[Français collège] Travailler en îlots mais pas tout le temps...

Bonjour,

Voilà, je vous explique : j'ai deux classes de 5e pour lesquelles pour certaines heures je les ai dans une salle disposée en îlots. Il y a une classe pour laquelle je pense pouvoir trouver une autre salle, mais pour une classe non.
Du coup, je m'intéresse au travail en îlots. Je n'ai rien compte ou contraire je trouve cela intéressant, mais je n'ai jamais testé. Donc je me demandais :

En français, est-ce qu'il vaut mieux (est-ce qu'il est plus simple, plus pertinent) travailler la littérature ou la langue en îlots ? J'aurai cette classe une semaine 2 heures en îlots, une semaine 1 heure. Ils ne seront donc pas toujours en îlots pour travailler et j'aimerais savoir si vous avez des retours d'expérience sur certaines activités que je pourrais leur proposer ces jours-là (je suis en REP+, ces heures de travail différentes peuvent peut-être être l'occasion de remotiver certains et de rompre la monotonie...?)

Merci d'avance (et bonne rentrée !)

Sans aucune hésitation: la littérature!

Pourquoi ? Tu peux m'expliquer stp ? Pour les différents axes de lecture par exemple ?

Oui, il y a plusieurs possibilités d'explorer le travail en îlots. Je te réponds rapidement mais si tu le souhaites, je pourrais développer davantage demain.
Avec des classes faibles, il arrive que le texte littéraire "effraie" les élèves qui ne voient pas comment dégager une interprétation, d'autant plus que certains n'auront pas réussi à accéder au sens littéral. C'est pourquoi après un temps individuel de réflexion, l'îlot permet une mise en commun intéressante.
Tu as plusieurs possibilités: tu choisis 3/4 axes d'étude et tu donnes donc des questions spécifiques. Ce travail se terminera par une mise en commun en classe complète qui permet alors d'avoir pleinement exploré le texte. OU chaque îlot a le même axe d'étude et les élèves cherchent à répondre le plus vite ET le mieux aux questions posées; tu fais ensuite une mise en commun en classe entière puis tu relances tout le monde sur un nouvel axe.

Merci pour ta réponse.
Si tu as le temps, je veux bien que tu développes ! Par exemple, pour un poème : tu fais fond et forme en îlot ? ça fonctionne ?
Autre question : est-ce que tu pratiques l'îlot bonifié ?

Marrant, j'aurais dit l'inverse ! Mais ça doit être parce que je ne sais pas trop différencier pour la littérature alors que pour la grammaire, je trouve ça plus simple.

Si tu ne veux pas travailler avec les îlots, pourquoi ne pas mettre les tables en rang, et les remettre en îlot en fin d'heure ?

Les tables sont fixées au sol ?

Personnellement, je les fais souvent travailler en îlot, mais aucun de mes collègues ne le fait et ils râlent si par malheur j'ai oublié de remettre les tables en rangs en sortant de la salle : j'ai donc appris aux élèves à installer et désinstaller les tables en silence et en temps record...

Pour revenir à la question, la littérature est plus pratique en îlot quand on commence :
au départ, je demande aux élèves de réfléchir seuls au texte, d'écrire leurs réflexions (cela peut juste être : je n'ai rien compris, mais ils doivent rédiger quand même et réfléchir au pourquoi : vocabulaire ? longueur ? phrases et niveau de langue ? manque de connaissances / référence...) et ensuite, ils échangent dans le groupe et rédigent ensemble un texte sur leurs réflexions mises en commun, infirment, confirment leurs idées, toujours en s'appuyant sur le texte...

Je t'avouerai que les premiers exercices, c'est long ! mais avec la pratique, les élèves sont de plus en plus efficaces...

Diclonia a écrit:Si tu ne veux pas travailler avec les îlots, pourquoi ne pas mettre les tables en rang, et les remettre en îlot en fin d'heure ?

Les tables sont fixées au sol ?

Je n'ai jamais dit que je ne voulais pas ! Au contraire, mais il faut une première fois à tout !

Sherlock a écrit:Merci pour ta réponse.
Si tu as le temps, je veux bien que tu développes ! Par exemple, pour un poème : tu fais fond et forme en îlot ? ça fonctionne ?
Autre question : est-ce que tu pratiques l'îlot bonifié ?

