- panikariNiveau 5
Bonjour à tous,
le Brevet blanc approche et nous allons certainement reprendre un texte tombé au Brevet en 98 extrait du Testament français de Makine ("l'inconnue" qui raconte la scène où le narrateur tombe par hasard en feuilletant un album sur une photo "anachronique, déplacée, inexplicable" d'une jeune femme en complet décalage avec les autres clichés). Seulement, pour coller à la nouvelle formule du Brevet, il nous manque l'illustration à mettre en parallèle et là, je sèche complètement. J'ai essayé de chercher du côté des secrets de famille mais rien, nada, queue de rat...
Auriez-vous une idée ?
Merci.
le Brevet blanc approche et nous allons certainement reprendre un texte tombé au Brevet en 98 extrait du Testament français de Makine ("l'inconnue" qui raconte la scène où le narrateur tombe par hasard en feuilletant un album sur une photo "anachronique, déplacée, inexplicable" d'une jeune femme en complet décalage avec les autres clichés). Seulement, pour coller à la nouvelle formule du Brevet, il nous manque l'illustration à mettre en parallèle et là, je sèche complètement. J'ai essayé de chercher du côté des secrets de famille mais rien, nada, queue de rat...
Auriez-vous une idée ?
Merci.
_________________
« Exige beaucoup de toi-même et attends peu des autres. Ainsi beaucoup d'ennuis te seront épargnés. »
- AdrenFidèle du forum
Bonjour Panikari,
est-ce que tu pourrais donner le texte choisi ou un extrait, je ne vois pas de quoi il s'agit. Une photo type photo de famille ou une page d'album photo ou une image montrant un complet décalage dans les sujets représentés ?
est-ce que tu pourrais donner le texte choisi ou un extrait, je ne vois pas de quoi il s'agit. Une photo type photo de famille ou une page d'album photo ou une image montrant un complet décalage dans les sujets représentés ?
- panikariNiveau 5
Yes, voilà l'extrait :
Un jour, je tombai sur une photo que je n'aurais pas dû voir... Je passais mes vacances chez ma grand-mère, dans cette ville aux abords de la steppe russe où elle avait échoué après la guerre. C'était à l'approche d'un crépuscule d'été chaud et lent qui inondait les pièces d'une lumière mauve. Cet éclairage un peu irréel se posait sur les photos que j'examinais devant une fenêtre ouverte. Ces clichés étaient les plus anciens de nos albums. Leurs images franchissaient le cap immémorial de la révolution de 1917, ressuscitaient le temps des tsars et, qui plus est, perçaient le rideau de fer très solide à cette époque, m'emportant tantôt sur le parvis d'une cathédrale gothique, tantôt dans les allées d'un jardin dont la végétation me laissait perplexe par sa géométrie infaillible. Je plongeais dans la préhistoire de notre famille...
Soudain, cette photo !
Je la vis quand, par pure curiosité, j'ouvris une grande enveloppe glissée entre la dernière page et la couverture. C'était cet inévitable lot des clichés qu'on ne croit pas dignes de figurer sur le carton rêche des feuilles, des paysages qu'on ne parvient plus à identifier, des visages sans relief d'affection ou de souvenirs. Un lot dont on se dit chaque fois qu'il faudrait, un jour, le trier pour décider du sort de toutes ces âmes en peine...
C'est au milieu de ces gens inconnus et de ces paysages tombés dans l'oubli que je la vis. Une jeune femme dont l'habit jurait étrangement avec l'élégance des personnages qui se profilaient sur d'autres photos. Elle portait une grosse veste ouatée d'un gris sale, une chapka (1) d'homme aux oreillettes rabattues. Elle posait en serrant contre sa poitrine un bébé emmitouflé dans une couverture de laine.
"Comment a-t-elle pu se faufiler, me demandais-je avec stupeur, parmi ces hommes en frac (2) et ces femmes en toilette du soir ?" Et puis autour d'elle, sur d'autres clichés, ces avenues majestueuses, ces colonnades, ces vues méditerranéennes. Sa présence était anachronique, déplacée, inexplicable. Dans ce passé familial, elle avait l'air d'une intruse avec son accoutrement que seules affichaient de nos jours les femmes qui, en hiver, déblayaient les amas de neige sur les routes...
Je n'avais pas entendu ma grand-mère entrer. Elle posa sa main sur mon épaule. Je sursautai, puis en montrant la photo, je lui demandai :
-Qui c'est, cette femme ?
Un bref éclair d'affolement passa dans les yeux immanquablement calmes de ma grand-mère. D'une voix presque nonchalante, elle répondit par une question :
- Quelle femme ?
Andreï MAKINE, Le Testament français, 1995.
Un jour, je tombai sur une photo que je n'aurais pas dû voir... Je passais mes vacances chez ma grand-mère, dans cette ville aux abords de la steppe russe où elle avait échoué après la guerre. C'était à l'approche d'un crépuscule d'été chaud et lent qui inondait les pièces d'une lumière mauve. Cet éclairage un peu irréel se posait sur les photos que j'examinais devant une fenêtre ouverte. Ces clichés étaient les plus anciens de nos albums. Leurs images franchissaient le cap immémorial de la révolution de 1917, ressuscitaient le temps des tsars et, qui plus est, perçaient le rideau de fer très solide à cette époque, m'emportant tantôt sur le parvis d'une cathédrale gothique, tantôt dans les allées d'un jardin dont la végétation me laissait perplexe par sa géométrie infaillible. Je plongeais dans la préhistoire de notre famille...
Soudain, cette photo !
