Témoignages sur les débuts de carrière de personnes timides

lene75 a écrit:Tu débutes à la rentrée ?

Je suis TERRIBLEMENT timide... mais pas devant mes élèves, je ne sais pas pourquoi, ce n'est pas pareil. Sauf en présence d'autres adultes quand je ne suis pas en train de faire cours, ça, c'est un tout petit peu ennuyeux. Mais en plus d'être timide, j'ai toujours eu horreur des conversations à 3 (je crois que c'est lié). Bon, je dois préciser aussi que quand je passe des oraux, je suis terrifiée, mais ça ne se voit pas. Mais dans TOUTE autre situation, je me fais repérer au bout de 2 secondes tellement je suis timide. Bon, en conseil de classe, j'en mène moins large que devant les élèves, là, j'avoue qu'après 6 conseils, je suis encore très mal à l'aise. Mais bonne nouvelle : je trouve que grâce au métier de prof, je fais quelques progrès par rapport à ma timidité dans la vie courante.

J'aurais pu écrire exactement les mêmes mots après ma première ou ma deuxième année. Maintenant les conseils ne me font même plus peur!
Devant les élèves aucune timidité, mais devant un groupe d'adultes, je ne suis plus là....

Je suis très timide aussi. La timidité, c'est d'abord un manque de confiance en soi et ça m'a couté la 1ere année : je n'avais pas l'impression d'être vue comme un adulte par les élèves, j'avais peur de faire de l'autorité comme si je partais du principe que je ne serais de toutes façons pas écoutée, je me sentais ado parmi ado... Il m'a fallu un an pour comprendre que si si, j'étais l'adulte et que j'étais perçue en tant que tel par les élèves, que je pouvais y aller franco, que je ne risquais rien à dire "c'est moi le prof, c'est moi qui décide". Je ne pouvais pas me dire que j'étais actrice ou en représentation car le théâtre est une véritable épreuve pour moi. Non je me suis juste acceptée en tant que tel et j'ai été surprise de voir qu'en fait c'était très simple. Je suis maintenant très à l'aise devant une classe quelle qu'elle soit. Je suis par contre moins à l'aise quand je croise un élève hors contexte (ce qui m'arrive puisque j'habite un des villages du secteur de mon collège). Je n'aime pas trop non plus rencontrer les parents d'élèves, encore moins leur téléphoner (j'ai horreur du téléphone, même avec des amis...). Elève je participais très peu et je parle très mal des langues étrangères à cause de ça. C'est pour ça aussi que je comprends les élèves timides, que je ne les pénalise pas pour leur manque de participation, que je valorise leurs quelques petits efforts...

Je rejoins le club des timides (Que nous sommes nombreux!). Quand j'étais élève je n'arrivais jamais à prendre la parole. Si je voyais qu'on allait m'interrogern j'avais envie de disparaître sous la table, mon coeur battait la chamade et je sentais mes joues virer au rouge (et je ne parle même pas de l'état de mon estomac).
De manière étrange, ma timidité ne m'a jamais gênée en tant que prof.Le plus dur c'est de se lancer le 1er jour ou lors de la 1ère heure de cours et au bout de 5mn j'oublie ma timidité. Je suis la prof, eux les élèves. Je parle, ils écoutent.
Mes élèves tombent toujours des nues quand je leur dis que j'étais une élève timide (mes collègues aussi d'ailleurs car je suis au CA, cette année je suis coordo de lettres).
Moi je ressens encore cette timidité dans ma vie en dehors du collège; je déteste en particulier téléphoner pour prendre des rendez-vous!
Donc courage! Tu verras tout va bien se passer. Bonne chance pour ta 1ère rentrée de prof!

Moi je ressens encore cette timidité dans ma vie en dehors du collège;
je déteste en particulier téléphoner pour prendre des rendez-vous!

Ah ah, vous êtes géniaux !!! J'ai parlé de tous vos témoignages à mon mari : il n'a plus le droit de se moquer de moi parce que j'ai peur d'appeler pour prendre un RV !!!!