En fait, je ne distingue pas fond & forme dans l'étude. Oui les ilots fonctionnent mais je ne les mettrais en place qu'en octobre. Je prends le temps de "prendre la température".
Ce qui me semble capital, c'est bien d'avoir des temps de travail individuel AVANT le temps collectif. A partir ce principe de base, tu peux faire ce que tu veux.

Sherlock a écrit:Merci pour ta réponse.
Si tu as le temps, je veux bien que tu développes ! Par exemple, pour un poème : tu fais fond et forme en îlot ? ça fonctionne ?
Autre question : est-ce que tu pratiques l'îlot bonifié ?

En fait, je ne distingue pas fond & forme dans l'étude. Oui les ilots fonctionnent mais je ne les mettrais en place qu'en octobre. Je prends le temps de "prendre la température".
Ce qui me semble capital, c'est bien d'avoir des temps de travail individuel AVANT le temps collectif. A partir ce principe de base, tu peux faire ce que tu veux.

Je travaille aussi en îlot, principalement pour les exercices de grammaire. Hier, aussi, pour la description d'un tableau, mais je varie, j'innove, je m'adapte à ma classe. La disposition est toujours en îlot, mais pas le travail. Au début, j'utilisais la méthode de Mme Rivoire, et je l'ai adaptée. Ca doit faire 5 ans maintenant que je travaille comme ça. Je veux bien partager sur cette façon de faire, même si je continue à réfléchir moi-même dessus !

Bonjour à tous,
ce sujet m'intéresse beaucoup; il m'est arrivé de faire bosser les gamins par ilots, (plus pour la maîtrise de la langue) c'est vrai que ça les motive, mais il faut accepter que le niveau sonore monte un peu, forcément ils échangent, et ce n'est pas si facile que ça de faire bouger ses lignes de perception.  
Mais j'avais une question plus concrète: comment constituez-vous les groupes? affinités? Par niveaux (groupe homogène ou hétérogène d'ailleurs) que vous établissez au préalable? Ou juste en assemblant les tables de 2 par 4 par rapport à la dispo classique, sans bouger les élèves?
Je ne me suis jamais penché en profondeur sur les ilôts bonifiés, ça me semblait un peu lourd à mettre en place mais je serais curieuse de connaître des manières simplifiées de mettre ça en place.

Je les fais travailler en ilots quand j'en ai besoin: souvent en AP où je fais des groupes de niveau, en rédaction quand je fais du "brouillon négocié", ou pour certains exercices. Mes tables sont en rangs, et ils prennent vite l'habitude de les mettre en ilots en 2/3 minutes en début d'heure, et de les ranger ensuite.
Pour les groupes, c'est variable: quand je fais des groupes de niveau je les constitue moi-même, pareil pour les brouillons négociés (j'essaie de mettre 1 très bon, 1 très faible et 2 moyens). Pour d'autres tâches, je les laisse choisir, avec parfois la contrainte de faire des groupes mixtes.

Pour ma part, je les laisse se placer comme ils veulent au début. Comme je fais du bonifié, quand un groupe est à 20, très souvent, je fais ensuite mes groupes. Puis dans l'année, je les laisse se remettre eux mêmes ensemble à leur gré. La plupart comprend très vite l'intérêt de se mettre avec des élèves qui travaillent pour avoir une bonne note.

Pour ceux qui travaillent en îlots bonifiés, est-ce que quelqu'un peut donner un exemple concret de séance ?

J'ai du mal à imaginer ce que ça donne : si un groupe finit très tôt, les autres n'ont pas fini et subissent la correction non ? (dans le sens frustration).
Sur quoi notez-vous ? J'ai vu dans certaines fiches d'îlot, que c'était surtout sur l'attitude (lever la main, participation, tous les membres prennent des notes, etc), mais comment peut-on mettre les malus et bonus à tous les groupes ? Si on les laisse "cocher" eux-mêmes, il y en a forcément qui vont faire les malins...

Les exercices sont à faire en temps limité. Une fois le temps écoulé, je passe sur chaque groupe, je regarde le cahier d'un élève, je note. Je commence par le groupe qui semble avoir terminé, pour laisser aux autres le temps de terminer. Quand il s'agit de travaux plus importants (questions sur un texte, ou écriture du bilan), un rapporteur lit le travail du groupe, et je note de mon bureau (ou de tout endroit où je suis ).

Moi ce qui me pose problème avec les îlots c'est la mise en commun. Vos élèves les écoutent-ils ? prennent-ils des notes ? Sont-ils actifs alors qu'ils ont déjà fait le travail ?

Généralement oui, il y a tout au plus 7 rapporteurs à écouter. Et les élèves dissipés sont sanctionnés, ni plus ni moins que dans un autre cours. ce qui me plait le plus dans cette méthode, c'est que tous les élèves ont la même trace écrite, càd que même les élèves qui travaillent le moins sont obligés d'écrire quelque chose. Et donc ils ont dû participer un peu au cours. Et les élèves finissent par s'y mettre, les timides prennent la parole dans leur groupe, les élèves en difficulté apprécient d'avoir une bonne note de groupe.

@MéliMélo : quels sont tes critères de notation ?

Je me permets de me citer :

Sur quoi notez-vous ? J'ai vu dans certaines fiches d'îlot, que c'était surtout sur l'attitude (lever la main, participation, tous les membres prennent des notes, etc), mais comment peut-on mettre les malus et bonus à tous les groupes ? Si on les laisse "cocher" eux-mêmes, il y en a forcément qui vont faire les malins...

En fait, je distribue une fiche bristol par îlot. Chaque élève y indique son nom et son prénom, en colonne. En bas de la fiche, j'indique les points (verts ou rouges) du groupe et en face du nom des élèves, les points individuels ("comportement").

J'ai adapté : je donne la consigne de l'exercice, le temps imparti et le nombre de points alloués. Ensuite, soit je passe dans les îlots, soit j'ai la fiche, et je mets les points moi-même. Pour éviter les abus (mais je ne pense pas qu'il y ait eu tentative de fraude, bien que je m'y attende !), j'indique tous les 5 points (càd que j'écris 5, 10, 15 à chaque fois que les élèves atteignent ce nombre de points). Ca me permet aussi de voir rapidement où ils en sont.

Exemple : exercice de grammaire en 6ème : 4 phrases affirmatives à mettre à la forme négative, je donne 6 min, et 2 points.
Normalement, en îlot bonifié, l'îlot qui a le mieux réussi à la totalité des points. (je ne le fais pas, bien que ce soit une excellente idée, mais trop lourd à mettre en place selon moi, du moins en grammaire, parce que si je passe trop de temps à chaque table, c'est vite le chahut ; en analyse de texte ou en écriture, c'est + facile, puisque je suis au bureau et que je prends des notes sur ce que chaque groupe rapporte)

Merci Méli Mélo pour tes précisions. J'ai encore une question : nous n'avons pas le droit de noter le comportement, pourtant selon le principe des îlots bonifiés c'est un peu le cas, non ?

Un article intéressant sur les îlots bonifiés (mais pas le travail en îlot, pas tout à fait pareil - c'est une collègue d'anglais qui travaille ponctuellement en îlots qui me l'a transmis), qui évoque notamment le livre de Marie Rivoire.

Merci pour le partage @Fantômette !

Diclonia a écrit:
Pour revenir à la question, la littérature est plus pratique en îlot  quand on commence :
au départ, je demande aux élèves de réfléchir seuls au texte, d'écrire leurs réflexions (cela peut juste être : je n'ai rien compris, mais ils doivent rédiger quand même et réfléchir au pourquoi : vocabulaire ? longueur ? phrases et niveau de langue ? manque de connaissances / référence...)  et ensuite, ils échangent dans le groupe et rédigent ensemble un texte sur leurs réflexions mises en commun, infirment, confirment leurs idées, toujours en s'appuyant sur le texte...

Diclonia, quelle(s) consigne(s) leur donnes-tu pour travailler sur le texte ? Ont-ils des questions précises, des sortes d'axes de lecture ou partent-ils de leurs réactions ?

Sherlock a écrit:Merci Méli Mélo pour tes précisions. J'ai encore une question : nous n'avons pas le droit de noter le comportement, pourtant selon le principe des îlots bonifiés c'est un peu le cas, non ?

Un peu, mais avec parcimonie pour ma part. Trop de bavardages : un point rouge, une participation active, un coup de main quelconque, un point vert. Mais j'évite, parce qu'on a souvent tendance à sanctionner un comportement inapproprié, mais on oublie facilement les comportements positifs, étant estimés comme "normaux". Et pour certains élèves, il est si difficile de se tenir correctement, qu'alors ils ont plus de points rouges que de points verts, c'est contre productif.