- tannatHabitué du forum
Je respirais, Oenone ; et depuis son absence,
Mes jours moins agités coulaient dans l'innocence.
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.
Phèdre, Racine (v.297 à 300)
Diriez-vous, qu'ici, il y a une assonance en "o" ?
Je suis un peu perplexe car cela ne correspond pas du tout à ce que je comprends de l'assonance. Il s'agissait, pour moi, de la répétition d'une voyelle au sens phonétique et pas seulement de la répétition d'une voyelle au sens graphique du mot... Après consultation de mon Gradus, "il s'agit de la répétition de la dernière voyelle accentuée", l'exemple qui suit me conforte dans mon idée "Ils dormiront sous la pluie ou les étoiles/ Ils galoperont avec moi portant en croupe des victoires" (Apollinaire, Poèmes à Lou.) Néanmoins, j'ai peur de me tromper.
Quelle définition avez-vous/ donnez-vous de l'assonance ?
N'ai-je rien compris à ce qu'est l'assonance ?
Mes jours moins agités coulaient dans l'innocence.
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.
Phèdre, Racine (v.297 à 300)
Diriez-vous, qu'ici, il y a une assonance en "o" ?
Je suis un peu perplexe car cela ne correspond pas du tout à ce que je comprends de l'assonance. Il s'agissait, pour moi, de la répétition d'une voyelle au sens phonétique et pas seulement de la répétition d'une voyelle au sens graphique du mot... Après consultation de mon Gradus, "il s'agit de la répétition de la dernière voyelle accentuée", l'exemple qui suit me conforte dans mon idée "Ils dormiront sous la pluie ou les étoiles/ Ils galoperont avec moi portant en croupe des victoires" (Apollinaire, Poèmes à Lou.) Néanmoins, j'ai peur de me tromper.
Quelle définition avez-vous/ donnez-vous de l'assonance ?
N'ai-je rien compris à ce qu'est l'assonance ?
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- sansaraModérateur
Pour moi, une assonance est la répétition d'un son vocalique, pas de la lettre elle-même. Donc non, je ne vois pas d'assonance en "o" dans l'extrait de Racine que tu as posté.
- tannatHabitué du forum
Je suis bien d'accord avec toi mais j'ai trouvé un lien sur lequel on explique qu'il y a dans ces vers une assonance en "o". J'y vois éventuellement une assonance en [i] mais pas non plus de répétition du son "o".sansara a écrit:Pour moi, une assonance est la répétition d'un son vocalique, pas de la lettre elle-même. Donc non, je ne vois pas d'assonance en "o" dans l'extrait de Racine que tu as posté.
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- sansaraModérateur
tannat a écrit:Je suis bien d'accord avec toi mais j'ai trouvé un lien sur lequel on explique qu'il y a dans ces vers une assonance en "o". J'y vois éventuellement une assonance en [i] mais pas non plus de répétition du son "o".sansara a écrit:Pour moi, une assonance est la répétition d'un son vocalique, pas de la lettre elle-même. Donc non, je ne vois pas d'assonance en "o" dans l'extrait de Racine que tu as posté.
Peux-tu poster le lien sur lequel tu as trouvé cela ? Ça me paraît étrange, comme analyse.
- Thalia de GMédiateur
Je suis moi aussi perplexe, je ne vois pas plus d'assonance en "o" que vous deux.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- IllianeExpert
Je suis assez d'accord : parler d'assonance en [o] ici me semble abusif...
- tannatHabitué du forum
Bon cela me rassure un peu. J'y vois des assonances en [u], [õ] et [i] qui renforcent l'impression de résignation et de douleur... Elle peine à se détacher de lui, elle le voudrait mais n'y parvient pas...
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- OudemiaBon génie
Les liens, hein, on sait que la qualité n'est pas toujours au rendez-vous
Quand à l'interprétation des assonances : c'est vraiment une affaire personnelle, j'ai de plus en plus tendance à constater leur existence, et à être très prudente pour aller plus loin.
Quand à l'interprétation des assonances : c'est vraiment une affaire personnelle, j'ai de plus en plus tendance à constater leur existence, et à être très prudente pour aller plus loin.
- Thalia de GMédiateur
Oui et non.Oudemia a écrit:Quand à l'interprétation des assonances : c'est vraiment une affaire personnelle, j'ai de plus en plus tendance à constater leur existence, et à être très prudente pour aller plus loin.
On peut interpréter certaines assonances dans un contexte précis, certaines sont plus faciles à expliquer que d'autres, etc.
En l'occurrence la stridence du [i] reproduit bien la douleur. (cf. "Tout m'afflige...) J'avoue toutefois avoir souvent renoncé pour ne pas forcer l'explication.