Ça me donne envie de faire un petit sondage, tout ça !

lene75 a écrit:En langues, une solution, c'est peut-être d'interroger au lieu d'attendre une participation spontanée (dans les autres matières aussi, d'ailleurs, parce que ceux qui la ramènent tout le temps ne sont pas forcément les plus intéressants...).

Oui, c'est une règle de base pour un prof de langues : interroger ceux qui ne lèvent pas la main (et faire comprendre aux petits 6ème qui à la moindre question manquent de tomber de leur chaise en criant "moi, moi, moi" :lol: que participer, ce n'est pas crier plus fort que les autres et monopoliser la parole, mais construire avec l'ensemble de la classe un échange oral).

le prof d'allemand avait dit qu'ils se méfiaient beaucoup des moyennes de langues "gonflées" par de bonnes notes de participation : au moins, avec mes appréciations, pas de doute que ce n'était pas le cas pour les miennes

En ce qui me concerne, j'ai demandé que sur le bulletin apparaissent deux moyennes (une moyenne anglais écrit, une moyenne anglais oral, et aussi la moyenne générale anglais (50% écrit et 50% oral) ; les autres collègues ont suivi, et ce système est globalement apprécié par les élèves : des élèves ayant de grandes difficultés à l'écrit mais ayant de bonnes capacités en compréhension orale et pouvant facilement se faire comprendre en expression orale peuvent se sentir un peu valorisés et du coup faire des efforts. Oui, parce que l'oral en langues, ce n'est pas juste une "note de participation" : je mets des notes de participation, mais le coef est faible au final, puisqu'il y a aussi des évaluations de compréhension orale, d'expression orale (dialogues construits par les élèves ou expression individuelle sur un document)... Parfois, sur un trimestre, j'ai même plus de notes d'oral que de notes d'écrit.
Et en donnant cette importance à l'oral, j'ai plusieurs élèves qui, en début d'année, refusaient de participer voire dénigraient le cours en répondant "je suis nul en anglais, j'ai jamais rien compris", et qui au fur et à mesure de l'année ont su prendre confiance en eux, participer de manière volontaire et fournir des efforts au niveau du travail et de l'apprentissage. Bien sûr, pas tous, loin de là...
En revanche, pour l'écrit c'est plus difficile de les motiver je trouve, en 4ème et 3ème j'avais toujours quelques élèves qui rendaient copie blanche, surtout lorsque c'était une évaluation de compréhension écrite ("ah mais c'est un texte en anglais, c'est même pas un texte qu'on a fait en cours; on comprend déjà pas une phrase, comment vous voulez qu'on comprenne 30 lignes ?"). C'est sans doute aussi parce qu'ils n'avaient pas été habitués à des évaluations de ce type (et avaient surtout été habitués aux interros de leçon, grammaire, vocabulaire, verbes irréguliers, etc...)

Enfin désolé, je m'écarte du sujet de départ !

Je lis ces messages et je ne comprends pas la cohérence avec le titre de ce sujet, puisque visiblement toutes les personnes ici sont timides... sauf devant leurs élèves ! Aucun problème alors, non ?

Moi c'est le contraire. Parler devant 28 élèves qui me regardent me met atrocement mal à l'aise. Je rougis, parle vite et mon français en pâtit (un comble vu la matière que j'enseigne !). Du coup je m'appuie beaucoup sur le support écrit même si bien évidemment je fais également de l'oral aussi.
Je n'arrive pas à raconter une histoire. Et ce, depuis toujours. J'aimerais dépasser ça car c'est très handicapant. Quelqu'un à un conseil ?

Peut-être est-ce parce que tu ne t'oublies pas assez ?
Est-ce que ça marcherait mieux pour toi si tu te mettais en tête que tu étais en train de jouer un rôle ?
Tu te sentirais alors moins mise en cause personnellement et petit à petit tu prendrais de l'assurance.
Je crois que se torturer en se sentant touché(e) personnellement n'arrange rien !
Un rôle, ça peut se perfectionner, et son "moi intérieur" est protégé car ce n'est pas lui qui se heurte aux élèves, mais justement la personnalité sous ce rôle qu'on se doit de jouer.
Bien sûr, certains te diront qu'il faut être "naturel" et ne pas se forcer. Mais si le "naturel" est trop sensible, il faut se forger une carapace, pas trop éloignée de ce qu'on est quand même, mais une carapace qui permet de prendre du recul et de ne pas se sentir exagérément touché au plus profond de soi-même dès que quelque chose ne va pas.

