
- MathadorEmpereur
CCRIS a écrit:Je ne vois pas trop où est l'entrisme. Pourrais-tu préciser ?
Je cite les extraits les plus appropriés:
L’idée même que se développent les philosophies sur le genre, le féminisme, la sexualité, les antagonismes sociaux, environnementaux, sur le décolonial, le handicap ou tout autre courant «hétérodoxe», suscite souvent des silences entendus qu’accompagnent parfois des pratiques effectives d’exclusion de celles et ceux qui s’y spécialisent. […] Il est donc regrettable qu’il y ait, en lieu et place de débats dignes de ce nom au sein de la discipline, des formes d’appropriation «sans risque» de ces recherches encore largement disqualifiées comme «militantes» ou des formes de retraduction de ces problématiques en des termes plus policés. Les frontières entre ce qui serait «politique» et ce qui serait purement «théorique» sont souvent poreuses et à trop les rigidifier on vide la pensée critique de sa capacité à créer de nouvelles coordonnées de réflexion et d’investigation.
Voici ce que j'en comprends: des militants sur les thèmes sus-cités veulent infiltrer la section 17 du CNU et il est injuste que les exigences de forme et de qualité scientifique que l'on trouve habituellement dans cette discipline leur mettent des bâtons dans les roues.
Si ce n'est pas un plaidoyer en faveur de l'entrisme, je me demande bien ce que c'est.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
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- BabaretteDoyen
wolmar a écrit:Levincent a écrit:Notons le ridicule qu'il y a à toujours tordre l'écriture du français pour mettre l'accent sur le genre de ce dont on parle. Après l'horrible point inclusif, voici le "e" majuscule en plein milieu du mot pour bien montrer qu'on parle des femmes, quand bien même il eût été tout aussi simple d'écrire "Combien de femmes philosophes ?".
Entièrement d'accord. Cette écriture inclusive est une destruction de la langue et de la pensée. Rien que ce titre montre bien que non pas les femmes, mais l'idéologie féministe a pris le pas. S'il n'y a que peu de philosophes femmes, en tout cas leur lobby a déjà gagné... Cette atteinte au langage me heurte beaucoup, d'autant que le masculin n'est pas une exclusion du féminin dans la langue : cela dérive de l'ancien français, où le masculin était le neutre, et l'usage en français jusqu'alors était le même.
Il y a un autre problème : l'expression "écriture inclusive". Comme si l'écriture avait pour but de ne pas exclure, de ne pas discriminer, de ne pas exprimer de différence. Or le langage est le propre même de la catégorie et du concept. Comme le dit justement Bergson, il tranche dans le réel ce qui lui est fondamentalement utile, et ignore par souci pratique une vision fluide et continue du réel. "Écriture inclusive" est un oxymore caché : le langage catégorise, jusqu'aux personnes. Mais il y a davantage : le souci de "l'inclusion" est sans fin. Si l'on veut en revenir à ce réel tout continu, sans différence, uniquement fluide, alors ce souci deviendra tyrannique parce qu'infini et impossible. On peut toujours plus inclure. Le langage échouera toujours à décrire l'égalité de tous et de tout parce que justement celui-ci marque des variations et même des différences qualitatives. C'est là le nerf de la question : l'"écriture inclusive" est une quête d'un langage tout quantitatif, quand celui-ci est par essence de nature qualitative. L""écriture inclusive" est une maladie moderne poussée à son apogée, où la qualité et la nature doivent être bannies. Il n'y a pas de femmes. Il n'y a pas d'hommes. Il n'y a pas d'handicapés. Il n'y a pas d'enfant pourquoi pas, pas d'animal... Il n'y a différence que de degré, non de nature. C'est une monstrueuse vision du monde qui se terre derrière ce monstre d'égalité. Je parle de monstre, parce que l'être humain qui en ressort est un arlequin de la nature, contenant en lui tout le vivant, affichant simultanément tout les élans possibles de la vie. C'est confondre l'individu et l'espèce. C'est (toujours) au nom du bien qu'on dévitalise et déshumanise l'homme même. Et j'y inclue la femme également.
J'ai rarement lu autant d'âneries, à part dans un livre de Finkelkraut.
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“Google peut vous donner 100 000 réponses, un bibliothécaire vous donne la bonne.” Neil Gaiman.
:lecteur:
- DesolationRowEmpereur
Finkielkraut a écrit de très chouettes livres.
Autant je suis toujours aussi peu convaincu, pour le dire gentiment, par l'idée d'imposer des auteurs féminins parce que ce sont des femmes - je persiste à trouver ça indéfendable, autant on peut me semble-t-il difficilement être en désaccord avec la description du monde universitaire que livrent les signataires.
Autant je suis toujours aussi peu convaincu, pour le dire gentiment, par l'idée d'imposer des auteurs féminins parce que ce sont des femmes - je persiste à trouver ça indéfendable, autant on peut me semble-t-il difficilement être en désaccord avec la description du monde universitaire que livrent les signataires.
- gauvain31Empereur
DesolationRow a écrit:Finkielkraut a écrit de très chouettes livres.
Autant je suis toujours aussi peu convaincu, pour le dire gentiment, par l'idée d'imposer des auteurs féminins parce que ce sont des femmes - je persiste à trouver ça indéfendable, autant on peut me semble-t-il difficilement être en désaccord avec la description du monde universitaire que livrent les signataires.
Je te rejoins là dessus, mais des femmes philosophes sont censées le savoir non ? Pourquoi font-elles cet appel ? J'ai du mal à comprendre
- JPhMMDemi-dieu
Va falloir trouver les 20 philosophes femmes à mettre en face des 20 philosophes hommes. Ça va pas être de la tarte, parce que nul ne peut réécrire l'histoire, même si elle nous déplait.gauvain31 a écrit:DesolationRow a écrit:Finkielkraut a écrit de très chouettes livres.
Autant je suis toujours aussi peu convaincu, pour le dire gentiment, par l'idée d'imposer des auteurs féminins parce que ce sont des femmes - je persiste à trouver ça indéfendable, autant on peut me semble-t-il difficilement être en désaccord avec la description du monde universitaire que livrent les signataires.
Je te rejoins là dessus, mais des femmes philosophes sont censées le savoir non ? Pourquoi font-elles cet appel ? J'ai du mal à comprendre
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- gauvain31Empereur
JPhMM a écrit:Va falloir trouver les 20 philosophes femmes à mettre en face des 20 philosophes hommes. Ça va pas être de la tarte, parce que nul ne peut réécrire l'histoire, même si elle nous déplait.gauvain31 a écrit:DesolationRow a écrit:Finkielkraut a écrit de très chouettes livres.
Autant je suis toujours aussi peu convaincu, pour le dire gentiment, par l'idée d'imposer des auteurs féminins parce que ce sont des femmes - je persiste à trouver ça indéfendable, autant on peut me semble-t-il difficilement être en désaccord avec la description du monde universitaire que livrent les signataires.
Je te rejoins là dessus, mais des femmes philosophes sont censées le savoir non ? Pourquoi font-elles cet appel ? J'ai du mal à comprendre
Évidemment JP, mais pourquoi ce déni de la part de ces personnes-là ? Leur formation devrait les avoir vacciné contre ça non ?
- liliepingouinÉrudit
Il ne s'agit peut-être pas tant de réclamer que des auteurs soient étudiées ou reconnues parce que femmes... que de réclamer que cesse le fait qu'elles ne le soient pas parce que femmes.
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Spheniscida qui se prend pour une Alcida.
"Laissons glouglouter les égouts." (J.Ferrat)
"Est-ce qu'on convainc jamais personne?" (R.Badinter)
Même si c'est un combat perdu d'avance, crier est important.
- JPhMMDemi-dieu
Si tel est le cas, alors il n'y a évidemment rien à redire. Mais est-ce le cas ? A voir, donc.liliepingouin a écrit:Il ne s'agit peut-être pas tant de réclamer que des auteurs soient étudiées ou reconnues parce que femmes... que de réclamer que cesse le fait qu'elles ne le soient pas parce que femmes.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- LevincentNiveau 9
CCRIS a écrit:
La question de "l'écriture inclusive" (appellation inadaptée) est, comme souvent, caricaturée dans ce fil. Dans le cas présent, je trouve effectivement qu'écrire philosophEs est absurde. Mais prendre conscience des implicites véhiculés par une langue est une démarche philosophiquement intéressante. Notre rapport au monde est structuré par le langage et je ne vois pas ce qu'il y a d'aberrant à remettre certaines structures en question. Le langage n'est pas quelque chose d'immuable et le fait que le masculin coïncide historiquement avec le neutre n'est pas une donnée naturelle, ni immuable et elle n'est pas non plus sans rapport avec un système patriarcal dans lequel homme et femme n'avaient pas une même dignité.
Sans même entrer dans les considérations sur le bien-fondé de cette écriture inclusive, je trouve simplement que le point inclusif est une horreur. Quand quelqu'un écrit "bonjour à tout.e.s les étudiant.e.s", moi ce que j'entends dans ma tête (car je ne sais pas vous, mais quand je lis, je m'entends lire intérieurement) c'est : "bonjour à toubzkf les étudianvxgf". On perd totalement la fluidité et la lisibilité de la lecture. C'est extrêmement laid à l'écrit, et c'est imprononçable à l'oral. Cela m'énerve d'autant plus que c'est en fait la paresse qui fait écrire ainsi, car si l'on veut vraiment montrer qu'on s'adresse aux hommes comme aux femmes, il suffit d'écrire "bonjour à toutes les étudiantes et tous les étudiants".
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- liliepingouinÉrudit
Et sinon ce serait bien que le sujet ne dévie pas sur l'écriture inclusive chaque fois qu'un article qui l'utilise est posté.
Les femmes arrivent difficilement à faire carrière alors même qu'elles sont plus diplômées mais non, le problème ce sont quelques malheureux petits points par-ci par-là...
Les femmes arrivent difficilement à faire carrière alors même qu'elles sont plus diplômées mais non, le problème ce sont quelques malheureux petits points par-ci par-là...
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Spheniscida qui se prend pour une Alcida.
"Laissons glouglouter les égouts." (J.Ferrat)
"Est-ce qu'on convainc jamais personne?" (R.Badinter)
Même si c'est un combat perdu d'avance, crier est important.
- MathadorEmpereur
liliepingouin a écrit:Les femmes arrivent difficilement à faire carrière alors même qu'elles sont plus diplômées mais non, le problème ce sont quelques malheureux petits points par-ci par-là...
Source ?
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- CCRISNiveau 2
Mathador a écrit:Source ?
La liste des signataires de la tribune...
Source ?Mathador a écrit:il est injuste que les exigences de forme et de qualité scientifique que l'on trouve habituellement dans cette discipline leur mettent des bâtons dans les roues.
Tu as lu beaucoup de travaux scientifiques écrits par les signataires, assez pour juger que dans leur ensemble ils sont de piètre qualité ?
Ce que j'en comprends, c'est que travailler sur les thèmes sus-cités est d’emblée jugé non scientifique (ce que ta réponse illustre à merveille) sans que les exigences de forme et de qualité scientifique ne soient même examinées... Cela s'appelle un préjugé et le monde de la recherche n'en est pas dépourvu.
- OudemiaBon génie
liliepingouin a écrit:Et sinon ce serait bien que le sujet ne dévie pas sur l'écriture inclusive chaque fois qu'un article qui l'utilise est posté.
Les femmes arrivent difficilement à faire carrière alors même qu'elles sont plus diplômées mais non, le problème ce sont quelques malheureux petits points par-ci par-là...
Lourds de sens, pourtant.
Ne pas réagir à leur utilisation, c'est la banaliser, ce que je me refuse à faire.
- DesolationRowEmpereur
liliepingouin a écrit:Il ne s'agit peut-être pas tant de réclamer que des auteurs soient étudiées ou reconnues parce que femmes... que de réclamer que cesse le fait qu'elles ne le soient pas parce que femmes.
Je comprendrais très bien cette revendication. Mais quels auteurs ne sont pas étudiés parce que femmes, actuellement ? La question vaut également pour la littérature.
- BabaretteDoyen
DesolationRow a écrit:Finkielkraut a écrit de très chouettes livres.
Autant je suis toujours aussi peu convaincu, pour le dire gentiment, par l'idée d'imposer des auteurs féminins parce que ce sont des femmes - je persiste à trouver ça indéfendable, autant on peut me semble-t-il difficilement être en désaccord avec la description du monde universitaire que livrent les signataires.
Tu plaisantes? C'est un réac fini. La Défaite de la pensée due à la décolonisation, faut pas déconner.
Littlepinguin +1.
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“Google peut vous donner 100 000 réponses, un bibliothécaire vous donne la bonne.” Neil Gaiman.
:lecteur:
- DesolationRowEmpereur
Je ne sais pas ce qu'est "un réac fini". Finkielkraut a écrit, il y a un certain temps c'est vrai, de beaux livres. En tout cas il faut être sacrément sûr de soi pour le choisir lui comme étalon de la bêtise.
puisque tu es d'accord avec liliepingouin, peux-tu me donner des exemples de femmes philosophes importantes qu'on n'étudie pas parce que ce sont des femmes ?
puisque tu es d'accord avec liliepingouin, peux-tu me donner des exemples de femmes philosophes importantes qu'on n'étudie pas parce que ce sont des femmes ?
- BabaretteDoyen
Je suis d'accord avec le fait qu'il y en a marre des antiféministes qui hurlent dès qu'il y a de l'écriture inclusive (et là, ça n'en est même pas).
Oui, Finkelkraut est totalement réac, façon wolmar. Relis La Défaite de la pensée. Autant on peut s'accorder sur la confusion entre divertissement et culture, et encore. Il me semble que c'est dans ce bouquin que j'ai lu une "critique du kitch" qui crache sur Karajan sans expliquer pourquoi Karajan serait kitch, je n'en ai personnellement aucune idée.
Ce discours puant de wolmar, qui crache sur les féministes (ces enquiquineuses qui veulent donner plus de visibilité aux femmes qui ont, elles aussi, un cerveau), ce discours alarmiste "on tue la langue avec cette écriture, au bûcher, au bûcher", franchement, y'en a marre, et pourtant, je n'utilise pas du tout l'écriture inclusive.
Bref, quand j'ai affaire à un imbécile antiféminste, je vomis son discours. Rien que le fait de dire "c'est pas les femmes, c'est les féministes". Ben ouais, si toutes les femmes étaient féministes, on n'aurait plus besoin du féminisme depuis longtemps.
Oui, Finkelkraut est totalement réac, façon wolmar. Relis La Défaite de la pensée. Autant on peut s'accorder sur la confusion entre divertissement et culture, et encore. Il me semble que c'est dans ce bouquin que j'ai lu une "critique du kitch" qui crache sur Karajan sans expliquer pourquoi Karajan serait kitch, je n'en ai personnellement aucune idée.
Ce discours puant de wolmar, qui crache sur les féministes (ces enquiquineuses qui veulent donner plus de visibilité aux femmes qui ont, elles aussi, un cerveau), ce discours alarmiste "on tue la langue avec cette écriture, au bûcher, au bûcher", franchement, y'en a marre, et pourtant, je n'utilise pas du tout l'écriture inclusive.
Bref, quand j'ai affaire à un imbécile antiféminste, je vomis son discours. Rien que le fait de dire "c'est pas les femmes, c'est les féministes". Ben ouais, si toutes les femmes étaient féministes, on n'aurait plus besoin du féminisme depuis longtemps.
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- JPhMMDemi-dieu
Moi je suis étonné (parce que je suis poli) par l'argument : anti-écriture-inclusive => antiféministe.
J'ose espérer que ce n'est que par défaut de connaissance logique, et non par pure mauvaise foi.
J'ose espérer que ce n'est que par défaut de connaissance logique, et non par pure mauvaise foi.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- DesolationRowEmpereur
J'essaie de ne pas trop vomir, pour ma part. Je dois avouer mon ignorance complète : qu'est-ce donc que wolmar ?
Je n'ai pas écrit que j'aimais tous les livres de Finkielkraut, mais il y en a plusieurs pour lesquels j'ai de l'estime. Je déplore ce qu'il est devenu ces dernières années, à vrai dire, même si j'ai tendance à lui trouver quelques excuses de temps en temps. En tout cas, il est absolument certain que ce n'est pas un imbécile. Mais cela n'a pas grande importance
En revanche, j'aimerais assez savoir quels auteurs, philosophes ou non-philosophes, sont méprisés parce qu'ils sont des femmes.
Je n'ai pas écrit que j'aimais tous les livres de Finkielkraut, mais il y en a plusieurs pour lesquels j'ai de l'estime. Je déplore ce qu'il est devenu ces dernières années, à vrai dire, même si j'ai tendance à lui trouver quelques excuses de temps en temps. En tout cas, il est absolument certain que ce n'est pas un imbécile. Mais cela n'a pas grande importance
En revanche, j'aimerais assez savoir quels auteurs, philosophes ou non-philosophes, sont méprisés parce qu'ils sont des femmes.
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