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- DeliaEsprit éclairé
Je respirais, Oenone ; et depuis son absence,
Mes jours moins agités coulaient dans l'innocence.
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.
No-no : double négation, non, non, Phèdre, tu n'y toucheras pas... Je doute fort que Racine ait voulu cet effet !
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Thalia de G a écrit:On peut interpréter certaines assonances dans un contexte précis, certaines sont plus faciles à expliquer que d'autres, etc.
En l'occurrence la stridence du [i] reproduit bien la douleur. (cf. "Tout m'afflige...) J'avoue toutefois avoir souvent renoncé pour ne pas forcer l'explication.
Perso, je ne fais pas "hiii" quand je souffre. :| Si on veut en parler en termes d'effets, je prends plutôt l'assonance comme quelque chose qui est mis à la disposition du comédien. On s'interroge alors sur ce qu'il est possible d'en faire, la façon dont on pourrait dire le vers.
- Thalia de GMédiateur
Tu as raison, je souffre en silence en ce qui me concerne.Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Thalia de G a écrit:On peut interpréter certaines assonances dans un contexte précis, certaines sont plus faciles à expliquer que d'autres, etc.
En l'occurrence la stridence du [i] reproduit bien la douleur. (cf. "Tout m'afflige...) J'avoue toutefois avoir souvent renoncé pour ne pas forcer l'explication.
Perso, je ne fais pas "hiii" quand je souffre. :| Si on veut en parler en termes d'effets, je prends plutôt l'assonance comme quelque chose qui est mis à la disposition du comédien. On s'interroge alors sur ce qu'il est possible d'en faire, la façon dont on pourrait dire le vers.
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- RogerMartinBon génie
Des années de correction de commentaires composés plus ou moins tirés par les cheveux (sur Shakespeare, mais pas que) m'ont vaccinée en ce qui concerne les sonorités exprimant telle ou telle émotion. C'est en général tout à fait n'importe quoi (en plus on ne tient pas compte de l'évolution de la langue, et c'est valable aussi pour le XVIIe français : les sons n'étaient pas ceux d'aujourd'hui). Dans un moment de mauvaise amertume, j'avais pris un malin plaisir à faire des listes de passages en i ou en s avec toutes les nuances d'émotion possibles...
A part de rarissimes cas de mimétisme (les serpents qui sifflent...), ce qui est pertinent, c'est quand les homophonies appellent une mise en relation de certains termes, et comme Sylvain le suggère, que l'acteur va pouvoir s'appuyer sur ces échos pour les mettre en évidence plus facilement. Le reste, c'est du remplissage (pardon, mais c'est vrai).
A part de rarissimes cas de mimétisme (les serpents qui sifflent...), ce qui est pertinent, c'est quand les homophonies appellent une mise en relation de certains termes, et comme Sylvain le suggère, que l'acteur va pouvoir s'appuyer sur ces échos pour les mettre en évidence plus facilement. Le reste, c'est du remplissage (pardon, mais c'est vrai).
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Strange how paranoia can link up with reality now and then.
- CathEnchanteur
Moi non plus, je ne vois pas d’assonance en "o".
Mais même s'il y en avait une, qu'est-ce qu'elle serait supposée indiquer ?
Edit après lecture des autres messages : d'accord avec vous et la méfiance qui s'impose à vouloir trouver des "correspondances" entre les sons et les émotions, hormis les cas évidents.
Mais même s'il y en avait une, qu'est-ce qu'elle serait supposée indiquer ?
Edit après lecture des autres messages : d'accord avec vous et la méfiance qui s'impose à vouloir trouver des "correspondances" entre les sons et les émotions, hormis les cas évidents.
- egometDoyen
tannat a écrit:Bon cela me rassure un peu. J'y vois des assonances en [u], [õ] et [i] qui renforcent l'impression de résignation et de douleur... Elle peine à se détacher de lui, elle le voudrait mais n'y parvient pas...
Ni en [o] ni en [i]. Il faut considérer la fréquence.
Il est absolument normal qu'un son se répète dans un vers. 9 occurrences de [i] sur 4 alexandrins, c'est à dire sur 48 syllabes, c'est peut-être un peu plus que la moyenne de la langue française, mais ce n'est pas énorme. Pas de quoi faire un effet de style. A ce compte, on trouve des assonances partout.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Pourquoi faire de la fréquence un critère (et donc, c'est à partir de combien ?) ? Faire de la moyenne la norme me paraît un peu bizarre aussi. Si on a quelque chose d'intéressant à dire ou à faire d'une répétition, je ne vois pas pourquoi se priver (même si en l'occurrence, bon...).
- tannatHabitué du forum
egomet a écrit:tannat a écrit:Bon cela me rassure un peu. J'y vois des assonances en [u], [õ] et [i] qui renforcent l'impression de résignation et de douleur... Elle peine à se détacher de lui, elle le voudrait mais n'y parvient pas...
Ni en [o] ni en [i]. Il faut considérer la fréquence.
Il est absolument normal qu'un son se répète dans un vers. 9 occurrences de [i] sur 4 alexandrins, c'est à dire sur 48 syllabes, c'est peut-être un peu plus que la moyenne de la langue française, mais ce n'est pas énorme. Pas de quoi faire un effet de style. A ce compte, on trouve des assonances partout.
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Pourquoi faire de la fréquence un critère (et donc, c'est à partir de combien ?) ? Faire de la moyenne la norme me paraît un peu bizarre aussi. Si on a quelque chose d'intéressant à dire ou à faire d'une répétition, je ne vois pas pourquoi se priver (même si en l'occurrence, bon...).
Quoi qu'il en soit je vous remercie et n'avais pas l'intention d'aller aussi loin...
Enfin, il n'y avait, de toute façon, rien de si tranché dans mon intention initiale.
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- egometDoyen
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Pourquoi faire de la fréquence un critère (et donc, c'est à partir de combien ?) ? Faire de la moyenne la norme me paraît un peu bizarre aussi. Si on a quelque chose d'intéressant à dire ou à faire d'une répétition, je ne vois pas pourquoi se priver (même si en l'occurrence, bon...).
Parce qu'il faut déjà savoir s'il y a une assonance, avant de la commenter. La dent d'or en quelque sorte.
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- PonocratesExpert spécialisé
+1RogerMartin a écrit:
A part de rarissimes cas de mimétisme (les serpents qui sifflent...), ce qui est pertinent, c'est quand les homophonies appellent une mise en relation de certains termes, et comme Sylvain le suggère, que l'acteur va pouvoir s'appuyer sur ces échos pour les mettre en évidence plus facilement. Le reste, c'est du remplissage (pardon, mais c'est vrai).
L'assonance - comme l'allitération- ne vaut que par le renfort qu'elle apporte, le soulignement qu'elle permet de tel ou tel mot: "Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire".
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"If you think education is too expensive, try ignorance ! "
"As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? "
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
egomet a écrit:Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Pourquoi faire de la fréquence un critère (et donc, c'est à partir de combien ?) ? Faire de la moyenne la norme me paraît un peu bizarre aussi. Si on a quelque chose d'intéressant à dire ou à faire d'une répétition, je ne vois pas pourquoi se priver (même si en l'occurrence, bon...).
Parce qu'il faut déjà savoir s'il y a une assonance, avant de la commenter. La dent d'or en quelque sorte.
Pour moi, la sensibilité suffit. Si je trouve que là, y'a quelque chose d'intéressant, je ne m'amuse pas à vérifier que ça ne dépasse pas une moyenne que je ne connais d'ailleurs pas, et qui ne signifie pas grand chose. Après, on peut appeler ça autrement, si on veut.
Ponocrates a écrit:L'assonance - comme l'allitération- ne vaut que par le renfort qu'elle apporte, le soulignement qu'elle permet de tel ou tel mot: "Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire".
Aussi par la contamination sémantique qu'elle crée entre les mots qui la forment, éventuellement
- egometDoyen
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:egomet a écrit:Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Pourquoi faire de la fréquence un critère (et donc, c'est à partir de combien ?) ? Faire de la moyenne la norme me paraît un peu bizarre aussi. Si on a quelque chose d'intéressant à dire ou à faire d'une répétition, je ne vois pas pourquoi se priver (même si en l'occurrence, bon...).
Parce qu'il faut déjà savoir s'il y a une assonance, avant de la commenter. La dent d'or en quelque sorte.
Pour moi, la sensibilité suffit. Si je trouve que là, y'a quelque chose d'intéressant, je ne m'amuse pas à vérifier que ça ne dépasse pas une moyenne que je ne connais d'ailleurs pas, et qui ne signifie pas grand chose. Après, on peut appeler ça autrement, si on veut.
Oui, en général on peut s'en tenir à son impression, mais à force de faire des commentaires, on en arrive à traquer les figures n'importe où. On se force à voir des trucs. Et on est bien peu convaincant. Le meilleur commentaire, à mon sens, c'est quand les lycéens ne voient rien au premier abord et se disent après coup que c'était évident. S'ils te regardent d'un air sceptique...
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- tannatHabitué du forum
Enfin, si/ puisqu'on doit compter, sachez que dans cette tirade l'endroit où il y a le plus d'occurrences du son [i] justement c'est là... sur ces 4 vers...
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