Merci beaucoup @zazk pour ta réponse. Je ne suis pas pessimiste, je sais que tout va avec l'habitude aussi.
Mais bon en attendant, j'ai beau me rassurer intérieurement en mode "ça va aller, c'est que des élèves tu en es capable" je bloque encore. Je pense que je suis trop accrochée à leur jugement.

Il existe aussi des formations (souvent par des psy) du type : "prendre la parole en public". Elles valent...ce que vaut le formateur mais ça permet de mettre en place les défenses dont on a besoin dans certains cas.

Bien que grande timide, je n'ai jamais vraiment été concernée par le trac devant les élèves, mais un truc qui malgré tout a changé ma perception des élèves : le fait de devenir maman. Je me suis mise d'un seul coup à considérer mes élèves non plus comme des quasi-adultes à mon image (je n'ai que des terminales) mais comme des gamins de 2 ans et je dois dire que ça m'a grandement facilité la tâche. Parce que, comment dire, le jugement d'un gamin de 2 ans, tu vois... je m'en balance royalement. Et au niveau de la discipline, ça aide aussi : au lieu de prendre les trucs personnellement ou de m'énerver, je me dis qu'ils font leur colère de bébé et que ça va leur passer, du coup ça m'affecte beaucoup moins. Ça vaut ce que ça vaut, mais je suppose qu'on peut adopter cette attitude même sans avoir d'enfants.

lene75 a écrit:Tu débutes à la rentrée ?

Je suis TERRIBLEMENT timide... mais pas devant mes élèves, je ne sais pas pourquoi, ce n'est pas pareil. Sauf en présence d'autres adultes quand je ne suis pas en train de faire cours, ça, c'est un tout petit peu ennuyeux. Mais en plus d'être timide, j'ai toujours eu horreur des conversations à 3 (je crois que c'est lié). Bon, je dois préciser aussi que quand je passe des oraux, je suis terrifiée, mais ça ne se voit pas. Mais dans TOUTE autre situation, je me fais repérer au bout de 2 secondes tellement je suis timide..

Je voulais écrire exactement la même chose !

Comme Lene
Sauf pour les oraux, je suis sûre que ça se voit que je suis stressée et que je ne suis pas du tout à l'aise.

Moi aussi je suis très timide et j'ai horreur de parler devant un groupe d'adultes (je n'interviens jamais en cours à l'ESPE par exemple, sauf si je n'ai vraiment pas le choix) et j'appréhende les discussions avec les gens que je ne connais pas. Par contre, je n'ai pas ce problème devant mes élèves, même si je ne me sens pas encore tout à fait en confiance (le statut de stagiaire y est peut-être pour quelque chose).

Je suis du genre timide aussi.
L'élève dont on disait "ah, vous êtes trop scolaire mademoiselle Elaïna".
Quand j'ai dû aller démarcher mon futur directeur de thèse, j'ai eu une crampe d'estomac homérique. Et que dire des oraux (chartes, agreg etc).
Comme Lene, ce qui a changé ma vision des choses, c'est aussi d'avoir des enfants. Quand j'étais ATER, j'avais tendance à prendre les élèves comme des adultes. Ce qu'ils n'étaient pas, en fait, pour beaucoup. Quand je suis entrée dans le secondaire, j'avais déjà un enfant et très vite un 2e et j'ai compris que le seconde moyen est bien plus proche du mioche de deux ans que de moi. J'ai donc appliqué les mêmes façons de faire qu'avec mes fils avec la même échelle de ton : vanne, vanne sèche, soufflante, haussement de ton, hurlement primaire (copyright Jean-Marie Bigard). Même chose avec les punitions : je ne promets que ce que je suis certaine de pouvoir appliquer (les colles, je n'arrive pas à faire le suivi. En revanche, les punitions bêtes et méchantes, j'y arrive).