Je la vis quand, par pure curiosité, j'ouvris une grande enveloppe glissée entre la dernière page et la couverture. C'était cet inévitable lot des clichés qu'on ne croit pas dignes de figurer sur le carton rêche des feuilles, des paysages qu'on ne parvient plus à identifier, des visages sans relief d'affection ou de souvenirs. Un lot dont on se dit chaque fois qu'il faudrait, un jour, le trier pour décider du sort de toutes ces âmes en peine...
C'est au milieu de ces gens inconnus et de ces paysages tombés dans l'oubli que je la vis. Une jeune femme dont l'habit jurait étrangement avec l'élégance des personnages qui se profilaient sur d'autres photos. Elle portait une grosse veste ouatée d'un gris sale, une chapka (1) d'homme aux oreillettes rabattues. Elle posait en serrant contre sa poitrine un bébé emmitouflé dans une couverture de laine.
"Comment a-t-elle pu se faufiler, me demandais-je avec stupeur, parmi ces hommes en frac (2) et ces femmes en toilette du soir ?" Et puis autour d'elle, sur d'autres clichés, ces avenues majestueuses, ces colonnades, ces vues méditerranéennes. Sa présence était anachronique, déplacée, inexplicable. Dans ce passé familial, elle avait l'air d'une intruse avec son accoutrement que seules affichaient de nos jours les femmes qui, en hiver, déblayaient les amas de neige sur les routes...
Je n'avais pas entendu ma grand-mère entrer. Elle posa sa main sur mon épaule. Je sursautai, puis en montrant la photo, je lui demandai :
-Qui c'est, cette femme ?
Un bref éclair d'affolement passa dans les yeux immanquablement calmes de ma grand-mère. D'une voix presque nonchalante, elle répondit par une question :
- Quelle femme ?
Andreï MAKINE, Le Testament français, 1995.
_________________
« Exige beaucoup de toi-même et attends peu des autres. Ainsi beaucoup d'ennuis te seront épargnés. »
- henrietteMédiateur
Comme ça je pense qu'il doit y avoir dans Le Voile noir une photo complètement décalée de la mère (ou la grand-mère) en costume de scène (cirque ou cabaret, je ne sais plus) qui surprend énormément Annie Duperey et tranche complètement avec l'image qu'elle avait de sa mère. Mais pour saisir le décalage il faut plusieurs images, non ?
Aussi, chercher peut-être plutôt du côté d'un tableau de groupe avec une personnage anachronique ou décalé. Je n'arrive pas à retrouver, mais je suis sûre d'avoir déjà vu ça plusieurs fois.
Aussi, chercher peut-être plutôt du côté d'un tableau de groupe avec une personnage anachronique ou décalé. Je n'arrive pas à retrouver, mais je suis sûre d'avoir déjà vu ça plusieurs fois.
_________________
"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- panikariNiveau 5
C'est horrible ! Cela fait bien deux heures que j'épluche Ggleoo avec tous les mots-clés qui me passent par la tête sans succès. Je suis moi aussi persuadée d'avoir déjà croisé des oeuvres en rapport avec le secret de famille ou le mensonge, mais là, c'est le vide intersidéral...
_________________
« Exige beaucoup de toi-même et attends peu des autres. Ainsi beaucoup d'ennuis te seront épargnés. »
- henrietteMédiateur
Ou une photo de ce genre pour le contraste luxe/pauvreté ?
_________________
"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- panikariNiveau 5
J'y avais pensé mais j'avais peur que ça induise les élèves en erreur.
En effet, la première fois que nous avons proposé ce sujet, il y a fort longtemps, les élèves pensaient que la femme figurait sur les photos au milieu des gens élégants, alors que, pour la majorité d'entre nous, c'était sa photo qui s'était retrouvée dans la pile des clichés. Mais, pour moi, le texte n'est pas très clair : "Une jeune femme dont l'habit jurait étrangement avec l'élégance des personnages qui se profilaient sur d'autres photos" mais plus bas "autour d'elle, sur d'autres clichés, ces avenues majestueuses, ces colonnades, ces vues méditerranéennes"... Je n'arrive pas à trancher. Ta proposition, Henriette, cadrerait bien avec l'hypothèse première des élèves.
En effet, la première fois que nous avons proposé ce sujet, il y a fort longtemps, les élèves pensaient que la femme figurait sur les photos au milieu des gens élégants, alors que, pour la majorité d'entre nous, c'était sa photo qui s'était retrouvée dans la pile des clichés. Mais, pour moi, le texte n'est pas très clair : "Une jeune femme dont l'habit jurait étrangement avec l'élégance des personnages qui se profilaient sur d'autres photos" mais plus bas "autour d'elle, sur d'autres clichés, ces avenues majestueuses, ces colonnades, ces vues méditerranéennes"... Je n'arrive pas à trancher. Ta proposition, Henriette, cadrerait bien avec l'hypothèse première des élèves.
_________________
« Exige beaucoup de toi-même et attends peu des autres. Ainsi beaucoup d'ennuis te seront épargnés. »
- henrietteMédiateur
Avec la suite du texte, en effet, je comprends comme toi.
Peut-être alors quelque chose dans l'idée de l'affiche du film Un secret ?
Peut-être alors quelque chose dans l'idée de l'affiche du film Un secret ?
_________________
"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- panikariNiveau 5
Pas mal, en effet, l'affiche. On y retrouve le décalage évoqué dans le texte tant dans "l'anachronisme" vestimentaire de la femme à l'arrière que dans sa position dans le dos des personnages principaux, le tout renforcé par le flou de l'image. Je vais proposer ça, on verra. Merci en tout cas !
_________________
« Exige beaucoup de toi-même et attends peu des autres. Ainsi beaucoup d'ennuis te seront épargnés. »
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum